Une allégation mensongère vaut bien une plainte officielle

Après sept mois à mon travail comme préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD, j’ai enfin eu droit à mon premier antagoniste. Julien, mi-trentaine, est infirmier auxiliaire. Comme moi, il fait partie d’une agence qui place des travailleurs de la santé là où il y a grand manque de personnel.

Bien qu’il soit à ce poste depuis seulement deux mois, j’ai pu rapidement voir quel genre de personne est Julien: Un pervers narcissique passif-agressif doublé d’un conflictuodépendant. Le genre à toujours chercher à prendre les autres en défauts, histoire de les rabaisser plus bas que lui.

Son narcissisme se voit jusque dans sa manière de s’habiller. Au travail, nous avons la chance d’avoir un réglement très souple en matière d’uniforme: On porte ce que l’on veut, pourvu que ça soit sobre. 95% de ceux qui travaillent à ce CHSLD choisissent de s’habiller en uniforme, de manière à montrer qu’ils sont des travailleurs du milieu de la santé. Et ça inclut les employés du ménage. Tandis que Julien choisit de s’habiller en T-shirts moulants, de manière à montrer qu’il a un beau corps d’athlète. Déjà là, dans l’image qu’il choisit de projeter autour de lui dans son milieu de travail, on voit où est sa priorité.

À quelques reprises, j’ai vu Julien s’adresser à des collègues préposés en leur posant des questions pièges, dans le but de mettre le doute au sujet de leur vitesse, leur intégrité, leur professionalisme ou leur honnêteté. Et en bon manipulateur irresponsable, jamais il ne va affirmer quoi que ce soit. Toujours, il va poser des questions embêtantes qui retournent tout contre son interlocuteur. Des questions du genre de : « Qu’est-ce qui te fait affirmer que tu es à l’heure dans ton travail? Qu’est-ce que tu perçois là-dedans comme étant un travail bien fait, selon le document officiel? Est-ce que tu as consulté ce document? Qu’est-ce qu’il disait? Pourquoi, selon toi, est-ce que la version que j’ai dans les mains en ce moment diffère de ce que tu viens de me dire? »

Vous voyez le genre de chiant.

Non seulement ai-je l’habitude de ce genre de personnes, j’ai appris avec les années comment leur tenir tête. Et c’est une bonne chose, car tel que je l’avais prévu, il a fini par me prendre pour cible.

Cette lettre que j’ai écrite à la direction du CHSLD est auto-explicative. J’ai seulement changé les noms.

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Samedi le 8 avril 2023

Bonjour.

Mon nom est Stéphane et je suis préposé à ce CHSLD depuis le 1er septembre 2022. Je vous écris cette lettre uniquement parce que je ne connais pas votre emploi du temps, afin de vous permettre de nous fixer une rencontre lorsque ça vous conviendra.

Je veux déposer formellement une plainte contre l’infirmier Julien pour atteinte à ma réputation, intimidation, et harcèlement moral, bien que nous n’en sommes qu’au début dans ce dernier cas.

J’ai pris une semaine afin de consulter des gens et à bien réfléchir afin de ne pas prendre cette décision à la légère.

Alors voici les incidents dont il est question.

Le soir du 1er ou du 2 avril 2023, je travaillais au 2e étage à l’est.  Il était environ 18h30.  Ma collègue Chantal était partie souper.  J’étais dans la chambre de Monsieur Gilles que je venais tout juste de terminer de changer et de coucher.

Alors que je m’apprêtais à sortir de la chambre, l’infirmier Julien est venu m’y rejoindre.  Il m’a demandé si j’étais à l’heure dans mon travail, avec les résidents dont je devais m’occuper.

Par observation autant que par expérience, j’ai pu constater à de nombreuses reprises par le passé que Julien cherche toujours à prendre les préposés en défaut, et qu’il le fait avec des questions pièges de ce genre-là.  Voyant clair dans son jeu, je lui ai calmement répondu que le simple fait qu’il me pose cette question, ça signifie que lui, croit que je suis en retard.

Il me répond qu’en effet, depuis le temps que je travaille ici, il est inacceptable que je prenne autant de temps à faire mon travail.  Voilà une accusation qui me surprend car lorsque je travaille de soir, le dernier résident est toujours couché entre 21h30 et 22h, ce qui est dans les temps. 

Il me demande ensuite quelles sont les personnes que je dois faire après monsieur Gilles.  Je lui réponds que j’en ai écrit la liste avec Chantal avant qu’elle parte souper, que cette liste est sur le comptoir de la cuisine, et que nous pouvons aller la consulter ensemble s’il le veut.  Plutôt que de suivre ma suggestion, il me demande si j’ai pris connaissance des nombreuses plaintes qu’il y a eu à mon sujet, en rapport à la qualité de mon travail de soir la veille.

En désignant monsieur Gilles derrière moi, je lui ai répondu, toujours aussi calme : « Ah bon?  Comme tu peux voir, monsieur est changé, il est couché, abrié, le lit est baissé, le bon nombre de ridelles sont montés, il a sa clochette d’alarme à portée de la main, les lumières sont fermées, la télé est éteinte. Et s’il y avait eu un détecteur de mouvement, je l’aurais allumé.  Alors qu’est-ce que tu perçois comme étant de la mauvaise qualité au travail ? »

Pour toute réponse, il lève la main vers moi en faisant signe de STOP et dit : « Je ressens beaucoup d’agressivité dans tes paroles. Je me vois obligé de te laisser le temps de te calmer, et on pourra poursuivre la discussion plus tard. »

J’étais abasourdi par cette accusation.  En 54 ans d’existence, je vous assure que c’est la première fois de ma vie que l’on m’accuse d’être une personne agressive.

J’insiste tout de même afin qu’il réponde à ma question.  Il me dit alors que l’on aurait observé des chaises bassines dont les roues n’étaient pas sous frein, et des résidents couchés sans jaquettes.  Je me souviens qu’en effet, la veille, au 2e étage, Madame Juliette avait elle-même enlevé sa jaquette au lit.  Mais sinon, à part ceux qui ont leurs propres pyjamas, les seuls résidents qui dorment sans jaquette le font par habitude et à leur propre demande.  Comme monsieur Albert, par exemple.   Quant aux chaises bassines sans frein dans les chambres, il est impossible que j’en sois la cause.  Par préférence personnelle, je les ai toujours déplacées en les soulevant parce que c’est plus rapide que d’enlever et remettre les freins aux quatre roues. Cette accusation de sa part est donc totalement fantaisiste.

Mon premier réflexe fut de lui faire cette précision.  Mais ne voulant pas passer pour un agressif, je suis resté silencieux.

Au retour de Chantal je vais souper. À mon retour de souper, Virginie, l’infirmière auxiliaire, me passe le message comme quoi l’infirmier Julien veut que j’aille coucher Madame Françoise. Or, cette dame, c’est l’équipe du Centre qui s’en occupe, alors que moi je suis à l’Est.  Je me renseigne auprès de Chantal qui me confirme qu’en effet, elle appartient à l’équipe du Centre.

Je vais voir Julien pour le lui dire. Il insiste comme quoi c’est à moi de faire Madame Françoise, et qu’il serait bon que je consulte le plan de travail afin que je sache bien comment faire le mien, depuis le temps que je travaille là.

Ses commentaires sont aussi rabaissants que mensongers.  Mais ne voulant pas passer encore une fois pour un agressif, je ne m’obstine pas et me dirige vers la chambre de Madame Françoise. Une fois arrivé, je vois que Rachid et Tonio, mes deux collègues de la section du Centre, y sont déjà.  Ils me confirment que ce sont bien eux qui doivent s’en occuper.

Je leur ai demandé de venir avec moi confirmer la chose auprès de Julien, ce qu’ils ont fait.  … Ce qui permet maintenant à Julien de dire que je me suis mis en gang contre lui.

Je considère que je suis une personne qui a l’esprit ouvert, en plus d’être un solutionnaire.  J’ai toujours écouté les critiques et les commentaires puisque ça me permet de m’améliorer, autant dans mon comportement que dans la qualité de mon travail.  Aussi, au lieu de rejeter les accusations de l’infirmier Julien, je me suis dit que c’était peut-être vrai, que j’ai un comportement agressif sans m’en rendre compte.  Peut-être que personne n’avait osé me le dire avant lui ?  Aussi, dès le lendemain et pour les jours qui ont suivi, je suis allé consulter, un par un, huit de mes collègues de travail.  Je leur ai demandé si je suis une personne agressive.  Ou bien si mes réponses démontrent de l’agressivité lorsqu’on me corrige dans mon travail.  En sept mois à travailler ici, si tel est le cas, ils ont bien dû le remarquer.

Ces gens sont l’infirmière Barbara, ainsi que les préposés Andréane, Brigitte, Bertrand, Raoul, Annie, Pascale, et Marie-Lise.  Ils étaient tous surpris de cette accusation. Ils m’ont au contraire rassuré que j’étais calme, doux, harmonieux, que l’on ne m’a jamais entendu protester, et que je faisais bien mon travail à partir du moment où on me disait quoi faire. 

Cependant trois d’entre eux m’ont fait réaliser quelque chose.  Lorsque Julien a vu que je ne tombais pas dans le piège de ses abus, il m’a fait miroiter un abus encore pire, en m’accusant d’être une personne agressive.

Ne pas oser protester face à ses abus (mensonges sur mon travail) sous la menace d’être victime d’un encore plus grand abus (atteinte à ma réputation), il y a un terme pour ça : intimidation. Ce qui est illégal.

Et puisqu’il me donne déjà la réputation d’être agressif : Atteinte à la réputation.  Ce qui est illégal.

Enfin son insistance à me chercher des problèmes, quitte à les inventer et à les créer lui-même, et ce à répétition, comme il l’a fait le soir du 1er ou du 2 avril, c’est du harcèlement moral au travail.  Ce qui est illégal.  D’accord, ce n’est qu’à ses débuts.  J’ai eu la chance de ne pas avoir à travailler avec lui depuis ce soir-là, alors ça ne s’est pas reproduit. N’empêche que ça vient de commencer.  Et que je crains que ça se reproduise.  Et craindre quelqu’un, c’est subir de l’intimidation.  Ce qui est illégal.

Je vous assure que ce n’est pas une question d’orgueil blessé de ma part.  Si j’ai commencé par interroger l’infirmière Barbara, c’est parce qu’elle est non seulement directe, elle est brusque. À plusieurs reprises à mes débuts, elle me disait quoi faire en me reprochant de tourner en rond.  Cependant, vous ne me verrez jamais porter plainte contre elle.  Car contrairement à Julien, lorsqu’elle a quelque chose à dire contre moi, c’est la vérité.  Elle me le dit directement au lieu de me poser des questions pièges.  Elle n’essaye pas de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Elle ne me fait pas de menace. Elle est sévère mais honnête. C’est quelque chose que j’apprécie chez les gens, puisque ça me permet de m’améliorer. Chose qui n’est pas le cas avec le comportement de Julien envers moi.

Croyez-moi que je suis désolé d’en arriver là.  Mais les abus de Julien, tels que décrits ici, n’ont pas leur place dans ce milieu de travail.

Je suis disponible pour vous rencontrer lorsque cela vous conviendra, afin de pouvoir déposer ma plainte comme il se doit.
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Et j’ai signé. Et j’ai mis le tout dans une enveloppe. Que je suis allé déposer au bureau des ressources humaines. Les conséquences n’ont pas tardé. Le jour suivant, la directrice me dit qu’elle a pris compte de ma lettre et que ma plainte allait être traitée comme il se doit.

Comment tenir tête efficacement à un pervers narcissique en milieu de travail?
Il s’agit de faire comme dans ma lettre. À partir du moment où il commence, il faut lui montrer immédiatement que l’on voit clair dans son jeu. C’est ce que j’ai fait en lui disant « Le simple fait que tu me poses cette question, ça signifie que TOI, tu crois que je suis en retard. » Ceci le désempare car ça détruit immédiatement le plan qu’il s’était monté en tête contre moi.

Ensuite, pour lui enlever le contrôle de la situation, il ne faut ne pas répondre à ses questions. On lui donne plutôt des réponses différentes de ce qu’il cherche à nous faire dire. Comme j’ai fait lorsqu’il m’a demandé de qui est-ce que je devais m’occuper par la suite. Si je lui avais récité ma liste de noms, ça lui aurait donné l’opportunité de m’obstiner sur les gens à faire, ou sur l’ordre dans lequel je devais les faire. En lui répondant plutôt que Chantal m’avait établi une liste, et que cette liste était dans une autre pièce, je lui ai enlevé toute opportunité de me prendre en défaut. La preuve que sa question n’avait pas d’autre but que ça, c’est qu’il a décliné mon invitation d’aller la consulter ensemble.

Enfin, pour déstabiliser complètement le narcisse, on conclut en lui servant une preuve de sa bullshit. Ce que j’ai fait en lui démontrant que je fais bien toutes les étapes de mon travail. Et pour le piquer encore plus, je lui renvoie sa propre tournure de phrase embêtante qu’il aime tant utiliser, soit « Qu’est ce que TOI tu perçois comme étant…? » Pour quelqu’un qui ne veut prendre aucune responsabilité pour ses accusations bidon, être obligé de donner son opinion le place dans une inconfortable position.

Rendu là, le narcisse cherchera aussitôt à faire cesser la situation. Ce qu’il a fait, en me lançant son accusation farfelue d’agressivité. Or, cette pratique a un nom officiel : Gaslighting, une technique qui consiste à déformer la réalité en affirmant mensongèrement à son interlocuteur que ce dernier a eu des comportements répréhensibles. Le gaslighting est reconnu comme étant une tactique très prisée chez le pervers narcissique. En général, il l’utilise dans le but d’invalider la défense de son interlocuteur. Mais ici, c’était surtout dans le but de me faire taire, puisqu’il ne pouvait plus endurer de se faire remettre ses propres travers en face.

Puis, il tentera de fuir cette situation qui a échappé à son contrôle. Chose qu’il a exprimé en disant qu’il reviendra quand je serai calmé. C’est le bon moment de l’en empêcher, en lui rappelant que s’il est venu me voir, c’est parce qu’il avait quelque chose à me dire, alors qu’il le fasse. Trop orgueilleux pour accepter d’être ainsi pris en défaut, mais désemparé et pressé de mettre fin à cette conversation qui le dérange, il dira probablement n’importe quoi avant de se replier. Exactement ce qu’il a fait, avec ses accusations de chaises aux roues non-verrouillées et de jaquettes non-mises.

À partir de ce point, la meilleure stratégie, c’est de (re)devenir passif et le laisser partir digérer cette humiliation. Pour le pervers narcissique, lui exposer que l’on voit clairement que son comportement est aussi prévisible que bidon, il n’y a pas de pire affront pour son orgueil. Il sera envahi par une impulsion incontrôlable de riposter, de se venger. Mais puisque son jugement est obscurci par sa frustration, il commettra des erreurs grossières lorsqu’il appliquera ses abus. Comme ici, alors qu’il me rajoute la tâche de m’occuper de Mme Françoise, sans avoir songé une seule seconde que tous mes autres collègues de l’étage sauraient que c’était Tonio et Rachid qui lui étaient assignés. Et que, par conséquent, ils me feraient d’excellents témoins contre lui.

Rendu à ce point, il serait tentant de continuer de lui mettre de la pression par des commentaires cinglants. Par exemple en lui retournant ses arguments favoris, comme quoi, avant de m’assigner des gens que je n’ai pas à faire, il devrait consulter le plan de travail. En ajoutant que depuis le temps qu’il est à cet emploi, il est supposé connaître son travail, en sachant quel résident est assigné à quel préposé. Or, aussi tentant que ça puisse être, il faut s’en abstenir car ça serait une erreur stratégique. Et voici pourquoi :

Ce qu’il y a de plus risible chez un pervers narcissique, c’est que dès qu’il voit que tu ne le laisse pas faire de toi la victime de ses abus, alors il inverse aussitôt la situation, en déclarant aux autres dans ton dos que c’est lui qui est la victime de tes abus. Aussi, la dernière chose à faire, c’est de lui donner de vraies raisons de se plaindre de toi. En restant passif contre lui, il sera donc obligé de mentir, d’inventer, d’exagérer et de déformer les faits, juste pour avoir quelque chose à te reprocher. Bref, de tenter de gaslighter les autres à ton sujet. Comme ici, lorsqu’il se plaint que je suis agressif et que je me ramasse des gens pour me mettre en gang pour l’intimider.

Or, en agissant ainsi, il m’a m’a donné lui-même les munitions requises pour le descendre, car il m’a permis de l’accuser avec pertinence d’atteinte à la réputation, d’intimidation et de harcèlement moral au travail. Toutes des choses qu’il n’aurait pas faites si je l’avais laissé me rabaisser avec ses questions pièges plutôt que de lui tenir tête dès le départ.

À ce point-ci, on peut quasiment dire que je l’ai influencé, voire même manipulé, à agir envers moi de manière à me donner des raisons pertinentes de déposer ces trois chefs d’accusations graves contre lui à la direction. Possible! Mais il ne faut juste pas oublier que s’il n’était pas un pervers narcissique, alors il n’agirait pas ainsi, peu importe la provoquation. Il ne fait donc que récolter les conséquences bien mérités de ses gestes inacceptables.

Ah, et la raison pour laquelle j’ai déposé plainte par lettre plutôt qu’en prenant rendez-vous pour le faire en personne et de vive voix, c’est parce que les paroles s’envolent mais les écrits restent. En personne, j’en aurais oublié en le racontant. Et la direction en aurait oublié après m’avoir écouté. Et s’ils avaient pris des notes pour mettre à son dossier, celles-ci auraient été bien minces. Tandis que là, il s’agit d’un document clair et exhaustif, déjà imprimé, qu’ils ont simplement mis à son dossier. La Direction apprécie toujours qu’on leur facilite la tâche.

Le plus grand paradoxe du pervers narcissique, c’est qu’autant il a besoin d’un public à qui divulguer vos défauts, autant il a profondément peur que ses propres défauts soient révélés à ce même public. Ce qui signifie, second paradoxe, que plus il intimide sa victime, plus il la craint. Et c’est normal. Personne ne connait mieux le comportement abusif du pervers narcissique que sa victime. Et ceci la rend dangereuse pour lui. Car comme je le répète sans cesse: Le plus grand complice de ton agresseur, c’est ton propre silence. Et face à un tel comportement, je ne suis pas homme à garder le silence.

J’aurais donné gros pour voir sur son visage le choc que ça a dû lui faire, d’apprendre par la Direction que non seulement avais-je porté plainte contre lui, j’ai passé une semaine complète à en discuter avec huit de nos collègues. Et que aucun d’entre eux ne sont d’accord avec l’image qu’il colporte de moi. Ce qui signifie qu’au moment de cette rencontre, il devait bien se douter que les ragots ont eu le temps de faire leur chemin, donc que la majorité du personnel et de l’administration étaient fort probablement au courant de ses agissements. Et il ne peut même pas retourner la situation contre moi en m’accusant d’atteinte à sa réputation, puisqu’il y a eu des témoins pouvant corroborer le trois quart de ce que j’ai dénoncé. Sans oublier les autres préposés qui ont été sa cible, avant que ce soit à mon tour.

