Pas obligé de rester loser, 14e partie: L’inutilité de la perfection

Il y a une situation qui nous fait sentir particulièrement loser en société.  C’est un grand classique qui se passe comme suit: Ce sont de bons gars ou de bonnes filles, ils ont beau tout faire pour être à la hauteur des espérances de tout le monde, ils ont beau y mettre 1000 effort pour être parfaits et irréprochables, rien à faire: Ils se font quand même rabaisser, niaiser, bafouer, calomnier, rejeter. Et comble de l’injustice, ils le sont toujours plus que les gens imparfaits et reprochable.

Pour tous ceux qui vivent cette situation frustrante, j’ai quatre leçons pour vous:

LEÇON 1: Tes efforts sont vains parce personne n’aime une personne parfaite. Peu importe ce que tu fais pour être irréprochable, tu te feras toujours reprocher quelque chose. Et s’ils ne savent pas quoi trouver à dire contre toi, justement à cause que tu es parfaite et irréprochable, alors ils vont inventer des raisons de le faire.

LEÇON 2: Dès que tu auras compris et accepté la leçon 1, tu réaliseras que, entre être toi-même ou bien être ce que les autres voudraient que tu sois, il n’y a aucune différence dans la façon dont ils vont te traiter en retour: Il y en a qui vont t’aimer, et il y en a qui vont t’haïr. Alors aussi bien rester toi-même, parce que tes efforts pour être autre chose seront toujours une inutile perte de temps

LEÇON 3: Si tu essayes sans cesse de te plier aux goûts des autres, tu ne seras jamais apprécié pour ce que tu es. Tu seras seulement apprécié pour ce que tu essayes de faire croire que tu es. Par contre, si tu restes toi-même, tu vas n’attirer que des gens qui t’aiment pour ce que tu es vraiment.

LEÇON 4: N’endure pas dans ton entourage les gens qui n’aiment pas ce que tu es. S’ils sont insatisfaits avec toi, qu’ils aillent voir ailleurs.

Ne me dites pas que vous n’avez jamais remarqué que même les gens les plus abusifs sont toujours entourés de gens qui les aiment et les respectent? Il y a deux raisons pour ça:

  • Ils sont eux-mêmes (leçon 3).
  • Et ils ne tolèrent pas ceux qui trouvent à dire contre eux (leçon 4).

Pas besoin de devenir abusif pour être aimé et respecté. Par contre, tout faire pour être à la hauteur des espérances de tout le monde, ça n’a jamais apporté amour ni respect à qui que ce soit. Bien au contraire.

Surtout que quand on fait tout pour devenir parfait et irréprochable, c’est généralement pour compenser pour le fait qu’on est loser.  On veut démontrer aussi bien aux autres qu’à soi-même qu’on leur est moralement supérieur, donc que techniquement on devrait être aussi winner qu’eux, sinon plus.  Hélas, pour le démontrer, on a le réflexe stupide de pointer sans cesse les imperfections dans le comportement d’autrui.  Ou du moins, ce que l’on juge comme tel. Mais en agissant ainsi, on devient la personne la plus chiante de notre entourage, et on se fait encore plus rejeter.

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Alors voilà, ça m’a pris quatorze billets, mais je crois que j’ai réussi à répondre à la question de Toni, qui me demandait comment est-ce que j’ai réussi à me tirer de ma situation de loser éternel, telle que décrite dans le billet Autopsie du Loser.  Ça n’a pas fait de moi un winner comme mon ex bon copain Carl, puisque le vrai winnerisme est un état qui dépend d’une combinaison de hasards naturels au niveau génétique (beau, prédestiné à être athlétique), au niveau psychologique (intelligence, confiance en soi et charisme) et au niveau social (parents riches, famille influente).  Par contre, je suis devenu un gars normal, qui parfois gagne et parfois perd, comme tous les gens normaux.

En espérant que ça puisse aider d’autres qui, comme moi, ont passé trop d’années de leurs vies dans cette situation peu enviable.

Pas obligé de rester loser, 13e partie : Se tenir loin des autres losers.

Il y a un proverbe anglais qui dit Misery loves company, ce que l’on peut plus ou moins traduire par Les gens misérables préfèrent vivre leur misère en compagnie d’autres miséreux, parce que c’est plus facile d’essayer d’attirer les autres en bas avec toi que de faire l’effort de t’élever vers eux. Et c’est vrai! Il m’est arrivé plusieurs fois d’observer ou de vivre ce phénomène.

Quelques chapitres plus tôt, je parlais de deux catégories de gens qui cherchent à te garder loser : Ceux qui le font par mesquinerie car ils veulent rester au-dessus de toi, et ceux qui le font par crainte que tu essuies un échec si tu essayes de t’en tirer. J’avais oublié qu’il existe une 3e catégorie : Les losers qui ne veulent pas être les seuls à être losers.

On a beau être loser, ça ne nous empêche pas d’avoir un peu d’orgueil et d’amour-propre.  Même qu’on en a plus que la majorité puisque le fait d’être loser nous dérange sans cesse. Voilà pourquoi, tel qu’expliqué dans plusieurs des chapitres précédents, le loser se cherche toujours une bonne raison pour expliquer et excuser son loserisme.  Généralement, en démontrant que ses échecs ne sont pas de sa faute, et que n’importe qui à sa place se serait tout autant cassé la gueule que lui. Ce besoin de se justifier va parfois l’inspirer à se lancer dans les trois étapes suivantes:

  1. Entreprendre un projet personnel dans lequel il n’a que peu de chances de réussite.
  2. Convaincre une personne de lui servir de partenaire dans ce projet.
  3. Faire en sorte pour que le projet échoue.

Ou bien, alternativement:

  1. Choisir une personne qui entreprend un projet dans lequel elle peut réussir.
  2. Convaincre cette personne de l’accepter comme partenaire dans ce projet.
  3. Faire en sorte que le projet échoue.

Dans un cas comme dans l’autre, malheur à toi si tu es la personne en partenariat avec le loser.  De son côté, en s’arrangeant pour que ça échoue pour vous deux, ça va lui donner l’illusion que le problème puisse se situer ou bien dans le projet, ou bien en toi, ou bien dans des circonstances hors de contrôle dans lequel tu joues le rôle de témoin pour confirmer que le problème ne vient pas nécessairement lui. Mais de ton côté, puisqu’il s’arrange pour que toi aussi tu échoues, cette personne fait de toi un loser. Normal: Comment être autre chose qu’un perdant quand on perd temps, argent et énergie sur quelque chose destiné à foirer?

Des gens comme ça, j’en ai vu et j’en ai subi.  En voici quatre exemples:

EXEMPLE 1: La fille qui (ne) voulait (pas) apprendre à dessiner.
Elle aime mes dessins, elle est abonnée à ma galerie sur DeviantArt, et elle me dit qu’elle aimerait savoir dessiner aussi bien que moi.  Je lui réponds que pour devenir bon en dessin, il faut d’abord aimer dessiner.  À force de le faire, la technique personnelle se développe, le talent vient peu à peu et le résultat évolue. Elle comprend, mais elle aimerait tout de même qu’on lui donne des trucs, au lieu de devoir perdre son temps à les apprendre par elle-même via essai et erreur.  Elle me demande de lui donner des cours de dessins.  J’accepte!  Les deux phrases que nous échangerons immédiatement après donnent dès le départ le ton que prendra ce projet:

MOI: Tout d’abord, je vais te faire une liste du matériel dont tu auras besoin.
ELLE: Ben oui hein, quelle longue liste: Un papier, un crayon, une efface! Wooooow! C’est vrai que c’est compliqué en hostie comme matériel.

Je peux comprendre qu’une personne qui ne travaille pas dans le dessin puisse ignorer tout ce qui a rapport au matériel.  Mais de là à prétendre s’y connaitre mieux qu’un professionnel avec 20 ans de carrière derrière lui, et le faire en montrant de façon sarcastique qu’on le prend pour un con, y’a de l’abus.  Ais-je précisé que, puisqu’on ne pouvait pas se rencontrer à cause de la distance et de nos horaires, elle voulait que je lui donne des leçons de dessin par webcam?  Et qu’à chaque chose que je lui disais, elle trouvait toujours à redire et à m’obstiner, comme quoi elle avait vu dans tel ou tel reportage, tel ou tel artiste s’y prendre différemment?  En voyant que je perdais mon temps, j’ai fini par lui donner une liste de liens de vidéos sur Youtube, dans lequel plusieurs dessinateurs donnent des leçons de dessins sous forme de clips.  Elle a refusé de les utiliser parce que « ça pouvait pas être aussi bon qu’avec un prof privé en personne. »

En tout cas, maintenant elle peut dire que si elle ne dessine pas bien, c’est parce que c’est moi qui a failli à la tâche pourtant simple de lui apprendre.  Donc, que l’échec de ce projet a démontré que nous sommes deux losers.

EXEMPLE 2: La fille qui (ne) voulait (pas) perdre du poids.
Tel que je l’explique dans Témoignage d’un ex-gros, à chaque fois que j’ai décidé d’essayer de perdre du poids, j’ai réussi. Évidemment, grosse tête que je suis, je ne pouvais m’empêcher de m’en vanter publiquement.  Arrive cette fille jolie et coquette, mais qui a un bon 50 lbs en trop.  Elle a essayé bien des régimes commerciaux dans sa vie, mais aucun n’a fonctionné. Heureuse de voir en moi quelqu’un qui a réussi à trouver une méthode qui fonctionne, elle me demande de la coacher.  J’accepte!  Je commence donc par lui donner les bases: Côté alimentation, je lui explique l’importance de ne sauter aucun repas, surtout le déjeuner, puisque ce sont les repas irrégulier qui affament le corps, ce qui fait que celui-ci, craignant une famine, a le réflexe de garder toutes les calories qu’il absorbe.  Et côté exercice, je lui recommande de commencer par quelque chose de simple, soit prendre les escaliers au lieu des escalateurs mobiles. Le lendemain, nous avons eu cet échange:

MOI:  Alors? Qu’est-ce que tu as pris à déjeuner et en snack entre-repas?
ELLE:  Rien!
MOI:  Comment ça, rien?
ELLE:  Sois logique.  Si je ne mange pas, je ne consomme pas de calories.  Et si je ne consomme pas de calories, je ne peux pas grossir.

Quand je pense que j’ai pourtant pris la peine de lui expliquer pourquoi cette méthode donne le contraire de l’effet recherché. Je ne peux pas croire qu’elle s’obstine à continuer de faire cette erreur stupide que dénoncent tous les nutritionnistes de la planète.

MOI: Et pour les exercices? Tu prends les escaliers?
ELLE: Non! Y’a rien qui m’empêche à la fois de prendre l’escalateur et d’en grimper les marches.  Comme ça j’ai mon exercice, je ne perds pas de temps et j’arrive même plus vite en haut.

Ouais, sauf que le but de l’exercice n’est pas de sauver du temps ni d’arriver en haut plus vite. C’est de brûler des calories, chose qui ne se fait pas avec sa méthode. 

En tout cas, maintenant elle peut dire que si elle n’a pas perdu de poids, c’est parce que c’est moi qui a failli à la tâche pourtant simple de lui apprendre.  Donc, que l’échec de ce projet a démontré que nous sommes deux losers.

Sérieusement, quand ta méthode personnelle ne fonctionne pas, et que la méthode de l’autre a prouvé fonctionner pour lui, où est la logique d’insister pour continuer de le faire de ta façon?

Maintenant que je vous ai parlé de gens qui m’ont embarqué dans leurs projets, passons à l’inverse: Ceux qui ont insisté pour que je les embarque dans les miens:

EXEMPLE 3: La fille qui (ne) voulait (pas) apprendre à courir.
Comme je m’en suis quelquefois vanté dans cette série, je me suis mis à la course à pieds en décembre 2010. Ma méthode était simple:

  • Courir en ligne droite jusqu’à épuisement.
  • Marcher le temps de récupérer.
  • Répéter sans cesse les deux étapes précédentes.
  • Se rendre à un point où on est trop fatigué pour courir un pas de plus. 
  • Retourner à la maison, ce qui nous oblige à marcher en sens inverse tout le chemin parcouru, ce qui nous fait brûler encore plus de calories. 
  • Répéter à tous les jours.
  • Cesser de courir lorsque l’on commence à ressentir la moindre douleur, particulièrement aux articulations, et ne plus courir tant que la douleur n’est pas disparue. Parce que le but ici est d’améliorer sa forme physique et non de se ruiner les genoux pour la vie, comme ce fut le cas pour certains participants de The Biggest Loser.

