SOUHAITS DU NOUVEL AN: Une variante réaliste!

Que la nouvelle année ne vous apporte pas la santé, la joie, le bonheur et l’argent, mais bien le courage, la détermination, la sagesse et la petite parcelle de chance qui vous permettra de vous les approprier vous-mêmes. Parce que quand on commence une année en ne comptant sur rien d’autre que la chance, pas étonnant qu’on la termine sur un sentiment de déception.

Mes résolutions pour l’année?

  • Réfléchir afin de prendre les meilleures décisions en toutes circonstances.
  • M’adapter le mieux possible aux changements et aux imprévus.
  • Savoir faire la différence entre un défi, une difficulté inutile, et une cause perdue.
  • Éviter le genre de Plan A qui ne laisse aucune marge de manoeuvre pour un Plan B.
  • Oser prendre des risques quand le but en vaut la peine.
  • Savoir reconnaître si un but en vaut la peine.
  • Être réfléchi ou bien spontané, selon la situation.
  • Ne me priver de rien, sauf d’une chose: L’excès !

 

Ma plus étrange expérience de 2011

L’année qui se termine m’a apporté énormément de positif. Évidemment, j’ai aussi vécu quelques revers.  C’est la vie, et ce pour tout le monde. Cependant, j’ai aussi vécu une expérience pour le moins étrange.  Ça s’est passé comme suit:

Durant tout l’hiver de 2010-2011, je me suis entraîné quotidiennement à la course à pied. Loin d’être un obstacle, la neige qui m’arrivait souvent jusqu’aux genoux m’aidait brûler encore plus de calories. J’ai passé de 216 lbs à 196 lbs, où je me suis stabilisé durant deux mois.

Puis, parallèlement à mon exercice, je me suis décroché un travail physique fort exigeant. Mon poids a repris sa descente, me faisait atteindre 179, un chiffre que je n’avais pas vu sur ma balance depuis mon adolescence. Idem pour mes pantalons, qui ont passé de 38 à 36, 34 et enfin 32.

Tant qu’à retrouver mon physique de jeunesse, aussi bien ne pas faire les choses à moitié. Je me suis laissé repousser les cheveux.  En été, lors de mon 43e anniversaire, j’étais fier de ma réussite. Barbe en plus, j’étais redevenu le gars de mes 15-22 ans, en plus athlétique et pas mal plus en forme. J’étais fier de ma réussite.

Puis, les choses devinrent étranges. un soir où je marche sur le trottoir, une auto passe en trombe près de moi. Le passager arrière baisse sa fenêtre et me crie : HEILLE, T’ES LETTE EN TABARNAK!, et ils poursuivent leur chemin à toute vitesse.

J’ai été surpris, mais sincèrement je ne peux pas dire que je me suis senti insulté. D’abord parce que je savais que c’était faux (vive l’orgueil et la vanité), mais aussi parce que, puisque je ne les connaissais pas, il ne pouvait s’agir que d’un incident isolé qui n’impliquait qu’une coupl’ de caves qui n’ont trouvé que ce moyen pour s’amuser ce soir-là. Bref, je n’étais pas visé personnellement. Pas de quoi s’en faire un drame.

Deux semaines plus tard, alors que je sors du métro, je passe devant une maison. Un enfant d’environs huit ans attend que la femme adulte qui l’accompagne débarre la porte pour entrer.  L’enfant me regarde, et me crie : HEILLE, TOÉ, LE LOSER!  Je m’arrête et le regarde. Il n’y a aucun autre piéton, il ne pouvait donc s’adresser à personne d’autre que moi. La femme débarre promptement la porte, pousse l’enfant dans la maison et referme derrière elle. Je reprend mon chemin en me disant que je n’aimerais pas être l’un de ses parents. Qu’est-ce qu’il doit leur causer comme ennuis de toutes sortes.

Le lendemain, je suis encore victime, dans la rue, d’une agression de passager d’automobile, alors qu’une bouteille de Gatorade lancée du côté du passager avant me manque de peu.

La semaine suivante, une auto passe à toute vitesse près de moi et me fait sursauter lorsque le passager souffle vigoureusement dans un vuvuzela dans ma direction. Je constate que la couleur et le modèle de l’auto est différente de mes deux précédentes agressions qui impliquaient des véhicules.

