Pas obligé de rester loser, 7e partie: Les revoir? Pourquoi pas! Les re-fréquenter? Surtout pas!

Originalement, le chapitre 5 s’intitulait « …Et ne plus revoir ces vieux amis. »  Je viens de changer le titre pour « Le réflexe de s’auto-saboter », puisque ça en décrit mieux le contenu.  Ceci dit, une triste vérité demeure: Si tu ne veux pas rester loser toute ta vie, tu dois cesser de fréquenter ceux qui t’ont vus/connus/acceptés comme tel.

À ce sujet, j’en reviens à mon bon copain Carl, comme j’aime si bien l’appeler. Depuis le temps que je vous en parle, vous allez sûrement me dire: « Mais s’il te traitait toujours de cette façon, pourquoi est-ce que tu continuais de te tenir avec? »  Justement, j’ai coupé les ponts avec lui à la fin des années 90.  Voici pourquoi:

À l’époque, nous travaillions chacun pour de grandes compagnies d’informatique.  Moi c’en était une qui créait et gérait des pages web pour des commerces, tandis que lui travaillait pour une boite d’animation 3D. Presque en même temps, nous avons eu des problèmes similaires, sous la forme de notre superviseur qui nous faisait subir du harcèlement moral au travail, allant même jusqu’à saboter notre boulot pour se trouver une excuse pour nous descendre.  Dans les deux cas, nous avons porté plainte à nos grands patrons.  Dans mon cas personnel, ça a juste empiré mon problème car les dirigeants se tiennent entre eux, et j’ai continué d’en subir jusqu’à ce que je sois obligé de démissionner.

Mais dans le cas de Carl, le grand patron a pris son problème au sérieux, il a observé comment Carl et son superviseur travaillaient, il a vu que le superviseur, en sabotant le travail de Carl, sabotait toute l’équipe, et ainsi affectait négativement le rendement de la boite.  Il l’a mis à la porte et il a donné son poste à Carl.  Et quel a été le tout premier contrat à se retrouver sur le nouveau bureau de Carl? Le JourNul de François Pérusse!  Eh oui!  Alors que pour les animateurs normaux ça prend des années, voire des décennies avant de tomber sur LE contrat qui va leur apporter succès et richesse, lui ça lui tombe dessus à la seconde même où il entre en poste.

Après ce coup-là, j’ai tout simplement cessé de lui donner signe de vie. Ce gars-là était juste trop chanceux.  Ce n’était pas un problème d’envie ni de jalousie de ma part.  C’était la reconnaissance d’un fait: Il fallait que je j’accepte que Carl et moi ne vivions pas du tout dans le même monde, et que jamais je ne ferais partie du sien.  À ses yeux, ce qui venait de se passer à son travail, c’était la norme.  La moyenne.  Business as usual.  Donc, selon lui, les gens comme moi qui ont à travailler dur et à se battre pour une réussite qui parfois nous échappe malgré tout, ce sont des incompétents, des ratés, des gens qui ne veulent pas vraiment réussir. Me tenir avec lui, c’était me faire influencer à croire que son destin exceptionnel était à la portée de tous. Ça déformait ma perception de ce qui était normal ou non, et ainsi me mettait trop de pression.

En cessant de me tenir avec lui, j’ai cessé de me comparer à lui, j’ai pu constater que ma réalité était bien plus semblable à celle de la moyenne des hommes qu’à la sienne, et j’ai enfin pu évoluer à mon rythme.  Et ce qui ne gâchait rien, c’est que lorsque je rencontrais une fille, il n’était pas là pour détourner son attention et la dissuader d’être plus que simple amie avec moi.

Durant les années qui ont suivi, j’ai eu quelques belles réussites.  Je suis retourné aux études où j’ai joint le journal étudiant, et où on m’a offert le poste de rédacteur en chef sans même que je m’y porte candidat.  J’ai habité aux résidences étudiantes où, après avoir jasé quelques minutes avec le propriétaire, il m’a offert le poste de superviseur de la place.  J’ai créé ce qui fut possiblement le premier texte viral humoristique québécois d’internet. J’ai fondé MensuHell, j’ai été publié dans Safarir, Summum, Le Journal de Montréal, ce qui m’a donné ma propre page sur Wikipedia. Je me suis également amélioré physiquement.  J’ai perdu du poids et pris du muscle. Je me suis mis à la course à pieds, pouvant courir 200 mètres le premier jour avant de tomber épuisé-mort, et quatre mois plus tard je courrais 5 km ininterrompus. Ça m’a permis de voir que dans le fond, quand je m’y mettais, je n’étais pas un loser.  C’est juste que, comparé à Carl et sa chance infernale, n’importe qui avait l’air d’en être un.

Je ne me souviens plus comment exactement, mais Carl a fini par me retracer.  La boite d’animation pour laquelle il travaillait ayant de plus en plus de contrats, il a songé à m’offrir du travail.  J’étais réticent à l’idée de le ramener dans ma vie, mais ma conjointe de l’époque m’a convaincu que je n’étais qu’un pauvre parano qui s’imagine que tout le monde cherche à lui nuire et que si je tiens tant que ça à laisser passer l’opportunité d’avoir un ami haut placé pouvant me donner un bon poste et un bon salaire, alors ça prouverait que non seulement je n’ai jamais cessé d’être un loser, mais je démontrerais que j’en suis moi-même la cause.  Y’a rien comme des paroles encourageants de la part de la femme qui t’aime pour t’aider à prendre les bonnes décisions.  Je me suis dit qu’après tout, nous étions maintenant des adultes dans la mi-trentaine.  Il a sûrement pris de la maturité.  Qui sait, il est possible qu’il ait décidé de m’amener dans son monde et me donner le coup de pouce nécessaire pour m’y tailler une place.

Au début, Carl était impressionné de mon parcours, autant côté social que carrière que physique.  Cependant, il a totalement refusé d’accepter l’un de mes changements, en me disant « Si tu penses que m’as t’appeler « Requin! » … Pour moi tu seras toujours Jon-Son! »  Ce surnom qui date de mon école secondaire se prononce comme si on inversait les syllabes du mot songeons. C’est une façon de prononcer caricaturalement à la française mon vrai nom de famille qui est Johnson.  Disons que je n’étais pas très chaud à l’idée de me refaire coller ce nom qui représente toute la période loser de ma vie que j’ai mis tant d’efforts à mettre derrière moi.  Mais bon, je savais que les gens étaient désemparés face aux changements de ce qui les entourent.  Et moi, j’avais changé radicalement.  Aussi, qu’il s’accroche à un détail aussi anodin que le surnom sous lequel il m’a toujours connu, j’ai supposé qu’il n’y avait rien de mal.

Carl a été un peu déçu lorsque je lui ai annoncé que maintenant que je gagnais ma vie en tant qu’auteur et scénariste, il n’y a que dans ce domaine que je veux travailler.  C’est que le poste qu’il comptait m’offrir, c’était du dessin, justement: Faire du design de décors et d’objets qui serviront de modèles aux animateurs des séries télé qu’ils produisent.  J’ai d’abord refusé, mais me suis laissé convaincre par ma conjointe qu’il valait mieux accepter, histoire d’avoir un pied dans la place, ce qui me permettra plus tard de proposer mes services comme scripteur.

