Un mauvais côté inattendu de l’amélioration physique

Dialogue entre une collègue de travail et moi.

ELLE: Et pourquoi est-ce que tu n’as pas de vie sociale?
MOI: Je n’ai jamais été vraiment populaire.
ELLE: Pourtant, un bel homme comme toi…
MOI: Je ne l’ai pas toujours été. J’étais même assez laid dans ma jeunesse.
ELLE: Oui mais là tu parais bien, surtout pour ton âge. Sors un peu, va rencontrer des gens, c’est sûr que tu vas séduire un max.
MOI: Ben justement! Quand j’étais laid, les filles refusaient que je sois invité dans les soirées, de peur que je les drague. Depuis que je suis beau, les gars refusent que je sois invité dans les soirées de peur que leurs femmes me draguent. Alors pour ce que ça change!

Je ne blague même pas. Une de mes amies de notre formation de préposés aux bénéficiaires faisait une soirée chez elle et m’y avait invité. Elle m’a ensuite dit, quelques jours avant la soirée, que son mari voyait d’un mauvais oeil l’idée de ma présence. Car il m’avait vu l’été précédent, lors de notre graduation. C’était à la fin de mes 40 jours d’itinérance, alors que la vie rude m’avait remis athlétique tout-plein.

Juste moi, mon vélo, les grands espaces, mon laptop, et le wifi gratuit des parc municipaux.

Je suppose que quand on met dans la même pièce des femmes de 40-50 ans et un homme de (à ce moment-là) 51, célibataire, bon boulot, bon salaire et qui ressemble à ça, l’homme en couple va craindre que Madame se trouve soudainement à moins apprécier ses derniers 10-15-20 ans d’épouse et de mère.

La meilleure, c’est que je n’en ai rien à cirer d’être en couple. C’est sûr que des fois, je ne serais pas contre l’idée d’avoir une vie sociale plus active. Mais pour le côté couple, amour, sexe, j’ai totalement perdu intérêt. Je ne voudrais même pas d’une célibataire. Alors une épouse et mère, pensez-donc.

Mais bon, je peux comprendre. La norme, c’est d’être beau et en forme à 20 ans, puis d’être gras, ridé, chauve et fatigué à 50. Quel que soit le domaine, une personne qui ne suit pas la norme, c’est une personne qui dérange.

C’est ironique, quand même. Tu passes ta vie à travailler sur toi, physiquement, moralement et intellectuellement pour te débarrasser de tes insécurités. Et au bout du compte, tu finis victime de l’insécurité des autres.

L’âge n’est pas la fin de tout!

Comme il m’arrive trop souvent de faire, mon billet précédent partait dans plusieurs directions, pour finir avec une conclusion qui, bien qu’ayant rapport, touchait quand même un autre sujet.

Le sujet qui a le plus touché les gens, en particulier les hommes de ma génération, c’est celui qui aborde le fait que la cinquantaine est perçue comme étant la date limite pour amour, carrière et santé.

C’est ce que l’on appelle le seuil psychologique.  C’est un concept qui est surtout utilisé dans le commerce, afin d’éviter de charger un prix qui puisse faire peur au consommateur.  C’est la raison pour laquelle on ne verra jamais affichés des prix tels $10.00, $100.00 ou $1 000.00, mais bien  $9.99, $99.99 ou $999.99.  Comme si un sou allait faire une différence, surtout après les taxes.  N’empêche que ça marche car $999.99, c’est perçu inconsciemment comme étant dans les 900 et non dans les 1000.  Ça donne la perception erronée de sauver 100$.  De la même manière, en passant de la quarantaine à la cinquantaine, on n’a pas l’impression de gagner un an mais bien une décennie.  Voilà pourquoi on peut encore être ok avec l’idée d’avoir 49 ans, mais horrifiés avec celle d’en avoir 50.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que seuil psychologique, ce n’est rien d’autre que ça : Une perception.  Ce n’est pas un seul sou qui va faire une différence notable sur le prix d’achat.  Tout comme une seule seconde ne pourra radicalement changer votre vie lorsque vous passerez de 49 ans, 11 mois, 3 semaines, 6 jours, 23 heures, 59 minutes et 59 secondes, à 50 ans.

Sérieux, regardez-moi.  Désolé de vous radoter encore là-dessus, mais à 49 ans j’ai passé de concierge à support technique dans une firme.  À 50 ans, j’ai pris des cours et j’ai maintenant ma carte de secouriste.  Également, à 50 ans, je me suis remis en forme, perdant 23 lbs et prenant du muscle comme jamais dans ma vie.  Et je ne vous l’avais pas dit encore mais j’ai trouvé l’amour au printemps.  Une femme de ma génération, de ma région d’origine, une artiste.  Jamais je n’ai eu autant en commun avec la moindre de mes ex.  On s’entend sur tout, on se bouleverse mutuellement de sentiments amoureux qui nous surprennent nous-mêmes, et le sexe est fantastique.  Compatibilité totale.

Et vous savez pourquoi je sais que c’est elle, la bonne, celle avec qui je vais finir mes jours?  Parce qu’elle est arrivée dans ma vie au moment où je ne ressentais plus le moindre intérêt à avoir de romance ou du sexe, chose dont je me suis rendu compte il y a un an.  Par conséquent, la seule personne qui pouvait rallumer mon cœur et ma libido, c’était celle qui était vraiment faite pour moi.  Ce ne sont pas des paroles en l’air.  Relisez mes billets depuis août 2018, je ne cesse de donner des exemples de fois où j’ai décliné des avances de femmes de tous âges, sur le net comme en face, au lieu de sauter sur l’occasion.

Dans de telles conditions, trouver le vrai amour, ça ne pouvait m’arriver qu’à partir de 50 ans, au moment où ma testostérone à la baisse a cessé de me faire choisir n’importe qui.  Et  un autre avantage à sortir avec une femme de mon âge :  Nous sommes rendus au même point dans la vie.  On sait ce qu’on veut, et on sait ce qu’on ne veut pas.  On peut voir tout de suite si nous sommes faits l’un pour l’autre, et on n’a plus le temps et encore moins l’envie de se faire chier avec des compromis si ce n’est pas le cas.  Comme quoi prendre de l’âge n’apporte pas seulement que du négatif.

La cinquantaine ne marque pas la fin des choses, mais bien la fin de la manière dont on a connu ces choses jusqu’à maintenant. C’est comme pour l’évolution physique.  Oui, dans la vingtaine et la trentaine notre physique et notre santé restent stables, tandis que dans la quarantaine et la cinquantaine elles commencent à décliner.  Mais à 50 ans comme à 20, quand on mange bien, quand on s’exerce au cardio, quand on s’exerce la musculature, les résultats sont les mêmes : On perds de la graisse, on perds du poids, on gagne de l’endurance, on gagne de la force, on gagne du muscle, on devient esthétiquement agréables pour l’œil.  La seule différence, c’est que ça prend un peu plus d’efforts au début, et qu’il faut être plus vigilants par la suite parce que si on se néglige, on va le reperdre plus vite que si on se négligeait dans la vingtaine.  Mais à part ça, il n’y a aucune raison pour voir la cinquantaine comme étant le début de la fin de tout.

En milieu de vie, il y a des choses comme la découverte du vrai amour qui deviennent plus faciles. Il y a des choses comme la remise en forme et en santé qui deviennent plus difficiles.  Il y a des choses comme l’évolution de la carrière qui demandent certaines opportunités du hasard et la vivacité d’esprit de les saisir au vol.  Et il y a des choses comme l’éducation qui demande toujours le même effort, peu importe l’âge.  Mais dans aucun des quatre cas, les choses ne deviennent impossibles.  Elle deviennent différentes, mais elle restent à notre portée.

En prenant de l’âge, si certaines portes se ferment, d’autres portes s’ouvrent. Et si certaines portes ne s’ouvriront que si on en crochète la serrure ou si on les défonce, c’est ça qui fera la différence entre ceux qui se laissent décliner, et ceux qui sauront mettre l’effort requis pour vieillir avec grâce.

Il n’y a pas de vérité universelle

La semaine dernière, j’ai eu 51 ans.  Et à trois reprises, on m’a posé une variante de la question suivante : Comment est-ce que tu sens face à ça?

Eh bien, maintenant que vous me posez cette question, je me sens comme si j’étais supposé me sentir mal de prendre de l’âge. 

Ce n’est pas le cas.  Bien au contraire.  Cependant, je ne devrais pas être surpris que les gens s’y attendent.   D’après ce que je peux voir sur les comptes Facebook des hommes de ma génération, devenir quinquagénaire vient en effet avec une terrible dose de remise en question chez la majorité d’entre eux.  On m’a même rapporté un cas à qui ça a donné des idées suicidaires, et l’a amené en thérapie.  (Ironiquement, il s’agit d’un gars qui a passé plusieurs années à essayer de me faire une réputation de déséquilibré mental.)