Au début, je ne pouvais faire que des segments de 200 mètres avant de tomber épuisé.  Quatre mois plus tard, en avril 2011, je pouvais courir des segments de 5 km.  Non seulement ais-je fortement amélioré mon cardio et mes muscles, cet exercice m’a fait perdre une vingtaine de lbs, ce qui me donne un corps particulièrement découpé.

Arrive cette amie qui, voyant mes progrès, décide de se mettre à la course elle aussi. Mais voilà, elle veut s’entrainer avec moi, ce que je refuse.  Non pas pour être désagréable, mais le fait est que je suis trop avancé pour elle.  Si je m’entraine à mon rythme, elle ne pourra pas me suivre. Et si je descends à son rythme, je ne me pousserai pas à bout, et ainsi je ne ferai plus de progrès.  En réponse, elle me propose une méthode trouvée dans un livre qui, m’assure t-elle, est bien meilleure que la mienne.  Car en effet, ça dit que si j’avais suivi celle-là, ce serait 15 km ininterrompus que je serais capable de courir aujourd’hui, plutôt que seulement 5 .  Autrement dit, en n’ayant obtenu qu’un tiers des résultats possible, ce que je considère stupidement comme étant un accomplissement, c’est plutôt du loserisme. Gentil à elle de me dire ça. :/

Je lui rappelle que de toute façon, elle porte des orthèses à cause de ses problèmes de pieds.  Il existe tellement d’exercices cardio qui font perdre du poids, pourquoi veut-elle choisir  le seul dans lequel elle a un handicap qui risque de tout faire foirer?  Elle me répond que ceci est un raisonnement de loser, et que quand on se laisse arrêter par le moindre petit obstacle, on n’arrive jamais à rien dans la vie.  Je cède donc et accepte de lui servir de partenaire de course.  Je mets ma méthode de côté pour utiliser la sienne. Durant quatre semaines, à tous les trois jours, on doit courir de cette façon: Deux minutes de course, une minute de marche, répéter pendant 30 minutes. Au bout de quatre semaines, on est supposé être capable de courir pendant un quart d’heure non-stop.

Après un mois à suivre scrupuleusement cette méthode, arrive le moment de vérité.  On commence à courir, et trois minutes plus tard, elle se voit obligé d’arrêter, à bout de souffle.  Après une minute de repos, elle repart, mais malgré toute son obstination, après deux minutes, elle se voit incapable de courir un pas de plus.  Elle s’en va agripper un poteau sur lequel elle s’effondre en larmes.  Je regarde la scène, complètement découragé. J’aurai donc sacrifié tout un mois d’entrainement fonctionnel pour ça!?  Un mois à me faire dire à quel point ma méthode personnelle était merdique.  Un mois dans lequel je n’ai pu ni me pousser à bout ni faire reculer mes limites.   Un mois à endurer de la négativité non-stop depuis le début, et une fin sous le signe de l’échec et du loserisme.   Cette activité que j’aimais et qui, les quatre premiers mois où je l’ai faite seul, ne me rapportait que du positif autant physiquement que moralement, était maintenant une épreuve pénible dont je ne tirais plus rien de bon. 

EXEMPLE 4: La fille qui (ne) voulait (pas) se sortir de la pauvreté. (N’allez pas croire que je suis misogyne si je ne parle que de femmes.  Il y a sûrement des hommes qui ont une telle attitude, il se trouve juste que je n’en ai personnellement jamais rencontré.)
Ici, il s’agit de Kim, mon ex, la mère de mes enfants, dont je parle  en tant que première relation, au chapitre 8. Nous étions tous les deux sur le BS et je considérais que ce n’était pas la situation idéale pour élever des enfants. Je planifie donc retourner aux études et finir mon secondaire, avant d’aller au cégep me prendre un diplôme en lettres, ce qui me permettra d’avoir un travail qui nous fera sortir de la misère.  Elle trouve que c’est une bonne idée et suggère d’embarquer dans mon plan de cette façon: Elle m’aide dans mes études s’il y a des matières dans lesquelles je suis faible, et elle s’occupe des enfants.  Et dès que je suis diplômé on fera l’inverse: Elle retourne aux études tandis que je m’occupe du reste. Ainsi, on sera deux diplômés capable tous les deux de trouver un bon emploi. J’accepte! 

Lors de la partie des études secondaires, tout se passe comme prévu.  Mais dès que je me rend au cégep, l’attitude de Kim change.  Elle me sort de nulle part des accusations de chercher à la tromper avec des p’tites jeunes salopes briseuses de ménage (Traduction: des cégepiennes) et voilà qu’elle fait tout pour saboter mes études: M’empêche de faire mes devoirs à la maison, me garde éveillé toute la nuit pour m’empêcher d’aller à mes examens le lendemain, vient m’agresser physiquement à coup de poing dehors à l’arrêt de bus qui devait m’amener au cégep, me fais expulser de la maison par la police sous de mensongères accusations de violence conjugale…  Alors que je faisais tous les efforts possible pour tirer ma famille de la merde, elle faisait tout son possible pour me garder dedans avec eux.  Et elle a réussi: Par sa faute, j’ai cumulé tellement d’échecs au cégep que je n’ai plus le droit de m’y réinscrire, et ce pour le reste de ma vie.

Les six ans qui ont suivi, elle a souvent répété à qui voulait l’entendre que mon échec avait prouvé qu’elle avait fait une erreur en me permettant d’aller au cégep, et que c’est plutôt elle qui aurait dû reprendre ses études en premier. La dernière fois qu’elle a osé le dire en public, je l’ai mis au défi de le faire.  Je l’ai assuré, devant tous ces témoins que j’allais m’occuper des enfants malgré le fait que je travaillais à temps plein, même si ça signifie ne jamais dormir plus que cinq heures par jour.  Elle ne pouvait pas refuser sans perdre la face. 

À la fin du mois d’aout, elle retournait au cégep.  En décembre, à force d’accumuler les absences et les retards, elle a coulé.  

En collaborant avec elle du début à la fin, sans que jamais je ne mette le moindre petit bâton dans les roues de son retour aux études, je lui ai laissé sa chance de réussir. Ça a juste prouvé que la seule responsable de l’échec de ce projet, autant de mon bord que du sien, c’était elle. Et que son insistance à me faire échouer mes études, c’était juste pour camoufler le fait qu’elle était incapable de réussir les siennes. 

En conclusion: Ce n’est pas parce que tu as réussi à trouver en toi la volonté de te sortir de ton loserisme, et le courage de faire ce qu’il faut pour y arriver, que ça signifie qu’il en est de même pour tous les autres losers.  Je suis très bien placé pour savoir que quand on est un ex-loser, on peut être porté à vouloir s’investir à aider un autre qui dit vouloir cesser de l’être.  Or, s’en sortir, c’est un cheminement personnel, un parcours que l’on ne peut faire que soi-même. Par conséquent, il est impossible de jouer au sauveur avec ces gens-là. Je vais me répéter, mais c’est quelque chose de trop important pour l’oublier: Lorsque les gens demandent ton aide pour se sortir d’une vie malheureuse, contente-toi de les renseigner sur ce qu’ils peuvent faire afin de s’en tirer eux-mêmes. À partir de là, ceux qui veulent vraiment s’en sortir vont y arriver tout seul, et ceux qui se complaisent dans leur malheur vont y rester. Dans un cas comme dans l’autre, en les aidant plus que ça, tu perdrais ton temps.

Pas obligé de rester loser, 12e partie: Être attiré par l’option la plus foireuse

Il y a des gens qui ne peuvent pas s’empêcher de poser les gestes les plus stupides. Dès qu’une occasion se présente, c’est plus fort qu’eux.

L’une de ces occasions, c’est quand ils se trouvent face à une situation dans laquelle ils ont plusieurs options. S’il y en a une qui peut leur causer des problèmes, ils seront irrésistiblement attirés vers celle-là. Et le pire, c’est que ce n’est pas un accident. Ils le savent que c’est une décision risquée. Ils le savent que les autres options sont meilleures, ou du moins sans danger. Mais voilà, pour eux, l’option dangereuse, c’est comme un défi à relever. C’est comme s’ils avaient l’impression qu’ils étaient au-dessus des règles, et qu’ils ressentaient un besoin vital de se le prouver, ou du moins de le vérifier.

J’ai ici quelques exemples réels de situations de loserisme auto-créée dont j’ai été personnellement témoin.


SITUATION #1 : Un gay est membre d’un site de rencontres.

Le choix : À tous les jours, il complimente sur son physique une ou deux jolies jeunes filles. Il choisit toujours des filles en couple.

La conséquence : Les petits copains de ces filles voient ça d’un mauvais œil.

Ce qu’il a à dire pour sa défense : Allons donc! C’est pas comme si j’allais lui voler sa copine. D’abord, chuis pédé comme un phoque. Ensuite, si je décidais de draguer quelqu’un, homme ou femme, je ne choisirais certainement pas une personne en couple.

Les questions qu’il aurait dû se poser avant de faire ça : S’il est gay, pourquoi est-ce que, sur un site de rencontre, il donne plus d’attention aux filles qu’aux gars? Et pourquoi toujours à des filles en couple?

Parce que tout ce que les autres voient, c’est: Un gay qui cherche juste à provoquer la chicane afin de pouvoir clamer haut et fort que les straight sont aussi homophobes que caves.


SITUATION #2 : Un gars sait qu’il doit passer un test de dépistage de drogues avant d’obtenir un boulot. Le matin, au resto, en regardant les différentes sortes de bagels au menu, il se rappelle avoir vu un épisode de Seinfeld dans lequel le personnage d’Elaine teste positif à un tel test car elle a mangé des bagels au pavots. Or, c’est à partir du pavot que l’on fait l’opium. Ça a donc faussé ses tests.

Le choix : Amusé par cette idée, et juste pour voir si ça marche vraiment, il prend un bagel au pavot.

La conséquence : Oui, ça marche! Il teste positif et se fait refuser l’embauche.

Ce qu’il a à dire pour sa défense : Que les tests de dépistage sont vraiment de la merde, s’ils ne savent même pas faire la différence entre manger du pavot sur un bagel ou fumer de l’opium. Et puis d’abord, on n’est pas dans Le Lotus Bleu. QUI fume de l’opium en 2014 et au Québec? 

Les questions qu’il aurait dû se poser avant de faire ça : Avec les 8624 différents items que l’on peut prendre à déjeuner le matin, pourquoi faire exprès de choisir le seul et unique qui risque de lui coûter son emploi? Il a tout le reste de sa vie pour en manger, des bagels au pavots. Pourquoi est-ce que c’est si important pour lui d’en manger le seul jour où ça pourrait lui causer des problèmes?

Parce que tout ce que les autres voient, c’est: Qu’il cherche une bonne excuse pour ne pas travailler. Ou bien qu’il cherche à se donner une bonne raison d’accuser son futur boss d’être un cave et un incompétent. Quel boss va vouloir d’un employé de ce genre-là dans son entreprise?


SITUATION #3: Un gars s’assoit sur un banc de parc. Il voit que le banc devant lui porte une pancarte Attention, peinture fraîche.

Le choix : Il se lève et quitte son banc sec. Il tâte le banc frais peint du bout des doigts. Ça semble sec. Satisfait, il s’assoit dessus.

La conséquence : Tâter du bout des doigts quelques secondes, c’est autre chose que couvrir une grande surface de tout son poids pendant plusieurs longues minutes. Ses vêtements, maintenant ornés de lignes vertes indélébiles à l’arrière, sont fichus.

Ce qu’il a à dire pour sa défense : Que ça avait pourtant l’air bien sec. N’importe qui à sa place s’y serait trompé.