À la seconde même où j’ai dit oui, les choses sont redevenues comme quand je le fréquentais. Il ma demandé combien de temps est-ce que ça me prendrait pour lui fournir 56 dessins d’objets et 3 décors.  Songeant à comment je pouvais coordonner la chose avec mes autres boulots, je lui dit trois semaines. Il me répond  sèchement que c’est beaucoup trop long puisqu’il lui faut ça dans 10 jours maximum, et qu’il est désappointé puisque, de la manière dont je lui parlais, je lui avait laissé l’impression erronée que j’étais un professionnel. J’ai alors compris que son insistance à s’accrocher à mon vieux surnom de loser n’avait rien d’anodin.  Il était vraiment en train de s’arranger pour refaire de moi le loser qu’il avait toujours connu.  S’il avait vraiment voulu être amical et conciliant, il m’aurait dit « Hey, j’ai besoin de 56 dessins et 3 décors dans 10 jours.  Penses-tu que tu peux le faire? »  À ce moment-là, j’aurais dit oui et je me serais arrangé avec mes autres boulots.  Mais là, il m’a tendu un piège afin de nous démontrer clairement à tous les deux, dès le départ, que j’étais un incompétent.

Pour faire d’une longue histoire courte, je lui ai fait ses dessins dans les temps convenus.  Pour les objets, rien à redire.  Par contre, pour les décors, bien que j’avais suivi à la lettre les instructions de Carl, sa patronne n’était pas satisfaite.  Alors qu’elle me faisait part des raisons pourquoi mes décors suçaient des rectums de gnous, Carl m’a regardé avec un petit sourire condescendant et a dit devant elle: « Sacré Jon-Son! Toujours égal à lui-même! Tu changeras jamais! »  Pour le reste, non seulement ais-je été payé cash, ce qui signifie que je n’ai jamais été techniquement à l’emploi de la boite, mais par ce geste il exprimait le fait qu’il ne m’y voulait pas en tant qu’employé.  Et bien que mes designs furent utilisés pour plusieurs épisodes, pas une fois ne voit-on mon nom au générique avec les autres designers graphiques.

Bref, non seulement Carl m’empêchait d’évoluer, il s’arrangeait pour me faire régresser.  J’avais trop travaillé sur ma vie et sur moi-même pour accepter qu’une telle chose se produise.  Non seulement lui et moi n’avons jamais vécu dans le même monde, il était clair qu’il fera toujours tout en oeuvre pour que je ne fasse jamais partie du sien.  Ma conjointe n’a pas eu le choix de le reconnaitre, et ainsi d’être d’accord lorsque je lui ai annoncé mon intention d’en rester là et de nouveau m’en tenir loin.

Parlant de ma conjointe, dans le chapitre 4, je parle de la réticence qu’ont tes amis et ta famille lorsque tu leurs annonce que tu planifies de perdre du poids, et ce qu’ils disent pour tenter de t’en dissuader.  C’est quelque chose que j’ai vécu personnellement.  Ce que j’ai trouvé le plus aberrant, c’est que la personne qui était le plus contre ma décision de perdre du poids, c’était justement ma conjointe, une fille pourtant douce, gentille et respectueuse.  Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle tentait de se mettre entre mon but et moi, elle m’a répondu un truc dans le style de: « Parce que quand tu vas subir un échec, c’est moi qui vais se retrouver à devoir t’entendre t’en plaindre! » 

Par cette phrase, elle m’a appris qu’il existait deux catégories de gens qui tiennent à te garder loser: Ceux qui ne veulent pas te voir réussir, et ceux qui ne croient pas que tu puisses réussir.  Alors que le premier est motivé par la mesquinerie, le second l’est par la peur de te voir vivre une déception.  N’empêche qu’au bout du compte, le résultat est le même: Tant qu’ils seront dans ta vie, ils vont t’empêcher de sortir de ton statut de loser.  Et c’est là que l’on se doit de faire un choix pas toujours facile mais trop souvent nécessaire entre leur présence ou ton bien-être.

En conclusion, s’il est acceptable de revoir une fois de vieux amis qui nous ont connu lors de notre période loser, c’est une bien moins bonne idée de recommencer à les fréquenter sur une base régulière.

Pas obligé de rester loser, 6e partie: Évitez l’uniforme officiel du loser.

Toujours dans mon billet Autopsie du Loser, voici ce que j’ai à dire au sujet de son apparence:

Dans son look :
Si le Loser porte des lunettes, ce sera d’un modèle qui est passé de mode depuis au moins cinq ans.  Il s’habille de façon remarquable, dans le sens qu’il se fait remarquer par son habillement.  Parfois il a l’air de sortir de la page 346 du catalogue Sears, parfois on dirait qu’il s’habille chez Canadian Tire.  La plupart du temps, le Loser, s’il a de plus de 25 ans, s’habille et se coiffe encore comme il le faisait quand il avait 15 ans car il n’a pas remarqué que la mode a évolué.

Il faut dire que le concept de suivre la mode, ça a toujours été majoritairement un truc de jeunes. On s’en rend compte quand, à 25 ans, on a l’air d’essayer de se donner le look de quelqu’un qui en a 15, et que ça a l’air ridicule.  On choisit alors de s’habiller de façon un peu plus neutre, et on continuera ainsi pour le reste de notre vie. Le problème, c’est que quand on est loser, l’une des façons dans laquelle on cherche à attirer l’attention, c’est en ayant un look remarquable.   Hélas, comme déjà mentionné dans l’autre billet, il faut dire que, pour des raisons encore mal définies, un style, une pièce de vêtement ou une coiffure qui paraît bien sur quelqu’un d’autre devient automatiquement horrible lorsque portée par le Loser.  En fait, les raisons ne sont pas vraiment « mal définies ».  Ça peut être parce que les dernières tendances modes s’adressent à plus jeune que lui.  Ça peut également être à cause de son physique.  Par exemple, un beau grand black athlétique peut se permettre de porter une camisole noire et des shorts.  Sur lui, c’est beau.  Sur un petit blanc maigre, par contre…

Et c’est là que beaucoup de losers se mettent à réfléchir sur leur look.  Ils constatent que d’un côté, il leur est difficile de trouver un look à la mode qui leur va bien.  Surtout que plus c’est actuel, plus ça coûte cher.  Et puisque la mode évolue sans cesse, un look qui le rendra superbe pendant quelques temps fera de lui, tôt ou tard, objet de ridicule puisqu’il sera dépassé.  Consciemment ou non, il en arrive donc à la conclusion qu’il doit se créer son propre look. Un look qui ne sera jamais démodé parce ça n’aura jamais été à la mode pour commencer.  Un look distingué, qui le fera ressortir de la masse, qui aura de la classe.

Il songe à son visage…  Rester glabre, ça manque de distinction. La barbe, la moustache, le bouc, les longs favoris, l’anneau de poil autour de la bouche, tout ça a déjà été porté.  La barbe en collier, par contre, n’a jamais été arborée  par le grand public.  Tout au plus, on a pu la voir sur des gens distingués, tels professeurs et intellectuels. Il porte donc son choix là-dessus.