En général, à ce point-ci de notre vie, cette remise en question se produit sur trois niveaux : 

  • Au niveau amour, couple et famille.  Certains sont satisfaits car ils ont femme et enfants.  D’autres déplorent de ne jamais avoir eu l’un et/ou l’autre.  Et il y a ceux qui les ont eus, mais perdus dans le divorce.
  • Au niveau carrières et finances.  Certains sont satisfaits car leur carrière et les revenus qui viennent avec sont au sommet.  D’autres déplorent de ne jamais avoir eu l’un et/ou l’autre.  Et il y a ceux qui les ont eus, mais perdus dans le divorce.
  • Au niveau physique. De ce côté-là, par contre, je n’en ai pas vu un seul qui se dit satisfait.  Ou bien ils évitent le sujet, ou bien ils déplorent ce que les années ont fait de leurs corps. 

Pourquoi ne sont-ils pas portés à faire des efforts pour améliorer les niveaux dans lesquels ils ont des lacunes, plutôt que de de perdre leurs temps à en déprimer?  La raison, c’est que consciemment ou non, nous voyons la cinquantaine comme étant le point de non-retour.  Car en effet…

  • Au niveau amour, couple et famille: Si tu n’as pas encore trouvé l’amour ni fondé une famille, bonne chance pour te trouver autre chose qu’une mère monoparentale ou un père séparé qui verse le trois quart de ses revenus à son ex et ses enfants.  Quant à avoir toi-même des enfants, te vois-tu changer des couches dans ta cinquantaine, t’occuper d’un ado dans ta soixantaine, le voir enfin quitter la maison au début de ta soixante-dizaine? 
  • Au niveau carrière et tes finances:  Te vois-tu retourner aux études jusqu’à tes 55-60 ans?  Pour ne travailler que cinq à dix ans, soit tout juste le temps requis pour rembourser ton prêt étudiant, avant d’arriver à l’âge de la retraite?  Encore faudrait-il réussir à trouver un employeur qui sera prêt à embaucher un fraîchement diplômé sans expérience de cet âge-là. 
  • Au niveau physique: Comment espérer te remettre en forme quand le moindre effort t’épuise?  À quoi bon perdre du poids si c’est pour prendre un énorme coup de vieux lorsque la peau étirée qui a perdu son élasticité d’antan te transformera en masse de rides flasques?  Et n’oublions pas les cheveux, maintenant gris et/ou partiellement disparus. 

Et c’est en considérant tout cela que ces hommes regrettent leur jeunesse.  Non seulement parce qu’ils y étaient à leur meilleur, mais surtout parce qu’ils réalisent qu’ils auraient dû en profiter pour prendre les bonnes décisions pendant qu’il était encore temps.  Comme l’a si bien dit Henri II Estienne (1528-1598) : Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.  

Là-dessus, j’ai eu de la chance.  J’ai eu de très mauvais départs dans la vie.  Et les choses ne se sont pas améliorées par la suite, autant à cause de mon entourage qui me sabotait, que par mes propres mauvaises décisions.  

En quoi est-ce que je considère que ce fut une chance?  Simple: Regardez ceux qui l’ont eu facile dans la vie: Beaux car génétiquement parfaits, aisés car provenant de bonnes familles, respectés socialement à cause des deux raisons précédentes…  Ces gens-là n’ont jamais eu à apprendre à faire des efforts, puisqu’ils n’ont jamais eu à se tirer des bas-fonds.  Alors forcément, ce n’est pas à cinquante ans qu’ils vont être portés à commencer à les faire, ces efforts.  Mais dans mon cas personnel, ayant passé la première moitié de ma vie à être inférieur social, physique et monétaire, j’ai passé la seconde moitié de ma vie à faire ce que j’avais à faire pour m’améliorer.  Et voilà pourquoi, à 51 ans, je suis à mon top à tous ces niveaux.  Si vous me lisez régulièrement, je ne vous apprends rien puisque je n’arrête pas de m’en vanter depuis les quatorze derniers mois.  

Une chose que je constate cependant, et c’est un sujet que je n’ai pas encore abordé, c’est que ma mentalité aussi a changé de manière radicale au cours de ces vingt-cinq dernières années. Et là où ma mentalité a le plus évolué, c’est au niveau de ma perception de l’amour et du couple.  Comparons:

Aujourd’hui, au sujet de l’amour et du couple, ma mentalité est : Il est vrai de dire qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné.  Et être mal accompagné, ça ne se limite pas qu’à être dans une relation toxique.  Je me suis rendu compte avec les années que l’on peut avoir une relation harmonieuse et respectueuse, et être tout de même avec une personne qui ne nous convient pas.  Si l’on n’a rien en commun, tout ce que l’on fait, dans le fond, c’est être dans un arrangement.  On se tient compagnie, on baise ensemble, on habite ensemble, on va même fonder une famille ensemble.  Mais à part ça, chacun vit de son côté.  Chacun a ses goûts, ses passe-temps, ses activités, son univers propre, dans lequel l’autre est exclus.  Et dans la partie commune de leur vie à deux, chacun se sacrifie un peu, faisant des efforts pour accepter et endurer l’autre dans ses différences.  C’est ce que l’on appelle faire des compromis.  Et c’est vu socialement comme faire preuve de maturité.

Le problème avec ce genre de relation, c’est qu’éventuellement, l’un ou l’autre finit par rencontrer la personne qui lui convient vraiment.  Et avec cette personne, non seulement on retrouve la même harmonie et le même respect que dans le couple, on a en plus des goûts en commun, des passions communes, et, par conséquent, énormément de plaisir à passer du temps ensemble.  Chose que l’on n’a pas dans notre couple.  Et si en plus il y a attirance mutuelle, alors voilà, on a trouvé notre âme sœur, la vraie.  Celle que l’on ne croyait jamais pouvoir trouver un jour, puisque l’on ne croyait pas vraiment que ça puisse exister.

Et c’est là que l’on se retrouve avec un choix difficile : Détruire la belle vie sans histoires que l’on a mis toutes ces années à co-construire, en laissant tomber notre conjoint(e) qui n’a rien fait pour mériter ça.  Sans oublier à quel point ça va perturber la stabilité des enfants, s’il y en a.  Ou alors, l’autre choix, c’est de renoncer pour toujours à l’amour véritable, et se résigner à une vie de couple et de famille sans passion.  Chose que l’on appelle, « prendre ses responsabilités. »

Il y a aussi un 3e choix, qui est de ne renoncer à rien en disant oui aux deux, en ayant une relation illicite.  Hélas, non seulement n’y trouve-t-on jamais satisfaction, ça finira par se savoir, et ça fera de nous, aux yeux de tous, la pauvre merde au comportement irresponsable et inacceptable qui aura tout détruit.

Et voilà pourquoi il vaut mieux attendre de trouver l’amour véritable, le vrai.  Parce que sinon, dans le pire des cas, on se retrouve dans une relation toxique.  Ou dans le meilleurs des cas, dans une relation « mieux que rien en attendant. »   

Mais il y a 25 ans, ma mentalité au sujet de l’amour et du couple était :  Facile à dire, ça, « mieux vaut être seul que mal accompagné. »  Quand ton choix se résume entre avoir des relations toxiques ou bien à ne pas avoir de relations du tout, tu fais quoi?  Tu dois accepter de passer ta vie seul?  Il faut se rentrer dans la tête que dans les faits, la relation parfaite, ça n’existe pas.  C’est une utopie.  Nous sommes tous différents, on ne pourra jamais nous entendre à 100% avec quelqu’un.  Ou bien tu fais des sacrifices, ou bien tu passes ta vie à attendre après un amour parfait qui n’existe nulle part sauf à la télé ou au cinéma.  De toute façon, d’après ce que j’ai pu voir à date, la majorité du temps, le couple, c’est un arrangement : La fille te laisse le passage entre ses cuisses, et en retour tu lui laisses le droit d’abuser de toi moralement et/ou financièrement.  Dans le pire des cas, tu as le choix entre être l’abusé ou l’abuseur.  Dans le meilleur des cas, tu en trouves une avec qui former un couple dans lequel personne n’abuse de l’autre.  Il n’y a plus qu’à espérer que côté sexe, au moins, vous allez vous entendre.  Sinon, il y a toujours la porno su’l’net.  Plus vite tu te feras à l’idée, mieux tu vas te porter.

Il faut préciser qu’à 25 ans, j’étais maigre, faible, laid, pauvre, et je n’avais pas mon diplôme d’études secondaires.  Je n’arrivais qu’à décrocher du travail physique sans issue avec salaire minable, c’est à dire laveur de vaisselle ou pâtissier au Dunkin Donuts.  Par conséquent, je ne pouvais habiter que des quartiers défavorisés, près de mon emploi.  Et forcément, je ne pouvais que côtoyer les gens que l’on y retrouvait.  Des gens sans avenir, peu portés à faire les efforts requis pour se tirer de la misère.  Des gens qui ont les problèmes de personnalité et de comportement qui sont la cause directe de leur manque d’éducation et/ou d’emploi, ce qui cause leur pauvreté. 

Lorsque l’on est dans ce milieu, il est difficile de côtoyer des gens bien, logiques, sérieux, prospères ou avec un avenir qui le sera.  Et quand on a la chance d’en rencontrer, il est encore plus difficile de leur plaire, car avec notre situation, on nous voit comme étant des parasites sans avenir.  Dans de telles conditions, à moins d’avoir  la chance d’être exceptionnellement beaux, impossible de la rencontrer, notre âme sœur. Et même si on la rencontre, elle peut trouver bien mieux que nous, et elle le sait. 

