La langue française au Québec, et le Joual en particulier, sont parsemés d’expressions et de mots qui ne se retrouvent nulle-part ailleurs. Il y a quelques jours, le hasard m’a fait tomber sur l’origine très probable de l’un de ces mots : Tarla.
Définition: Un tarla est une personne ridicule. Il n’est pas vraiment méchant, ce serait surtout un imbécile heureux. Un idiot qui agit en idiot sans se douter de son idiotie. Une personne bien intentionnée mais totalement ignorante. Un sans-dessein, un incompétent, un cave, qui se donne en spectacle en plein étalage de sa stupidité.
Vers 1990, l’humoriste québécois Alain Dumas a lancé une chanson intitulée Tout un tarla! , qui décrit bien ce genre d’individu.
_____ Si on cherche le mot tarla sur Google, voici ce que l’on trouve comme définitions. D’abord sur leWikitionnaire: (Au besoin, cliquez sur les images pour agrandir.)
Cette dernière définition ajoute qu’un tarla serait en fait le porcelet de trop dans la portée d’une truie. Je suppose qu’en cherchant loin, on pourrait faire le lien en disant qu’un tarla serait un individu qui ne trouve pas sa place en société. N’empêche qu’il n’y a aucun rapport entre ça et le degré de stupidité que les québécois associent à cette expression.
Mais alors, d’où est-ce que ça vient vraiment, tarla ? Il y a quelques jours, j’étais sur le site de la BAnQ, la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec. J’y parcourais les archives des journaux québécois. Je suis tombé par hasard sur cet article datant de 1965. On y parle d‘un comédien Français nommé Yves Tarlet. En lisant son nom, son métier et l’année de publication, j’ai immédiatement compris que j’étais fort probablement tombé sur l’homme qui fut à l’origine du mot tarla.
J’ai voulu en savoir plus.
D’après ce que j’ai pu voir dans mes recherches à la BAnQ, Yves Tarlet était un comédien fort apprécié. De septembre à décembre 1964, on a annoncé de nombreuses fois sa venue pour janvier 1965. Puis, de janvier à septembre 1965, sa tournée à travers le Québec n’a récolté que des éloges. Chanteur, acteur, mime, clown, imitateur, l’homme avait de multiples talents et un style unique qui savait faire rire à tout coup.
Dans les années 60, sans internet, avec peu de gens qui possédaient un poste de télévision, sortir au cinéma et au théâtre se faisait une ou plusieurs fois par semaine. Ainsi, on peut aisément imaginer qu’une bonne partie de la population québécoise a eue l’occasion de voir le spectacle de Tarlet.
Trois faits me portent à penser qu’Yves Tarlet est à l’origine du mot tarla.
1er FAIT : Dans le joual, et encore aujourd’hui dans l’accent québécois en général, le son « AIT » à la fin d’un mot se prononce A. Ainsi, du lait devient du la, du poulet du poula, parfait parfa, frais fra, épais épa, c’est vrai c’est vra ! Ainsi, un nom comme Tarlet se prononcerait tarla. Peut-être qu’on ne le ferait pas de nos jours avec un nom de famille, puisque que notre éducation et la technologie moderne nous expose quotidiennement au Français international. Mais dans les années 60, oui, assurément.
2e FAIT : Les gens ont toujours eu pour habitude de prendre des noms propres et les utiliser comme qualificatifs. Un séducteur est un Don Juan ou un Casanova. Un homme fort est un Hercule. Un dangereux prêteur sur gages est un Shylock. Au Québec, un avare est un Séraphin tandis qu’en Europe il est un Harpagon. Toujours, ces qualificatifs s’inspirent d’un nom qui n’est possédé que par une seule personne. Et au Québec, des Tarlet, on n’en connait pas. Puisque le nom d’Yves Tarlet était sur toutes les lèvres dans le Québec de 1965, il est possible que son nomsoit devenu synonyme pour une personne qui fait rire. Et que tout naturellement, dans le langage populaire, l’on dise d’une personne drôle que « C’est un vrai Tarlet. » Ou, en bon québécois, « Un vra tarla! »
De tous les temps, lorsqu’une personne manque de sérieux ou de professionnalisme dans son travail ou ses agissements, on le traite de clown, on le compare à un comédien, et on le fait avec mépris. C’est probablement de cette manière que le mot tarla a pris son sens péjoratif.
Enfin, 3e FAIT : Je n’ai trouvé aucune trace des mots tarla, tarlais ou tarlet dans les journaux avant le passage d’Yves Tarlet au Québec. En fait, la première mention date de peu après son retour en France, en septembre 1965, alors que le tournoi O’Keefe de tir à l’arc utilise ce mot dans un sens que je n’ai vu nulle-part au-delà de cet événement: Les tireurs débutants.
Et lui aussi souligne que ce mot définit d’abord le cochonnet de trop dans la portée, bien que lui sous-entend qu’une truie possède douze tétines, alors que la définition du site de La Parlure fait plutôt état de huit. Mais peu importe. À partir de ce point, si Tarlet n’a plus servi dans les médias qu’en tant que nom de famille, les variantes que sont tarla, tarlais et tarlet (avec un t minuscule) n’ont toujours été utilisés que pour décrire un imbécile.
Le premier usage écrit du mot tarla utilisé en guise d’insulte provient d’un texte rédigé en joual et publié dans le journal La Patrie. Le personnage de Ti-Clin y utilise ce mot dans plusieurs de ses chroniques. La première fois date du 3 mars 1968. Selon le texte (qui est fictif ou pas, allez savoir) ce serait en citant une phrase du journaliste Pierre Foglia.
« -T’as rien à pondre, tarla? qu’a ajouté l’beau fin à Foglia. »
J’ai poursuivi mes recherches, remontant dans les journaux jusqu’en 1940. Je n’y ai trouvé aucun tarla. Évidemment, ça ne veut rien dire. Il ne faut pas oublier que les journaux étaient plus sérieux à cette époque. Si le mot existait, il n’était juste pas digne d’être publié, comme tout ce qui était joual, d’ailleurs.
Ensuite, j’ai cherché Tarlet. Cette fois, j’ai eu beaucoup d’exemples de ce mot en tant que nom de famille. Mais aussi quelques fois dans le sens du tarla québécois. Le plus vieil exemple de ce dernier cas fut publié dans le journal Québec-Presse daté de décembre 1973. Il s’agit d’un extrait du livre Monologues, écrit par Yvon Deschamps. Il nous y livre les meilleurs monologues de sa carrière depuis ses débuts en 1968. Et dans cet extrait, on voit clairement qu’il écrit tarlets pour décrire des personnages stupides et insignifiants. Et il le fait avec l’orthographe du nom du comédien.
Dans ses monologues, Yvon Dechamps s’exprime en langage populaire québécois, en joual. Car s’il écrit tarlet, il le prononce néanmoins tarla. Voilà qui solidifie la théorie comme quoi il y a un lien entre le nom et l’expression.
Selon Wikipedia, ce monologue particulier a été enregistré sur disque en 1970.
Un artiste ne va pas se faire concurrence lui-même en mettant sur le marché un enregistrement de son spectacle pendant qu’il présente encore celui-ci sur scène. Ce n’est qu’à la fin de sa tournée qu’il le rendra disponible. Ce qui signifie que c’est depuis 1969, au moins, qu’Yvon Deschamps utilise l’expression tarla dans les monologues qu’il présente au public, et dont des extraits sont cités à la télé, dans les journaux et à la radio. Et puisqu’il a connu des débuts de carrière fulgurants, il a certainement aidé à répandre cette expression dans le langage populaire québécois. Il le reprendra d’ailleurs assez souvent, entre autres dans ce numéro intitulé Les adolescents (le grand tarla).
Si ça se trouve, c’est peut-être même Yvon Deschamps qui a inventé le mot tarla, en lui donnant ce sens. Mais là-dessus je n’affirme rien, il faudrait que je puisse le contacter pour le lui demander. En tout cas, si ce n’est pas lui qui l’a créé, il est certainement celui qui l’a rendu populaire.
Bien que le mot tarla est à 100% québécois, il est ironique que dans les faits, le premier tarla était un Français.
