« Ægidius », un extrait.

Les lettres AE, lorsque reliées en Æ, se prononcent É, comme dans curiculum vitæ. Je précise car on me demande parfois comment se prononce le prénom de mon plus illustre ancêtre, Ægidius Fauteux, de qui je planifie écrire une biographie.

Enfin, quand je dis ancêtre, je ne suis pas son descendant direct.  Il s’agit en fait de mon arrière-grand-oncle.


En 1899 à l’âge de 22 ans, Ægidius Fauteux reçoit sa licence en théologie. Il n’aura cependant pas la vocation. Il poursuivra ses études en Droit et sera reçu au Barreau en 1903, mais il ne pratiquera jamais. En 1902, il fonde le journal Le rappel.  Il joint le journal La Patrie en 1905, puis La Presse en 1912.  Il consacrera sa vie à ses deux passions, le journalisme et l’histoire du Québec.

Au début des années 90, mon grand-père René Lussier a commencé à écrire la biographie de son oncle, combinant souvenirs personnels et familiaux avec les faits historiques.  Son décès en 1995 a interrompu son travail.  J’ai décidé de continuer et d’achever celui-ci dans mes temps libres, Et de nommer la chose Ægidius Fauteux, la petite histoire d’un grand historien.  En voici un extrait:

Montréal, le quartier Côte des Neiges, en début d’après-midi.

La cloche du tramway annonce l’arrivée du véhicule de transport en commun urbain. Il y a peu de voyageurs, et Ægidius est surpris de constater que ceux-ci sont constitués de vieillards malades et d’éclopés. Le wagon rouge s’immobilise devant l’arrêt situé en face du Collège Notre-Dame. Ægidius en descend en premier. Il est accueilli par un petit homme aux cheveux blancs qui ne doit pas faire plus de cinq pieds de haut et qui porte un manteau brun foncé trop grand pour lui. D’une petite voix enrouée, il dit :

« Bonjour monsieur. Est-ce que je peux vous aider ? »

À peine a t-il posé sa question que le petit homme d’apparence fragile se met à tousser. Ægidius a pitié de lui.  Histoire de lui éviter tout effort superflu, il lui répond :

« Je viens voir mon oncle, l’abbé Pierre-Louis Fauteux. Vous n’avez pas besoin de vous déplacer, je saurai bien le trouver tout seul. Merci! »

Ægidius part à pas rapides vers la bâtisse du collège. Le vieil homme le salue de la main et se retourne vers le tramway où il aide une vieille dame en béquilles à débarquer.

Debout dans son bureau, devant la fenêtre qui donne sur la cour arrière du Collège Notre-Dame, L’abbé Pierre-Louis Fauteux, regarde une trentaine d’enfants de cinq à douze ans s’amuser dehors, profitant de la récréation qui vient avec l’heure du dîner. L’homme qui fêta récemment ses cinquante ans est costaud, bien en forme, malgré cette calvitie qui trahit son âge, et cette panse bien ronde sous sa chemise noire qui témoigne de son penchant pour les plaisirs de la table. Comme quoi même le plus assidu des hommes de Dieu peut parfois être soumis à certains péchés, furent-ils capitaux, comme celui de la gourmandise.

Dans les couloirs du collège, Ægidius tourne le coin et avance tout en parcourant des yeux les plaques sur les portes de bureaux qu’il croise. Il s’arrête devant une porte grande ouverte et y voit la mention Pierre-Louis Fauteux, directeur adjoint. Il reconnaît aussitôt la silhouette de son oncle devant la fenêtre. Il cogne à la porte afin de signaler sa présence.

« Monsieur l’abbé… euh… Monsieur le directeur… Directeur adjoint, Fauteux ?»

Le visage de l’abbé reste impassible. Sans se retourner, il l’invite, du geste de la main, à entrer. Ægidius fait quelques pas et s’immobilise à un mètre des chaises placées devant le bureau de travail en bois verni. Dehors, le frère Anselme, armé d’une cloche, sonne la fin de la récréation.

« Quelle date sommes-nous aujourd’hui? » demande le directeur adjoint.
« Le 16 juin. » répond Ægidius.
« Exact ! Vendredi, le 16 juin 1899. Et qu’est-ce qu’il s’est passé, aujourd’hui-même, il y a exactement deux cent quarante ans ? »
« Le 16 juin 1659 ? »
L’homme murmure « Hm ! » en acquiesçant d’un geste de la tête. Ægidius répond.
« Bien… C’est la date où Monseigneur François de Montmorency-Laval est arrivé de France. Quatre ans plus tard, le 26 mars 1663, il fondera le Grand Séminaire de Québec. En 1668, il mettra sur pied le Petit Séminaire de Québec en tant que résidence pour les futurs prêtres. Et en 1674, il devient le premier évêque du diocèse de Québec nouvellement fondé. »

L’abbé lève un sourcil. Visiblement l’éducation de son neveu, autant que sa mémoire, sont remarquables. Il se retourne et marche en direction de la porte de son bureau. Il adresse de bons mots au jeune homme lorsqu’il le croise.

« Très bien, cher neveu. Très, très bien! »

Il tend la main vers la porte et la pousse. Celle-ci se referme dans un bruit de loquet. Aussitôt, l’homme se retourne et son visage austère s’illumine de joie. Sans plus de retenue dans ses gestes que dans son débit de voix, il tend les bras en direction de son neveu.

