Comment naît la confiance en soi

Montréal, automne 1995.  J’ai 27 ans et je suis de retour au études, au cégep, après dix ans de vie adulte.  J’ai passé la dernière moitié de cette décennie à être coincé dans une relation abusive avec la mère de mes enfants, dans laquelle je fus toujours rabaissé dans toutes les facettes de ce que je suis.

J’ai joint le journal étudiant, sans trop y croire au début, en tant qu’illustrateur et chroniqueur humoristique.  Et là, après deux mois de collaboration, à ma grande surprise, l’équipe m’offre le poste de rédacteur en chef.

Cette situation, me voir comme le patron, le dirigeant, le chef, c’est quelque chose que j’ai toujours rêvé.  Mais entre le rêve et la réalité, il y a une marge.  Notamment, le fait que jamais ce genre de truc ne m’était déjà arrivé dans la vraie vie.   Aussi, être rêveur ne m’a jamais empêché d’être réaliste.  Je leur ai donc posé la question suivante :

« Pourquoi moi? »

Ils m’ont alors dit les choses qu’ils voyaient en moi : Maturité.  Assiduité.  Sérieux.  Logique.  Et la capacité d’écrire des textes intéressants et intelligents, d’une manière assez simple pour être compréhensifs.

Et ce sont toutes des qualités que je ne me voyais pas moi-même posséder.

Flatté et ravi, j’ai accepté leur offre.  Mais un quart d’heure plus tard, je leur demandais de nouveau s’ils étaient sûrs de me vouloir comme rédacteur en chef.  Là encore, j’ai eu droit à un témoignage de mes mérites. 

Trente minutes plus tard, alors que je m’apprêtais à prendre place au bureau du rédacteur en chef, j’ai ressenti de nouveau l’impulsion de leur demander s’ils étaient vraiment sûrs et certains qu’ils voulaient bien de moi à la tête du journal.

Et c’est là que, plutôt que de leur balancer la même question une troisième fois, j’ai posé l’un des gestes les plus intelligents de ma vie :  Au lieu de les questionner eux, je me suis questionné MOI!   Non pas en me demandant pourquoi est-ce qu`ils veulent de moi.  Mais plutôt en me demandant pourquoi est-ce que j’ai tant de difficulté à y croire.  

Et c’est là que je me suis dit :  « Tous ces gens voient en moi des capacités et du mérite.  Pourquoi est-ce que je n’arriverais pas à reconnaître moi-même que je les ai, ces capacités et ce mérite?  Ils ont confiance en moi.  Pourquoi est-ce que je ne n’aurais pas moi-même confiance en moi? »

Et puis, soyons sérieux: Qu’est-ce qui risque d’arriver si je continue de leur poser cette question?  Je vais juste leur donner l’impression que je crois qu’ils ont fait erreur de me choisir.  Je vais leur mettre en tête des doutes à mon sujet.  Pour une fois que j’ai dans mon entourage des gens qui croient en moi et en mes capacités, pourquoi est-ce que j’irais agir de manière à saboter ça?

J’ai alors compris que, après avoir passé ma vie à survivre dans le mépris des autres, je n’avais jamais appris à vivre avec leur respect.  Dans de telles conditions, je peux comprendre pourquoi j’ai été aussi désemparé de ces témoignages positifs à mon égard.

Ayant réalisé ceci, j’ai décidé de ne plus les questionner, d’accepter les faits, et de me montrer digne de leur confiance.  Si à leurs yeux j’ai ce qu’il faut pour être un leader, alors je serai ce leader.  Puisque le journal m’a porté au pouvoir, alors j’allais faire tout en mon pouvoir pour offrir au cégep et à ses étudiants le meilleur journal que l’on puisse produire. 

Un mois plus tard, en voyant qu’un prof de philosophie du cégep utilisait l’un de mes articles comme sujet de devoir, alors là, plus de doute possible.  J’avais du talent, et j’avais du mérite.  Il fallait juste que je prenne mes distance avec les gens qui, tout le long de ma vie, m’ont toujours fait croire que je n’en avais aucun.  Et j’ai commencé en quittant la mère de mes enfants, mettant fin à cette relation abusive qui n’avait que trop duré.

Évidemment, après toute une vie à se faire conditionner à croire que l’on n’est pas assez bien, on ne peut pas se débarrasser de ces complexes du jour au lendemain.  Et croire que l’on a ce qu’il faut pour diriger un journal, c’est autre chose que de croire que l’on a ce qu’il faut pour plaire à une personne bien.  Je m’en suis douloureusement rendu compte l’année suivante.

Automne 1996.  J’ai 28 ans.  J’en suis à ma seconde et dernière année de Cégep.  Libéré de l’emprise de mon ex, j’habite maintenant aux résidences étudiantes, dont la construction fut achevée l’été dernier.  Ma meilleure amie, c’est Océane, une camarade de classe du cours d’Espagnol.  Une intelligente et jolie jeune femme de 19 ans avec qui j’ai énormément de goûts en commun et de passions artistiques partagées.

Un soir, chez moi, après un mois et demi de grande amitié, Océane m’a démontré qu’elle me désirait.  Je n’arrivais pas à y croire.  Elle était de neuf ans ma cadette.  Elle était déjà dans une relation.   Une relation abusive dont elle voulait se tirer, certes, mais dans une relation quand même.  Nous étions amis depuis les deux derniers mois, ce qui fait que pour moi, sans m’être jamais posé la question, il était clair que j’étais friendzoné.  Et elle m’avait dit devoir partir à 21:00, et il était déjà 21:30.  Et elle avait bu.  Dans ma tête, tout ça me démontrait qu’elle ne pouvait pas vraiment me vouloir.

Hélas, cette fois-là, je n’ai pas pensé à agir comme je l’avais fait un an plus tôt au journal.  Je ne me suis pas questionné moi.  Je l’ai questionné ELLE.  Face à mes questions trop claires et trop directes, questions qui sous-entendaient des faits et gestes immoraux de sa part, elle n’a pas su quoi me répondre.  Au final, elle s’est juste sentie idiote, ivrogne, salope, repoussée et humiliée.  Non seulement j’avais ruiné ma chance de vivre ce qui avait le potentiel d’être l’une des plus géniales et passionnées relations de ma vie, je venais également de gâcher pour toujours notre si parfaite amitié.

Et tout ça parce que, à cause de mes complexes d’infériorité, j’ai décidé à sa place qu’elle ne pouvait pas vouloir de moi.

La vie m’avait tellement conditionné à croire que j’étais un loser que je ne me posais même pas la question.  Pour moi, je l’étais.  C’était une fatalité que j’avais accepté depuis longtemps.  La vie n’avait plus besoin de m’envoyer des obstacles pour me saboter.  J’étais parfaitement capable de me saboter moi-même.  C’est ce que j’avais failli faire avec le journal l’année d’avant, et c’est ce que je venais de faire avec Océane.

Voyez-vous, plus tôt dans ce billet, lorsque je disais qu’être rêveur ne m’a jamais empêché d’être réaliste, en fait, réaliste n’est pas le bon mot.  Oui, je me croyais réaliste à ce moment-là.  Mais dans les faits, ce que j’étais vraiment, c’était défaitiste.  J’étais tellement habitué à subir des échecs et des revers, d’être un perdant, que j’ai fini par accepter ma condition d’inférieur social.  Dans ce temps-là, par réflexe de survie, un gars apprend à « ne pas s’en faire accroire. »  Il apprend à « rester à sa place. »  Sauf que dans sa tête, « sa place », c’est toujours en dernier, toujours en-dessous des autres.  Ce n’est jamais à leur égalité.  Et ce n’est surtout pas plus haut qu’eux.

Ce que ça signifie, c’est que si Océane avait été célibataire, d’accord, j’aurais eu quelques difficultés à croire qu’elle voulait de moi.  Mais j’aurais fini par y croire.  Dans mon inconscient, j’aurais cru que le fait de sortir avec moi, ça aurait été pour elle mieux que rien.  Mais là?  Puisqu’elle était déjà en couple?  Alors là, je ne suis plus seulement mieux que rien.  Je suis mieux que quelque chose.  Je suis mieux que lui!  Et encore, je n’étais pas en compétition avec lui, comme deux candidats pour obtenir le poste d’amoureux officiel d’Océane.  J’allais prendre la place de celui qui occupait ce poste depuis déjà un an.  Ça me mettait en position de supériorité sur ce gars-là.  Or, quand tu as de la misère à te croire égal aux autres, il est encore plus difficile d’imaginer que tu puisses être leur supérieur.

J’étais tellement préoccupé avec l’idée de rester à ma place, que je ne me rendais pas compte que ça faisait des années que ma place n’était plus aussi basse que j’avais été conditionné à le croire.

On ne se doute jamais des dommages collatéraux que notre propre manque de confiance en soi peut causer chez les gens qui nous entourent.  Si j’avais cru mériter le désir et l’amour d’Océane, elle aurait trouvé en nous la force de se libérer de cette relation abusive dans laquelle elle était coincée.  À la place, en la repoussant, je lui ai juste fait croire qu’elle ne méritait pas mieux que lui.  Elle a donc continué d’être en couple avec ce gars abusif.  Bref, en ayant une basse estime de moi, je lui ai donné une basse estime d’elle-même.  En n’ayant aucune confiance en moi, j’ai miné sa propre confiance en elle.

Perdre Océane, mais surtout réaliser que j’ai contribué à la conditionner à accepter d’être dans une relation malheureuse, ce fut l’une des plus dures leçons de ma vie.  Et je me suis juré que je ne l’oublierai jamais.  Voilà pourquoi j’en parle encore, aujourd’hui, vingt-trois ans plus tard.

À partir de ce moment, je me suis juré que plus jamais je manquerai de confiance en moi et en mes capacités. 

Et justement, vingt-trois ans plus tard, vous voulez voir ce que c’est capable de faire, un homme qui a confiance en lui et en ses capacités? Me voici, l’année dernière, du début du mois d’août jusqu’à la fin de décembre. 

