La fin du trip de jeunesse (Texte de 2004)

Je viens de retrouver un document sur Wordpad que j’ai écrit il y a dix-huit ans, en février 2004. Puisque Mes Prétentions de Sagesse ne sera créé que cinq ans plus tard en 2009, je me demande bien à quoi je le destinais. J’avais bien quelques blogs à l’époque, tels The Testosterone Diary sur la plateforme Xanga, ainsi que Ryu; Because I have something to say sur MySpace. Mais comme l’indiquent ces titres, ils étaient en anglais. Quant à La Zone Requin, c’était un recueil d’expériences négatives vécues dans le style de Fuck My Life, ce qui n’est pas du tout le thème de ce texte. Donc, mystère total. Le voici dans son intégralité, on verra s’il est toujours d’actualité.

________________________
La fin du trip de jeunesse.
D’après ce que j’ai pu observer avec les années, la fin du trip de jeunesse est quelque chose qui vient naturellement, qui n’est pas une décision consciente. C’est d’abord un truc que l’on vit, puis que l’on remarque, puis qu’on constate ensuite avoir naturellement accepté.

Quand on vit chez ses parents ou bien sous les prêts et bourses, on n’a pas trop de soucis à se faire, pas vraiment de responsabilité. Déjà, le simple fait de suivre des cours volontairement (cégep et université) nous donne l’impression d’être responsable. Alors évidemment c’est les gros trips: Le cinéma, les bars, les restos, la boisson, le sexe…

Puis vient la fin des études. On commence à travailler. Bonne chose, car il faut commencer à rembourser les prêts étudiants. On part de chez ses parents ou des résidences étudiantes pour aller en appartement. On travaille dur pour payer le loyer, l’électricité, le téléphone, la bouffe, le prêt étudiant.

Avant, « de l’argent », c’était tout l’argent que l’on recevait. Maintenant, « de l’argent », c’est le peu qu’il nous reste, une fois qu’on a tout payé. Alors si on veut se meubler en plus, faut en mettre de côté. Pour ça, on devient économe, on sacrifie sur certaines choses moins utiles. On coupe sur les sorties. Anyway, avec le travail, on a moins de temps pour en faire. On voit moins souvent nos amis. Après une bonne journée de travail, on a envie de rentrer et se reposer, on a donc moins d’énergie. Peu à peu, on s’atrophie. Alors qu’il y a deux ans à peine, quand on faisait l’party, tout l’monde dansait, maintenant on reste assis calmement et on parle de nos jobs, nos soucis, nos paiements, nos relations de travail…

Et c’est là qu’on remarque que notre vie a bien changé entre nos 19 et 21 ans, et qu’on s’est tellement bien adapté à notre vie actuelle qu’on réalise que l’on n’aurait ni l’énergie physique ni l’énergie mentale de revenir en arrière. Et même si on le voulait, on ne le pourrait pas. On ne peut pas cesser de rembourser un prêt étudiant avant qu’il soit terminé, ni casser un bail, ni retourner chez nos parents. Dès que l’on a commencé à payer, il est impossible d’arrêter. Pas question de cesser de travailler dans ce temps là.

Courir après le sexe opposé devient quelque chose pour lequel on n’a plus de temps pour niaiser sur des détails idiots, comme jouer à l’indépendant et se tourner autour pendant des mois. Sans aller à l’école, le nombre de représentant de l’autre sexe que l’on peut rencontrer se limite aux collègues de travail, c’est à dire très peu, et ils sont loin d’être tous potables. Sans avoir l’embarras du choix pour remplacer aisément son chum / sa blonde, on commence a prendre les relations un peu plus sérieusement, à accepter l’autre avec ses défauts et à faire des concessions, à vouloir faire durer la relation plus longtemps.

Bon nombre de filles avec qui j’ai eu des relations durant mes années de Cegep étaient très libérées sexuellement: Bisexuelles, échangistes et friandes de leur liberté. Comment oublier les 4-5 partys dans ma chambre aux résidences étudiantes, qui sont virées en séance de sexe à plusieurs. À peine leurs études terminées, cette partie de leur passé leur faisait déjà honte. Maintenant qu’elles sont sérieuses et rangées, malheur à celui qui oserait le leur évoquer, il se retrouvera aussitôt banni de leur entourage.

Et un jour, quand on se rend compte que non seulement notre vie a changé mais qu’on ne pourrait pas faire machine arrière, c’est là qu’on se dit: « Ouais, j’ai fini mon trip de jeunesse. Chuis sérieux maintenant. »

Et ceux qui n’ont pas commencé a travailler dans la début vingtaine ? Ceux qui ont essayé d’étirer leur vie de jeunesse plus longtemps ? Ils se sont rapidement retrouvés biens seuls, en constatant que leurs amis évoluaient, sauf eux. Ils n’ont alors pas le choix d’évoluer à leur tour, car des trips seuls, c’est pas vraiment trippant.

Et celui qui insiste pour continuer de vivre son trip de jeunesse ? On le reconnait aisément: C’est le gars de 35-40 ans assis au fond d’un bar enfumé où tout le monde boit et/ou joue aux machines à poker et que personne ne danse, avec la moustache, la bedaine, la coupe Longueuil, la job misérable (s’il est salarié et non su’l’BS), désespéré que sa blonde est encore enceinte.
__________________________

À première vue, il n’y a que quatre choses qui font dater ce texte:

  • La mention du bar enfumé. L’interdiction de fumer dans les endroits public a commencé dans les écoles en 1996, pour se conclure dans les bars en 2006.
  • Tinder, ainsi que plusieurs autres apps de rencontres, ont réglé le problème du nombre limité de conjoints potentiels autour de nous.
  • En ces temps (espérons temporaires) de Covid-19, pas sûr que la majorité des activités de groupes décrites ici seraient encore réalisables.
  • La description du personnage au dernier paragraphe. La moustache et la coiffure mullet, c’était la mode à la fin des années 80. Il était donc normal que l’on retrouve des hommes de 35-40 ans qui arboraient toujours ce look en 2004. Mais en 2022? Vraiment pas!
Des adolescents de 35 ans.

