Dans un article datant du 26 janvier dernier et publié sur mon blog BD Requin Roll, je déplorais que l’état de mes yeux m’obligeait à interrompre ma série de BD La Clique Vidéo après quinze pages et quart.
Je dois porter des lunettes ou des verres de contacts depuis l’âge de dix ans. Au fil des années, ma myopie a progressé de façon alarmante. Comme si ça ne suffisant pas, avec l’âge, la presbytie est venue s’y mettre, et hélas l’un n’annulait pas l’autre. Aussi, j’ai eu à subir une chirurgie aux deux yeux. On m’y a implanté en permanence des lentilles intra-oculaires. Le seul mauvais côté de ce genre d’intervention, c’est que ça laisse avec une presbytie de 2 degrés, et que les yeux ne sont plus capable de se mettre au focus, puisqu’il s’agit d’une vision artificielle.
J’ai bien des lunettes de lecture, hélas ça ne vaut rien pour dessiner. Pour bien voir ce que je fais, je dois mettre ma tête trop loin du papier, ce qui rend l’encrage pénible et imprécis. Alors deux choix s’offraient à moi: Ou bien je me mettais à dessiner des cases géantes, genre une image par page. Ou bien je ne procurais une dispendieuse tablette graphique.
Il y a deux semaines, je me suis rappelé que, pour la seconde année de suite, le Festival de la BD Francophone de Québec offrait le prix Jacques Hurtubise, ainsi nommé en l’honneur du fondateur de la légendaire revue Croc.
Ce prix est destiné aux auteurs n’ayant pas publiés plus d’un album, et qui planifient en publier un de façon indépendante. Voyant que ça venait avec une bourse qui m’aiderait grandement à me procurer une tablette graphique, j’ai tenté ma chance: J’ai préparé un dossier et j’ai proposé ma candidature.
… Et j’ai gagné!
Le prix Jacques-Hurtubise m’a été remis par Hélène Fleury, membre du jury et cofondatrice de Croc. Un chèque de mille dollars, gracieuseté de Brouillard Communication, m’a été remis par le sympathique Jean Brouillard, président et fondateur de la firme.
Il fallait bien que je m’inscrive sous mon vrai nom, je n’aurais pas pu encaisser un chèque au nom de Steve Requin. De toute façon, si j’ai pris cette identité en 1994, c’est parce que dans le temps, je faisais dans le fanzine adulte de goût douteux, et je ne tenais pas à ce que mes enfants en souffrent. Aujourd’hui, puisqu’ils sont tous adultes et aussi douteux que leur père l’était à l’époque, ça n’a plus d’importance.
Et c’est à la suggestion de Mme Fleury elle-même que, au moment où on me remettait mon prix, j’ai partagé avec le public une anecdote personnelle au sujet du regretté Jacques Hurtubise. Celle-ci fut reproduite dans cet article au sujet du Bedeis Causa 2017 tiré de ActuaBD.com:
Alors voilà, ce qui fut dit fut fait: Je me suis procuré la tablette dont j’avais besoin pour reprendre mon projet d’album, et le terminer.
Mais avant ça, il était clair que mon tout premier dessin sur cet instrument revenait de droit aux gens qui l’ont rendu possible.