50 ans.  222 lbs / 100,7 kgs.  Obèse.  Une jambe et les deux pieds croches.  Une fasciite plantaire aux deux pieds qui risque de m’incapaciter à marcher si j’essaye de me remettre au jogging.  Une pression sanguine qui est à la limite d’être trop basse.  Et avec une vertèbre brisée qui a demandé une convalescence qui a duré dix mois.

Comme le disent ceux qui utilisent mal cette expression, j’aurais pu choisir de vieillir avec grâce.  C’est-à-dire travailler sur mon intellect, m’habiller mieux, avoir de la classe, et ne pas me préoccuper de détails insignifiants comme l’âge et le physique.  Après tout, j’avais toutes les raisons de croire que mes meilleures années étaient derrière moi.  Tout le monde sait qu’il est impossible d’être sexy une fois que l’on a atteint la cinquantaine.

Mais voilà : J’ai confiance en moi et en mes capacités.

À la fin de décembre, une fois ma convalescence terminée, je me suis inscrit au gym.  J’ai fait des recherches sur l’alimentation.  J’ai fait des recherches sur les exercices cardio.  J’ai fait des recherches sur les exercices de musculation.  J’ai appliqué dans mon quotidien ce que j’ai appris.  J’ai créé Diesel Ego, mon blog de remise en forme.   J’ai appliqué à mon programme les trois principes qui régissent ma vie, soit le courage, la ténacité et la sagesse.  Et me voici, aujourd’hui, quatre mois plus tard.

Impossible d’être sexy après 50 ans, hm?  

Maintenant, ÇA, c’est ce que j’appelle vieillir avec grâce.  Et ça ne m’a pas pris plus que quatre mois.  En seize petites semaines, j’ai réussi là où la majorité des gens passent des années à échouer.  Et ce, malgré mon âge et mes handicaps physiques. 

La différence?  J’ai confiance en moi et en mes capacités.

Comment naît la confiance en soi?  Fais de ton mieux.  Ait le courage de toujours faire en sorte de t’améliorer.  Ait la ténacité de ne jamais abandonner.  Mais ait la sagesse de savoir ralentir quand il le faut, récupérer au besoin, ou abandonner si la cause est perdue, pour ensuite passer à autre chose.  En accumulant les réussites et en évitant habilement les échecs, tes mérites seront reconnus.  Les gens vont croire en toi.  Et quand les gens croient en nous, il est beaucoup plus facile d’y croire soi-même.  Et dès que l’on y croit, surtout après avoir fait nos preuves, alors là, tous les buts réalistes sont à notre portée.

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Y’A LIENS LÀ :

Dans ce billet, je décris de manière claire le raisonnement erroné qui m’a fait repousser Océane, et pourquoi elle a réagi comme elle l’a fait.

Sinon, vous avez ici l’histoire détaillée de ma relation avec Océane, et comment ça m’a appris ces dures leçons que j’applique encore aujourd’hui.

Diesel Ego, mon blog de remise en forme, dans lequel je décris tout mon programme d’exercice de 16 semaines, pendant que je l’ai suivi.

Autopsie du loser.  Une très grande remise en question, une auto-analyse que j’ai commencé à l’age de 25 ans et que j’ai terminée à 30.  C’est ce qui m’a fait prendre conscience de tout ce qui n’allait pas chez moi.

Et son indispensable complément, la série Pas obligé de rester loser.  Une douzaine de billets dans lequel j’explique, un sujet à la fois, comment j’ai cessé d’en être un.

Bienvenue à l’ère du Good Deed Shaming.

Le Good Deed Shaming peut se traduire par se faire donner la honte d’avoir posé un geste décent.  Car en effet, depuis une bonne dizaine d’années, il n’y a plus moyen de faire la moindre bonne action  sans que l’on nous fasse la morale de ne pas avoir fait une bonne action pour une autre cause.  Une cause plus importante.

L’incendie de Notre-Dame de Paris est le plus récent et le plus parfait exemple de la chose. Avez-vous vu ce qui circule sur Facebook à cet effet?  En voici un échantillon:

Oui, d’accord, je veux bien croire qu’il y a des causes plus honorables et plus humanitaires et plus écologiques que de reconstruire une église.  Sauf que… Savez-vous vraiment de quoi vous parlez, lorsque vous nous balancez des comparaisons impliquant la calotte glaciaire, la jungle amazonienne ou les enfants qui meurent de faim en Afrique?

Notre-Dame de Paris, il y a une adresse fixe. On sait où envoyer nos dons.  Je les envoie où, mes dons, pour recongeler le Pôle Nord?

La foret amazonienne est régie par les divers gouvernements des territoires sur laquelle elle s’étend: Brésil, Colombie, Pérou, Venezuela, Suriname, Guyane, Équateur et  Bolivie.  Si un ou plusieurs de ces gouvernements en permettent le déboisement, on fait quoi pour les empêcher? La seule solution serait envahir ces pays et renverser le gouvernement.  On parle ici d’une guerre mondiale. Des centaines de milliers de morts. Pour, bien sûr, se faire critiquer par la planète en entier. Rappelez-vous des manifestations monstres à travers la planète pour protester contre l’intervention des USA pour arrêter Saddam et Laden.

Quant aux enfants qui meurent de faim en Afrique, certains d’entre vous êtes trop jeunes pour vous en rappeler, mais le concert Live Aid, le regroupement USA for Africa, et toutes les chansons à la We are the World, qui ont rapporté des centaines de millions pour enrayer la faim dans ce coin de continent… Le gouvernement éthiopien a saisi l’argent et s’est payé une armée, ce qui n’a aidé ni le peuple ni ses voisins. En fait, les gens qui ont donné de l’argent ont juste contribué à l’augmentation de la répression et des morts.

Je n’invente rien, plusieurs sites en parlent, dont celui-là.

Oh, bien sûr, Bob Geldof n’y croit pas.  Normal, il est le fondateur de cette belle oeuvre de charité, alors il ne tient pas à ce que ça soit entaché, et il ne veut surtout pas que ça écoeure les gens de faire preuve de générosité envers son prochain.

N’empêche que, que ce soit vrai ou non, ça ne change rien au fait que les conditions de vies du peuple éthiopien ne se sont jamais améliorées durant les trois décennies et demie qui se sont écoulées depuis Live Aid.  Alors ils servent à quoi, nos dons pour sauver les gens qui ont faim?

D’ailleurs, puisque l’on parle de dons:  Ceux qui nous disent de donner pour de plus nobles causes… En font-ils, eux, des dons, pour ces mêmes causes? Je serais curieux de savoir s’ils prêchent par l’exemple, ou s’ils se contentent juste d’essayer de nous donner des leçons de morale. Une morale qu’ils ne sont même pas capables de suivre eux-mêmes.

Maintenant, si vous avez une solution, je veux bien l’écouter. Mais en attendant, les faits sont: Si je fais un don pour reconstruire la cathédrale, alors la cathédrale sera reconstruite. Mais si je donne pour les causes que vous proposez, dans le meilleur des cas ça ne changera rien, et dans le pire ça va juste empirer la situation.

Ceci dit, je ne possède pas la vérité absolue. Je me trompe? Alors dites-moi ce que je peux faire.  

10e anniversaire, 450e billet!

Dans ce texte, chaque lien ouvre un nouvel onglet, ce qui vous permet de les ouvrir pour plus tard, et de continuer votre lecture ici.

Il y a dix ans, à pareille date naissait ce qui allait devenir Mes Prétentions de Sagesse.  Ce jour-là, j’ouvrais sur la plateforme spaces.live.com (un dérivé de MSN), un tout nouveau blog nommé Le Sélectif.

À l’époque, beaucoup de gens avaient des blogs. Ça leur servait surtout de journal personnel en ligne. Dans mon cas, ce blog était pour me servir d’archives pour les chroniques que j’écrivais pour un site de rencontres sexuelles. C’est leur graphiste qui m’a fait ma mini-bannière ci-haut.

Pour eux, j’écrivais des textes du même genre que je fais encore maintenant, sur les relations interpersonnelles. C’est juste qu’il y avait plus de contenu sexuel, beaucoup plus d’humour, et étrangement plus de situations fictives. Et aussi, je m’y prenais beaucoup moins au sérieux. Par exemple :

12 mensongères phrases de rupture
18 inventions futures au service de la drague
15 choses à ne jamais faire à un gars
26 signes que vous vivez dans un film porno
Les signes comme quoi ce n’était pas une bonne baise

Quelques mois plus tard, je mettais fin à mon association avec le site en question. C’est que j’ai vécu une situation classique chez tous ceux qui sont dessinateurs / illustrateurs / graphistes : Ils voulaient que le leur fasse 25 illustrations, sans me payer, en échange d’exposition, et d’un abonnement VIP d’un an sur leur site.  J’ai refusé.

  • De un, l’abonnement coûtait le tiers de mon tarif.
  • De 2, je ne considère pas que quelques semaines de travail contre quelques secondes à taper sur un clavier pour me mettre VIP, ce soit un échange équitable.
  • Et de trois, qu’est-ce que j’en avais à foutre, de leur abonnement? J’étais déjà leur associé, et j’étais déjà en couple.

Ils m’ont alors répondu que dans ce cas-là, ils iraient « faire affaire avec un VRAI professionnel », et ils m’ont expulsé du site, effaçant du même coup mes chroniques. Bref, c’était un site pour se faire baiser, dans tous les sens du terme.

Sans être obligé de me limiter au côté sexuel des relations, j’ai commencé à écrire des trucs un peu plus sérieux.

Un an et demi après la création de mon blog, spaces.live annonçait qu’il allait fermer. On nous offrait de transférer nos données sur l’une des plateforme proposée. J’ai choisi WordPress.  Avec la nouvelle direction qu’avait pris mon blog, un titre comme Le Sélectif  ne le représentait plus tellement.  J’en ai donc fait Mes Prétentions de Sagesse, qui en décrit mieux le contenu. Et tant qu’à faire, puisque WordPress m’en offrait la possibilité, je leur ai acheté l’adresse steverequin.com.