Mais sinon, ouais, dans l’ensemble, je crois bien que le thème principal du passage obligatoire à la vie adulte qui met fin au trip de jeunesse, c’est quelque chose qui ne se démodera jamais.

Quand l’autre fait de toi la Cassandre du couple (2 de 2)

AVERTISSEMENT HABITUEL: Ceci est une situation dans laquelle on peut aisément inverser les sexes. C’est juste que je parle par expérience personnelle, et qu’en tant qu’homme hétéro, je n’ai vécu ça qu’avec des femmes.

Dans la mythologie grecque, Cassandre avait un don et une malédiction: Elle pouvait prédire l’avenir, mais personne ne la croyait. Et à force de voir que ses prédictions négatives se réalisaient, le peuple en est venu à la détester au lieu d’en tirer des leçons et de l’écouter. Aussi, dans le billet précédent, je parle de femmes qui ont fait de moi la Cassandre du couple, en n’écoutant pas ce que je dis, et en me maudissant d’avoir tenté de prévenir les conséquences fâcheuses qui en ont découlé, conséquences contre lesquelles je les avais prévenu.

Ce qui me frustrait le plus, c’était de constater que ce comportement était aléatoire. Dans le sens que n’importe qui pouvait l’avoir, peu importe son âge, sa culture, sa personnalité, son statut social, son intelligence ou sa logique. Et le pire, c’est qu’il n’y a jamais moyen de voir si la personne est comme ça si nous ne sommes pas en couple avec. Si c’est le cas, alors ça prend de quelques semaines à quelques mois pour que ce comportement se manifeste. Et bien que le billet précédent ne parle que de trois femmes, il y en a eu beaucoup plus que ça qui m’ont fait vivre cette situation.

Ça m’a pris plusieurs années avant de constater que toutes ces femmes, pour la majorité, avaient en commun les douze points suivants.

1er POINT COMMUN: Moi.
Si, tout le long de ma vie, j’ai eu exactement le même problème avec plusieurs femmes qui ne se connaissaient pas, il est impossible que le problème vienne toujours d’elles. J’en suis parfaitement conscient. Et c’est la raison pour laquelle j’ai passé la seconde moitié de ma vie à faire de l’introspection. On peut le voir, entre autres, dans mon billet Autopsie du Loser.

Mon trait de personnalité le plus dominant est que je suis un solutionnaire. Comme tout le monde, j’ai de l’orgueil. Et comme tout orgueilleux, j’ai horreur que l’on me fasse des reproches. En tant que solutionnaire, je suis conscient que l’on ne peut pas régler un problème en le niant, en l’ignorant ou en le négligeant. Alors si je ne veux plus le subir, j’y ferai face immédiatement pour le régler. Voilà pourquoi, si on me dit que j’ai tel ou tel défaut, je traite la chose comme une information, plutôt que comme une attaque. Cette charte, tirée d’un billet que j’ai écrit il y a quatre ans, décrit mon processus :

Plutôt que de mettre de l’effort pour donner l’illusion que je suis une personne bien, je vais le mettre dans le but de le devenir vraiment. Dans mon comportement. Dans mon travail. Dans mon art. Et même au niveau physique. Et tout ceci fait de moi une personne réfléchie, logique, sociale, respectueuse de son prochain.

Alors qu’est-ce que j’ai, moi, pour attirer celles qui ont tendance à faire de moi la Cassandre du couple? Qu’est-ce que je fais pour provoquer cette situation? Où est-il, le défaut dans ma personnalité, que je puisse le régler?

Eh bien ironiquement, tout porte à croire qu’au contraire, le problème ne se situe pas dans mes défauts. Il se situe dans mes qualités. Ce sont celles-ci qui attirent ce genre de femmes en particulier. Regardez leur prochains points en commun et jugez-en par vous-mêmes.

2e POINT COMMUN: Je suis une grande amélioration sur son ex (ou sur sa relation en cours.)
Les premiers temps sont magiques. Elle et/ou ses amis et/ou des membres de sa famille, me disent tous, à répétition, à quel point ils sont heureux que je sois arrivé dans sa vie. Car, la pauvre, elle n’a pas eu de chance avec les hommes jusqu’à maintenant. Alcolos, violents, drogués, pervers narcissiques, BS, infidèles, négligents de leur personne et/ou dans le couple, abusifs mentalement et/ou physiquement. Comparé à ça, même un homme dans le coma ferait figure de sainteté. On me pose donc sur un piédestal de perfection dès le départ.

3e POINT COMMUN: Elle me répète souvent que je lui fais le plus grand bien au niveau de son estime de soi.
Chacune d’entre elle me raconte qu’elle provient d’un environnement dans lequel on l’a toujours sous-estimée et rabaissée. En famille et/ou en couple et/ou socialement et/ou au travail. On n’avait aucune tolérance pour elle. On lui trouvait tout un tas de défauts. On l’insultait. On lui répétait, ou du moins on lui donnait l’impression, qu’elle était ignorante, stupide, inutile, sans charmes ou carrément repoussante. Mais depuis qu’elle est avec moi, elle est au paradis. Je suis gentil, respectueux, compréhensif. Je n’ai que de bons mots pour elle. J’ai confiance en elle et en ses capacités. Avec moi, elle prend de la confiance, elle prend de l’estime de soi, elle se sens enfin épanouie. Et toujours, elle exprime n’avoir qu’un seul regret à notre sujet, et c’est de ne pas avoir eu la chance de me rencontrer avant.