Quand tous les aspects de notre vie personnelle et professionnelle sont minables, le célibat est la dernière brique qui cimente notre statut de loser.  Et puisqu’on ne veut surtout pas être loser à tous les niveaux, on n’a pas le choix :  On se met en couple entre minables.  Deux frustrés de la vie, qui prennent mal le fait d’être incapable de se trouver mieux, mais qui doivent s’y résigner car c’est ça ou rien.  Rien d’étonnant alors que l’on ne croit pas au vrai amour, et que l’on ne voit le couple que comme un échange de services dans lequel on essaye tant bien que mal d’éviter les abus.

Tel que déjà cité dans de nombreux billets passés, j’ai su mettre les efforts et la persévérance pour m’améliorer à tous les points de vue.  Je suis retourné aux études, j’ai eu mes diplômes, je me suis éduqué au niveau moral, psychologique et social.  J’ai appris la base de plusieurs métiers, autant physiques que de bureau.  Quant à mon art, à toujours améliorer mes textes et mes dessins, j’ai remporté de nombreux prix.  Et bien que je n’arrive jamais à tout à fait stabiliser mon poids, il reste que la bonne alimentation combinée aux exercices musculaires et cardios ont fait que je me suis amélioré physiquement avec l’âge, au lieu de décrépir. 

En étant maintenant capable de réussir ma vie personnelle et professionnelle à tous les niveaux, ça a changé ma personnalité de deux façons.  La première, c’est que mon humeur générale s’est fortement améliorée.  Je suis beaucoup moins frustré de la vie, donc  beaucoup plus zen, patient et compréhensif qu’avant.  Et puisque je peux trouver ma valeur dans bien d’autres choses que dans ma capacité de séduire, le couple a cessé d’être pour moi un but compensatoire, et a donc perdu à mes yeux l’importance démesurée qu’il n’aurait jamais dû avoir. 

Et où est-ce que je veux en venir, avec cette nouvelle manifestation de ma vantardise?  Au fait que j’ai constaté une chose qui, à première vue, peut sembler paradoxale:  Ma mentalité de 25 ans a beau être totalement opposée à celle de 50 ans, il reste que dans les deux cas, elles sont totalement logiques et valides.  Et ça, c’est parce que chaque mentalité correspond aux différents styles de vie que j’ai eu.  Ma mentalité de l’époque ne convient pas à ma vie actuelle, tout comme ma mentalité actuelle n’aurait pas convenu à ma vie de l’époque.

Et c’est un fait que nous avons tendance à oublier, nous, les gens portés à donner des conseils: Il n’y a pas de conseils ou de vérité qui soit universelle, car tout dépend de la situation de la personne à qui on s’adresse.

Cinq signes comme quoi ce gym est à éviter

Savoir choisir un bon gym, c’est facile à dire, mais plus difficile à faire.  Par contre, il est assez simple de repérer un mauvais gym, car dès que les employés sont à l’aise, ils ne peuvent s’empêcher de relâcher la discipline et faire des conneries.  J’ai quelques bons exemples.  Je ne nommerai pas la chaîne, parce que bon, ce n’est tout de même pas de la faute du siège social si cette succursale-là employait un surprenant nombre de tarés.  Mais il reste des signes qui ne trompent pas, comme quoi j’aurais mieux fait de laisser tomber et de m’inscrire ailleurs.

SIGNE 1 : L’employé qui dit n’importe quoi.
Je suis assis en face d’un employé du gym à son bureau.  Il me pose quelques questions d’usage avant de préparer mon abonnement.  Il me demande si je suis allergique à quelque chose.  À l’époque, je souffrais d’une légère allergie à certains aliments, tels l’oignon, le café, le chocolat, qui me donnaient la migraine.  Je le lui dis.  Sa réponse :

« C’est psychosomatique! »

Psychosomatique :  Symptôme physique causé par l’imagination, mais plus souvent par un traumatisme.  Or, il se trouve que les aliments déclencheurs de migraines, incluant ceux que j’ai nommé, ça existe.  Ils sont parfaitement répertoriés par les professionnels de la santé.

Est-ce que quelqu’un peut me dire le lien entre une migraine provoquée par certains aliments, et un problème psychosomatique?  Il s’imagine quoi, lui?  Que j’ai été violé par un oignon quand j’étais enfant, et que quand j’en vois un je dis « Pas ce soir, j’ai la migraine! » ?

SIGNE 2 : L’employé qui fait le con et sabote le travail… Devant un client potentiel.
Tandis que l’employé, à son bureau, est en train de remplir mon dossier d’abonnement, une de ses collègues vient le rejoindre.  Elle se place derrière lui.  Puis, alors qu’il écrit, elle donne une claque sur le stylo, le faisant barbouiller ma feuille.  Il s’arrête et vient pour lui dire quelque chose, mais le téléphone sonne, la ligne du gym.  Il répond.  Sa collègue appuie sur un bouton, coupant la ligne.  Puis, elle part en riant alors que l’employé, irrité, lui dit : « Hostie qu’t’es conne! »

Après lui qui me traite de psychosomateux et elle qui fait la conne, j’aurais dû me lever, lui dire de laisser faire et m’en aller.  Mais bon, j’avais besoin d’un gym, j’avais besoin d’un entraîneur, et cette succursale était la plus près de chez moi.  Je me suis dit qu’il était impossible que tous les employés soient de ce calibre-là.  

Je me trompais.

SIGNE 3 : L’entraîneur qui n’en a rien à foutre, de son client.
Je me retrouve donc avec un entraîneur qui a un programme d’exercice de douze semaines pour moi.  Alors, dès le premier exercice, il me dit :

« Tu te couches sur ce banc.  Tu lèves ce poids.  Tu fais dix répétitions.  Tu te reposes pendant 30 secondes.  Tu fais ça trois fois.  Je reviens! »

Et il m’abandonne là.  Après avoir fait mon exercice, j’ai eu à attendre six minutes avant qu’il revienne, les yeux sur son téléphone.  Puis, il m’amène à une autre machine, et il fait pareil : Il me dit quoi faire, il disparaît, je termine mon exercice, et j’attends qu’il daigne revenir.

Au bout de 9 semaines, démission ou renvoi, mon entraîneur a disparu.  Par conséquent, j’ai passé mes trois dernières semaines d’entrainement avec :. 

SIGNE 4 : L’entraîneur qui ne connait pas son métier. (Et qui n’a pas l’air d’être intéressé à l’apprendre.)
Le gars qui remplace mon premier entraîneur me demande le nom de mon programme. 

« Bah, je sais pas, moi.  Il ne me l’a jamais dit. »
« C’est quoi qu’il te faisait faire comme exercices? »
« Ben, celui-ci, puis celui-là, suivi de l’autre, là. »
« Bon ben, continue de faire ça! »

À partir de là, même scénario.  Enfin, presque,  Il ne m’abandonnait pas, mais ne s’occupait pas du tout de moi, à part pour ME demander quel exercice j’aurai à faire ensuite.  Pour le reste du temps, il ne s’occupait pas du tout de moi, passant son temps sur son téléphone, ou parlant avec ses collègues.

Ah, et je m’en voudrais d’oublier celui-là, auquel je ne me suis jamais inscrit, mais que j’ai vu arriver deux fois :

SIGNE 5 :  Le gym qui ouvrira bientôt, et qui offre un prix incroyablement bas.
Un gym va bientôt ouvrir.  Il ne fait partie d’aucune chaîne.  Par ses posters dans les vitrines, il s’annonce comme étant spécial, par exemple pour femmes seulement.  Et il y annonce aussi les prix qui sont les plus bas, toutes chaînes de gym confondues.  Pendant le mois où ils aménagent, ils prennent immédiatement les abonnements.  Puis, un mois plus tard, à la date d’ouverture prévue, le gym n’ouvre pas.  En fait, il s’agit d’une bande de crapules qui avaient loué un local vide pour un mois, qui se sont contentés de coller des affiches publicitaires sur les fenêtres, et qui sont partis avant la (fausse) date d’ouverture avec l’argent des abonnés.  Abonnés qui réalisent à la dure que le rabais était loin d’en être un, finalement.

Voilà pourquoi je me suis abonné à une chaîne reconnue et sans entraîneurs.  Google me fournit les renseignements.  Youtube me donne l’exemple.  Avec de la discipline et de la détermination, c’est tout ce dont j’ai besoin.

 

 

Évolution personnelle: Où trouver la motivation?

Il y a environs deux mois, un lecteur nommé Alexandre m’a écrit ceci:

Bonjour Steve,

Je laisse ce commentaire sur ton post le plus récent. Je suis récemment tombé sur tes écrits par hasard et je les trouve assez intéressants. Ta progression et ton évolution, comment tu es parti de rien, c’est assez impressionnant comme travail personnel je dois avouer.

Je me rappelle qu’adolescent, je te lisais dans Safarir.

Il y a cependant un truc qui me chicote – et c’est probablement matière à un post en entier, peut-être…

Comment trouvais-tu et maintenais-tu ta motivation pour continuer ton évolution? Par exemple, tu mentionnes t’être mis à la course à pied. En ligne droite le plus loin possible, à chaque jour.