Il y a un nouveau scandale ces jours-ci au sujet de l’orientation sexuelle d’un personnage de fiction. Jon Kent, fils de Clark Kent et de Lois Lane, a hérité des pouvoirs de son père, et est aujourd’hui un jeune Superman. Et celui-ci est ouvertement bisexuel.
On pourrait penser que les nombreuses protestations actuelles sur le sujet démontrent que la société est encore intolérante à ce genre de chose. Or, le simple fait qu’existe ce personnage et que l’on lui donne cette orientation, ça aurait été encore impensable au siècle dernier où la bisexualité, surtout masculine, était taboue. Mais surtout, elle était vue comme étant un signe de loserisme flagrant et extrême chez l’homme hétéro.
À l’époque, on disait que c’était de deux choses l’une: ou bien l’homme était hétéro, ou bien il était homo. Il n’y avait pas d’entre-deux. Pour qu’un homme soit bi, il fallait qu’il entre dans l’une de ces trois catégories:
Jeune et confus, donc « ça ne durera pas. »
Incontrôlable obsédé sexuel pathologique qui devrait se faire soigner car il baise tout ce qui bouge, alors cachez vos enfants et vos animaux domestiques.
Hétéro qui n’a rien pour séduire les femmes. Il ne lui reste donc que l’option loser qui est de se payer des putes. Ou bien pire encore, l’option gratuite, qui démontre qu’il est loser désespéré trop radin et/ou trop pauvre pour se payer une femme: être obligé de s’abaisser à satisfaire ses désirs sexuels avec des hommes gais.
C’est de ce dernier point dont il est question ici.
Au Québec, sur une période de dix ans, soit de 1986 à 1995 inclusivement, nous avons pu entendre à la radio trois chansons qui racontaient essentiellement la même anecdote. C’est-à-dire :
Un homme sort en boite dans le but de draguer.
Il décrit l’endroit, l’ambiance, les conquêtes potentielles.
Il tente sa chance.
Il accumule les revers.
Il n’a plus aucune autre option, à part accepter de coucher avec un autre homme.
Il rentre chez lui aux petites heures du matin.
Et seul, parce qu’il n’est pas désespéré à ce point-là, tout de même.
La première chanson vient du Québec et les deux autres de France. Par ordre chronologique, il s’agit de :
ARRÊTE DE BOIRE – Rock et Belles Oreilles, 1986 Rock et Belles Oreilles, ou RBO, est composé essentiellement de quatre, cinq ou six membres, tout dépendant de l’époque. Ils ont eu plusieurs émissions à la radio, à la télé, et ont composé et interprété de nombreuses chansons humoristiques qui ont eu beaucoup de succès. Leur premier fut Ça Rend Rap, jeu de mots avec Saran Wrap. Et le second, encore plus populaire que le premier, fut Arrête de Boire.
Il n’y a pas eu de vidéoclip filmé pour cette chanson.
Donc, ça commence alors que l’homme va à la disco dans le but de draguer.
Minuit passé, quand les gens font dodo Moi je m’en vais cruiser à la disco.
Tous les soirs je sors dans les bars.
Il commence par décrire l’endroit et les conquêtes potentielles.
Là-bas au bar, je spotte une fille Elle me regarde, me déshabille.
Sur le plancher de danse, je vais tenter ma chance Avec une fille qui a l’air du sosie de Martine St-Clair
Il essaie de se rapprocher de ces femmes, et il accumule les revers.
« Salut! Tu viens souvent ici? » « Oui mais j’pense que je r’viendrai pu. »
« Heille! Va jouer ailleurs! », qu’elle me dit Un coup d’genou dans les parties.
Incapable de plaire aux femmes, il ne lui reste plus que l’option de se taper un gai, s’il veut satisfaire ses désirs sexuels.
J’ai tant dansé, j’ai tant cruisé, sans jamais avoir pogné Que j’pense que j’vas virer aux gais, aux gais, aux gais.
Mais puisqu’il n’est pas désespéré à ce point-là, il rentre chez lui, seul.
Je rentre chez nous, saoul comme un trou Je rentre à la maison, seul comme un toton. Je rentre à la maison, me faire un Dîner Swanson.
Deux ans plus tard, deux Français nous arrivent avec une chanson qui raconte exactement la même chose. Est-ce un hasard ou bien se sont-ils inspirés de RBO? Mystère!
PANIQUE AU DANCING – Zap Shaker, 1988 Zap Shaker est un trio formé de Dominique Sylvère Jacquin et des frères Daniel et Joe Nathan Dahan. En 1989, ils changent de nom pour Sylvère et les Zap, le temps de sortir Mama Gouyé, avant de redevenir Zap Shaker, puis de se séparer en 1992. Les frères Dahan se sont fait ensuite connaître sous le nom de Trampoline. À ma connaissance, leur seul succès à avoir traversé l’Atlantique est Panique au Dancing.
L’homme va au bar dans le but de draguer. Il commence par décrire l’endroit et les conquêtes potentielles.
Ça clope à gogo, ça bouge sur le tempo, ça mouille les maillots Ça gémit, ça s’effleure et ça s’secoue comme un shaker Blacks, blancs, beurs. Les jeans moulés, les minijupes, et les Marylin et les balais Les petits lolos, les chambre d’écho, les dures, les très mollos Et go go go.
Il tente sa chance et accumule les revers.
Je fonce dans le troupeau, j’en prends une au lasso C’est good pour le slow J’ai la touffe d’un héros Elle dit: « Zappe, zappe, je suis sur une autre affaire. » Ah! C’est la guerre!?
Je sors les dollars, je m’pose au bar j’ai l’œil en rut sur les pétards. Encore un canon, faut j’sois béton « Hello! Je suis le champion de la super-position. » (Panique au dancing, panique au dancing) Elle me fait: « No comprendo! Ciao, ciao! Et encore un bide!
Et lorsqu’il croit enfin en avoir trouvé une qui veut de lui, pas de chance, c’est un homme.
Par Belles-et-putes, v’la une comète. Faut pas qu’je foire, faut j’me la mette. L’air Sainte-Nitouche. Mes seins, pas touche… Ça y est, j’ai une touche! « Alors baby, would you light my fire? » « Bien sssûr, beau garçççon! » Aaah merde! Un travelo! La queue d’la comète.
Et au matin, il rentre chez lui bredouille.
J’me casse, eh! Cinq heures du mat, Paris s’éveille. Pas de « Crac! Boum! Hue! »
Cette chanson est truffée d’amusantes tournures de phrases et de jeux de mots, tels Belzébuth / belles et putes, l’étoffe d’un héros / la touffe d’un héros, superposition / super position, ou bien les capotes sont cuites. Il y a aussi des références qui échappent au Québécois moyen. Par exemple :
« Black, blanc, beur » ne fait pas que décrire le fait que les clients du dancing sont noirs, blancs et maghrébiens. C’était un slogan qui parlait de la jeunesse désoeuvrée dans la France des années 80, et remonterait à 1984. Il faisait référence au drapeau Français, remplaçant bleu-blanc-rouge par black-blanc-beur. Puis, ce slogan a été récupéré dans les années 90 lors de la victoire d’une équipe de foot de France (donc de soccer) dont les membres étaient majoritairement de ces trois origines.
« Crac! Boum! Hue! » D’après Les Playboys, également chanson de Jacques Dutronc, qui utilise cette onomatopée en rapport avec l’acte sexuel.
« Nous avons les moyens de vous faire danser, » dit avec l’accent allemand, est en rapport à cette phrase entendue dans je ne sais plus trop quel film de guerre, dans lequel un membre de la Résistance se fait interroger par un officier nazi qui lui dit « Nous avons les moyens de vous faire parler. »
« You know what? I’m happy! » est un mème pré-internet. Il s’agit d’une phrase prononcée per Droopy, célèbre chien d’allure dépressive de dessin animé, créé en 1943.
Vers le milieu des années 90, en entrevue, les membres de Zap Shaker étaient surpris que l’on se rappelle encore d’eux en rapport à Panique au Dancing. Aujourd’hui, vu le côté kitsch, misogyne et homophobe de cette chanson, ils préféreraient probablement qu’on les oublie.