Il songe à ses vêtements… Pour ne pas être dépassé, il faut rester dans le classique: Chemises, vestons, parfois cravate…  Ou à l’inverse, pour prouver qu’il ne craint pas la critique et l’étiquette d’immature, il portera fièrement des T-shirts à l’effigie de produits et de personnages destinés aux enfants.  Ou pire encore: Il combinera les deux, portant T-shirt sous veston ou chemise ouverte.

Tant qu’à faire dans le classique, aussi bien avoir de la classe.  Et qu’est-ce qui fait plus classe qu’un chapeau?  De Humphrey Bogart à Indiana Jones, les classiques héros masculins du grand écran en arborent un. Il portera donc fièrement un Fedora ou un Trilby.

Hélas, alors que les chapeauphiles  normaux ne vont porter leur couvre-chef que lorsqu’ils sortent, le loser portera le sien à l’intérieur comme à l’extérieur, du lever au coucher, 7 jours semaine, 365 jours par année.

Ainsi, le loser se crééra ce qui sera SON look, sa marque de commerce éternelle, qu’il affichera partout, à l’école comme en sorties, à l’épicerie comme à un mariage.

Sauf que, en faisant ceci, le loser se comporte exactement comme des  millions d’autres losers qui, en vivant les mêmes problèmes que lui, se sont fait les mêmes réflexions, et en sont arrivés aux mêmes conclusions. Ainsi, sans le savoir, en croyant se créer un look original, distingué et classe, il a en fait endossé l’uniforme officiel du loser, ainsi que sa façon de le porter.  Celui qui permet au reste de la population de voir au premier coup d’oeil qu’il en est un, car il n’y a qu’eux qui arborent ce style.












Bref, non seulement ça ne vous donne pas la classe que vous pensez avoir, ça n’a rien d’original.  Voilà pourquoi, dans l’Autopsie du loser, ça dit également:  Parfois, le loser a un petit côté artistique qui le pousse à se créer lui-même son propre style. Il fait ça dans le but de se donner une image hyper cool de non-conformiste. Hélas, dans son cas, ça foire lamentablement. Sans compter qu’il n‘y a rien qui fasse plus loser que d’essayer de se distinguer par son look, histoire de compenser pour le fait que l’on n’a absolument rien d’autre pour se distinguer.

Bref, si vous ne voulez pas que les autres vous voient comme un loser, il faut d’abord cesser d’avoir l’air d’un loser. Tant qu’à avoir l’air de ça, mieux vaut n’avoir l’air de rien.

Simple opinion personnelle? Non, fait reconnu!
Le site Feminspire a un article intitulé The Fedora isn’t the problem – The men wearing them are! où son auteure écrit que les adeptes de ce look sont généralement les soi-disant bons gars qui n’ont rien pour attirer les filles.  Le site Know your Meme a une page intitulée Fedora Shaming qui explique de façon très détaillée les raisons pourquoi ce look est irrémédiablement associé aux losers.  Et sur cette autre page, on explique que ce look n’a rien pour attirer la gent féminine puisqu’il est issu des années 1930 et 1940, époque où les hommes ne permettaient aux femmes que d’être secrétaire ou épouse/mère/ménagère.  Ici, on donne 20 raisons pourquoi ne pas sortir avec un porteur de Fedora. Sur cette page-ci, on retrouve 23 témoignages d’ex-porteurs-de-Fedora-à-barbe-en-collier qui racontent comment leur vie se sont améliorées à partir du moment où ils ont renoncé à ce look et à l’attitude qui va avec.  Et quand un site s’appelle ForeverAloneFedoras, ça veut tout dire.  Je pourrais rajouter des dizaines, voire une centaine de liens semblables.  Une simple recherche sur Google en y entrant les mots Fedora et Neckbeard (« barbe en collier ») vont tous vous les donner.  Et ils ont presque tous ceci en commun: Ils démontrent à quel point ce look est considéré comme étant source de ridicule, surtout à cause de la personnalité de ceux qui le porte.

Personne ne prend au sérieux un porteur de Fedora. La preuve: En novembre 2014, il y en a un qui a tenté de commettre un vol à main armée dans une pharmacie.  Personne ne l’a pris au sérieux, tout le monde l’a ignoré, et ce malgré le fait qu’il brandissait un revolver. Il a donc réagi comme tout bon Fedora Neckbeard face au rejet: il a abandonné et est reparti, humilié, probablement dans le sous-sol de ses parents, à pleurer en étreignant la seule personne qui le comprend, soit un oreiller recouvert d’une taie à l’effigie de Twilight Sparkle de la série My Little Pony, Friendship is Magic

Il y en a qui vont dire que l’on n’a pas besoin d’être un Fedora-Neckbeard pour faire rire de soi parce que quand quelqu’un veut te rabaisser, toutes les excuses sont bonnes.  Haters gonna hate!  C’est vrai! Mais c’est justement ça, mon point: Il y a tellement de façons de se faire ridiculiser, rejeter et rabaisser par les autres, pourquoi faire exprès pour arborer un look qui est universellement reconnu pour attirer ce genre de chose?

Pas obligé de rester loser, 5e partie: Le réflexe de s’auto-saboter

Encore une fois, afin que nos amis Européens comprennent cette anecdote estudiantines, voici une courte structure du système éducatif du Québec:

  1. Maternelle, entrée à 5 ans, dure une année, obligatoire.
  2. École primaire, entrée à 6 ans, dure 6 ans, obligatoire.
  3. École secondaire, entrée à 12 ans, dure 5 ans, obligatoire.
  4. Cégep (Pour: Collège d’Enseignement Général Et Professionnel), entrée à 17 ans, dure 2 ans, volontaire
  5. Université, entrée à 19 ans, dure le temps qu’il faut, volontaire.

Et c’est parti:

C’est à l’âge de seize ans que, pour la première fois, j’ai essayé d’améliorer ma vie en changeant mon univers.  Durant toutes mes études au secondaire, j’avais comme seul ami constant un gars nommé Carl. La bande avec qui je me tenais, ce n’était pas la mienne, c’était celle de Carl. J’ai bien eu quelques autres amitiés durant ces cinq années, mais ça n’a jamais duré longtemps. Carl était le genre de gars que j’aurais voulu être. Il était beau, extraverti, original, rigolo et avait du charme. Je faisais tout pour l’imiter mais j’étais toujours dans son ombre. De toutes façons, qui aurait été attiré par la pale copie que j’étais alors que les gens qui nous entouraient avaient accès à l’original?

C’est durant les vacances de Noël de 1984, alors que  j’étais au 5e secondaire, que je me suis mis à réfléchir sur ma situation. J’en suis arrivé à la conclusion que jamais je n’arriverai à passer de loser à winner si je continue à rester parmi les gens qui m’ont toujours vu comme étant un loser durant tout le secondaire. Pour évoluer, j’aurais besoin d’un nouvel environnement. Un univers constitué de gens qui ne me connaissent pas, donc qui n’ont pas d’idées préconçues à mon sujet. C’est pourquoi, plutôt que de m’inscrire pour le Cégep de St-Hyacinthe comme Carl et presque tous les élèves de ma polyvalente, j’ai opté pour partir vers l’inconnu: Le Cégep Édouard Montpetit de Longueuil.