Enfin, deux ou trois semaines plus tard, alors que je marche sur le trottoir en direction de chez moi, j’ai la surprise de voir quelques épingles à linge pincées ensemble en un bloc me couper le chemin en diagonale, aller frapper la fenêtre d’une porte d’auto stationnée, et tomber à mes pieds. Je lève les yeux juste à temps pour voir la porte du balcon du 2e se fermer en vitesse. Je comprends immédiatement qu’il ne s’agit pas d’un accident.  Ce projectile m’était destiné.

C’est à ce moment-là que je me suis rendu à l’évidence : Un incident, passe toujours. Mais après cinq, en un mois et demi, on ne peut plus parler d’un incident isolé.

Je suis rentré chez moi, perplexe, en essayant de comprendre cette montée soudaine d’hostilité totalement gratuite envers moi. Et c’était d’autant plus inexplicable, du fait qu’à première vue rien ne semblait relier ensemble les auteurs de ces cinq agressions. La seule chose qu’ils avaient en commun, c’était moi.  Je me dis que c’est tout de même étrange, parce que de telles choses ne me sont pas arrivées depuis ma jeunesse.  En fait, pas depuis mes 22 ans.

… Soit l’âge que j’avais la dernière fois où j’ai eu les cheveux longs et le corps maigre.

Et en effet, je me souviens trop bien de telles expériences datant de cette époque, en particulier celles de style hit-and-run de passagers d’automobiles lorsque j’étais ado et jeune homme. Ceux qui me lançaient des cris ou des insultes, celui qui m’a lancé le Coke de son verre de McDo en tournant le coin de rue où j’attendais ma lumière verte, celui dont le passager m’a lancé un ballon gonflé d’eau alors que j’étais à bicyclette… Et le seul point commun entre cette époque et maintenant, c’est que dans les deux cas, j’étais un maigre aux cheveux longs.

Ça semblait trop anodin, trop insignifiant, trop simplet pour être la raison. Et pourtant, je ne peux pas nier les faits : Dans les deux cas, j’avais ce physique, et dans les deux cas, j’étais victime de ce genre d’agressions. Même si je suis incapable de comprendre la logique derrière la cause à effet, je n’ai pas le choix de voir les choses en face : Avoir ce physique fait que je suis automatiquement vu comme étant une cible aux yeux de ceux qui ont une personnalité d’abuseurs et d’agresseurs.

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Maintenant, j’avais le choix. Deux options s’offraient à moi.

OPTION 1 :  M’obstiner à mort comme quoi être maigre et avoir les cheveux longs ne constituent pas une provocation. Que c’est une raison absurde.  Qu’elle est illogique.  Qu’elle est incompréhensible. Qu’elle n’a aucune raison d’être.  Que les choses ne devraient pas se passer ainsi. Que je n’ai pas à changer parce que ce n’est pas moi le fautif ici mais bien eux.

OPTION 2 :  Se foutre du fait que la raison soit logique ou non, et apprécier le fait qu’au moins, je l’ai trouvé, la raison.  Donc, si c’est mon allure qui attire les ennuis, alors changer d’allure.

J’ai choisi la seconde option. Je me suis fait couper les cheveux. J’ai diminué les activités physique. J’ai ajusté ma diète. Je me suis laissé remonter à 196 lbs.  Et, tout comme lors de mes 26 à 42 ans, j’ai cessé d’attirer les agressions. Je n’en ai plus jamais subi une seule.

J’aurais pu prendre la première option. Légalement, moralement et socialement, j’aurais eu raison de le faire. Malheureusement, ça ne changerait rien au fait que mon allure continuerait de m’attirer telles agressions. Parce que même si les choses ne devraient pas se passer ainsi, ça ne change rien au fait que oui, c’est comme ça que les choses se passent.

Je perdais du poids afin de me sentir bien et en harmonie avec moi même.  Or, qu’on le veuille ou non, ce but ne peut être atteint que si ça nous amène également à vivre bien et en harmonie avec les gens qui nous entourent. Je peux aisément m’isoler des gens que je fréquente s’ils n’acceptent pas mon évolution physique. Sauf que je ne peux pas m’isoler en plus du reste de l’humanité, ne plus jamais sortir de chez moi, et surtout ne plus jamais marcher sur un trottoir .