Ce qui nous amène à :
COOL BABY COOL – Roman Photo, Sorti en France en 1994, puis au Québec en 1995. Roman Photo est un projet musical français qui a eu trois hits au milieu des années 90 avec des chansons se basant sur du sampling de succès de l’époque Disco. Deux d’entre eux se sont rendus jusqu’au Québec. Il s’agit de Souds of Summer, puis de la chanson dont il est question ici, Cool Baby Cool.
Là encore, pas de vidéoclip tourné, seulement une version sono.
Et ici encore, même formule: l’homme va en disco dans le but de draguer. Il commence par décrire l’endroit et les conquêtes potentielles.
Il est tard, les cafés ont fermé. La discothèque est pleine à craquer. Ok, ok, j’avance, j’essuie Le disk jockey joue du funky.
« J’essuie » comme dans essuyer des revers, je suppose. Détail original : contrairement aux deux premières chansons, celle-ci commence non pas au début de la soirée, mais plutôt alors que ça fait cinq heures qu’il est dans ce bar
Ça fait cinq heures que j’tourne en rond Je trouve le temps vraiment trop long Je bois des bulles de mousse et de bons tons J’entends des « Oooh! » Blasé de tout, soudain complètement fou.
Elle! J’la vois, je l’appelle. Mon Dieu c’qu’elle est belle. Canon, une bombe, d’la vraie dynamite Les pages centrales de « Lui » dans mon orbite Elle me dit « Moi, c’est Claire! » Comme l’éclair
À chacune il sert le discours / refrain qui suit :
Viens! Prends ma main. J’vais t’raconter l’histoire d’un amour sans retard Sans gare, sans fard, sans part, ni désespoir Genre de bêtises qu’on dit par pur hasard La nuit est belle, Tu m’ensorcelles, baby. Surtout l’accroche de ton porte-jarretelles. Dans mes yeux, luit, observe, c’est la lueur de mon envie Regarde bien, au fond tu verras mon lit.
Plus le temps avance, plus il accumule les insuccès. La première à qui il sert ce refrain lui répond :
« Ah, mais tu planes, toi, ou quoi? Salut! »
La seconde, alors qu’il dit que « ça fait six heures que j’tourne en rond », lui réplique :
« T’en fais trop, mec. J’en ai marre. Salut! »
Et à la troisième, alors que « ça fait sept heures que j’tourne plus rond », c’est la fille qui l’approche en disant :
« Salut, moi c’est lise. Tu viens? »
Le « Tu viens ? » sous-entend qu’il s’agit d’une prostituée. Et ceci marque le début de son désespoir, alors qu’il commente « Ok, ok, je m’enlise. »
Apparemment, il la vire, car voici la suite et fin de l’histoire :
La fille s’est envolée sur l’air de pas trop y toucher Le genre de tarte à oublier. Le plan s’évère sévère. Mon calme a des ratés, Je deviens cinglé Ce soir je récidive Je persévère sévère « Salut mon bichon. Tu danses? »
la voix de cette dernière phrase semble venir d’un homme gai. Ainsi, s’escalade le loserisme du dragueur : Après avoir passé plus de sept heures à draguer en vain les femmes célibataires libres, on passe à plus bas; la pute qui offre ses services. Enfin, déchéance totale, il ne lui reste plus que des gais et/ou travelos comme option.
Ici, pas de mention qu’il rentre chez lui seul. Mais on se doute bien que c’est le cas. S’il a passé sept heures à draguer en vain les femmes, et qu’il a refusé de payer pour du sexe, ce n’est certainement pas pour se contenter d’un homme.
Le côté homophobe que l’on reconnaît aujourd’hui à ce genre d’histoire vient du fait qu’à l’époque, l’homosexualité était une source acceptable de moqueries. Cette orientation était considérée inférieure, du fait qu’aux yeux de la majorité de la population, un homme, un vrai, ça baise une femme. Et que, dans l’ignorance populaire, si un homme aime les hommes, c’est parce qu’il se prend pour une femme. D’où ces quatre raisonnements tordus :
Un homme, un vrai, ça attire les femmes. Si tu n’en attires pas, tu n’es pas un homme.
Un homme, un vrai, ça se voit dans son allure, qu’il est hétéro. Si tu attires un gai, c’est parce que tu as l’air gai. Voilà qui explique automatiquement aux yeux du public la raison de tes bides auprès des femmes.
Un homme, un vrai, ça baise des vraies femmes. Si tu baises une fausse femme, donc un gai, tu es un loser désespéré.
Mais surtout, et c’est ce qui ressort de ces trois chansons, et c’est que peu importe à quel point il est désespéré, un homme, un vrai, ça ne s’abaisse pas à baiser avec un autre homme. Voilà pourquoi ils repartent chez eux, seuls.
Certes, il nous reste encore bien du chemin à faire pour que toutes les différentes orientations sexuelles soient normalisées, et surtout respectées. Mais quand on voit celui que l’on a parcouru depuis le début du 21e siècle, il y a de l’espoir comme quoi les choses changent peu à peu pour le mieux.
Ça fait au moins trente ans que, autour de moi, je constate ces trois situations :
Une femme qui ne drague pas sera sujette a beaucoup de drague non-sollicitée de la part des hommes.
Une femme qui joue à la séductrice se fera draguer peu, mais aura beaucoup d’hommes à ses pieds qui resteront à distance respectueuse.
Une femme qui drague directement et sans détours, ça fait reculer l’homme, le rendant hésitant, ne serait-ce que quelques instants. Et dans certains cas, son attitude lui fera même peur.
Étrange, non? Je veux dire, un homme qui drague peut être bien des choses, allant de lourd à ridicule à charmant. Mais la femme? À tous les coups, elle est intimidante.
Et je me suis rendu compte que la peur de la femme qui drague, ça nous vient probablement de la manière dont elle est représentée dans la culture. Que ce soit à la télé, au cinéma, la littérature, les BD, et même dans quelques chansons, la drague féminine n’est jamais représentée sous un angle positif. Par exemple, il y a :
1) La pute. Une belle femme drague un homme. Il est charmé. Il finissent au lit. Pour lui, c’est l’amour, le coup de foudre. Une fois l’acte consommé, elle lui annonce ses tarifs. Et là, les ennuis commencent pour lui.
2) L’infidèle. Elle drague l’homme, l’homme est séduit. Il l’aime d’un amour pur. Mais voilà, en allant la rejoindre par surprise pour lui faire sa déclaration, il la voit avec son mari et leurs enfants, et constate qu’elle était en couple tout ce temps-là.
3) La libertine. Elle le drague, il est séduit. Puis elle le jette, et passe à un autre, puisque c’est une dragueuse en série.
4) La moitié d’un couple ouvert. Chose qu’elle lui a caché au début, évidemment.
5) La grosse laide affamée de mâle. Toujours habillée de manière ridicule, qui court (littéralement) après le pauvre homme qui n’est pas désespéré à ce point-là.
6) La moqueuse. Le gars la dégoûte, mais elle sait qu’elle lui fait effet. Alors elle le drague dans le but de se moquer de lui.
7) La bitch. Elle drague un gars pour faire chier son mec.
8) La dangereuse. Elle drague un gars pour faire chier son mec, qui se trouve à être un homme extrêmement violent.
9) La voleuse faussement perverse. Elle menotte l’homme au lit. Il s’attend à une séance de baise mémorable. Mais elle se rhabille, le dépouille et part, l’abandonnant là, toujours attaché.
10) L’obsédée harceleuse. Celle qui drague non-stop un homme qui s’en fout bien. Révèle parfois qu’elle le prend en photo / le filme / l’espionne / l’enregistre / s’introduit chez lui, toujours à son insu. Souvent jouée en comédie.
11) La détective. Elle drague activement l’homme. Au début il résiste, mais il finit par céder. Au moment de passer à l’acte, elle arrête tout, sort son badge et montre qu’elle a tout filmé depuis le début. C’est une détective, engagée par l’épouse de monsieur pour le prendre en flagrant délit d’adultère.
12) La revancharde. Elle l’a dragué. Il a osé lui dire non. Elle lui fera payer cette humiliation.
13) La revancharde abandonnée. Elle l’a dragué. Il est marié. Il a cédé. Il ne veut plus recommencer. Elle le prend mal. Elle leur fera payer cette trahison, à lui et sa famille.