Comment gardais-tu ta motivation pour t’assurer de continuer à faire les efforts nécessaires pour atteindre tes objectifs?

Tes écrits ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Bien qu’il y ait certain sujets sur lesquels j’ai une opinion différente (c’est un peu normal; nous n’avons pas le même background et expériences de vie), je trouve tes écrits en général très enrichissants et vais tenter d’intégrer certaines leçons à ma vie.

Merci pour tout.

Il y a bien des choses que je pourrais répondre à ça. Tout d’abord, la réponse air-bête: « J’en ai déjà parlé. C’est sur mon blog. Cherche! » Mais bon, après 9 ans et ¾ d’existence et 426 billets, je comprends que la tâche puisse être pénible. Aussi, je répondrai à ta question ici, avec lien lorsque je citerai un vieux billet.

Seconde réponse air-bête: « La motivation est là où elle est! » C’est quelque chose que je prêchais déjà il y a onze ans, lorsque j’ai posé ma candidature pour Défi Diète 2008 avec ce vidéo. Dans celui-ci, je dis carrément que si je cherche à perdre du poids, ce n’est pas pour « améliorer ma santé » ni pour « m’assurer que mes petits enfants aient la chance de connaître leur grand-père », et encore moins parce que « ma femme et/ou mes enfants s’inquiètent de moi. » Non! Moi, si je veux perdre du poids, c’est parce que je veux être beau. Eh bien ma vidéo, autant que son titre et ma déclaration ont fait de moi le premier candidat choisi, tellement je détonnais sur les autres.

Trois mois plus tard, à la fin de Défi Diète, j’avais perdu 22 lbs.

Extrait de mon billet Témoignage d’un ex-gros, 2 de 2.
[Le] 14 janvier 2009. Une grande photo couleur de moi trône au centre de la page 45 du Journal de Montréal. C’est Défi Diète qui invite le public à poser leur candidature pour l’édition 2009, en m’ayant choisi en tant qu’exemple de participant de l’année dernière à qui le programme a été profitable.

Le reportage s’intitule Que sont-ils devenus? et a été fait à partir d’entrevues téléphoniques dans lequel ils nous posaient quelques questions sur notre vie post-Défi Diète 2008. En particulier au sujet de où nous en étions rendus avec notre poids. Voici le bilan pour les dix candidats:

  • 1 a repris 0.8 lbs.
  • 1 a repris 3 lbs.
  • 1 a repris 4.5 lbs.
  • 1 a repris 10 lbs.
  • 1 a repris 15 lbs.
  • 1 n’a pas pu être rejoint pour en parler (J’ai appris plus tard qu’il avait repris plus que ce qu’il avait perdu.)
  • 1 est resté au même poids.
  • 1 a perdu 2 autres lbs.
  • 1 a perdu 10 autres lbs.
  • Et moi, avec mon 196 contre les 208 de la fin de Défi Diète 2008 j’ai perdu 12 autres lbs. [Fin de l’extrait]

La différence entre eux et moi? Je ne me suis pas préoccupé de bien paraître aux yeux des autres en ayant une motivation politically correct socialement acceptable. Ma motivation, devenir beau, venait de moi, et non d’une source extérieure. Les six premiers candidats sur les dix que nous étions étaient motivés par tout l’entourage que nous avions à Défi Diète: Les entraineurs, les motivateurs, la nutritionniste, les reportages… Dès qu’ils ont perdu tout ça, ils n’avaient plus de motivation. Mais dans mon cas personnel, puisque ma motivation était en moi, je n’ai jamais pu la perdre.

Mais voilà, je me suis déjà fait dire: « L’orgueil et la vanité, ce sont des défauts. Est-ce vraiment une bonne idée de se motiver avec quelque chose de négatif? » À ça, je réponds: Quand on dit motivation négative, il y a celui qui va accrocher au mot motivation, et il y a celui qui va accrocher au mot négatif. Le premier va avancer. Le second va rester sur place.

Extrait de mon billet Tout passe par le physique
Les défauts sont-ils obligés d’être des défauts?
C’est là que je me suis posé la question suivante: Et si, au lieu d’essayer de se débarrasser des défauts de notre personnalité comme le voudrait une société trop bien-pensante, on les accepterait plutôt comme étant partie intégrante de soi-même? Mieux encore: Et si on utilisait plutôt toute l’énergie physique et mentale contenue dans nos défauts pour l’investir dans quelque chose de positif?

Je suis orgueilleux et vaniteux? Ok alors, voilà ma source de motivation mentale pour changer mon apparence. Je suis jaloux et envieux du physique des gars qui plaisent? Voilà la source de ma motivation physique pour faire de l’exercice. Je suis frustré d’avoir été rejeté par des filles qui disaient préférer des bons gars comme moi, mais qui s’en allaient toujours vers des gros machos violents qui auraient pu m’envoyer à l’hôpital d’une pichenette? Voilà ma source de rage, ce qui me fournit en énergie, qui me pousse à aller toujours plus loin, à faire de plus en plus d’efforts.
[…]
Orgueilleux, vaniteux, jaloux, envieux et frustré. Cinq traits de caractère qui auraient pu me pousser à commettre des gestes négatif envers mon entourage et moi-même. Cinq défauts qui auraient pu me détruire. Je les ai plutôt utilisés pour me construire.
[Fin de l’extrait]

Mais voilà, c’est une chose d’avoir la motivation de commencer, c’en est une toute autre d’avoir la motivation de ne pas lâcher en cours de route. Ce qui décourage les gens, c’est que, peu importe le temps qu’ils consacrent à leur but, celui-ci a beau se rapprocher, il reste qu’il ne se rapproche qu’à à pas de tortue amputée de trois pattes. Quelle est la solution, alors? Simple: Mettre son focus sur le travail plutôt que sur le résultat du travail.

Extrait de mon billet S’entrainer avec sagesse.
L’AUTRE : Son objectif: Perdre 60 lbs / 27 kgs.  Par conséquent, son but était encore très loin.
MOI : Mon objectif: Aller au gym de 2 à 4 fois par semaines, faire 10 exercices, trois sets de 10 répétitions, jamais les mêmes exercices que le jour précédent.  Donc, à tous les jours où je revenais du gym, j’étais satisfait car j’avais atteint mon but.  Donc, tandis que…

L’AUTRE : Met son focus sur la perte de poids, donc sur le résultat de l’exercice…
MOI :  Je mets mon focus sur l’exercice.  Non seulement ça m’apporte la satisfaction quotidienne d’avoir atteint mon but, le résultat sous forme de perte de gras et de gains musculaires ne devient plus qu’un bonus, une prime qui se rajoute agréablement à la satisfaction du travail bien fait.
[Fin de l’extrait]

J’élabore davantage:

Extrait de mon billet Ajuster ses résolutions du nouvel an.
À chaque année, c’est la même chose:  On se donne des résolutions dans le style de…

  • Perdre du poids.
  • Se mettre en couple.
  • Avoir un bon travail.
  • Devenir riche.
  • Devenir célèbre. (Si on est artiste)

… et à chaque année, on est déçu de ne pas avoir réussi.  Mais ce n’est pas grave.  Voici la nouvelle année.  Cette fois, c’est dit: On se donne des résolutions dans le style de…

  • Perdre du poids.
  • Se mettre en couple.
  • Avoir un bon travail.
  • Devenir riche.
  • Devenir célèbre.  (Si on est artiste.)

Vous savez ce qui ne va pas dans ces résolutions?  Très simple : Ce ne sont pas des actions.  Ce sont des résultats d’actions. Voilà pourquoi ça ne marchera pas plus cette année que l’année d’avant.

Vous ne voyez pas la différence? D’accord, je précise : Si je vous dis : Perds du poids! Maintenant!  Là! Tout de suite!  Vas-y!  Go! Allez, maigris!  Êtes-vous capable faire ça sur commande? Non, hein!?

Par contre, si je dis :  Fais du jogging!  Vous pouvez vous lever et courir immédiatement.  Si je dis Mange moins et mange mieux.  Vous pouvez vous préparer sur le champ un truc bon pour la santé et n’en manger qu’une portion raisonnable.

Ça parait simple, anodin, voire ridicule comme ajustement.  Pourtant, c’est ce petit changement qui va faire toute la différence. Voyez plutôt: Si votre focus est de perdre 10 kgs / 20 lbs, alors ça prendra 2, 3, 4, 5 mois avant de pouvoir enfin ressentir la satisfaction. D’ici à ce que vous atteigniez votre but, vous risquez de trouver le temps long, ce qui augmente les possibilités d’abandonner en chemin.

Par contre, si votre but est de faire du jogging trois fois par semaine, alors ce sera trois fois par semaine que vous ressentirez la satisfaction de l’avoir atteint, ce but. Focussez sur bien manger, et vous ressentirez en plus cette même satisfaction trois fois par jour.  Non seulement la satisfaction d’avoir atteint son objectif sera quotidienne et multiple, la perte de poids ne deviendra qu’un effet secondaire, un  bonus qui se rajoute à tout le positif que l’on a déjà vécu. Avouez que c’est bien plus encourageant comme ça.
[Fin de l’extrait]

C’est sûr qu’ici, on parle d’exercice. Il reste que c’est une mentalité que j’applique également dans toutes les facettes de mon existence.