Pour l’instant, le CHSLD le garde car il y a grand manque de personnel. Mais puisqu’il est un employé d’une agence, et non un employé du CHSLD, il n’est pas membre du syndicat, et n’a donc personne pour le protéger. Il sait très bien qu’à la prochaine plainte qu’il y aura à son sujet, fut-elle de moi ou d’un autre, il sera renvoyé sans autre forme de procès.

Depuis ce jour, lorsque l’on se croise, il ne me parle pas et il ne me regarde pas. Et s’il arrive que nous sommes dans la même pièce en présence d’autres personnes et qu’il a à prendre la parole, son ton de voix est beaucoup plus doux qu’à son habitude.

S’il a passé de loup à agneau, c’est parce que j’ai su lui démontrer, et ce dès les premiers instants où il a tenté de m’imposer ses abus, que ce comportement ne passait pas avec moi.

C’était son choix de devenir mon agresseur. Mais c’était mon choix de ne pas devenir sa victime.

Les ruptures qui réglèrent tous mes problèmes, 3 de 3. Mes 10 principes pour prolonger ma réussite

Dans le premier billet de cette trilogie, je raconte que lors de ma relation de deux ans avec Mégane, mon côté carrière a essuyé de nombreux échecs.  J’ai été renvoyé abusivement de mon premier boulot de préposé aux bénéficiaires qui me rapportait le double du salaire minimum.  Mon employeur suivant a cessé ses activités.  S’en suivit un an de chômage dans lequel j’ai écrit un livre révélant des facettes encore jamais étudiées sur le règne de Maurice Duplessis, mais aucun éditeur n’en veut.  Et que ma seule perspective d’avenir était de finir dans un abattoir de dindons pour quelques dollars de plus qu’au chômage.  Mais puisque Mégane a mis fin à notre relation, je me suis inscrit sur Facebook Rencontres, où j’ai été recruté pour redevenir préposé aux bénéficiaires, cette fois dans les régions maritimes, au triple du salaire minimum.

Dans le second billet, j’explique que contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre, les amis, le couple et la famille sont parfois les obstacles qui t’empêchent d’évoluer et de récolter les fruits de tes efforts.  Ce billet est surtout consacré à mes parents que j’ai eu à renier, après avoir découvert qu’ils ont passés ma vie entière à saboter mes relations et mes carrières, dans le but de me garder éternellement dépendant d’eux.

Et dans le 3e billet que vous lisez en ce moment, maintenant que je suis libre, mobile, compétent à mon boulot et prospère, je peux enfin repartir ma vie à zéro sans personne pour me la saboter.

… Personne d’autre que moi-même, en fait. 

Car en effet, sans plus avoir de parents ni qui que ce soit d’autre de mon ancienne vie pour me remettre à ma place, le seul qui puisse encore me saboter, c’est moi.  Aussi, pour éviter que ça arrive, j’ai décidé de suivre dix principes simples qui m’évitent de commettre les erreurs classiques qui pourraient saboter cette nouvelle vie que je me construis.

PRINCIPE 1 : Reconnaitre qu’aucune situation n’est garantie à long terme.
Traduction : Tout va bien maintenant parce que j’ai un bon travail qui me rapporte gros.  Mais mes deux derniers boulots d’il a deux ans étaient aussi de bons emplois qui me rapportaient gros, et qui devaient me permettre de commencer enfin à vivre la vie normale d’un adulte normal.  Hé, c’est également ce que je disais il y a quatre ans au sujet de mon emploi à La Firme de Sherbrooke, et deux ans plus tard, je devenais itinérant.  Fa que tsé!

Et c’est la raison pour laquelle je dois suivre scrupuleusement le…

PRINCIPE 2 : Dire non à la gratification instantanée.
La gratification instantanée, c’est s’offrir une récompense immédiate.  Généralement en se lançant dans de grandes dépenses dès que l’on obtient un boulot payant, et ce avant même d’avoir reçu son premier chèque de paie.  Par exemple, à l’été de 2020, alors que l’on commençait notre stage au CHSLD à $26 de l’heure, je ne peux plus compter le nombre de fois où mes camarades de classe tout comme mes nouveaux collègues, incluant Mégane, me mettaient de la pression pour que je me paie une auto neuve, un condo, des meubles. Ils disaient tous qu’au salaire que l’on fait, je pouvais bien me le permettre. 

J’avais beau leur expliquer que j’avais des dettes, sous la forme de ma marge de crédit à la banque, et de carte de crédit, ils n’en démordaient pas.  J’avais droit à des arguments sophistes comme quoi il est normal, lorsque l’on est adulte, d’avoir des dettes.  J’ai refusé de les écouter.  Leur obstination à insister (ou, de leur point de vue, mon obstination à ne pas les écouter) m’a mis en froid avec certains d’entre eux.

Mais voilà, ceux qui jugent et conseillent ne sont pas ceux qui paient.  J’aurais eu l’air fin, tiens, avec des paiements de char de l’année et de condo sur le dos après avoir perdu deux boulots, en me retrouvant au chômage pour un an, et en allant travailler à l’abattoir.  J’aurais eu à casser mes contrats d’achats, ce qui m’aurait donné un mauvais dossier de crédit pendant sept ans.  Et jamais je n’aurais récupéré mon argent de départ en les revendant.  J’aurais décuplé ma dette initiale sans jamais avoir eu les moyens de la rembourser.

D’accord, pour avoir mon emploi actuel, il a fallu que je me procure un véhicule usagé.  Mais là c’est différent, puisqu’il m’est nécessaire pour mon travail, au point où son essence m’est remboursée.  Ce qui se prend bien en cette époque du autour-du-$2-le-litre.

Mais comme je dis plus tôt, j’ai des dettes, voilà pourquoi, en matière de dépenses, ma priorité est le…

PRINCIPE 3 : Payer mes dettes avant tout.
Mes dettes, c’est ma carte Visa, et la marge de crédit que m’a offert la banque. Ces dettes ne sont pas constituées de dépenses folles, mais bien de nécessités subvenues lorsque mon revenu était insuffisant ou inexistant. J’ai également un prêt auto comme la majorité des propriétaires de véhicules, mais ça c’est moins urgent.

En ce moment, je vis dans un 1½ qui m’est fourni gratuitement.  Et franchement je n’ai pas besoin de plus grand.  La seule dépense non-nécessaire que je me suis permise est le gym local. Mais à part ça, vivre en spartiate me permet de ne garder dans mon compte de banque que l’argent destiné à l’auto et à mon 3½ à Saint-Jean-Baptiste.  Le reste va directement sur ma Visa, qui est prioritaire avec son 19.9% d’intérêts.  Au rythme où je la rembourse, encore deux paies et je l’aurai enfin remise à zéro.  Je m’attaquerai ensuite à ma marge de crédit de la banque.  Et ensuite, ce sera l’auto. 

On parle ici d’au moins un an à travailler sans pouvoir disposer librement de mon salaire.  Mais ceci importe peu pour moi.  Car je crois que vraiment riche est l’homme qui n’a pas de dettes. Et si je ne veux pas avoir de dettes, je dois particulièrement respecter le…

PRINCIPE 4 : Ne pas écouter les conseils des ignorants.
La seule et unique personne qui connait à fond ma situation, c’est moi-même et personne d’autre.  Par conséquent, ceux qui me conseillent au sujet de quoi faire de mon argent et de ma vie sont forcément ignorants.  Écouteriez-vous les conseils d’un ignorant?  Moi non plus!

Parmi les conseils que j’ai reçus, il y a ceux qui ne comprennent pas pourquoi je ne déménage pas dans ma nouvelle ville.  Mes raisons sont nombreuses.  La première est que j’ai toujours mon bail, je ne peux pas le casser comme ça.  Ensuite, avec mes possessions, il me faut au moins un 3½.  De nos jours, ça va chercher dans les $1 100 – $1 500.  Mon 3½ à Saint-Jean-Baptiste ne me coûte que $500.  Puis, il y a le coût et le temps requis pour déménager.  On parle de 767 km de distance, ce qui prend 8-9h à parcourir en auto.  En camion de déménagement, si on compte le temps pour le charger d’abord, et le décharger après, j’en ai pour deux jours.  La location, l’essence, le tarif kilométrique, le motel, les restos… Je dois m’attendre à payer entre $1 000 et $1 200 en tout.  Le double, voire le triple, si je loue les services de déménageurs au lieu de tout faire moi-même.

Ensuite, je perdrais ma prime d’éloignement et d’essence.  Ajouté au coût du nouveau loyer, on parle d’une perte de $2 000 par mois sur mon budget. Ou $24 000 par année. Une dépense aussi exorbitante que complètement inutile.  Surtout quand on pense que cet argent, mis sur mon auto, le rembourserait en entier en moins d’un an. 

Enfin, oui, en ce moment, je suis à Carleton-sur-mer.  Mais à la fin de mon contrat, on pourrait très bien m’envoyer aux Îles-de-la-Madeleine, Gaspé, Percé, Paspébiac, ou même à la Baie James.  J’aurai l’air fin, avec mon 3½ à Carleton. Est-ce qu’il va falloir que je déménage de nouveau?  Est-ce qu’il y aura seulement un 3½ de libre? 

Pourquoi me mettre de telles complications sur le dos, alors que mon agence se charge de me loger gratis?

Je le répète : ceux qui jugent et conseillent ne sont pas ceux qui paient.  J’ai pris ce travail pour payer mes dettes, pas pour les alourdir. Alors n’en déplaise à ceux qui s’obstinent à ne pas vouloir comprendre, je vais continuer de garder mon 3½ à $500 et mon adresse officielle à Saint-Jean-Baptiste, merci, bonsoir.

PRINCIPE 5 : Être en couple même si je suis célibataire.
J’ai eu assez de boulots dans ma vie pour avoir appris à la dure qu’il n’y a rien de pire que d’être célibataire en milieu de travail.  Oui, même si on est un homme.  Cliquez sur ce lien, ça va ouvrir dans un nouvel onglet un de mes vieux billets intitulé Les 12 risques d’avoir une relation en milieu de travail.  Intrigues.  Jalousies.  Médisance.  Étalage de vie privée.  Et la principale : si la relation ne dure pas, on se retrouve à devoir côtoyer notre ex cinq jours par semaine, ce qui n’est jamais bonne chose.

Vous me direz que si une collègue du CHSLD m’approche et tente sa chance, je n’ai qu’à lui expliquer les raisons pourquoi je décline ses avances?  Ha! Ha!  Pauvres naïfs.  Vous croyez qu’elle va bien le prendre?  On a beau dire que cette situation est moins pire pour les hommes que pour les femmes, j’ai appris à la dure qu’il y a du vrai dans le dicton qui affirme que l’enfer n’a point de furie qui égale celle d’une femme repoussée. D’accord, peut-être ne réagira t-elle pas de manière négative. Mais pourquoi prendre ce risque?

Quant à expliquer que je suis demisexuel, soyons francs, ça ne me tente pas que mon orientation sexuelle soit discutée dans mon milieu de travail. Et encore moins mise en doute par des ignorants qui ne se donneront pas la peine de faire des recherches, ne serait-ce que pour apprendre que oui, ça existe.

Et le harcèlement sexuel au féminin en milieu de travail, vous connaissez? Oui, ça aussi ça existe! Je l’ai vécu. Alors imaginez quand elle va en plus raconter ça à nos collègues, en inversant les rôles. En cette époque de #MeToo #OnVousCroit #DénonceTonPorc, il n’en faudrait pas plus pour détruire ma carrière présente et future. Là encore, ce genre de truc, je ne l’ai toujours vécu que lorsque l’on me savait célibataire.

Aussi, d’expérience, j’ai constaté qu’une conjointe rencontrée au travail sera étrangement portée à laver notre linge sale publiquement à ce même travail. Je l’ai vécu à chaque fois que j’en ai eu une. Et dans l’un des cas, il a même fallu que je démissionne, tellement elle avait injustement dégueulassé ma réputation.

Voilà pourquoi au travail je dis que je suis en couple, même lorsque je suis célibataire.  C’est le seul moyen pour s’éviter tout ce cirque.  Comme ça, mon milieu de travail reste harmonieux, l’atmosphère reste positive, et c’est la tête libre de ces soucis inutiles que je vais travailler, à cet endroit dans lequel j’aime travailler. Et je ne veux pas que ça change.

Cependant, il ne faut pas croire que je tiens à passer le reste de mes jours sans amour. Voilà pourquoi j’ai le…

PRINCIPE 6 : Si je me prend vraiment une copine, choisir une femme de carrière et occupée.
Deux raisons. D’abord, parce que si elle est occupée, elle ne va pas passer son temps à chialer comme quoi je la néglige parce que je travaille trop. Et ensuite, si elle gagne bien sa vie, elle connait la valeur de l’argent et du temps requis pour le gagner. En plus que je n’aurai pas à payer pour deux.

PRINCIPE 7 : Garder certains secrets par prévention du sabotage.
Il y a quelques années, lorsque je me suis trouvé un emploi de surintendant dans une tour à condos de luxe, j’ai parlé de la chose de long en large dans ce billet de blog, incluant photos de la place. Une semaine plus tard, mes patrons recevaient une lettre anonyme qui racontait les pires choses à mon sujet. Lettre évidemment envoyée par un ennemi qui prenait mal que mes efforts pour me sortir de la merde portaient fruit. Mais voilà, cette lettre n’a eu aucun effet négatif. D’abord parce que la personne décrite dans cette missive ne me ressemblait en rien. Ensuite parce que la majorité de mes soi-disant défauts n’avaient aucun rapport avec mon travail. Et enfin, parce qu’en travaillant avec moi, mes patrons savaient ce que j’étais et ce que je valais. Ils m’ont donc juste remis la lettre en riant, en me disant que mon succès ne semblait pas plaire à tout le monde.

Ici, vous constaterez qu’en effet, je ne dis pas explicitement où je travaille. Je pourrais le faire. D’abord, parce que là encore, mes employeurs savent ce que je vaut, et c’est la raison pourquoi on m’offre autant de temps supplémentaire. Et ensuite, admettons que je perde cet emploi. Et alors? Mon employeur véritable, ce n’est pas le CHSLD. C’est l’agence de placement. Si mon CHSLD actuel décide de se passer de mes services, mon agence va immédiatement me relocaliser dans un autre CHSLD, et je serai relogé tout près gratuitement. Ça me fera juste voyager et découvrir de nouveaux horizons, chose que je ferai peut-être de toute façon à la fin de mon contrat actuel. Alors pour ce que ça va changer.

PRINCIPE 8 : Éviter toute vie sociale.
Parce que dans mon cas particulier, la vie sociale peut avoir un côté négatif, et un côté positif qui aura des conséquences négatives.

Du côté positif, admettons que je me fasse une vraie bonne bande de copains avec qui il fait bon socialiser. Ça va entrer en conflit avec mes plans de carrière et financiers. Ça implique travailler moins d’heures supplémentaires afin de pouvoir les fréquenter. Et ça me laisse le choix entre demeurer ici afin de ne pas briser notre amitié, ou continuer de voyager et vivre le désagrément de les quitter. Bref, ça ferait d’eux un entourage qui fait obstacle à mon évolution, du même genre de ceux dont je parle dans les deux précédents billets.

Quant au côté négatif, la vie sociale implique des sorties. Et qui dit sortie dit restos, alcool, essence, ce qui n’est pas gratuit, ce qui interfère sur mon plan de remboursement de dettes.

Et avoir des amis, c’est s’exposer encore une autre fois aux jugements et à la pression sociale de « profiter de mon argent si durement gagné », et de « m’acheter un char de l’année pis un condo à c’t’heure que je peux me le permettre », et surtout de « déménager icite puisque je paye un appartement pour rien à Saint-Jean-Baptiste. » Je déteste devoir me répéter presque autant que j’ai en horreur l’obligation de me justifier.

Et justement, l’une des manière d’éviter de devoir faire ça, c’est de suivre le…

PRINCIPE 9 : Ne jamais parler de mon passé de dessinateur et d’auteur d’humour à qui que ce soit.
Lisez cette conversation, que j’ai eue avec une correspondante de Facebook rencontres le 21 septembre dernier. J’ai eu le malheur de lui envoyer une de mes œuvres, histoire de l’amuser. Et voyez le résultat:

Son insistance commençait à devenir lourde.

Et voici une autre conversation avec une autre femme de FB Rencontres, survenue un mois plus tôt.

Et en effet, cette détestable conversation, je l’ai déjà eue des dizaines de fois. Bizarrement, c’était toujours lorsque j’étais au début d’une bonne carrière avec un bon salaire. Dès que je montre ce que je sais faire en texte et en dessin, c’est immanquable, on insiste pour me faire lâcher ma bonne carrière sérieuse naissante, afin de me faire replonger dans celle qui m’a laissé sous le seuil de la pauvreté pendant les trente-cinq ans où je l’ai exercée.

Donc, leçon apprise: À mon nouveau travail, personne ne saura jamais que je suis un wannabe-artiste juste assez bon pour amuser les gens, mais vraiment pas assez talentueux pour faire carrière dans le domaine. Il m’est déjà arrivé par le passé de perdre un emploi après 24h, parce que mon CV ne montrait qu’un passé artistique. C’était un PKF, justement. En me renvoyant, la patronne m’a dit:

« Tu as beaucoup trop de potentiel pour le perdre à travailler à un travail bas de gamme comme celui-ci. Je ne te rendrais pas service de te garder à mon emploi. »

Et m’empêcher de gagner ma vie, ça me rend service, d’après toi, pauvre tarte? En tout cas, faire valoir mes talents artistiques dans un milieu qui n’en demande aucun, voilà une erreur que je ne commettrai plus.

PRINCIPE 10 : Attendre de pied ferme le syndrome de l’imposteur.
Comme moi, beaucoup de gens ont passé leur vie entourés de gens qui les rabaissaient, histoire de les remettre à leur place. Aussi, même si comme moi ils se sont débarrassés de leurs agresseurs, il reste que leur travail de destruction a laissé des traces. Ces gens n’ont donc aucune confiance en eux ni en leurs capacités.

Dans ce temps-là, lorsque comme moi ils ont l’opportunité de briller dans la carrière qui leur convient le mieux, ce manque de confiance en soi font qu’ils finissent par ne pas se sentir à leur place. Inconsciemment, ils sentent qu’ils ne méritent pas de recevoir ce positif. Ils quittent alors volontairement ce travail. Ou alors ils sont portés à s’auto-saboter en y commettant des erreurs délibérées ou bien en faisant preuve de négligence.

Eh bien moi, il n’est pas question que ça m’arrive. Si je me suis débarrassé des saboteurs qui empoisonnaient mon existence, ce n’est certainement pas pour faire leur travail de destruction à leur place. Aussi, croyez-moi que je suis à l’affut du moindre signe dans mon comportement qui puisse démontrer que je commence à être atteint de ce syndrome. Ça ne risque donc pas d’arriver.

En suivant ces dix principes, non seulement je m’assure de garder mon emploi longtemps, j’aurai remboursé toutes mes dettes, incluant mon prêt automobile, avant qu’un an se soit écoulé. Je pourrai ensuite passer les dix années qui me restent avant l’âge de la retraite à m’en assurer une qui sera confortable.

Et franchement, avec la vie que j’ai vécue et tout ce que j’ai fait pour m’en sortir, je l’aurai bien mérité.