Les questions qu’il aurait dû se poser avant de faire ça : Pourquoi est-ce que ce second banc n’a pas attiré son attention dès le départ?  Pourquoi ne lui est-il devenu intéressant seulement qu’à partir du moment où il a su qu’il représentait une situation à risques?  Où est la logique?

Parce que tout ce que les autres voient, c’est: Un cave! Pour décrire un gars qui quitte son banc sec pour s’en aller aller délibérément s’assoir sur un banc qu’il sait frais peint, il n’y a pas d’autres mots.


SITUATION #4 : Dans un test de Français du cégep, une des questions est Qui a écrit le conte du Petit Chaperon Rouge?

Le choix : Il sait que c’est Charles Perrault. Il sait également qu’il y a deux façons d’écrire ce nom de famille. Il répond donc : Un certain Charles Perrault, et non « Perreault » comme certains font l’erreur de l’écrire.

La conséquence : La prof a rayé le Perreault-avec-un-e à l’encre rouge, et lui a enlevé un point.

Ce qu’il a à dire pour sa défense : Qu’elle n’avait aucune bonne raison de lui enlever ce point. D’abord parce que sa phrase contient la bonne réponse.  Ensuite, puisqu’il existe deux façons d’écrire ce nom, il n’y avait techniquement aucune faute dans celui qu’elle a rayé. La raison pourquoi il a répondu cette phrase, c’était juste pour montrer à sa prof qu’il est probablement aussi cultivé et intelligent qu’elle, assez pour ne pas faire l’erreur qu’il dénonce dans sa réponse. Mais là, en lui mettant une faute, elle a juste prouvé qu’en fait, elle est moins brillante que lui.

Les questions qu’il aurait dû se poser avant de faire ça : S’il le sait, le vrai orthographe du nom de famille de l’auteur, pourquoi faire exprès de rajouter le faux? La prof a plusieurs dizaines de copies à corriger, alors pourquoi faire exprès de rendre sa tâche plus difficile en l’obligeant à réfléchir sur sa réponse? Et surtout, pourquoi créer une situation qui risque juste de lui faire perdre des points?

Parce que tout ce que la prof voit, c’est: Une mauvaise réponse.

Et s’il explique pourquoi il a répondu ça, il ne va qu’empirer son cas. Parce que quand une personne a le contrôle sur ta réussite ou ton échec, ce n’est jamais une bonne idée de lui faire savoir que tu viens de lui faire passer en douce un test qui démontre qu’elle est moins intelligente que toi.


SITUATION #5 : L’amant d’une femme vient de subir une liposuccion. Son ventre est extrêmement douloureux.

Le choix : Elle ne cesse d’y toucher ou bien de l’accrocher par accident

La conséquence : Plus elle le touche, plus elle lui cause de la douleur, et plus la patience du gars envers son amante diminue.

Ce qu’elle a à dire pour sa défense : Ben là, je l’savais pas que ça te faisait encore mal. Ou : S’cuse, c’était un accident.

Les questions qu’elle aurait dû se poser avant de faire ça : Elle qui n’a jamais ressenti le besoin particulier de poser la main sur le ventre de son amant, pourquoi est-ce qu’elle ne peut s’empêcher de le faire à répétition maintenant qu’il ne faut pas? Elle qui n’a jamais accroché accidentellement son amant en passant, pourquoi est-ce qu’elle se met sans cesse à travers son chemin?

Parce que tout ce que les autres voient, c’est: Une sadique qui prend plaisir à faire souffrir les autres, une personne qui se fout de sa vie de couple, une femme qui cherche à se faire abuser physiquement et moralement par son amant en provoquant sans cesse sa colère.


SITUATION #6 : Au travail, la direction prévient les employés de ne pas ouvrir l’attachement jesuisunvirus.exe s’il vient dans un courriel puisque, devinez quoi, c’est un virus. Un jour, une membre du personnel le reçoit.

Le choix : Elle l’ouvre.

La conséquence : Son ordi est infecté et le virus se répand dans quatre autres ordis.

Ce qu’elle a à dire pour sa défense : Je voulais juste voir de quoi ça avait l’air, un virus. Mais c’est correct, je l’ai fermé immédiatement après l’avoir ouvert.

Les questions qu’elle aurait dû se poser avant de faire ça : Quand la direction prend la peine d’avertir tout le monde qu’il ne faut pas faire quelque chose, en quoi est-ce une bonne idée de désobéir à cet ordre? Et le simple fait qu’elle voulait voir ce que fait un virus, ça prouve qu’elle n’y connait rien, donc que son « c’est correct, je l’ai fermé immédiatement après » est un argument invalide. Alors pourquoi faire le contraire de ce que lui ordonnent ceux qui savent de quoi ils parlent?

Parce que tout ce que les autres voient, c’est: Une employée à problème qui ne cherche qu’à causer du trouble à ses collèges, à l’entreprise et à la direction. Le genre de personne dont une entreprise n’a pas besoin.


SITUATION #7 : Une fille prépare un gâteau Duncan Hines.

Le choix : Après avoir lu les instructions, elle double la température du four afin de diminuer de moitié le temps de cuisson.

La conséquence : Le gâteau brûle autour et reste liquide à l’intérieur.

Ce qu’elle a à dire pour sa défense : Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Mon raisonnement était pourtant logique.

Les questions qu’elle aurait dû se poser avant de faire ça : Qui est le plus en mesure de savoir le meilleur temps de cuisson, ici? Quelqu’un sans expérience en pâtisserie, ou ceux qui l’ont créé et testé, ce mélange?

Parce que tout ce que les autres voient, c’est: Une épaisse trop conne pour être capable de suivre des instructions qui sont pourtant très simples.

Mais bon, c’est juste Duncan Hines, hm!? Qu’est-ce qu’ils s’y connaissent en mélanges à gâteaux?


Et vous savez chez qui on retrouve le plus ce genre de comportement?

  • Chez les gens qui sont tellement habitués à avoir un comportement qui fait tout foirer que ça a envahi tous les aspects de leur vies.
  • Chez des gens qui sont tellement convaincus d’être des incapables qu’ils s’arrangent pour l’être. Parce que même si elle est négative, rien ne vaut une routine pour apporter un sentiment de stabilité.
  • Chez des gens chez qui la réussite est tellement rare, la simple possibilité de l’atteindre en devient une source d’angoisse. En s’auto-sabotant, au moins ça règle la question. Ils peuvent donc cesser de stresser en attendant de savoir si ça va marcher ou non, et peuvent passer à autre chose.
  • Mais surtout: Chez les gens tellement désespérés de leur situation de losers qu’il cherchent à prouver aux autres (ainsi qu’à eux-mêmes) que ce sont les troubles qui courent après eux et non l’inverse. Sauf que, pour pouvoir le prouver, il faut d’abord qu’il vivent une situation de loserisme. Ils vont donc provoquer eux-même cette situation pour pouvoir la montrer en exemple. Ironiquement, tout ce que ça démontre, c’est justement le fait qu’ils sont eux-mêmes la source du problème puisque ce sont eux qui le provoquent.

Une personne avec qui j’ai déjà jasé de ce comportement avait, pour défendre ces gestes idiots, l’argument suivant: Suivre aveuglément tout ce que tout le monde te dit, c’est avoir un comportement de mouton. C’est la meilleure façon de montrer que tu n’es pas capable de penser par toi-même.  Est-ce qu’on peut être d’accord pour dire que négliger des instructions claires pour choisir une autre voie afin de voir ce que ça fait parce qu’on ne le sait pas, c’est justement ça, faire quelque chose aveuglément? Et que prendre une option différente que la meilleure sans y réfléchir avant, c’est exactement ça, la meilleure façon de montrer que tu n’es pas capable de penser par toi-même?

Avant de se jeter stupidement dans une situation loser-ogène, posez-vous les questions suivantes: Pourquoi quitter une situation claire et sécure pour s’en aller dans une qui est nébuleuse et risquée? Une situation qui, dans le pire des cas, va causer des problèmes? Une situation qui, dans le meilleur des cas, ne rapportera rien?

Tu as déjà bien assez des circonstances, des gens qui t’entourent et du mauvais hasard pour te rendre loser.  Ne fais pas exprès pour t’y mettre toi aussi.

Pas obligé de rester loser, 11e partie: Connaître ses limites

Eh non, pas encore fini.  Il faut dire que j’ai négligé un aspect important du loserisme, qui est:

Dans ses projets :
Le Loser sait qu’il est destiné à un avenir fabuleux où la gloire et la richesse l’attendent. Le problème, c’est justement ça :  Peu importe le temps qui passe, c’est toujours dans l’avenir que ça l’attend.  Jamais dans le présent.
Dès le départ, la personne démontre que son focus est sur la richesse et la gloire, c’est à dire sur la récompense du travail, au lieu d’être sur le travail lui-même. Déjà là, ça signifie que cette personne va choisir un travail ni par passion ni par talent, mais bien parce que c’est la plus facile voie vers le succès. Or, à travailler sans passion ni talent, ton travail ne peut se démarquer de celui des autres.  Et sans se démarquer, il est impossible d’obtenir le succès escompté.

Le Loser a toujours des projets extraordinaires.  Il en commence beaucoup mais en finit peu. Ceux qu’il choisit de finir sont habituellement ceux qui ont le plus de chances d’être voués à l’échec.
Tout le monde connait l’adage À l’impossible, nul n’est tenu. Choisir un but impossible à atteindre, ça nous assure déjà que personne d’autre ne l’atteindra.  Ça élimine dès le départ la compétition.  Ensuite, s’il n’atteint pas ce but, il sait que personne ne lui en tiendra rigueur.  Son but était juste impossible à atteindre.  Par contre, s’il ça marche, alors là, il sera vu comme étant le plus winner de tous, d’avoir réussi là où tout le monde auraient échoués.

Sauf qu’en choisissant cette option, Le Loser prouve sa lâcheté, car ça signifie qu’il n’essaye même pas.  Il préfère se mettre tout de suite sous la protection de « C’était impossible, quoi qu’il fasse » plutôt que de prendre le risque du « Ça aurait pu marcher, s’il avait fait ce qu’il avait à faire. »

Le loser, c’est souvent celui qui est en train d’écrire un scénario de film alors qu’il n’y connaît absolument rien dans l’industrie du cinéma.  Même s’il arrive vraiment à écrire le scénario du siècle, il restera pris avec car il ne saura même pas où, à qui et comment le placer.
Et c’est ça qui est le plus triste.  Comme n’importe qui, à force de travail, le loser pourrait vraiment développer un talent dans le domaine de son choix. Mais s’il le développe dans un qui est hors de sa portée, il perd son temps.  Du temps qu’il aurait pu faire de lui une réussite, s’il avait choisi un domaine auquel il a accès. 

Il y a cette fille que j’ai rencontré il y a 15 ans, qui avait plein de projets artistiques en tête. À chaque fois qu’elle en commençait un, c’était la même chose; Elle devait l’interrompre car sa réalisation dépendait d’un détail qu’elle ne pouvait jamais obtenir.  Par exemple, reprendre un succès musical sans savoir à qui s’adresser pour en obtenir les droits.  Tout récemment, elle m’a demandé mon aide pour un projet de vidéoclip.  Alors que je commençais à voir ce que je pouvais faire avec les ressources que j’avais, elle m’a dit: « Non, pense pas petit, tu réussiras rien.  Planifie ton clip comme si ton budget était illimité, et on se débrouillera après ça pour en faire une réalité. »  Disons que j’ai compris à ce moment-là pourquoi elle a passé une décennie et demi à avoir des projets artistiques et que pas un seul n’a vu le jour.