Et c’est reparti pour 2019
Comme je le répète souvent, depuis que je me suis brisé une vertèbre il y a dix mois, j’ai eu à cesser toute activité physique. J’aurais cependant dû ajuster ma diète, car je suis remonté à 218 lbs. Je reste encore loin des 232 lbs pré-Défi-Diète-2008, surtout que j’ai pris un peu de muscle ces onze dernières années, mais ça reste 20 de trop que ma normale. Et bien je m’y remet cette année, et je posterai le journal de mes progrès ici à toutes les deux semaines. Ça permettra de voir en direct comment je me motive dans un environnement nouveau.

L’évolution du point de vue (1ère partie)

Lorsque je regarde celui que j’étais dans la jeune vingtaine, je constate que je ne suis plus du tout la même personne.  En particulier de la façon dont je vois les choses.

 Par exemple :

Héros à l’époque, pitoyable aujourd’hui.
Jetez un oeil à cette vidéo d’une course de cinq kilomètres, dans laquelle un homme s’écroule d’épuisement à dix mètres de la ligne d’arrivée, distance qu’il met ensuite trois minutes à franchir. 

Cette vidéo n’existait pas lorsque j’étais dans la vingtaine, mais j’ai déjà été témoin d’une scène semblable.

Ma mentalité à l’époque :   Le fait qu’il a déployé un effort physique surhumain qui l’a vidé de toutes ses forces, et qu’il trouvait malgré tout assez de volonté pour se traîner jusqu’à la ligne d’arrivée par ses propres moyens, en refusant toute aide.  Quelle détermination.  Quel courage. Ce gars-là était mon héros.  Un modèle à suivre.

Ma mentalité maintenant :  Je trouve ce gars stupide, voire carrément pitoyable. 

Qu’est-ce qui a changé en moi? Plusieurs choses.  Avant, je n’étais nullement athlétique.  Tout le long de mon école primaire et secondaire, j’étais toujours le dernier en gym.  Alors pour moi, le fait que tout le reste de la population était plus en forme que moi, c’était mon quotidien.  C’était une fatalité que, même si je détestais, j’avais toujours acceptée.  Voilà pourquoi j’étais porté d’instinct à me reconnaître en ce gars-là, pour qui c’est cent fois plus difficile que pour tout le monde de réussir.  

Il y a huit ans, plutôt que d’avoir du ressentiment envers les bons coureurs, j’ai décidé d’en devenir un.  Je me suis renseigné sur la façon de commencer à m’entraîner.  J’ai investi l’effort physique et mental requis.  Je me suis mis à la course de façon intelligente, de manière à me renforcer, plutôt que de m’endommager.  Et, peu à peu, je suis devenu capable de courir sur de plus en plus longues distances sans mettre ma santé en jeu.  En trois mois et demi d’entrainement, ma distance de course non-stop a passé de 200 mètres à 5.2 km.     

Ce qui fait que maintenant, lorsque je visionne cette vidéo, au lieu de ne regarder que lui, je regarde les 86 autres personnes qui le dépassent (je ne blague pas, je les ai vraiment comptés) et qui terminent leur cross-country sans pour autant être incommodés.  Si tous ces gens sont capables de le faire en étant à peine essoufflés, alors pourquoi est-que lui est sur le bord de crever?  Tout ce que cette situation démontre, c’est que contrairement à eux, il ne s’est pas préparé adéquatement. 

Lorsque j’ai découvert cette vidéo il y a dix ans, j’avais une curieuse sensation en regardant cette scène.  Quelque chose me dérangeait.  Je n’aurais pas pu dire quoi exactement, mais j’avais la vague impression que quelque chose ne collait pas.  Comme s’il y avait un illogisme en quelque part.  Il faut dire qu’à ce moment-là, ça prendra encore deux ans avant que je me mette moi-même à la course.

Aujourd’hui, avec l’expérience que j’ai en course, lorsque je regarde de nouveau cette scène, je vois immédiatement d’où me venait cette impression :  S’il avait été le dernier à arriver, je ne me serait pas posé de question.  Sa position parmi les coureurs aurait concordé avec sa piètre condition physique.

Mais LÀ, il se fait dépasser par 86 personne au final, et il y en a encore plein d’autres qui passent la ligne d’arrivée après lui.  Si ce gars-là est aussi faible, vous ne trouvez pas ça étrange que, tout le long de la course, il se trouvait devant tous ces gens-là? 

Ça ne peut vouloir dire qu’une seule chose : Tandis qu’eux courraient à rythme modéré afin de conserver leur énergie, lui a dû sprinter tout le long pour tous les dépasser.  Ça explique pourquoi il était devant eux, ça explique son état d’épuisement total, et ça confirme que comme bien des gens qui ne connaissent rien au sport dans lequel ils ont décidé de se démarquer, il croyait probablement qu’il lui suffirait juste de se pousser à fond non-stop avec volonté et détermination pour montrer à tous qu’il est capable de faire bien mieux qu’eux.  Il était convaincu que les préparatifs et l’entrainement n’étaient qu’une stupide et inutile perte de temps. Je suppose que le fait que quelques personnes aient franchis la ligne d’arrivée après lui, ça lui a permis de se vanter qu’il a tout de même eu raison de le penser. 

S’il s’était préparé correctement, s’il avait couru de la bonne manière, il n’aurait pas fini cette course au bout du rouleau.  Ce qui en revient à dire que les problèmes qu’il a subi durant cette course, c’est lui-même qui se les ai causés.  Ce gars-là a été lui-même son propre obstacle. 

Hier, quand j’étais encore ignorant, ce gars-là était mon héros.  Aujourd’hui, un gars qui a besoin de se pousser à l’épuisement physique total  pour faire égal ou mieux qu’une personne qui ne sera que légèrement fatiguée d’avoir accompli la même tâche, je n’appelle plus ça un modèle à suivre.  C’est plutôt le modèle parfait de tout ce qu’il ne faut pas faire. C’est le parfait exemple du loser qui a quelque chose à (se) prouver.

_____
Bientôt: Généreux altruiste à l’époque, dépensier irresponsable aujourd’hui.  

 

Ajuster ses résolutions du nouvel an. Ou: Cesser de penser négatif.

À chaque année, c’est la même chose:  On se donne des résolutions dans le style de…

  • Perdre du poids.
  • Se mettre en couple.
  • Avoir un bon travail.
  • Devenir riche.
  • Devenir célèbre. (Si on est artiste)

… et à chaque année, on est déçu de ne pas avoir réussi.  Mais ce n’est pas grave.  Voici la nouvelle année.  Cette fois, c’est dit: On se donne des résolutions dans le style de…

  • Perdre du poids.
  • Se mettre en couple.
  • Avoir un bon travail.
  • Devenir riche.
  • Devenir célèbre.  (Si on est artiste.)

Vous savez ce qui ne va pas dans ces résolutions?  Très simple : Ce ne sont pas des actions.  Ce sont des résultats d’actions. Voilà pourquoi ça ne marchera pas plus cette année que l’année d’avant.

Vous ne voyez pas la différence? D’accord, je précise : Si je vous dis : Perds du poids! Maintenant!  Là! Tout de suite!  Vas-y!  Go! Allez, maigris!  Êtes-vous capable faire ça sur commande? Non, hein!?

Par contre, si je dis :  Fais du jogging!  Vous pouvez vous lever et courir immédiatement.  Si je dis Mange moins et mange mieux.  Vous pouvez vous préparer sur le champ un truc bon pour la santé et n’en manger qu’une portion raisonnable.

Ça parait simple, anodin, voire ridicule comme ajustement.  Pourtant, c’est ce petit changement qui va faire toute la différence. Voyez plutôt: Si votre focus est de perdre 10 kgs / 20 lbs, alors ça prendra 2, 3, 4, 5 mois avant de pouvoir enfin ressentir la satisfaction. D’ici à ce que vous atteigniez votre but, vous risquez de trouver le temps long, ce qui augmente les possibilités d’abandonner en chemin.

Par contre, si votre but est de faire du jogging trois fois par semaine, alors ce sera trois fois par semaine que vous ressentirez la satisfaction de l’avoir atteint, ce but. Focussez sur bien manger, et vous ressentirez en plus cette même satisfaction trois fois par jour.  Non seulement la satisfaction d’avoir atteint son objectif sera quotidienne et multiple, la perte de poids ne deviendra qu’un effet secondaire, un  bonus qui se rajoute à tout le positif que l’on a déjà vécu. Avouez que c’est bien plus encourageant comme ça.

Pour rester dans le sujet de la perte de poids: 

Il y a un autre truc qui nous décourage toujours un peu au niveau du subconscient : Le mot perdre !  De tous les temps, dans tout ce qu’il entreprend, l’être humain cherche à réussir.  Aussi, le concept de perdre, c’est contre-nature pour lui.  Normal, le mot perdre est associé à un nombre incalculable d’expressions toutes aussi négatives les unes que les autres: Perdre son travail, perdre son argent, perdre sa copine, perdre ses clés, perdre son portefeuille, perdre son chemin, perdre son temps, perdre un match, perdre la partie, perdre la raison, perdre la face, etc.  Dans la vie, il n’y a pas plus grande honte que d’être étiqueté comme étant un loser, un perdant. Voilà pourquoi c’est le qualificatif le plus populaire chez ceux qui dénigrent les autres: Dans une société basée sur la réussite, se faire traiter de perdant, c’est l’insulte suprême.  Alors qu’on le veuille ou non, même s’il est suivi des mots du poids, quand le premier mot de notre but est perdre, il ne faut pas être surpris que ce but soit rarement atteint.  Et quand on échoue à perdre, on est doublement loser.