14) La journaliste. Ils se rencontrent via agence matrimoniale. (Les scénaristes ne connaissent pas Tinder, apparemment.) Il est ébloui par une telle femme. Il en tombe amoureux fou. Elle est donc obligée de lui révéler qu’elle s’était inscrite dans cette agence, juste pour faire un reportage au sujet des hommes qui utilisent ce genre de service.
15) La poursuivante-fuyarde. La classique fuis moi je te suis, suis moi je te fuis.
16) La dragueuse tardive. Elle attend que l’homme trouve enfin la femme parfaite pour lui, pour enfin se déclarer, en général autour de la date de son mariage. Ce qui fait que l’homme s’en va se marier sans plus trop savoir laquelle de ces deux femme il veut vraiment.
17) L’humiliante fausse fantasmeuse. Elle drague un gars en webcam / Skype / Facetime en lui faisant accroire que rien ne l’allume plus que de regarder un gars qui se branle habillé en tutu avec un balai dans le cul. Lorsqu’il s’exécute, elle lui montre alors qu’elle n’est pas seule. Derrière elle, leur 57 camarades de classe et/ou collègues de travail n’ont rien perdu de la scène.
18) La femme fatale (version classique). Qui drague un homme, en fait sa marionnette, se fait tout lui payer, avant de le jeter.
19) La femme fatale (version moderne). Qui drague un homme, le marie, tombe enceinte de lui, pour ensuite le quitter, prendre la majorité de ses biens, et lui coller au cul une abusive pension alimentaire.
20) La cougar. Belle femme mature qui drague le jeune homme, par jeu. Il est séduit, mais elle le largue, elle n’a jamais été sérieuse.
21) La vieille peau. Pareil que l’exemple précédent, sauf qu’elle est sérieuse, très vieille et ridée, et le jeune homme est épouvanté.
22) La déshabilleuse faussement exhibitionniste. Elle drague un homme dans un parc, une plage, ou tout autre endroit public, et l’incite à se mettre nu. Puis, elle lui vole ses vêtements et fuit, le laissant là, à tenter de rentrer chez lui tout en évitant les gens et la police.
23) L’ivre déprimée. Elle drague l’homme. S’il résiste, elle lui fait une crise de déprime. S’il cède, elle l’accuse le lendemain d’en avoir abusé.
24) La trans pré-opération. Jamais l’homme ne s’est fait draguer par une si belle jeune femme. Il en tombe amoureux fou. Au moment de passer à l’acte, surprise : Elle est encore plus virile que lui.
25) Celle qui tombe enceinte. Ou bien elle ne veut rien savoir de l’homme qui veut pourtant prendre ses responsabilités envers elle car il l’aime. Ou bien au contraire elle piège l’homme dans une relation, alors qu’il n’en voulait que comme histoire d’un soir.
26) La mineure secrète. Ils se rencontrent, elle le drague, elle lui ment sur son âge. Ils finissent ensemble. Éventuellement, les autorités et/ou de la famille de la fille apprennent à l’homme qu’elle est mineure, et là ses ennuis commencent.
27) La résignée. Lorsque cet homme l’a draguée, elle lui a ri au nez. Elle en préfère un (ou plusieurs) autres. Lorsque celui (ou ceux) qu’elle préfère(nt) la rejette, elle se résigne à aller draguer le premier homme, juste parce qu’il est mieux que rien.
28) La résignée temporaire. Comme la précédente, à ceci près que maintenant qu’elle est en couple avec lui, elle revient à sa mentalité précédente lorsqu’elle a une opportunité avec le genre de gars qui lui plaît vraiment.
29) La petite jeune salope briseuse de ménage. C’est une superbe nymphette nympho de 18 ans et trois minutes. Contre toute logique, elle drague cet homme, père, marié et de 20 ans son ainé, et elle ne fait pas dans la subtilité. En général, elle le drague en se mettant nue avant d’aller le rejoindre par surprise au lit / dans la douche / au supermarché. Il cède. Ça s’apprend, et il perd tout : Femme, enfants, maison, amis, carrière…
Ça m’étonnerait qu’il y ait beaucoup de femmes parmi les scénaristes qui écrivent ce genre de personnages. Ceci dit, il n’y a pas que dans la fiction que la femme qui drague est présentés sur un angle négatif. Par exemple, deux ou trois fois par année, dans les médias, on nous parle de:
30) L’éphébophile. C’est à dire l’institutrice qui a eu une liaison avec l’un de ses élèves mineurs.
Ça nous fait constater que depuis la naissance, nous avons été bombardés d’exemples montrant que lorsque la femme drague, ce n’est jamais dans un cadre moral, ni pour des raisons positives. Et quand un homme se laisse draguer par une femme, il finit toujours par le regretter amèrement.
À force d’être conditionné à voir la femme sous cet angle tout le long de sa vie, il n’est pas étonnant que l’homme puisse avoir le réflexe de se méfier du désir féminin. Et même, dans certains cas, de développer une peur envers la femme qui drague.
Par conséquent, lorsqu’il a envie d’amour et de sexe, il s’impose à la femme qui ne drague pas. Donc une qui n’est probablement pas intéressée. Et puisque la même culture populaire qui nous apprend à fuir la femme qui drague nous apprend également à insister auprès de la femme non-intéressée jusqu’à ce qu’elle cède, c’est là que l’on réalise que l’on nous apprend en fait à à fuir le consentement sous toutes ses formes.
Bref, que la culture populaire est en fait une culture de viol.
Inspiré d’un phénomène trop souvent vécu par les filles et les femmes, voici la chanson Pénis laid du populaire groupe Les Bite Seules.
Un pénis laid vient d’apparaître dans ma conversation Sans que ça ait rapport à notre discussion Il l’a sorti et l’a pris en photo Pour me dire « Allo! »
Ce matin c’était un autre gars, cette fois sur Tinder Qui me montrait qu’il était prêt, déjà d’bonne heure En pensant que ça ferait mon bonheur Pourquoi font-ils ça? C’est loser!
Pénis laid, t’es dans ma face, t’es sur mon cell C’est c’qu’envoient ces gars à toutes les filles Pour dire qu’ils les trouvent belles.
Un pénis laid, c’est un pompier qui me montre son boyau. C’est un artiste qui voudrait tremper son pinceau C’est un boucher qui veux j’goûte sa saucisse C’est gossant en Christ!
(Bout musical où s’enchaînent plein de dick picks)
Pénis laid, au garde-à vous, j’te vois partout Sur facebook dans messenger Mais pourquoi? C’est loser!
Derrière les arbres au beau milieu d’un parc achalandé Un comptable est en train de se déculotter Il se déplace pour me montrer qu’il est, En train d’se branler
Dans son auto un monsieur vient me demander son chemin, Tandis qu’il tient son engin bien dur à la main, On dirait que ça l’excite de m’faire peur. Pourquoi font-ils ça? C’est loser!
Penis laid, partout où j’vais, tu apparais Le pâtissier qui montre la baguette L’étalage de quéquettes
Penis laid qui veut me montrer qu’il est gros Le plombier qui me montre son tuyau Penis laid!
Pour une raison qui m’échappe, bien que ce blog soit québécois, 87% de mes lecteurs sont européens. Par conséquent, il arrive parfois que le sens de mes élucubrations leur échappe. Pour remédier à la situation, j’ai décidé d’écrire ce billet au sujet de mots et d’expressions que nous utilisons des deux côtés de l’Atlantique, MAIS qui n’ont pas le même sens selon le pays. C’est parti:
AGACE France: Du verbe agacer, déranger. Québec : Allumeuse, diminutif du terme « agace-pissette ». Terme péjoratif utilisé par frustration et mépris. Usage : « C’te fille-là a passé la soirée à me parler de cul, sans jamais vouloir rien faire après. C’t’une hostie d’agace! »
ARRACHER France: Séparer de force. Québec : Séparer de force, avoir de la difficulté, en avoir bavé. Usage : « J’en ai arraché au test de maths ce matin. »
AVOIR LE FEU AU CUL France: Être excité sexuellement. Québec : Être enragé, frustré, de très mauvaise humeur. Usage : « Ma belle-mère m’a insulté hier, ça m’a mis le feu au cul pour toute la soirée. »
BARRER France: Se barrer = partir. Québec: Verrouiller, coincer, exclure. Usage:« Barrer la porte. » = Verrouiller la porte. « Barrer le char. » = Verrouiller les portières de l’auto.