Lorsque j’ai créé le fanzine MensuHell en 1999, je n’avais qu’un seul but: Créer une publication qui sort à tous les mois, peu importe le nombre de pages que j’ai. En décembre 1999, le premier numéro avait 16 pages photocopiées, format de poche, et nous n’étions que trois collaborateurs.  Au numéro 10, nous étions sept, format magazine, 20 pages.  Dès le numéro 14 et jusqu’à sa mort au numéro 109 en 2008, il y avait régulièrement de 12 à 20 collaborateurs pour 44 pages.  Si, dès le départ, j’avais planifié mon magazine comme si j’avais un budget illimité, deux choses auraient pu se produire: Ou bien MensuHell n’aurait jamais vu le jour parce qu’il aurait dépendu de trop d’éléments hors de ma portée. Ou bien je l’aurais fait selon mes capacités et il aurait eu la même allure que celui que j’ai vraiment publié.  Sauf que, en le comparant au plan à budget illimité, j’aurais été extrêmement déçu.  Il m’aurait donné un sentiment de loserisme au lieu d’un d’accomplissement.  Cette déception m’aurait probablement fait abandonner en cours de route.

En conclusion: Fais avec les moyens que tu as, au lieu de dépendre de choses hors de ta portée. Parce que choisir un but que l’on ne peut pas atteindre, c’est s’assurer d’échouer.  Et s’assurer d’échouer, c’est délibérément choisir de rester loser.

Pas obligé de rester loser, 10e partie: Éviter les endroits qui rendent loser

Qu’on le veuille ou non, il y a des situations qui nous font sentir plus bas qu’une merde, qui nous humilient au plus haut point. Par exemple, se faire agresser par un inconnu, soit physiquement face-à-face, ou bien de dos de manière hit-and-run en tant que cible d’un projectile, soit verbalement sous forme d’insultes. Rien ne peut nous faire plus sentir comme un loser, surtout si nous sommes impuissants à faire quoi que ce soit contre notre agresseur.

Il existe sept endroits qui attirent particulièrement les gestes négatifs des passants envers nous.  Heureusement, ce sont sept endroits qui sont très faciles à éviter.

ENDROIT 1: La proximité des flaques d’eau.
On connait tous ce grand classique : Il y a une grosse flaque dans la rue, sur le bord du trottoir sur lequel on marche. Une auto passe. On est arrosés. Nos vêtements sont maintenant imbibés d’eau, de saleté, d’huile et du jus de toutes les merdes qui stagnent sur l’asphalte. C’est pourtant simple à éviter: Bien ouvrir l’oeil pour repérer les flaques, attendre pour voir s’il y a des autos qui arrivent, passer au moment où il n’y a rien à craindre.

ENDROIT 2:  Les trottoirs dans le même sens que la circulation
Comme je le raconte dans
Ma plus étrange expérience de 2011, il m’est arrivé à quelques reprises de recevoir des projectiles de la part de passagers d’automobiles : Bouteille de Gatorade, contenu d’un verre de boisson gazeuse de McDo, ballon rempli d’eau, etc.  Or, dans tous les cas sans la moindre exception, j’ai vécu ces agressions de dos.  Le simple fait que ces gens attaquent de dos démontrent leur lâcheté.  Et un lâche, ça n’attaque jamais de face.  Depuis que je marche exclusivement sur le trottoir en sens contraire de la circulation, donc que je les vois venir, ils ne s’essayent pas, et je n’ai plus jamais vécu cette situation.

ENDROIT 3:  Les dessous de corniches
Ou, pour être plus clair, tout endroit public au dessus duquel se trouve un autre endroit public : Ponts, escaliers, paliers surélevés. Bref, tout endroit d’où quelqu’un peut vous cracher dessus ou vous envoyer quelque chose sur la tête.  Lorsque vous marchez, que vous vous arrêtez ou que vous vous assoyez, regardez au-dessus de votre tête, et posez-vous la question: D’ici, est-ce que quelqu’un peut me jeter quelque chose dessus?  Si la réponse est oui, vous courrez ce risque. Déplacez-vous!

ENDROIT 4:  Le wagon de queue du métro.
Les freaks, les gens mal dans leur peau, ceux qui n’ont aucun talent pour échanger socialement, sont tous portés à éviter le gros de la foule dans les transports en commun.  Ils se dirigent donc instinctivement là où ils peuvent avoir une vision globale du déplacement des autres tout en s’en tenant à l’écart: Le wagon de queue.  Hélas, quand une femme cherche à éviter de se faire déranger dans les lieux publics, elle aussi a le réflexe d’aller vers là où il y a le moins de monde: Le wagon de queue.  Et tel qu’expliqué dans
Lire en public = Harcelez-moi!, elle se retrouve avec les freaks, les gens mal dans leur peau, ceux qui n’ont aucun talent pour échanger socialement.  Et puisqu’elle va délibérément les rejoindre, ils croient qu’elle est l’une d’eux, alors évidemment ils vont la déranger.  Ce qui fait que, ironiquement, ce sont ses efforts pour éviter une situation qui provoquent et causent cette même situation.  Et dans le même ordre d’idées:

ENDROIT 5: Dans le wagon, juste à côté de la porte.
J’ai vu personnellement, plusieurs fois, de jeunes voyous attendre le moment où la porte du wagon va se refermer, pour voler le sac / la casquette / la tuque / les écouteurs de la personne assise juste à côté de la porte, et sauter hors du wagon tandis que les portes ferment.  La personne se retrouve donc doublement victime.  D’abord du vol, mais surtout de l’avoir subi publiquement, ce qui est fort humiliant.

ENDROIT 6: Les rues mal éclairées
C’est un réflexe aussi stupide que trop répandu : Il est tard, il fait noir, on veut avoir la paix, donc on cherche à éviter de se faire remarquer. Alors au lieu de marcher sur la grande artère bien éclairée pleine de passants, on opte plutôt pour les petites rues sombres, voire les ruelles, désertes. Hélas, en faisant ça, on augmente nos chances de se faire aborder et agresser. Normal : L’agresseur, lui aussi, cherche à éviter de se faire remarquer. Alors au lieu de marcher sur la grande artère bien éclairée pleine de passants, il opte plutôt pour les petites rues sombres, voire les ruelles, désertes.

ENDROIT 7: Les appartements demi-sous-sol ou rez-de-chaussée, dont les fenêtres donnent directement sur une ruelle.
À éviter de louer autant que possible.  Parce que si les 6 premiers endroits propices à l’agression sont des lieux publics, ici il s’agit de votre appartement, ce qui est encore plus humiliant parce que c’est supposé être l’endroit où vous devriez vous sentir le plus en sécurité, le plus à l’abri.  Hélas, ces appartement possèdent les fenêtres les mieux situées pour se faire barbouiller de graffitis, lancer des insultes ou du liquide à travers les moustiquaires, ou se faire éclater à coup de pied, de roche ou de brique. Et si en plus vous avez la malchance de tomber sur un propriétaire qui ne veut pas payer la réparation, il vous mettra la responsabilité sur le dos avec une logique tordue à la « C’est arrivé à aucun autre locataire avant toi, donc ça doit être de ta faute, tu as dû faire de quoi à quelqu’un pour t’attirer ça! » ce qui rajoute de l’injustice à l’humiliation.

Il y en a qui vont dire qu’une agression imprévisible et gratuite, ça peut arriver n’importe quand et n’importe où. C’est vrai! Mais c’est justement ça mon point: Dans un monde où trop de gens n’attendent qu’une occasion pour se montrer agressif s’ils savent qu’ils peuvent s’en tirer à bon compte, pourquoi faire exprès pour se trouver là où plus grandes sont les chances que ça arrive?

Pas obligé de rester loser, 9e partie: Améliorer son approche dans les relations

Et voici le billet le plus TL;DR-ogène de toute l’histoire de ce blog.  C’est surtout à cause des 36 liens que j’y inclus.

De tous les sujets abordés dans la série Pas obligé de rester loser,  je me doute bien que les plus attendus sont les trois dont je me suis jusqu’à maintenant abstenus.  C’est-à-dire le loser 1) avec les filles, 2) en amour,  et 3) en couple.  Parce que s’il est un sujet dans lequel on associe le loser, c’est bien dans ses (tentatives de) relations avec la gent féminine.  Et je suppose que ceux parmi mes lecteurs qui se sont reconnus dans ces sujets lorsqu’ils ont lu Autopsie du loser aimeraient savoir comment j’ai bien pu m’en tirer.  Je vais donc vous citer des extraits de ce billet et en expliquer chaque point, ou bien vous référer à d’autres billets de blog où j’en parle déjà.  C’est parti:

Avec les filles :
Il y a un genre de filles que le Loser attire tout particulièrement : Celles qui ne voudraient jamais sortir avec lui.
Telle est la vision du loser.  Mais en réalité, ce qui se passe, c’est que nous avons tous le potentiel d’attirer deux genres de personnes: Les amis potentiels, et les amoureux potentiels.  Le problème avec beaucoup de losers (dont j’étais), c’est qu’il voit toute fille comme étant une amoureuse potentielle, incluant celles qui n’ont qu’un potentiel d’amitié. D’où les déboires qui en suivent à chaque fois, comme:

Le Loser ressent de la frustration envers ces filles qui veulent que leur relation soit amis seulement, alors qu’ils ont tant de choses en commun.
Ça, c’est parce que le proverbe Qui se ressemblent s’assemblent, ça décrit généralement les relations amicales.  Parce qu’en amour, c’est plus souvent Les contraires s’attirent. Ceci dit, pour y voir la logique, il faut prendre le mot « contraire » dans le sens de « ceux qui se complètent ».

Ces filles feront parfois au Loser la confidence qu’elles sont en manque sexuel, mais elles seront insultées au plus haut degré s’il ose proposer ses services.
Normal: C’est comme si tu lui disais que tu veux coucher avec elle parce que tu te fous qu’elle soit amie, amante ou amoureuse.  Donc que tu ne l’a jamais considérée comme étant autre chose qu’un trou dans lequel te vider, et que tu n’en attendais que l’opportunité.  Et pire encore: En lui proposant ceci, c’est comme si tu insinuais que c’est pareil pour elle, donc que tu penses que c’est une salope qui coucherait avec n’importe qui. Enfin, puisque ce n’est pas le genre de propositions que ferait un ami, tu lui démontres que tu l’a trompée sur tes intentions véritables tout le temps où tu as prétendu en être un pour elle.  Tu viens donc de démontrer que tu es un menteur.  Menteur envers celle qu’il aime.  Et pour conclure en beauté, en réussissant à lui faire croire ton amitié platonique tout ce temps là, tu l’as bien eue.  Donc, non seulement tu lui montres que l’as prise pour une conne, tu l’as prouvé. Ce genre de gars-là, aucune fille n’en veut.  Pas en amitié, et surtout pas en couple. Alors  n’espère surtout pas rattraper le coup en essayant de lui faire gober la minable excuse comme quoi « Oui c’était de l’amitié au départ, mais il arrive parfois que ça évolue en plus que ça! »  Qu’elle y croit ou non (en fait, ce sera non) ça ne marchera pas.  Voilà pourquoi c’est toujours une très mauvaise idée de prétendre vouloir être juste bon ami proche d’une fille que l’on désire

Encore plus frustrant: elles désirent toujours un gars dont la personnalité est à l’opposé de celle du Loser.
Ça, c’est parce que le loser fait toujours la même erreur:  Il pense que pour séduire la fille, il faut lui montrer à quel point il est semblable à elle.  En réalité, il aurait beaucoup plus de chances de la séduire s’il était plutôt semblable aux gars qui lui plaisent. … Moins les défauts qu’elle n’aime pas chez eux, si possible.   Parce que, soyons logiques, si elle était attirée par les gars semblables à elle, il y a longtemps qu’elle sortirait avec ceux-là.

Il arrive parfois qu’une de ses amies particulièrement en manque ou désespérée consente à avoir une relation plus intime avec le Loser.  Elle y posera cependant une condition:  Leur relation devra rester secrète.  Elle invoquera toutes sortes de raisons que le Loser gobera ou non mais qu’il acceptera quand même puisque c’est ça ou bien rester célibataire.  Elle ne lui avouera jamais que la vraie raison, c’est parce qu’elle aurait honte que les autres sachent qu’elle sort avec lui.
Au moins, ça permet au loser de prendre de l’expérience dans les relations et en sexualité, ce qui lui servira plus tard dans ses futures relations.  Comme ça, il n’aura pas tout perdu.