Sans compter que, vous vous imaginez, devoir répondre à quelqu’un qui vous demande pourquoi vous attirez ces gestes, que « C’est juste parce que je suis un maigre aux cheveux longs »?  De quoi perdre aisément toute crédibilité. Je veux dire, même moi qui l’a vécu, je trouve ça farfelu comme explication.  Et pourtant, c’était le cas. Mais voilà, tu peux te battre et militer contre la discrimination sexuelle. Tu peux te battre et militer contre la discrimination raciale. Tu peux te battre et militer contre la discrimination homosexuelle. Tu peux même te battre et militer contre la discrimination envers les gros. Ce sont toutes des causes reconnues. Mais se battre et militer contre la discrimination de ton droit d’être maigre et d’avoir les cheveux longs? C’est un combat éternellement perdu d’avance, parce que jamais personne ne va croire sérieusement que c’est quelque chose qui attire la discrimination.

Cette expérience m’a fait arriver à cette conclusion:  Lorsqu’une amélioration ne nous apporte que du négatif de partout, il faut savoir mettre ses caprices de côté et faire le bon choix.  Parce que quand ça rapporte plus de négatif que de positif, alors ce n’est vraiment pas une amélioration.

Les Raisons de la Colère

J’ai eu ma période zen dans laquelle rien ne pouvait me fâcher. Les conséquences: Les gens pensaient que je me foutais de tout et que j’avais zéro ambition. Ou bien ils voyaient ça comme un genre de défi, pour voir jusque où ils pouvaient m’agresser avant que je me fâche. Ne me fâchant pas, j’étais donc perçu comme un lâche, un mou pas d’colonne.

Puis, j’ai eu ma période non-zen, résultant d’un méga ras-le-bol né du mépris que m’avait récolté de ma période zen. À ce moment-là, la moindre petite affaire me faisait exploser: Un geste inacceptable, une parole de travers, un accident, un mauvais hasard. Je me disais qu’en me montrant sans cesse comme un enragé, les gens allaient cesser de me provoquer. Ce fut le cas. Dificile d’avoir des gens pour m’agresser quand mon comportement les fait tous fuir.

Aujourd’hui, je crois avoir trouvé le bon équilibre: Je suis zen pour les faits du hasard, les accidents, bref les choses pour lesquelles on ne peut rien. Et je continue de me montrer intolérent pour toute forme d’abus. On ne peut pas être à 100% zen ou à 100% intolérant puisque la vie n’est pas elle-même à 100% positive ou à 100% négative. Il s’agit de s’adapter aux circonstances.

De nos jours, la colère est une réaction taboue, trop souvent associée à l’impatience et au manque d’intelligence. Les gens ont tendance à oublier que nos réactions naturelles sont d’abord des instincts de survie à qui on doit justement la survie de la race humaine.

Par exemple, avant même d’avoir développé l’intelligence et la logique, le cerveau des premiers hommes savait reconnaître une situation de danger. Pour permettre à l’homme de survivre, le cerveau a donc développé l’instinct de peur. Ça le forçait à s’éloigner du danger, lui permettant de vivre un autre jour.

Le cerveau savait également reconnaitre une situation dans laquelle un congénère cherchait nuire à l’individu. À l’époque, les nuisance ne pouvaient affecter que deux niveaux de la vie: Le droit de se nourrir et celui de se reproduire. Deux choses étroitement reliées la survie individuelle, donc à la survie de l’espèce.  Face à une telle situation, le cerveau a créé la colère, qui bloque le raisonnement et donne du courage, transformant un être normalement paisible en machine à tuer. La nuisance compromettait la survie de la race, il fallait donc éliminer la nuisance. C’est la loi de la nature.

Et c’est hélas la raison pour laquelle encore trop d’hommes aujourd’hui frustrent lorsqu’ils n’ont pas le sexe qu’ils espéraient, ou pourquoi ils tiennent mordicus à baiser sans condoms malgré les risques de paternité et d’ITS.  C’est parce qu’à ce moment-là, ce n’est pas la logique qui dirige.  C’est l’instinct animal de la survie de l’espèce.

Voilà pourquoi, dans beaucoup de situations, même à notre époque moderne, fuir n’est pas toujours un signe de lâcheté, et se fâcher n’est pas toujours un signe de stupidité. Même que dans certains cas, c’est une preuve comme quoi notre instinct est plus sage que notre raisonnement. Parce que trop souvent, se contrôler et rester calme, ça ne fait rien de plus que prolonger les dangers et les abus auquel on nous expose.