Quand l’autre fait de toi la Cassandre du couple (2 de 2)

AVERTISSEMENT HABITUEL: Ceci est une situation dans laquelle on peut aisément inverser les sexes. C’est juste que je parle par expérience personnelle, et qu’en tant qu’homme hétéro, je n’ai vécu ça qu’avec des femmes.

Dans la mythologie grecque, Cassandre avait un don et une malédiction: Elle pouvait prédire l’avenir, mais personne ne la croyait. Et à force de voir que ses prédictions négatives se réalisaient, le peuple en est venu à la détester au lieu d’en tirer des leçons et de l’écouter. Aussi, dans le billet précédent, je parle de femmes qui ont fait de moi la Cassandre du couple, en n’écoutant pas ce que je dis, et en me maudissant d’avoir tenté de prévenir les conséquences fâcheuses qui en ont découlé, conséquences contre lesquelles je les avais prévenu.

Ce qui me frustrait le plus, c’était de constater que ce comportement était aléatoire. Dans le sens que n’importe qui pouvait l’avoir, peu importe son âge, sa culture, sa personnalité, son statut social, son intelligence ou sa logique. Et le pire, c’est qu’il n’y a jamais moyen de voir si la personne est comme ça si nous ne sommes pas en couple avec. Si c’est le cas, alors ça prend de quelques semaines à quelques mois pour que ce comportement se manifeste. Et bien que le billet précédent ne parle que de trois femmes, il y en a eu beaucoup plus que ça qui m’ont fait vivre cette situation.

Ça m’a pris plusieurs années avant de constater que toutes ces femmes, pour la majorité, avaient en commun les douze points suivants.

1er POINT COMMUN: Moi.
Si, tout le long de ma vie, j’ai eu exactement le même problème avec plusieurs femmes qui ne se connaissaient pas, il est impossible que le problème vienne toujours d’elles. J’en suis parfaitement conscient. Et c’est la raison pour laquelle j’ai passé la seconde moitié de ma vie à faire de l’introspection. On peut le voir, entre autres, dans mon billet Autopsie du Loser.

Mon trait de personnalité le plus dominant est que je suis un solutionnaire. Comme tout le monde, j’ai de l’orgueil. Et comme tout orgueilleux, j’ai horreur que l’on me fasse des reproches. En tant que solutionnaire, je suis conscient que l’on ne peut pas régler un problème en le niant, en l’ignorant ou en le négligeant. Alors si je ne veux plus le subir, j’y ferai face immédiatement pour le régler. Voilà pourquoi, si on me dit que j’ai tel ou tel défaut, je traite la chose comme une information, plutôt que comme une attaque. Cette charte, tirée d’un billet que j’ai écrit il y a quatre ans, décrit mon processus :

Plutôt que de mettre de l’effort pour donner l’illusion que je suis une personne bien, je vais le mettre dans le but de le devenir vraiment. Dans mon comportement. Dans mon travail. Dans mon art. Et même au niveau physique. Et tout ceci fait de moi une personne réfléchie, logique, sociale, respectueuse de son prochain.

Alors qu’est-ce que j’ai, moi, pour attirer celles qui ont tendance à faire de moi la Cassandre du couple? Qu’est-ce que je fais pour provoquer cette situation? Où est-il, le défaut dans ma personnalité, que je puisse le régler?

Eh bien ironiquement, tout porte à croire qu’au contraire, le problème ne se situe pas dans mes défauts. Il se situe dans mes qualités. Ce sont celles-ci qui attirent ce genre de femmes en particulier. Regardez leur prochains points en commun et jugez-en par vous-mêmes.

2e POINT COMMUN: Je suis une grande amélioration sur son ex (ou sur sa relation en cours.)
Les premiers temps sont magiques. Elle et/ou ses amis et/ou des membres de sa famille, me disent tous, à répétition, à quel point ils sont heureux que je sois arrivé dans sa vie. Car, la pauvre, elle n’a pas eu de chance avec les hommes jusqu’à maintenant. Alcolos, violents, drogués, pervers narcissiques, BS, infidèles, négligents de leur personne et/ou dans le couple, abusifs mentalement et/ou physiquement. Comparé à ça, même un homme dans le coma ferait figure de sainteté. On me pose donc sur un piédestal de perfection dès le départ.

3e POINT COMMUN: Elle me répète souvent que je lui fais le plus grand bien au niveau de son estime de soi.
Chacune d’entre elle me raconte qu’elle provient d’un environnement dans lequel on l’a toujours sous-estimée et rabaissée. En famille et/ou en couple et/ou socialement et/ou au travail. On n’avait aucune tolérance pour elle. On lui trouvait tout un tas de défauts. On l’insultait. On lui répétait, ou du moins on lui donnait l’impression, qu’elle était ignorante, stupide, inutile, sans charmes ou carrément repoussante. Mais depuis qu’elle est avec moi, elle est au paradis. Je suis gentil, respectueux, compréhensif. Je n’ai que de bons mots pour elle. J’ai confiance en elle et en ses capacités. Avec moi, elle prend de la confiance, elle prend de l’estime de soi, elle se sens enfin épanouie. Et toujours, elle exprime n’avoir qu’un seul regret à notre sujet, et c’est de ne pas avoir eu la chance de me rencontrer avant.

Et c’est probablement la raison pour laquelle elle me propose…

4e POINT COMMUN: Des fiançailles rapides.
Lorsque l’on a la chance d’avoir dans notre vie une personne (que l’on croit) aussi extraordinaire, c’est normal de vouloir la garder. Et si on combine ça avec le complexe d’infériorité que notre entourage a fait naître en nous en nous critiquant et en nous rabaissant toute notre vie, il se peut très bien qu’au niveau du subconscient, on craint de ne pas avoir ce qu’il faut pour garder cette personne. Pour se rassurer, on ressent le besoin d’officialiser notre couple. Aussi, rendu au 3è ou 4è mois de relation, près de la moitié de ces femmes m’ont parlé de mariage, ou alors m’ont proposé un symbole éternel de notre union, tels des tatouages assortis.

J’ai toujours refusé le tatouage car je n’aime pas l’idée d’avoir une marque artificielle permanente sur mon corps. Mais il m’est arrivé de dire oui pour les fiançailles, si c’était une fille bien et que je l’aimais vraiment.

5e POINT COMMUN: Le besoin vital de se prouver utile.
Lorsqu’une personne nous fait sentir aussi bien, il est normal, et même très sain, d’avoir envie de lui en faire autant. Aussi, il lui arrive de vouloir me rendre de menus services que j’accepte volontiers: M’aider à diverses tâches, me faire certains cadeaux, me préparer un mets, me surprendre en nous organisant une activité de couple. Ayant moi-même trop souvent partagé ma vie avec des égoïstes qui prennent tout et ne donnent rien, j’accepte avec joie et reconnaissance.

Un jour, la chose qu’elle veut pour moi ne me convient pas. Ce n’est rien de personnel. Faire erreur par ignorance des faits malgré les meilleures intentions, ça arrive. C’est la réalité, et ce pour tout le monde. Malheureusement, c’est à partir de ce moment-là que notre relation prend un tournant négatif, alors que…

6e POINT COMMUN: Elle fait de moi la Cassandre du couple.
Tel que raconté dans le billet précédent:

  • Elle m’annonce vouloir faire un truc.
  • Je sais par expérience qu’il ne faut pas faire ce truc.
  • Je lui dis de ne pas faire ce truc.
  • Elle prend mes avertissements comme étant ma manière de lui dire que je crois qu’elle est irréfléchie et ne connait rien.
  • Je lui explique en détails logiques, avec preuves si j’en ai, pourquoi ce n’est vraiment pas une bonne idée de faire ce truc.
  • Elle m’accuse de la prendre pour une conne qui ne sait pas ce qu’elle fait, ce qui la rend encore plus déterminée à faire ce truc, pour me montrer que c’est elle qui a raison.
  • Elle fait ce truc.
  • Toutes les conséquences fâcheuses contre lesquelles je l’avais prévenue arrivent.
  • Elle se sent totalement humiliée, puisque nous avons tous les deux la preuve irréfutable qu’elle a eu tort d’insister pour faire ce truc.

7e POINT COMMUN: Elle n’est pourtant pas une capricieuse ni une idiote.
De la part d’une personne qui agit ainsi, on pourrait s’attendre à ce qu’elle ait un comportement similaire en tout. Par exemple qu’elle fasse des caprices lors du choix des activités en couple ou le choix des repas. Mais non! Dans tous les autres domaines, elle écoute, elle propose, elle discute, elle négocie, et elle accepte très bien le refus. Il n’y a qu’un seul sujet dans lequel elle est intraitable, et c’est lorsqu’elle veut faire quelque chose pour moi et/ou pour nous.

Quand son idée est bonne, j’accepte et tout se passe bien. Mais lorsque je refuse, alors là, c’est Jeckyll & Hyde. De personne mature à l’esprit ouvert, elle passe à obstinée, susceptible et totalement irraisonnable.

Ces filles-là étaient pourtant loin d’être des connes. (Bon, à part Camélia. Celle-là était aussi utile qu’un balai sans brosse.) Mais sinon, chez les autres, la plupart eurent de bien meilleurs résultats scolaires que moi. Il y en a même deux qui ont fait de hautes études universitaires avec succès. Et beaucoup ont poursuivi des carrières honorables et lucratives. Aussi, on ne s’attendrait pas de leur part à un comportement aussi déraisonnable.

Et pourtant…

8e POINT COMMUN: Il n’y a que trois manières de répondre à ses propositions, et elles n’ont que des conséquences négatives pour moi.
Cette situation dans laquelle elle me coince me limite à choisir entre être l’imbécile, l’insultant, la victime ou l’agresseur.

  • Si je ne fais pas ce qu’elle dit, alors à ses yeux, je suis un obstiné qui ne veut pas comprendre le bon sens. (Donc, l’imbécile.)
  • Si je lui explique pourquoi il ne faut pas faire ce qu’elle dit, alors ça l’insulte et je deviens à ses yeux celui qui la traite d’idiote qui ne connait rien. (Donc, l’insultant.)
  • Si je cède et je fais ce qu’elle dit, je subis les conséquences contre lesquelles je l’avais avertie. (Donc, la victime.) Ce qui, à ses yeux, est comme si je venais de prouver qu’en effet, elle n’est qu’une idiote qui ne connait rien. (Donc, l’agresseur.)

Et à cause de ça…

9e POINT COMMUN: Elle se plaint que je suis la seule personne dans tout son entourage avec qui elle se dispute aussi souvent, et qui la fait se sentir aussi bas.
Comme ça, du jour au lendemain, mon titre passe de meilleure chose qui lui soit arrivée de toute sa vie, pour devenir la pire des merdes à avoir été chiée sur son existence. Cette situation extrémiste est assez aberrante, surtout quand on réalise que mon seul crime fut de lui dire non afin d’éviter des conséquences que je sais par expérience qu’elles seront fâcheuses. La solution est pourtant simple: Elle n’a qu’à accepter mon refus. Ce n’est pas compliqué à comprendre, et encore moins difficile à faire.

J’ai tenté plusieurs fois de lui faire entendre raison. Mais bizarrement, sur ce sujet, et sur ce sujet seulement, elle me fait l’équivalent de hurler en se bouchant les oreilles, en m’accusant une fois de plus de ne chercher qu’à la rabaisser.

Il y a trois ans, j’ai écrit un billet intitulé: On ne veut pas connaître la vérité. On veut juste avoir raison. Eh bien justement…

10e POINT COMMUN: Elle ne veut pas connaître la vérité. Elle veut juste avoir raison.
Tel qu’expliqué plus haut, je suis un solutionnaire. À chaque problème sa solution. Il suffit d’aborder le problème, voir où en est la source, et à partir de là prendre les mesures logiques et faisables afin que le problème ne se manifeste plus.

Malheureusement, que ce soit lorsque je lui explique pourquoi ce n’est pas une bonne idée de faire le truc qu’elle propose, ou bien si je lui rappelle que ça a viré à la catastrophe à toutes les autres fois où elle ne m’a pas écouté lorsque je lui ai dit non, elle ne veut rien entendre. Et si j’insiste, il arrive inévitablement le moment où elle m’accuse d’être un prétentieux je-sais-tout qui se croit mieux que tout le monde. Et elle le fait avec cette phrase: « Il faut toujours que tu ais raison. »

À partir du moment où elle dit cette phrase, sans s’en rendre compte, elle explique pourquoi elle réagit ainsi. Elle veut avoir raison, point final. Et quand on tient absolument à avoir raison, on ne veut pas connaître la vérité. Parce que la vérité démontrerait qu’elle a tort, ce qui entrerait en conflit avec le sentiment qui la domine totalement à ce moment-là, son besoin démesuré d’avoir raison. Elle ne pourrait juste pas le supporter.

11e POINT COMMUN: Elle nous fait revivre ce problème de nombreuses fois.
Puisqu’elle ne nous permet jamais d’aborder le problème, on ne peut jamais le régler. Ainsi, tout le long de notre relation, elle répétera le processus plusieurs fois, et ça se terminera toujours de la même façon. Jusqu’au jour où, écoeurée de s’humilier à répétition devant moi de cette manière, elle ne voudra plus que je fasse partie de sa vie.

12e POINT COMMUN: Elle retourne dans des relations abusives avec des abuseurs, et ce en toute connaissance de cause.
Parce que trop souvent, un enfer familier est moins intimidant qu’un paradis inconnu.

Mais pourquoi est-ce si important pour elles, d’avoir absolument raison, au point où toute contrariété leur déclenche quasiment une crise d’hystérie?
Lorsque l’on tient compte de tous les points qu’elles ont en commun, on peut en arriver à la théorie suivante qui me semble la plus plausible:

Ce que je représente pour elle, c’est d’abord et avant tout l’espoir. L’espoir que non, contrairement à ce qu’on lui a fait croire toute sa vie, elle n’est pas stupide, et elle n’est pas inutile.

En ne faisant que la traiter en égale et avec respect, je lui procure un bien-être incroyable qui contrecarre les sentiments négatifs et les complexes d’infériorité que son passé a ancré en elle. En retour, elle ressent le besoin de me rendre heureux. Un sentiment tout à fait normal, qui démontre que cette femme est une personne bien.

À cause de ses relations passés, elle ressent constamment le besoin de faire ses preuves. De me démontrer, mais d’abord de se prouver à elle même, qu’elle mérite le respect, l’attention et l’amour que je lui donne. Alors lorsque je refuse sa proposition, je l’empêche de me montrer sa valeur. Je l’empêche d’exprimer sa reconnaissance. Je l’empêche de se montrer utile. Et en lui expliquant pourquoi c’est une mauvaise idée, je montre qu’elle a été ignorante.

Ce qui fait que sans le vouloir, je lui fais revivre ce sentiment d’inutilité et de stupidité qui lui vient de tous ceux qui l’ont rabaissée par le passé. Et le pire, c’est que cette fois ça provient de moi. L’homme de sa vie. Son fiancé. Celui qu’elle aime plus que tout au monde. De la part d’un autre, ça serait négatif mais pas tragique. Mais de moi, c’est la plus blessante des trahisons. Voilà pourquoi elle affirme que jamais personne ne lui a fait aussi mal que moi à ce moment-là.

Hantée par l’idée que je l’ai bien eue tout ce temps-là en lui faisant croire que j’étais parfait et irréprochable, elle réalise que je ne vaux pas mieux que les autres. En fait, je suis encore pire. Parce que les autres n’ont jamais caché leur méchanceté. Tandis que moi, j’ai bien caché mon jeu afin de mieux la surprendre pour la blesser beaucoup plus profondément que les autres. C’est faux, bien entendu, mais c’est l’impression que cette situation lui donne.

Pour une fois qu’elle avait trouvé un homme qui lui accordait cette valeur dont on l’a si longtemps privée. À ses yeux, mon refus lui fait perdre cette valeur, ce qui la fait paniquer, ce qui lui donne le besoin de me montrer qu’elle a raison de me proposer ce truc, et c’est pourquoi elle ne veut entendre ni mon refus ni les raisons de celui-ci.

Bref, même si elle est sincère en affirmant qu’elle veut faire ça pour moi, elle ne se rend pas compte qu’en réalité, elle le fait d’abord et avant tout pour elle-même. Pour son estime de soi.

Et voilà pourquoi, sur n’importe quel autre sujet, elle a l’esprit ouvert, elle est capable d’entendre raison, et jamais elle ne prend mes refus comme des attaques personnelles. Mais sur ce sujet-là en particulier, rien à faire, c’est plus fort qu’elle. Dans ce temps-là, elle ne réagit pas à la critique négative avec logique comme je le fais moi-même. Elle y réagit avec ses émotions. C’est à dire de cette manière :

Les réactions que montre cette charte seront surtout de la part de personnes rancunières et revanchardes. N’empêche que même pour une bonne personne, les deux dernières étapes restent les mêmes.

Enfin, si elle ne veut pas entendre mes explications lorsqu’elle rage contre moi, la raison est fort simple. Elle a passé sa vie à se faire rabaisser. La plupart des gens qui l’ont rabaissée étaient ou bien intimidants, ou bien étaient en situation de pouvoir sur elle. Elle était donc obligée d’endurer en silence. Moi, par contre, en tant qu’amoureux / conjoint, gentil et compréhensif, je me suis pas intimidant. Et ceci fait de moi la première personne sur qui elle peut se défouler, exprimer toutes ses blessures et frustrations accumulées, à partir du moment où elle a l’impression de voir en moi quelque chose qui lui rappelle ses agresseurs. Voilà pourquoi j’ai droit à toutes les accusations négatives les plus fantaisistes qui soient. Des accusations qu’elle-même, pourtant, ne croirait pas si elle était calme.

Si seulement ces femmes avaient pu mettre leur orgueil de côté pendant cinq minutes. Elles auraient alors cessé d’être sur la défensive, et elles auraient compris que jamais mon but n’a été de les blesser. Je n’ai jamais cherché à les vexer. Je n’ai jamais agi de manière à les insulter ni à les rabaisser. Je cherchais seulement à me protéger. À nous protéger.

Hélas, tous ceux qui en ont abusé par le passé ont laissé sur son coeur une tache toxique qui va toujours l’empoisonner. Et ils ont tellement bien fait leur travail de sabotage qu’ils ont réussi à la conditionner de manière à ce que jamais elle ne ressente l’envie d’aller la nettoyer. Parce que reconnaître que cette tache existe, c’est l’obliger à se souvenir de ces blessures qu’elle a tant besoin d’oublier.

Par conséquent, comme je le constate hélas trop souvent, une personne qui a passé sa vie à survivre dans la discorde ne s’est jamais permis d’apprendre à vivre dans l’harmonie.

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Y’A LIENS LÀ
Voici quelques billets sur le même thème.

On ne veut pas connaître la vérité. On veut juste avoir raison. Ce sont des exemples dans lesquels ce comportement arrive ailleurs que dans le couple.
Le bon orgueil et le mauvais orgueil. D’où sont tirées les deux chartes utilisées ici.
Déjà en 2010, dans le billet l’altruisme égocentrique, je parlais de ce comportement, cette fois en contexte professionnel et sexuel.

Et bien sûr mon très long billet Autopsie du Loser, qui montre tous les défauts que l’on peut trouver en soi et corriger, pour peu que l’on se donne la peine de se regarder soi-même.