« Eh ben ? Enwèye mon p’tit Gigi, viens voir ton mononc’ Pi-Wi. »

D’abord surpris, Ægidius prend lui aussi un air joyeux et ravi. En riant, ils se jettent dans les bras l’un de l’autre et se donnent une chaleureuse accolade. Il n’y a plus d’étudiant, plus d’abbé, plus de directeur. Il n’y a que deux membres proches d’une même famille enchantés de se revoir. En le serrant contre lui, Pierre-Louis donne de grandes tapes fraternelles dans le dos de son neveu.

« Non mais regarde-toi rien qu’un peu. C’est que t’es devenu un vrai homme. Quel âge que t’es rendu, là ? »
« Vingt-deux ans. J’en aurai vingt-trois le 27 septembre. »
« Ca fait que t’as terminé tes études là ? »
« Oui ! »
« Et puis ? »
« J’ai obtenu ma licence de théologie. »
« Merveilleux ! Faut fêter ça ! Un petit verre ? »
« Ce ne serait pas de refus. »

L’homme marche à grands pas vers une armoire qu’il ouvre.

« Tu vas voir, ton mononc’ Pi-Wi n’a pas rien que du vin de messe pis de l’eau bénite dans ses bouteilles. »

Ægidius a un petit sourire amusé.

« Tu ne me laissera jamais oublier ça, hm ? »
« Quoi donc ? »
« Mononc Pi-Wi. Sais-tu combien c’est difficile pour un enfant qui sait à peine parler de dire mon oncle Pierre-Louis ? Ça fait vingt ans, faudrait que t’en revienne. »

L’homme revient avec deux verres remplis de liquide ambré. Il en donne un à Ægidius.

« Ah, je l’sais bien, mais c’était tellement mignon. Santé ! »

L’homme salue son neveu et avale son verre d’un trait. L’imitant, Ægidius fait également cul sec. Aussitôt il grimace, ouvre la bouche et expire bruyamment, surpris par la morsure du liquide.

« HHHH…. C’était quoi ça ? »
«  Du whisky ! Mais attention, c’est du bon vieux scotch importé directement d’Écosse. Rien à voir avec la pisse de cheval à base de seigle qu’ils distillent en Alberta. Je remets ça ? »

Déclinant poliment du geste, Ægidius dépose son verre sur le bureau. Ça n’arrête pas Pierre-Louis qui s’en sert un second. Cette fois-ci, il n’en prend qu’une gorgée. Puis, il tapote fièrement l’épaule de son neveu.

« Tu peux pas savoir à quel point je suis fier de pouvoir bientôt te compter parmi nous. »

Pierre-Louis avance à pas lent vers le mur où est encadrée sous verre une grande carte du Québec.

« Tu vois, ici au Québec, chaque petit village a son église. Et dans les grandes villes comme Montréal où la population est gigantesque, chaque quartier en a une, deux, trois, voire même dix, pour servir toute cette population. Nous administrons les hôpitaux, les organismes de charité, les orphelinats. Sans oublier l’éducation. Chacune des petites écoles, chaque collège comme celui-ci, chaque université, est sous administration catholique. De plus, chaque entreprise possède sa chapelle et son prêtre entre leurs murs. Chaque mairie a son curé qui récite aux politiciens la prière du matin. Chaque caserne militaire a son aumônier. L’Assemblée Nationale ne peut pas commencer son travail avant la prière matinale. Nous sommes partout. Depuis les deux cent quarante dernières années, soit depuis le débarquement de François de Montmorency-Laval, comme tu l’as si bien cité tantôt, c’est nous qui administrons le territoire. Même Sir Wilfrid Laurier, le premier Canadien français à occuper le siège de premier ministre du Canada, a moins de pouvoir que nous dans le pays. C’est sous notre influence qu’il a créé les écoles catholiques au Manitoba lorsqu’il est monté au pouvoir il y a trois ans. Et grâce à lui, dans les écoles anglaises, les élèves Canadiens français ont maintenant droit à une demi-heure d’enseignement religieux à la fin des classes. Mais la politique étant ce qu’elle est, il a à faire face à beaucoup d’opposition, contrairement à l’église. Puisque le Canada fait partie de l’Empire Britannique, le Royaume-Uni s’attend à ce que l’on envoie l’armée pour les aider dans la Seconde Guerre des Boers qui fait rage ne ce moment. Laurier est pris entre les Canadiens anglais impérialistes fidèles à la couronne britannique, qui veulent que l’on envoie nos troupes, et les Canadiens français qui s’y opposent fortement. Avec lui trop occupé pour nous aider, c’est vraiment pas la job qui manque. C’est pourquoi l’église a vraiment besoin d’un garçon éduqué et intelligent dans ton genre. Dis-moi quand t’es prêt à commencer, je te donne le titre que tu veux, la fonction que tu veux, dans la région que tu veux. »

Ægidius qui, jusque-là, regardait son oncle, baisse les yeux, embarrassé. Il pousse un léger soupir. Sa réaction laisse l’homme d’église quelque peu perplexe.