Et si on focussait plutôt sur gagner? Et si au lieu de guetter notre perte de poids, on constatait plutôt que l’on gagne de bonnes habitudes alimentaires?  Que l’on gagne de bonnes habitudes de vie? Que l’on gagne un meilleur rythme cardiaque? Que l’on gagne des muscles? Que l’on gagne quelques mètres de plus à chaque fois que l’on court? Que l’on gagne de la vitesse?

Mieux encore: Au lieu de compter à rebours, pourquoi ne pas aller de l’avant? Par exemple, pour rester dans le sujet de la course, admettons que votre but est de courir non-stop sur une distance d’au moins 200 mètres.  La majorité vont focusser sur leur fin de course de cette manière: « Plus que cinq mètres… Quatre… Trois… Deux… Un… Zéro! »  Agir ainsi est une erreur, et ce pour trois raisons:

  1. Vous ne gagnez pas de la distance pour arriver vers votre objectif de deux-cent mètres.  Au contraire, vous partez de votre objectif de deux-cent mètres et vous en perdez. Vous partez donc sur une note négative.
  2. Peu importe la distance que vous arriverez à parcourir, que ce soit deux-cent mètres ou vingt kilomètres, compter de cette façon fait qu’au bout du compte, vous arrivez toujours à zéro. Mettre autant d’effort pour toujours être à zéro, ça diminue le sentiment d’accomplissement. Un sentiment que vous gagneriez si, au contraire, vous vous voyiez évoluer, de deux cent mètres à vos débuts à vingt kilomètres quelques mois plus tard.
  3. Zéro, ça vous force à arrêter, et ce même si vous avez l’énergie d’aller plus loin. Normal, vous n’allez quand même pas continuer en disant « Moins un, moins deux, moins trois… » Zéro est donc une limite que vous vous imposez.  Mais si vous comptez à partir de zéro, et que vous arrivez à deux-cent, alors rien ne vous empêche de dépasser vos limites en faisant deux-cent dix, deux cent vingt, deux-cent-cinquante mètres. Il faut reconnaître que ça améliore la performance, et surtout le résultat.


Bref, tout ça pour dire que la meilleure façon d’atteindre ses objectifs, c’est non seulement de savoir choisir l’action plutôt que le résultat de l’action, il faut également agir de façon positive.

Et ça, c’est aussi vrai pour l’amaigrissement que pour n’importe quel autre objectif de vie.

S’entraîner avec sagesse.

Voici à quoi ça ressemble, au bout de six mois, une résolution du nouvel an qui n’est pas abandonnée en cours de route.  À l’aube de mes 49 ans, me voilà dans la meilleure forme de ma vie, et c’est sans la moindre appréhension que je vois arriver la cinquantaine. 

Ce qu’il y a de bien, lorsque l’on fait sans cesse des efforts afin de s’améliorer non-stop, c’est que l’on n’a jamais besoin de ressentir de la nostalgie pour ce que l’on a déjà été.

Bien que l’on voit déjà l’amélioration, je ne suis encore qu’à mi-chemin avant d’atteindre l’objectif que je me suis fixé, c’est à dire atteindre mon plein potentiel personnel de force et d’endurance.  Ensuite, je passerai à l’étape plus relaxe, celui de l’entretien.  C’est à dire passer de l’entrainement intense et régime modéré actuel, à l’entrainement modéré et régime relax.  Prendre mon poids une fois par semaine, et ajuster entrainement et nourriture de la semaine à ce moment-là, pour m’assurer de garder stable la bonne forme.  

Il y a une personne, ex-connaissance à moi, qui avait aussi comme résolution l’amélioration physique pour l’été de 2017.  Et cette personne a échoué en un an ce que j’ai réussi en six mois.  Il faut dire que notre approche de l’entrainement est très différente.  Et c’est en l’observant que j’ai compris pourquoi certaines méthodes fonctionnent alors que d’autres non.  Par exemple, tandis que…

L’AUTRE : Se plaignait sans cesse comme quoi il y avait toujours foule au gym, et que ça lui est un turn-off total.
MOI : Je faisais partie de la foule.  Mieux encore: J’utilisais la foule.  À chaque fois qu’une machine que je voulais était occupée, au lieu d’attendre et/ou de chialer, j’allais à la première machine libre que je voyais.  Machine que, autrement, je n’aurais pas été porté à utiliser.  Ça a diversifié mon entrainement.  Ça a même rajouté à ma routine des exercices que je n’aurais pas découvert autrement.

L’AUTRE : Courait sur les tapis roulants et les elliptiques.  Or, quand on court pour aller nulle-part, faut pas être surpris de ne pas atteindre son but.
MOI : La course, je la faisais deux fois : De chez moi en allant au gym, et ensuite du gym en allant chez moi, ce qui est beaucoup moins ennuyant. D’ailleurs…

L’AUTRE : Recherchait sans cesse une personne pour l’accompagner dans ses exercices, car elle trouvait l’entrainement ennuyant.
MOI : Je ne m’ennuie pas.  Au contraire, le fait d’observer, de penser à chaque exercice, de les planifier, de les diversifier, de me concentrer sur ce que je fais, fait que je n’ai pas besoin d’une personne pour me distraire.  Parce que c’est tout ce que ça ferais, justement: Me distraire de mes exercices, ce qui serait contre-productif.

L’AUTRE : N’utilisait pas ce que le gym pouvait vraiment offrir.
MOI : Car en effet, la course, le cardio, on peut faire ça partout à l’extérieur.  Par contre, les poids, haltères et autres machines à travailler les muscles, on ne peut pas trouver ça dans la rue.  C’est donc là-dessus que je travaille lorsque je vais au gym.

L’AUTRE : Ne faisait que du cardio.
MOI : Je fais de tout: Bras, jambes, poitrine, ventre, dos, muscu, cardio, force, résistance, endurance… Le corps brûle les gras et prend du muscle beaucoup mieux lorsque toutes les parties sont sollicitées, surtout de toutes les façons.  

L’AUTRE : Se vante d’avance de ses résultats à venir.  C’est une très mauvaise idée, car une fois que l’on a conditionné tout notre entourage à attendre nos résultats, ça nous met de la pression.  Ça transforme en corvée obligatoire ce qui aurait dû être une activité volontaire, et ça devient d’autant plus humiliant si on échoue dans nos objectifs.  
MOI : Je suis resté humble et discret.  Ainsi, ma victoire actuelle est une annonce agréable et positive qui prend tout le monde par surprise.  Et si j’avais échoué, alors personne ne l’aurait su.

L’AUTRE : Son objectif: Perdre 60 lbs / 27 kgs.  Par conséquent, son but était encore très loin.
MOI : Mon objectif: Aller au gym de 2 à 4 fois par semaines, faire 10 exercices, trois sets de 10 répétitions, jamais les mêmes exercices que le jour précédent.  Donc, à tous les jours où je revenais du gym, j’étais satisfait car j’avais atteint mon but.  Donc, tandis que…

L’AUTRE : Met son focus sur la perte de poids, donc sur le résultat de l’exercice…
MOI :  Je mets mon focus sur l’exercice.  Non seulement ça m’apporte la satisfaction quotidienne d’avoir atteint mon but, le résultat sous forme de perte de gras et de gains musculaires ne devient plus qu’un bonus, une prime qui se rajoute agréablement à la satisfaction du travail bien fait.  Par conséquent…

L’AUTRE :  Changeait de succursale, recherchant le gym qui lui conviendrait, sans jamais vraiment le trouver.
MOI :  Je m’adapte! Non mais sérieux, là, le principe de faire de l’exercice, c’est de forcer le corps et l’esprit à s’adapter à des situations qui ne lui sont pas familières, d’où évolution à tous les niveaux.  On va au gym pour chercher le challenge, l’inconfort.  Si tu y vas pour chercher ton petit confort, c’est perdu d’avance.

L’AUTRE : Bon, j’avoue, je ne connais rien de son régime alimentaire.  Tout ce que je peux dire, c’est que pour bien des gens, un régime consiste à manger moins, et à abandonner toute la junk food qui lui faisait tant envie.  Elle se retrouve donc à vivre sur une nourriture qui ne lui est pas familière, à quantité insatisfaisante, et à déprimer au sujet de tous ces mets qu’elle ne pourra plus jamais se permettre.
MOI :  J’ai utilisé une méthode en trois facettes:
– Facette 1: Je ne change pas la quantité de nourriture à laquelle je suis habitué.  Mais bon, au départ, je ne mangeais pas comme un ogre non plus.
– Facette 2: Six jours semaines, que des fruits, des légumes, peu de volaille, presque pas de viande, pas de pain ni ses dérivés.
– Facette 3: Le samedi, je mange tout ce que je veux, la quantité que je veux.  Car en effet, renoncer à la poutine et à la pizza pour toujours, ce serait déprimant.  Il m’est beaucoup plus facile moralement de me dire que samedi s’en vient.