Évidemment, puisque nous ne sommes plus à l’âge des cavernes, tuer est un extrême à ne plus atteindre. Mais vous comprenez le principe. Il n’y a pas de honte à encore ressentir les instincts qui ont guidé l’humanité à sa survie.

Ces proverbes non-universels

Ces jour-ci sur Facebook, il y a une phrase que les gens se copient-collent d’un profil à l’autre: Seul l’ignorant se fâche, le sage comprend.  Or, (quelle surprise), je ne suis pas d’accord.

Ce proverbe peut être vrai lorsque nous sommes dans une situation qui demande réflexion afin de comprendre la mécanique des choses. Par exemple, lorsque l’on a un problème à programmer sa télé, mieux vaut prendre le temps de lire le manuel d’instruction afin de comprendre comment ça marche, plutôt que de calisser un coup de pied dans l’écran par frustration.

Dans les rapports humains, par contre, on ne peut pas en dire autant. Prenez le cas classique d’une personne face à un abuseur. Celui qui se fâche s’évite les abus car, consciemment ou non, il sait que les abuseurs ne sont que des lâches qui cherchent une victime facile. Ceux-ci n’insistent donc pas et lui foutent la paix. Par contre, la personne qui se montre compréhensive face aux abuseurs va toujours attirer les abuseurs, et les abus ne cesseront jamais. Normal: S’ils ne subissent aucune conséquence d’abuser des autres, ne serait-ce qu’une engueulade, pourquoi arrêteraient-il? N’y a t-il pas un autre proverbe disant Qui ne dit mot consent !? Dans ce cas-là, entre celui qui se fâche et celui qui comprend, lequel est le plus sage et lequel est le plus ignorant, finalement?

La vraie sagesse, c’est d’être capable de comprendre que chaque situation auquel nous sommes confrontés est du cas par cas, donc qu’il faut réagir de la façon appropriée selon le cas. Par conséquent, croire qu’un proverbe s’applique à toutes les situations de la vie, ÇA, c’est faire preuve d’ignorance.

Milieu scolaire: Pas de pitié pour les faibles!

On parle beaucoup d’intimidation en niveau scolaire ces temps-ci, surtout depuis le suicide de Marjorie Raymond.  Il y a quelques temps, j’ai écrit un billet dans lequel j’explique comment le manque de cohérence chez les adultes en matière de dénonciation est la raison première de pourquoi l’intimidation en milieu scolaire persiste.  (Voir Cette contradiction qui cause tant d’abus) Et ça ne date pas d’hier.

Ce qui suit est un texte que j’ai écrit en 2003. Je suis peiné de constater qu’en huit ans, les choses n’ont vraiment pas changé:

Au début de l’an 2001, j’ai entendu parler d’un jeune homme que nous nommerons Jason pour les besoin de la cause car étant mineur, son nom était censuré des journaux.  Toute sa vie, Jason a été un jeune homme maigre, timide, renfermé et souvent victime d’intimidation de la part des autres plus grands et plus gros que lui.  Cette violence qu’il a subi de façon quotidienne aussi bien au niveau physique que psychologique, il a eu un jour l’idée de l’exorciser en écrivant un texte.  Cette histoire fictive dans lequel il décrivait en détail la façon dont un personnage le représentant prenait sa revanche de façon violente contre ceux qui l’ont toujours écoeuré a été remis en classe dans le cadre d’un devoir.

Quelle note Jason as t’il obtenu pour ce texte ?  Environs deux mois de prison.  Il n’a pu passer ni Noël ni le jour le l’an avec sa famille, il était derrière les barreaux en détention préventive.  La raison? La violence contenue dans le texte de Jason démontrait qu’il n’était qu’un dangereux psychopathe qu’il ne fallait surtout pas laisser en liberté si on voulait adéquatement protéger la population.

Jason, celui qui a toujours été victime de harcèlement, d’intimidation morale et physique, celui qui n’a jamais fait subir la moindre violence aux autres autrement que sous la forme d’un seul texte, s’est retrouvé en prison.  Les autres, les petites terreurs, ceux qui l’ont toujours harcelé, insulté, bafoué, volé, battu, qu’est-ce qui s’est passé avec eux?  Ils ont gardé leur liberté et n’ont jamais eu de problèmes avec la loi.