« Eh bien ! J’avoue que je m’attendais à un peu plus d’enthousiasme. »
« Je suis désolé mon oncle, c’est que… J’ai bien peur que je vais vous décevoir. »

Même s’il ne sait pas encore pas ce qui trouble son neveu, Pierre-Louis voit bien le malaise dans ses gestes. Aussi, il dépose son verre de scotch et s’approche du jeune homme. Une main sur l’épaule, il l’entraine vers les chaises en l’invitant à s’asseoir. Lui-même prend l’autre chaise et s’assoit face lui.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Ægidius ? »

Le jeune homme reste d’abord silencieux, mais le ton de voix rassurant de son oncle le met en confiance. Après un nouveau soupir qui exprime bien le fardeau moral qui pèse sur lui, il dit :

« J’ai essayé. J’ai vraiment essayé. Je ne peux pas être un homme d’église. Je n’ai juste pas la vocation. »
« Je vois ! Et… Quand est-ce que tu t’en es rendu compte ? »
« Je sais pas… Je… »
« Dis-moi la vérité. »
« Je… Écoutez, il ne faudrait pas croire que… Je veux dire, j’ai énormément de respect pour… Je ne voudrais pas… »

Pierre-Louis pose une main rassurante sur l’épaule de son neveu.

« Ægidius, oublie que je suis un homme d’église, d’accord ? C’est ton oncle qui te parle. Ton ami ! Si ce que tu me dis est la stricte vérité, alors rien de ce que tu puisse me dire ne sera un manque de respect. Alors parle-moi s’il te plaît. »

Rassuré, quoique toujours un peu mal à l’aise, Ægidius accepte de de confier.

« Je ne crois pas en Dieu ! »

Comme si cette révélation avait demandé un effort nécessitant un temps pour récupérer, Ægidius reste silencieux quelques secondes. Puis, après un profond soupir, il reprend la parole.

« Enfin, si, mais… Ah, je ne sais pas trop. Quand j’étais petit et que les religieuses nous apprenaient le petit catéchisme à l’école, je ne pouvais jamais m’empêcher de voir certaines incongruités dans ce que l’on nous disait. Par exemple, Adam et Eve, qui n’ont eu que deux fils. Comment est-ce que la race humaine a pu exister dans de telles conditions ? Et après avoir tué Abel, Cain ne voulait pas quitter le territoire de peur que les autres le mettent à mort. Quels autres, puisque la race humaine n’était supposément constituée que de trois personnes ? »
« Je vois ! Les questions classiques. »
« Quand on m’a envoyé au séminaire dans le but de faire de moi un homme d’église, je me disais que j’allais enfin apprendre les réponses à mes questions. Que l’on allait me donner des faits. Mais non ! Tout ce que l’on reçoit de nos éducateurs, c’est ce que l’on est destiné à donner au peuple : Des textes flous et aucune preuve tangible pour en appuyer les dires. Toute question directe sur un sujet nébuleux nous mérite une réponse en paraboles aussi claire que du jus de boudin. Tout ce que je puis dire après ces douze années d’études, c’est que non seulement je ressors de là avec mille fois plus de questions que quand j’y suis entré, pas une seule personne, pas un seul fait, pas le moindre artéfact n’a pu me prouver l’existence de Dieu. Et on me demande de croire, croire, croire. Mais comment est-ce que je puis croire quelque chose qui est impossible à prouver ? »

Ægidius se tait. Tel un enfant honteux qui aurait posé un geste qu’il sait inacceptable, il ose à peine lever les yeux vers son oncle. Il conclut son témoignage :

« Dans de telles condition, je ne peux pas, en toute bonne foi, joindre l’église. Je ne serais rien d’autre qu’un hypocrite. »

La main de l’abbé se resserre doucement sur l’épaule du jeune homme qui comprend que ce geste se veut réconfortant. Il rajoute :

« Je suis désolé mon oncle, je ne voulais pas vous manquer de respect, ni à vous ni à vos croyances. »

L’homme fait un sourire triste. Soupirant lui aussi, il répond ;

« Non Ægidius. En te confiant à moi, en me disant une vérité qui va en sens contraire de mes convictions, tu me témoigne d’une grande confiance. Tu me démontres que tu me sais capable de comprendre malgré nos différents points de vue. Ce n’est pas me manquer de respect, ça. Bien au contraire. Et t’as pas à cesser de me tutoyer non plus. »

Ces paroles rassurent le jeune homme. Celui-ci lève enfin les yeux pour regarder en face son oncle qui poursuit :

« Tu sais Ægidius, tu es peut-être juste trop intelligent pour joindre l’église. Toute ta vie, je te voyais aller. Tu as toujours été curieux, fasciné par les détails, toujours à chercher le comment du pourquoi. Tu es né avec un esprit qui a une grande soif de connaissances. Tu as un cerveau logique, mathématique. Pour toi, chaque réaction doit correspondre à une action antérieure. Tu as l’esprit d’un savant, mon petit. Et dans de telles conditions, en effet, ce serait du gaspillage de le perdre dans un environnement dans lequel ni toi ni ton intelligence ne pourrait s’épanouir. Tout comme l’église n’a pas vraiment besoin dans ses rangs de quelqu’un qui va répondre Euh, ben, on n’a pas de preuves scientifique là, là, mais…à quelqu’un qui va lui demander si Dieu existe. »

Bien que le jeune homme soit un peu embarrassé, l’amusante image mentale qu’il se fait de cette scène met sur son visage un petit sourire amusé.

« Tu me demandes si Dieu existe, mon cher neveu ? Je ne te donnerai pas de paraboles ni de réponses floues. Je vais te donner la réponse la plus logique qui soit pour cette question : Si on le savait, on serait des savants. Mais nous, nous croyons. Nous sommes donc des croyants. La science et la foi sont deux choses qui n’ont aucun rapport entre elles. Essayer d’utiliser le premier pour expliquer le second, c’est comme essayer d’utiliser une règle de grammaire pour résoudre une équation mathématique. Ça ne se fait juste pas. Tu comprends ? »

Pendant quelques secondes, Ægidius semble réfléchir. Puis, il redresse la tête. Tout en regardant son oncle, il acquiesce d’un signe de tête.