Et c’est probablement la raison pour laquelle elle me propose…

4e POINT COMMUN: Des fiançailles rapides.
Lorsque l’on a la chance d’avoir dans notre vie une personne (que l’on croit) aussi extraordinaire, c’est normal de vouloir la garder. Et si on combine ça avec le complexe d’infériorité que notre entourage a fait naître en nous en nous critiquant et en nous rabaissant toute notre vie, il se peut très bien qu’au niveau du subconscient, on craint de ne pas avoir ce qu’il faut pour garder cette personne. Pour se rassurer, on ressent le besoin d’officialiser notre couple. Aussi, rendu au 3è ou 4è mois de relation, près de la moitié de ces femmes m’ont parlé de mariage, ou alors m’ont proposé un symbole éternel de notre union, tels des tatouages assortis.

J’ai toujours refusé le tatouage car je n’aime pas l’idée d’avoir une marque artificielle permanente sur mon corps. Mais il m’est arrivé de dire oui pour les fiançailles, si c’était une fille bien et que je l’aimais vraiment.

5e POINT COMMUN: Le besoin vital de se prouver utile.
Lorsqu’une personne nous fait sentir aussi bien, il est normal, et même très sain, d’avoir envie de lui en faire autant. Aussi, il lui arrive de vouloir me rendre de menus services que j’accepte volontiers: M’aider à diverses tâches, me faire certains cadeaux, me préparer un mets, me surprendre en nous organisant une activité de couple. Ayant moi-même trop souvent partagé ma vie avec des égoïstes qui prennent tout et ne donnent rien, j’accepte avec joie et reconnaissance.

Un jour, la chose qu’elle veut pour moi ne me convient pas. Ce n’est rien de personnel. Faire erreur par ignorance des faits malgré les meilleures intentions, ça arrive. C’est la réalité, et ce pour tout le monde. Malheureusement, c’est à partir de ce moment-là que notre relation prend un tournant négatif, alors que…

6e POINT COMMUN: Elle fait de moi la Cassandre du couple.
Tel que raconté dans le billet précédent:

  • Elle m’annonce vouloir faire un truc.
  • Je sais par expérience qu’il ne faut pas faire ce truc.
  • Je lui dis de ne pas faire ce truc.
  • Elle prend mes avertissements comme étant ma manière de lui dire que je crois qu’elle est irréfléchie et ne connait rien.
  • Je lui explique en détails logiques, avec preuves si j’en ai, pourquoi ce n’est vraiment pas une bonne idée de faire ce truc.
  • Elle m’accuse de la prendre pour une conne qui ne sait pas ce qu’elle fait, ce qui la rend encore plus déterminée à faire ce truc, pour me montrer que c’est elle qui a raison.
  • Elle fait ce truc.
  • Toutes les conséquences fâcheuses contre lesquelles je l’avais prévenue arrivent.
  • Elle se sent totalement humiliée, puisque nous avons tous les deux la preuve irréfutable qu’elle a eu tort d’insister pour faire ce truc.

7e POINT COMMUN: Elle n’est pourtant pas une capricieuse ni une idiote.
De la part d’une personne qui agit ainsi, on pourrait s’attendre à ce qu’elle ait un comportement similaire en tout. Par exemple qu’elle fasse des caprices lors du choix des activités en couple ou le choix des repas. Mais non! Dans tous les autres domaines, elle écoute, elle propose, elle discute, elle négocie, et elle accepte très bien le refus. Il n’y a qu’un seul sujet dans lequel elle est intraitable, et c’est lorsqu’elle veut faire quelque chose pour moi et/ou pour nous.

Quand son idée est bonne, j’accepte et tout se passe bien. Mais lorsque je refuse, alors là, c’est Jeckyll & Hyde. De personne mature à l’esprit ouvert, elle passe à obstinée, susceptible et totalement irraisonnable.

Ces filles-là étaient pourtant loin d’être des connes. (Bon, à part Camélia. Celle-là était aussi utile qu’un balai sans brosse.) Mais sinon, chez les autres, la plupart eurent de bien meilleurs résultats scolaires que moi. Il y en a même deux qui ont fait de hautes études universitaires avec succès. Et beaucoup ont poursuivi des carrières honorables et lucratives. Aussi, on ne s’attendrait pas de leur part à un comportement aussi déraisonnable.

Et pourtant…

8e POINT COMMUN: Il n’y a que trois manières de répondre à ses propositions, et elles n’ont que des conséquences négatives pour moi.
Cette situation dans laquelle elle me coince me limite à choisir entre être l’imbécile, l’insultant, la victime ou l’agresseur.

  • Si je ne fais pas ce qu’elle dit, alors à ses yeux, je suis un obstiné qui ne veut pas comprendre le bon sens. (Donc, l’imbécile.)
  • Si je lui explique pourquoi il ne faut pas faire ce qu’elle dit, alors ça l’insulte et je deviens à ses yeux celui qui la traite d’idiote qui ne connait rien. (Donc, l’insultant.)
  • Si je cède et je fais ce qu’elle dit, je subis les conséquences contre lesquelles je l’avais avertie. (Donc, la victime.) Ce qui, à ses yeux, est comme si je venais de prouver qu’en effet, elle n’est qu’une idiote qui ne connait rien. (Donc, l’agresseur.)

Et à cause de ça…

9e POINT COMMUN: Elle se plaint que je suis la seule personne dans tout son entourage avec qui elle se dispute aussi souvent, et qui la fait se sentir aussi bas.
Comme ça, du jour au lendemain, mon titre passe de meilleure chose qui lui soit arrivée de toute sa vie, pour devenir la pire des merdes à avoir été chiée sur son existence. Cette situation extrémiste est assez aberrante, surtout quand on réalise que mon seul crime fut de lui dire non afin d’éviter des conséquences que je sais par expérience qu’elles seront fâcheuses. La solution est pourtant simple: Elle n’a qu’à accepter mon refus. Ce n’est pas compliqué à comprendre, et encore moins difficile à faire.