L’hétérocisexuel n’est pas nécessairement transphobe ni homophobe

Bien que que j’ai créé le terme hétérocisexuel en 2016, Google en donne trois résultats aujourd’hui. Le premier est le mien. Le second date de 2018 et se trouve dans les commentaires de ce billet de blog. Et le troisième est dans ce livre publié en 2021 écrit par une femme, au sujet de ses relations homosexuelles.

Ceci dit, qu’il soit écrit Hétérocisexuel avec un S ou Hétérocissexuel avec deux S, je ne suis pas le premier à avoir créé ce mot. Cet honneur semble revenir à l’autrice transgenre Julia Serano. Elle l’utilise dans son livre Whipping Girl: A Transsexual Woman on Sexism and the Scapegoating of Femininity publié en 2007. Mais l’important, c’est que même sans s’être consultés, nous lui donnons tous la même signification.

Hétérocisexuel est un mot-valise qui combine Hétérosexuel + cisgenre. Il s’agit d’une personne qui ne peut aimer et désirer que les personne non-transsexuelles de l’autre sexe.

Je cherchais à créer un mot pour décrire ces gens, car je n’aime pas particulièrement le terme « super-straight. » Mais surtout, parce que le terme « transphobe » est le mot que trop de personnes haineuses utilisent à tort pour qualifier cette orientation.

Source: Cet échange public sur Twitter.

Il me semble que qualifier de transphobe toute personne qui ne se voit pas en relation avec des trans, c’est comme prétendre que les homosexuels sont misogynes. Que les lesbiennes sont misandres. Que les gais en tous genres sont hétérophobes. Depuis quand est-ce que le fait que ressentir de l’attirance pour l’un signifie automatiquement ressentir du mépris pour l’autre?

Cette fausse transphobie prend son origine dans un faux débat, qui consiste généralement à demander à un homme hétéro s’il voudrait avoir une relation avec une femme trans. Si l’homme répond non, on lui réplique alors que, puisqu’une femme trans a toujours été femme malgré sa naissance dans un corps masculin, ça signifie que l’homme ne s’intéresse pas à la personne. Il ne s’intéresse qu’à ses génitaux. Donc, qu’il méprisera la femme trans au profit d’une femme cis. D’où conclusion que ne pas vouloir d’une femme trans, c’est être transphobe.

Il s’agit évidemment d’un sophisme, puisque la même théorie de la préférence des génitaux pourrait être utilisée contre les gais et lesbiennes. Mais dans leur cas, personne ne verrait de pertinence d’utiliser envers eux un tel argument pour expliquer leur orientation. Sauf, ironiquement, ceux qui sont homophobes.

Avoir le réflexe d’apposer des étiquettes négatives afin de rabaisser ceux qui ne ressentent pas d’attirance pour nous, c’est quelque chose qui a été mille fois dénoncé en tant que comportement typique chez les incels et des nice guys. Lorsqu’ils harcèlent les femmes qu’ils désirent, eux aussi vont leur servir l’argument du « Pourquoi est-ce que tu aimes / baises l’autre, mais pas moi? » Ici, on ne peut pas parler de phobie envers le genre ou l’orientation sexuelle et émotive de l’autre. Et pourtant, il s’agit du même comportement, qui consiste à demander à une personne de justifier son attirance envers l’un et son indifférence envers l’autre. Or, on ne peut pas expliquer une orientation sexuelle, et encore moins la justifier. Voilà pourquoi c’est un faux débat.

Quant aux gens qui y apposent la détestable mentalité du « Si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous », ils ne servent pas leur cause. Tout ce qu’ils démontrent, c’est qu’ils ont eux-mêmes les préjugés, l’intolérance et l’étroitesse d’esprit qu’ils accusent les autres d’avoir. Le respect et la tolérance n’est pas, et ne devrait jamais être, une route à sens unique.

Il y a déjà bien assez de transphobes comme ça dans la société. Pourquoi chercher à augmenter leur nombre en accusant mensongèrement de l’être ceux qui n’en sont pas, histoire de se les mettre à dos eux aussi? À moins, bien sûr, que le but de cet exercice d’hypocrisie soit de se mettre en situation de prophétie autoréalisatrice, afin de mieux faire dans la victimisation transphobique.

Source: Les prophéties autoréalisatrices.

Ne pas être attiré par les trans, ce n’est pas être transphobe. Ce n’est pas être homophobe. Ce n’est pas être lesbiennophobe. Ce n’est pas être phallusophobe. Ce n’est pas être vaginophobe. Et ce n’est pas non plus avoir une mentalité deux-poids-deux-mesures.

C’est être hétérocisexuel, tout simplement.

La mauvaise influence positive.

J’ai été élevé dans un entourage dans lequel la moindre de mes failles était pointée.  Un entourage dans lequel la moindre de mes faiblesse était exploitée.  Un entourage dans lequel mes malheurs résultant des deux défauts précédents étaient sujets de moquerie et/ou de mépris.  Un entourage dans lequel tout ce qui peut t’arriver de fâcheux est automatiquement de ta faute.  M’en plaindre était perçu comme un signe de faiblesse de plus, et me valait encore plus de moqueries et de mépris. 

Je devais tout de même reconnaître qu’il y avait du vrai dans ce qu’ils disaient.  Mes défauts, c’est moi qui les ai, personne ne me les a donnés.  Mes faiblesses, personne d’autre que moi ne peut les surmonter.  Les mauvaises décisions, c’est moi qui les prends.  Puisque je suis responsable ce de que je suis et de ce que je vis, alors en effet, si je ne fais rien pour améliorer la situation, c’est de ma faute si elle reste négative.

Alors je me suis retroussé les manches et j’ai travaillé.  Travaillé sur moi.  Travaillé sur mes défauts.  Travaillé à m’améliorer.  Travaillé à prendre les décisions non pas par impulsion, mais bien par réflexion.  Avec le temps, à force de discipline, de courage, de ténacité, de logique, de sagesse, j’ai cessé d’être faible et défectueux.  Et j’ai développé une force de caractère qui m’a permis de passer à travers des expériences qui auraient poussé bien des hommes à la dépression, l’alcoolisme, la drogue, la violence, le crime, le meurtre, le suicide.  Et ce n’est pas moi qui le dis.  Ce sont des commentaires que j’ai reçu durant les vingt dernières années.  Mais bon, je n’en tire aucune vanité.  Si je l’ai fait, c’est que je n’avais pas le choix.  Voilà pourquoi j’ai toujours été étonné que l’on vante mes mérites à ce sujet.  Dans ma tête, le principe du marche ou crève, c’était la normale pour tout le monde.

Cette vie ne m’a cependant pas appris à donner autre chose que ce que j’avais reçu.  Élevé sans pitié de la part des autres, j’ai donc été élevé à ne pas avoir de pitié envers les autres.  Si moi j’ai réussi à surmonter mes faiblesses, je ne vois aucune raison pourquoi les autres n’y arriveraient pas.  Si moi je n’ai reçu que du mépris pour mes défauts, il n’y a aucune raison pourquoi je devrais ressentir autre chose que du mépris pour les défauts des autres.

Alors je réagissais aux problèmes des autres de la même façon que l’on a toujours réagi aux miens : en responsabilisant la personne qui les a. 

  • Tu as un problème de consommation?  Tu n’avais qu’à ne pas commencer à te droguer. 
  • Tu es alcolo?  Personne ne t’a jamais obligé à boire.
  • Tu es obèse?  Lâche-donc cette excuse bidon comme quoi « C’est un problème de glandes », ou alors prouve-le avec un certificat médical. Sinon, assume le fait que tu es tout simplement trop lâche pour être capable de contrôler la qualité et la quantité de ce que tu manges.
  • Accro au jeu?  Est-ce que quelqu’un te pointe un gun sur la tête pour te forcer à aller t’assoir devant une machine à poker électronique?  Surtout que le hasard électronique, ça n’existe pas.  Il y a forcément de la programmation.  Et si ça doit être programmé, ça peut tricher.  Pense avec ta tête, loser! 
  • Tu n’arrives pas à arrêter de fumer?  Soyons objectifs et regardons les deux côtés du paquet : Du côté négatif, fumer, ça pue, c’est sale, donc ça empeste et salit le moindre millimètre carré de la maison. Ça cause des problèmes de santé qui amènent souvent à de précoces fins de vies aussi misérables que douloureuses. Ça cause des incendies qui ont tué un nombre incalculables d’hommes, femmes et enfants. Et c’est de l’argent, une fortune, qui part en fumée, littéralement. Et du côté positif, ça rapporte quoi, de fumer?  Rien!  Tu savais parfaitement tout ça avant de commencer, et tu as quand même choisi de commencer

Car en effet, tout ça, ce sont des choix.  Personne ne peut le nier, à moins d’avoir mauvaise foi.  Alors ne viens pas te plaindre pour ça. Tu savais parfaitement dans quoi tu t’embarquais.  Si tu as commis l’imbécilité de choisir de commencer, alors c’est à toi d’avoir l’intelligence de choisir de t’arrêter.  Et surtout, si tu n’y arrives pas, c’est à toi d’avoir la volonté de surmonter ta lâcheté.

Et vous savez ce qui m’a le plus surpris ces dernières années?  Et par dernières années, je dirais aux environs de 2005-2015?  C’est de constater que la population en général se montre compréhensive et tolérante envers les gens faibles, pris dans leurs dépendances.  Au point où je me suis fait maintes fois huer pour mon intolérance, parce que, m’a-t-on souvent répété, « Ces gens-là n’ont pas demandés d’être comme ils le sont. »

En fait, plus que me surprendre, ça me frustrait.  Si personne n’a eu de compréhension pour moi ni de tolérance pour mes défauts et mes faiblesses, pourquoi est-ce qu’ils comprennent et tolèrent ceux des autres?  Si je suis responsable de mes problèmes, pourquoi est-ce que les autres se font déresponsabiliser des leurs?  Pourquoi les encourager à chialer sans rien faire, alors qu’il est beaucoup plus productif de les pousser à se retrousser les manches et à se prendre en main?  À l’école, j’étais le plus petit, le plus faible, le plus indiscipliné, le plus lâche. Moi non plus, je n’ai pas demandé d’être comme ça. Mais je me suis pris en main.  Et à 53 ans, je suis un athlète avec une volonté de fer, qui continue d’accumuler des diplômes et des certificats de formations, alors que je n’avais même pas mon 5e secondaire avant mes 26 ans.  Je suis la preuve vivante que de se faire donner le choix entre avancer ou crever, ça marche! 

Constater que tout le monde avait droit à une tolérance que l’on m’a toujours refusé, je prenais ça comme une injustice.  J’étais amer.  Sur les forums de discussions, j’ai probablement écrit des centaines de variantes de la phrase suivante :

« Ah, on sait bien! Lorsque n’importe qui dit / fait / vit ça, il ne reçoit que compréhension, commentaires positifs, aide, encouragements…  Par contre, quand c’est MOI qui dit / fait / vit la même chose, alors là, OH-LA-LAAAA, GROS SCANDAAAAALE!  Est-ce qu’il y a une raison pour ça? »

Impossible à mes interlocuteurs de répondre à ça sans s’entacher. Ou bien ils reconnaissent les faits et se démontrent coupable d’hypocrisie. Ou bien ils ne nient et ils s’affichent comme étant malhonnête. Voilà l’un de mes plus grands talents. Inutile de préciser que ça ne m’apportait rien de positif comme réaction.  Ce qui me permettait d’utiliser leurs réponses pour renforcer mon point, et aussi comme preuve de leur mauvaise foi, en répliquant cet autre truc que j’ai également écrit des centaines de fois :

« Vous pouvez tous voir de vos propres yeux ce qu’il vient d’écrire.  Ce n’est quand même pas moi qui l’invente. »

Et puis, il y a six ans, un déclic logique s’est fait dans ma tête. On fait souvent l’erreur de croire que l’environnement dans lequel on a été élevé, c’est la norme. J’ai peut-être été élevé sous une mauvaise influence, n’empêche qu’elle s’est avérée positive, puisqu’elle m’a poussé à surmonter mes faiblesses morales, physiques et intellectuelles. Raison de plus de penser sincèrement que ces valeurs que l’on m’inculquait étaient universelles.

Voilà pourquoi j’avais un sentiment d’injustice, de me faire huer lorsque je démontrais que je faisais ce que j’avais à faire, et que j’en demandais autant chez les autres. À mes yeux, ça voulait dire que nous vivons dans une société hypocrite qui ne cherche qu’à rabaisser autrui. Elle n’hésite pas à se contredire et faire usage de mauvaise foi et à m’imposer des paradoxes et des situations deux-poids-deux mesures: On me rabaisse parce que je suis faible, pour ensuite me rabaisser parce que je suis fort.

Et c’est là que j’ai enfin fini par constater que mon environnement d’origine, et la société en général, c’est deux. Si je me fais huer pour ma mentalité « Marche avec courage ou crève comme un lâche! », ça veut dire que cette mentalité est socialement inacceptable. Et si cette mentalité est inacceptable, alors ça veut dire que le milieu dans lequel je suis né et où j’ai été élevé était composé d’enfoirés intolérants.  Et qu’en ne tolérant pas chez les autres ce que l’on n’avait pas toléré chez moi, j’en étais devenu un moi-même.

C’est à peu près à la même époque que j’ai découvert que j’étais demisexuel.  Ce qui signifiait que la retenue et le respect que j’ai toujours ressenti envers la femme et ses limites sexuelles, ça n’était pas une question de volonté, contrairement à ce que j’avais toujours cru jusque-là.  C’était tout simplement la manière dont la nature avait programmé mes neurones.  Ce qui signifie que les alcolos, fumeurs, drogués, paresseux, dépressifs, suicidaires, obsédés sexuels, etc, ne le sont pas par choix. Ils le sont parce que la nature les a créés ainsi. 

Et c’est comme ça que dans la seconde moitié de la quarantaine, je me suis rendu compte que oui, bien des choses sont des choix personnels. Et beaucoup de comportements sont influencés par le milieu et l’éducation. Et pour certaines gens dont je suis, on peut travailler sur soi-même pour perdre nos mauvaises habitudes, nos mauvaises manies, améliorer sa force, sa forme cardio, son alimentation, son physique, son éducation, sa culture, son intellect… Mais pour beaucoup d’autres, la nature leur a donné un corps et un cerveau qui ne peut tout simplement pas décider du jour au lendemain de changer pour le mieux. En fait, si, ils peuvent le décider. Mais contrairement à ce qu’affirme le proverbe, quand on veut, on ne peut pas nécessairement.

Si j’ai la force de caractère requise pour survivre dans le chaos, si j’ai la souplesse d’esprit pour transformer en fumier la merde que l’on m’a lancé afin de mieux grandir, comme je dis souvent, c’est parce que la nature m’a ainsi fait. Une autre personne, dans le même environnement, aurait été détruit, ou bien serait devenu destructeur, ou alors se serait autodétruit. Et elle ne serait pas plus responsable pour ça, que je puisse être admirable d’y avoir survécu en m’y adaptant.

La nature d’une personne, ce n’est pas un accomplissement personnel. L’accomplissement personnel, c’est de réussir à se dépasser soi-même. Mais pour réussir à se dépasser, il faut d’abord que la nature nous donne ce qu’il faut pour être capable de le faire. Tu ne peux pas avoir la volonté de commencer à avoir de la volonté si la nature ne t’a pas donné de volonté. C’est aussi simple que ça. Si on est comme on on est, c’est parce que l’on est comme on nait. Et ce n’est de la faute de personne.

C’est à 47 ans que j’ai enfin compris cette réalité, que je l’ai accepté, et que j’ai appris à être compréhensif et tolérant envers mon prochain.  Et depuis, la seule chose que je ne tolère pas, c’est l’intolérance.

Mais ça, je crois qu’on peut me le pardonner.

La culpabilisation sociale abusive envers le chanceux occasionnel

Avis à mes lecteurs européens: Ce texte parle d’argent en dollars canadiens, mais ça ne vous empêchera nullement de comprendre l’idée générale.

Je suis membre d’un groupe sur Facebook dans lequel on nous a récemment posé une question très classique. Et les réponses qu’elle a engendrée ne le sont pas moins. J’en ai triées quelques unes. Vous verrez vite une constante parmi celles-ci.

Il y avait plusieurs autres genres de réponses. Ça parlait de se payer des maisons, des véhicules, et surtout des voyages autour du monde. Quelques uns disaient en blague des variantes de « D’la poudre et des putes. » Et comme il faut s’y attendre, il y a toujours un irréfléchi dans le lot pour nous ressortir cet argument cliché qui possède toute l’intelligence du lombric:

Mais sinon, ouais, environs une réponse sur quatre était sur le thème de « Je vais gâter tout mon entourage. »

Je vais sonner cynique, et je le suis probablement. Mais je ne comprendrai jamais cette mentalité qui impose que l’on devrait absolument disséminer nos avoirs autour de nous, lors des très rares fois où la chance nous sourit. Aider nos parents, payer les études de nos enfants, d’accord. Mais pourquoi en faire profiter en plus tout notre entourage?

On a tendance à oublier que dans notre entourage, il y a beaucoup de gens qui ont toujours été bien plus fortunés que nous. Est-ce qu’ils nous gâtent, eux? Non, hein!? Et personne ne s’attend non plus à ce qu’ils le fassent. C’est normal. S’ils faisaient ça, ils ne connaîtraient pas la sécurité financière très longtemps. Si tu veux être gâté, tout le monde va te le dire: Gâtes-toi toi-même. C’est ta responsabilité, pas celle des autres.

Certains d’entre vous me diront: « D’accord, mais il y en dans notre entourage qui sont dans la misère. » À ça, je réponds une variante de ma question précédente : Est-ce que les gens fortunés de ton entourage aident gens miséreux dont tu parles? Non, hein!? Alors pourquoi serait-ce à toi de le faire? Surtout lors de la seule et unique fois dans ta vie où c’est toi qui a la chance d’être fortuné? Ce n’est pas pour rien que l’on dit que la charité bien ordonnée commence par soi-même.

Pourquoi est-ce que la (sur)vie des autres serait ta responsabilité? Surtout si elle ne l’était pas avant que tu gagnes à la loterie. Ils ont bien réussi à survivre jusque-là. Pourquoi n’en seraient-ils plus capables, et ce à partir du moment exact où tu as enfin de l’argent?

Le problème, c’est que l’être humain est hypocrite de par sa nature. On cherche toujours à améliorer nos conditions de vie. Mais on digère mal de voir que les conditions de vies de ceux qui nous entourent s’améliorent tandis que la nôtre reste stable. Surtout si cette amélioration est un fait du hasard, et non le résultat de leurs efforts. Voilà pourquoi ton entourage est envahi d’un grand sentiment de déception lorsque tu gagnes à la loterie. Ils ne peuvent s’empêcher de penser que tu n’as pas mérité de recevoir tout cet argent. Qu’il n’y a aucune raison pourquoi toi tu y as eu droit, mais pas eux. Que cette situation est tout simplement injuste. Et ceci fait naitre en eux l’envie, la convoitise, la jalousie et le mépris.

Si tu as des gens qui t’entourent, c’est parce qu’ils sont confortable avec ce que tu es. Ainsi, si tu es pauvre et qu’ils te fréquentent, c’est parce qu’ils sont à l’aise avec ta pauvreté. Sinon, ils ne fréquenteraient que des riches. Mais à partir du moment où tu passes de pauvre à riche, tu cesses d’être tel qu’ils t’acceptent.