Dans le temps, les forums étaient encore très populaires. Je participais aux discussions, et nombreux furent les sujets où je trouvais de quoi à dire. Et lorsque je voyais que de nombreuses personnes se reconnaissaient dans mes dires, je recyclais mes commentaires sous forme de billet de blog. Par exemple :

L’amie mariée qui veut devenir l’amante.
Commettre l’erreur de pardonner.
6 raisons fallacieuses de snober la St-Valentin
26 phrases clichés que l’on retrouve sur tous les sites de rencontres.

Et j’en profitais même pour régler mes compte de manière subtile, en dénonçant le comportement négatif de ceux qui m’attaquaient sur les forums. Car quoi de plus insultant face à un condescendant que de lui montrer que son attitude est tellement cliché qu’il en est aussi prévisible que risible.

Internet et le déclin des valeurs sociales.
Si, sur le net, tu oses écrire « Aujourd’hui y’a du soleil »…
5 insultes anglaises qui sont en fait des compliments
52 personnalité cliché que l’on rencontre sur le net
Devenez membre de la CIA (Cyber Irresponsible Assholes)

Bien que je marque ce 10e anniversaire avec un 450e billet, j’ai bien dû en écrire entre 480 et 500 en tout. Quelques-uns ont été mis en privé puisque, ma situation changeant, ils auraient pu me saboter.  J’ai connu bien assez de gens qui ont ruiné leur couple et/ou de géniales opportunités de carrière en parlant trop en ligne, je ne vais certainement pas répéter leurs erreurs.  D’autres billets étaient trop reliés à l’actualité, et il n’y a rien qui passe date plus vite que ça. Et il y a ma série Harceler Nathalie que j’ai retravaillé et que j’ai transformé en étude psychosociale sous forme de roman autobiographique en ligne, renommé Surveiller Nathalie;  Dans la tête d’un harceleur.  Inutile de la laisser encore ici à ce moment-là.

Durant ces dix ans, certains de mes billets ont eu beaucoup de succès, certains temporaires et d’autres permanents. Par exemple, en chronologie :

1er octobre 2010 : L’Échelle de Kev, pour mesurer l’appétit sexuel de votre copine. Créé à l’époque où je travaillais pour le magazine Summum. Le rédacteur en chef l’a jugé comme étant trop heavy, même pour eux. Par contre, beaucoup de forums et de sites de rencontres sexuelles en ont parlé, l’ont cité, ou l’ont reproduit.  Un site gai a même essayé d’en faire une version masculine, mais ça ne pouvais juste pas marcher, étant donné les différences physiques, psychologiques et biologiques entre l’homme et la femme.

8 octobre 2010 : Autopsie du loser. Ça a commencé par une très longue introspection pour comprendre ce qui ne va pas chez moi, et ça a fini par devenir un texte qui, si j’en crois les commentaires que je reçois, est une douche froide qui a ouvert les yeux à plusieurs hommes.

4 mai 2011 : Le fameux « Hommages aux bons gars », et ce que j’en dis. L’art de surfer sur la viralité d’un texte qui devint populaire pour les mauvaises raisons.  Je parle de Ode to the Nice guys.  Étrangement, bien que la version originale anglaise est toujours présente sur le net, la version française que j’y décortique ici ne se trouve plus aujourd’hui que sur un seul vieux blog abandonné

5 janvier 2012 : Les 9 étapes de la naissance, le vie et la mort d’un forum. Cité, copié-collé ou lien-é sur plusieurs forums par des membres qui voyaient l’endroit dériver dans le sens décrit dans mon texte.

26 juillet 2012 : 30 comportements qu’il faudrait cesser d’avoir sur Facebook. Mon second article viral. Quatre jour après l’avoir écrit, on en parlait à l’émission matinale Salut Bonjour. À ce jour, une trentaine de liens et articles sur diverses pages, 394 commentaires, plus d’un demi-million de visites, soit 665 701. L’avantage de parler du site web le plus populaire de la planète.

(Je dis que c’est mon second article viral.  C’est que mon premier, vous le connaissez sûrement, il date de 1996, donc précède ce blog, et est également le premier texte viral québécois du net.

8 octobre 2014 : L’influence de la personnalité sur les relations et conditions de travail. Un jour, je me suis rendu compte que je recevais beaucoup de visites en provenance du site du Lycée Léonard de Vinci (Levallois-Perret, Hauts de Seine, France) Il se trouve que ce billet fait partie des lectures suggérées à leurs étudiants en Science de Gestion. J’ai donc rajouté un en-tête pour leur souhaiter la bienvenue, histoire de rendre la chose officielle. D’accord, je n’en reçois pas un sou. Mais hey, on parle ici d’un billet québécois, jugé assez pertinent par des professeurs français, au point de l’inclure dans leur programme. Ça, c’est du prestige!

27 avril 2018 : Truc simple pour savoir (gratuitement) qui vous a choisi sur Tinder. Apparemment, j’ai su mettre le doigt sur un sujet de grand intérêt.  Normal, puisqu’il s’agit d’augmenter nos chances de baiser sans débourser un sou.  Ce billet me rapporte de 350 à 800 visites par jour. Bonne chose, car sept ans après sa création, mon billet sur les comportements Facebook s’est beaucoup essoufflé, avec ses 14-à-30 visites quotidiennes.

Mais dans le fond, ce blog existe pourquoi, au juste?
Quand on me le demande, alors je décris Mes Prétentions de Sagesse comme étant le disque dur externe de ma mémoire. C’est que, apprendre des leçons de vie, c’est une chose. Mais ne pas les oublier, c’en est une toute autre. Et de pouvoir ainsi relire ce que j’ai découvert et ce que j’ai compris, ça me permet de ne jamais oublier ces leçons, et ça m’aide à devenir une meilleure personne.

J’ai encore beaucoup de chemin à faire. N’empêche que ça m’a vraiment aidé à évoluer pour le mieux. Par exemple, juste en relisant mon tout premier billet, on voit clairement qu’il y a dix ans, j’avais un côté passif-agressif, arrogant et belliqueux. J’ai pris pas mal de degrés de zen depuis. Également, je constate que, dans la 4e et 5e année d’existence du blog, j’ai progressivement passé de misogyne ordinaire à féministe. Mais pour cette évolution-là, je n’ai pas de mérite. C’est l’influence de mes amies et de mes récentes conjointes. En fait, éducation serait ici un meilleur mot qu’influence.

Et tant qu’à avoir eu à apprendre ces leçons de vie à la dure, aussi bien en faire profiter les autres en les partageant.

La partenaire idéale : Une curieuse contradiction psychosociale

Ce billet va avoir l’air d’une fiche d’agence matrimoniale. Ce n’est pas le but. La raison d’être de ce billet est pour souligner, comme le dit le titre, une curieuse contradiction psychosociale.

Il y a une question que je me fais poser deux ou trois fois par année, et c’est : Quelle est la femme idéale pour toi? Il se trouve que j’ai des idées bien arrêtées sur le sujet. Laissez-moi vous la décrire :

Au niveau du genre. Une femme cisgenre.

Au niveau familial. Elle est célibataire.  Elle n’habite pas chez ses parents. Elle est sans enfants, et elle n’en désire pas. Ou alors, si elle en a, ils sont adultes et indépendants d’elle.

Au niveau financier. Elle est indépendante financièrement. Et si elle a des dettes normales (Prêt étudiant, maison, auto), son revenu lui permet de rencontrer ses obligations mensuelles sans se ruiner. Sa source de revenus est stable, et sa situation n’est pas précaire. À part ça, elle est économe sans être avare.

Au niveau de la personnalité et de sa psychologie. C’est une personne positive, forte, indépendante. Elle est équilibrée et réaliste. Elle sait faire confiance sans pour autant être naïve, et n’est jamais méfiante sans raison logique et valide. Prudente et réfléchie, elle pense à long terme et sait prendre de bonnes décisions de vie. Elle n’a aucune dépendance. Elle n’a aucun trouble de personnalité nécessitant médication. Elle ne laisse pas son passé faire obstacle à son présent. Elle cherche la solution aux problèmes plutôt que de s’en plaindre. Puisqu’elle n’est ni geignarde ni aigrie ni haineuse, ses paroles et sujets de conversations sont majoritairement positifs. Elle voit les gens en tant qu’égaux. Elle est responsable d’elle-même, mais surtout pas des autres. Elle ne met pas sa valeur personnelle ni son estime de soi dans sa sexualité ou son potentiel de séduction. Elle dit ce qu’elle pense, elle pense ce qu’elle dit.  Ça ne l’empêche pas d’être respectueuse, ce qui fait qu’elle n’utilise jamais « être honnête » comme excuse pour mépriser, insulter ou rabaisser autrui.

Au niveau social. Elle est sociable, mais sait mettre une limite pour ne pas se laisser envahir. Les sorties sont pour elle une occasion spéciale et non une habitude du quotidien. Elle est aussi à l’aise dans une robe de soirée en gala, qu’en salopette en camping sauvage.

Au niveau consommation. Elle se nourrit bien, ce qui ne l‘empêche nullement de se livrer à quelques écarts occasionnels. Si elle consomme de l’alcool, c’est avec modération. Elle est non fumeuse et non droguée. Lorsqu’elle est sous médication, ce n’est que temporaire.

Au niveau du quotidien. Elle participe, à part égale ou complémentaire, à la vie à deux. Elle sait tout faire dans une maison : La cuisine, le ménage, le lavage, et se débrouille assez en bricolage et en travaux mineurs. Elle travaille aussi bien seule qu’en collaboration.

Au niveau physique. Elle se tient en forme et prend soin de sa santé. Elle n’a pas d’allergies ni handicaps.

Au niveau sexuel. Elle a une sexualité épanouie dans laquelle elle est parfaitement à l’aise.