J’ai tenté plusieurs fois de lui faire entendre raison. Mais bizarrement, sur ce sujet, et sur ce sujet seulement, elle me fait l’équivalent de hurler en se bouchant les oreilles, en m’accusant une fois de plus de ne chercher qu’à la rabaisser.

Il y a trois ans, j’ai écrit un billet intitulé: On ne veut pas connaître la vérité. On veut juste avoir raison. Eh bien justement…

10e POINT COMMUN: Elle ne veut pas connaître la vérité. Elle veut juste avoir raison.
Tel qu’expliqué plus haut, je suis un solutionnaire. À chaque problème sa solution. Il suffit d’aborder le problème, voir où en est la source, et à partir de là prendre les mesures logiques et faisables afin que le problème ne se manifeste plus.

Malheureusement, que ce soit lorsque je lui explique pourquoi ce n’est pas une bonne idée de faire le truc qu’elle propose, ou bien si je lui rappelle que ça a viré à la catastrophe à toutes les autres fois où elle ne m’a pas écouté lorsque je lui ai dit non, elle ne veut rien entendre. Et si j’insiste, il arrive inévitablement le moment où elle m’accuse d’être un prétentieux je-sais-tout qui se croit mieux que tout le monde. Et elle le fait avec cette phrase: « Il faut toujours que tu ais raison. »

À partir du moment où elle dit cette phrase, sans s’en rendre compte, elle explique pourquoi elle réagit ainsi. Elle veut avoir raison, point final. Et quand on tient absolument à avoir raison, on ne veut pas connaître la vérité. Parce que la vérité démontrerait qu’elle a tort, ce qui entrerait en conflit avec le sentiment qui la domine totalement à ce moment-là, son besoin démesuré d’avoir raison. Elle ne pourrait juste pas le supporter.

11e POINT COMMUN: Elle nous fait revivre ce problème de nombreuses fois.
Puisqu’elle ne nous permet jamais d’aborder le problème, on ne peut jamais le régler. Ainsi, tout le long de notre relation, elle répétera le processus plusieurs fois, et ça se terminera toujours de la même façon. Jusqu’au jour où, écoeurée de s’humilier à répétition devant moi de cette manière, elle ne voudra plus que je fasse partie de sa vie.

12e POINT COMMUN: Elle retourne dans des relations abusives avec des abuseurs, et ce en toute connaissance de cause.
Parce que trop souvent, un enfer familier est moins intimidant qu’un paradis inconnu.

Mais pourquoi est-ce si important pour elles, d’avoir absolument raison, au point où toute contrariété leur déclenche quasiment une crise d’hystérie?
Lorsque l’on tient compte de tous les points qu’elles ont en commun, on peut en arriver à la théorie suivante qui me semble la plus plausible:

Ce que je représente pour elle, c’est d’abord et avant tout l’espoir. L’espoir que non, contrairement à ce qu’on lui a fait croire toute sa vie, elle n’est pas stupide, et elle n’est pas inutile.

En ne faisant que la traiter en égale et avec respect, je lui procure un bien-être incroyable qui contrecarre les sentiments négatifs et les complexes d’infériorité que son passé a ancré en elle. En retour, elle ressent le besoin de me rendre heureux. Un sentiment tout à fait normal, qui démontre que cette femme est une personne bien.

À cause de ses relations passés, elle ressent constamment le besoin de faire ses preuves. De me démontrer, mais d’abord de se prouver à elle même, qu’elle mérite le respect, l’attention et l’amour que je lui donne. Alors lorsque je refuse sa proposition, je l’empêche de me montrer sa valeur. Je l’empêche d’exprimer sa reconnaissance. Je l’empêche de se montrer utile. Et en lui expliquant pourquoi c’est une mauvaise idée, je montre qu’elle a été ignorante.

Ce qui fait que sans le vouloir, je lui fais revivre ce sentiment d’inutilité et de stupidité qui lui vient de tous ceux qui l’ont rabaissée par le passé. Et le pire, c’est que cette fois ça provient de moi. L’homme de sa vie. Son fiancé. Celui qu’elle aime plus que tout au monde. De la part d’un autre, ça serait négatif mais pas tragique. Mais de moi, c’est la plus blessante des trahisons. Voilà pourquoi elle affirme que jamais personne ne lui a fait aussi mal que moi à ce moment-là.

Hantée par l’idée que je l’ai bien eue tout ce temps-là en lui faisant croire que j’étais parfait et irréprochable, elle réalise que je ne vaux pas mieux que les autres. En fait, je suis encore pire. Parce que les autres n’ont jamais caché leur méchanceté. Tandis que moi, j’ai bien caché mon jeu afin de mieux la surprendre pour la blesser beaucoup plus profondément que les autres. C’est faux, bien entendu, mais c’est l’impression que cette situation lui donne.

Pour une fois qu’elle avait trouvé un homme qui lui accordait cette valeur dont on l’a si longtemps privée. À ses yeux, mon refus lui fait perdre cette valeur, ce qui la fait paniquer, ce qui lui donne le besoin de me montrer qu’elle a raison de me proposer ce truc, et c’est pourquoi elle ne veut entendre ni mon refus ni les raisons de celui-ci.

Bref, même si elle est sincère en affirmant qu’elle veut faire ça pour moi, elle ne se rend pas compte qu’en réalité, elle le fait d’abord et avant tout pour elle-même. Pour son estime de soi.