Automne 1985.  J’ai 17 ans et je suis au cégep. Les deux premiers mois de la première session, tout allait relativement bien. Je pouvais enfin être ce que je voulais être sans que personne ne m’en empêche. Cette fois, c’était moi le boute-en-train, le rigolo, l’extraverti, l’original… Je me suis fait plein d’amis, et j’avais même une petite bande de copains avec qui je passais mes heures de dîner et mes pauses café. Quatre personnes qui n’avaient rien en commun, sinon leur amitié envers moi. Pour la première fois, j’étais la tête d’un groupe. La colle qui tenait les pièces ensemble pour former une unité.

Et puis, les choses ont changé. Sans comprendre pourquoi, j’ai peu à  peu commencé à me sentir mal à l’aise dans ce rôle. Car oui, c’était bien un rôle. Ce que j’étais, ce n’était pas moi, c’était Carl. Je jouais le rôle de Carl. J’aimais jouer le rôle de Carl. J’aimais obtenir les mêmes choses que Carl. Le problème, c’est que je n’étais pas Carl. Je n’étais pas habitué à assumer les fonctions de chef de bande, à toujours suggérer des choses, à prendre des décisions. Jusqu’alors, j’avais toujours été un suiveur, jamais un suivi. Passer d’un extrême à l’autre aussi rapidement n’était pas une chose naturelle pour moi.  Au début, c’était un agréable changement.  Mais une fois que fut passé le charme de la nouveauté, je me retrouvais quelque peu désemparé. 

Et puis, un jour de semaine où je n’avais pas à aller à mon Cégep, je me suis payé une petite visite au Cégep de St-Hyacinthe, histoire de voir comment ça se passait du côté de mes vieilles connaissances du secondaire.  J’ai été accueilli comme une bonne surprise par Carl et les vieux amis. Par conséquent, j’ai rapidement trouvé le Cégep de St-Hyacinthe beaucoup plus charmant qu’Édouard Montpetit.

Après deux semaines, j’en étais rendu à passer plus de temps au Cégep de Carl que dans le mien. Cette situation pourtant ridicule ne me dérangeait pas. Il est vrai que la vie m’y était beaucoup plus facile. Je connaissais presque tout le monde, je n’avais plus besoin d’aller vers les autres moi-même pour me faire de nouveaux amis, on me les présentait. Je n’avais plus à prendre de décision sur comment passer une soirée, j’étais invité à des sorties. Cette douce sensation, c’était comme revenir chez soi. Je n’avais tellement plus rien à foutre d’Édouard Montpetit que je n’allais même plus à mes cours.  Et quand vint le temps de s’inscrire pour la seconde session, j’ai demandé à être transféré à St-Hyacinthe.  Dès janvier ’86, j’en étais un étudiant officiel, rendant enfin pertinente ma présence à cet endroit.

Or, les choses reprirent rapidement le cours qu’elles avaient eu durant tout le long du secondaire. J’étais de nouveau dans l’ombre de Carl, où je ne pouvais plus du tout briller. Je recommençais à être un loser, ayant droit aux mêmes railleries de la part des même gens que lors de mon secondaire. Pire encore : Influencés par mes vieux amis, voilà que les nouveaux amis se mettaient de la partie pour refaire de moi la tête de turc du groupe.

Après un mois et demi, déçu et déchu, j’en suis venu à regretter Édouard Montpetit. tellement qu’un mercredi, au lieu d’aller à St-Hyacinthe, je me suis payé une visite à Édouard Montpetit, histoire de retrouver la vieille gang, les vieux amis, la vieille atmosphère du bon vieux temps, celle pendant laquelle, pour un court moment, j’ai réussi à être un winner aimé et admiré.  Hélas, rien n’était plus pareil.  Certains de mes amis avaient disparus, et les autres avaient évolués au-delà de leur envie de passer du temps en ma compagnie.  Pour compléter le tout, quelques travaux de rénovations avaient changé certains murs, corridors et locaux de place. Il ne restait plus grand chose de l’Édouard Montpetit que j’avais connu et aimé.

D’un côté il y avait mon univers de loser de St-Hyacinthe.  De l’autre, il y avait mon univers de winner que je m’étais créé moi-même à Édouard Montpetit, dont il ne restais désormais plus rien.  Je me retrouvais donc seul, sans vrais amis, désemparé, à ma place nulle part.  Je regrettais atrocement d’avoir abandonné l’univers que je m’étais créé.  Ce n’étaient pas les circonstances qui avaient fait de moi un loser. C’était moi. C’étaient mes mauvaises décisions inspirées de mes mauvaises habitudes.

C’est là que j’ai compris que quelqu’un qui a vécu trop souvent une situation négative finit par se la recréer lui-même.  Non pas parce qu’il aime ça.  Mais bien parce que l’être humain est une créature qui a besoin d’avoir la stabilité autour de lui.  Il a des habitudes bien ancrées, il ne se sentira donc pas à l’aise dans un univers différent que celui où il est habitué. Tu as beau détester ta vie de merde, il reste que c’est TA vie de merde.

Un enfer familier est beaucoup moins intimidant qu’un paradis inconnu.  Voilà pourquoi dans le texte Autopsie du Loser, j’ai écrit ceci:  De toute façon, peu importe le sujet, lorsque le Loser arrive enfin à obtenir quelque chose qu’il a toujours voulu avoir, il s’arrange pour le perdre d’une façon ou d’une autre.  C’est que même si le Loser déteste être un loser, c’est tout ce qu’il sait être.  S’il devient un winner du jour au lendemain, il ne saura ni comment réagir ni quoi faire pour le rester.  Et même s’il le sait en théorie, en pratique il n’est pas habitué à être un winner. Il pratique son attitude et sa personnalité de loser depuis tellement d’années que c’est rendu naturel chez lui d’en être un.  Or, chassez le naturel…

Un an plus tôt, à seize ans, j’ai compris que pour me tirer de ma situation de loser, je devais quitter l’univers où on me voyais/considérais/traitais comme tel.  Et là, à dix-sept ans, j’ai réalisé qu’il y avait une grande différence entre savoir où se situe notre problème, trouver la volonté de pouvoir y changer quoi que ce soit, et persévérer dans cette voie afin de ne pas retomber dans la merde dont on a mis tant d’effort à se tirer.  C’est une erreur que je ne referai plus.

…Du moins, presque plus.

à suivre

Pas obligé de rester loser, 4e partie : La nécessité de changer d’amis

Un gars vit une rupture après avoir passé 3-4-5 ans en couple. Quel est le premier réflexe de son entourage? Chercher à lui présenter une autre fille. Pendant ce temps-là, dans le même cercle d’amis, il y a celui qui cherche désespérément à mettre fin à son célibat depuis des années, et ça tout le monde le sait. Mais lui, par contre, y’en a pas un estie pour l’aider. Ainsi, le winner reste un winner sans qu’il ait à faire d’efforts pour le rester, et le loser reste un loser peu importe l’effort qu’il met pour y remédier.