Au niveau compatibilité. Afin d’établir une relation significative, il faudrait que cette personne ait des goûts et des passions qui se rapprochent des miens. Par exemple, qu’elle soit artiste, amateure ou professionnelle, peu importe la discipline : Dessin, peinture, musique, arts de la scène… Il y a deux raisons pour ça. La première, c’est qu’avant ma trentaine, à l’époque où je sortais avec n’importe qui, ma passion pour les arts et la bande dessinée m’ont souvent apportés le mépris de mes partenaires qui ne partageait pas mes goûts. Et la seconde, comme je le dis souvent : On ne peut pas passer notre vie à baiser. Il faut avoir des choses à parler, à faire et à apprécier ensemble en dehors du lit.

Au niveau affectif. Évidemment, même elle a tout ça, ça ne garantit en rien qu’il y aura une attirance affective et physique entre nous deux. Si oui, tant mieux, j’aurai une conjointe. Sinon, tant mieux, j’aurai une amie.

PRÉCISION OBLIGATOIRE : Je ne décris ici que la femme qui est idéale pour MOI. Ceci n’est en aucun cas un jugement négatif envers celles qui n’y correspondent pas, et encore moins envers ceux qui les aiment. À chacun ses goûts, il se trouve que ceux-là sont les miens, voilà tout.

Autre chose qu’il est important de préciser : À part pour le fait qu’il s’agit d’une femme, ce texte me décrit parfaitement. Normal! Ce que je recherche, c’est mon égale. Il ne faut pas y voir du narcissisme. C’est juste que, en tant que personne autonome, je ne recherche pas quelqu’un à qui m’accrocher pour vivre. Et inversement, je n’ai surtout pas besoin qu’un poids mort s’accroche à ma vie et mes finances pour dépendre de moi.

Et c’est pareil sur le plan psychologique et affectif. Je suis une personne complète, je n’ai donc pas besoin de chercher mon complément, ou bien « ma moitié », comme le dit cette déplorable expression populaire. Pas plus que je ne cherche une personne qui ressent le besoin vital d’être en couple. Je désire une personne qui VEUT être avec moi, et non quelqu’un qui A BESOIN d’être avec moi. C’est cette nuance qui fait toute la différence entre un couple stable et harmonieux, et une relation qui finit par être toxique.

Et voici où arrive la contradiction psychosociale du titre de ce billet.
Lorsque je me décris moi-même, c’est-à-dire avec les éléments cités ci-haut, je me fais presque toujours servir des répliques du genre de : « Et alors? Tu te crois spécial? Tu fais juste décrire n’importe quel gars moyen normal. »

Par contre, lorsque l’on me demande quelle serait ma femme idéale et que je réponds cette même description, alors là, on me réplique presque toujours qu’il faudrait que je redescende sur terre, que je cesse d’être aussi exigeant et que j’apprenne à faire des compromis, sinon je vais passer le reste de ma vie célibataire. Parce que, ce que je décris là, une femme positive, forte, intelligente, en forme, indépendante financièrement et affectivement, eh bien c’est la femme parfaite. Et la femme parfaite, ça n’existe pas.

En conclusion.
Lorsque cette description s’applique à un homme, elle décrit « n’importe quel homme moyen normal.»
Mais lorsque cette description s’applique à une femme, elle décrit « la femme parfaite qui n’existe pas.»

Faut-il que cette société soit misogyne pour en arriver à un tel jugement deux poids, deux mesures!?

30 raisons d’avoir peur de la femme qui drague

Ça fait au moins trente ans que, autour de moi, je constate ces trois situations :

  •  Une femme qui ne drague pas sera sujette a beaucoup de drague non-sollicitée de la part des hommes.
  • Une femme qui joue à la séductrice se fera draguer peu, mais aura beaucoup d’hommes à ses pieds qui resteront à distance respectueuse.
  • Une femme qui drague directement et sans détours, ça fait reculer l’homme, le rendant hésitant, ne serait-ce que quelques instants.  Et dans certains cas, son attitude lui fera même peur.

Étrange, non?  Je veux dire, un homme qui drague peut être bien des choses, allant de lourd à ridicule à charmant.  Mais la femme?  À tous les coups, elle est intimidante.

Et je me suis rendu compte que la peur de la femme qui drague, ça nous vient probablement de la manière dont elle est représentée dans la culture.  Que ce soit à la télé, au cinéma, la littérature, les BD, et même dans quelques chansons, la drague féminine n’est jamais représentée sous un angle positif.  Par exemple, il y a : 

1) La pute.  Une belle femme drague un homme.  Il est charmé.  Il finissent au lit.  Pour lui, c’est l’amour, le coup de foudre.  Une fois l’acte consommé, elle lui annonce ses tarifs.  Et là, les ennuis commencent pour lui.

2) L’infidèle.  Elle drague l’homme, l’homme est séduit.  Il l’aime d’un amour pur.  Mais voilà, en allant la rejoindre par surprise pour lui faire sa déclaration, il la voit avec son mari et leurs enfants, et constate qu’elle était en couple tout ce temps-là.

3) La libertine.  Elle le drague, il est séduit.  Puis elle le jette, et passe à un autre, puisque c’est une dragueuse en série.

4) La moitié d’un couple ouvert.  Chose qu’elle lui a caché au début, évidemment.

5) La grosse laide affamée de mâle.  Toujours habillée de manière ridicule, qui court (littéralement) après le pauvre homme qui n’est pas désespéré à ce point-là.

6) La moqueuse.  Le gars la dégoûte, mais elle sait qu’elle lui fait effet.  Alors elle le drague dans le but de se moquer de lui.

7) La bitch.  Elle drague un gars pour faire chier son mec. 

8) La dangereuse.  Elle drague un gars pour faire chier son mec, qui se trouve à être un homme extrêmement violent.

9) La voleuse faussement perverse.  Elle menotte l’homme au lit.  Il s’attend à une séance de baise mémorable.  Mais elle se rhabille, le dépouille et part, l’abandonnant là, toujours attaché. 

10) L’obsédée harceleuse.  Celle qui drague non-stop un homme qui s’en fout bien.  Révèle parfois qu’elle le prend en photo / le filme / l’espionne / l’enregistre / s’introduit chez lui, toujours à son insu.  Souvent jouée en comédie. 

11) La détective.  Elle drague activement l’homme.  Au début il résiste, mais il finit par céder.  Au moment de passer à l’acte, elle arrête tout, sort son badge et montre qu’elle a tout filmé depuis le début.  C’est une détective, engagée par l’épouse de monsieur pour le prendre en flagrant délit d’adultère.

12) La revancharde.  Elle l’a dragué.  Il a osé lui dire non.  Elle lui fera payer cette humiliation.

13) La revancharde abandonnée.  Elle l’a dragué.  Il est marié.  Il a cédé.  Il ne veut plus recommencer.  Elle le prend mal.  Elle leur fera payer cette trahison, à lui et sa famille.

14) La journaliste.  Ils se rencontrent via agence matrimoniale.  (Les scénaristes ne connaissent pas Tinder, apparemment.) Il est ébloui par une telle femme.  Il en tombe amoureux fou.  Elle est donc obligée de lui révéler qu’elle s’était inscrite dans cette agence, juste pour faire un reportage au sujet des hommes qui utilisent ce genre de service.

15) La poursuivante-fuyarde.  La classique fuis moi je te suis, suis moi je te fuis.

16) La dragueuse tardive.  Elle attend que l’homme trouve enfin la femme parfaite pour lui, pour enfin se déclarer, en général autour de la date de son mariage.  Ce qui fait que l’homme s’en va se marier sans plus trop savoir laquelle de ces deux femme il veut vraiment.

17) L’humiliante fausse fantasmeuse.  Elle drague un gars en webcam / Skype / Facetime en lui faisant accroire que rien ne l’allume plus que de regarder un gars qui se branle habillé en tutu avec un balai dans le cul.  Lorsqu’il s’exécute, elle lui montre alors qu’elle n’est pas seule.  Derrière elle, leur 57 camarades de classe et/ou collègues de travail n’ont rien perdu de la scène.

18) La femme fatale (version classique).  Qui drague un homme, en fait sa marionnette, se fait tout lui payer, avant de le jeter.

19) La femme fatale (version moderne). Qui drague un homme, le marie, tombe enceinte de lui, pour ensuite le quitter, prendre la majorité de ses biens, et lui coller au cul une abusive pension alimentaire.

20) La cougar.  Belle femme mature qui drague le jeune homme, par jeu.  Il est séduit, mais elle le largue, elle n’a jamais été sérieuse.

21) La vieille peau. Pareil que l’exemple précédent, sauf qu’elle est sérieuse, très vieille et ridée, et le jeune homme est épouvanté.

22) La déshabilleuse faussement exhibitionniste.  Elle drague un homme dans un parc, une plage, ou tout autre endroit public, et l’incite à se mettre nu.  Puis, elle lui vole ses vêtements et fuit, le laissant là, à tenter de rentrer chez lui tout en évitant les gens et la police.

23) L’ivre déprimée.  Elle drague l’homme.  S’il résiste, elle lui fait une crise de déprime.  S’il cède, elle l’accuse le lendemain d’en avoir abusé.

24) La trans pré-opération.  Jamais l’homme ne s’est fait draguer par une si belle jeune femme.  Il en tombe amoureux fou.  Au moment de passer à l’acte, surprise : Elle est encore plus virile que lui.

25) Celle qui tombe enceinte.  Ou bien elle ne veut rien savoir de l’homme qui veut pourtant prendre ses responsabilités envers elle car il l’aime.  Ou bien au contraire elle piège l’homme dans une relation, alors qu’il n’en voulait que comme histoire d’un soir.

26) La mineure secrète.  Ils se rencontrent, elle le drague, elle lui ment sur son âge.  Ils finissent ensemble.  Éventuellement, les autorités et/ou de la famille de la fille apprennent à l’homme qu’elle est mineure, et là ses ennuis commencent.

27) La résignée.  Lorsque cet homme l’a draguée, elle lui a ri au nez.  Elle en préfère un (ou plusieurs) autres.  Lorsque celui (ou ceux) qu’elle préfère(nt) la rejette, elle se résigne à aller draguer le premier homme, juste parce qu’il est mieux que rien.