« Ce que je comprends… C’est que je ne peux pas comprendre, finalement. »
« T’as tout compris ! »

Ægidius pose sa main sur celle de son oncle. Les deux hommes se regardent. Bien qu’ils comprennent qu’ils ne verront jamais les choses du même œil, ça ne les empêche pas de ressentir ce soutient et ce respect qui les unis. Pierre-Louis conclut avec ces paroles rassurantes :

« Allez, ne t’en fais pas. T’as pas la vocation ? T’as pas la vocation, voilà tout. De toutes façons, avec moi, mon cousin Joseph-Anselme, et mon autre neveu Adélard, il y a déjà bien assez de Fauteux comme ça dans les ordres. L’honneur de la famille est plus que sauf. »

L’homme se lève et invite son neveu à faire de même.

« Remarque, si comme Saint-Thomas tu as besoin de voir pour croire, j’ai justement l’homme qu’il te faut ici. Tu connais notre portier, Alfred Béssette ? »
« Le petit monsieur au cheveux blancs qui m’a accueilli à la descente du tramway ? »
« C’est ça ! Si je te dis le frère André ? »
« Le guérisseur ? Celui dont on parle dans les journaux ? »
« Celui-là même. Eh bien c’est lui ! »

Ægidius se montre fort incrédule.

« Voyons donc ? Le petit monsieur malade, là ? C’est lui le frère André ? C’est votre guérisseur, ça ? Soyons sérieux, il est tellement mal en point qu’il ne passera pas l’hiver. Il a un rhume carabiné en plein mois de juin. Si jamais il éternue, il va se dévier la colonne. »
« Et pourtant, depuis 1877, soit depuis vingt-deux ans, ses dons de thaumaturge sont des faits reconnus et archivés dans nos… »

L’abbé est interrompu alors que l’on cogne à la porte de son bureau.

« Entrez ! »

La porte s’ouvre, Frère Anselme entre, visiblement ennuyé.

« Je suis désolé de vous déranger Monsieur le Directeur, mais on vient de recevoir des inspecteurs des autorités sanitaires de la ville, à cause du vieux graisseux, encore. Ils vous attendent en bas. »
« Merci Frère Anselme, j’arrive tout de suite. »

Le Frère Anselme se retire promptement, toujours avec cet air en rogne au visage. Ægidius est perplexe.

« Le vieux graisseux? » S’interroge-t-il.
« Le frère André, justement. Sa manie de brûler de l’huile d’olive devant sa statue de St-Joseph lui a valu ce triste sobriquet de la part de certains autres frères. Il faut dire qu’il est un peu simple d’esprit. Ses frasques ont le don d’irriter la confrérie qui ne l’apprécient pas tellement. »

Ægidius, perplexe, se gratte la tête.

« Eh bien ! Un guérisseur malade que même sa propre congrégation ne respecte pas. Si c’est ça qui est supposé me donner la foi, c’est qu’on croit vraiment aux miracles. »

Et maintenant que j’ai rendu la chose publique, me voilà bien obligé de continuer, et éventuellement d’achever.  😉

Objets sexuels: On n’est pas si différents!

Depuis aussi longtemps que je me souviens, les femmes ont protesté contre Barbie au sujet de son physique qui manque de réalisme.

Mais voilà que depuis quelques années, des hommes ont décidé d’y répondre avec cette image-ci:

Généralement, les répliques des femmes vont dans le sens de: « Oui, mais c’est pas pareil. Les modèles masculins comme He-Man (Musclor) sont baraqués car ce sont des héros, des aventuriers. Contrairement aux modèles féminins qui ne sont que sexy, le physique du modèle masculin n’est pas utilisé en tant qu’objet sexuel ne servant qu’à répondre aux fantaisies du sexe opposé. »

Vraiment? Et ces romances écrites pour les femmes, alors?  On y retrouve quoi, en couverture, sinon des hommes à la Musclor, utilisés en tant qu’objets sexuels qui ne servent qu’à répondre aux fantaisies du sexe opposé?


Je veux bien admettre que contrairement à Barbie, on puisse obtenir le corps de Musclor.

Mais sinon, sur les autres points, on n’est pas si différents.  Hommes autant que femmes, nous sommes bombardés de modèles de standards extrêmement difficiles à atteindre.

La libido masculine, source de tous les maux de l’humanité

Deux ou trois semaines après la création de ce blog (qui était, à l’origine, affilié à un site de rencontres), une lectrice m’a posé la question suivante : Toi qui est un gars, pourrais-tu m’expliquer pourquoi vous êtes toujours super frustrés quand vous vous attendiez à baiser et que ça n’arrive pas?

Je m’étais déjà penché sur la question sans jamais avoir trouvé de réponse.  J’avais quand même déjà constaté la chose aussi bien chez les autres gars que sur moi-même. Dans mon cas personnel, bien que j’arrivais toujours à me contrôler et à avoir l’air zen, j’étais tout de même déçu et surtout frustré de ne pas avoir eu la baise promise.  Et j’ai souvent vu des gars qui n’avaient pas mon self-control face à cette situation, et ceux-là n’hésitaient pas à exprimer leur colère à la fille via commentaires aigris, bouderie, voire même insultes.