« Avoir le dos barré. » = Avoir le dos coincé et très douloureux. « Tu ne le reverra plus ici, il est barré. » = Il est banni, exclus. « Non mais t’es pas barré, toé! » = Tu n’as aucune retenue, tu es sans-gène.
BATTERIE France: Tambour pour orchestre. Québec: Pile électrique. De l’anglais battery. Usage:« Ma flashlight marche pu, faut changer les batteries. » Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« Je joue de la batterie pour l’orchestre folklorique Turtle Scrotum. »
BAVEUX France: Qui dégouline: Verre baveux, omelette baveuse. Québec: Un insolent provocateur. Usage:« Il vient de m’envoyer une photo où il embrasse mon ex, le p’tit baveux. »
BEIGNE France: Gifle. Québec: Beignet, donut. Usage :« Homer Simpson mange des beignes. » Le mot change de genre selon le continent. En France, pour la gifle, on dit une beigne, alors qu’au Québec, pour le donut, c’est un beigne.
BEU France: Cannabis. Québec: Policier, vient de bœufs. Jusque dans les années 70, l’un des critères relatifs à l’embauche des policiers était que le candidat devait être imposant, baraqué, fort comme un bœuf. Aujourd’hui, cette discrimination est interdite. Bref, les policiers sont donc devenus lesbœufs, prononcer beux, et par extension un policier devient un beu. Usage : « Fuck! Les beux! » = 22! V’là les flics!
En France, le genre de beu est féminin. De la beu = de la marijuana.
Si un français offre « un pet de beu » à un québécois, ce dernier se demandera bien pourquoi on lui offre une flatulence de policier.
BIENVENUE France: Mot que l’on dit en accueillant quelqu’un. Québec: Mot que l’on dit en remerciement de s’être fait remercier. Usage :« Merci pour les cadeaux. » « Bienvenue! » Vient de l’usage anglais de dire « You’re welcome! » en réponse à « Thank you! » Mais on l’utilise aussi dans le sens français: Bienvenue sur mon blog.
BLONDE France: Femme aux cheveux blonds, idiote, bière, cigarette au tabac clair. Québec: Femme aux cheveux blonds, idiote, bière, amie de coeur. Usage :« Ma blonde. » Amie de coeur. Comme dans la chanson Auprès de ma blonde. « Joke de blonde. » = blague dans laquelle le personnage, une femme blonde, fait preuve d’une grande idiotie. En général, il s’agit des même vieilles blagues qui se transmettent d’une génération à l’autre, en changeant le sujet selon la tendance de l’époque. Par exemple, dans les années 70, ces mêmes blagues mettaient en vedette des belges en Europe, et des newfies (Habitants de Newfoundland / Terre-Neuve) au Québec.
BROSSE France: Instrument à poils ras qui sert à frotter, polir, démêler. Québec: Pareil. Mais aussi une cuite. Usage : « J’ai viré une méchante brosse hier. » = J’ai pris une sacrée cuite la veille.
BOSSER France: Travailler. Québec: Se prendre pour le patron (sans l’être nécessairement), prendre le contrôle de façon malvenue, abuser de son pouvoir. Vient de l’anglais boss. Usage : En France: « J’ai bossé tout l’été. » = J’ai travaillé tout l’été. Au Québec: « Je me suis fait bosser tout l’été. » = Je me suis fait abusivement donner des ordres tout l’été. Mais on l’utilise aussi dans le sens de « bosseler »: Par exemple sur une carrosserie: « T’as-tu fini de bosser mon auto avec ta pelle? »
JE SUIS BOURRÉ France: Je suis ivre Québec: J’ai trop mangé. Usage :« J’ai abusé du buffet, hostie qu’chus bourré! »
BRANLER France: Masturber. Québec: Hésiter, trainer. Usage :« C’est un mauvais employé, il branle dans le manche. » L’expression branler dans le manche vient du levier de vitesse qui, sur les plus vieilles autos, ne fonctionnent plus très bien, et vibrent anormalement. Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« Je me branle sur des photos cactus. » Oui, bon, à chacun ses fantasmes, quoi.
ELLE EST BONNE! France : Elle est baisable. Québec : Elle est compétente (femme), elle est drôle (blague), elle est délicieuse (nourriture). Usage : Généralement, on ne met pas le sujet, réduisant l’expression à « ‘Est bonne! »
BOULES France : Paire de couilles. Québec : Paire de seins. Usage :La phrase « La danseuse nue a de belles boules. » exprime sa féminité au Québec et sa masculinité en France.
BAS France : Le contraire de haut, évidemment. Québec : Opposé de haut, ainsi que… Chaussettes.. Usage :« Mettre ses bas » = Enfiler des chaussettes.
« Être en pied-de-bas. » = Se promener en chaussettes. Truc étrange, on dit « Avoir des bas dans les pieds », et non les pieds dans les bas, ce qui serait quand même plus logique et pas mal moins douloureux.
CHAUSSETTES France : Ce que, au Québec, on appelle des bas. Québec : Pantoufles. Usage :« J’ai hâte d’arriver chez nous, enlever mes bottes et enfiler mes chaussettes. »
CAISSE France: Contenant de bois, guichet, voiture. Québec: Contenant de bois, guichet, boite de carton contenant 12 ou 24 bières, réseau bancaire La Caisse Populaire Desjardins, aujourd’hui Mouvement Desjardins. Usage :« J’ai vidé une caisse de douze. » = J’ai bu douze bières. « Faut j’passe à la Caisse, retirer. » = Je dois passer à (un guichet automatique de) La Caisse Populaire, faire un retrait d’argent.
CAPOTER France: Faire virer une voiture à l’envers, donc sur son capot. Québec: Paniquer, se prendre la tête, adorer, être extrêmement ravi. Usage :« J’ai vu mon chum avec son ex, je capote. » = J’ai vu mon ami de coeur avec son ex, je panique. « Je capote sur lui! » = Je l’aime / l’admire / le désire. « J’ai gagné le tirage? OUAIS, J’CAPOTE! » = Je suis extrêmement ravi. « Le nouveau manège? Y’é capoté! » = C’est génial. « Il t’a quitté pour une femme de trois fois le double de ton âge? C’est donc ben capoté! » = Étrange, bizarre, surprenant, choquant. Variante:Virer su’l’top!
CASSÉ France: Brisé, interrompu, contré. Québec: Brisé, couple arrivé à terme, être financièrement fauché. Usage :« T’as entendu ça? Marilou et Alexandre, y’ont cassé. » = Ils ne sont plus en couple. « Aller au cinéma? Oublie-ca, chus cassé! » = Je n’ai plus un sou.
CAVE France: Sous-sol, remise à vins. Québec: Sous-sol, imbécile. Usage :« Hostie qu’t’es cave. » = Quel imbécile vous êtes.
CHAUD France: Contraire de froid, près du but. Québec: Contraire de froid, ivre. Usage :« Y’a passé la soirée à boire, y’é chaud. » Vient du fait que l’alcool dilate les capillaire des veines, permettant un plus grand afflux sanguin, réchauffant ainsi le visage, les mains et les pieds, qui sont d’habitude plus froids que le reste du corps. On utilise aussi les termes dérivés chaudasse ou chaudaille.
CHIÂLER France: Pleurer. Québec: Se plaindre de façon constante, protester de manière insistante, faire des reproches répétitifs. Usage :« T’es jamais content, maudit chiâleux!? »
CHIARD France: Enfant, gamin, garnement. Québec: Une tâche pénible et difficile. Usage :« J’ai essayé de faire moi-même mon rapport d’impôts mais c’était trop un chiard, fa que (« ce qui fait que ») j’ai pris un comptable. »
CRISSER France: Grincer. Québec: Verbe à multiples usages, désignant une action brusque. Comme beaucoup de nos jurons, crisse a des origines religieuses catholique, et vient de Christ.Crisse et ses variantes, tout comme le mot schtroumpf dans le langage des Schtroumpfs, remplace aussi bien un nom, un verbe, un qualificatif ou une exclamation. Usage : « Crisser une volée. » = Foutre une raclée.