Et c’est là que tu te fais bombarder de commentaires comme quoi tu serais un égoïste de ne pas partager ta fortune, toi qui a tout reçu sans efforts, alors qu’eux n’ont rien malgré les leurs. Alors pour soulager ta conscience d’une culpabilité qu’ils te créent eux-mêmes, tu leur distribues généreusement tes gains jusqu’à ce qu’il ne te reste plus rien. Autrement dit, tu te fais manipuler à te remettre toi-même dans la pauvreté dont tu as passé ta vie à souhaiter de te tirer. Et ce, pour racheter des amitiés qui était jusque-là gratuites.

Hélas, dans cette situation, l’amitié devient comme un appartement: Tu ne l’achètes pas, tu le loues. Dès que tu ne peux plus te le payer, tu le perds et tu te retrouves seul dans la rue. Et c’est là que tu te rends compte que ton choix au départ se résumait à deux options:

  • Garder l’argent et perdre tes amis.
  • Ou bien perdre l’argent, et quand même perdre tes amis.

Et dans ce dernier cas, tu passes le reste de ta vie entre les ingrats qui te méprisent pour ne pas leur en avoir donné plus, et les jugementaux qui te méprisent pour t’être ruiné en tentant d’acheter l’amitié de ton entourage.

Depuis l’âge de 25 ans, je sais exactement ce que je ferais avec un million de dollars. En partant du fait que l’âge de la retraite est à 65 ans, et que 65 – 25 = 40, un million divisé par 40 ans = $25 000.00 par année, soit seulement deux ou trois mille dollars au-dessus du seuil de pauvreté actuel. On peut en vivre modestement maintenant. Mais à mesure qu’augmentera l’inflation lors des quarante prochaines années, ce montant deviendra peu à peu trop ridicule pour en vivre. Et arrivé à l’âge de la retraite, pas de pension à espérer si tu n’as pas travaillé, et donc pas cotisé au régime d’épargne-retraite.

Ce million ne me rendrait pas riche. Il ne me servirait qu’à assurer ma survie de base pour le restant de mes jours, en payant mon loyer, un 4½ maximum, et ma nourriture. Et pour pouvoir m’offrir le reste, j’aurai un boulot, comme tout le monde.

Mais ça, c’est seulement pour un million. Si un jour je gagne cinq, dix, trente, cinquante millions, ça sera autre chose. Afin d’être prêt pour cette éventualité, j’ai créé un plan en douze points.

POINT 1: Je ne le dis à personne. Quand les gens ne savent pas ce que tu as, ils ne peuvent pas te l’enlever. Alors la solution est simple: Ta gueule!

Vous me direz que je ne peux pas m’en tirer puisque Loto Québec annonce toujours publiquement le nom de ses gagnants? Oui, et alors? Est-ce que les gens de votre entourage se renseignent à ce sujet à chaque tirage? Pas les miens, en tout cas.

Puisque c’est un tabou social de divulguer son salaire, pourquoi serait-il plus acceptable de parler de nos gains de loterie? Alors quand je dis que je vais n’en parler à personne, je veux vraiment dire PERSONNE! Ni amis, ni parents, ni enfants, ni même la femme que je fréquente, si j’en ai une. Dans ce genre de situation, une personne de confiance, ça n’existe pas. Cette nouvelle, c’est juste trop gros. Toute personne à qui tu te confies sera incapable de garder ça pour elle. Elle va se confier à son tour à sa propre personne de confiance. Et c’est cette personne-là qui ira tout raconter à tout le monde. Et c’est là que les emmerdes commencent.

Je suppose que j’ai fait froncer plus d’un sourcil en disant au paragraphe précédent que je ne le dirais même pas à celle que je fréquente. Mais rappelez-vous ce que je dis plus haut. Quand tu es pauvre, les gens te fréquentent car ils sont à l’aise avec ta pauvreté. Dès que tu deviens riche, à leurs yeux, tu n’es plus du tout cette personne qu’ils apprécient.

Et sans vouloir généraliser, il est très rare qu’une personne riche se mette en couple avec une personne pauvre sans que leur inégalité financière, et surtout leurs manières opposées de gérer un budget, soit problématique. Attend-toi donc à vivre l’enfer quotidien de la part de cette personne qui va passer la moitié de son temps à te mettre de la pression pour dépenser, et l’autre moitié à rager que tu ne l’écoutes pas. Et ça, c’est sans parler de tous ceux dans son entourage qui vont tenter de l’influencer négativement à ton sujet, comme quoi tu n’es qu’un salopard d’égoïste de ne pas la couvrir de fourrures, de bijoux et autres choses frivoles et inutiles.

Pourquoi rester en couple avec quelqu’un qui fait de ta vie un enfer et qui va s’assurer de te faire tout perdre en moins de trois ans? Car c’est en effet dans ce laps de temps qu’en moyenne un millionnaire de loterie se retrouve encore plus pauvre qu’avant d’avoir gagné.

POINT 2: J’évite de donner des signes extérieurs trop évidents de ma nouvelle richesse. Je ne vais pas m’acheter une Lamborghini, surtout si c’est pour la laisser dans la rue parce que je n’ai pas d’espace de stationnement dans le taudis où je loue mon 3½.  Non seulement ça va attirer sur moi l’attention des criminels, ça va attirer sur moi l’attention de la police… qui va me soupçonner d’être un criminel, d’être capable de me payer ça alors que j’habite ce quartier.

POINT 3: Je déménage.  Pour un endroit où personne ne me connait, et dans un quartier et logis plus sûr, plus sécuritaire.

POINT 4: …Mais je ne passe pas tout de suite d’un 3½ dans un taudis, à un château de 8 millions.  Même si c’est une amélioration, ce changement est trop radical.  Une personne qui n’est pas habituée à vivre dans ce luxe perd tous ses points de repères.  Surtout que maintenant, tu es trop riche pour garder tes amis pauvres, et tu n’as ni la personnalité ni les manières pour avoir des amis riches. Et c’est là que tu réalises que tu t’es mis dans une prison de ta propre création. Trop de millionnaires de loterie sont virés dépressifs à changer de vie de manière aussi abrupte.  Je commence donc par habiter un simple 4½ dans une propriété impeccable. Puis, je prends le temps de réfléchir et d’évoluer. Je verrai dans un an ou deux si je suis prêt pour un condo, une maison avec terrain, ou autre chose.

Et par réfléchir et évoluer, je veux dire:

POINT 5: Je travaille sur moi, j’investis en moi, je prends soin de moi. Qu’on le veuille ou non, un tel changement, c’est difficile pour l’équilibre mental. Surtout si on se retrouve du jour au lendemain à ne plus savoir quoi faire de ses journées car on n’a plus besoin de travailler. Alors non seulement j’occupe ce temps libre à autre chose qu’à me morfondre, je le fais de manière à améliorer tous les aspects de ma vie.

  • Je me paie un psy que je consulte afin de m’assurer de garder mon équilibre tandis que je me fais peu à peu à ma nouvelle vie.
  • Je vais au gym et je me paie un entraineur.
  • Je me paie nutritionniste.
  • Je vais dans les bibliothèques publiques et je prend un peu de culture. Théâtre, biographies, Histoire, grands romans classiques.
  • Et surtout, maintenant que j’en ai le temps et les moyens, je suis des cours et des formations dans des domaines qui m’intéressent et qui étaient jusque-là hors de ma portée.

Toutes ces activités ont pour but de m’aider à faire peu à peu la transition de vie pauvre à vie de millionnaire, ainsi qu’à me donner des points en commun avec les autres riches qui ont certainement une meilleure éducation que moi. Et tant qu’à n’avoir aucune obligation de travailler, aussi bien acquérir des compétences dans un domaine qui me plaît. Car avoir un travail et/ou fonder ma propre entreprise, c’est avoir une source de revenus. Peu importe que ces revenus soient réels ou imaginaires, l’important c’est que ton entourage croit que tu en as. Et ceci est la meilleure façon de cacher que l’on est un millionnaire de loterie, et ainsi on s’évite l’envie, les convoitises, la jalousie et le mépris.

POINT 6: J’offre une aide financière modeste à mes parents et/ou à mes enfants, s’ils sont dans le besoin. Évidemment! Je ne suis pas égoïste, tout de même. Et s’ils me demandent comment je puis me le permettre, je dis que j’ai décroché un meilleur boulot, d’où mon déménagement pour m’en rapprocher, et que pour l’instant je n’ai pas besoin de ce surplus salarial. Et oui, je prends bien soin de leur préciser « pour l’instant », pour ne pas qu’ils abusent en s’imaginant que c’est une rente à vie.

POINT 7: Je me répète mais JE NE LE DIS À PERSONNE, pas plus à mes nouvelles fréquentations qu’à mes anciennes. Est-ce que je veux avoir une vie sociale et une vie de couple avec des gens qui s’intéressent à moi, ou bien qui s’intéressent à mon argent?

POINT 8: Je prépare mes feintes et ripostes face aux arnaqueurs. Bien que ce n’est pas tout le monde qui lit les journaux, il y en a qui cherchent spécifiquement les noms des nouveaux riches instantanés car ils savent que ces gens ne sauront pas comment gérer adéquatement autant d’argent. Aussi, je me suis préparé pour les appels téléphoniques que je ne manquerai pas de recevoir de la part de mille-et-un experts en placements financiers ou autres inconnus qui veulent profiter de mon gain. À eux, je réponds: « Ha! Ha!  Ok, je comprends. Vous cherchez à rejoindre L’AUTRE Stéphane Johnson, celui qui a gagné 50 millions? Oui, je reçois beaucoup d’appels depuis qu’il a gagné. Mais ce n’est pas moi, malheureusement, je n’ai pas son argent, j’ai juste le même nom que lui. » Comment voulez-vous qu’ils vérifient si je dis vrai ou non?

POINT 9: J’investis… Mais aux bons endroits
Comme beaucoup de gens, j’ai longtemps pensé que si je gagnais un gros montant, j’allais me faire un point d’honneur de rester sourd aux conseillers de la banque. Lâchez-moi avec vos investissements à la noix. Mon argent restera dans mon compte d’épargne, et j’en ferai bien ce que je voudrai. Et si ça ne vous convient pas, alors mes millions et moi irons faire affaire ailleurs. C’est clair?

Et puis, j’ai fini par comprendre un truc important: De l’argent qui ne bouge pas, c’est de l’argent qui s’évapore. Il y a 25 ans, $50 000 suffisaient pour acheter une petite maison et un terrain. Aujourd’hui, la même propriété coûte $500 000. Ce qui signifie que si j’avais eu un million en banque il y a 25 ans, il ne vaudrait plus aujourd’hui que $100 000 en argent de l’époque. Juste en le laissant stagner, mon million aura perdu le 9/10 de son pouvoir d’achat.

Depuis près d’un siècle, afin de garder un équilibre, l’économie mondiale se base sur la valeur de l’or. Par conséquent, l’or ne dévalue pas. Ainsi, s’il y a 25 ans, j’avais acheté $50 000 d’or à la banque, je pourrais leur revendre $500 000 aujourd’hui. Traduction: acheter une maison avec mon or me coûterait la même chose aujourd’hui qu’il y a 25 ans, parce que mon or n’aurait pas dévalué. Sa valeur aurait toujours été égale à l’augmentation du coût de la vie.

Si l’or est une valeur sure à 100% avec un taux de risque de 0%, il existe d’autres investissements qui permettent non seulement de ne pas perdre la valeur de notre argent, mais aussi de l’augmenter. Mais comment faire les bons choix si on n’y connait rien? Eh bien justement…

POINT 10: Les meilleurs conseillers financiers travaillent pour ta banque. Penses-y sérieusement: C’est une banque. Leur travail, c’est l’argent. Leur expertise, c’est le faire fructifier. Ils ont besoin de ton argent pour faire des profits, et ils connaissent les meilleurs investissements à long termes et à risques minimes. Alors évidemment, qu’ils vont te donner les meilleurs conseils. Il y va de leurs intérêts, littéralement. Et contrairement à une firme privée, de soi-disant experts en conseils financiers, les banques travaillent en collaboration avec le Gouvernement et sont étroitement surveillées par celui-ci. Elles ne peuvent donc jamais faire faillite, ni fermer pour disparaître avec ton argent.

Dis-toi bien une chose: Si un conseiller financier est obligé d’ouvrir son propre bureau, c’est parce qu’il n’est pas assez compétent pour travailler pour une banque.

POINT 11: J’achète une propriété pour aussitôt la mettre à louer.
Aux points 3 et 4, je parle de déménager, mais de ne pas aller vivre dans une grosse propriétés coûtant des millions. Normal! Je suis célibataire. Tout cet espace, c’est juste trop pour moi. Et puis, juste en taxes annuelles municipales et scolaires, et aussi en frais d’entretien, cette propriété va me coûter $20 000 par année. Aussi bien dire que c’est un achat à pertes éternelles, qui va ronger peu à peu le reste de mon argent.

Par contre, je peux totalement renverser la vapeur en achetant cette propriété, et en la mettant aussitôt à louer. Admettons, pour l’exemple, que j’achète maison et terrain pour un million. Je la loue ensuite à une famille passablement aisée à $5 000 par mois. Ainsi, cette propriété va me rapporter $60 000 par année.

Vous allez peut-être me dire « Qui serait assez fou pour louer une maison à $60 000 par année? Il est aussi bien de contracter un prêt à la banque et de l’acheter sur vingt ans. » C’est vrai qu’un million sur vingt ans signifie $50 000 par année. Mais la banque ne va pas prêter cet argent gratuitement. Elle doit faire du profit. Elle charge donc des intérêts. Et en général, un prêt sur vingt ans charge le maximum d’intérêts, ce qui signifie qu’au bout du compte, l’emprunteur aura payé à la banque le double de ce qu’il a emprunté. Ce qui signifie $100 000 par année. $120 000, en fait, puisqu’il ne faut pas oublier les $20 000 de taxes scolaires, municipales, et des frais d’entretien, maintenant à sa charge puisque c’est lui, le propriétaire.

$120 000 par année en tant que propriétaire, ou $60 000 en tant que locataire. Alors dites-moi qui serait assez fou pour contracter un prêt à la banque pour l’acheter sur vingt ans, s’il peut l’habiter à moitié prix en se contentant de la louer?

Quant à moi, une fois les taxes et frais d’entretiens payés, il me reste un revenu de $40 000 par année, comme ça, sans travailler. Pas de quoi vivre comme le millionnaire que je suis, mais de quoi vivre quand même assez confortablement. Tout ça parce que j’ai eu l’intelligence de transformer mon argent en source de revenus. Et puisqu’il s’agit d’un loyer, je peux l’augmenter à chaque année.

Enfin, POINT 12, mais qui pourrait aussi bien s’appeler le point zéro puisqu’il s’agit du point de départ: Beaucoup de gens vont te mépriser parce que tu achètes des billets de loterie. Ils vont dire qu’il s’agit là d’une taxe volontaire. Ou bien ils vont te sortir des statistiques démontrant que tu as plus de chance de te faire frapper par la foudre que de devenir millionnaire de la loterie. Sauf que… Peu importe le pays où tu habites, est-ce qu’il y a de 5 à 60 personnes par semaine qui se font frapper par la foudre? Parce que tout dépendant de ton pays, tel est le nombre de nouveaux millionnaire que la loterie fait sur une base hebdomadaire. Alors pour ce que ça vaut, les statistiques…

Et ce sont ces mêmes gens-là, ceux qui te méprisent d’acheter des billets de loterie, qui vont ensuite vouloir profiter des gains que tu t’es fait en achetant ces mêmes billets qu’ils te décommandaient d’acheter. Alors la meilleure réplique à servir à ceux qui voudraient profiter de tes gains, c’est: « Fais comme j’ai fait; achète des billets! »

Que tu sois pauvre, de classe moyenne ou bien riche, il y a une vérité universelle, et c’est que la meilleure façon de perdre ton argent, c’est d’en faire ce que te conseillent ceux qui n’en ont jamais réussi à en avoir.

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Y’A LIENS LÀ.


La Saga du Casino, une histoire en trois parties qui raconte comment la mère d’une de mes ex s’est littéralement retrouvée dans la rue cinq mois après avoir gagné une auto au casino de Montréal. Et comment, suivant son exemple, sa fille nous a ruiné.

Ma philosophie (7)

Garde le secret sur tes projets en chantier.  Si personne ne connait l’itinéraire que tu t’es planifié, personne n’aura l’opportunité de te barrer la route.

Observe ceux qui critiquent tes réussites et méfie-toi toujours de ces gens.  Rabaisser tes victoires, c’est le premier réflexe de la personne qui préfère te voir échouer.

Quand l’argent fait la loi, la justice fait pitié.

Il y a des amours qui sont plus néfastes et plus toxiques que la pire des haines. 

Là où d’autres ont réussi, tu peux réussir.  Là où d’autres ont échoué, tu peux réussir.

Il ne faut jamais cesser d’avoir des buts, sinon on finit par se faire imposer les buts des autres.

Une personne qui n’admet jamais ses torts et te fait porter le blâme pour tout est une personne à fuir sans délais.

Si tu ne peux résister au besoin de relever un défi que l’on t’a lancé avec mépris, alors tu l’as déjà perdu.

Si tu es facile à offenser, tu es facile à manipuler.

Si un ami fait une erreur, dis-lui.  Si ça te fais perdre cet ami, alors ça n’a jamais été un ami.

Accepte les excuses de ceux qui t’ont trahi, mais ne leur accorde plus ta confiance.

Accepte de te faire corriger pour tes erreurs, mais n’accepte pas de te faire humilier pour celles-ci.

La plus grande des erreurs est de ne pas reconnaitre ses erreurs.

Si tu déclines une offre d’aide, explique pourquoi.  La personne qui agit par altruisme va comprendre et accepter.  La personne qui agit par égoïsme va insister et frustrer.

Laisse les médisants se tromper à ton sujet.  Plus grande sera leur erreur, plus éclatante sera ta réussite.

Les gens cherchent à te faire perdre ton temps par peur que tu l’utilise pour atteindre le genre de but qui sera toujours hors de leur portée.

Dénonce! Le plus grand complice de ton agresseur, c’est ton propre silence.

Lorsque tu vis des situations difficiles, éloigne-toi de ceux qui te les créent, apprécie ceux qui te te viennent en aide, et fuis particulièrement ceux qui vont te les créer dans le but d’être ceux qui vont te venir en aide.

Prend les décisions qui te sont importantes, sans te soucier de comment ça va affecter les autres.  Tu as la responsabilité de ton propre bonheur, pas de celui des autres. 

Ne t’attends pas à ce que je m’arrête si tu te mets en travers de ma route.

Les amateurs donnent des leçons.  Les experts donnent l’exemple.

Reconnaitre qu’un but est hors de ma portée, ce n’est pas un échec.  Cesser de perdre mon temps et mes énergies, c’est au contraire une réussite. Et c’en est une que beaucoup de gens ne seront jamais capables d’atteindre.

La sagesse, c’est ce qui différencie la ténacité de l’obstination.

Savoir choisir ses batailles, c’est la différence entre investir dans une réussite, et perdre son temps à tenter de faire croire que tu as raison à des gens qui n’en valent pas la peine.

Je ne changerai pas si je te déplais. Par contre, je vais changer si je me déplais.

Je dois certaines de mes réussites au fait que j’ignorais que j’étais supposé échouer.