Sans pouvoir expliquer le pourquoi de ce phénomène, je l’ai tout de même dénoncé quelquefois par le passé.  Par exemples, dans le billet 26 gars typiques des sites de rencontres:

3- Le Jeckyl et Hyde
Il est vrai que l’amour et la haine sont des sentiments très près l’un de l’autre. La preuve: Ce gars-là va t’approcher en parfait gentlemen respectueux et irréprochable. Puis, il va te faire tout plein de compliments: Tu es gentille jolie, intéressante, intelligente, etc. Et si tu as un surplus de poids, c’est pas grave. Bien au contraire, il sait apprécier la beauté des femmes bien en chair et ne se gêne pas pour te le dire. Voici le moment où il te sent mure pour recevoir ses propositions sexuelles. Mais voilà, tu ne peux pas y répondre positivement. Peut-être parce que tu as déjà un chum, peut-être parce que tu trouves qu’il va trop vite, ou peut-être tout simplement parce que ce gars-là ne te plaît pas physiquement. Ça arrive! Mais peu importe la raison que tu lui donnes pour refuser ses avances, le fait est que tu refuses ses avances. Et ça, il ne le prend pas. Il change alors complètement son opinion sur toi, te disant que tu n’es qu’une grosse vache laide à en vomir qui devrait le remercier à genoux d’avoir daigné s’abaisser à t’offrir ses faveurs, au lieu de te penser trop bien pour lui en les refusant. Le bout un peu étrange, c’est qu’il va te traiter de salope parce que tu refuses d’avoir du sexe. Mais bon, quand on est frustré, on ne regarde pas à la logique de nos insultes.

Je dois tout de même admettre que je n’arrivais pas toujours à faire comme si de rien n’était dans cette situation.  Par exemple, comme on peut le voir dans la série de billets Fantasme VS réalité : Le ménage à trois, mon amante et sa copine m’attirent chez eux pour un weekend de trois jours de ménage à trois, et je ne cesse de frustrer parce que les choses ne se passent pas comme je l’avais prévu.

Une autre chose que j’ai constaté, c’est que dès que nous, les gars, on s’apprête à baiser, notre logique fout le camp et toute notion de prudence disparait. Par exemple, au sujet du port du condom. Je ne saurais compter le nombre de fois où j’ai entendu des gars excuser leur désir de le faire sans protection, en disant que « ça coupe la circulation et ça fait ramollir », ou bien que « Moi, fourrer du plastique, je ressens rien! », et ce malgré les possibilités de grossesses et/ou de ITS.  Combien de femmes ont vécu la désagréable expérience de voir leur partenaire insister et insister et insister pour avoir du sexe jusqu’à ce qu’elles cèdent, et qui, une fois l’orgasme obtenu, furent pris de remords.  Et que dire de tous les risques que l’homme est prêt à courir pour avoir une relation extraconjugale. Il met en jeu son couple, son argent, ses biens matériels, ses enfants, en échange de quelques orgasmes. N’importe qui peut voir combien il est absurde de prendre de tels risques pour si peu. Pourtant, si un homme se retrouve avec l’opportunité de vivre ses désirs sexuels, ces risques lui sembleront soudainement très acceptables.  Pourquoi sinon est-ce que Gab Roy, homme de 30 ans, qui travaille fort pour devenir une personnalité publique, donc qui est une cible facile quand il a tout à perdre, prendrait le risque d’amener une inconnue de 15 ans baiser au motel?  Mieux (?) encore:Pourquoi est-ce que Joël Legendre, animateur télé, comédien populaire, en couple stable, père de trois enfants, est allé se masturber dans un parc public, en pleine vue des passants, dans l’espoir de se ramasser un partenaire inconnu pour une p’tite vite?  Il a beau expliquer que ses trois mois de thérapie ont révélé que c’est dû à un traumatisme de jeunesse dû au fait que « C’est difficile de grandir en rêvant de devenir danseur à claquettes quand tous les autres gars veulent devenir fermier », il reste que là encore, c’était une pulsion sexuelle qui bloquait tout sentiment de prudence et de logique.

Même quand un homme décline l’opportunité de vivre une baise parce que sa raison aura eu le dessus comme quoi le jeu n’en vaut pas la chandelle, il aura tout de même d’abord pris le temps d’y penser.  Et c’est généralement avec regrets qu’il dira non.

En y songeant sérieusement, j’ai constaté que la libido masculine est source de problèmes au niveau personnel, au niveau social et au niveau international.

Au niveau personnel:
Bien qu’il s’agit d’une histoire fictive, mon roman inachevé Un Été à Saint-Ignace-de-Montrouge est construite d’anecdotes qui me sont réellement arrivées. Par exemple, cette scène dans laquelle le personnage principal explique les raisons de sa récente panne de libido :

Quand j’étais plus jeune, genre entre seize et vingt-cinq ans, j’avais une très forte libido. Hélas, dans ce temps-là, je n’arrivais pas à séduire une fille normale avec qui j’aurais pu avoir une relation normale. Alors pour satisfaire mon désir sexuel je devais me contenter de celles qui restaient : Connes, profiteuses, méchantes, losers, BS, craquées mentales, etc. La majorité des anecdotes négatives de ma vie sont reliées aux filles. Pourquoi? Parce que toute ma vie je voulais avoir une blonde. Et pourquoi est-ce que je voulais avoir une blonde? Par désir romantique, oui, mais surtout pour soulager mes envies de baiser. Donc, la raison pourquoi j’ai eu tous ces problèmes de couples? Mon désir sexuel.

