La langue française a été créée bien avant que les divorces et les familles recomposées n’existent. Par conséquent, celle-ci ne pouvait pas prévoir qu’elle aurait un jour besoin de mots nouveaux afin de décrire des situations nouvelles. Des mots comme:
Materna et Paterna.
Avec les divorces ou les unions de fait, il est courant que nos parents aient des conjoints qui ne sont pas nécessairement notre père ou mère biologique. Hélas, ça pose un petit problème lorsqu’on leur colle l’étiquette de Parâtre et Marâtre, qui sont leur titre officiel. Déjà que l’on n’utilise jamais le mot parâtre, il se trouve que depuis Aurore, l’enfant martyre, marâtre est devenu synonyme pour une femme d’une tyrannie absolue.
Depuis les années 80, faute de mieux, on utilise les terme beau-père et belle-mère. Or, ces titres appartiennent déjà aux parents de nos conjoints. Ce qui fait que l’on a passé les quarante dernières années à avoir un problème de communication. Car si je dis “Mon beau-père”, de qui est-ce que je parle? Du conjoint de ma mère? Ou bien du père de mon conjoint?
La solution: Paterna pour le nouveau conjoint de notre mère, et Materna pour la nouvelle conjointe de notre père. Exemple: Mon père et ma materna. On parlera de relation paternale, distincte de la relation paternelle.
Pourquoi pas?
Cherchons le mot Materna sur Google et voyons les résultats.
Bien que Materna est le nom d’une ligne de produits de la compagnie Nestlé, il n’y a pas de raison pour ne pas l’employer aussi comme titre de membre de famille. Dans les deux cas, il y a des connotations avec le rôle de mère.
Voyons maintenant pour Paterna.
Une commune en Espagne? Ça ne nous empêche pas de l’utiliser comme titre de membre de la famille. Au Québec, nous avons bien la ville de Grand-Mère.
Maintenant que l’on a abordé les parents, passons aux enfants.
Cangredain.
Même avant que le divorce existe, il y avait des familles recomposées. Il n’était pas rare que deux jeunes veufs avec enfants se marient ensemble et forment une nouvelle famille. De tous les temps, on s’est mis en couple et on a fondé des familles avant même de prendre le temps de savoir si nous étions compatibles. Alors à notre époque où on ne se marie même plus, les séparations et familles éclatées sont devenues la norme. Plus besoin d’être veufs pour former une famille recomposée.
Dans cette situation, il arive parfois qu’il y ait attirance entre les enfants des deux familles. Et pourquoi pas? Si monsieur Leroux forme un couple avec madame Ducharme, pourquoi est-ce que le fils Leroux ne pourrait pas former un couple avec la fille Ducharme?
Si légalement il n’y a aucune raison pour empêcher ce genre de relation, il en est tout autre sur le plan moral, et ce à cause d’un détail anodin: Le vocabulaire. Dans les termes demi-frère et demie-soeur, ce que les gens retiennent, ce sont les mots frères et soeur. Cette situation évoque donc l’inceste, chose taboue à juste titre. Mais puisqu’il n’y a aucun lien biologique entre les deux, ce tabou n’a ici aucune raison d’être.
La solution: Cangredain, un mot qui n’évoque en rien la famille, de quelque manière que ce soit.
Pourquoi pas?
Parce que ce mot, je l’ai inventé.
En tant que son créateur, je déclare que le mot Cangredain est un qualificatif évoquant une relation entre deux personnes, chacune de familles différentes, dont les parents sont en couple ensemble. Une définition qui exclue totalement le moindre lien familial, et qui enlève donc à cette relation le côté immoral qu’elle n’a aucune raison d’avoir. On parlera donc ici d’amour cangredain, de relation cangredaine.
Bon, le seul problème ici, c’est que s’il s’agit d’adolescents qui habitent sous le même toit et que la relation ne dure pas, on se retrouve pris à vivre avec notre ex pendant quelques années. Mais ça, c’est une situation qui existe depuis aussi longtemps que les familles recomposées. Le fait que l’on a maintenant un mot pour décrire ce genre de relation n’y change rien.