Ton insistance à me changer afin de faire de moi ton idéal pour te plaire, ça démontre seulement ton incapacité de plaire à ceux qui sont ton idéal.

Ceux qui le font pour les autres abandonnent.  Ceux qui le font pour soi continuent.

Peu de gens auront une vision de toi qui est conforme à la réalité.  Elle sera plutôt conforme à l’idée qu’ils ont besoin d’avoir à ton sujet.

Il faut planifier pour avancer, mais il ne faut pas s’arrêter sous prétexte qu’on ne peut pas tout prévoir.

Un échec, c’est seulement une opportunité pour vouloir mieux, faire mieux, trouver mieux, réussir mieux et récolter mieux.

Devient le genre de personne que l’on attendait, plutôt que d’être la personne avec qui on est en attendant.

Ne perd pas ton temps à te justifier.  Les gens n’entendent que ce qu’ils veulent entendre, et ne voient que ce qu’ils veulent voir.

Le premier pas vers l’échec, c’est de décider à la place des autres ce qu’ils devraient penser de toi.

Je préfère un ennemi qui va tenter de m’arrêter par sa peur de mon succès, qu’un proche qui va tenter de m’arrêter par sa peur de mon échec.  Parce que même si le premier est haineux, il croit en moi et en mes capacités.  Tandis que le second, malgré tout l’amour qu’il a pour moi, n’y croit pas.  Et bien qu’il soit beaucoup plus pénible moralement de s’éloigner d’un proche que d’un ennemi, il reste que l’un comme l’autre ne pourront jamais s’empêcher de se mettre entre mes buts et moi. M’éloigner de ces gens n’est pas qu’une option. C’est une nécessité.

Si j’ai réussi à détruire les murs qui m’emprisonnaient, ce n’est pas pour me laisser arrêter par les murs qui emprisonnent les autres.

Une personne déterminée à réussir va voir la sagesse dans ces paroles et agira en conséquence.  Une personne déterminée à échouer invalidera chacune d’entre elles pour justifier son inaction.

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Y’A LIENS LÀ

Voici les six billets précédents de ma série Ma Philosophie.

Ma Philosophie.
Ma Philosophie (2).
Ma Philosophie (3).
Ma Philosophie (4) Réflexions courantes.
Ma Philosophie (5) Parfois….
Ma Philosophie (6).

Et dans le même ordre d’idées.

Regarder derrière soi pour mieux aller de l’avant.
C’est à toi de choisir.
Je me méfie de ceux qui me disent...
100 leçons de vie que j’aurais aimé apprendre plus tôt.

Sur quelle planète est-ce que je vis? Ou: Explication logique pour une existence faite de rebondissements extrêmes.

Il y a 23 ans, lorsque je travaillais en support technique pour la page web d’Air Canada, on m’a appris que pour chaque personne qui pose une question ou fait un commentaire, il y en a 50 à 100 autres qui pensent la même chose mais qui ne le disent pas.  Dans une telle optique, ça voudrait dire qu’il doit bien y avoir de 300 à 600 personnes qui me regardent aller en se demandant bien comment est-ce que je fais pour avoir une vie aussi anormale. 

Prenez juste l’année 2020 qui s’achève.  J’ai eu cinq boulots. J’ai habité à neuf endroits.  Je suis retourné aux études.  J’ai été itinérant pendant 40 jours. Je suis redevenu obèse (selon la charte de masse corporelle et de poids), puis de nouveau athlétique.  Barbu puis glable.  TDAH puis médicamenté.  Support technique, préposé aux enfants handicapés, étudiant, préposé aux bénéficiaires, préposé aux résidents.  Fiancé, célibataire.

Il est vrai que l’année 2020 a été exceptionnellement négative pour la plupart du monde.  Mais dans mon cas personnel, personne ne peut nier que j’ai vécu plus de rebondissements qu’une série télé ou un roman.  En fait, même une série-télé ou un roman ne mettrait jamais autant de détails dans sa saga.  Et surtout pas en une seule saison.  À moins d’être une comédie extrême ou une parodie.  Parce qu’il faut bien se l’avouer, ce que je vis, c’est juste trop exceptionnel pour être réaliste.  Et pourtant, c’est la réalité. 

Et ceci fait que, depuis plusieurs années, les gens qui me lisent sur le net ou me voient aller dans la vraie vie, me servent des questions et/ou des commentaires dans lesquels ils expriment qu’ils me trouvent bizarre. 

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Il y a deux ans, lorsque je croyais que ma vie était enfin devenue normale.

Ce n’est pas étonnant qu’ils pensent ça de moi et de ma vie.  Parce que la norme, surtout pour un homme dans la cinquantaine, c’est la stabilité.  En général, à mon âge, on a eu deux, maximum trois carrières longues et stables.  On a eu une, maximum deux conjointes, dans des relations longues et stables.  Des conjointes sérieuses, avec une tête sur les épaules.  La moitié de ces hommes ont eu deux, maximum quatre logements / maisons / condos.  Ils ont un véhicule, un bout de terrain, un revenu stable et confortable.

Alors pourquoi est-ce que dans mon cas personnel, la vie n’est que chaos, instabilité et simplicité involontaire?  D’habitude, lorsque quelqu’un a une vie aussi mal foutue, c’est parce que c’est une personne à problèmes.  Problèmes d’alcool, de drogues, de jeu.  Problème psychologique.  Peu ou pas d’éducation, de logique, de débrouillardise, d’intelligence.  Repris de Justice.  Lâche, paresseux, négatif, défaitiste, dépressif. 

Les gens qui m’entourent et/ou qui me lisent voient bien que je ne suis rien de tout ça.  Au contraire, je suis réfléchi, logique, sobre, positif, courageux, vaillant, tenace.  Pas étonnant que ces gens ne comprennent pas comment je me retrouve sans cesse dans de telles situations.

Il y a une explication logique et celle-ci tient en deux mots : Maturité tardive.  Car en effet, jusqu’à mes 25 ans, j’étais un con.  J’ai fini par m’en rendre compte et j’ai beaucoup travaillé sur moi-même afin de cesser d’avoir les comportements qui me sabotaient à tous les tournants.  Malheureusement, rendu à cette période de ma vie, j’avais déjà tellement pris de mauvaises décisions, que celles-ci allaient me valoir des conséquences négatives pour les trente années qui allaient suivre. 

Oui, 25 + 30 = 55, alors que j’ai 52 ans.  C’est que j’estime que j’en ai pour encore environs trois ans avant que mon passé cesse définitivement d’influencer ma vie à la négative. 

Ce qui va suivre n’est ni une plainte ni une justification ni de la victimisation.  C’est une explication.  Avis tout de même aux âmes sensibles et aux bien-pensants ; attendez-vous à vous sentir agressés par certaines de mes déclarations.  Il se trouve que la vraie vie n’est pas politiquement correcte.  J’ai vu ce que j’ai vu, j’ai vécu ce que j’ai vécu, et les faits sont les faits.

Donc…

Lorsque mes projets échouent, mon premier réflexe a toujours été de me regarder en premier.  De trouver où se situait mon erreur de jugement. De voir ce que j’ai bien pu dire ou faire pour m’attirer tel ou tel problème.  Car s’il est une personne qui a passé sa vie à apprendre de ses erreurs, c’est bien moi. Ce blog le prouve. En douze ans d’existence, je ne cesse d’y publier des billets dans lesquels je raconte de long en large ce qui n’allait pas chez moi, et ce que j’ai fait pour m’améliorer, et ce à tous les niveaux.  Pour les curieux, j’ai mis des liens vers ceux-ci en bas de cet article. 

Cependant, ce sera la première fois que je vais parler de mon manque de maturité, et que j’expliquerai pourquoi et comment est-ce que ça a gâché plus de la moitié de ma vie, la presque totalité de ma vie adulte.

Qu’est-ce que je veux dire par manque de maturité?  En langage clair, enfant, ado et jeune adulte, je me foutais de tout et de tout le monde.  Jusqu’à mes 25 ans, tout ce que je voulais, c’était m’amuser, rire, baiser, et devenir riche et célèbre en y mettant le moins d’effort possible. Voilà pourquoi je me voyais artiste. Faire quelque chose qui me plait et qui demande peu d’efforts, rendre la chose publique, des millions de personnes vont aimer ça, ça fera de moi un multimillionnaire. Comme plan de carrière, difficile de faire plus simple. J’avais déjà du talent en dessin et en rédaction, et puisque tout le monde aime l’humour, moi le premier, bien voilà! Je ferai n’importe quoi, pourvu que ça transmette mon humour: Auteur, bédéiste, scénariste, gagman, humoriste…

Jusqu’à mes 25 ans, j’étais pauvre, maigre, faible, laid, d’une famille qui avait mauvaise réputation dans mon village d’origine.  Et sans pour autant être totalement idiot, mon TDAH me rajoutait de la difficulté d’apprentissage à l’école, ce qui m’a laissé sans diplôme à la fin de mon secondaire, car j’étais en retard de deux ans en maths. Pas grave; je me suis inscrit au cégep en Arts et Lettres, là où les maths ne sont pas un prérequis. J’y suis allé deux sessions, que j’ai abandonné et coulé parce que ça s’est avéré beaucoup plus difficile que je le croyais. De toute façon, seule la vie sociale y avait de l’importance à mes yeux. Je n’en avais rien à foutre, de ne pas être diplômé. J’étais convaincu que mon talent d’artiste et d’humoriste allait me rendre immensément riche. 

Mon comportement était un réflexe compensatoire.  Se prendre pour un plus-que-tout, c’est un réflexe classique qu’ont certaines personnes afin de survivre au sentiment de n’être qu’un moins-que-rien.  Et l’une des manières de se sentir supérieur aux autres, c’est en rabaissant les autres plus bas que soi.  Ainsi, mon humour se concentrait particulièrement sur le dénigrement d’autrui.  Et puisque j’ai toujours eu le don de pouvoir détecter le moindre défaut de chaque personne avec une étonnante exactitude, je me servais tout naturellement de ça comme base pour faire des blagues, textes et dessins à leur sujet.  Le genre d’humour qui apporte beaucoup plus de malaise que d’amusement.

Je ne m’en rendais pas compte, mais j’avais l’humour kamikaze.  Mes cibles premières étaient ce qui m’entourait : Ma ville, mes écoles, mes boulots, mes activités, ma parenté, mes amis, mes collègues, mes professeurs, mes copines et mes conjointes.  Ce besoin de rire des autres et de les rabaisser était tel que lorsque j’étais en classe, je n’hésitais pas à saboter un travail ou un devoir, si ça pouvait me donner une opportunité de donner l’impression aux autres que le prof, le travail ou le devoir était stupide.  Même si ça signifiait échouer.   Et je ratissais large.  Tout ce qui était aimé et populaire, je le prenais comme cible, pour en démontrer l’aspect le plus merdique que je puisse trouver.

Un exemple entre mille, puisque nous sommes dans le temps des fêtes.  À chaque année, des humoristes font d’amusants monologues ou des chansons drôles sur le thème de Noël.  Moi?  Mes créations n’avaient qu’un seul thème : La discorde.  Je vous ferai grâce du monologue, mais son titre dit tout : Le temps des fights.  Quant aux chansons, voici un court extrait de ma parodie de Vive le vent :

C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
On se dit qu’on s’aime mais toute l’année on s’fait l’air bête
Oh! C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
Politesses et compliments qui n’ont rien de sincères.
«Joyeux joyeux Noël»
Que l’on se dit
Alors qu’au fond on pense
«Va donc chier mon estie!»
Oh! C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
Heureusement que l’on se ment sinon ce s’rait l’enfer

Toujours à tout rabaisser.  Toujours à tout tourner au négatif.  Et trop con pour réaliser qu’en persistant dans cette voie, qu’en m’acharnant à dire sans cesse ce que personne n’a envie d’entendre, je ne gagnais pas en popularité.  Bien au contraire.

Et voici en quoi cette immaturité a saboté ma vie adulte jusqu’à aujourd’hui.

C’est à 21 ans que j’ai quitté la maison, suite à une dispute avec mon père.  À ce moment-là, j’avais la chance d’avoir une copine, Marie-France.  Comme la majorité de celles que j’avais eues jusque-là, celle-ci habitait à Montréal.  Car en effet, dans mon St-Hilaire d’origine ainsi que dans les villes avoisinantes, pas une fille sensée ne voulait de moi.  Il fallait que j’aille les chercher loin pour que ma réputation ne me précède pas.  Je suis donc allé vivre avec elle, chez sa mère, devenant du même coup montréalais.

(Mon immaturité prétentieuse m’a poussé à rompre quelques temps plus tard car je ne la trouvais pas assez bien pour moi, mais ceci est une autre histoire.)

Lorsque l’on commence la vie adulte, nos premiers emplois sont à la mesure de nos expériences de travail d’été d’adolescents et/ou de nos études. Dans mon cas personnel, contrairement à mes amis, personne ne m’a refilé un bon emploi pendant mon adolescence, à cause de la mauvaise réputation que me causait ma personnalité immature. Et je n’avais pas mon diplôme de secondaire. Par conséquent, rendu adulte, je ne pouvais que me décrocher des boulots minables et sans avenir au salaire minimum, comme plongeur de restos ou cuisinier de chaine de fast-food.  Le genre de travail qui garde son employé sous le seuil de la pauvreté.  Dans ce temps-là, on va habiter là où les loyers sont les moins chers, et si possible près de notre travail. 

C’est ainsi qu’en 1990, je me suis retrouvé dans le quartier Ville-Émard, à ce moment-là pauvre et mal famé, en tant que cuisinier de nuit dans un Dunkin’ Donuts.  Dès que mes dépenses incontournables du mois étaient payées, c’est à dire loyer, téléphone et épicerie, il me restait 9$ par mois.

Un commerce situé dans un quartier mal famé va forcément avoir à son emploi des habitants de ce quartier.  C’est-à-dire des gens à problèmes.  Problèmes d’alcool, de drogues, de jeu.  Problème psychologique.  Peu ou pas d’éducation, de logique, de débrouillardise, d’intelligence.  Repris de Justice.  Lâche, paresseux, négatif, défaitiste, dépressif. 

Quand tu es un jeune homme de 21 ans en manque affectif et sexuel, mais que tu es pauvre, laid, faible de corps et d’esprit, sans diplômes, que tu n’as que 9$ par mois pour tes loisirs, et que ton manque d’éducation fait que ceci est le summum que tu puisses atteindre, il ne faut pas s’attendre à ce que tu ailles ce qu’il faut pour plaire à une fille belle, intelligente, réfléchie, diplômée et qui a de l’avenir.  Déjà qu’elles sont introuvables dans le quartier pauvre où est situé le taudis que tu habites. Alors tu dois te contenter de celles qui restent.  Vulgaires, inéduquées, laides, grosses, droguées, sans avenir, avec problèmes légaux, psychologiques et comportemental. Et surtout, tout comme toi, tellement désespérées de plaire à quelqu’un qu’elles prendraient n’importe qui, en se foutant bien d’être compatibles au-delà de l’orientation sexuelle.

C’est facile à dire, que mieux vaut être seul que mal accompagné.  Mais quand notre choix se limite justement à être mal accompagné ou bien à passer le reste de notre vie seul, on finit par se résigner à devoir faire des compromis. 

Et c’est comme ça que je me suis retrouvé avec la seule qui a daigné s’abaisser à vouloir de moi: Kim, une grosse laide vulgaire dépensière compulsive avec problème de jeu, légaux, psychologiques et comportemental. Et tellement désespérée de se trouver un homme, et de le garder, qu’elle a lâché la pilule sans me prévenir, afin de me coincer dans cette relation via paternité imposée.  Et c’est ainsi que je suis devenu père, peu après mes 25 ans, sans être prêt financièrement ou émotivement à faire face à cette situation.

Oui, d’accord, j’ai été victime d’un coup de cochon.  N’empêche que si, plus jeune, j’avais eu la maturité de prendre mes études au sérieux, et si je n’avais pas brûlé mes ponts en tournant tout le monde au ridicule, alors je me serais trouvé une copine et un travail dans ma région d’origine. Jamais je n’aurais eu à aller habiter à Montréal, jamais je n’aurais travaillé à ce Dunkin’ Donuts, et jamais je n’aurais rencontré cette fille.  Donc, même si on ne peut nier que je suis la victime et que c’est elle qui a agi de manière malhonnête, il reste que ce qui m’arrivait-là, c’était les conséquences de mon immaturité.

Et c’est là que je n’ai eu d’autre choix que de prendre de la maturité.  J’ai amorcé une longue introspection pour trouver ce qui n’allait pas chez moi.  Je suis retourné aux études.  J’ai terminé mon secondaire et j’ai reçu mon diplôme.  J’ai poursuivi mes études au cégep en journalisme.

Au lieu de comprendre que je faisais ça pour pouvoir fournir une vie confortable à ma femme et à nos enfants, Kim a préféré s’imaginer que dès que j’aurai un bon travail, j’irais les abandonner.  Elle a donc tout fait pour saboter mes études, allant jusqu’à appeler la police pour me faire expulser de la maison sous de mensongères accusations de violence envers elle.  À 27 ans, j’ai eu à retourner vivre chez mes parents, maintenant à St-Hyacinthe.  Mon prêt étudiant était calculé pour une personne qui habite le quartier de son école.  Le transport quotidien maison-cégep a tout gobé.  Trois semaines avant les examens, il ne me restait plus rien pour payer le voyage.  J’ai dû interrompre mes études.

J’ai persévéré.  L’année suivante, j’habitais aux résidentes étudiantes du cégep et j’ai pu y poursuivre mes études.  Je m’y suis fait une nouvelle copine.  Camélia.  Belle, avec de l’avenir, et provenant d’une famille aisée avec un père riche avec des connexions partout. Peu après, je me trouvais un travail à La Boite, à m’occuper de la page web d’Air Canada, à $14.00 de l’heure alors que le salaire minimum était de $7.35. 

À 28 ans, est-ce que j’allais enfin commencer une vie adulte prospère et normale?  Eh non!  Maintenant travailleur, je dois rembourser mon prêt étudiant. Et puisque Kim est sur le BS, et que le BS c’est le Gouvernement, et que le Gouvernement cherche à couper dans les prestations autant que possible, ce sont eux qui me collent pour elle un max de pension alimentaire. Pension qui, du reste, ne leur rapporte pas un sou de plus, car le montant exact que je leur verse est retiré de son chèque de BS. Et tout ceci fait que je ne reçois que 36% de mon revenu brut. Ça signifie que même avec mon excellent salaire, il me reste encore moins d’argent pour vivre que lorsque je travaillais au Dunkin.  La seule chose qui me sauve, c’est le bas coût de mon loyer car je suis en colocation avec deux personnes.

Au début de la relation, les parents de Camélia m’appréciaient pour ma maturité.  Mais lorsqu’ils ont appris que j’étais père divorcé (ou l’équivalent), ils ont convaincu Camélia de me laisser tomber.  Car un père divorcé, ça n’aura jamais d’argent, ce qui signifie que ça sera elle qui devra me faire vivre.  Et pour aider sa fille à prendre cette décision, son père a usé de ses connexions de manière à me faire perdre mon emploi et à me ruiner financièrement et socialement, ce qui m’a fait plonger dans une terrible dépression.