Tu sais comment quand on est jeune, on pense que les maladies transmises sexuellement, c’est juste quelque chose que les autres attrapent? Eh bien moi, en moins d’un an, j’en ai contracté deux. J’ai eu de la chance, ce que j’avais se soignait par prise de médicaments aux huit heures pendant une semaine. La première fois j’ai vu ça comme un cas isolé. La seconde comme un avertissement. Donc, la raison pourquoi j’ai eu deux ITS? Mon désir sexuel.

Comme tu dois t’en douter, quelqu’un qui a une aussi grosse libido consomme beaucoup de porno sur le net. Mais quand un site sur dix est plein de virus, tu devines ce qui se passe. Donc, la raison pourquoi mon ordi attrape plein de virus qui ralentissent et sabotent mon outil de travail principal pour écrire et dessiner? Mon désir sexuel.

Et quand tu ne t’y connais pas assez pour débugger ton ordi toi-même, tu fais appel à un support technique qui, évidemment, voit tout ton historique sur le net. Donc, la raison pourquoi je vis à plusieurs reprises ces situations aussi humiliantes que coûteuses? Mon désir sexuel.

Puis, évidemment, il y a quand je travaillais au Dunkin et que j’ai rencontré Nadia, j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie. Je suppose que tu connais le cliché qui dit que plus une fille est grosse et laide, et plus elle est gentille et cochonne? J’y ai bêtement cru. Ça fait que quand elle a montré de l’intérêt pour moi, même si elle ne me plaisait pas, j’ai quand même accepté de coucher avec. Oui, côté baise, elle était bien. Mais côté personnalité, elle s’est vite montrée déraisonnable, avec ses crises de jalousies qui sortaient de nulle part. Alors j’ai cassé avec elle. Mais voilà, comment te libérer de quelqu’un avec qui tu travailles, et qui passe vos huit heures ensemble à te mettre de la pression incessante pour que vous repreniez? Surtout quand elle sait à quel point tu aimes le sexe, surtout quand elle est prête à faire les choses les plus cochonnes pour te ravoir. Je reprenais avec elle pour le sexe, je cassais pour sa jalousie. Ma vie se limitait entre subir son harcèlement quand on était en couple, ou subir son harcèlement si on était séparé. Donc, la raison pourquoi je vivais du harcèlement incessant? Mon désir sexuel.

Tu peux me croire que jamais je n’oublierai mes cinq semaines de célibat il y a onze ans, entre deux ruptures avec Nadia. Oui, cinq semaines. J’avais vraiment tenu mon bout cette fois-là. Et pour m‘y aider, j’essayais activement de trouver une autre partenaire sexuelle. Le problème, c’est que je n’y suis pas arrivé. Et quand tu es un gars en manque, tu finis par te tanner de tes mains. Surtout que je n’avais pas de connexion internet à ce moment-là, alors je n’avais même pas de visuel pour me soulager. Donc, la raison pourquoi je suis revenu avec elle alors que je m’en étais enfin débarrassé? Mon désir sexuel.

Et elle, elle a utilisé le sexe pour me coincer dans cette relation en lâchant la pilule sans me le dire.  Résultat: Une paternité non-désirée pour laquelle je n’étais prêt ni financièrement ni émotionellement, et qui a défini le reste de mon existence. Donc, la raison pourquoi je vis une existence misérable depuis les dix dernières années? Mon désir sexuel.

Tu sais ce que j’ai toujours trouvé aberrant par rapport au sexe? C’est le fait que pour la majorité des gens, le fait que j’aimais le sexe au point où j’en aurais eu de une à trois fois par jour si j’avais une blonde avec un appétit semblable au mien, à leurs yeux ça faisait automatiquement de moi un potentiel bisexuel, un violeur, un pédophile, un client de prostituées, et peut-être même un zoophile. Tu vois, au lit, je te dirais que le trois quart de mon excitation vient du fait de savoir que ma partenaire me désire et aime ce que l’on fait ensemble sexuellement. À cause de ça, c’est évident que je ne pourrais jamais être un agresseur sexuel, un pédophile, un harceleur ou un zoophile, puisque c’est le genre de chose qui se fait sans le consentement de l’autre. En fait, même pendant la baise, si je sais que la fille n’aime pas telle ou telle pratique, c’est suffisant pour m’en enlever le goût. Mais ça, ce sont des choses que Nadia, ses amies et beaucoup trop de gens n’ont jamais voulu comprendre. Donc, la raison pourquoi je suis soupçonné d’être un détraqué sexuel? Mon désir sexuel.

Et je n’ai même pas besoin d’avoir des désir sexuels. Il suffit que Nadia s’imagine que j’en ressens envers d’autres filles pour me le faire payer. Donc, la raison pourquoi je paye d’avoir un désir sexuel qu’elle s’imagine que j’ai? Mon désir sexuel, qu’elle s’imagine que j’ai.

Quant à la fréquence de nos relations, je ne savais plus où donner de la tête.  Si ma libido est forte, elle dit que c’est la preuve que je la trompe parce que je ne peux pas me satisfaire d’une seule partenaire.  Mais si ma libido faiblit, alors là encore elle dit que c’est une preuve que je la trompe puisque ça signifie que je n’ai pas l’énergie pour en fournir plusieurs. Donc, la raison pourquoi je suis soupçonné de la tromper? Mon désir sexuel, peu importe qu’il soit élevé, normal ou inexistant.