28) La résignée temporaire.  Comme la précédente, à ceci près que maintenant qu’elle est en couple avec lui, elle revient à sa mentalité précédente lorsqu’elle a une opportunité avec le genre de gars qui lui plaît vraiment.

29) La petite jeune salope briseuse de ménage.  C’est une superbe nymphette nympho de 18 ans et trois minutes.  Contre toute logique, elle drague cet homme, père, marié et de 20 ans son ainé, et elle ne fait pas dans la subtilité.  En général, elle le drague en se mettant nue avant d’aller le rejoindre par surprise au lit / dans la douche / au supermarché.  Il cède.  Ça s’apprend, et il perd tout : Femme, enfants, maison, amis, carrière…

Ça m’étonnerait qu’il y ait beaucoup de femmes parmi les scénaristes qui écrivent ce genre de personnages.  Ceci dit, il n’y a pas que dans la fiction que la femme qui drague est présentés sur un angle négatif.  Par exemple, deux ou trois fois par année, dans les médias, on nous parle de:

30) L’éphébophile.  C’est à dire l’institutrice qui a eu une liaison avec l’un de ses élèves mineurs.

Ça nous fait constater que depuis la naissance, nous avons été bombardés d’exemples montrant que lorsque la femme drague, ce n’est jamais dans un cadre moral, ni pour des raisons positives.  Et quand un homme se laisse draguer par une femme, il finit toujours par le regretter amèrement. 

À force d’être conditionné à voir la femme sous cet angle tout le long de sa vie, il n’est pas étonnant que l’homme puisse avoir le réflexe de se méfier du désir féminin.  Et même, dans certains cas, de développer une peur envers la femme qui drague.

Par conséquent, lorsqu’il a envie d’amour et de sexe, il s’impose à la femme qui ne drague pas. Donc une qui n’est probablement pas intéressée.  Et puisque la même culture populaire qui nous apprend à fuir la femme qui drague nous apprend également à insister auprès de la femme non-intéressée jusqu’à ce qu’elle cède, c’est là que l’on réalise que l’on nous apprend en fait à à fuir le consentement sous toutes ses formes.

Bref, que la culture populaire est en fait une culture de viol.

Il faut savoir tirer une ligne!

Jeudi le 19 avril 2012, je consommais de la cocaïne pour la première et la dernière fois de ma vie.  J’avais eu l’idée de chroniquer cette expérience unique pendant que je la vivais.  J’ai cru que j’avais perdu le texte à tout jamais lorsque mon disque dur a crashé à l’Halloween de 2015.  Eh bien, il se trouve que je m’en étais envoyé une copie par courriel.  Je viens de la redécouvrir en explorant le dossier Éléments envoyés de mon compte Hotmail.  Alors voilà la chose.

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Samedi 14 avril
En nettoyant un bus, je trouve sous un banc de minuscules sachets genre ziploc contenant une poudre blanche, partiellement solide. Seul l’emballage me donne l’impression qu’il pourrait s’agir de cocaïne, puisque je n’en ai jamais vu de ma vie.

Dimanche 15 avril.
J’en parle à une amie en lui décrivant la chose.  Elle me donne un truc pour savoir si c’en est ou non : En mettre une minuscule quantité au bout de mon doigt et me frotter la gencive.  Si ça gèle comme du Oragel, c’en est.

Lundi 16 avril
J’essaye.  Ça gèle. C’en est de la vraie.  HOSTIE QUE ÇA GOÛTE MAUVAIS! 

Je reste indécis… Dois-je la jeter ou la garder?  Je décide de la garder finalement.  C’est que, depuis que je suis ado, je me dit que si un jour j’entre en possession de cocaïne, je la garderais en cas d’extrême urgence.  Genre, une situation de vie ou de mort qui réclamerait de l’énergie physique et mentale exceptionnelle afin de m’en tirer.  Mais attention : En tout dernier recours seulement.  Aussi, puisque le destin m’en donne l’occasion gratuitement, je décide de garder les deux sachets. Je les cache dans mon classeur, sous le dossier très approprié de « BS ».

Jeudi 19 avril 2012
En repensant à ma liste de TO DO de la journée, et au fait que je n’ai dormi que 4 heures, et que je n’arrive pas à me rendormir, et que mon rhume me rend faible, j’ai décidé d’essayer.  Pour la première fois de ma vie, à l’âge de 43 ans, je vais faire mon baptême de cocaïne.  Je n’aime pas trop l’idée de me mettre ça dans le nez, surtout dans mon état d’enrhumé. J’opte plutôt pour la mélanger dans un milkshake-déjeuner Carnation™ à la vanille.  Tant qu’à consommer de la poudre blanche, ne faisons pas les choses à moitié.

10 :15 am
Je prends l’un des 2 sachets.  Après l’avoir bien réduit en poudre à coup de marteau, je le mélange au milkshake.  Première impression : La cocaïne a un goût très amer qui rend mon milkshake désagréable à avaler.  Aussi, je le bois le plus vite possible.

10 : 20 :
Je me brosse les dents afin d’en enlever le goût.  Je constate que ma gorge commence à geler, comme si j’avais avalé du oragel. Mais l’effet demeure minime.  Puis, je m’installe devant mon ordi à regarder un épisode de Justice League Unlimited en attendant l’effet, si effet il y aura.

10 :41 am
Je sens que mon cerveau fonctionne plus vite. Ne sachant pas combien de temps va durer l’effet, aussi bien me mettre à mes tâches de la journée le plus vite possible. Je commence à écrire ce texte.

10 :55 am
Mon cerveau va encore plus vite.  Ne sachant pas les conséquences psychologiques que cette drogue aura sur moi, je dois me rappeler de garder le contrôle sur mes pensées, ainsi que sur mon enthousiasme, et de rester bien prudent lorsque j’irai à vélo tantôt faire mes courses.

11 :05
Pris une douche et rasé en un temps record. J’ai l’impression que mon cerveau va trop vite pour mon corps. Je bouge vite, mais je me sens ralenti, comme si mon corps n’arrivait pas à suivre.

Je me sens tellement plus efficace.  Je comprends maintenant pourquoi il est facile d’être accro psychologiquement à cette drogue.  C’est pourquoi je reste sur mes gardes, et je me rassure comme quoi c’est normal.  Cette sensation, c’est un effet de la drogue.  Je ne dois pas oublier que quelqu’un peut se perdre moralement, physiquement et financièrement dans la coke, et que cette expérience est un one-time deal, SAUF SITUATION DE VIE OU DE MORT.

Je ne dois pas me croire au-dessus de tout ça, je ne dois pas me croire invulnérable à la dépendance.  Parce que c’est quand on pense comme ça que l’on perd toute prudence, tout contrôle, que l’on succombe et que l’on devient camé jusqu’aux yeux et qu’on perd tout.

11 :10
J’ai le cœur qui bat à vitesse folle.  Bonne chose que l’exercice des dernières années a mis mon cœur dans un excellent état.

J‘ai envie de commettre quelques risque, comme mettre mes verres de contact, mais je sais que accepter un petit risque peut m’amener à vouloir en prendre un plus gros plus tard.  Je reste en contrôle et j’oublie ça.

Holy shit, j’ai jamais tapé du clavier aussi vite.  Si je suis encore sur effet quand j’aurai fini mes tâches de la journée, je vais finir l’épisode 4 de The Eight.

Oooooh, mauvaise pensée, ça. Je me révise tout de suite : JE NE DOIS JAMAIS RÉ-UTILISER DE LA COKE POUR M’AIDER DANS MES TÂCHES OU MES PROJETS, C’EST COMME ÇA QUE L’ON DEVIENT DÉPENDANT.

JE DOIS TOUJOURS ME RAPPELER QUE CE QUE JE VIENS DE FAIRE EST ÉPOUVANTABLE, ET JE NE DOIS JAMAIS ME RAISONNER EN ME DISANT QUE « FINALEMENT Y’A RIEN LÀ ! »  Au contraire.  A 100$ le gramme, il y a BEAUCOUP là, on peut facilement arriver à la ruine.

11 :15
J’ai l’impression que mes sensations physiques ont doublé… incluant la douleur de mon traitement de la verrue plantaire.  Bonne chose que la majorité de mes courses seront à vélo.

JE ME JURE QUE, À MOINS DE ME TROUVER DANS UNE SITUATION DE VIE OU DE MORT, CETTE EXPÉRIENCE DOIT RESTER UN ONE-TIME DEAL !  EVER ! ! !

11 :21
La SAAQ est loin à vélo.  J’ai mon changement d’adresse à faire. J’aurais pu le faire, je trouve le défi excitant.  Mais l’aller-retour me prendrait au moins 2 heures, et je trouve que ce serait idiot de perdre toute cette énergie sur une seule tâche.  Je décide donc de  faire celle-là par téléphone.

11 ;38
D’abord, je pensais que j’aurais à réduire mon débit de voix.  Mais je parlais normalement.  Même que je me trouvais étrangement mieux articulé que d’habitude… Ce qui n’est pas logique, je suis TOUJOURS articulé.  Mais je crois saisir la différence : D’habitude, je cherche mes mots.  Là, je parle smooth, sans bris, sans pause.

Je comprends VRAIMENT comment on peut accrocher à la coke.  Plus je vois des améliorations dans ce que je fais, et plus je vois les pièges dans lesquels on peut tomber pour virer accro. Une chose est sûre en tout cas, je comprends pourquoi tant de gens se ruinent pour cette poudre.

Ce qui me rappelle que j’ai entendu dire que c’était un excellent coupe faim.  Je dois donc ne pas oublier de manger même si je n’ai pas faim, pour ne pas surtaxer mon organisme.  Je crains aussi le crash qui arrivera Dieu sait quand.

J’ai terriblement soif. Je cale un gros verre de thé en un temps record.  C’est une erreur.  Je dois me rappeler de manger et boire à vitesse normale.

11 :44
Je suis impatient, j’ai furieusement envie de bouger.  L’ironie d’utiliser la coke pour étendre mon linge à toute vitesse ne m’échappe pas, puisque j’ai toujours dit que j’aimais faire la lessive parce que ça me détend. Well, chus loin d’être détendu en ce moment.