L’AUTRE : Y a renoncé, préférant maintenant nier la réalité, se mentant à soi-même au sujet de son poids, changeant sa mentalité pour adhérer au mouvement Fierté Ronde, criant au FAT SHAMING contre tous ceux qui lui rappellent qu’elle a passé des années à chercher à en perdre.
MOI : Je continue le cardio, la bonne alimentation, la musculation, l’endurance, et, par conséquent, l’évolution positive.

Mais je crois que la plus grande différence, c’est le fait que pour…

L’AUTRE : Les exercices et la bonne alimentation sont un mal nécessaire, une obligation planifiée pour n’être que temporaire, le temps d’atteindre la bonne forme.
MOI : Les exercices et la bonne alimentation sont un bien nécessaire, quelque chose de volontiers, que je planifie bien garder pour le reste de ma vie, pour garder la bonne forme longtemps.

Ceci dit, si ma tendance habituelle se maintient, d’ici quatre ans, j’aurai repris le poids perdu.  Je ne crois pas que ça va arriver.  Mais même si c’est le cas, et alors?  Premièrement, j’aurai toujours les gains musculaires obtenus.  Ensuite, je n’aurai qu’à recommencer, et je réussirai de nouveau, voilà tout.

 


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10 réalités d’être né avec une densité osseuse anormalement élevée.

Parfois, la nature donne aux gens certaines particularités physiques qui les distinguent du reste de la population.  Je songe à Alexis Lapointe, dit Le Trotteur, à qui la nature a donné un système cardiaque et des jambes exceptionnellement fortes.  Non seulement pouvait-il courir comme le cheval, il pouvait maintenir ce rythme pendant des heures sans fatiguer. 

Mais parfois, la nature donne à notre physique un détail particulier qui, sans être vraiment un handicap, n’en est pas une bénédiction pour autant.  Dans mon cas personnel, il s’agit de ma densité osseuse.  J’ai, en effet, une densité osseuse anormalement élevée.

Qu’est-ce que ça change à ma vie, à comparer au reste de la population?  Eh bien…

1- Je ne me suis jamais brisé un seul os de ma vie.
Et pourtant, comme tous les enfants, j’ai eu plus que ma part de chûtes : Accidents de vélos, chutes en bas d’arbres, plantage solide dans les terrains de jeux, et même renversé par une auto une fois.  J’ai subi des impacts qui m’ont disloqué un pied, déplacé une côté, brisé une dent.  Mais jamais ne me suis-je brisé ni fêlé le moindre nonosse.  Mon squelette est, pour ainsi dire, incassable.  Ou du moins, ça prendrait un impact considérable pour en rompre un os.

Mais cela est le seul et unique point positif que cette particularité a apportée dans ma vie.  Pour le reste…

2- Être l’équivalent de Wolverine,  Kick-Ass, Bruce Willis dans Unbreakable? Eh non, ça ne marche pas comme ça.
Avoir des os super solides, ça ne donne pas de super-force.  Ça ne rend pas plus insensible aux coups.  Ça ne diminue en rien la douleur.  Le seul point en commun que j’ai avec Wolverine, (Bon, le 3e, si on compte que je suis canadien et assez poilu), c’est que…

3- Mon poids est plus élevé que la moyenne. 
À l’école primaire, où on nous pesait à chaque début d’année scolaire, j’ai toujours pesé plus que 90% des autres élèves, malgré le fait que j’étais toujours l’un des trois plus petits de la classe. Depuis que je suis adulte, je pèse de 25 à 35 lbs de plus que quiconque ayant une grandeur et taille similaire à la mienne.  Par conséquent…

4- Ça cause certaines déformations physiques.
Enfant, mon physique était disproportionné.  Petits bras, corps maigre, grosses cuisses, gros mollets.  Normal, puisque mes jambes devaient supporter tout ce poids. Aussi…

5- Ça peut créer des malformations.
Les os des jambes ont beau être super-solides, lorsque l’on est enfant, ils grandissent.  C’est comme un arbre, quoi.  Or, même l’arbre au bois le plus dur va pousser de travers si un obstacle l’empêche de grandir tout droit.  C’est ainsi que mon poids anormalement élevé pour mon âge fit que j’ai maintenant les deux jambes et un pied croche, ce qui m’a causé quelques problèmes en 2011, me faisant développer une fasciite plantaire alors que je m’entraînais pour le marathon.

6- Ton poids devient un obstacle social.
Vous êtes-vous déjà inscrits sur un site de rencontres, dans lequel ils demandent des détails tels la taille et le poids?  Écris ton poids réel, et tu te feras accuser d’avoir mis une fausse photo dans ton profil, ou du moins une vieille photo.

7- Ton poids devient un obstacle dans tes loisirs.
Adolescent, j’ai essayé le breakdance. Alors que les autres tournaient comme des toupies sur le dos, je n’ai jamais réussi à faire un tour complet.  Dans les glissades d’eau, à moins que la pente soit particulièrement à pic, mon poids m’immobilise dans la glissade, et je risque de prendre le glisseur suivant en pleine tronche.  J’ai essayé une fois la chute libre intérieure, dans un tube de verre avec un ventilo géant au plancher.  Avec ma maigreur, je n’accrochais pas dans le vent.  Avec mon poids, je n’ai pas dépassé 10 centimètres d’altitude.  On m’a remboursé, c’est déjà ça.

8- Ton poids devient un obstacle sportif.
Lorsque tu as des os à densité supérieure, tu peux oublier la moindre carrière athlétique.  Par exemple :

  • Les arts martiaux : On pourrait s’attendre à ce que mon poids me rende plus difficile à projeter en l’air, donc soit un avantage pour moi.  Hélas, il n’y a que dans les films et la bande dessinés que l’on voit des gens faire ça.  Dans la réalité, dans les tournois d’arts martiaux, le vainqueur est celui qui arrive à plaquer son adversaire au sol.  Dans de telles conditions, mon poids, loin de m’avantager, avantage plutôt mon adversaire, en l’aidant à me descendre.
  • La course :  Un surplus de poids sabote tous les genres de courses qui existent.  En sprint, ça me ralentit, et en marathon, ça bousille les genoux et les pieds.
  • La natation : Je sais nager et je me maintiens à la surface de l’eau, mais croyez-moi qu’il faut que je me donne à fond non-stop pour ne pas couler.  Je suis incapable de faire la planche.  Alors pour ce qui est de faire compétition…
  • La boxe : Surtout pas!  Savez-vous que les boxeurs sont classés selon leurs poids, et n’affrontent que des adversaires de leur propre catégorie?  En décembre dernier, à 215 lbs, Malgré un physique de catégorie moyen, j’entrais dans la catégorie poids lourd.  Et aux olympiades?  Je suis un super-lourd.  Vous savez quel autre boxeur entre dans cette catégorie? Mike Tyson.  Alors moi, boxeur? Je me ferais massacrer dès le premier jab. 

9- Ton poids devient un obstacle au boulot.
Bon, ça dépend du boulot.  Par exemple, j’ai des amies qui gagnent de 2000$ à 4000$ par mois, juste à tester des médicaments dans des laboratoires pharmaceutiques.  Premier problème : Tu dois avoir un poids santé.  Il y en a qui vont me dire « Ben là, quand le docteur va te rencontrer, il va bien voir que tu as un physique moyen normal. »  En théorie, oui, en effet.  Mais dans la réalité, l’inscription se fait en ligne.  Dès que tu inscrits ton poids, tu es automatiquement éliminé, et ce sans jamais avoir eu le loisir d’expliquer à qui que ce soit pourquoi ton poids fait de toi une exception.

Et même si je mentais sur mon poids à l’inscription, le médecin qui me rencontrerait par le suite constaterait mon vrai poids, serait obligé de l’inscrire dans mon dossier, et serait obligé de m’éliminer. Parce que je doute qu’il soit autorisé à mentir sur le poids des candidats.

10- Ton poids devient un obstacle à… Ta perte de poids.
En 2010, je faisais des exercices sur Wii Fit.  Voici de quoi j’avais l’air, et voici comment le jeu me représentait, en se basant sur ma grandeur et mon poids. (5’7″, 195 lbs / 173 cm, 88.5 Kg)

C’était toujours un peu déprimant, lors de la pesée au début de chaque séance, de voir mon Mii (le personnage dans l’écran) gonfler plus que je ne l’étais, et d’entendre ensuite le jeu me dire « You’re obese! »

En 2011, à force d’exercice, de régime et de travail physique intense, j’ai réussi le tour de force de descendre mon poids à 179 lbs / 81 kg.  J’étais maigre comme je ne l’avais pas été depuis mon adolescence.  Et comme à cette époque, je rentrais de nouveau dans des pantalons de taille 32.  Or, selon l’indice corporel de masse, un homme de mon âge et de ma grandeur devait peser entre 145 et 160 lbs J’avais les joues creuses, un cou de poulet, presque plus de gras sur le corps… Et on me demandait de perdre encore 19 lbs pour avoir « un poids santé »?  euh… Non!