Trouvez l’erreur !

Cette histoire ne s’est pas passée en Iran, en Afghanistan, en Chine ou aux États-Unis mais bien ici, au Canada.  Cette terre de liberté, ce territoire que notre Elvis Gratton national appelle fièrement le plus beau pays du monde.  Hélas, cela ne fait que renforcer une vérité universelle que peu de gens ont le courage de regarder en face tellement elle est honteuse :  L’être humain admire et respecte les forts tout en n’éprouvant que du mépris pour les faibles.

Dans un monde idéal, les autorités se seraient penchées sur le cas de Jason et l’auraient interrogé sur les raisons qui l’ont poussées à écrire ce texte.  Comme tout le monde, ils en seraient arrivés à la conclusion que le plus grand danger pour la société n’est pas celui qui écrit un simple texte violent, surtout si c’est en réaction à tout ce qu’il a subi, mais plutôt ceux qui lui en ont fait subir.  Ceux-là qui écrasent sans cesse les autres, qui les battent, qui les bafouent sans autres raisons que pour leur plaisir personnel.

S’il est vrai qu’un texte violent ne peut être écrit que par un homme potentiellement violent, alors William Shakespeare était l’homme le plus sanguinaire de son époque.  Vous avez lu le genre de romans qu’écrit Stephen King?  Qu’est-ce qu’on attend pour mettre ce fou furieux en prison? Vous voyez bien que ce raisonnement ne tient pas.

C’est que, voyez vous, pour les autorités, c’est à dire la police, les professeurs ou les patrons, il y a trois façons de régler un problème lorsque quelqu’un est victime des agissements immoraux ou illégaux d’un autre :

1- Faire leur travail correctement.  C’est à dire prendre la plainte de la victime, faire les démarches pour contacter l’agresseur, organiser des rencontres avec un travailleur social, au besoin l’arrêter, le mettre à l’amende, lui faire subir un procès.  Enfin, c’est selon le cas et sa gravité.

2- Dire à la victime de se la fermer.  Parce que s’il n’y a pas de plainte, il n’y a pas de problème, n’est-ce pas ?

3- Si la victime fait du bruit (comme Jason avec son texte), faire subir à la victime le sort qui devrait normalement être réservé à ses agresseurs. Parce qu’en faisant du bruit, on trouble la paix. Et ça, c’est mal vu.

Malheureusement, ceux qui sont supposément là pour faire régner l’ordre, la justice et nous protéger optent trop souvent pour les deux dernières solutions.  Elles ont le mérite d’être plus simples, plus rapide et elles ne dérangent pas l’ordre des choses : Les winners restent des winners et les losers restent des losers.

Vous voulez une autre preuve démontrant que le respect va toujours au plus fort? Alors prenons un cas un peu plus médiatisé comme l’affaire Hilton qui a défrayé les manchettes en 2001.  Tout le long de son procès pour avoir agressé sexuellement deux fillettes, (au moment où j’ai écrit ce texte, le fait qu’il s’agissait de ses propres filles n’était pas encore rendu public) procès où il a d’ailleurs été reconnu coupable, le public se bousculait au palais de justice pour venir voir le champion boxeur, le rencontrer, lui serrer la main et lui demander des autographes.  Même certains policiers en poste pour assurer la sécurité se comportaient en fans avec lui.  Par contre, hormis la famille et amis des victimes, aucun public n’est venu supporter et encourager les jeunes filles dans cette terrible épreuve.  Pire, certains journalistes qui rapportaient les commentaires du public démontraient qu’il y en avait quelques uns parmi eux qui trouvaient que c’était écoeurant (de la part des victimes) de détruire ainsi la carrière d’un grand champion.

Cette histoire est-elle aberrante ?  Oui!  Est-elle immorale?  Oui!  Est-elle un reflet de la réalité, celle qui démontre que les forts ont droit à tout le respect du monde juste parce qu’ils sont forts alors que les faibles n’y ont pas droit?  OUI !  C’est triste mais c’est comme ça.