En amour :
Les amours du Loser commencent souvent de la même façon que n’importe qui. Par exemple: Il rencontre une fille dans une fête entre amis, ils se plaisent, ils commencent à se rapprocher. Ils peuvent même passer la soirée à se bécoter et la nuit à baiser. Puis, après quelques jours si ce n’est pas carrément dès le lendemain, elle s’en détache, s’en désintéresse et ne veut plus rien savoir de lui, même en ami.  Le Loser aimerait bien comprendre pourquoi ça se passe toujours ainsi mais là encore personne n’est capable de lui répondre ou n’a envie de le faire.  Tout ce qu’il sait, c’est que ce qu’il entend dire à ce sujet n’a jamais rapport avec ce que la fille lui a dit.  Alors qu’elle lui avait expliqué qu’elle ne se sent pas prête à embarquer dans une relation à ce point-ci de sa vie, les autres lui disent qu’elle lui trouvait tout un tas de défauts, dont certains que le Loser ne savait même pas qu’il avait.  Le Loser part alors en croisade à la recherche de la vérité, ce qui ne fera qu’empirer son cas et lui donner l’impression que tous l’ont trahi et lui ont menti.  Surtout qu’une fois sur deux, la fille se retrouve embarquée dans une nouvelle relation moins de deux semaines après avoir rompu avec le Loser.
Ça, c’est un truc que j’ai douloureusement vécu, comme on peut le voir dans ma longue série de billets Surveiller Nathalie; Dans la tête d’un harceleur. Et si mauvaise que fut la relation pour moi, ce n’est rien à côté de ce que je lui ai fait vivre.  Pour ma défense, je vais tout de même dire qu’elle aurait dû avoir la franchise de me faire savoir que si la relation était terminée, c’était parce qu’elle en avait commencée une autre.  Hélas, tel qu’expliqué dans La difficulté de dire « Non merci! », il y a plusieurs raisons pourquoi ça ne se passe pas ainsi.  Voilà pourquoi on se fait servir Les mensonges de rupture.

Le loser ne plait pas. Pourtant, en amour, c’est un être courageux qui n’a pas peur des obstacles.  La preuve: La fille sur qui il jette son dévolu est toujours ou bien déjà en amour avec un autre, ou bien trop jeune, ou bien trop vieille, ou bien lesbienne, ou bien d’un style de vie / de vêtements / de mentalité / de milieu trop différent de lui, ou bien mariée, ou bien habitant à plus de 500 km de chez lui, ou bien qui ne veut rien savoir de lui, quand ce n’est pas une combinaison de plusieurs de ces éléments. 
Ce n’est pas du courage.  C’est au contraire de la lâcheté.  Tel qu’expliqué dans Goût pour l’exotisme OU besoin de justifier une situation difficile? ,  j’allais toujours vers des relations qui se montrent dès le départ comme ayant un très fort potentiel foireux à cause de divers obstacles. Comme ça, si ça ne marchait pas, je pouvais toujours me dire que c’était à cause de la différence d’âge, de race ou de culture. Mon rejet pouvait désormais s’expliquer par autre chose que ma maigreur, ma laideur ou ma pauvreté. Et puisque je pouvais l’expliquer sans me remettre en question, alors c’était supportable.  Ça m’évitait de devoir avoir le courage de me regarder en face pour voir ce qui n’allait pas chez moi, et de faire l’effort de changer pour le mieux.  Hélas, comme je conclus ce paragraphe:

S’il arrive tout de même à sortir avec cette fille, le Loser vivra une relation cahoteuse qui sera négative et décevante du début à la fin.
Normal, quand on n’a rien en commun.

Ceci dit, le Loser n’est pas forcément un être désespéré. Parfois, il est capable d’attendre « La Bonne ». Tandis que ses amis vont d’une relation à l’autre et vivent toute une gamme d’émotions, ont du plaisir, des loisirs et de la baise, le Loser ne sort jamais avec personne. Il a une idée très précise sur son idéal féminin et il s’est  juré que tant et aussi longtemps qu’il ne l’aura pas rencontré, il se gardera pur pour elle.
Ceci est ce que j’appelle le syndrome du renard et du raisin, d’après une fable du même nom de Jean de La Fontaine, dans lequel un renard affamé, incapable d’atteindre une grappe de raisins qui lui fait envie, finit par la snober en disant qu’elle n’est pas assez mure, donc pas assez bien pour lui. Dans le même ordre d’idées, le loser incapable de plaire à la majorité des filles aura le même réflexe orgueilleux, de se mentir en affirmant à soi et aux autres que son célibat ne lui est pas imposé, mais bien que c’est son choix à lui.  Il tentera de compenser pour son loserisme en amour en colportant l’idée que ce sont tous les autres gars, ceux qui « se contentent de sortir avec n’importe qui », qui sont au bout du compte plus loser que lui.

S’il finit par la trouver, et que par miracle elle accepte de sortir avec, (souvent après avoir été poursuivie des années par le Loser) leur relation sera de courte durée. Normal: Un gars qui n’a jamais eu de relation amoureuse ou sexuelle, ça n’a aucune expérience du comportement amoureux et sexuel. Ça fait que même si elle est son idéal féminin, en revanche il est loin d’être son idéal masculin.
Je décris le principe bien plus en détail dans la première partie du billet Nature et Réalité -VS- Société et Morale.

Dans son couple:
Lorsque le Loser a une relation stable, sérieuse et à long terme, c’est avec une fille qui est loin d’être un modèle de beauté et/ou d’intelligence et/ou d’amabilité.  Voilà pourquoi il a trop honte pour s’afficher avec elle en public, surtout en tant que son conjoint.   Qu’est-ce qu’il fait avec elle, alors?  Pas le choix, c’est la seule qui veut de lui.  Le loser classera cette relation sous le dossier « En attendant de trouver mieux », et essayera sans cesse de la tromper.
L’ironie ici, c’est que quelques paragraphes plus haut, je démontre que c’est le genre de trucs que le loser subit parfois de la part de la fille.  C’est triste, mais en même temps ça devrait montrer à la personne de qui l’autre a honte qu’il/elle devrait mettre de l’effort afin de changer pour le mieux, et ainsi devenir le genre de personne au bras de qui on est fier de s’afficher.

 Or, les rares fois qu’il y réussira, il ne trouvera vraiment pas mieux que sa blonde actuelle.  Et si par miracle, oui, il trouve vraiment mieux qu’elle, ça va se terminer en catastrophe…  Non seulement parce que le Loser a une blonde, mais souvent à cause qu’il habite avec elle.
C’est le mauvais côté d’accepter d’être dans une relation qui ne nous convient pas, simplement parce que « c’est mieux que rien! »

Mais alors, comment réussir à trouver une personne bien avec qui avoir une relation?  Ça va comme suit:

Premièrement, évite de te faire Esclave Volontaire, c’est à dire utiliser la très minable technique d’approche « Je vais te chérir, te combler, répondre à tous tes besoins et faire tes quatre volontés. »  Tu crois que ça fera de toi Le chum idéal? Vraiment?  Détrompe-toi, mon gars. La galanterie excessive, c’est pathétique, et ce pour trois raisons:

  1. La première, c’est que loin de te donner une image de chevalier romantique servant une princesse, ça démontre que tu es un loser désespéré.
  2. La seconde: les gens  normaux recherchent une relation normale avec une personne qui sera leur égal, et n’ont donc rien à faire d’un esclave avec qui ils ne pourront pas échanger.
  3. Et la troisième, c’est que les seules personnes qui peuvent s’intéresser à avoir un esclave, ce sont les manipulateurs contrôleurs profiteurs qui feront de ta vie un enfer et te rejetteront après t’avoir tout enlevé: Argent, biens, santé et réputation.

L’autre chose qu’il faut éviter d’être, c’est Le Sauveur.  Tout ce que tu attireras, ce sera  La fille en détresse éternelle, et tu  tomberas sous La malédiction du bon gars gentil et sauveteur qui se fait toujours rejeter une fois la crise passée et la fille remise sur pieds. De toute façon, tenter de sauver ces filles-là est une perte de temps car On ne peut pas aider une victime volontaire.

Cesse de t’annoncer comme étant « un bon gars ».  Les vrais bons gars, ça se voit dans leurs gestes, pas dans leurs vantardises.  Le fameux « Hommage aux bons gars » et ce que j’en dis permet de comprendre une bonne fois pour toute pourquoi c’est une erreur d’avoir ce genre de comportement.  De toutes façons, une fois que l’on a compris L’inutilité de la perfection, notre vie s’en porte mieux.  Sinon, on vit Les 9 étapes de la vie amoureuse d’un (soi-disant) bon gars, et rares sont celles qui finissent bien.  Moi-même, ça m’a pris des années avent de comprendre  Et avant de te demander Pourquoi les filles n’apprécient pas les bons gars? , poses-toi plutôt la question pourquoi est-ce que tu vas toujours vers celles qui préfèrent les cons. Parce que généralement, à la base, il se situe là, ton problème. C’est parce que Le premier bon gars à avoir accusé les filles d’être toutes des folles qui aiment se faire maltraiter n’a pas compris que souvent, si une fille aime un douchebag, ce n’est pas parce qu’il en est un, mais plutôt malgré le fait qu’il l’est.  C’est quelque chose que j’ai réalisé lorsque je suis passé De « bon gars » à « player salaud » à « affectivement équilibré ».

Au lieu de chercher la phrase brise-glace qui, telle une formule magique, te rendra instantanément séduisant aux yeux des filles à qui tu iras te présenter, va lire La vérité sur les phrases d’approche. Ça va t’épargner bien des revers.

La triste réalité, c’est qu’il n’existe aucune méthode sûre pour séduire une femme. Alors peut-on apprendre Comment plaire?  Non: Comment NE PAS Déplaire.  Tout est là!

C’est aussi une bonne idée d’apprendre quelles sont Les maladresses de la drague à éviter autant que possible, tout comme de savoir éviter les gaffes du premier rendez-vous. Par exemple, faire de L’analyse malvenue.  Et il ne faut pas oublier que nous ne sommes plus au moyen-âge.  Alors essayer de séduire avec rien d’autre qu’une Déclaration d’amour? Grosse erreur. 

Afin de tenir loin de soi les gens manipulateur, il faut savoir les reconnaitre.  Voilà pourquoi Je me méfie de ceux qui me disent certaines phrases-clés qui ne trompent pas.  Et pour garder loin ceux qui se sont prouvés abusif, donc qui vous maintiennent en état de loser, il ne faut pas Commettre l’erreur de pardonner.

Évite aussi d’Être mis au congélateur par quelqu’un qui ne te voit qu’en tant que dernier recours.

Apprend Ce que les filles disent -VS- ce que ça veut vraiment dire. C’est sûr que tu peux leur tenir rigueur de ne pas être claires, de manquer de constance, voire d’être hypocrites.  Sauf que ce n’est pas ça qui va te rendre sympathiques à leurs yeux.  Surtout si tu le prouves.

Afin de ne pas irriter les autres, il faut éviter de les insulter en prétendant que c’est de l’humour. Je sais bien que nous n’avons pas tous étudié pour devenir humoriste, mais il va de soi que si tu fais de ton public le dindon de tes farces, il auront de la difficulté à te digérer.

Même les plus winners ne gagnent pas tout le temps, d’où l’importance de connaitre La meilleure raison pour accepter le rejet: Quand l’autre ne veut pas de toi, peu importe la raison, le fait est que cette personne ne veut pas de toi. Juste ça, c’est suffisant comme raison pour accepter le refus et passer à autre chose.  Sinon, on s’accroche à une cause que l’on sait pourtant comme étant perdue, ce qui nous maintient en statut de loser.

Dès le départ, il faut savoir que souvent, réussir ou échouer, C’est ton choix.  Et pour faire la part des choses de façon réaliste, tu dois non seulement connaitre les quatre règles du succès, tu dois également savoir quelles sont Les trois raisons possibles de l’échec. Parce qu’il ne faut jamais oublier que même sans être un loser, on subit tous notre part de revers. C’est aussi normal qu’inévitable.  Ça fait partie des Quelques leçons de vie que j’aurais aimé apprendre plus tôt.