« Crisser aux vidanges. » = Jeter aux ordures sans ménagement.
« Crisser les brakes. » = Appliquer les freins en panique. « J’m’en crisse! » = Je m’en fous. « Être en crisse. » = Être fâché. « [Action quelconque] en crisse. » = Exprimer que le sujet de discussion est de niveau supérieur, aussi bien dans le positif que dans le négatif. Exemple: Il court en crisse = il court très vite. Il joue en crisse = c’est un excellent musicien. Ça pue en crisse = C’est particulièrement nauséabond. « [Action quelconque] comme le crisse. » = Contrairement à l’exemple précédent, comme le crisse n’est utilisé que pour exprimer du négatif. Ex: Y’é lette comme le crisse! = il est très laid! « Oreille de crisse. » = Tranche de lard séchée frite dans l’huile qui a pris la forme d’une oreille lors de sa cuisson. Selon l’une des nombreuses légendes sur l’origine du nom, ça viendrait de crispers (croustilles) mal interprété en Christ ears, et traduit comme tel. « Ça goûte le crisse. » = Ça goûte mauvais. « Un crisse de bon deal. » = Une très bonne affaire. « Au plus crisse! » = Le plus rapidement possible. « P’tit crisse. » = Petit voyou, garnement. « Elle m’a crissé-là! » = Elle a rompu avec moi. « C’est crissement l’fun! » = C’est vachement amusant. « Mon char est décrissé. » = Mon auto est démolie.
« Décrisse d’icite! » = Veuillez s’il vous plaît évacuer céans dans les plus brefs délais. Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« La neige crisse sous mes bottes. »
CROSSE France: Partie postérieure d’un fusil. Québec: Partie postérieure d’un fusil, bâton de hockey, sport (la crosse ou lacrosse), branlette, arnaque. Usage : « Cette annonce, c’est une crosse. » = Cette publicité est une arnaque. « Tu suces-tu ou tu crosses yink? »(Yink = rien que) = Pratiques-tu la fellation sur ton partenaire ou bien ne fais-tu que le branler?
CHAR France: Moyen de transport individuel de l’époque romaine, tiré par un ou plusieurs chevaux. Ou alors: Char d’assaut, un tank. Québec:Automobile. Usage :« J’ai pogné un accident, mon char y’é toutte décrissé. » Jusque dans les années 70, il y avait d’autres expressions telles:
« Le gros char. » = Le train.
« Le p’tit char. » = Le tramway.
« La track des chars. » = Le chemin de fer.
« C’est pas les gros chars. » Se dit de quelque chose qui a peu de valeur, qui est de mauvaise qualité.
CULOTTE France: Sous-vêtement féminin. Québec:La petite culotte = sous vêtements féminin, tandis que les culottes, au pluriel = Pantalon pour hommes. Usage : « J’me suis assis sur du goudron, j’ai toutt’ taché mon fond d’culottes. »
À l’époque où seuls les hommes portaient le pantalon, on disait de la mégère qui dominait son mari que « C’est elle qui porte les culottes dans le couple. » On utilise encore l’expression « Mettre ses culottes! » pour dire faire un homme de soi.
CARTABLE France: Mallette pour documents. Québec: Classeur à anneaux. Usage :« Mettez vos feuilles lignées dans vos cartables. »
CHÂSSIS France: Structure rigide sur laquelle sont attachés tous les éléments d’un mécanisme. Exemple: Châssis d’automobile. Québec: Fenêtre. Usage :« Y fait chaud, rouvre-donc l’châssis. » Vient du fait que justement, tous les éléments de la fenêtre sont attachés à un châssis.
CHAUDIÈRE France: Équipement de chauffage à l’eau. Québec: Seau. Usage :« Il m’a pitché une chaudière d’eau glacée su’à tête. »
DÉPANNEUR France : Service de remorquage pour véhicule en panne. Au Québec, on dit plutôt la remorqueuse, ou bien le towing. Québec : Petite épicerie-bazar de quartier ouverte toute la semaine, généralement de 8 :00 à 22 :00, mais certaines chaines comme le Couche-Tardsont ouvertes 24h. Nommée ainsi car, avant 1992, tous les commerces étaient fermés le dimanche. Ainsi, ce commerce, ouvert 7 jours et au-delà des heures des autres commerces, dépanne en cas de besoin. Usage :« J’m’en va chercher du lait au dépanneur. »
ÉCOEURANT France: Qui écoeure, qui dégoûte. Québec: Selon le contexte et l’intonation de la voix, il peut s’agir d’une situation qui écoeure, d’une personne dégoûtante, d’un truc formidable, ou bien d’un homme très admirable par sa beauté et/ou ses talents. Usage :« Je suis écoeuré par cette société de merde. » = Être dégoûté, découragé, comme au sens européen. « Il est écoeurant ce gars-là, à ne jamais se laver. » = Être dégoûtant. « Il m’a menacé de tout raconter, l’hostie d’écoeurant. » = Être un salopard. « WOW! Ces ailes de poulet sont écoeurantes. » = Formidable! Dans ce cas-ci, formidablement délicieuses. « As-tu vu le nouveau prof de gym? Y’é écoeurant. » = Être particulièrement beau, sexy, attirant, irrésistible. « Ce peintre est vraiment écoeurant. » = Être extrêmement talentueux.
L’utilisation positive de ce mot au Québec s’apparente au principe comme quoi une personne et/ou une chose puisse atteindre un tel niveau de perfection qu’elle en décourage la compétition. Bref; qu’elle l’écoeure.
FINE France: Mince, alcool (eau-de-vie de vin). Québec: Gentille. Usage :« T’es donc ben fine d’être venue m’aider. » Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« Ce mannequin a une taille fine. »
FOUFOUNE France: Au singulier : La vulve. Québec: Au pluriel : Les fesses. Usage :« Papa va taper les foufounes. » = Papa va faire panpan-cucul.
Depuis 1983, on a un bar nommé Foufounes Électriques à Montréal, dont le nom fait sourciller plus d’un touriste européen qui passe par là.
FIFI France: Neveu de Donald, frère de Riri et Loulou Québec: Homosexuel efféminé. Dérivatif de fifille, généralement réduit à fif. Usage :« J’me suis fait cruiser par un fifi. »
FOURRER
France: Farcir une nourriture par une autre nourriture. Exemple: Chocolats fourrés aux noisettes.
Québec: Mettre à un endroit, arnaquer, baiser. Pas dans le sens d’embrasser, on parle ici de l’acte sexuel.
Usage : « Où c’est qu’t’as encore fourré les clés? » = Où as-tu mis les clés? « J’me suis vraiment fait fourrer en achetant c’te bazou-là. » = Je me suis bien fait avoir en achetant cette bagnole. « Hostie que j’la fourrerais dans l’cul, elle. » = Diantre, je ressens fichtrement le désir de copuler sodomistement avec cette demoiselle.
GALERIE France: Endroit où on tient des expositions. Québec: Balcon. Usage :« La vieille d’en face passe ses journées assise sur la galerie. » Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« Je suis allé à l’exposition Images de Bites de Dali à la galerie d’art. »
GOMME France: Gomme à effacer. Québec: Chewing-gum. Usage :« Ferme la bouche quand tu mâches ta gomme. »
GOMMER France: Effacer. Québec: Couvrir accidentellement quelque chose d’une substance collante ou poisseuse. Usage : « J’ai changé ma chaîne de vélo, j’ai les mains toutes gommées. »
GOSSES France: Enfants. Québec: Couilles. Usage :« L’estie d’bitch m’a calissé un coup d’pied dans les gosses. »
GRAINE France: Un repas, comme dans « Casser la graine. » Ou alors un exemple à suivre, comme dans « Prenez-en de la graine. » Québec: Miettes ou pénis. Usage : « Mon toaster est full de graines de toasts. » « Ta femme divorce parce que tu l’as trompée? T’aurais dû garder ta graine dans tes culottes. » Mais on l’utilise aussi dans le sens français, en féminin de grain.