Revenons au cas de Jason :  Pourquoi subissait-il cette violence?  Pour la meilleure et la pire raison au monde : parce que plus petit, il ne peut se défendre.  Parce que tranquille, il ne se plaindra pas.  Ça en faisait une victime parfaite.

Il n’est pas facile de briser l’habitude de la violence pour une victime.  Êtes-vous déjà aller vous plaindre à l’école d’être constamment la victime du harcèlement d’une petite terreur ?  Si oui, vous savez alors que la réponse que nous donnent les éducateurs au sujet de la violence est souvent celle-ci : Lorsqu’un plus grand et plus gros que toi te harcèle, parle avec lui.  Demande-lui pourquoi il fait ça.  Discutes-en avec lui.

À ça, je répond : Bullshit !

Tout éducateurs qu’ils sont, ils sont incapable de comprendre avec leurs beaux diplômes et bien assis à l’abri dans leurs bureaux que la vie des jeunes telle qu’ils se l’imaginent n’a pas du tout rapport avec la réalité.  Soyons sérieux : Lorsqu’on parle d’un agresseur, on ne parle pas de quelqu’un qui agresse un autre parce qu’il croit avoir une raison de le faire.  Il ne le fait pas non plus parce que l’autre l’a provoqué.  Il le fait parce qu’il en a envie, c’est tout!  Dans de telles conditions, à quoi ça sert de dire à la victime d’essayer de raisonner avec son agresseur ?  On peut seulement raisonner avec quelqu’un de raisonnable.  Harceler et agresser bêtement quelqu’un pour le plaisir de la chose n’est certainement pas le comportement de quelqu’un de raisonnable.

À l’école, les éducateurs cherchent à savoir le comment et le pourquoi des agissements des élèves démontrant un comportement agressif.  Ainsi, ils portent leur attention et leur compréhension beaucoup plus vers l’agresseur que vers celui qui en aurait vraiment besoin, c’est à dire la victime.  J’ai été personnellement témoin de ce genre de chose à deux reprises.  La première fois à l’age de 10 ans en 4e année au primaire.  Un de ces jeunes agressifs, un camarade de classe nommé Jean-Marc, recevait un dollar par semaine de la direction de l’école s’il arrivait à se comporter correctement au moins quatre des cinq jours de classe.  Pendant ce temps là, les autres élèves au comportement irréprochable, eux,  n’avaient pas un sou.  Alors que les autres étaient punis pour le moindre écart de conduite, lui était payé pour ne pas en faire.  Je ne sais pas ce qu’est devenu Jean-Marc mais je trouve que le système éducatif lui a appris assez jeune comment prendre la société en otage.

La seconde fois, c’est avec mon propre fils ainé.  Celui-ci souffre d’une forme d’hyperactivité que même le Ritalin ne peut calmer.  Bien qu’il reconnaît ses parents comme figure autoritaire à qui il obéit pour peu que nous soyons présent, personne d’autre ne peut le contrôler.  Il frappe, crie, insulte d’un langage grossier et désobéit à tout adulte qu’il devrait normalement respecter : grands parents, babysitters, profs d’école…  Voyant que la maternelle ne pouvait en venir à bout, ils l’ont transféré dans une école spéciale où, en plus d’être suivis par des psys, ils n’ont droit qu’à une heure de cours par jour, le reste du temps étant consacré à des jeux.  Ils ont une piscine, plusieurs cours de récréations, des parcs tout équipés et un petit zoo.

Le résultat :  Le côté académique de mon fils s’est amélioré.  Difficile de faire autrement avec une seule heure d’études par jours dans une classe où une enseignante et un surveillant ne s’occupent que de six élèves.  Son comportement, par contre, n’a pas changé le moins du monde.  Pire encore :  En se vantant à son petit frère de tout ce que son école comporte, ce dernier est très malheureux de ne pas pouvoir aller à une école aussi cool que celle-là.  Il a même commencé à faire preuve d’indiscipline  à l’école dans l’espoir d’être transféré lui aussi à l’école de son grand frère.

Voilà la société d’aujourd’hui, celle qui encourage les jeunes sans problèmes à devenir délinquants et qui encourage les délinquants à persister dans cette voie.

Si en tant qu’enfants Jean-Marc et mon fils n’avaient pas la force physique pour s’imposer, ils avaient tout de même une forte personnalité.  Ce qui en revient à ce que je disais :  Au plus fort vont les avantages et le respect.  Les autres n’obtiennent rien !