Je conclus cette série de billets en vous disant quelque chose que vous êtes probablement ras-le-bol-isé d’entendre: Pour réussir, il faut rester soi-même! Comment interpréter cette phrase? Il n’en tient qu’à vous:

  • Le pessimiste va comprendre: « C’est ça, je ne dois rien changer, donc continuer de faire tout ce que je fais de mal afin de rester loser.  Merci pour rien, tête de noeud! »
  • Le réaliste va comprendre que ça signifie tout simplement ne pas jouer un rôle, donc ne pas être un fake, ne pas se prendre pour meilleurs ou pire que l’on est, et surtout ne pas essayer de le faire accroire aux autres.
  • L’optimiste va comprendre que si le soi-même que l’on est actuellement n’est pas celui capable de réussir, alors il n’a qu’à faire les efforts requis pour s’améliorer.  Ainsi, non seulement il deviendra une meilleure personne, il n’aura pas besoin de jouer de rôle car cette personne-là sera vraiment son soi-même à ce moment-là.

Le changement n’est pas instantané. Certains vont prendre des mois, d’autres des années. Certains comportements ne sont pas des traits de caractères, mais bien de simples mauvaises habitudes.  Dès qu’on en est conscient, on peut les perdre et en prendre des meilleures.   Éventuellement, à force de persévérance, on change pour le mieux.

Est-ce que ça va marcher pour vous? Tout ce que je sais, c’est que ça a marché pour moi.

Pas obligé de rester loser, 8e partie: Peut-on vraiment changer pour le mieux?

 Parmi ceux qui m’ont demandé comment j’ai pu sortir du loserisme, il y en a qui demeurent sceptiques.  Par exemple, voyez ce que m’a écrit Toni ici : Vous savez quoi?  Je vais vous raconter les grandes lignes des trois périodes marquantes de ma vie, qui correspondent avec mes trois longues relations sérieuses.  Vous en jugerez-vous-même:

PÉRIODE 1.
Moi:
J’avais 22 ans.  Physiquement, j’étais maigre et laid.  Je travaillais au salaire minimum au Dunkin’ Donuts à faire des beignes, un boulot que je n’aimais pas et qui me rapportait tout juste de quoi survivre.  Je rêvais d’une vie d’artiste, sans vraiment avoir assez de talent pour l’obtenir.  J’étais contre le travail manuel parce que je n’avais pas la vaillance physique et morale requise, chose que j’essayais de cacher sous une attitude à la Je-vaux-mieux-que-ça.  J’avais une libido à tout casser, et mon besoin de satisfaire mon appétit sexuel m’obligeait parfois à prendre ce qui passait parce que mon physique peu attrayant ne me permettait pas d’être sélectif.
Elle: 19 ans, petite, grosse, laide, les dents croches, ne s’aimait pas donc ne pouvait pas imaginer pouvoir vraiment plaire, donc cherchait à coincer un gars dans une relation avec elle. Aucun plan de carrière à court ou long terme.  Dépensière compulsive.  Manipulatrice, profiteuse et parasite.
La relation: Nos seuls points en commun étaient le célibat et l’hétérosexualité.  Elle a utilisé le sexe avec pilule pour m’attirer, et a utilisé le sexe sans pilule (et sans me le dire) pour me garder. Mais puisqu’elle savait qu’en faisant ceci elle me faisait rester par obligation paternelle et non pour elle, elle me l’a fait payer en me faisant régulièrement subir 22 des 30 situations décrites dans le questionnaire Landru: Harcèlement, harcèlement psychologique, manipulation, tentative d’extorsion, extorsion, tentatives de fraudes, fraudes, accusations mensongères contre moi à la police, chantage, menaces de suicide, menaces de mort, menace de voies de faits, voies de faits, menaces d’atteinte à la réputation, atteinte à la réputation, vol et vandalisme. Et bien sûr, lorsque je suis parti après tout ça, les problèmes ont continué de façon légale sous forme de pension alimentaire et autres obligations décrétées en Cour.

PÉRIODE 2.
Moi: J’avais 30 ans. Travaillais pour des magazines, ce que j’aimais, bien que ça me procurait un revenu instable. Je m’étais quelque peu entraîné aux exercices muscu ces dernières années en plus de prendre du gras, deux choses qui ont radicalement amélioré mon look.  Ma libido était forte mais contrôlable.  Ça faisait 3 ans que je me contentais de n’avoir que des amantes, puisque mon ex m’avait radicalement guéri de ma dépendance affective.
Elle: 20 ans, petite, maigre, pas laide mais pas un canon non plus.  Un brin tomboy. Gentille, respectueuse, bon sens de l’humour, bonne imagination, artiste, positive, joyeuse, sensée, débrouillarde.  Travail de bureau stable et bien payé.  A publié quelques livres pour enfants.
La relation: Nous étions tout deux auteurs de bandes dessinées, ce qui fait que pour une fois je pouvais être dans une relation dans laquelle l’autre n’allait pas me demander sans cesse quand est-ce que me trouverais un vrai travail au lieu de rêver à une vie d’artiste comme un ado attardé.  Pour être franc, on a commencé à sortir ensemble un peu parce qu’on se disait chacun de notre bord qu’on ne pourrait probablement pas trouver quelqu’un d’autre avec qui on s’entendrait aussi bien.  On s’aimait vraiment, mais disons que ce n’était pas la grosse passion. On a quand même vécu en harmonie pendant 12½ ans, et même la rupture a été sans heurts.

PÉRIODE 3.
Moi: J’ai presque 45 ans.  Physiquement au sommet de ma forme, malgré ces 10 lbs en trop qui ne me dérangent pas.  Ma vie d’artiste n’existe plus que comme passe-temps puisque je suis l’homme à tout faire de mon édifice à 260 logements.  Travailler dur et savoir faire de la menuiserie, de la plomberie, de l’électricité, savoir faire de la rénovation et les connaissances techniques pour réparer poêles et frigos, ça garde en forme, ça paye bien et ça attire le respect, surtout des parents de celles que l’on veut fréquenter, ce qui n’était pas le cas ni en tant qu’auteur/artiste ni pâtissier de Dunkin.  Célibataire depuis deux ans, j’avais tout de même une mignonne amante de 36 ans depuis huit mois.
Elle: 25 ans, belle, grande, mince, coquette et féminine. Graphiste et dessinatrice, chroniqueuse pour des blogs de mode, et, ce qui ne gâchait rien, lectrice de Mes Prétentions de Sagesse.

De nature joyeuse, douce, gentille et respectueuse.  Collectionneuse de bandes dessinées qui aimerait bien en faire. Elle était célibataire après avoir cassé trois ans plus tôt avec un douchebag manipulateur condescendant. (Quand ton chum t’exaspère au point où tu finis par utiliser tes connaissances en taekwondo pour le rentrer dans l’mur, c’est qu’il est temps de rompre.)  Elle avait un amant depuis un an qu’elle espérait transformer en relation stable.
La relation: Le soir où je l’ai rencontré, j’ai vu que nous étions tellement semblables là où ça comptais que j’ai compris que c’était une fille dans son genre qu’il me fallait.  Ça m’a fait réaliser que, au point où j’en étais rendu dans mon évolution personnelle au sujet des relations, je n’avais plus envie de faire le moindre compromis.  Ce serait une fille comme celle-là ou rien. Le lendemain je rompais avec mon amante. Notre relation fut d’abord amicale, et à chaque fois où on se rencontrait, on ne manquait jamais de sujets de conversations. Plus on se connaissait, plus on se rendait compte que nous étions ou bien semblables ou bien complémentaires. Et surtout, tout entre nous était positif. Deux semaines plus tard, je lui ai fait des avances, mais elle a reculé.  La 3e semaine, elle a réalisé qu’elle aussi avait des sentiments pour moi.  La 4e semaine, elle me les a exprimés.  Aujourd’hui, après un an, nous habitons ensemble.  Nous planifions nous fiancer l’année prochaine et se marier l’année suivante.  Quand l’idée de n’être qu’avec une seule personne ne te cause aucune hésitation, quand l’idée d’en fréquenter d’autres n’a plus aucun attrait pour toi, c’est là que tu sais que non seulement tu as rencontré la bonne, tu es également prêt pour elle.

Donc, d’une période à l’autre: J’ai fait l’effort physique d’améliorer mon cardio et ma musculature, et l’effort mental d’apprendre quelques connaissances de base de métiers utiles et universels.  Ça a amélioré les emplois que je peux décrocher, mes revenus et mon train de vie, ce qui a à son tour amélioré mon humeur et ma personnalité, et tout ça ensemble a amélioré le genre de fille  que je peux attirer, elles aussi, autant du côté look que de la personnalité.  Alors, est-ce que je suis sorti du loserisme?  Je pense bien que oui.

Pas obligé de rester loser, 7e partie: Les revoir? Pourquoi pas! Les re-fréquenter? Surtout pas!

Originalement, le chapitre 5 s’intitulait « …Et ne plus revoir ces vieux amis. »  Je viens de changer le titre pour « Le réflexe de s’auto-saboter », puisque ça en décrit mieux le contenu.  Ceci dit, une triste vérité demeure: Si tu ne veux pas rester loser toute ta vie, tu dois cesser de fréquenter ceux qui t’ont vus/connus/acceptés comme tel.

À ce sujet, j’en reviens à mon bon copain Carl, comme j’aime si bien l’appeler. Depuis le temps que je vous en parle, vous allez sûrement me dire: « Mais s’il te traitait toujours de cette façon, pourquoi est-ce que tu continuais de te tenir avec? »  Justement, j’ai coupé les ponts avec lui à la fin des années 90.  Voici pourquoi:

À l’époque, nous travaillions chacun pour de grandes compagnies d’informatique.  Moi c’en était une qui créait et gérait des pages web pour des commerces, tandis que lui travaillait pour une boite d’animation 3D. Presque en même temps, nous avons eu des problèmes similaires, sous la forme de notre superviseur qui nous faisait subir du harcèlement moral au travail, allant même jusqu’à saboter notre boulot pour se trouver une excuse pour nous descendre.  Dans les deux cas, nous avons porté plainte à nos grands patrons.  Dans mon cas personnel, ça a juste empiré mon problème car les dirigeants se tiennent entre eux, et j’ai continué d’en subir jusqu’à ce que je sois obligé de démissionner.

Mais dans le cas de Carl, le grand patron a pris son problème au sérieux, il a observé comment Carl et son superviseur travaillaient, il a vu que le superviseur, en sabotant le travail de Carl, sabotait toute l’équipe, et ainsi affectait négativement le rendement de la boite.  Il l’a mis à la porte et il a donné son poste à Carl.  Et quel a été le tout premier contrat à se retrouver sur le nouveau bureau de Carl? Le JourNul de François Pérusse!  Eh oui!  Alors que pour les animateurs normaux ça prend des années, voire des décennies avant de tomber sur LE contrat qui va leur apporter succès et richesse, lui ça lui tombe dessus à la seconde même où il entre en poste.

Après ce coup-là, j’ai tout simplement cessé de lui donner signe de vie. Ce gars-là était juste trop chanceux.  Ce n’était pas un problème d’envie ni de jalousie de ma part.  C’était la reconnaissance d’un fait: Il fallait que je j’accepte que Carl et moi ne vivions pas du tout dans le même monde, et que jamais je ne ferais partie du sien.  À ses yeux, ce qui venait de se passer à son travail, c’était la norme.  La moyenne.  Business as usual.  Donc, selon lui, les gens comme moi qui ont à travailler dur et à se battre pour une réussite qui parfois nous échappe malgré tout, ce sont des incompétents, des ratés, des gens qui ne veulent pas vraiment réussir. Me tenir avec lui, c’était me faire influencer à croire que son destin exceptionnel était à la portée de tous. Ça déformait ma perception de ce qui était normal ou non, et ainsi me mettait trop de pression.

En cessant de me tenir avec lui, j’ai cessé de me comparer à lui, j’ai pu constater que ma réalité était bien plus semblable à celle de la moyenne des hommes qu’à la sienne, et j’ai enfin pu évoluer à mon rythme.  Et ce qui ne gâchait rien, c’est que lorsque je rencontrais une fille, il n’était pas là pour détourner son attention et la dissuader d’être plus que simple amie avec moi.