Une personne souffrant d’embonpoint décide de perdre du poids.  Quel est le premier réflexe de son entourage?  Lui servir ces charmantes répliques:

  • Franchement, t’es pas si gros que ça.
  • Tout ça c’est dans ta tête!
  • On est fait comme on est fait, faut apprendre à s’accepter.
  • À quoi ça te servirait de perdre du poids? Tu vas tout le reprendre.
  • Et même si tu réussissais, y’aura toujours kek’chose qui va te déplaire en toi, tu pourras jamais tout arranger.
  • Un anorexique c’est laid.
  • Un gars full musclé c’est laid.
  • C’est la personnalité qui compte, le look c’est d’la merde.
  • Pfff… Tu vas être motivé pendant 2-3 semaines, et ensuite tu vas tout laisser tomber.
  • Si les autres ne t’acceptent pas tel que tu es, ce sont eux qui sont cons.
  • Tu veux vraiment perdre ta qualité de vie en te privant de ce que t’aimes, juste pour perdre quelques kilos?
  • C’est ça, et moi j’aimerais être plus grand, avoir les dents droites et gagner 100 millions à la loterie. On n’a pas toujours tout c’qu’on veut dans la vie.

Dans le chapitre 2 de la série Harceler Nathalie, je raconte comment je me suis fait aborder par une fille dans un party.  Ça ne faisait même pas cinq minutes que l’on se parlait que mon bon copain Carl (Oui, celui de la BD de la partie 1) a tenté de m’humilier aux yeux de celle-ci. Au chapitre suivant, mieux encore : Il récidive à répétition : Nathalie et moi passons les heures suivantes à continuer à jaser ensemble de tout et de rien. Nos conversations se font cependant interrompre quelques fois par Carl qui a toujours une remarque rabaissante en joke à dire à mon sujet. Ce n’est pas la première fois qu’il essaye de saboter mes premiers contacts avec une fille. Des fois, je pense que ça fait tellement longtemps qu’il me connait en tant que loser, particulièrement dans mes relations avec les filles, qu’il aurait de la difficulté à s’adapter à un tel changement dans le status quo. De toute façon, il n’est pas le seul de la gang à avoir une allergie à l’idée que je puisse être heureux en amour. Par exemple, Cynthia, la blonde de Loïc, est grandement responsable de ma rupture avec Julie l’année dernière.

Ces situations vous rappellent t-elles des souvenirs pour les avoir déjà vues ou peut-être vécues? Il ne faut pas le prendre personnel. C’est qu’en matière de changement, l’être humain en société est un paradoxe: Autant il cherche à évoluer, autant il déteste l’évolution dans ce qui constitue son univers. Pour lui, les choses doivent rester telles qu’il les a toujours connues. Il tient à ses petites habitudes. La stabilité est sa religion, le status quo est son Dieu.

Quand on a des amis, c’est parce que ceux-ci nous acceptent tel que l’on est.  Ils sont confortables avec nous et avec ce que nous sommes.  Hélas, pour le loser, ça signifie non seulement qu’ils connaissent son statut de loser, c’est comme ça qu’ils l’apprécient. C’est le rôle qu’on lui a assigné dans le groupe, et toute tentative d’en changer ne fera que les déranger, puisque ça les tirera hors de leur zone de confort.  Leur premier réflexe sera alors de tenter de garder les choses telles qu’ils les ont toujours connues. C’est là qu’on se rend compte à quel point les gens qui nous entourent ont le pouvoir de décision sur notre réussite et nos échecs.  Un pouvoir dont ils se sont emparés sans notre consentement, et dont ils usent et abusent sans retenue ni considération.

Et ça, ça signifie que tant et aussi longtemps qu’on les aura dans notre entourage, ils ne nous laisseront jamais évoluer. La seule option qui s’offre à nous est de cesser de les fréquenter.  C’est peut-être beaucoup plus facile à dire qu’à faire, c’est cependant un fait incontournable.  Une fois ces personnes nuisibles loin de vous, vous pourrez exploiter votre plein potentiel et améliorer votre vie.  Par conséquent, les prochains amis que vous vous ferez ne vous auront jamais connus comme étant un loser, et ainsi ne seront jamais portés à vous pousser à le redevenir.

À suivre

Pas obligé de rester loser, 3e partie : Parler pour ne rien dire.

Dans le billet Autopsie du Loser, on peut lire ce passage :

En amitié :
Le loser n’a pas d’amis, ou alors très peu.  À chaque fois qu’il commence à lier d’amitié avec des gens brillants et intéressants, c’est toujours la même chose.  Au début, tout va bien.  Puis, à mesure que le temps passe et que ces gens apprennent à le connaître, ils se désintéressent de lui et le laissent de côté.  Le Loser aimerait bien comprendre pourquoi ça se passe toujours ainsi mais personne n’est capable de lui donner une réponse claire à ce sujet.

L’une des premières choses qui m’a aidé à changer, c’est lorsque j’ai réalisé que pour mieux comprendre le comportement des autres avec moi, je devais me voir avec les yeux des autres. J’ai donc pris au hasard l’un des winners de mon entourage (Un gars normal, en fait, mais winner lorsque comparé à moi) et j’ai joué son rôle dans ma tête. J’ai imaginé être lui lors d’une réunion d’amis, tout en ayant ses comportements, disant ses paroles. Puis, afin de ne me pas m’influencer en bien ou en mal, j’ai décidé de ne pas me mettre moi-même dans cette scène. J’ai plutôt imaginé un gars quelconque qui n’existait pas en réalité, et je lui ai donné mon rôle, mon comportement, mon genre de paroles. Le moins que je puisse dire, c’est que cet exercice a été extrêmement révélateur.

Vous connaissez l’expression Toujours le mot pour rire? Eh bien dans mon cas personnel, c’était Jamais le mot pour être sérieux. Je me suis rendu compte que la majorité du temps où je prenais part à une conversation, ce n’était jamais pour la faire avancer en lui amenant un point pertinent. Non, tout ce que je faisais, c’était tourner à la blague un des trucs qui venait d’être dit, le parodier, le rendre ridicule, ou faire un jeu de mots. Et c’est là, en me mettant dans la peau de quelqu’un qui a à subir ça, que j’ai compris à quel point ça pouvait être dérangeant, énervant et ennuyant.

Mon premier réflexe suite à cette constatation fut de me demander pour quelle raison est-ce que j’agissais toujours ainsi. J’ai vite compris pourquoi : Comme je le dis déjà dans un des billets de la série Harceler Nathalie, mes amis de l’époque m’étaient tous supérieurs en tout. Je ressentais, face à eux, un complexe d’infériorité. À cause de ça, même si c’était inconscient, j’avais toujours cette peur d’être mis de côté, d’être rejeté, par ceux-là qui constituaient la totalité de ma vie sociale. D’où le réflexe de vouloir faire partie de la conversation. Mais voilà, puisque la majorité du temps, les sujets qu’ils abordaient en étaient dont je ne connaissais rien, je n’avais rien de pertinent à rajouter. Quand on ressent le besoin vital de parler aux autres afin d’avoir leur attention mais qu’on n’a rien d’intelligent à rajouter, il ne nous reste que l’option de dire des conneries. C’est ce que je faisais. Alors forcément, je passais pour un con. Un con dérangeant, énervant et ennuyant.