Histoire de tirer profit de mon expérience, je me regarde aller faire mes tâches, et je vais essayer de prendre ça comme exemple à suivre (sans la coke) pour être plus efficace dans l’avenir.

11 ;51
Hostie que j’ai envie de me dépenser.  Vélo, exercices, courir… Mais justement, je ne dois pas oublier la leçon que j’ai eu de la course, en développant une fasciite plantaire qui m’empêche de courir : Quand la volonté et l’énergie dépasse les capacités physiques, ça peut avoir des conséquences fâcheuses, certaines temporaires, certaines pour le reste de notre vie.

Je constate que cette soif que j’ai est similaire à celle que j’ai eu quand j’ai testé la coke sur ma gencive.  Donc, observation : La coke donne soif.

Ah, tiens, autre chose à ne pas oublier : Comme c’est la première fois que je prends de la coke, mon corps n’est pas habitué, donc je n’en ressens que les bienfaits.  C’est à la longue, à force d’en consommer, que le corps s’habitue, et finit par ne plus fonctionner normalement sans ça.  Comme la caféine dans le café, ou les boisson énergie, dont il a fallu me sevrer il y a quelques années, qui m’ont donné des symptômes de manque.

Alors je ne dois jamais oublier ceci : CE NE SERA JAMAIS AUSSI BON ET AUSSI GÉNIAL QUE LORS CETTE PREMIÈRE FOIS.

12 ;05
Je constate, avec la madame de Hydro Québec au bout du fil (Encore mon changement d’adresse), que mon impatience aussi est décuplée. Heureusement je réussis à voir la chose avec logique : C’est sûrement la coke qui booste les facettes de mon tempérament, donc je n’ai pas de raisons d’être impatient, donc ce n’est qu’une illusion. Juste le fait de me dire ça, je me calme d’un coup sec. Étrangement, contrairement à ce que j’aurais imaginé, ma logique aussi est décuplée.

12 :15
Ca y est, on va voir ce que ça donne côté énergie physique : Je pars à vélo faire mes courses.

Quand je pense à tous ceux qui utilisent la coke comme drogue récréative, quelle perte.  Moi au contraire, je veux utiliser tout le temps qu’il reste à mon high pour en faire le plus possible.  Pas oublier : Ceci est une opportunité unique.

Eh oui, le fait que je me le répète sans cesse montre la peur que j’ai de virer accro.  Et c’est normal, cette drogue est terriblement efficace. Mais je sais que tant que j’aurai cette crainte, je saurai m’en tenir loin.

L’effet est différent des ritalins, dont je consommais les suppléments de Jonathan.  Ça me donne plus d’énergie, mais pour la concentration, je reste non-convaincu.  Parfois je suis full focussé, et d’autres fois je suis incontrôlablement distrait… Finalement, dans mon état mental normal, juste extrême.

12 :39
Mon vélo est attaché sur De l’Église à Verdun. Je viens de faire mes achats au Rona, je me dirige vers le marché Métro pour d’autres déjeuners Carnation, rapport que j’ai pris le dernier ce matin.  Je suis déçu.  Je m’attendais à une performance vélocipédiste athlétique. En fait, je ne vois pas de différence avec la normale.  Là encore, la normale, ce serait d’avoir dormi 8 heures au lieu de 4, et ne pas être démoli par un rhume.

12 : 54
Réalisant que mon déjeuner coké était il y a 2 heures et demi, je me dis qu’il faudrait bien que je mange encore.  Voulant éviter un gros repas qui utilise l’énergie pour la digestion, j’opte pour un petit bol de salade de fruits frais, pris au marché Métro, que je mangé sur le trottoir.  À ma grande surprise, je constate que non seulement je ne ressens pas la faim, mon corps ne veut pas manger.  Je me force tout de même.  Une fois tout mangé, je ne ressens rien de spécial, sinon le soulagement d’avoir arrêté de manger.  C’est assez curieux comme effet secondaire.  Mais ça me permet de comprendre pourquoi les gens cokés maigrissent.

13 :11
Au  retour, sur le pont de la rue Jolicoeur reliant Verdun à Ville-Émard, je me fais arrêter par un vieux monsieur qui me dit : « Hey, how much further away is it from the Dairy Queen ? I’m a tourist, see, I’m from California. Maybe you know my friend, he’s an actor from Grey’s Anatomy, it’s playing tonight. He’s my special friend, if you know what I mean. I won’t say more.  Hehe ! » HEILLE, ON S’EN COLISSE-TU QUE TU SUCES DES PINES D’HOLLYWOOD, VIEILLE POUFFE ! LAISSE-MOI DONC RVENIR CHEZ MOI, QUE JE PROFITE DE CE QUI ME RESTE DE MON HIGH POUR M’Y RENDRE UTILE.

13 :22
Retour à la maison.  Je me sens encore high, mais à ce point-ci, je ne saurais dire si c’est la coke ou l’hyperventilation due au vélo.

13 :30
L’effet me semble avoir diminué. En ce moment, comment je me sens est comparable au meilleur de ma forme lorsque en état normal.  Mais le hyper-boost que j’ai ressenti lors de la première heure et demie n’y est plus.

14 :00
Je sens que l’effet diminue.  Je suis maintenant dans ma moyenne normale. Sauf que je vais probablement continuer ma descente, puisque je suis enrhumé et avec peu de sommeil. J’ai la tentation d’aller acheter du Red Bull pour en prolonger l’effet.  Je me ravise aussitôt.  Ça montre à quel point je peux accrocher au fait d’être efficace, sans que ça me demande un effort de volonté. Raison de plus pour me laisser revenir à la normale.

14 :40
Bon ben me voilà redevenu l’enrhumé épuisé de ce matin. Au bout du compte, ce furent quatre heures très intéressantes.

EN CONCLUSION
D’un point de vue strictement scientifique, je ne regrette pas l’expérience. J’ai appris les effets de la cocaïne sur un organisme non-habitué aux drogues. Et j’en suis aussi arrivé à une conclusion qui, je le crois, cimente à tout jamais ma décision de ne jamais recommencer : Pour les gens comme moi, les paresseux de nature qui doivent déployer de grands efforts de volonté pour faire quelque chose, l’attrait que peut avoir la cocaïne est une très dangereuse réalité.  Parce que, d’un simple petit gramme de cette drogue, on obtient toute la volonté et la drive requise pour réaliser nos projets, et ce sans effort.

Or, je possède un trait de caractère en particulier qui a toujours été naturellement plus fort que ma volonté : Mon orgueil.  Jamais je n’ai accepté d’être le jouet de quelqu’un, et ce n’est pas pour devenir le jouet de quelque chose.  Je n’ai pas besoin de vivre moi-même le fait d’être accro pour savoir que ça se passerait ainsi. Depuis que je suis enfant, la TV, la radio, les magazines et les journaux m’ont bombardé de milliers de témoignages d’ex-drogués disant que la coke c’est ben l’fun au début mais plus le corps s’y habitue et moins ça fait effet, et on finit par en prendre juste pour ne pas vivre le manque.  Et à 100$ et plus le gramme, c’est facile de se ruiner là-dedans.

Une recherche Google au sujet de la cocaïne m’apprend un truc qui me laisse la mâchoire pendante. L’effet de la coke est supposé durer de 30 à 45 minutes. ÇA M’A FAIT EFFET PENDANT TROIS HEURES ET DEMIE!!! 

Est-ce parce que je l’ai pris par voie orale? Est-ce parce que je l’ai mélangé à un milkshake ne contenant que des éléments full nutritifs? Est-ce parce que j’étais malade, donc que je pouvais vraiment sentir la différence entre coké et non-coké? Ou est-ce tout simplement parce que c’était la première fois de ma vie que j’en prenais, donc que mon organisme n’y était pas du tout habitué? Une chose est sure, ça ne sera plus jamais aussi génial que cette fois-là. Je comprends donc que, pour que cette expérience reste agréable et positive, il faut que ça reste un truc d’une seule fois dans une vie.  C’est donc sans remords que je me débarrasse du second gramme dans les toilettes.

Et puis, après avoir vu sur le net qu’au Québec, la simple possession de cocaïne peut valoir 1000$ d’amende et 7 ans de prison, ça a quelque peu influencé ma décision de ne pas la garder.


Et voilà!  Sept ans plus tard, je n’y ai toujours pas retouché.  Je continue de voir cette expérience unique comme étant positive.  Et surtout, je suis toujours aussi convaincu que, pour que ça reste comme ça, je ne dois plus jamais recommencer.

Comme quoi, dans le fond, ce qui fait la différence entre expérimenter le paradis et vivre un enfer, c’est d’avoir le bon sens de savoir tracer une limite et de la respecter.

S’offrir dans le but de comprendre

À quatre reprises, à différents moments de ma vie, il m’est arrivé de vivre une curieuse expérience.  En fait, je trouvais d’abord que c’était une expérience flatteuse, jusqu’à ce que je constate certaines constantes entre chaque personne.  C’est là que j’ai vu que dans le fond, cette situation n’était ni flatteuse pour l’homme, ni saine pour la femme.

Je ne vais raconter que la première anecdote, en pointant les points en commun avec les trois expériences suivantes.

Ça remonte à l’époque de MySpace.  Pour les plus jeunes, MySpace était un genre de mix entre Facebook et un blog.  Dans le temps, c’était la plus populaire plateforme sociale du net, mais une série de mauvaises gestions ont causé sa dégringolade.  Au final, les membres ont massivement immigré vers Facebook.  Mais à l’époque, à son meilleurs, j’y écrivais le même genre de billets qu’ici, sur le thème de l’interaction personnelle et sociale.

J’y avais une lectrice qui aimait déjà mes trucs dans Safarir, et qui commentait chacun de mes billets sur MySpace. C’était une jolie petite asian née à Montréal, de 18 ans, cheveux longs, bouche pulpeuse, regard taquin et sourire irrésistible.  Elle était énergique, joyeuse, avait un sens de l’humour qui allait bien avec le mien.  Nous sommes rapidement devenus bons amis, aussi proche que l’on puisse l’être sur le net.  Nous nous sommes rencontrés quelquefois, à l’occasion de sorties et de partys privés. 