Mais bon, il y a des avantages à tout.  Si un jour je retourne aux États Unis, j’essaierai de trouver une de ces foires foraines, dans lequel il y a un kiosque où on essaie de deviner ton poids, avant de te peser pour vérifier.  Plus ils se trompent, plus grand est le prix que tu te mérites.  Par conséquent, je devrais revenir avec une Cadillac.

Les vieilles habitudes ont la vie dure, surtout lorsqu’elles sont mauvaises.

Ce qui suit est au sujet de l’entrainement, mais peut aussi s’appliquer à différents aspects de la vie quotidienne dans lesquels certaines gens ont plus de succès que d’autres.

Ça a commencé ce matin, lorsque j’ai vu cette BD sur la page Facebook des fans de John Burk, un ex-soldat devenu entraîneur et motivateur.

Étant moi-même en entrainement de façon plus ou moins régulière depuis 2008, j’ai vu tout de suite quatre choses qui démolissent la crédibilité de cette BD.  

  1. Alors comme ça, l’entrainement physique donne un nez plus petit, des yeux plus sensuels, un corps plus grand, de plus gros seins et des cheveux plus longs?  Bullshit!  Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.
  2. Nutritionnistes et entraîneurs m’ont toujours dit qu’il faut manger dans l’heure qui suit le lever, et qu’il ne faut jamais s’entraîner avec un estomac vide.  La fille athlétique, que l’on voit courir ici à 5:30 du matin n’est pas apparue spontanément sur la piste de course.  Elle est levée depuis au moins une demi-heure, à 5:00.  Alors lorsqu’elle a pris son petit (dans tous les sens du terme) déjeuner à 8:00, ça signifie qu’elle a eu son premier repas trois heures après s’être levée.  Et elle s’est entraînée à fond pendant au moins deux de ces trois heures.  Or, affamer le corps tout en brûlant des calories, ça pousse le corps à se croire en période de famine, ce qui lui fait stocker sous forme de graisse tout ce qu’il avale par la suite.  Voilà pourquoi les lutteurs sumo s’entraînent à-jeun dès le lever, et ne mangent que cinq heures plus tard.  
  3. Mieux encore: Elle fait des redressements-assis?  Non seulement ça ne fait rien du tout pour améliorer la forme, c’est même néfaste.
  4. Cette BD tente de nous manipuler en remplissant ses images de symboles subtils dans le but de lancer des messages à notre subconscient.  

« En conclusion, » me suis-je dit, « cette BD manipulatrice qui nous prend pour des imbéciles est une pure merde qui se base sur des arguments fallacieux et illogiques afin de nous faire croire à des résultats irréalistes et mensongers. »

… Mais voilà, je suis bien placé pour savoir que oui, avoir la discipline de se lever tôt, bien manger et s’exercer, ça rend en forme et donne un physique agréable.  Alors peu importe ce que j’ai à dire contre cette BD, il reste qu’elle dit vrai.

Et c’est là que je me suis souvenu d’un truc, en tant que moi-même bédéiste.  Tout d’abord, dans les bandes dessinées, nous ne disposons que d’un espace limité.  Il faut donc y passer notre message de la façon la plus directe, afin qu’elle soit la plus efficace possible.  Voilà pourquoi il faut utiliser des symboles.  Ce qui symbolise le mieux l’exercice extérieur, que tout le monde peut faire, sans matériel d’entrainement?  La course à pieds.  Et ce qui symbolise le mieux l’exercice intérieur, que tout le monde peut faire, sans matériel d’entrainement?  L’exercice qui travaille au niveau du ventre, donc qui symbolise la minceur?  Les redressements-assis.  

Dans le même ordre d’idées, au sujet de la nutrition, le but était de comparer la qualité et la quantité de leurs déjeuners respectifs.  Ceci s’obtient par effet de symétrie, en les mettant l’un à la suite de l’autre.  C’est sûr que la BD aurait pu montrer l’athlète déjeuner à 5:00 tandis que l’épicurienne dort, et ensuite montrer l’épicurienne qui déjeune tandis que l’athlète s’entraîne encore.  Hélas, montrer leurs deux routines dans l’ordre chronologique aurait saboté l’effet comparatif recherché.

Quant à ma réflexion au sujet des points de l’apparence physique qui ne peuvent pas être embellis par l’entrainement, tels les gros seins (qui, au contraire, rapetissent à l’entrainement), le nez, les yeux les cheveux et la grandeur, j’avais juste oublié une leçon que j’ai moi-même donné dans un billet précédent: À partir du moment où tu as un corps athlétique, les gens te trouvent attrayant.  Le jeune Arnold Schwarzenegger des années 70, 80 et 90 en était le parfait exemple.  Même avec sa tronche de gorille, des millions de femmes le trouvaient beau, le croiriez vous?  

Mais ici, il ne s’agit pas de photos.  Ce sont des dessins.  Et comme je le dis plus haut, dans un dessin, pour éviter la surcharge graphique, il faut rester clair, donc passer une idée en quelques lignes.  Utiliser des symboles. Ainsi, la meilleure façon de démontrer la perception de beauté d’un corps en forme, c’était effectivement de donner à son visage des symboles de traits considérés comme étant attrayants.

Et même si cette BD est pleine de messages subtils qui nous donnent l’impression que le style de vie de l’athlète est de meilleurs qualité que l’épicurienne… N’est-ce pas un fait reconnu, que se lever tôt, bien manger et s’exercer donne un physique agréable ?  Alors pourquoi condamner une BD qui nous dit la vérité?  

La réponse à cette question est simple: Parce que lorsqu’une personne voudrait avoir un tel physique mais ne s’exerce pas, par manque de discipline, de volonté et de débrouillardise, ça lui remet ses propres travers en face.  Alors s’il est le moindrement orgueilleux, au lieu d’écouter le message, il va s’attaquer à la façon dont passe ce message, point par point, afin d’en démolir la crédibilité.  Bref, démontrer de façon théorique qu’il est impossible que ces gens puissent réussir, alors que leurs résultats concrets prouvent le contraire.

Et ça, c’est exactement la première chose que j’ai eu le réflexe de faire ce matin en lisant cette BD.  Réaliser ceci m’a fait comprendre quelque chose à mon propre sujet.  À part la fois ou je me suis improvisé un régime à base de privations en 2002-2003 (et dont les résultats n’ont pas tenus) je ne m’entraîne sérieusement que depuis les huit dernières années, soit depuis que j’ai trente-neuf ans.  Avant ça, moi aussi je méprisais les gens qui avaient un physique fort, attrayant et travaillé.  Je blâmais la génétique ou la nature, comme dans la dernière image de cette BD.  Ou alors je méprisais ceux qui faisaient l’effort s’entraîner, en les accusant instantanément de passer tout leur temps au gym, d’être obsédé par leurs corps, de n’avoir qu’un intellect de primate. En plus, j’adhérais à la pensée comme quoi tout gars musclé n’y arrive que par consommation de stéroïdes, avec les fâcheuses conséquences que l’on sait au sujet de la dysfonction érectile.  Exactement comme le fit jadis l’humoriste François Morency dans un de ses spectacles.

Je parlais d’Arnold tout à l’heure…  Il fut jadis l’homme au physique le plus développé de l’univers, et probablement de toute l’Histoire de l’humanité.  Il parle anglais et allemand.  En partant de rien, il est devenu un homme d’affaire prospère, devenant millionnaire avant même de commencer sa carrière cinématographique. Il a assez d’éducation pour gouverner l’état de Californie.  Seul le fait qu’il soit né en dehors des USA l’empêche d’accéder à la présidence.  Et maintenant, on connait sa forte libido qui lui a donné un fils hors-mariage.  Est-il idiot?  Non!  Est-il impuissant? Non! N’empêche que l’on se plaît à le penser.  Ça nous aide à se sentir moins inférieur.

Le problème ne réside pas dans le fait d’être devenu aujourd’hui ce que je méprisais hier.  C’est plutôt le fait que j’ai passé trente ans de ma vie, soit de mes neuf à trente-neuf ans, à mépriser les athlètes, les gens attrayant, et à prendre l’habitude de me trouver toutes sortes d’excuses afin de justifier le faible physique qui fut le mien avant ma quarantaine.  C’est le fait que je n’avais aucune raison pertinente de ressentir ce mépris.  J’étais juste lâche, ce qui m’a rendu envieux, ce qui m’a rendu jaloux, ce qui m’a rendu méprisant.  C’est la raison pourquoi, au lieu de mettre de l’effort pour m’élever au niveau des gens qui m’étaient supérieur, je trouvais plus facile de mettre de l’effort afin de les rabaisser plus bas que moi.  Et après trois décennies à me ranger du côté des losers frustrés, c’est devenu un réflexe acquis, qui se manifeste encore une fois de temps en temps.  

Et voilà pourquoi il est vrai de dire que les vieilles habitudes ont la vie dure, surtout lorsqu’elles sont mauvaises.   Huit ans de bonnes habitudes ne peuvent pas en faire disparaître trente de mauvaises.  C’est sûr que de faire un constat aussi négatif au sujet de ma personnalité profonde, ça me frappe dans mon orgueil.  N’empêche que c’est une bonne chose que j’ai pris conscience que cette mauvaise habitude était toujours en moi.  Ça va me permettre de me tenir sur mes gardes, et ainsi m’assurer de ne plus jamais y retomber.