Toujours dans Autopsie du Loser, le passage suivant décrit un peu plus mon vocabulaire de l’époque : Souffrant d’un sentiment d’infériorité dans tous les domaines, le Loser se rassure dans le fait que là où ça compte vraiment, c’est à dire intellectuellement, c’est lui qui est supérieur. Ainsi, dans ses textes, au lieu d’écrire « Malgré son air bête, l’inquiétant millionnaire fit un sourire », il optera plutôt pour « Nonobstant sa mine renfrognée, le patibulaire cossu esquissa un rictus. » Il est tellement occupé à étaler son intelligence qu’il en oublie d’avoir l’intelligence de comprendre que lire de tel textes, c’est comme marcher avec des raquettes quand on est enfoncé dans deux pieds de sloshe: Faisable, mais inutilement pénible. Là-dessus, je blâme mes lectures, en particulier Achille Talon qui a eu une grande influence sur moi.

Le fait que j’étais rejeté lorsque enfant m’a donné beaucoup de temps libre, ce qui m’a permis de lire beaucoup de BD, ce qui a influencé mon vocabulaire, ce qui dérangeait les autres, ce qui me faisait être rejeté. Un cercle vicieux dans lequel le loserisme nourrit le loserisme en un mouvement perpétuel dont il est quasi-impossible de sortir.

Comme si ça ne suffisait pas, je m’amusais à créer mon propre vocabulaire en créant des mots, en disséquant les expressions à leur origine, en ramenant les mots à leur sens de base, ou en inventant des mots. Par exemple, au lieu de dire quelqu’un, je disais un quelque. Au lieu de con je disais flocon, puisque flake est utilisé dans ce contexte en anglais. Au lieu de dire J’ai vu Eve qui attendait devant le resto, je disais J’ai vu Eve stationnée devant le resto. Je me faisais répondre que j’ai dû me tromper car Eve n’avait pas d’auto. Et moi, je riais bien de leur ignorance, de ne pas savoir que le mot stationner signifie à la base rester sur place sans bouger, ce qui n’a rien à voir avec un véhicule.  Je suppose que j’avais besoin de me prouver supérieur à la masse, ne serait-ce qu’intellectuellement, d’où ce besoin incessant de me distinguer, même si pour le faire je dois rendre pénible leur relation avec moi. Voilà pourquoi je termine ce constat par : Alors si en plus le Loser parle de la même façon qu’il écrit, il a beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi ses interlocuteurs tiennent rarement à avoir une seconde conversation avec lui.

Et c’est suite à cet exercice que je me suis dit : Les winners ne font pas ça! J’ai donc cessé de parler pour ne rien dire.  J’ai cessé de faire des blagues sauf si tel était le contexte.  J’ai cessé de rendre mon vocabulaire pénible à déchiffrer.  J’ai cessé de faire passer mes interlocuteurs l’idée que je les trouve cons de ne pas comprendre ce que je dis.  En échange, j’ai commencé à dire mes opinions sérieuses sur les sujets sérieux qui m’étaient familiers.  Et devinez quoi? Les gens ont commencé à voir que je pouvais être intelligent et pertinent, et ils ont commencé à me consulter et me demander mon avis sur ces sujets.  J’avoue que j’en ai été le premier surpris.  Et que ce n’était pas désagréable du tout.

Aujourd’hui encore, le succès de cette approche ne se dément pas.  Par exemple, la page Facebook de ma série d’humour Konar, le héros de BD le pllus con qui soit n’a que 55  j’aime.  La série a pourtant bénéficié du support visible qu’est Safarir de 2005 à 2008, et sa page FB existe depuis septembre 2008.  Tandis que la page FB pour Mes Prétentions de Sagesse a 700 j’aime,  alors que le blog n’existe que depuis avril 2009, et le groupe depuis avril 2013.

C’était la première fois que je constatais que l’un de mes comportements en était un que les winners n’ont pas, et que je me suis dit qu’il y avait peut-être un lien entre ça et mon loserisme. Ce ne sera pas la dernière.

À suivre

Pas obligé de rester loser, 2e partie: Tout passe par le physique

Dans le billet Autopsie du Loser, la description physique de ce dernier est en ces termes:  Le Loser est né avec un physique défectueux.  Il est ou bien trop grand, ou trop petit, ou trop maigre, ou trop gros, ou trop laid, ou juste trop plain. Il rêve du jour où il sera beau, grand et fort. Étant pauvre, il ne peut se permettre de s’inscrire à un gym ni de s’acheter de l’équipement. Il ne peut donc que se contenter d’en rêver.  Le loser a quelquefois fait des push-ups ou bien des haltères en cachette mais le plus longtemps qu’il en a fait avant d’abandonner fut deux mois.  Le loser qui arrive à s’acheter de l’équipement sportif le laisse prendre la poussière au bout de quelques semaines et n’y retouche plus, sauf lors de déménagements. Et quand le Loser peut se permettre un abonnement d’un an au gym, il y va à tous les jours lors des deux premières semaines, puis trois autres fois pour le reste de l’année, avant d’abandonner définitivement. C’est cet aspect que nous allons attaquer aujourd’hui.

Il y a vingt ans, j’avais plein de défauts.  En vrac:

  • Aucune confiance en moi-même.
  • Loser.
  • Reject.
  • Orgueilleux et vaniteux.
  • Maigre et laid. Il y a des gars à qui la maigreur leur va bien, moi ça me déforme la face et me rend la dentition chevaline.
  • Jaloux et envieux.
  • Frustré de la vie.

C’est en faisant une liste de ce qui n’allait pas chez moi que je me suis rendu compte que ces défauts pouvaient se diviser en 3 catégories:

A) Les défauts physiques:
Laid parce que trop maigre, épaules tombantes, le tonus musculaire d’un lombric dystrophique, peu d’énergie, peu de force physique, peu de résistance à l’effort.
B) Les défauts sociaux:
Pas de travail, pas de chance, pas d’amis, pas d’amoureuse, donc pauvre, loser et reject.
C) Les défauts de la personnalité:
Jaloux, envieux, frustré, avec zéro confiance en moi et en mes capacités. En plus d’être orgueilleux et vaniteux malgré le fait que la vie ne m’avait rien donné pour être ni l’un ni l’autre.

C’est en observant cette liste que j’ai constaté un fait troublant. La majorité de la liste C, mes défauts de la personnalité, étaient causés par la liste B, mes défauts sociaux, qui à leur tour étaient causés par la liste A, mes défauts physiques. Car en effet, être maigre, faible et laid, c’est ce qui fait que personne ne veut de moi, ni comme petit ami ni comme employé. C’est ce qui fait de moi un gars pauvre et rejet, donc loser. Par conséquent, ça me rend envieux et jaloux des autres à qui on donne volontairement tout ce que l’on me refuse.

Donc, la source de tous mes malheurs, à la base, c’était parce que je n’avais pas un physique attrayant.