Elle était en couple avec un gars de 26 ans, beau grand blond caucasien.  Juste à les voir, on se disait qu’ils allaient si bien ensemble.  Je me souviens que je l’avais trouvé chanceux d’avoir trouvé une telle fille. 

En privé, par contre, tout n’était pas rose.  Il se détachait de plus en plus d’elle, et elle me confiait son désarroi.  Je lui ai suggéré d’avoir une bonne discussion avec lui, histoire de savoir à quoi s’en tenir.  Ce qu’elle fit.  Il lui a alors dit un truc assez aberrant :

« Pour être franc, j’me vois pas passer ma vie avec une asian. »

Après deux ans de relation, dont les six derniers mois à habiter avec lui, elle était dévastée.  Encore une fois, même née ici, même avec la culture d’ici, même avec l’accent d’ici, rien à faire.  Par son physique, c’était une étrangère.  Une exotique.  Un trophée à se taper pour le plaisir.  Mais pas avec qui avoir une relation sérieuse, et encore moins pour fonder une famille. 

Et pour elle, ça avait toujours été ainsi.  Depuis ses débuts sur le net, elle recevait, non-stop, plusieurs fois par semaines, des messages de dragueurs, la moitié étant des otakus, qui l’objectifiaient pour ses origines.

Alors d’un côté, il y avaient les hommes qui la désiraient parce qu’elle était une asian.  Et il y avaient les hommes qui ne la désiraient pas, toujours à cause qu’elle était une asian.  Aux yeux de tous, il n’y avait que ça qui comptait, et ce n’était que sur ça quelle était jugée comme étant désirable ou non.

Les semaines et les mois passent, et elle se remet peu à peu de sa séparation. Puis, un jour, elle m’appelle.  Elle avait envie d’avoir un contact plus personnel avec moi que par simple messagerie.  Alors on jase aisément pendant une bonne heure, sans temps morts ni ennui.  Et il lui prend comme ça de me donner quelques détails de sa vie sexuelle.  En bon ami, j’écoute, lui donnant mes avis et impressions.

Puis, elle me pose la question à laquelle ne me serais jamais attendu.

« T’as-tu déjà baisé avec une asian? »
« Euh… Non! »
« Ça te tenterais-tu? »

Huh!?  D’où est-ce que ça sort, cette proposition-là?  Ma curiosité fit que je voulais en savoir davantage.  Et je savais par expérience que lorsque l’on refuse une proposition directe d’intimité, alors la personne se referme et n’en parle plus.  Et puis, pour être franc, elle me plaît.  Je la connais bien, j’aime sa personnalité, j’aime les filles, j’aime le sexe.  Pourquoi pas!? 

« Bah, ouais, surtout si c’est toi. »
« Ok! »
« Cool!  Mais, euh…  J’t’avoues que j’m’attendais pas à ça.  Qu’est-ce qui me vaut l’honneur, depuis le temps qu’on se connait? »
« Je sais pas trop…  Je te trouve baisable! »

Pour l’instant, elle ne peut pas m’offrir de date de rendez-vous, à cause de son horaire de travail et du fait qu’elle est en plein déménagement.  Mais elle me promet que l’on va se voir bientôt.   

La conversation prend fin, je raccroche, toujours surpris mais fortement flatté.  Pendant le premier ¾ de ma vingtaine, j’avais de la difficulté à plaire, malgré tous les efforts que j’y mettais.  Puis, j’ai commencé à être capable de séduire.  Et maintenant, une décennie plus tard, voilà que de jolies jeunes filles me proposent du sexe de leur propre initiative.  C’est fou!  Il faut croire que prendre de l’âge m’a apporté ce qui me manquait dans ma jeunesse.

Pour les semaines qui suivent, non seulement les choses ne se passent pas comme prévu, je constate un changement négatif dans notre relation.  Tout d’abord, peu importe le nombre de fois où je lui écris pour qu’on se rencontre, elle n’a pas le temps ou demeure évasive.  De plus, elle cesse totalement de laisser des commentaires sur mes billets, et elle ne me jase plus sur MSN Messenger alors que nous le faisions quotidiennement avant. 

Au bout de six semaines, il faudrait que je sois en déni pour ne pas faire le lien entre son changement de comportement et sa proposition sexuelle, puisque tout a changé entre nous à partir de ce point.  De la façon dont elle agit, il est clair qu’elle a changé d’idée et qu’elle n’ose pas me le dire.  Car nous savons tous que rien ne fait plus frustrer un gars qu’une fille qui revient sur sa promesse de sexe.  Et encore plus si c’est elle qui s’est offerte pour commencer.

Puisqu’elle m’évite, je me doute bien que ça ne servirait à rien de tenter d’ouvrir le dialogue avec elle sur le sujet.  Par expérience, je sais que lorsque quelqu’un s’imagine que tu vas réagir mal, c’est inutile de lui dire que tu as l’esprit ouvert et que tu es compréhensif.  La personne va continuer de nier. 

Je prends donc la meilleure option qui me vient en tête : Ne pas lui demander d’explications, et affirmer qu’en fait c’est moi qui n’en ai pas envie.

Et voilà!  Presque aussitôt, notre relation amicale est redevenue ce qu’elle était, et elle a continué ainsi pendant plusieurs autres années, jusqu’à ce que la vie et les circonstances nous fassent prendre des chemins différents.

Comme je le dis plus tôt, j’ai vécu trois autres fois des situations semblables.  Les détails étaient différents, mais à la base c’était toujours le même scénario en quatre étapes :

ÉTAPE 1 : Toute sa vie, la fille n’a connu que deux genre d’hommes, et ce sont deux extrêmes opposés : Ceux qui la désirent, et ceux qui s’en foutent.

ÉTAPE 2 : Et puis là, moi, j’arrive dans sa vie.  Je ne m’en fous pas, puisque je suis amical, gentil, respectueux.  D’habitude, quand un homme est gentil avec elle, ça veut juste dire qu’il va finir par lui montrer un intérêt amoureux et/ou sexuel.  Mais dans mon cas, mon comportement envers elle n’évolue pas.  Les jours passent, les semaines, les mois, et je reste toujours aussi amical et platonique qu’au début.  Je n’entre ni dans la première catégorie ni dans la deuxième. Elle se retrouve donc face à une 3e situation, une à laquelle elle n’est pas habituée. 

L’être humain est une créature qui a besoin de vivre dans ses habitudes.  Mon comportement est pour elle inhabituel.  Au niveau du subconscient, elle ne comprend pas.  Alors elle cherche à comprendre.  Par conséquent :

ÉTAPE 3 : Elle tente de recréer avec moi une situation qui lui est plus familière : Celui de l’homme qui n’est amical que dans le but de coucher avec elle, et/ou le fait d’être objectifiée pour une raison X. (Exemple: Celle qui n’est jugée que en tant qu’asian, et qui s’offre elle-même en tant qu’asian.)  Ainsi, du jour au lendemain, elle passe brusquement d’amie platonique de longue date, à amante potentielle qui s’offre comme telle.  

ÉTAPE 4 : Maintenant qu’elle est de nouveau dans une situation qui lui est familière, elle peut composer avec ça.  Elle perd aussitôt son intérêt sexuel pour moi.  Et ceci rend le reste de notre relation malaisante, puisque maintenant je m’attends (ou bien elle croit que je m’attends) à quelque chose qu’elle n’a pas envie de me donner.

Bon, en fait, l’Étape 4, je ne l’ai vécue que dans le premier cas.  Je n’ai aucune idée si ça se serait rendu là avec les autres, ou si ça aurait vraiment passé au sexe si je leur avais dit oui. 

Car en effet, contrairement au premier cas, je n’ai pas répondu positivement aux avances des trois autres.  Il faut dire qu’elles n’avaient pas été aussi directes que la première, alors il était plus facile pour moi de contourner la question. 

N’empêche que je ne pouvais pas m’y tromper :  Dans tous les cas, la fille changeait brusquement de comportement avec moi, passant d’amie platonique de longue date, à amante potentielle qui s’offre comme telle, ou du moins qui tentait de provoquer chez moi un intérêt sexuel envers elle. (Étape 3).  Et à chaque fois, il s’agissait d’une fille qui pour qui les hommes avaient ou bien un intérêt amoureux/sexuel, ou bien au contraire aucun intérêt du tout (Étape 1), et qui avaient de moi l’amitié respectueuse et platonique sans jamais rien de plus. (Étape 2)  Je comprenais donc immédiatement ce qui était en train de se passer.  Elle n’étaient pas vraiment intéressées à moi.  Elles s’offraient dans le but de comprendre.

La 2e et 3e fois, c’était facile à éviter puisque c’était par messagerie.  C’était plus simple pour moi de jouer au nigaud qui ne comprend pas, qui change le sujet, ou qui glisse habilement le sujet de mon couple dans la conversation.  La 4e fois, comme j’en ai parlé dans mon billet précédent, c’était un peu plus compliqué parce que c’était en personne.  Mais le simple fait de lui dire qu’à mon âge je n’avais plus de libido, ça lui expliquait pourquoi je n’avais aucun intérêt sexuel pour elle, et ça épargnait son orgueil et son estime de soi.

Ceci dit, dans tous les cas, il s’agissait de jeunes femmes de 18 à 25 ans.  Je suis peut-être orgueilleux et vaniteux, mais même à moi on ne fera pas avaler qu’une gamine de la moitié de mon âge puisse soudainement, après des mois d’amitié platonique, me désirer sexuellement du jour au lendemain.

Lorsque les hommes n’accordent aux femmes qu’une valeur sexuelle, ils conditionnent ces femmes à ressentir elles-même que là est leur valeur. Ainsi, non seulement sont-elles victimes de cette mentalité misogyne, elles font hypnotiser à l’accepter. Il ne faut donc pas s’étonner si elles développent le réflexe de se sexualiser elles-mêmes pour obtenir ou pour garder l’attention ou l’approbation.