GUGUSSE France: Clown, individu grotesque. Québec: Un truc, un machin, une pièce de mécanisme, généralement de petite taille. Mot utilisé lorsque l’on ne connait pas le nom du truc en question. Usage : « J’ai perdu la gugusse pour ouvrir la boite de sardines. » À l’origine, dans les années 70, on disait plutôt gogosse, mais puisque gosses désigne les couilles, l’expression fut dévulgarisée en gugusse.
INNOCENT France: Non-coupable. Québec: Imbécile. Usage :« T’as encore confondu le fer à friser avec un suppositoire, maudit innocent? » Vient du fait que si un crime est commis par une personne atteinte d’une déficience intellectuelle, elle n’est pas en mesure de distinguer le bien du mal. Ce geste n’étant donc pas délibérément malfaisant, il est considéré comme étant accidentel. La personne est donc automatiquement déclarée innocente. Mais on l’utilise aussi dans le sens français, évidemment!
LIMONADE. France : Boisson gazeuse à saveur de citron. Québec : Boisson non-gazeuse à saveur de citron.
LIQUEUR France : Boisson à forte teneur d’alcool. Québec : Boisson gazeuse, coca. Usage :« On donne pas d’la liqueur brune aux enfants. » Car en effet, les colas foncés contiennent de la caféine, contrairement aux colas clairs, et sont donc décommandés pour les moins de 12 ans. Mais on l’utilise aussi dans le sens français: Jusque dans les années 70, les commerces deLa Société des Alcools du Québec (SAQ) se nommaient La Commission des Liqueurs.
LUMIÈRE France: Clarté. Québec: Clarté, ampoule, feu de circulation, phares d’auto, intelligence. Usage: « La lumière est brûlée. » = L’ampoule est grillés. « La lumière verte. » = Le feu vert. « Avance jusqu’à la lumière. » = Roule jusqu’au feu de circulation. « Mes lumières de char. » = Mes phares d’auto. « Hostie qu’t’es pas une lumière, toé! » = Diantre, mais vous n’êtes point brillant, monsieur.
MEDIUM France: Clairvoyant. Québec: Unité de mesure équivalent à « moyen », pour la taille d’un T-shirt, ou la température sur une cuisinière. Usage :« J’rentre pu dans des chandails médium, il me faut du large. » Mais on l’utilise aussi dans le sens français: « Est-ce qu’on sait ce qu’est devenue Jojo Médium? »
PAQUETER
France: Faire des paquets.
Québec: Saouler fortement.
Usage : « On s’est paqueté la fraise. » = On s’est saoulés la gueule.
PELOTE France: Matériel compacté en une boule, généralement de la ficelle ou de la laine à tricoter. Québec: Désignant d’abord le pubis, c’est devenu un synonyme de vagin. Se prononce plote, s’écrit souvent plotte. Mot très vulgaire. Usage :« J’ai la plotte en sang. » = Je suis menstruée. « C’te fille-là, c’t’une crisse de plotte! » = Cette fille est une salope. « Y’a d’la plotte icite à soir. » = Je constate la présence de plusieurs femmes à cette soirée. « Ma plotte! » = Terme macho et dégradant utilisé par certains hommes pour désigner leur amante. D’ailleurs, en général, dans leur vocabulaire, le mot plotte remplace femme. « Plotte à cash. » = Femme qui ne s’intéresse qu’au pognon des hommes. « Maudite gang de plottes! » = Bande de lâches. « J’ai la plotte à terre! » = Je suis épuisé.
PÉTARD France: Petit explosif, joint de marijuana, parfois diminué à pet, comme dans « Un pet de beu. » Québec: Petit explosif, personne sexy. Usage :« Woah! R’garde-moi l’pétard la-bas! J’te dis que j’y ferais pas mal. »
POCHE France: Sac, espace de rangement du pantalon ou d’un manteau. Québec: Sac, espace de rangement du pantalon ou d’un manteau, ennuyant, scrotum, incompétent, mauvais, jeu de cornhole. Usage :« Ce roman est poche. » = Ennuyant, sans intérêt.
« Il se gratte la poche. » = Se gratter le scrotum.
« J’ai poché mon examen » = Avoir échoué un contrôle. « Je suis trop poche au hockey pour aimer ça. » Je suis trop mauvais/incompétent dans ce sport pour aimer y jouer. « Jouer aux poches. » = Variante domestique du jeu de cornhole. Jeu qui consiste à lancer de petites poches de sable ou de grains sur une boite de bois dans laquelle il y a plusieurs trous, généralement 9, chaque trou valant un nombre X de points.
AVOIR DU POT France: Être chanceux. Québec: Posséder de la marijuana. Bien que ça s’écrive de la même façon, la prononciation est différente. En France, c’est pô, au Québec c’est pote. Usage :« Hey man, t’as-tu du pot? » Avec l’accent, ça sonne: « Heille manne, t’as-tu du pote? »
PORTABLE France: Téléphone cellulaire. Québec: Ordinateur à piles, laptop.
De nos jours, avec les téléphones qui ont les fonctions d’un ordi et vice-versa, le terme portable est désuet.
PQ France: Papier cul. Québec: Parti Québécois (politique), Province de Québec (Remplacé officiellement par QC depuis les années 80). Usage : « René Lévesque, en tant que chef du PQ, était notre meilleur représentant au cabinet. » (Jeu de mots intentionnel)
SAOULER France : Enivrer, et énerver. Québec : Enivrer seulement. Usage : « Elle m’a saoulé toute la nuit. »
SÉCHER France : Ne pas se présenter à ses cours. Québec : Attendre en vain, avoir été oublié. Usage : « Elle a dit qu’elle serait là avant minuit, elle m’a fait sécher toute la nuit. »
SÉRAPHIN France : Petit ange. Québec : Avare, Harpagon. Usage : « C’est pour une bonne cause, fais-pas ton Séraphin. » Vient de Séraphin Poudrier, personnage reconnu pour sa grande avarice, créé par l’auteur québécois Claude-Henri Grignon, tiré de la série Les (Belles Histoires des) Pays d’En-Haut, d’abord écrit en romans, puis adaptés à la radio, la télé et le cinéma.
TANK France: Char d’assaut. Québec: Char d’assaut, mais aussi réservoir, puisque les anglais utilisent également le mot tank en ce sens. Sauf qu’on le prononce tinque. Usage :« La tank à gaz. » = Le réservoir à essence.
« La tank à eau chaude. » = Le chauffe-eau.
« Tanker » prononcer tinqué = Mettre de l’essence dans le réservoir.
TANNER France: Travailler dans une tannerie. Québec: Énerver, saouler dans le sens non-alcoolique du terme. Usage :« Chuis tanné, là! » = Alors là, j’en ai marre.
TICKET France: Billet de cinéma, (avoir un) ticket = plaire. Québec: Se prononce Tsikette: Contravention. Usage :« J’ai pogné un ticket de stationnement. »
TOTON France: Toupie. Québec: Sein, ou idiot. Usage :« La chick a des gros totons! » = Cette demoiselle a une généreuse poitrine.
» T’es donc ben toton! » = Non mais quel idiot!
TOUTOU France: Chien. Québec: Animal en peluche. Usage :« Avec quel toutou veux-tu dormir? »
TURLUTTE France: Fellation. Québec: Chant traditionnel québécois utilisant des sons modulés au lieu de mots, popularisé par La Bolduc. Usage :
UNE P’TITE BITE France: Un petit pénis. Québec: Équivalent de « Un peu. » Usage :« Si je veux du pop-corn? Ouais, j’vais en prendre une p’tite bite. » Vient de la tendance québécoise à s’inspirer des expressions anglophone, dans ce cas-ci « A little bit. » Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« Il se disait viril… J’ai rien senti, avec sa p’tite bite de Schtroumpf. »
VADROUILLE France: Promenade, voyage. Québec: Serpillière. Usage :« Passe la vadrouille, y’a encore un saoulon qui a vomi aux toilettes. »
VIDANGES France: Filtrer du liquide usé (eau, huile, etc) ou la remplacer par de la neuve. Québec: Rebuts, déchets, poubelles. Usage :« Sortir les vidanges. » = Mettre les poubelles sur le trottoir le jour du passage des éboueurs. Mais on l’utilise aussi dans le sens français:« Chus allé au garage, faire faire la vidange d’huile sur mon char. »
VOYAGE France: Partir à l’étranger, trip de drogues. Québec: Partir à l’étranger, étonnement, transport de matériel. « Un voyage de [terre, bois ou autres matériaux] » = Un plein véhicule de matériel à déplacer. « Ah ben j’ai mon voyage! » = Ça alors, c’est pas croyable!