Durant les années qui ont suivi, j’ai eu quelques belles réussites.  Je suis retourné aux études où j’ai joint le journal étudiant, et où on m’a offert le poste de rédacteur en chef sans même que je m’y porte candidat.  J’ai habité aux résidences étudiantes où, après avoir jasé quelques minutes avec le propriétaire, il m’a offert le poste de superviseur de la place.  J’ai créé ce qui fut possiblement le premier texte viral humoristique québécois d’internet. J’ai fondé MensuHell, j’ai été publié dans Safarir, Summum, Le Journal de Montréal, ce qui m’a donné ma propre page sur Wikipedia. Je me suis également amélioré physiquement.  J’ai perdu du poids et pris du muscle. Je me suis mis à la course à pieds, pouvant courir 200 mètres le premier jour avant de tomber épuisé-mort, et quatre mois plus tard je courrais 5 km ininterrompus. Ça m’a permis de voir que dans le fond, quand je m’y mettais, je n’étais pas un loser.  C’est juste que, comparé à Carl et sa chance infernale, n’importe qui avait l’air d’en être un.

Je ne me souviens plus comment exactement, mais Carl a fini par me retracer.  La boite d’animation pour laquelle il travaillait ayant de plus en plus de contrats, il a songé à m’offrir du travail.  J’étais réticent à l’idée de le ramener dans ma vie, mais ma conjointe de l’époque m’a convaincu que je n’étais qu’un pauvre parano qui s’imagine que tout le monde cherche à lui nuire et que si je tiens tant que ça à laisser passer l’opportunité d’avoir un ami haut placé pouvant me donner un bon poste et un bon salaire, alors ça prouverait que non seulement je n’ai jamais cessé d’être un loser, mais je démontrerais que j’en suis moi-même la cause.  Y’a rien comme des paroles encourageants de la part de la femme qui t’aime pour t’aider à prendre les bonnes décisions.  Je me suis dit qu’après tout, nous étions maintenant des adultes dans la mi-trentaine.  Il a sûrement pris de la maturité.  Qui sait, il est possible qu’il ait décidé de m’amener dans son monde et me donner le coup de pouce nécessaire pour m’y tailler une place.

Au début, Carl était impressionné de mon parcours, autant côté social que carrière que physique.  Cependant, il a totalement refusé d’accepter l’un de mes changements, en me disant « Si tu penses que m’as t’appeler « Requin! » … Pour moi tu seras toujours Jon-Son! »  Ce surnom qui date de mon école secondaire se prononce comme si on inversait les syllabes du mot songeons. C’est une façon de prononcer caricaturalement à la française mon vrai nom de famille qui est Johnson.  Disons que je n’étais pas très chaud à l’idée de me refaire coller ce nom qui représente toute la période loser de ma vie que j’ai mis tant d’efforts à mettre derrière moi.  Mais bon, je savais que les gens étaient désemparés face aux changements de ce qui les entourent.  Et moi, j’avais changé radicalement.  Aussi, qu’il s’accroche à un détail aussi anodin que le surnom sous lequel il m’a toujours connu, j’ai supposé qu’il n’y avait rien de mal.

Carl a été un peu déçu lorsque je lui ai annoncé que maintenant que je gagnais ma vie en tant qu’auteur et scénariste, il n’y a que dans ce domaine que je veux travailler.  C’est que le poste qu’il comptait m’offrir, c’était du dessin, justement: Faire du design de décors et d’objets qui serviront de modèles aux animateurs des séries télé qu’ils produisent.  J’ai d’abord refusé, mais me suis laissé convaincre par ma conjointe qu’il valait mieux accepter, histoire d’avoir un pied dans la place, ce qui me permettra plus tard de proposer mes services comme scripteur.

À la seconde même où j’ai dit oui, les choses sont redevenues comme quand je le fréquentais. Il ma demandé combien de temps est-ce que ça me prendrait pour lui fournir 56 dessins d’objets et 3 décors.  Songeant à comment je pouvais coordonner la chose avec mes autres boulots, je lui dit trois semaines. Il me répond  sèchement que c’est beaucoup trop long puisqu’il lui faut ça dans 10 jours maximum, et qu’il est désappointé puisque, de la manière dont je lui parlais, je lui avait laissé l’impression erronée que j’étais un professionnel. J’ai alors compris que son insistance à s’accrocher à mon vieux surnom de loser n’avait rien d’anodin.  Il était vraiment en train de s’arranger pour refaire de moi le loser qu’il avait toujours connu.  S’il avait vraiment voulu être amical et conciliant, il m’aurait dit « Hey, j’ai besoin de 56 dessins et 3 décors dans 10 jours.  Penses-tu que tu peux le faire? »  À ce moment-là, j’aurais dit oui et je me serais arrangé avec mes autres boulots.  Mais là, il m’a tendu un piège afin de nous démontrer clairement à tous les deux, dès le départ, que j’étais un incompétent.

Pour faire d’une longue histoire courte, je lui ai fait ses dessins dans les temps convenus.  Pour les objets, rien à redire.  Par contre, pour les décors, bien que j’avais suivi à la lettre les instructions de Carl, sa patronne n’était pas satisfaite.  Alors qu’elle me faisait part des raisons pourquoi mes décors suçaient des rectums de gnous, Carl m’a regardé avec un petit sourire condescendant et a dit devant elle: « Sacré Jon-Son! Toujours égal à lui-même! Tu changeras jamais! »  Pour le reste, non seulement ais-je été payé cash, ce qui signifie que je n’ai jamais été techniquement à l’emploi de la boite, mais par ce geste il exprimait le fait qu’il ne m’y voulait pas en tant qu’employé.  Et bien que mes designs furent utilisés pour plusieurs épisodes, pas une fois ne voit-on mon nom au générique avec les autres designers graphiques.

Bref, non seulement Carl m’empêchait d’évoluer, il s’arrangeait pour me faire régresser.  J’avais trop travaillé sur ma vie et sur moi-même pour accepter qu’une telle chose se produise.  Non seulement lui et moi n’avons jamais vécu dans le même monde, il était clair qu’il fera toujours tout en oeuvre pour que je ne fasse jamais partie du sien.  Ma conjointe n’a pas eu le choix de le reconnaitre, et ainsi d’être d’accord lorsque je lui ai annoncé mon intention d’en rester là et de nouveau m’en tenir loin.

Parlant de ma conjointe, dans le chapitre 4, je parle de la réticence qu’ont tes amis et ta famille lorsque tu leurs annonce que tu planifies de perdre du poids, et ce qu’ils disent pour tenter de t’en dissuader.  C’est quelque chose que j’ai vécu personnellement.  Ce que j’ai trouvé le plus aberrant, c’est que la personne qui était le plus contre ma décision de perdre du poids, c’était justement ma conjointe, une fille pourtant douce, gentille et respectueuse.  Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle tentait de se mettre entre mon but et moi, elle m’a répondu un truc dans le style de: « Parce que quand tu vas subir un échec, c’est moi qui vais se retrouver à devoir t’entendre t’en plaindre! » 

Par cette phrase, elle m’a appris qu’il existait deux catégories de gens qui tiennent à te garder loser: Ceux qui ne veulent pas te voir réussir, et ceux qui ne croient pas que tu puisses réussir.  Alors que le premier est motivé par la mesquinerie, le second l’est par la peur de te voir vivre une déception.  N’empêche qu’au bout du compte, le résultat est le même: Tant qu’ils seront dans ta vie, ils vont t’empêcher de sortir de ton statut de loser.  Et c’est là que l’on se doit de faire un choix pas toujours facile mais trop souvent nécessaire entre leur présence ou ton bien-être.

En conclusion, s’il est acceptable de revoir une fois de vieux amis qui nous ont connu lors de notre période loser, c’est une bien moins bonne idée de recommencer à les fréquenter sur une base régulière.

Pas obligé de rester loser, 6e partie: Évitez l’uniforme officiel du loser.

Toujours dans mon billet Autopsie du Loser, voici ce que j’ai à dire au sujet de son apparence:

Dans son look :
Si le Loser porte des lunettes, ce sera d’un modèle qui est passé de mode depuis au moins cinq ans.  Il s’habille de façon remarquable, dans le sens qu’il se fait remarquer par son habillement.  Parfois il a l’air de sortir de la page 346 du catalogue Sears, parfois on dirait qu’il s’habille chez Canadian Tire.  La plupart du temps, le Loser, s’il a de plus de 25 ans, s’habille et se coiffe encore comme il le faisait quand il avait 15 ans car il n’a pas remarqué que la mode a évolué.

Il faut dire que le concept de suivre la mode, ça a toujours été majoritairement un truc de jeunes. On s’en rend compte quand, à 25 ans, on a l’air d’essayer de se donner le look de quelqu’un qui en a 15, et que ça a l’air ridicule.  On choisit alors de s’habiller de façon un peu plus neutre, et on continuera ainsi pour le reste de notre vie. Le problème, c’est que quand on est loser, l’une des façons dans laquelle on cherche à attirer l’attention, c’est en ayant un look remarquable.   Hélas, comme déjà mentionné dans l’autre billet, il faut dire que, pour des raisons encore mal définies, un style, une pièce de vêtement ou une coiffure qui paraît bien sur quelqu’un d’autre devient automatiquement horrible lorsque portée par le Loser.  En fait, les raisons ne sont pas vraiment « mal définies ».  Ça peut être parce que les dernières tendances modes s’adressent à plus jeune que lui.  Ça peut également être à cause de son physique.  Par exemple, un beau grand black athlétique peut se permettre de porter une camisole noire et des shorts.  Sur lui, c’est beau.  Sur un petit blanc maigre, par contre…

Et c’est là que beaucoup de losers se mettent à réfléchir sur leur look.  Ils constatent que d’un côté, il leur est difficile de trouver un look à la mode qui leur va bien.  Surtout que plus c’est actuel, plus ça coûte cher.  Et puisque la mode évolue sans cesse, un look qui le rendra superbe pendant quelques temps fera de lui, tôt ou tard, objet de ridicule puisqu’il sera dépassé.  Consciemment ou non, il en arrive donc à la conclusion qu’il doit se créer son propre look. Un look qui ne sera jamais démodé parce ça n’aura jamais été à la mode pour commencer.  Un look distingué, qui le fera ressortir de la masse, qui aura de la classe.

Il songe à son visage…  Rester glabre, ça manque de distinction. La barbe, la moustache, le bouc, les longs favoris, l’anneau de poil autour de la bouche, tout ça a déjà été porté.  La barbe en collier, par contre, n’a jamais été arborée  par le grand public.  Tout au plus, on a pu la voir sur des gens distingués, tels professeurs et intellectuels. Il porte donc son choix là-dessus.

Il songe à ses vêtements… Pour ne pas être dépassé, il faut rester dans le classique: Chemises, vestons, parfois cravate…  Ou à l’inverse, pour prouver qu’il ne craint pas la critique et l’étiquette d’immature, il portera fièrement des T-shirts à l’effigie de produits et de personnages destinés aux enfants.  Ou pire encore: Il combinera les deux, portant T-shirt sous veston ou chemise ouverte.

Tant qu’à faire dans le classique, aussi bien avoir de la classe.  Et qu’est-ce qui fait plus classe qu’un chapeau?  De Humphrey Bogart à Indiana Jones, les classiques héros masculins du grand écran en arborent un. Il portera donc fièrement un Fedora ou un Trilby.

Hélas, alors que les chapeauphiles  normaux ne vont porter leur couvre-chef que lorsqu’ils sortent, le loser portera le sien à l’intérieur comme à l’extérieur, du lever au coucher, 7 jours semaine, 365 jours par année.

Ainsi, le loser se crééra ce qui sera SON look, sa marque de commerce éternelle, qu’il affichera partout, à l’école comme en sorties, à l’épicerie comme à un mariage.