Et voilà pourquoi, sur n’importe quel autre sujet, elle a l’esprit ouvert, elle est capable d’entendre raison, et jamais elle ne prend mes refus comme des attaques personnelles. Mais sur ce sujet-là en particulier, rien à faire, c’est plus fort qu’elle. Dans ce temps-là, elle ne réagit pas à la critique négative avec logique comme je le fais moi-même. Elle y réagit avec ses émotions. C’est à dire de cette manière :

Les réactions que montre cette charte seront surtout de la part de personnes rancunières et revanchardes. N’empêche que même pour une bonne personne, les deux dernières étapes restent les mêmes.

Enfin, si elle ne veut pas entendre mes explications lorsqu’elle rage contre moi, la raison est fort simple. Elle a passé sa vie à se faire rabaisser. La plupart des gens qui l’ont rabaissée étaient ou bien intimidants, ou bien étaient en situation de pouvoir sur elle. Elle était donc obligée d’endurer en silence. Moi, par contre, en tant qu’amoureux / conjoint, gentil et compréhensif, je me suis pas intimidant. Et ceci fait de moi la première personne sur qui elle peut se défouler, exprimer toutes ses blessures et frustrations accumulées, à partir du moment où elle a l’impression de voir en moi quelque chose qui lui rappelle ses agresseurs. Voilà pourquoi j’ai droit à toutes les accusations négatives les plus fantaisistes qui soient. Des accusations qu’elle-même, pourtant, ne croirait pas si elle était calme.

Si seulement ces femmes avaient pu mettre leur orgueil de côté pendant cinq minutes. Elles auraient alors cessé d’être sur la défensive, et elles auraient compris que jamais mon but n’a été de les blesser. Je n’ai jamais cherché à les vexer. Je n’ai jamais agi de manière à les insulter ni à les rabaisser. Je cherchais seulement à me protéger. À nous protéger.

Hélas, tous ceux qui en ont abusé par le passé ont laissé sur son coeur une tache toxique qui va toujours l’empoisonner. Et ils ont tellement bien fait leur travail de sabotage qu’ils ont réussi à la conditionner de manière à ce que jamais elle ne ressente l’envie d’aller la nettoyer. Parce que reconnaître que cette tache existe, c’est l’obliger à se souvenir de ces blessures qu’elle a tant besoin d’oublier.

Par conséquent, comme je le constate hélas trop souvent, une personne qui a passé sa vie à survivre dans la discorde ne s’est jamais permis d’apprendre à vivre dans l’harmonie.

_____
Y’A LIENS LÀ
Voici quelques billets sur le même thème.

On ne veut pas connaître la vérité. On veut juste avoir raison. Ce sont des exemples dans lesquels ce comportement arrive ailleurs que dans le couple.
Le bon orgueil et le mauvais orgueil. D’où sont tirées les deux chartes utilisées ici.
Déjà en 2010, dans le billet l’altruisme égocentrique, je parlais de ce comportement, cette fois en contexte professionnel et sexuel.

Et bien sûr mon très long billet Autopsie du Loser, qui montre tous les défauts que l’on peut trouver en soi et corriger, pour peu que l’on se donne la peine de se regarder soi-même.



Quand l’autre fait de toi la Cassandre du couple (1 de 2)

Cassandre était un personnage de la mythologie grecque. Elle habitait la ville de Troie. Apollon, voulant séduire cette femme de grande beauté, lui donna la capacité de voir dans l’avenir. Un don très utile à cette époque guerrière, avec la Grèce sans cesse attaquée de toutes parts. Malgré ce cadeau divin, Apollon ne réussit pas à charmer Cassandre. Frustré, il ajouta une clause à son don. Oui, elle verra l’avenir, les catastrophes, et tout ce qui peut arriver de mal. Mais personne ne la croira.

Elle tenta ainsi de prévenir les gens grâce à ses visions du futur, en annonçant des accidents, des meurtres, des coups d’état. Elle alla même avertir les résidents de Troie contre le cheval de bois. Mais tel qu’Apollon en avait décidé, personne ne la croyait.

Après chaque défaite, après chaque catastrophe, Cassandre leur répétait qu’elle les avait pourtant prévenus. Elle le leur rappelait, uniquement dans le but qu’on lui accorde de la crédibilité dans l’avenir, pour que les gens l’écoutent, et ainsi s’évitent de vivre des incidents fâcheux.

Ils ont choisi « merde »

Mais les gens, trop orgueilleux, voyaient ça autrement. À leurs yeux, Cassandre cherchait à les humilier, les rabaisser, les faire passer pour des imbéciles qui ne connaissent rien. Personne ne veut accorder de crédibilité à quelqu’un qui nous fait sentir comme si on était idiot. Alors en plus de ne pas l’écouter, la frustration ressentie envers elle fit que l’on en vint à l’accuser de porter malheur. Voire de causer elle-même les catastrophes qu’elle annonçait. Ces accusations avaient beau défier toute logique, on faisait le choix délibéré d’y croire. Normal! Lorsque l’on est frustré contre une personne, on va rarement s’arrêter à la logique de nos arguments contre elle.

Cassandre mourut après avoir prédit l’assassinat de sa famille complète, ainsi que les noms des meurtriers. Ce qui, comme d’habitude, n’a pas été pris au sérieux par son entourage.

Et maintenant, voici le lien entre cette histoire et le titre de ce billet.

Tout le long de ma vie, j’ai attiré un genre de femme en particulier; celle qui provient d’un environnement dans lequel elle fut toujours rabaissée. C’est quelque chose qui n’est pas évident à voir au premier coup d’oeil car ça ne parait pas nécessairement dans leur comportement ou leur personnalité. Certaines étaient, comme on le devine, très timides et renfermées. D’autres, à l’extrême opposé, étaient de très joyeuses extraverties. Et d’autres encore se situaient entre les deux. Celles-là semblaient totalement moyennes, normales, sans histoire.

Je suis de nature calme, réfléchie, compréhensive. J’ai un sens inné du respect envers autrui. Pour une femme qui a toujours vécu dans un environnement où on l’a sans cesse sous-estimée et rabaissée, ceci fait que je représente à ses yeux l’homme idéal. Et voilà comment nous avons commencé à former un couple.