J’ai compris que dans les faits, non seulement ces jeunes femmes vivaient un abus, elles ont été inconsciemment conditionnées à le perpétuer.  Et à défaut de pouvoir les aider, je devais au moins m’abstenir de faire partie du problème.

Parce que des fois, on n’a pas le choix de faire son coming-out.

Comme d’habitude, je m’apprêtais à vous écrire une anecdote vécue dans laquelle j’ai retiré une leçon de vie en société.  Mais en voyant qu’une grande partie de cette histoire implique le plus dominant de mes traits de caractère, j’aimerais d’abord faire mon coming out.

Bon, soyons franc, dans ce cas-ci, « j’aimerais », ce n’est rien d’autre qu’une figure de style.  En réalité, je n’aime vraiment pas devoir révéler ce que je vais dire.  C’est quelque chose que j’aurais préféré garder pour moi, depuis que je l’ai appris il y a trois ou quatre ans.  Mais voilà, des événements récents dans ma vie m’ont forcé à devoir révéler cette partie de moi à certaines personnes de mon entourage, afin de me disculper de certains soupçons non-pertinents qui se colportaient à mon égard. 

Alors voilà:

Je suis, ce que l’on appelle, un demisexuel.  Et je l’ai apparemment toujours été.

Qu’est-ce que cela signifie au juste?  La page Wikipédia au sujet de la demisexualité décrit la chose en ces termes:

Une personne est dite demisexuelle si elle ne ressent de l’attirance sexuelle qu’après avoir formé un lien émotionnel fort avec une autre personne1. Ce lien peut être un lien de nature romantique mais pas exclusivement. Le mot « demisexuel » est issu de l’idée que la demisexualité se situe à mi-chemin entre asexuel et sexuel. Cela ne veut évidemment pas dire que la demisexualité est « incomplète », « à moitié développée », ou encore que l’attirance sexuelle sans un lien émotionnel est nécessaire pour une sexualité « complète ». En général, les personnes demisexuelles ne sont sexuellement attirées envers personne. Cependant, si un lien émotionnel fort se développe (qu’il s’agisse d’un sentiment romantique ou d’amitié profonde) une personne demisexuelle peut alors éprouver de l’attirance sexuelle et du désir envers ce partenaire.

Dans les faits, ce que ça signifie, c’est que si je suis en couple, je la baiserais volontiers 1-2-3 fois par jour, pour peu qu’elle le veuille aussi.  Car, comme je l’ai répété dans je-ne-sais-plus-combien de billets, 75% de mon excitation provient du fait que je sais que la fille me désire et aime ce que l’on fait.  Chose qui, apparemment, est typique chez un  demisexuel.  J’ai toujours eu une libido d’ado.  Elle s’est un peu calmée depuis mon accident de février 2018, mais elle est encore là.   

Par contre, comme le dit si bien l’extrait plus haut, en général, les personnes demisexuelles ne sont sexuellement attirées envers personne. Et ça, ça veut dire que, autour de moi, dans la rue, au travail, peu importe où je me trouve, jamais je ne vais regarder une fille qui passe.  Jamais je ne vais me retourner sur son passage.  Jamais je ne vas faire de remarques au sujet de son physique, sa beauté, son sex appeal.  Bref, jamais je ne vais désirer une femme sans savoir quoi que ce soit à son sujet.

Quant aux femmes qui m’entourent, que ce soit dans le milieu social ou bien les collègues de travail, aucune d’entre elle n’a entendu de ma part autre que politesse et sujets de conversations irréprochables.  Jamais de remarques déplacées, de sous-entendus à caractère sexuel, de commentaires grivois, de blagues adultes, même pas de regard et/ou sourires qui en disent long.  Je ne les complimente même pas.  Oh, il peut m’arriver de lui dire que tel nouvel ensemble leur va bien, que telle coupe de cheveux est très jolie.  Mais jamais il ne me vient à l’idée de les complimenter sur leur physique ou leur beauté.  Je ne leur ai jamais rien dit de plus que ce que je dirais à un autre homme.

J’ai eu, il y a longtemps, une collègue de travail qui était très tactile.  Elle ne peut pas voir quelqu’un sans lui toucher, moi inclus.  Main sur l’épaule, main sur le bras, main dans le dos.  Ça me hérisse.  Mais bon, je savais bien qu’elle ne faisait pas ça pour me rendre mal à l’aise.  C’est comme ça qu’elle est, voilà tout.  Et c’est la raison pour laquelle j’endurais sans rien dire.  Car moi non plus, je ne voulais pas mettre le malaise entre nous.  Mais disons que j’ai ressenti un certain soulagement lorsqu’elle a changé de carrière.

Je n’ai pas la phobie d’être touché.  Au contraire, je suis très chaleureux.  Avec ma conjointe, évidemment, lorsque j’en ai une.  Quelques amies proches également.  Et aussi mes parents.  Et pour les gens avec qui je suis moins intime, poignées de main et high-five, pas de problème.  Mais ça se limite à ça.  Sinon, je n’ai aucun désir d’être en contact physique avec qui que ce soit. 

Et voilà pourquoi je ne drague pas.  Oh, je peux trouver une étrangère intéressante et faire les premier pas vers elle.  Mais il faut que ce soit dans un contexte approprié.  Par exemple, sur Tinder.  Là, c’est normal, c’est une place à drague.  Mais à part ça?  Dans la rue?  Dans un événement social?  Au travail?  Non!  Ce n’est juste pas moi, ça.

Il m’est même déjà arrivé de me rendre compte qu’une jeune collègue tentait de provoquer mon intérêt envers elle avec ses paroles et son physique.  J’ai fait semblant de ne pas comprendre son message, je n’ai montré aucun intérêt, et je lui ai juste dit qu’à l’âge où j’étais rendu, je n’avais plus de libido.  Le sujet n’est plus revenu.  C’est sûr que si elle a répété ça par la suite, les collègues ont dû faire des blagues de vieil impuissant à mon sujet.  Qu’importe!  Puisque je suis contre la drague au boulot, ce n’est pas comme si ça pouvait me saboter.  En fait, bien au contraire, ça va juste m’éviter de recevoir de l’attention non-sollicitée.

Dans de telles conditions, je pense que ça va de soi qu’il m’est également impossible de jalouser une relation, et encore moins harceler sexuellement qui que ce soit.

Et c’est justement ça, la raison pour laquelle j’ai eu à faire mon coming-out parmi une partie de mon entourage.  Une rumeur mensongère de la part de quelqu’un qui a passé sa vie à chercher à causer des ennuis à autrui.  En cette époque de #OnVousCroit, #MoiAussi, #DévoileTonPorc, personne ne lui a demandé de preuves de ma culpabilité.  C’était à moi de faire celle de mon innocence.  Avec zéro historique de harcèlement sexuel en 50 ans d’existence, et quelques captures d’écrans de conversations prouvant mon manque d’intérêt pour la personne, j’ai pu m’en tirer.  Mais pour tous ceux qui ne croient pas en l’amitié homme-femme à moins que le gars soit gai, il a fallu que je sorte du placard, articles psychologiques à l’appui pour leur apprendre que oui, ça existe, la demisexualité.

N’empêche que le mal est fait.  Et qu’à cause de ça, un doute va toujours leur rester en tête à mon sujet.  Si je m’étais révélé bien avant, je me serais épargné cette mésaventure.

Alors pourquoi avoir si longtemps refusé de le dire?  J’ai trois raisons. 

RAISON 1:  Apprendre ma demisexualité, ça a complètement bouleversé mon estime de soi.
J’ai passé ma vie à être fier d’être celui qui respecte la femme.  Qui la regarde d’égal à égal, sans la réduire à un objet de désir.  Qui est capable d’être ami platonique avec elle sans espérer autre chose.  Et là, il y a trois ou quatre ans, j’apprends que non, en fait, le respect n’a jamais eu rien à y voir.  C’est juste mon orientation qui me rend ainsi.  Voilà qui a donné une sérieuse débarque à mon estime de soi.  Comment est-ce que je puis tirer de la fierté d’avoir toujours su contrôler mes pulsions, lorsque dans les faits je n’ai jamais eu de pulsions?

RAISON 2:  Se faire dire que l’on est demi quelque chose, c’est diminuant.
Ici, c’est le terme lui-même que je n’aime pas.  Qu’on le veuille ou non, la perception sociale de l’homme va de pair avec son côté animal.  Un homme, un vrai, c’est viril, fonceur, conquérant.  Ça séduit et surtout ça baise, en série.  Dans une telle optique, être un demisexuel, c’est n’être que la moitié d’un homme.

RAISON 3:  Les implications sociales du terme demisexuel sont horribles.
Si le fait de respecter la femme, les voir en égales et non en objet sexuel, c’est être demisexuel, alors ça sous-entend que d’agir en macho misogyne lubrique, c’est d’être sexuel complet.  Que c’est ça, la norme.  Que tous ces comportements
 déplacés que les femmes reprochent aux hommes, ce sont des comportements normaux.  Donc acceptables.    

Et voilà pourquoi je ne voulais pas en parler.

À la lueur de ces révélations, quelques uns de mes billets de blog passés peuvent être maintenant vus sous un tout autre angle.  Par exemple ces deux-là:

Ingrid; Cinq jours parmi les loups.  Je raconte comment, il y a quelques années, j’observais sans vraiment comprendre la majorité des hommes du bureau qui se sont tous mis à harceler une nouvelle employée, au point où elle a quitté l’emploi après cinq jours.

Mon année 2013, 2/4.  Mon amante de l’époque ne cesse de me demander si je trouve belles les filles que l’on croise.  Je ne peux que lui répondre que je ne les ai pas remarquées, puisque je ne les regarde même pas.  Une réalité qu’elle n’arrive pas à comprendre.

Et maintenant, je ne sais plus si ça vaut encore la peine de raconter d’autres anecdotes dans lesquels la morale est « Voyez comme il est possible de faire preuve de retenue » puisque, apparemment, mon comportement n’avait rien à voir avec la retenue.