En vérité je vous le dis: C’est l’apparence extérieure qui compte en premier! On a beau dire que c’est l’intérieur qui importe le plus, ça ne change rien au fait que c’est ton extérieur que les gens voient en premier. Et c’est ça qui détermine s’ils ont envie de le connaitre ou non, ton intérieur. C’est une vérité que l’on cherche toujours à cacher, à nier, à contrarier, parce que c’en est une qui va à l’encontre de ce que l’on voudrait que les choses se passent. Il reste quand même que c’est un fait. La preuve: Nous avons tous constaté au moins une fois dans notre vie qu’aux yeux de plusieurs filles, les beaux gars ont toutes les qualités.

Au bout du compte, nos options se limitent à trois choix:

  1. Continuer de chialer comme quoi ces gars-là ont tout et que c’est pas juste.
  2. Mépriser ces gars-là, et mépriser encore plus ceux et celles qui les aiment.
  3. Faire l’effort requis pour devenir l’un de ces gars-là, et ainsi obtenir les mêmes avantages qu’eux reçoivent.

On est TOUT ce que l’on est!
Chaque personne est, à la base, constituée de la somme de ses côtés positifs et ses côtés négatifs. Cependant, on a beau essayer de se faire accroire au Power of Love, c’est plus souvent dans les côtés négatifs de la personnalité que se retrouve la volonté (le mental) et l’énergie (le physique) qui pousse quelqu’un à se lever de son cul pour agir.

Prenons comme exemple les pires défauts de la personnalité qui existent en amour, et qu’heureusement je n’ai jamais eu: La jalousie et la violence.

La jalousie va pousser un homme à sortir de chez lui pour espionner sa copine à toute heure du jour et de la nuit, alors que d’habitude c’est le genre à protester lorsqu’il a à sortir pour aller acheter un truc au coin de la rue.
La violence va le pousser à faire un effort physique contre la fille alors qu’il n’utilise jamais sa force physique, ni dans un boulot qui demande de forcer, ni en faisant du sport.

Les défauts sont-ils obligés d’être des défauts?
C’est là que je me suis posé la question suivante: Et si, au lieu d’essayer de se débarrasser des défauts de notre personnalité comme le voudrait une société trop bien-pensante, on les accepterait plutôt comme étant partie intégrante de soi-même? Mieux encore: Et si on utilisait plutôt toute l’énergie physique et mentale contenue dans nos défauts pour l’investir dans quelque chose de positif?

Je suis orgueilleux et vaniteux? Ok alors, voilà ma source de motivation mentale pour changer mon apparence. Je suis jaloux et envieux du physique des gars qui plaisent? Voilà la source de ma motivation physique pour faire de l’exercice. Je suis frustré d’avoir été rejeté par des filles qui disaient préférer des bons gars comme moi, mais qui s’en allaient toujours vers des gros machos violents qui auraient pu m’envoyer à l’hôpital d’une pichenette? Voilà ma source de rage, ce qui me fournit en énergie, qui me pousse à aller toujours plus loin, à faire de plus en plus d’efforts.

On connait tous le proverbe « À quelque chose malheur est bon« . Ça signifie que l’on peut tirer du positif de n’importe quoi, même les pires négativités de notre existence. La preuve: C’est avec de la merde que l’on fait du fumier, le fumier est un engrais, et quelle est la fonction de l’engrais? Faire pousser, aider à grandir. Oui, bon, à condition d’être végétal, mais vous voyez l’idée.  Orgueilleux, vaniteux, jaloux, envieux et frustré. Cinq traits de caractère qui auraient pu me pousser à commettre des gestes négatif envers mon entourage et moi-même. Cinq défauts qui auraient pu me détruire. Je les ai plutôt utilisés pour me construire.

Aujourd’hui, vingt ans après mon constat de loserisme, je suis dans la meilleure forme physique de ma vie. Peu après avoir commencé à utiliser mes défauts pour me prendre en main, les filles ont commencé à me trouver regardable, les gars ont cessé de me mettre dans leur liste de victimes faciles, j’ai cessé d’être repoussé, et on m’a offert volontairement des postes de travail que je n’arrivais pas à obtenir quand je les voulais. Quand les autres ont confiance en tes capacités, tu finis par gagner toi-même de la confiance en soi. N’ayant plus de raisons d’être jaloux, envieux et frustré, j’ai cessé de l’être. Comme quoi c’est exactement le contraire de ceux qui disent qu’il suffit d’avoir confiance en soi pour réussir. Faut plutôt commencer par réussir afin d’avoir confiance en soi. Et pour ça, faut travailler.

Aujourd’hui, de toute ma longue liste de défauts qui m’empoisonnaient l’existence, les seuls qui me restent encore, c’est mon orgueil et ma vanité. Mais puisque c’est de mon orgueil et de ma vanité que je tire l’énergie de faire ce que j’ai à faire pour grandir et avancer dans la vie, autant socialement que physiquement que psychologiquement, est-ce qu’on peut encore parler de défauts?

Ayant derrière moi vingt ans à expérimenter diverses façons d’améliorer mon physique, je suis à même de répondre à vos questions et objections, telles que..:

Je n’ai pas d’équipement de gym. Regarde autour de toi.  Tu es entouré d’objets de poids variés. Utilise-les!  N’aie pas peur du ridicule, personne ne te regarde.
Je ne sais pas comment m’exercer. Youtube est plein de vidéos dans lesquels des entraineurs démontrent des techniques d’exercice.
Je n’ai pas le temps de m’exercer. On trouve toujours le temps quand on le veut vraiment. Remplace les véhicules par la marche et le vélo sur les courtes distances.  Prends les escaliers au lieux de l’escalier mobile.  Monte le plus d’étages que tu le peux avant de prendre l’ascenseur. Laisse tes bras en L pour travailler les biceps lorsque tu tiens quelque chose de lourd. Même lorsqu’il allait au cinéma, Bruce Lee trouvait le moyen de s’exercer, en agrippant les accoudoirs, comprimant, tirant, poussant.  Tout est là pour toi, il faut juste que tu ouvres tes yeux et ton imagination.
Je suis gros. Mange moins, mange mieux, et entraine-toi.
Je suis maigre. Mange plus, mange mieux, et entraine-toi.
C’est quoi ça, « manger mieux?«  Google est ton ami. Demande-lui.
Est-ce que les régimes miracles fonctionnent? J’en ai testé, et la réponse est non. Voir ma série de billet sous Undersize me.
Tripler ma masse musculaire ne va certainement pas aider à séduire, avec ma gueule de gorille. Et Arnold Schwarzenegger dans sa jeunesse, il avait une belle gueule, peut-être!?
Pourtant, j’ai lu dans une édition du magazine Muscles & Fitness une anecdote datant de l’époque où il s’entrainait pour les compétitions Monsieur Monde / Monsieur Univers / Monsieur Olympia, donc pendant sa période pré-Hollywood, alors qu’il était encore inconnu du grand public:  Lorsqu’il passait en décapotable dans les rues de Los Angeles, il se faisait siffler par des piétonnes qui remontaient leur gilet, lui montrant leurs seins.  C’est que quand on a un physique athlétique, le visage n’a plus tellement d’importance pour séduire. Pourquoi? Parce que ça montre au gens, au premier coup d’oeil, que tu es une personne forte, déterminée, disciplinée, courageuse,  qui n’a pas peur du travail.  Bref, rien que des qualités.  Et le plus beau, c’est que tu n’as même pas besoin d’aborder les gens pour leur faire savoir que tu as ces mérites puisque ça se voit tout seul.
Qu’est-ce qui a le mieux fonctionné pour toi? Trois choses:

  • Les pompes (push-up).  Au boulot, j’allais m’enfermer aux toilettes à toutes les heures pour en faire le plus possible.  En 6 mois, j’ai passé de 5 à 110.  Ça a vraiment développé mes épaules.
  • Tout travailler à la fois.  Les premières années, je commettais l’erreur de ne travailler que les bras.  Les résultats étaient là, mais étaient moindre.  Le progrès ne s’est vraiment fait voir qu’à partir du moment où j’ai travaillé tout le corps à la fois.  Je ne vois pas la logique mais je ne peux nier les résultats.
  • La course à pied. En quatre mois d’hiver à courir quotidiennement, j’ai passé de pouvoir courir 200 mètres à 5 km ininterrompus, j’ai rajouté de la masse à mes cuisses, amélioré mon rythme cardiaque, amélioré ma concentration et mon humeur, et perdu 22 lbs (9.97903214 kg).  Si j’avais su ça quand j’étais encore étudiant, j’aurais pu passer de zéro à héros en classe de gym dès que serait revenue la saison des sports d’été en joignant l’équipe de soccer/football, ce qui aurait fait de moi un sportif admiré et apprécié, ce qui aurait complètement changé ma vie sociale.

Pour le reste des détails et voir comment ça s’est passé pour moi, consultez les billets de la série Mise en forme.

Je termine en répondant à un message que j’ai eu me demandant si je faisais de la consultation personnelle afin d’aider les autres.  La réponse est non car comme je le dis dans Ma Philosophie: Lorsque les gens demandent ton aide pour se sortir d’une vie malheureuse, contente-toi de les renseigner sur ce qu’ils peuvent faire afin de s’en tirer eux-mêmes. À partir de là, ceux qui veulent vraiment s’en sortir vont y arriver tout seul, et ceux qui se complaisent dans leur malheur vont y rester. Dans un cas comme dans l’autre, en les aidant plus que ça, tu perdrais ton temps.  C’est donc à partir de maintenant que se fera la distinction entre la personne déterminée à réussir, et le vrai loser qui ne fera rien.

à suivre

Pas obligé de rester loser, 1e partie : Le mythe du winner

Je crois que c’est en 1998 que j’ai mis sur un forum la première version du billet Autopsie du Loser. Dans celui-ci, je décris tous les signes qui démontrent que l’on en est un, en amitié, avec les filles, en amour, en couple, avec notre image personnelles, nos études, notre look, notre travail, nos projets, nos communications, notre physique, nos conversations, notre mentalité, nos victoires et notre famille. L’origine de ce texte remonte à 1993, lorsque je me suis mis à réfléchir sur tout ce qui n’allait pas chez moi, en comparant chaque point de ma vie avec d’autres gars qui réussissaient là où j’échouais. Il s’agit donc, à la base, d’une longue auto-analyse. Depuis, le loser en moi est mort, d’où le Autopsie du titre.

Après tout ce temps, quelqu’un a enfin songé à me poser la question suivante :

Bonjour Steve! Je corresponds quasiment en tous points au profil du loser. Tu dis que tu étais un. Peux-tu nous décrire plus précisément les étapes de ton changement? Comment tu as fait pour changer ça et quels sont les résultats? Merci d’avance.

Je suis le premier surpris de constater que l’idée d’en parler ne m’étais jamais venue. Mon but premier en écrivant ce texte était de dire : Bon ben voilà, si tu fais ceci, tu es un loser. Si tu veux cesser d’être un loser, cesse de faire ceci. Sauf que j’avais oublié la plus simple règle de toutes en matière de conseils: Dire quoi ne pas faire, c’est un bon début. Mais dire quoi faire, ce serait beaucoup mieux. Je vais donc commencer une série de billets sur le thème Pas obligé de rester loser, chacun consacré à un aspect de sa vie, tel que listé plus haut, et comment j’ai réussi à m’en tirer.

Tout d’abord, je me dois d’attaquer ce que j’appelle Le Mythe du Winner.  C’est parce que, dès le départ, il faut s’ôter de la tête une idée erronée comme quoi cesser d’être un loser va faire automatiquement de nous un winner.  Voici pourquoi:

Portrait du winner.
On reconnait le winner facilement.  Il est beau, grand et naturellement athlétique sans avoir eu à faire d’efforts pour le devenir.  Il est né dans une famille influente et riche, et il réussit tout ce qu’il entreprend sans trop se les casser. Côté essentiel, sa famille et ses amis lui procurent les contacts dont il a besoin pour réussir dans la vie. Côté caprices, il est tellement charmant qu’on lui donne volontairement tout ce qui pourrait lui faire plaisir. C’est le genre de gars à qui l’on offre sans qu’il le demande des choses que beaucoup travaillent fort pour avoir, en vain.  Il est l’exemple parfait comme quoi les beaux gars ont toutes les qualités.

Ce genre de winner à qui tout réussit sans efforts, on en a tous rencontré au moins un dans notre vie.  Moi-même, j’ai eu la chance (?) d’en avoir un comme ami lorsque j’étais adolescents, comme le démontrent ces pages tirées de mon webcomic Sexe, Drague, Requin Roll:






(25$ en 1983, c’est à peu près l’équivalent de 65$ en 2014.  Une somme appréciable lorsque l’on a 14 ans.)

Ce genre de winner, on ne peut pas le devenir.  Pour en être un, il faut être né comme ça.  Il faut que ce soit le hasard qui te donne une bonne famille, qui te fournit les bons gênes pour ton physique, qui te fournit le karma qui donne envie aux autres de t’aider à te rendre encore plus gagnant, et qui te donne l’intelligence et la personnalité qu’il faut pour en profiter à fond.  Plus jeune, j’ai longtemps commis l’erreur d’essayer d’être comme Carl en tentant de l’imiter dans son look et sa personnalité.  Mais voilà, ça n’a jamais marché pour moi.  Ça ne pouvait pas marcher.  Je ne pouvais pas être Carl.  Seul Carl pouvait être Carl.  Et les atouts qui faisaient de Carl un winner étaient inimitables, impossibles à se procurer, peu importe l’effort que l’on puisse y mettre.

Être un winner ou un loser, ce sont deux extrêmes. Et entre le gars qui WIN et le gars qui LOSE, il y a celui au milieu qui est un peu des deux : Le gars normal.


Celui qui, comme le reste des gens normaux, parfois perd et parfois gagne.  C’est celui-là qu’il faut aspirer à devenir.  Parce que si être un winner est quelque chose qui ne se contrôle pas, en revanche on peut avoir assez de contrôle sur ce qui nous rend loser afin de cesser de l’être.

Et c’est à suivre