Là encore, j’ai été victime d’un sale coup de cochon.  Mais là encore, si j’avais été plus mature étant jeune, je n’aurais pas subi cette paternité imposée, et ça n’aurait pas provoqué le père de Camélia à agir de la sorte.

Perdre mon emploi a eu ceci de bon : ça a annulé mon obligation de payer une pension alimentaire, chose que j’aurais eu à faire jusqu’à ce que la cadette de mes enfants aille 18 ans, 21 si elle poursuit ses études.  Je n’ai donc pas eu le choix : Tant et aussi longtemps que mes enfants n’étaient pas tous majeurs, je devrai renoncer à toute carrière pouvant faire de moi un homme prospère, sous peine d’être de nouveau victime d’abus financiers, et du harcèlement qui vient avec.  Dans de telles conditions, choisir l’option de rester pauvre, ce n’est pas de la fraude, c’est une question de survie.  Et surtout, c’est parfaitement légal.  De toute façon, que je paye ou non le centre jeunesse et la pension, ça ne changera rien du tout aux finances de mon ex, ni aux soins reçus par mes enfants.  Je serais juste puni pour avoir commis le crime d’avoir eu une ex qui a lâché la pilule sans m’en parler.

J’ai donc vécu ainsi, en simplicité involontaire, jusqu’en 2016.  À ce moment-là, j’étais rendu à 48 ans.  J’avais passé la moitié de ma vie, et la presque totalité de ma vie adulte, à être obligé par Kim et par la Loi à rester pauvre.

Je n’ai pas perdu tout ce temps-là à ne rien faire.  Tel que je l’ai décrit dans la majorité des billets de ce blog, j’ai beaucoup travaillé sur moi.  Sur ma personnalité, ma maturité, mon caractère, ma volonté, ma discipline. Sur mon alimentation, ma force, ma résistance cardio, ma santé.  Sur mon éducation et mon acquisition de nombreuses compétences dans divers métiers.  Sur mes choix de buts réalistes.  Ce n’est qu’à 48 ans que j’avais enfin ce qu’il faut pour me construire une vie d’adulte normal, faite de succès et de prospérité.

En théorie du moins. Car si du côté légal je n’ai plus rien qui puisse m’empêcher de réussir ma vie, mon passé d’immature continue encore et toujours à me faire obstacle au niveau social, financier et amoureux.

Et quel est le lien entre les mauvaises décisions que j’ai prises avant mes 25 ans, et le fait que ma vie est encore et toujours un chaos d’instabilité qui m’oblige sans arrêt à recommencer ma vie à zéro?  Simple : Vous vous rappelez lorsque je disais, plus haut dans ce billet, qu’un homme de mon âge, avec ma maturité et ma personnalité, c’est supposé avoir une longue carrière, un bon revenu, un véhicule, une propriété?  Eh bien moi, je n’ai rien de tout ça.  Mieux encore : Avec absolument rien de bon à mettre sur mon CV, il a fallu que je recommence tout en bas de l’échelle, en devenant d’abord gars de ménage dans un garage de bus, avant de devenir concierge, puis surintendant.  Hélas, et c’est quelque chose que tous les médias nous rapportent depuis plusieurs années, si en vingt-cinq ans le salaire minimum a doublé, le coût de la vie en revanche a presque quadruplé.  Ce qui fait que là encore, à 48 ans, j’ai commencé ma vie adulte en gagnant tout juste de quoi survivre.

Comme si ça ne suffisait pas, mon année et demie de chômage de 2015-2016 m’a endetté de $10 000.00 (Une marge de crédit que ma banque m’a offerte à 3.5% d’intérêts afin de payer ma Visa qui elle me chargeait 19.9% d’intérêts), une dette qui perdure à ce jour et que je n’ai jamais été capable de régler.  J’ai déjà réussi à la baisser à $7 500.00, mais quelques imprévus m’ont obligé à aller re-piger dedans.

Comme je l’ai souvent écrit ici, j’ai passé les neuf dernières années à me trouver du travail, y rester un an ou deux, utiliser cette expérience pour me trouver un meilleur travail à meilleur salaire, et recommencer cette manœuvre pendant un an ou deux. Ce qui m’a permis de grimper peu à peu les échelons de carrières, sociaux et financiers.  Avouez que ça démontre débrouillardise, intelligence, persévérance, et surtout d’une grande capacité d’adaptation.

Hélas, à un âge où les hommes avec mes capacités ont une longue carrière derrière eux, les efforts et manœuvres que je fais pour sans cesse améliorer mon sort ne me font pas trouver grâce aux yeux de la population en général. Ils n’y voient pas de l’évolution. Ils n’y voient pas du progrès. Tout ce qu’ils voient, c’est de l’instabilité.

Imaginez que vous êtes une femme dans mon groupe d’âge.  Vous avez une longue carrière, un revenu confortable, des économies, un véhicule et une propriété.  Est-ce que vous allez vous mettre en couple avec un gars comme moi, pauvre, endetté, qui change sans cesse d’emploi et d’adresse? 

Surtout que, comme je le dis plus haut, quand un homme de mon âge vit une situation comme la mienne, c’est parce qu’il a des problèmes légaux, psychologiques, comportemental, de jeu ou de consommation. Moi, non seulement n’ai-je rien de tout ça, j’ai tout pour réussir. Alors les gens ne comprennent pas pourquoi quelqu’un comme moi a une vie comme celle-là.

Et c’est ça qui fait qu’aux yeux des gens normaux, je suis bizarre. Et les gens bizarres, on s’en méfie. Je ne sais plus compter le nombre de fois où j’ai entendu à mon sujet des variantes de « Il a sûrement un problème, c’est juste qu’il cache bien son jeu », ou alors « Personne ne peut vivre ce qu’il a vécu sans que ça laisse des séquelles psychologiques. C’est sûr qu’il est une bombe à retardement, prêt à exploser sans préavis a la première contrariété. » Et en se méfiant de moi de la sorte, les gens bien se tiennent loin de moi. Et puisque ce sont les gens bien qui ont le contrôle sur tout ce qui est bien, socialement comme financièrement, ça ralentit mon évolution dans ces domaines. Quand ça ne va pas carrément l’empêcher..

Rajoutons à ça que, comme me l’a fait remarquer ma BFF Stéphanie, à l’âge où nous sommes rendus, les gens biens sont déjà tous casés depuis longtemps.  Si on veut être en couple, on doit se contenter des restants : Mères monoparentales, hommes ruinés par le divorce et la pension, ou alors des gens à problèmes. À problèmes légaux, psychologiques, comportemental, de jeu ou de consommation.  Le genre de personne qui, lorsqu’ils partagent notre vie, sabotent nos progrès car ils tiennent à nous garder au même niveau qu’eux.

Un niveau au-dessus duquel j’ai passé les derniers 28 ans de ma vie à tout faire pour m’élever.

Et c’est ça, la raison pour laquelle ma vie est un tel chaos.  C’est le fait que je suis pauvre et endetté à 52 ans, sans autre possessions que la base.  C’est le fait que je saute d’une opportunité d’emploi à l’autre.  Et c’est le fait que, malgré que je sois sérieux, mature, réfléchi, logique, sobre, positif, courageux, vaillant, tenace, et en meilleure forme physique que la majorité des hommes de de mon âge, je n’arrive à plaire qu’à des femmes à problèmes qui se mettent de la partie en tentant de m’empêcher de mener une vie normale, et qui vont jusqu’à mentir dans le but de m’expulser de notre appartement, alors que je suis de retour aux études dans le but d’améliorer notre sort. C’est ce que j’ai vécu à l’automne de 1996, et c’est ce que j’ai vécu en juin 2020. Mais cette fois, au lieu de retourner chez mes parents à St-Hyacinthe et ainsi devoir interrompre mes études, j’ai préféré rester dans la région, d’abord en squattant une cabine de motel abandonné, avant d’aller m’installer de façon pas très légale dans un locker d’entrepôt.

Je m’étais bien aménagé, quand même.

Itinérant pendant 40 jours sans raison pertinente de l’être. Raison de plus pour donner à un homme la réputation de « bizarre », de « personne à problèmes qui cache bien son jeu« , donc de « gars de qui il vaut mieux se méfier. » Quand tout le monde croit ça de toi, ils contribuent à te garder là-dedans, et tu reste coincé dans un mouvement perpétuel dans lequel il est quasiment impossible de sortir.

Et ça, ça reste encore et toujours causé par l’effet domino amorcé par ce manque de maturité qui m’a fait prendre de mauvaises décisions avant mes 25 ans. Et c’est pour ça que jusqu’à maintenant, malgré tous les efforts que j’y mets, ma vie demeure chaos, instabilité et simplicité involontaire.

Ceci étant expliqué:

Dans trois ans (ou moins), j’aurai enfin une vie normale à la mesure de la moyenne des hommes de mon âge.  Comme je vous l’expliquerai un jour si je finis par conclure ma série Préposés aux maléficiaires, j’ai enfin fini par décrocher mon emploi de rêve.  Depuis maintenant un mois, je suis préposé dans une résidence privée pour personnes âgées, qui n’a que 18 résidents.  Et il se trouve que je suis beaucoup plus compétent dans ce poste que dans tous mes autres emplois précédents réunis.  L’ambiance est chaleureuse et positive.  Je suis apprécié par tous, autant la direction que les collègues que les résidents.  On est surpris à quel point j’ai appris vite et bien toutes les facettes de mon travail.  La direction a déjà confiance en moi et en mes capacités au point où, après trois semaines, on m’a laissé de garde de nuit, seul, chose qui d’habitude prend de deux à trois mois.  Et le plus beau, c’est que j’ai le genre d’horaire que j’ai toujours souhaité.  En trois jours, je fais mes 37.5 heures par semaine, ce qui me laisse quatre jours par semaine pour mes projets et loisirs.  Et je me suis trouvé un 1½ à coût ridiculement bas, électricité et internet fourni, à huit minutes à pied de mon travail. 

Grâce au salaire et à la Prime Covid du Gouvernement Legault, je gagne presque le double de mon salaire précédent, qui était le meilleur que j’avais eu jusque-là.  Ce qui fait que je reçois en ce moment 4.5 fois plus que ce que j’ai à dépenser pour vivre.  Non seulement suis-je dans la meilleure situation financière de ma vie, j’aurai remboursé la totalité de ma dette à la RBC d’ici à juin 2021.  À partir de là, si je continue à vivre modestement, alors à l’automne de 2023, j’aurai une longue carrière stable, des économies et des placements. À ce moment-là, je pourrai enfin, comme un homme de mon âge, obtenir du financement bancaire pour un véhicule et/ou une propriété. Et là, enfin, aux yeux de tous, je vivrai la situation normale d’un homme normal. Et plus personne ne va se méfier de moi, ni contribuer à me remettre dans la misère qui fut mienne durant toute ma vie jusqu’à maintenant, et qui le sera jusqu’à mes 55 ans.

En attendant que ça arrive, vivre aussi modestement alors que je gagne autant, ça me fait maintenant passer pour un grippe-sou. Je ne plaisante pas, on m’a posé la question. Et puisque pour chaque personne qui pose une question ou fait un commentaire, il y en a de 50 à 100 autres qui pensent la même chose sans le dire, alors voilà, nouvelle raison pour pour les gens normaux de se méfier de moi et m’empêcher d’évoluer.

Mais bon, peu m’importe de ne plus pouvoir avancer, puisque j’ai finalement atteint un point où ma carrière et mes finances sont élevées, stables et sécurisées. Encore trois ans de patience, et plus jamais les mauvaises décisions de mon passé d’immature ne pourront m’empêcher d’avoir une vie normale, ni de la partager avec une femme bien.

Parce que , je vivrai enfin sur la même planète que tout le monde.

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Y’A LIENS LÀ:
Toutes les références que l’on retrouve dans ce billet.


La longue introspection que j’ai faite porte un nom: Autopsie du Loser.

Je m’en suis guéri, tel que l’on peut voir dans cette série de 14 billets intitulés Pas obligé de rester loser. (Cette page les montre à-rebours.)

La super-longue saga en 11 parties qui raconte mon retour aux études, ma rupture avec Kim, ma relation avec Camélia, mon travail à La Boite, et comment mon beau père a usé de son influence pour me faire tout perdre et me faire tomber en dépression. GM = Général Menteurs. (Cette page les montre à-rebours.) Ou alors, vous pouvez commencer par le premier billet de cette série.

Sinon, le plus court billet qui puisse expliquer pourquoi Kim et le père de Camélia ont travaillé fort pour s’assurer que je reste dans la misère, c’est le onzième : L’allergie aux changements.

Non seulement ai-je observé Le réflexe compensatoire, j’ai l’appui de recherches scientifiques sérieuses.

Au début de ce texte, je parle de Marie-France, ma copine de mes 21-22 ans, une jeune fille très bien, jolie, sérieuse et tout. Mais après avoir rencontré Christine, je ne la trouvais plus assez bien pour moi.

Par trois fois, j’ai prouvé, devant toute la classe, que les profs disaient des stupidités. Ça m’a valu L’étoffe des zéros.

À la fin de mes 26 ans, voici Comment j’ai appris que je n’étais pas un humoriste.

Nous sommes tous la génération décevante de nos ainés

À 52 ans, je suis enfin rendu à cet âge où beaucoup de gens de ma génération rabaissent la génération suivante, pour la simple et mauvaise raison que celle-ci ne vit pas selon des principes semblables aux miens. Alors, en réponse à…

Cette génération n’est pas « fragile », vous êtes juste frustrés parce que vous ne pouvez plus vous montrer ouvertement homophobes / transphobes sans vous faire rabrouer.

Ben non, ce n’est pas pour ça qu’on dit que cette génération est fragile. Je vais vous le dire, moi, les vraies raisons de pourquoi on dit ça.

Si on dit que cette génération est fragile, c’est parce que quand on change l’heure, il leur faut un arrêt de travail payé de six semaines, quatorze séance de psy, quatre mois de prescriptions de Lexapro, Cipralex, Sipralexa et Seroplex, et six mois de luminothérapie pour s’en remettre.

Cette génération est fragile parce qu’ils ne se nourrissent que de restos, de livraison ou de plats congelés déjà prêts, pour se plaindre ensuite du coût de la vie qui les oblige à vivre dans un placard. S’ils faisaient l’effort d’apprendre a cuisiner, ça leur coûterait 2,5 fois moins cher pour bouffer, et ils pourraient se payer un appartement plus grand. Calculez vous-mêmes: 750$ de resto contre 300$ d’épicerie = 450$ d’économies par mois. En cette époque du 200$-la-pièce, faire l’effort de cuisiner signifie un appartement de 2 pièces de plus. Ou mieux encore: Un appartement pour toi tout seul, sans colocataires.

Cette génération est fragile car elle abuse du snooze.

Allez, encore cinq minutes. (Répéter de deux à huit fois)

Si tu trouves ça pénible, de te faire réveiller le matin, pourquoi est-ce tu fais exprès pour multiplier cette mauvaise expérience de deux à huit fois, quotidiennement? ELLE EST OÙ, LA LOGIQUE?

Tiens, dans le même ordre d’idées que la cuisine, j’ai fait un petit calcul: Un pot de café, une boite de sirop d’érable et un 4-litres de lait = 20$. Avec ça, je me fais de 20 à 25 litres de café glacé à l’érable. Vous avez combien de café glacé trop sucré de chez Starbuck pour le même prix? Trois? Ça fait quoi comme quantité, un litre et demi?

Les commerce l’ont bien compris, eux, que vous êtes une génération tellement molle que vous êtes prêts à payer le gros prix, pourvu que l’on fasse les choses à votre place. Et aussi que l’image, la beauté, est importante, donc que vous débourserez aisément quelques dollars de plus pour qu’un barista vous fasse un joli p’tit dessin dans votre mousse de café, qui ne survivra pas quinze minutes.

Cette génération est fragile car elle préfère aller attendre vingt minutes pour un déjeuner au Tim Horton + le temps de le manger, parce qu’elle n’a pas le temps de prendre les quinze minutes requises pour se le préparer et le manger chez soi.

Un conseil: Lâche le snooze et tu vas l’avoir, le temps.

Il y a douze ans, pour mes 40 ans, j’ai pensé me faire tatouer sur un côté de la poitrine les mots « Courage, Ténacité, Sagesse », à l’envers, pour pouvoir les lire dans le miroir. Puis, je me suis ravisé. Je suis parfaitement capable de vivre ma vie selon ces principes, sans avoir à me les écrire dessus pour m’en rappeler. Il y a quelques années, j’ai vu une femme dans la vingtaine, qui s’était fait tatouer « Rêve, Espoir, Chance »… Le mien parle de mettre l’effort physique et logique pour faire de quoi de sa vie. Le sien parle juste d’attendre que tout lui arrive sans efforts.

Mais moi, je suis d’une autre génération. Pas un Millénial. Pas un Boomer. Je suis l’entre-deux. La Génération X. Et en tant que tel, j‘ai passé ma vie à me faire rabaisser, me faisant traiter de faible, de sans-coeur, de paresseux, de mou, de lâcheur, de gars qui recherche toujours la voie facile, et ce de la part de mes ainés, les Boomers. Pourtant, considérez ceci:

Il y a 27 ans, alors qu’une paternité non-prévue (de mon côté, du moins) ne me laissait plus assez d’argent pour vivre, pendant un mois et demi, j’ai eu deux boulots simultanés de pâtissiers à temps plein dans deux Dunkin’ Donuts différents, l’un de jour, l’autre de nuit. Mon appartement n’était plus qu’un dortoir.

Il y a 26 ans, alors que tous mes amis avaient leurs permis de conduire depuis dix ans, tous payés par leurs papas pendant les vacances d’été dans les rues calmes de St-Hilaire / Beloeil / Otterburn Park, j’ai ramassé chaque sou pour apprendre à conduire en plein hiver dans Montréal, le soir au gros trafic, tout en travaillant à temps plein.

Il y a 24 ans, au lieu de brailler que mon manque de diplôme de 5è Secondaire me condamne à des boulots chiants et cul-de-sac de lavage de vaisselle et de préparation de fast-food au salaire minimum, je suis allé aux cours aux adultes pour finir mon secondaire. Oui, malgré ma dyscalculie, j’ai fait l’effort de ne me ne concentrer que sur ces deux ans de maths qui me manquaient pour avoir mon diplôme. Et je l’ai obtenu.

Il y a 22 ans, alors que le harcèlement moral au travail était encore légal, j’y ai eu tellement droit que j’en ai fait une dépression qui m’a amené à l’hôpital psychiatrique Douglas. Après un séjour et une foule de tests et de consultations, on m’a prescrit des médicaments. Je les ai pris pendant quatre jours avant de les foutre aux poubelles. Me faire droguer pour être capable d’accepter de me faire abuser avec le sourire? Pas question! Ce n’était pas moi le problème, c’était lui. Je me suis pris en main, je l’ai traîné en justice, et j’ai gagné.

Il y a 17 ans, en me voyant de plus en plus grossir, à en avoir le corps en forme de quille, j’aurais pu prendre la voie facile et devenir défenseur de la Fat Pride. À la place, je me suis levé, je suis allé au gym, et j’ai appris à mieux m’alimenter.