95% des problèmes que j’ai eu dans ma vie, qui m’empêchent d’avancer, qui sabotent mes efforts, qui me font perdre le peu que j’ai, et qui continuent encore et toujours de me faire subir désagréments par dessus désagréments, ça n’a qu’une seule source : Mon désir sexuel. Dans de telles conditions, est-ce qu’on peut me blâmer d’avoir finit par ne plus ressentir que du dégoût pour le sexe, et que ma libido soit tombée en panne?

Au niveau social:
Comme je le dis dans La réputation injustifiée des soi-disant bons gars, pourquoi est-ce que l’homme a la réputation d’être un obsédé, un pervers, un adultère, un con qui ne pense qu’avec sa queue, qui ne voit les femmes que comme un orifice dans lequel se vider, qui distribue les ITS, qui met une femme enceinte pour ensuite la planter là? Parce que c’est la libido masculine qui a maintes fois poussé certains hommes à commettre ces gestes, ce qui fait que nous avons maintenant tous cette réputation.  Pourquoi est-ce que les bars de danseuses nues, la pornographie et la prostitution existent-ils?  Pour satisfaire la libido masculine. Qu’est-ce qui est à l’origine des viols?  De la pédophilie? Des séquestrations dans le but de l’esclavagisme sexuel?  La libido masculine.  Et bien qu’il y aura toujours quelqu’un pour dire « Oui mais des fois ces crimes sont commis par des femmes », ce qui est vrai, le nombre de celles qui l’ont fait est infiniment minuscule comparé au nombre d’hommes coupables de ces mêmes choses.

Mais pourquoi est-ce que la libido masculine est-elle incontrôlable au point de causer tous ces maux?
Il y a quelques années, j’ai écrit un billet intitulé Les Raisons de la Colère dans lequel j’ai écrit ceci au sujet des hommes préhistoriques: Le cerveau savait également reconnaitre une situation dans laquelle un congénère cherchait nuire à l’individu. À l’époque, les nuisances ne pouvaient affecter que deux niveaux de la vie: Le droit de se nourrir et celui de se reproduire. Deux choses étroitement reliées la survie individuelle, donc à la survie de l’espèce.  Face à une telle situation, le cerveau a créé la colère, qui bloque le raisonnement et donne du courage, transformant un être normalement paisible en machine à tuer. La nuisance compromettait la survie de la race, il fallait donc éliminer la nuisance. C’est la loi de la nature.

On a beau être évolués et civilisés, n’empêche qu’à la base nous sommes toujours des animaux régis par la nature. Voilà pourquoi l’homme frustre à ce point lorsqu’il n’a pas la relation sexuelle qu’il espérait, et voilà pourquoi il préfère baiser sans protection malgré les risques de paternité non-désirée ou d’infections transmises sexuellement :  Parce que quand il s’agit de sexe, c’est l’instinct qui prends le contrôle. Ce même instinct qui pousse tout animal à faire ce qu’il a à faire pour perpétuer la race.  Ce qui nous amène…

… Au niveau international:
C’est en relisant le passage qui parle de la colère, qui bloque le raisonnement et donne du courage, transformant un être normalement paisible en machine à tuer que j’ai compris quelque chose de crucial au sujet de l’humanité: De tous les temps, les gouvernements et les chefs religieux ont su que la frustration sexuelle rendait l’homme violent.  Et de tous les temps ils ont utilisé ce fait pour faire avancer leurs causes.  Pourquoi pensez-vous que l’armée a aussi longtemps refusé les femmes et les homosexuels dans leurs rangs?  Parce qu’un homme frustré sexuellement, c’est un homme colérique, un homme violent, et par conséquent un bien meilleur combattant.  Et quelle est généralement la première chose qui arrive quand une armée envahit un territoire? Les soldats en violent les femmes.

Encore de nos jours, quels sont les peuples les plus guerriers et les plus violents? Ce sont ceux guidés par les religions qui sont les plus restrictives au niveau de la sexualité.  Restrictives au point où ils obligent les femmes à se cacher, histoire de ne même pas donner à l’homme la satisfaction visuelle. Tout ça dans le but d’augmenter leur frustration sexuelle au point où ils feraient n’importe quoi pour la soulager.  La preuve: Comment arrivent-ils à recruter des volontaires pour des attentats-suicides? En leur faisant croire que ce n’est qu’au Paradis qu’ils pourront enfin baiser sans limite.  Ce qui en revient à dire que ce qui fait fonctionner le terrorisme, c’est la libido masculine.
Devant ce constat plus que traumatisant, je crois que la prochaine fois que je vais voir une féministe enragée crier haut et fort que tous les maux de la terre sont dû à la libido masculine, je n’aurai d’autre choix que de reconnaître qu’elle n’a pas tout à fait tort.

Conseiller la victime, est-ce la blâmer?

Quand quelqu’un dit que Chacun est le seul responsable de son propre malheur, tout le monde est d’accord avec lui. À ça, je répond: Va dire ça à une victime de viol! Je serais curieux de voir le nombre de personnes qui vont encore approuver ses paroles s’il ose le faire. Comme quoi, contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire les bien-pensants, il n’existe aucune règle de vie qui s’applique à toutes les situations.