Voici trois exemples dans lesquels ces femmes ont fait de moi la Cassandre du couple. Je vais prendre de vieilles anecdotes qui remontent au siècle dernier, ne serait-ce que pour montrer que cette situation ne date pas d’hier. Également, je ne citerai qu’un seul exemple par personne, bien que ce soit quelque chose que chacune d’entre elles m’a fait vivre à plusieurs reprises dans différentes situations.

Noémie.
Ses intentions étaient bonnes. Elle voulait nous préparer de la limonade citron-lime-pamplemousse-menthe. Sa recette nécessitait deux pichets. J’en avais deux. L’un en plastique, dans mon armoire. L’autre, au frigo, gardait de l’eau fraîche. Je lui demande de ne pas utiliser celui-là. J’ai de grands bols en plastique qui peuvent tout aussi bien faire l’affaire.

Pourquoi?”
“Celui du frigo est mon pichet antique, en verre.”
“Et alors?”
“La recette demande de verser de l’eau bouillante dans le pichet. Pour un pot de jus en plastique semi-souple, il n’y a pas de problème. Mais celui-là est en verre. C’est un modèle qui ne se fait plus depuis qu’on les fait en plastique. En plus, c’est l’un des derniers objets qui me reste de mon arrière-grand-père, du temps où il avait un restaurant à Saint-Hilaire, dans les années 40. Je ne veux pas prendre de risque.”


Face à mes objections, elle se met en colère, insultée. Elle se donne la peine de nous préparer une délicieuse limonade fraiche, avec de bons ingrédients, au lieu de la merde en bouteille ou en poudre que l’on retrouve à l’épicerie. Et moi, non seulement je refuse, je lui donne une liste de raisons pourquoi je trouve que ce n’est pas une bonne idée. Ce qui, à ses yeux, équivaut à lui dire que son idée est stupide, donc qu’elle n’est qu’une idiote.

J’vais y faire attention à ton pichet. Je sais ce que je fais!”

Je reste intraitable. Ce pichet est un antique souvenir de famille et j’y tiens. Aussi, je propose une solution. Le marché d’alimentation n’est qu’à dix minutes de marche d’ici. Je vais aller y acheter un nouveau pichet de plastique semi-souple. Comme ça, moi je pourrai garder mon pichet d’eau froide au frigo, et elle aura ses deux pichets pour sa limonade. Sa recette prend justement une vingtaine de minutes, donc le temps que je fasse l’aller-retour. Elle accepte.

Je pars acheter le nouveau pot de jus. À mon retour, j’entre dans l’appartement juste au bon moment pour entendre mon pichet de verre exploser dans la cuisine.

Elle tenait à me montrer que c’était elle qui avait raison. Elle ne m’a donc pas écouté. Dans sa hâte pour me faire la leçon avant mon retour, elle a pris mon pichet de verre directement du frigo, l’a vidé dans l’évier et y a aussitôt versé l’eau de la bouilloire. Le choc thermique a fracassé le verre. Aussi, c’est très exaspéré que j’entre dans la cuisine en disant:

Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase “N’UTILISE PAS MON PICHET EN VERRE!”, hostie!?”

Éventuellement, elle m’a laissé tomber. Elle ne pouvait plus continuer de former un couple avec un gars comme moi, qui la faisait toujours se sentir stupide.

Si seulement elle m’avait écouté lorsque je lui disais NON!

Christine.
Ses intentions étaient bonnes. Elle voulait mettre un peu de romance dans notre couple. Aussi, elle a proposé un bain chaud et relaxant, que l’on prendrait tous les deux, à la chandelle.

Je lui explique alors pourquoi ce n’est pas une bonne idée. J’habite dans un sous-sol. La salle de bain est petite, sans fenêtre. Les bains à deux, tels qu’on les voit à la télé, au cinéma, dans les magazines, sont dans de grandes baignoires, larges et profondes. Pas dans des bains standards d’étroites salles de bain de sous-sol. Et puis, je n’aurais jamais osé le lui dire, mais sans pour autant être obèse, Christine était quand même assez costaude. Ça n’allait pas être le confort avec nous deux là-dedans.

Face à mes objections, elle se met en colère, insultée. Elle prend la peine de planifier une activité romantique pour nous deux. Et moi, non seulement je refuse, mais je lui donne une liste de raisons pourquoi je trouve que ce n’est pas une bonne idée. Ce qui, à ses yeux, équivaut à lui dire que son idée est stupide, donc qu’elle n’est qu’une idiote. Une Miss Catastrophe!

Miss Catastrophe” est le qualificatif que je lui ai donné une fois alors que, pour la j’sais-plus-trop-combientième fois, l’une de ses initiatives que je lui avais décommandé avait eu des conséquences fâcheuses pour moi. Depuis, elle me remettait souvent sur le nez ce surnom rabaissant.

Ne voulant pas créer une nouvelle situation tendue entre nous deux, j’ai encore une fois cédé, espérant encore une fois que tout se passe bien, malgré le fait que tout me portait à croire que ça serait le contraire.

Elle ferme la porte de la salle de bain, allume une chandelle aromatisée, éteint la lumière, et place la chandelle sur le réservoir d’eau de la toilette. Je lui dis:

Pose-la plutôt sur le bord du lavabo s’il te plaît.”
“Pourquoi faire?”
“Ben, comme tu peux voir, au-dessus de la toilette, j’ai des tablettes en verre. La fumée, ça laisse des taches qui ne partent pas. Je voudrais éviter que la propriétaire me fasse payer pour les remplacer.”
“Panique pas, calice! C’est une chandelle qui ne fait pas de fumée, ok!? Je sais ce que je fais.”