Sauf que, en faisant ceci, le loser se comporte exactement comme des  millions d’autres losers qui, en vivant les mêmes problèmes que lui, se sont fait les mêmes réflexions, et en sont arrivés aux mêmes conclusions. Ainsi, sans le savoir, en croyant se créer un look original, distingué et classe, il a en fait endossé l’uniforme officiel du loser, ainsi que sa façon de le porter.  Celui qui permet au reste de la population de voir au premier coup d’oeil qu’il en est un, car il n’y a qu’eux qui arborent ce style.












Bref, non seulement ça ne vous donne pas la classe que vous pensez avoir, ça n’a rien d’original.  Voilà pourquoi, dans l’Autopsie du loser, ça dit également:  Parfois, le loser a un petit côté artistique qui le pousse à se créer lui-même son propre style. Il fait ça dans le but de se donner une image hyper cool de non-conformiste. Hélas, dans son cas, ça foire lamentablement. Sans compter qu’il n‘y a rien qui fasse plus loser que d’essayer de se distinguer par son look, histoire de compenser pour le fait que l’on n’a absolument rien d’autre pour se distinguer.

Bref, si vous ne voulez pas que les autres vous voient comme un loser, il faut d’abord cesser d’avoir l’air d’un loser. Tant qu’à avoir l’air de ça, mieux vaut n’avoir l’air de rien.

Simple opinion personnelle? Non, fait reconnu!
Le site Feminspire a un article intitulé The Fedora isn’t the problem – The men wearing them are! où son auteure écrit que les adeptes de ce look sont généralement les soi-disant bons gars qui n’ont rien pour attirer les filles.  Le site Know your Meme a une page intitulée Fedora Shaming qui explique de façon très détaillée les raisons pourquoi ce look est irrémédiablement associé aux losers.  Et sur cette autre page, on explique que ce look n’a rien pour attirer la gent féminine puisqu’il est issu des années 1930 et 1940, époque où les hommes ne permettaient aux femmes que d’être secrétaire ou épouse/mère/ménagère.  Ici, on donne 20 raisons pourquoi ne pas sortir avec un porteur de Fedora. Sur cette page-ci, on retrouve 23 témoignages d’ex-porteurs-de-Fedora-à-barbe-en-collier qui racontent comment leur vie se sont améliorées à partir du moment où ils ont renoncé à ce look et à l’attitude qui va avec.  Et quand un site s’appelle ForeverAloneFedoras, ça veut tout dire.  Je pourrais rajouter des dizaines, voire une centaine de liens semblables.  Une simple recherche sur Google en y entrant les mots Fedora et Neckbeard (« barbe en collier ») vont tous vous les donner.  Et ils ont presque tous ceci en commun: Ils démontrent à quel point ce look est considéré comme étant source de ridicule, surtout à cause de la personnalité de ceux qui le porte.

Personne ne prend au sérieux un porteur de Fedora. La preuve: En novembre 2014, il y en a un qui a tenté de commettre un vol à main armée dans une pharmacie.  Personne ne l’a pris au sérieux, tout le monde l’a ignoré, et ce malgré le fait qu’il brandissait un revolver. Il a donc réagi comme tout bon Fedora Neckbeard face au rejet: il a abandonné et est reparti, humilié, probablement dans le sous-sol de ses parents, à pleurer en étreignant la seule personne qui le comprend, soit un oreiller recouvert d’une taie à l’effigie de Twilight Sparkle de la série My Little Pony, Friendship is Magic

Il y en a qui vont dire que l’on n’a pas besoin d’être un Fedora-Neckbeard pour faire rire de soi parce que quand quelqu’un veut te rabaisser, toutes les excuses sont bonnes.  Haters gonna hate!  C’est vrai! Mais c’est justement ça, mon point: Il y a tellement de façons de se faire ridiculiser, rejeter et rabaisser par les autres, pourquoi faire exprès pour arborer un look qui est universellement reconnu pour attirer ce genre de chose?

Pas obligé de rester loser, 5e partie: Le réflexe de s’auto-saboter

Encore une fois, afin que nos amis Européens comprennent cette anecdote estudiantines, voici une courte structure du système éducatif du Québec:

  1. Maternelle, entrée à 5 ans, dure une année, obligatoire.
  2. École primaire, entrée à 6 ans, dure 6 ans, obligatoire.
  3. École secondaire, entrée à 12 ans, dure 5 ans, obligatoire.
  4. Cégep (Pour: Collège d’Enseignement Général Et Professionnel), entrée à 17 ans, dure 2 ans, volontaire
  5. Université, entrée à 19 ans, dure le temps qu’il faut, volontaire.

Et c’est parti:

C’est à l’âge de seize ans que, pour la première fois, j’ai essayé d’améliorer ma vie en changeant mon univers.  Durant toutes mes études au secondaire, j’avais comme seul ami constant un gars nommé Carl. La bande avec qui je me tenais, ce n’était pas la mienne, c’était celle de Carl. J’ai bien eu quelques autres amitiés durant ces cinq années, mais ça n’a jamais duré longtemps. Carl était le genre de gars que j’aurais voulu être. Il était beau, extraverti, original, rigolo et avait du charme. Je faisais tout pour l’imiter mais j’étais toujours dans son ombre. De toutes façons, qui aurait été attiré par la pale copie que j’étais alors que les gens qui nous entouraient avaient accès à l’original?

C’est durant les vacances de Noël de 1984, alors que  j’étais au 5e secondaire, que je me suis mis à réfléchir sur ma situation. J’en suis arrivé à la conclusion que jamais je n’arriverai à passer de loser à winner si je continue à rester parmi les gens qui m’ont toujours vu comme étant un loser durant tout le secondaire. Pour évoluer, j’aurais besoin d’un nouvel environnement. Un univers constitué de gens qui ne me connaissent pas, donc qui n’ont pas d’idées préconçues à mon sujet. C’est pourquoi, plutôt que de m’inscrire pour le Cégep de St-Hyacinthe comme Carl et presque tous les élèves de ma polyvalente, j’ai opté pour partir vers l’inconnu: Le Cégep Édouard Montpetit de Longueuil.

Automne 1985.  J’ai 17 ans et je suis au cégep. Les deux premiers mois de la première session, tout allait relativement bien. Je pouvais enfin être ce que je voulais être sans que personne ne m’en empêche. Cette fois, c’était moi le boute-en-train, le rigolo, l’extraverti, l’original… Je me suis fait plein d’amis, et j’avais même une petite bande de copains avec qui je passais mes heures de dîner et mes pauses café. Quatre personnes qui n’avaient rien en commun, sinon leur amitié envers moi. Pour la première fois, j’étais la tête d’un groupe. La colle qui tenait les pièces ensemble pour former une unité.

Et puis, les choses ont changé. Sans comprendre pourquoi, j’ai peu à  peu commencé à me sentir mal à l’aise dans ce rôle. Car oui, c’était bien un rôle. Ce que j’étais, ce n’était pas moi, c’était Carl. Je jouais le rôle de Carl. J’aimais jouer le rôle de Carl. J’aimais obtenir les mêmes choses que Carl. Le problème, c’est que je n’étais pas Carl. Je n’étais pas habitué à assumer les fonctions de chef de bande, à toujours suggérer des choses, à prendre des décisions. Jusqu’alors, j’avais toujours été un suiveur, jamais un suivi. Passer d’un extrême à l’autre aussi rapidement n’était pas une chose naturelle pour moi.  Au début, c’était un agréable changement.  Mais une fois que fut passé le charme de la nouveauté, je me retrouvais quelque peu désemparé. 

Et puis, un jour de semaine où je n’avais pas à aller à mon Cégep, je me suis payé une petite visite au Cégep de St-Hyacinthe, histoire de voir comment ça se passait du côté de mes vieilles connaissances du secondaire.  J’ai été accueilli comme une bonne surprise par Carl et les vieux amis. Par conséquent, j’ai rapidement trouvé le Cégep de St-Hyacinthe beaucoup plus charmant qu’Édouard Montpetit.

Après deux semaines, j’en étais rendu à passer plus de temps au Cégep de Carl que dans le mien. Cette situation pourtant ridicule ne me dérangeait pas. Il est vrai que la vie m’y était beaucoup plus facile. Je connaissais presque tout le monde, je n’avais plus besoin d’aller vers les autres moi-même pour me faire de nouveaux amis, on me les présentait. Je n’avais plus à prendre de décision sur comment passer une soirée, j’étais invité à des sorties. Cette douce sensation, c’était comme revenir chez soi. Je n’avais tellement plus rien à foutre d’Édouard Montpetit que je n’allais même plus à mes cours.  Et quand vint le temps de s’inscrire pour la seconde session, j’ai demandé à être transféré à St-Hyacinthe.  Dès janvier ’86, j’en étais un étudiant officiel, rendant enfin pertinente ma présence à cet endroit.

Or, les choses reprirent rapidement le cours qu’elles avaient eu durant tout le long du secondaire. J’étais de nouveau dans l’ombre de Carl, où je ne pouvais plus du tout briller. Je recommençais à être un loser, ayant droit aux mêmes railleries de la part des même gens que lors de mon secondaire. Pire encore : Influencés par mes vieux amis, voilà que les nouveaux amis se mettaient de la partie pour refaire de moi la tête de turc du groupe.

Après un mois et demi, déçu et déchu, j’en suis venu à regretter Édouard Montpetit. tellement qu’un mercredi, au lieu d’aller à St-Hyacinthe, je me suis payé une visite à Édouard Montpetit, histoire de retrouver la vieille gang, les vieux amis, la vieille atmosphère du bon vieux temps, celle pendant laquelle, pour un court moment, j’ai réussi à être un winner aimé et admiré.  Hélas, rien n’était plus pareil.  Certains de mes amis avaient disparus, et les autres avaient évolués au-delà de leur envie de passer du temps en ma compagnie.  Pour compléter le tout, quelques travaux de rénovations avaient changé certains murs, corridors et locaux de place. Il ne restait plus grand chose de l’Édouard Montpetit que j’avais connu et aimé.

D’un côté il y avait mon univers de loser de St-Hyacinthe.  De l’autre, il y avait mon univers de winner que je m’étais créé moi-même à Édouard Montpetit, dont il ne restais désormais plus rien.  Je me retrouvais donc seul, sans vrais amis, désemparé, à ma place nulle part.  Je regrettais atrocement d’avoir abandonné l’univers que je m’étais créé.  Ce n’étaient pas les circonstances qui avaient fait de moi un loser. C’était moi. C’étaient mes mauvaises décisions inspirées de mes mauvaises habitudes.

C’est là que j’ai compris que quelqu’un qui a vécu trop souvent une situation négative finit par se la recréer lui-même.  Non pas parce qu’il aime ça.  Mais bien parce que l’être humain est une créature qui a besoin d’avoir la stabilité autour de lui.  Il a des habitudes bien ancrées, il ne se sentira donc pas à l’aise dans un univers différent que celui où il est habitué. Tu as beau détester ta vie de merde, il reste que c’est TA vie de merde.

Un enfer familier est beaucoup moins intimidant qu’un paradis inconnu.  Voilà pourquoi dans le texte Autopsie du Loser, j’ai écrit ceci:  De toute façon, peu importe le sujet, lorsque le Loser arrive enfin à obtenir quelque chose qu’il a toujours voulu avoir, il s’arrange pour le perdre d’une façon ou d’une autre.  C’est que même si le Loser déteste être un loser, c’est tout ce qu’il sait être.  S’il devient un winner du jour au lendemain, il ne saura ni comment réagir ni quoi faire pour le rester.  Et même s’il le sait en théorie, en pratique il n’est pas habitué à être un winner. Il pratique son attitude et sa personnalité de loser depuis tellement d’années que c’est rendu naturel chez lui d’en être un.  Or, chassez le naturel…

Un an plus tôt, à seize ans, j’ai compris que pour me tirer de ma situation de loser, je devais quitter l’univers où on me voyais/considérais/traitais comme tel.  Et là, à dix-sept ans, j’ai réalisé qu’il y avait une grande différence entre savoir où se situe notre problème, trouver la volonté de pouvoir y changer quoi que ce soit, et persévérer dans cette voie afin de ne pas retomber dans la merde dont on a mis tant d’effort à se tirer.  C’est une erreur que je ne referai plus.

…Du moins, presque plus.

à suivre