Il y a 12 ans, je lâchais Safarir après une 3e diminution de salaire, puisque ça me rapportait maintenant trop peu pour vivre. Je ne savais rien faire d’autre que des arts. Alors j’ai commencé en bas de l’échelle: Faire du ménage dans un garage de bus. Et le taux d’absentéisme parmi mes collègues était si haut que, en étant seul gars fiable de la place, je faisais 2-3 quarts de travail doubles par semaine, et je travaillais souvent des 10-12-15 jours de suite.

Il y a 11 ans, je me mets à la course à pied, activité physique dans laquelle j’ai été le plus nul de toute ma vie. Le premier jour, j’ai fait 200 mètres avant de tomber épuisé-mort, les poumons en feu. Quatre mois et demie plus tard, je faisais 5.2 km non-stop.

Il y a 9 ans, alors que je m’entraînais pour le marathon, foudroyante fasciite plantaire double, me permettant à peine de marcher, m’interdisant le marathon pour toujours.

Est-ce que j’ai fait une dépress’-à-pilules, de voir mon but dans la vie être détruit? Non! Je me suis ajusté à cette nouvelle réalité: J’ai renoncé au marathon, certes, mais maintenant, pour garder la forme, je cours pendant l’hiver, dans la neige, ce qui élimine l’impact. Et l’été, c’est vélo et trampoline.

Il y a 8 ans, je constate que mon travail au garage de bus est abusif et cul-de-sac. Est-ce que je suis resté là à chialer? Non! J’ai utilisé cette expérience pour me trouver un boulot de concierge résident. Je ne sais rien du travail de concierge? J’y ai appris la menuiserie, la plomberie et l’électricité.

Il y a 7 ans, je rencontre la fille parfaite pour moi, bien qu’elle soit de 20 ans ma cadette. Je lui fais des avances. Elle recule. Est-ce que je pars en drama-queen comme quoi elle me friendzone et que dans de telles conditions j’aime mieux prendre mes distances? Du tout! Je l’apprécie pour ce qu’elle est, en tant que personne et en tant qu’être humain, et non parce qu’elle a un vagin. Deux semaine plus tard, c’est elle qui me drague, et on a été ensemble les 4 années suivantes.

Il y a 6 ans, j’ai lâché la conciergerie dans un vieil édifice, pour un poste de surintendant dans une tour à condos de l’Île-des-Soeurs. Mauvaise idée car l’horaire, la quantité de travail et la direction étaient super abusives. On parle de 60 à 80 heures de travail par semaine. Et contrairement au garage de bus, j’avais un salaire fixe qui ne payait pas le temps supplémentaire. Et en 6 mois, j’ai eu un seul jour de congé: Noël. J’ai laissé tomber et je suis parti à la recherche d’un nouveau boulot.

Il y a 5 ans, je me suis retrouvé en chômage pendant quinze mois, à Hochelaga. Tous ces efforts pour me retrouver là. Ai-je déprimé? Ai-je renoncé? Du tout! Je me suis inscrit à un programme de création d’entreprise. Mon projet de buanderie a été approuvé à tous les niveaux.

Il y a également 5 ans, mon appartement est envahi par les punaises de lit, et le proprio ne fait rien pour régler le problème. Je n’ai pas perdu la tête ni le sommeil. Je ne me suis pas contenté de me plaindre contre ce nouveau problème non-mérité qui me tombait dessus. J’ai fait des recherches, j’ai appliqué les solutions, j’ai été patient et logique. Et en partant de là, j’y ai juste laissé les tapis, le lit et le divan, tout le reste a été sauvé.

Il y a 4 ans, impossible d’obtenir du financement pour ce projet de buanderie sur lequel j’ai tant travaillé. Je n’ai pas perdu de temps à chialer contre l’injustice des autres. Je suis retourné en conciergerie, cette fois dans une usine de portes et fenêtres. Bon salaire, horaire fixe, pas trop loin de mon appartement. Mon meilleur travail jusque-là.

Il y a 2 ans et 10 mois, suite à une chute dans les escaliers verglacés, je me pète une vertèbre entre les omoplates. Ce qui m’empêche de faire du travail manuel. Est-ce que je me suis mis en boule dans un coin en délirant à un psy comme quoi la vie et le destin n’arrêtent pas de me saboter à chaque tournant, s’arrangeant pour que je ne puisse jamais gagner ma vie, malgré tous les efforts que j’y mets? Et pis quoi encore!? J’ai utilisé le côté support technique de mon expérience de conciergerie pour me trouver un travail de bureau avec les meilleures conditions de travail de ma vie jusque-là, à Sherbrooke où le coût de la vie est le moins cher au Québec.

Et encore, attendez que je vous raconte mon année 2020 dans un billet futur. Cinq déménagements, la fin de mon couple, quarante jours d’itinérance, un retour aux études, un boulot avec des conditions abusives, couronnées par un renvoi. Tout ça pour m’arranger ensuite pour finir l’année en beauté en tant que préposé dans une résidence pour personnes âgées semi-autonomes. Et encore une fois, il s’agit d’un boulot meilleur que tous mes boulots précédents. Mes meilleures conditions de travail, mon meilleur horaire, avec mon meilleur salaire, à vie.

Et mon but, d’écrire tout ça? Oui, me vanter, je ne le nierai pas, c’est pratiquement tout ce que je fais depuis que ce blog existe. Mais je me sens justifié, du fait qu’à chaque fois que la vie m’a envoyé un coup de pied sur la gueule, j’ai roulé avec le coup, j’ai changé de direction, mais j’ai continué d’avancer, au lieu de rester là à brailler en attendant / espérant que l’on prenne soin de moi. J’ai ouvert de nouvelles portes, au lieu de m’écraser devant celles qui m’étaient désormais fermées.

Mais aussi, rappelez-vous, au début, quand je disais que j’avais passé ma vie à être rabaissé, toujours accusé d’être un faible constamment à la recherche de la solution facile. Eh bien sachez que je subis encore ça, de la part de gens de la génération qui a précédée la mienne. Des gens qui considéraient que d’avoir lâché le travail manuel pour une job de bureau mieux payée avec de meilleures conditions de travail, c’était un signe comme quoi je ne suis pas trop-trop vaillant. Et que d’être passé de Montréal à Sherbrooke, c’était fuir mes problèmes.

Et que d’avoir lâché tout ça pour revenir dans ma Montérégie d’origine? Ce qui m’a rapporté mon travail actuel dans lequel je suis apprécié de tous, collègues comme résidents? Où je suis nourri gratuitement? Dans lequel j’ai un horaire génial où je fais mes 37,5 heures en trois jours, ce qui me laisse quatre jours de temps libre par semaine? Qui me rapporte en salaire net le double de ce que je gagnais à mes quatre boulots précédents, depuis 2011? À six minutes à pied de mon nouveau chez-moi? Un chez-moi à loyer ridiculement bas, avec électricité et internet fourni? Moi j’appelle ça de l’évolution. Eux appellent ça de l’instabilité.

Peu importe ce que vous allez faire dans la vie, vous allez toujours vous faire rabaisser par quelques représentants de la génération d’avant. C’est inévitable. Alors, comme moi, faites de votre mieux, et fuck le reste!

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Une précision et quelques lien.

Au sujet du fait que j’ai dit non aux médicaments.
Je ne prétends pas que tout l’monde est capable de s’en passer. Ma dépression était due à une source extérieure. Une fois la source partie, je suis revenue à la normale. Ou, devrais-je dire, à ma normale personnelle qui, je le sais très bien, n’est pas celle de tout le monde.

Au sujet de mes prises et perte de poids.
Il y a ici mon témoignage d’un ex-gros.

Au sujet de mon entrainement pour le marathon, suivi de ma fasciite plantaire.
Le billet Dans l’espoir d’un marathon, décrivant mon premier mois d’entrainement.
Le billet Quatre mois d’entrainement: Le résultat
Le billet Rouler avec les coups, expliquant pourquoi j’ai gardé le moral malgré ce handicap.
Enfin, dans Anecdote de course, je montre comment la police peut nous trouver louche lorsque l’on est un coureur sans en avoir l’air.

Au sujet de cet accident qui m’a fendu une vertèbre.
Voici le premier de quatre billets intitulés Le jour où tout a basculé.

Au sujet du harcèlement au travail qui m’a mené à la dépression.
J’ai plusieurs billets de blog à ce sujet, le premier étant ici, au milieu de la série Général Menteurs.

Tomber et rebondir pour monter plus haut.

De 1988 à 2008, j’ai travaillé dans le domaine des arts et de la publication. Or, la crise de la presse écrite fit que les contrats se firent de plus en plus rares, et je n’arrivais plus à gagner ma vie convenablement.

Qu’est-ce qu’on fait quand on a passé sa vie à être artiste et que l’on ne sait rien faire d’autre? Simple : On part à zéro, en commençant en bas de l’échelle. C’est ce que j’ai fait.

De 2008 à 2011, je me suis mis à l’activité physique.  Gym, course à pied, vélo, poids et haltères, histoire de perdre du gras et prendre du muscle. C’est que si je dois me recycler dans le travail manuel, il faut que mon physique, dès le premier coup d’oeil, montre à l’employeur potentiel que je suis vaillant.

2011-2013. Je travaille comme homme de ménage pour un garage de bus.
2013-2015. Cette expérience me permet de devenir concierge résident dans un édifice de 22 étages. J’y apprends la menuiserie, la plomberie et l’électricité.
2015. Cette expérience me permet de devenir surintendant résident dans une tour à condos de luxe de 34 étages. Je ne prolonge cependant pas mon premier contrat de six mois, les conditions de travail étant abusives.
2016-2018. Cette expérience me permet de devenir surintendant dans une usine de portes et fenêtres.

Le 15 février 2018, une chute dans un escalier verglacé me brise la vertèbre T5, juste entre les omoplates. Un coup à paralyser un homme pour la vie. Je m’en sors par miracle, mais la douleur m’empêche de travailler. Les médecins me recommandent de huit à dix mois de repos. Au bout de deux mois, l’inactivité commence à me rendre dingo. Et puis, le chômage ne me donne que 50% de mon salaire.  J’ai beau être économe, mon budget est trop serré pour être confortable.

Ma vertèbre ne m’empêche pas de travailler assis.  Je décide donc de me recycler dans le travail de bureau. Je cherche sur Google les pages de grandes compagnies situées à Montréal, et je m’abonne à leurs newslists.  Trois semaines plus tard, j’y apprend qu’une firme ouvre un bureau à Sherbrooke.  Ils recrutent à Montréal car ils n’arrivent pas à trouver le personnel qualifié là-bas. À l’entrevue, je leur explique combien mon ancien boulot de concierge et surintendant avait en commun avec le service à la clientèle et le support technique. Si j’accepte de déménager à Sherbrooke, ils m’embauchent, formation incluse et payée. J’accepte. Donc :

2018-2020. Cette expérience me permet de décrocher un boulot en support technique, payé une fois et demie le salaire minimum.  Mon meilleur revenu à vie.  Le coût de la vie à Sherbrooke est le plus économique du Québec.  Ça me permet de vivre seul dans un 5½, payer mes obligations, et investir l’excédent.

Le 4 janvier 2020, je réalise que n’eut été de mon accident de vertèbre, j’aurais continué à vivre de mon boulot de surintendant. Donc, que si je n’y avais pas été obligé, je n’aurais jamais évolué au-delà de ce travail manuel à salaire modeste. Je me rend compte que je suis en train de faire exactement la même chose ici: Me complaire dans ma zone de confort, stagner au lieu d’évoluer.

Je décide donc d’utiliser mon expérience à La Firme pour monter encore plus haut, et  continuer à améliorer mon sort.

Il y a quelques années, j’ai créé une page nostalgique nommée Autour du Mont-Saint-Hilaire d’autrefois. Et comme son nom l’indique, j’y parle des six municipalités qui entourent la montagne, c’est à dire McMasterville, Beloeil, St-Hilaire, Otterburn Park, St-Jean-Baptiste et Ste-Madeleine. Au moment où j’écris ces lignes, il y a 4 915 abonnés.

Depuis juin 2019, la popularité grandissante de ma page m’a apporté beaucoup de contacts, ainsi que plusieurs contrats et projets.

Marylin Nadeau, Mairesse de St-Jean-Baptiste, m’a contacté afin de m’offrir un contrat pour animer une soirée d’autrefois pour la semaine des ainés.
La Coopérative d’Électricité de St-Jean-Baptiste m’a contacté pour que je leur monte un petit magazine commémoratif pour les 75 ans de la coop.
• Rédaction d’un livre historique et biographique au sujet de Louis Pasquier, le premier directeur de la Raffinerie de Sucre de St-Hilaire, en collaboration avec ses petits-fils, François et Michel Cormier.
• Collaboration avec Sonia et Laurent Bonet, enfants de Jordi Bonet, pour une exposition pour le 40e anniversaire du décès de leur père.
• Pourparlers sur la possibilité de faire une exposition du Mont-Saint-Hilaire d’autrefois au centre culturel de St-Hilaire.
Je suis devenu membre, contributeur et auteur pour la Société d’Histoire et de généalogie de Beloeil / Mont-Saint-Hilaire.
• Je devais même souper chez M. Yves Corriveau, le maire de Mont-Saint-Hilaire, le 10 avril 2020.

Lorsque j’ai quitté St-Hilaire en 1990 à l’âge de 21 ans, c’était en tant que fils du BS du village, méprisé de tous. Et là, grâce à ma page, j’étais maintenant l’historien du citoyen, apprécié de tous. Ceci me décide de revenir dans ma ville d’origine après exactement 30 ans d’exil.

1er février 2020. Je quitte La Firme, je quitte Sherbrooke et je redeviens officiellement hilairemontais. Je travaille sur les contrats et projets mentionnés plus haut, en attendant de décrocher le travail honorable à temps plein qui m’assurera respect et prospérité. Idéalement, je vise un boulot à l’Hôtel de Ville.  Avec tous les bons contacts que je me fais, ça ne devrait être qu’une question de semaines.

Et c’est là qu’arrive le Vendredi 13 mars 2020. Le genre de vendredi 13 qui donne si mauvaise réputation à cette date. Ce fut le début de la pandémie.

Mes contrats:  Annulés.
Mes projets: Annulés.
Mes rencontres:  Annulées.
Mes chances de décrocher un emploi pour la Ville: Annulées.

Puisque j’ai quitté moi-même La Firme à Sherbrooke, il s’agit d’un départ volontaire. Je n’ai donc pas droit aux prestations gouvernementales versées aux salariés qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie. Et voilà comment je me retrouve sans emploi et sans revenus. Je vis de mes économies.  Je vend mes placements.  Et j’ai une excellente marge de crédit.  Mais je ne pourrai pas en vivre éternellement.

Une amie hilairememontaise est téléphoniste pour Urgence Santé. Puisque son travail est un besoin essentiel, elle peut travailler de la maison.  Hélas, elle a quatre problèmes.  De un, elle a un fils handicapé.  De deux, l’école est fermée depuis le 13 mars.  De trois, la pandémie interdit aux grands-parents de faire du babysitting.  Et de quatre, elle est mère célibataire.  Il lui est impossible de travailler tout en s’occupant de son fils.

Elle m’apprend que justement, étant donné sa situation, elle a le droit de demander une subvention afin d’engager une gouvernante pour s’occuper de la maison et de son fils.  J’ai été moi-même père quatre fois, et deux d’entre eux souffraient de troubles du comportement.  Et en tant que concierge, je sais parfaitement tenir maison.  Je saisis l’opportunité au vol.

Je passe une entrevue téléphonique.

Ils vérifient mes antécédents judiciaires.  Tout est Ok.
Ils vérifient mes anciens employeurs.  Tout est Ok.
Ils vérifient mes antécédents médicaux.  Ils découvrent que j’ai été soigné à l’Hôpital Douglas en 2000 pour une dépression.  Celle-ci ayant été causée par deux ans de harcèlement psychologique au travail, la cause ne venait pas de moi.  Donc, je suis un être sain et équilibré.  Ils trouvent cependant dans mon dossier un diagnostic de TDAH.  Problème: Je ne peux pas obtenir le poste si ce n’est pas soigné.

À l’époque, j’avais essayé d’avoir la médication appropriée pour traiter mon problème.  Hélas, lorsque c’est un adulte qui le demande pour lui-même, c’est refusé.  Ça prend un papier d’un médecin de famille, ce que je n’avais pas.  Et toutes mes tentatives pour en obtenir un furent vaines.

Mais cette-fois, c’est différent.  Cette fois, c’est le système de santé qui a besoin de moi.  Alors six jours plus tard, j’avais un médecin de famille, et une prescription de Vyvanse renouvelable pour deux ans.  Comme quoi ça paie, d’être du bon côté du système.

J’ai donc obtenu le boulot.  Et à ma bonne surprise, à 50¢ de plus l’heure que ce que je gagnais à la firme.

Juin 2020. Dans quelques semaines commencent les camps de jour pour enfants handicapés, signifiant que j’allais perdre mon emploi.

Et c’est là qu’arrive le Ministre Legault avec son plan de réforme du système de santé lourdement surtaxé par la Covid-19. On demande 10 000 personnes pour devenir préposés aux bénéficiaires, formation de trois mois gratuite avec une bourse faramineuse, et un contrat de travail garanti d’un an dans un CHSLD, payé le double du salaire minimum.  C’est une opportunité qui ne se présente qu’une seule fois dans une vie.  Une à ne surtout pas laisser passer.

Je me suis inscrit. J’ai passé deux entrevues téléphoniques, puis une en personne.  Je leur ai expliqué que, ayant été support technique et surintendant, je suis habitué à faire du service à la clientèle aussi bien au téléphone qu’en personne. Ayant été père quatre fois ainsi que concierge, je n’ai aucun problème à travailler avec tous les fluides corporels imaginables. Et étant un habitué des gyms, j’ai la force physique et l’endurance dont ils ont besoin.  Qui plus est, mes enfants sont tous adultes et partis, et je suis célibataire.  Je suis donc disponible pour eux 24/7.

Parmi les 70 000 à 90 000 candidatures qu’ils ont reçu (le chiffre varie selon la source), j’ai été l’un des 10 000 à être retenu.

Depuis le 15 juin, je suis en formation. Et à la fin de mes études, j’irai travailler dansun centre pour personnes âgées, là où il n’y a pas (encore) de cas de Covid-19.

Ces études, cet emploi et ce revenu s’inscrivent parfaitement dans mon programme d’évolution personnel et professionnel que j’ai amorcé il y a neuf ans.  Car rien de ceci ne me serait arrivé si je n’avais pas décidé, en janvier dernier, de quitter mon emploi et ma ville pour partir à la recherche d’un meilleur sort dans ma ville d’origine.

Il est important de bien planifier sa vie. Cependant, il arrive que même les meilleurs plans se cassent la gueule. Ce fut le cas ici, alors que la pandémie rendit obsolète les domaines dans lesquels j’avais appris à travailler. Mais quand on arrive à se ressaisir, à attraper les opportunités au vol, et que l’on possède la souplesse, la capacité d’adaptation et le désir d’aller plus loin, alors on peut transformer une catastrophe en meilleure chose qui puisse nous arriver. Et le fait de travailler dur pour passer d’artiste à homme de ménage, à concierge, à surintendant et à support technique, ça n’a pas été inutile. Car même si je ne peux plus me trouver du travail dans ces domaines, ça m’a apporté le meilleur atout qui soit : l’expérience.

Une expérience sans laquelle je n’aurais pas pu décrocher la carrière honorable bien rémunérée que j’amorce aujourd’hui.