Voyant qu’elle était à cran et qu’elle prend toute suggestion comme étant une critique dérogatoire, je soupire intérieurement et je n’insiste pas. Aussi, je ne dis rien en constatant que l’eau du bain est plus chaude que ce que je suis confortable de supporter. Je ne fais pas remarquer à quel point nous sommes trop grands et gros pour être à l’aise à deux dans mon bain. Je ne dis rien du tout alors que les robinets et le tuyau d’eau me rentrent inconfortablement dans le dos, me forçant à changer de position à toutes les 30 secondes. Je fais semblant de rien lorsque le moindre mouvement fait déborder le bain. Et je me ferme la gueule tandis que l’inconfortable humidité brûlante me fait transpirer et que la sueur de mon front me coule dans les yeux, et que les essuyer de mes mains détrempées d’eau savonneuses ne font que me rajouter de l’inconfort et de la douleur.

Sous la chaleur de la chandelle, le centre de la tablette de verre se dilate. Elle éclate dans un bruit sec. Tout ce qu’elle contient, incluant mon verre, mon porte-savon et mon porte-brosse à dents, tous en céramique, tombent et explosent sur le plancher de tuiles. Aussi, c’est très exaspéré que je me lève du bain et allume la lumière en disant:

Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase “NE MET PAS LA CHANDELLE SOUS LA TABLETTE DE VERRE!”, calice!?”

D’accord, moi-même je n’avais pas prévu que la chaleur de la chandelle briserait la tablette. N’empêche que je savais que c’était une mauvaise idée de la poser dessous. Si elle m’avait écouté en la plaçant près du lavabo, ça ne serait pas arrivé.

Christine regarde le dégât! Elle a au visage et dans la voix un air de surprise, de découragement et de panique. Promptement, elle se lève et sort du bain en disant:

“Non! Oh mon Dieu! C’est vrai! C’est vraiment vrai! Je SUIS une Miss Catastrophe! Non! Non! Non! My God! C’est terrible! Je fais toujours tout pour te causer du tort! Je suis vraiment méchante! Tout ce que je fais, c’est de provoquer de la merde! Je ne fais jamais rien de bon! Je suis vraiment Miss catastrophe! Je n’arrête pas de te faire du trouble. Je suis une malédiction. Miss Catastrophe! ”

Je l’ai regardé se rhabiller, ramasser ses affaires et s’en aller. Je ne ne suis pas intervenu. Je n’ai rien dit. Je n’ai rien fait. Je voyais bien que ses paroles étaient exagérées. Je devinais que, consciemment ou non, elle me les récitait dans l’espoir que je les démentisse pour la rassurer. Or, je ne pouvais pas faire ça. Pour mon propre bien, il eut été contreproductif de nier les conséquences fâcheuses qui arrivent lorsqu’elle insiste à ne pas respecter mes limites. J’espérais seulement qu’à partir de maintenant, la leçon serait apprise une bonne fois pour toutes. Je ne demande pas la lune. Je ne cherche pas à la contrôler. Je n’ai jamais voulu l’insulter ni la rabaisser. Je veux juste qu’elle m’écoute, lorsque je lui dis que ce qu’elle me propose ne me convient pas.

Hélas, cet espoir ne s’est jamais réalisé. Éventuellement, elle m’a laissé tomber. Elle ne pouvait plus continuer de former un couple avec un gars comme moi, qui la faisait toujours se sentir stupide.

Si seulement elle m’avait écouté lorsque je lui disais NON!

Camélia.
Ses intentions étaient bonnes. Elle voulait rassurer Lynn, une de mes amies. Lynn venait de se faire avorter. Elle s’est confiée à ce sujet à ses trois amis les plus proches, incluant moi.

Un jour, alors que Camélia était chez moi pendant mon absence, elle a fouillé partout dans mes tiroirs et dossiers. Elle y a trouvé un dépliant de la clinique d’avortement, avec le nom de Lynn d’écrit dessus. À mon retour, j’ai eu droit à une interrogation à ce sujet. Je n’ai eu d’autre choix que de lui expliquer la situation. Ce qui a eu pour effet de l’insulter.

Pourquoi est-ce qu’elle s’est confiée à toi et pas à moi?”
“Parce qu’elle et moi, on se connait de longue date. Notre gang remonte au cégep.”
“C’est pas une raison pour penser que j’allais la juger!”
“Hein? Elle n’a jamais pensé que tu allais la juger.”
“Pourquoi elle me l’a pas dit, d’abord?”
“Parce que c’est une expérience pénible pour elle. Le fait que c’est pénible, ça l’a poussé à se confier à quelques amis proches. Mais en même temps, puisque c’est pénible, elle ne veut pas que tout le monde le sache.”

Toute la soirée, elle n’a pas voulu changer de sujet. J’ai eu beau lui expliquer sous tous les angles, elle n’en démordait pas. À ses yeux, si notre amie ne s’était pas confiée à elle, c’est parce qu’elle croyait que Camélia allait la juger. J’ai tenté de conclure avec ce point final:

Écoute! Peu importe la raison pourquoi elle ne veut pas que les autres le sachent, si elle ne veut pas qu’on en parle, alors il ne faut pas en parler. Si on est ses amis, on doit comprendre ça. Ce sont ses limites, et on doit les respecter.”

Le lendemain, vers la fin de l’après midi, je reçois un appel de Lisa, une de celles à qui Lynn s’était confiée. Elle m’apprend que Lynn vit une grosse crise sociale et familiale en ce moment, parce que tout son entourage vient d’apprendre son avortement. Et qu’on lui a rapporté que ce serait Camélia et moi qui en avons parlé. Nous sommes désormais banni de notre bande d’amis, qui sont particulièrement dégoûtés de cette trahison de ma part.