Toutes ces recherches vaines pour trouver le comment et le pourquoi du comportement des agressifs ne font qu’encourager ces agressifs à continuer dans cette voie car ils se rendent bien compte de toutes les attentions et les avantages que cela leur rapporte.  On dit que les gens agressifs sont des gens qui souffrent beaucoup, que ce sont des gens qui ne savent pas exprimer leurs sentiments et qui sont incapable de vivre avec leur insécurité.  Bref, on fait beaucoup d’efforts pour leur trouver des excuses pour un comportement pourtant inexcusable.  Pendant ce temps là, ils laissent des séquelles permanentes sur leurs camarades de classes, séquelles qui brisent bien des vies : Dépression, suicide, divorce. Peu importe comment on regarde la chose, peu importe les raisons cachées du comportement qu’adopte un agresseur envers une victime, le fait reste toujours le même :  Il s’agit d’un plus fort qui en fait subir à un plus faible.

Mais attention: Je ne dis pas qu’il faut adopter un comportement violent et agressif si on veut avoir du respect.  Je dis juste que les gens en général respectent ceux sur qui ils savent qu’ils sont incapables d’avoir le dessus.  Dans certains cas, comme celui de Hilton, il s’agit d’une domination physique.  Son corps d’athlète, son titre de champion, tout cela fait qu’il est respecté malgré ses écarts de conduite.  Dans l’autre cas, celui d’enfants turbulents de sept et dix ans, il s’agit d’une domination psychologique puisque rien, ni les menaces ni les promesses ni les coups ni les punitions ne peuvent en venir à bout.  Le simple fait qu’ils se trouvent récompensés en obtenant plus que les autres pour leur conduite plutôt que d’être punis et disciplinés comme il se doit est d’abord et avant tout un signe de respect, sinon de soumission, de la part de la société envers eux !

Maintenant, revenons encore à Jason et imaginez ce qui se serait passé s’il avait eu le physique de Hilton.  Vous pensez peut-être qu’il aurait pu casser la gueule à ceux qui l’agressaient?  Eh bien non, il n’aurait pas pu.  Vous savez pourquoi?  Parce qu’avec un tel physique, jamais ses agresseurs ne l’auraient vu comme étant une victime potentielle.  Ils l’auraient donc laissé en paix.  Ainsi, Jason n’aurait jamais été agressé, il n’aurait pas nourri de telles rancoeurs en lui, il n’aurait pas écrit ce texte et n’aurait pas eu à subir cette double humiliation.  Double car non seulement il a été victime d’agressions, on l’a mis en prison parce qu’il a osé imaginer prendre sa revanche.

S’il avait été respecté, s’il n’avait pas été sans cesse rabaissé, il aurait eu une plus grande confiance en lui, il aurait été moins timide et nul doute que la vie aurait été beaucoup plus belle pour lui.

Je le répète :  L’être humain admire et respecte les forts et n’éprouve que du mépris pour les faibles.  Regardez autour de vous et voyez vous-mêmes : Les forts ont droit à tout !  Meilleur boulot, meilleur salaire, meilleures amours, bref meilleures conditions de vie.

Cependant, je crains que la raison pour laquelle Jason a été victime à la fois des petites terreurs de l’école ainsi que des autorités prend racine dans quelque chose de beaucoup plus profond. 

Observez bien ceux qui nous dirigent, ceux qui ont le pouvoir sur nous :  Professeurs, patrons, chefs d’entreprise, policiers, politiciens… S’ils sont là où ils sont, c’est parce qu’ils ont une forte personnalité, un caractère dominant, ce sont des gens qui sont habitués à avoir le pouvoir et le contrôle sur les autres… Exactement comme les petites terreurs des cours d’école.  Or, à moins d’être adversaires, et encore, les dominants partagent le même sentiment de mépris pour les faibles.  De ce fait, jamais un dominant ne va prendre le parti d’un faible contre un autre dominant.

En quelque part, en s’attaquant sous forme de texte au dominants de son école, c’est aux dirigeants de la société que Jason s’attaquait. Pas étonnant, dans de telles conditions, que le premier réflexe de la société face à une victime, c’est de le pénaliser pour son statut de victime. Surtout lorsqu’il cherche à ne plus en être une.