Ce qui m’amène au sujet du jour: L’an dernier, j’ai écrit un billet au sujet d‘une femme qui se plaint d’être sans cesse harcelée dans les transports en commun. En lisant le billet de blog qu’elle a écrit à ce sujet, j’ai tout de suite vu ce qu’elle faisait pour attirer les harceleurs: Elle lit en public, repliée sur soi.  Après avoir expliqué comment et pourquoi ça encourage une certaine catégorie de gens à aller la déranger, j’ai conclu en recommandant de cesser de le faire. Or, ceci m’a valu la haine et les accusations comme quoi je blâmais la victime.

Malgré le fait que ma principale accusatrice use de mensonges, déforme les faits, réinterprète mes écrits à sa façon et démontre dans un de ses billets qu’elle est pro-viol en autant qu’elle puisse décider qui en sera la victime, je crois voir la logique derrière la raison de ses attaques contre moi. C’est que mon billet s’adresse à la victime en lui disant « Voici ce que tu dois faire si tu ne veux pas te faire harceler », au lieu de m’adresser aux agresseurs en leur disant « Veuillez ne pas harceler/agresser/violer les femmes! » Ainsi, en ne m’adressant qu’à la victime afin que cesse le harcèlement qu’elle subit, c’est comme si je lui faisais porter l’entière responsabilité de son agression.

Il y a une logique toute simple derrière ceci, et la voici: Si on dit à un violeur « Ne viole pas! », ce conseil va à l’encontre de ses intérêts, puisque son but est de violer. Pensez-vous qu’il va écouter? Par contre, si on donne à une victime un conseil pour diminuer les risques qu’elle se fasse harceler, alors là, ce conseil concorde avec ses intérêts, qui sont de ne pas subir d’agressions. Logiquement, il y a donc plus de chance pour qu’elle écoute et applique le conseil.

Et voilà la raison pourquoi c’est toujours aux victimes que l’on demande de faire des efforts pour diminuer le risque d’agressions. Parce que contrairement à l’agresseur, la victime désire que ça cesse, elle.  Je suis tout à fait d’accord comme quoi, dans un monde idéal, ça ne se passerait pas ainsi. Hélas, nous ne vivons pas dans un monde idéal.  Le choix de la victime se limite donc à deux choses: Cesser de faire ce qui attire le harcèlement, ou bien passer le reste de sa vie à le subir tout en gueulant comme quoi c’est à l’Homme et non à elle de changer son comportement.  Elle a beau avoir raison sur ce point, ce n’est pas ça qui va améliorer son sort.

Vous croyez que je ne peux pas comprendre ce que vit une femme car en tant qu’homme dans la quarantaine, je suis à l’abri de ce genre de situations?  Détrompez-vous!

  • Harcèlement amoureux: À 40 ans, lorsque je tenais mon blog de Défi Diète 2008, je suis tombé dans l’oeil d’une des programmeuses/modératrices de Canoë.com.  Après plusieurs semaines à subir ses propositions non-sollicitées et à les refuser, elle a commencé par hacker mon blog, m’en empêchant l’accès, avant de le détruire.
  • Harcèlement sexuel: À 42 j’en ai subi pendant trois mois de la part du fils de mon patron lorsque je travaillais dans un garage: Non-respect de mon hétérosexualité, propositions amoureuses, vol de mon chèque de paie afin d’obtenir mon adresse qui était inscrite dessus, visites surprises chez moi, appels incessants, et harcèlement sous forme de comportement agressif et négatif au travail puisque je n’ai jamais répondu positivement à ses avances.  Il a fallu que je l’engueule sans retenue en public pour avoir enfin la paix.
  • Harcèlement haineux en public: Durant tout l’été de 2011, après plusieurs mois d’entrainement qui m’ont amené au sommet de ma forme physique, j’ai subi à plusieurs reprises des agressions verbales et physiques dans la rue. Dans ce dernier cas, j’ai fini par comprendre que ce qui m’attirait ces agressions, c’était le fait d’être maigre aux cheveux longs.  Je me suis coupé les cheveux et je me suis laissé reprendre un peu de poids.  Les agressions ont automatiquement cessés et je n’en ai plus jamais subi depuis.

Ce qui fait que moi aussi je me suis retrouvé dans la situation où j’ai eu à choisir entre cesser de faire ce qui m’attirait le harcèlement, ou bien passer le reste de ma vie à le subir tout en gueulant comme quoi ce sont mes agresseurs et non moi qui devraient changer de comportement. J’ai choisi de faire ce qu’il fallait pour ne plus attirer les agresseurs, et ainsi ne plus être une victime. Vous comprendrez donc que dans de telles conditions, j’ai quelques difficultés à comprendre que le simple fait de dire à une femme de cesser de lire dans le bus/métro/train pour cesser d’attirer les harceleurs, ça me vaut des accusations d’être misogyne et machiste.   Pourtant…

Ce qui en revient à la question que je pose dans le titre de ce billet: Lorsque l’on voit où se situe la raison du harcèlement que vit une personne, faut-il le lui dire afin qu’elle cesse de le subir? Ou vaut-il mieux se taire et la laisser continuer de se faire harceler, parce que conseiller la victime, ça équivaut apparemment à la blâmer?  Je comprends qu’il faut changer la société en s’attaquant à la base des mentalités, afin que l’on ne vive plus dans la culture du viol. Mais ce n’est pas prêt d’arriver.

Alors en attendant que ça arrive, on fait quoi?  On conseille et on passe pour une basse ordure (pour citer ma principale détractrice) ?  Ou bien on se tait, et ainsi, par notre silence, on devient automatiquement complice de l’agresseur?