Lorsque Camélia arrive chez moi quelques heures plus tard, c’est très exaspéré que je lui explique ce qui vient de se passer. Elle répond:

« Ben voyons donc! Ça s’peut pas, qu’elle réagisse comme tu dis. Ceux à qui j’en ai parlé ne l’ont pas jugée. Exactement ce que je te disais! Tu vois bien que je sais ce que je fais!”« 

Camélia tenait à me montrer que c’était elle qui avait raison. Elle ne m’a donc pas écouté. Et maintenant, c’est moi qui payait le prix de son obstination, sans oublier Lynn qui vit précisément l’enfer qu’elle cherchait à éviter.

Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase “ELLE NE VEUT PAS QUE SON ENTOURAGE LE SACHE!”, tabarnak!?”

Face à mes objections, elle se met en colère, insultée. Elle se donne la peine de contacter tout notre entourage afin de calmer les craintes de notre amie, comme quoi personne ne va la juger. Et moi, non seulement je lui dis de ne pas faire ça, je lui démontre qu’en faisant à sa tête, elle avait ruiné ma vie sociale. Ce qui, à ses yeux, équivaut à lui dire que son obstination était stupide, donc qu’elle n’est qu’une idiote.

Éventuellement, elle m’a laissé tomber. En partie à cause de l’influence que ses parents avaient sur elle contre moi. Mais aussi parce qu’elle en avait assez de continuer de former un couple avec un gars comme moi, qui la faisait toujours se sentir stupide.

Si seulement elle m’avait écouté lorsque je lui disais NON!

Ça m’a pris de nombreuses années avant que je constate qu’il y avait plusieurs constantes dans cette situation qui se répétait. Ce sera le sujet du prochain billet.

À SUIVRE

Trois nouveaux mots dont les familles recomposées auraient besoin

La langue française a été créée bien avant que les divorces et les familles recomposées n’existent. Par conséquent, celle-ci ne pouvait pas prévoir qu’elle aurait un jour besoin de mots nouveaux afin de décrire des situations nouvelles. Des mots comme:

Materna et Paterna.
Avec les divorces ou les unions de fait, il est courant que nos parents aient des conjoints qui ne sont pas nécessairement notre père ou mère biologique. Hélas, ça pose un petit problème lorsqu’on leur colle l’étiquette de Parâtre et Marâtre, qui sont leur titre officiel. Déjà que l’on n’utilise jamais le mot parâtre, il se trouve que depuis Aurore, l’enfant martyre, marâtre est devenu synonyme pour une femme d’une tyrannie absolue.

Depuis les années 80, faute de mieux, on utilise les terme beau-père et belle-mère. Or, ces titres appartiennent déjà aux parents de nos conjoints. Ce qui fait que l’on a passé les quarante dernières années à avoir un problème de communication. Car si je dis “Mon beau-père”, de qui est-ce que je parle? Du conjoint de ma mère? Ou bien du père de mon conjoint?

La solution: Paterna pour le nouveau conjoint de notre mère, et Materna pour la nouvelle conjointe de notre père. Exemple: Mon père et ma materna. On parlera de relation paternale, distincte de la relation paternelle.

Pourquoi pas?
Cherchons le mot Materna sur Google et voyons les résultats.

Bien que Materna est le nom d’une ligne de produits de la compagnie Nestlé, il n’y a pas de raison pour ne pas l’employer aussi comme titre de membre de famille. Dans les deux cas, il y a des connotations avec le rôle de mère.

Voyons maintenant pour Paterna.

Une commune en Espagne? Ça ne nous empêche pas de l’utiliser comme titre de membre de la famille. Au Québec, nous avons bien la ville de Grand-Mère.

Maintenant que l’on a abordé les parents, passons aux enfants.

Cangredain.
Même avant que le divorce existe, il y avait des familles recomposées. Il n’était pas rare que deux jeunes veufs avec enfants se marient ensemble et forment une nouvelle famille. De tous les temps, on s’est mis en couple et on a fondé des familles avant même de prendre le temps de savoir si nous étions compatibles. Alors à notre époque où on ne se marie même plus, les séparations et familles éclatées sont devenues la norme. Plus besoin d’être veufs pour former une famille recomposée.

Dans cette situation, il arive parfois qu’il y ait attirance entre les enfants des deux familles. Et pourquoi pas? Si monsieur Leroux forme un couple avec madame Ducharme, pourquoi est-ce que le fils Leroux ne pourrait pas former un couple avec la fille Ducharme?

Si légalement il n’y a aucune raison pour empêcher ce genre de relation, il en est tout autre sur le plan moral, et ce à cause d’un détail anodin: Le vocabulaire. Dans les termes demi-frère et demie-soeur, ce que les gens retiennent, ce sont les mots frères et soeur. Cette situation évoque donc l’inceste, chose taboue à juste titre. Mais puisqu’il n’y a aucun lien biologique entre les deux, ce tabou n’a ici aucune raison d’être.

La solution: Cangredain, un mot qui n’évoque en rien la famille, de quelque manière que ce soit.

Pourquoi pas?
Parce que ce mot, je l’ai inventé.

Quoique, à partir d’aujourd’hui, cette recherche aura ce billet de blog comme résultat.

En tant que son créateur, je déclare que le mot Cangredain est un qualificatif évoquant une relation entre deux personnes, chacune de familles différentes, dont les parents sont en couple ensemble. Une définition qui exclue totalement le moindre lien familial, et qui enlève donc à cette relation le côté immoral qu’elle n’a aucune raison d’avoir. On parlera donc ici d’amour cangredain, de relation cangredaine.

Bon, le seul problème ici, c’est que s’il s’agit d’adolescents qui habitent sous le même toit et que la relation ne dure pas, on se retrouve pris à vivre avec notre ex pendant quelques années. Mais ça, c’est une situation qui existe depuis aussi longtemps que les familles recomposées. Le fait que l’on a maintenant un mot pour décrire ce genre de relation n’y change rien.