Dans ce dernier cas, il faut probablement prendre voyage dans le sens de voir, puisque dire « J’ai mon voyage! » signifie aussi « Alors là, j’aurai tout vu! »
C’est tout ce que j’ai trouvé pour l’instant. Il ne me reste plus qu’à terminer avec cette leçon de vocabulaire tirée du filmBon Cop, Bad Cop. Parce que toute bonne leçon de langue étrangère se doit de commencer par les jurons.
Un joueur de cartes ne s’est jamais demandé qui a dessiné le valet, la reine et le roi sur ses cartes. Personne, en déjeunant, n’a jamais regardé sa bouteille de sirop en se demandant qui a peint Aunt Jemima. Et la majorité des gens qui s’envoient les mêmes blagues qui circulent sur le net depuis 1997 ne se demandent jamais qui les a écrites. Ça fait tellement partie de notre décor qu’il ne nous vient pas en tête qu’à l’origine, il y a une personne qui a créée ça.
Et dans le cas du plus ancien texte viral québécois sur le net, cette personne, eh bien, c’est moi!
Février 1996, Saint-Hyacinthe. Dans ma chambre, chez mes parents, je me creuse la tête sur un travail d’école. Pas une étude ni un devoir. Non, je parle d’un truc vraiment important pour le jeune wannabe-riche-et-célèbre prétentieux que je suis : Ma chronique humoristique dans le journal étudiant Vox Populi du Cégep André-Laurendeau.
Mes trois premiers textes n’avaient récolté qu’indifférence des lecteurs. Le 4e et dernier, par contre, intitulé 20 éléments sans lesquels Noël ne serait pas ce qu’il est ne cesse de me rapporter des félicitations. Je comprends alors qu’un texte humoristique sous la forme d’une courte liste est une formule gagnante. Je rebaptise ma chronique Le Décompte Requin Roll. Il ne me reste plus qu’à en trouver le prochain sujet.
Presque un an plus tôt, j’avais commencé une liste de sept noms de famille composés qui forment d’amusants jeux de mots. Je prends le bottin téléphonique local et note les patronymes francophones qui me semblent avoir du potentiel pour en faire d’autres. En quelques heures, ma liste passe de sept à vingt. Je rajoute un petit commentaire amusant après chaque nom composé, et je soumet ce texte au Vox le lendemain. Un mois plus tard, mon décompte est publié.
1997:Je fais mes débuts sur le net en construisant ma première page web personnelle sur la plateforme Geocities. J’y expose mes meilleurs textes et dessins, incluant les sept Décomptes Requin Roll que j’ai écrit.
1998: On me signale que trois de mes noms composés ont déjà été faits dans les années 70 par l’humoriste Yvon Deschamps. Je demande plus de détails à ce sujet à mes lecteurs et lectrices. L’une d’elle me répond qu’à l’époque où les enfants ont commencé à porter les noms de famille de leurs deux parents, Yvon s’était amusé à imaginer ce que ça donnerait au bout de quelques générations, si les noms s’accumulaient : « Moreau Bordeleau Lemoine Allaire Durant Lacasse Dubois Léger Auger Gagné Legros Montant Moran Voyer Leboeuf Haché ». La coïncidence m’a amusé et j’ai rajouté ce fait en bas de la page de ce décompte.
Geocities et ses couleurs pétantes.
1999: Avant l’existence de Facebook, c’est via courriel que l’on ennuyait nos contacts avec des pensées du jour, des légendes urbaines, des textes drôles, ainsi que des chaines de lettres promettant que Bill Gates et Walt Disney Jr nous récompenseraient de les rediffuser. C’est ainsi que j’ai eu la surprise de recevoir un jour mon propre texte de noms de familles. Un visiteur anonyme de ma page l’avait copié-collé et envoyé à tous ses contacts, dont certains l’ont à leur tour envoyé à tous leurs contacts, et ainsi de suite. Éventuellement, une de mes amies a fini par le recevoir, et me l’a envoyée.
À l’an 2000, plusieurs connaissances me disent avoir reçu mon texte. Sur AltaVista, le plus populaire engin de recherche pré-Google, je trouve une cinquantaine de pages web et forums qui l’affichent. En les parcourant, je constate qu’il en existe maintenant différentes versions :
La version originale, avec en-tête expliquant sa provenance.
Une version avec un en-tête affirmant « Ce sont de vrais noms de québécois. »
Une version avec les noms seulement, sans les commentaires.
Des versions censurées, sans les combinaisons vulgaires.
Des versions retravaillées, sans vulgarités et en bon français.
Des versions allongées, qui y ont rajouté les classiques « Marin-Gouin » et « Yoland-Gingras » bien que Yoland soit un prénom.
Et des versions dans lesquelles d’autres s’approprient la paternité de mon texte.
Ces dernières m’amusent moins. Aussi, puisque de toute façon aucun de ces posts n’inclut mon nom, je commencé à écrire à chaque webmaster pour lui signaler que j’en suis l’auteur, avec lien vers l’original sur ma page. Certains me créditent, d’autre non, alors que d’autres encore effacent le texte.
En 2005, l’Université du Québec à Trois-Rivières publie sur son site une étude sur les aptonymes (nom de famille d’une personne qui est étroitement lié à son métier ou à ses occupations). Elle y présente ma liste de nom comme étant le fruit d’une recherche sérieuse. Je leur écris et rétablis les faits. Le lendemain, leur texte est modifié. Ils qualifient maintenant ma liste de canular d’étudiant. Ou bien ils n’ont rien compris, ou alors mes révélations ont froissé quelqu’un.
Le début des années 2000 m’a permis de voir mon texte déborder des frontières du net et envahir d’autres médias, alors que le magazineDélirele publie dans son courrier des lecteurs.
En 2003, l’animateur Marc-André Labrosse la cite dans son émission du soir surCKMF / Radio Énergie / NRJ.En 2005, c’est Patrice Lécuyer dans son émission du midi àCKOI. La même année, ma mère m’appelle pour me dire qu’elle l’a entendue à la télé, au matin, à l’émission Salut Bonjour.
En septembre 2004, le même chroniqueur la publie une seconde fois, mais en version extrêmement écourtée.
Un lecteur anonyme découpera du journal cette version, la prendra en photo et mettra l’image résultante sur le net. Vous l’avez peut-être déjèa vue.
En 2012, cette image permettra à un autre chroniqueur de se faire lui aussi une poignée de change sur mon talent.
Comment est-ce qu’on se sent d’avoir créé un texte viral partagé des millions de fois dans toute la francophonie de la planète? Tout d’abord, étonné. Je l’ai seulement écrit, jamais distribué. Alors qu’il ait ainsi pris vie par lui-même, ça a de quoi surprendre.
Ensuite, je dois avouer que me suis toujours senti un peu floué. C’est quand même chiant de voir qu’après avoir envoyé en vain mes CV à la radio, la télé et autres médias, ce sont ceux qui occupent déjà ces postes qui s’y font de l’argent avec mes écrits.
Et malgré tout, il reste le sentiment de fierté. Ma création est quand même active non-stop dans médias sous toutes leurs formes depuis deux décennies, ce qui en fait l’un des plus viraux des textes viraux, l’un des premiers à être francophones, et le tout premier d’origine québécoise.
Et puis, ce n’est pas comme si j’avais à me plaindre. J’ai quand même écrit régulièrement de 1988 à 2008 dans des publications telles que Wow!, Safarir, Le Journal de Montréalet Summum, pour ne nommer que les plus connus. Et mes talents d’auteur furent reconnus au point de me mériter ma propre page sur Wikipedia, ce qui est toujours bon à glisser dans une conversation quand on essaye d’impressionner l’autre.
C’est sûr que si on divise ça par les années qui se sont écoulées depuis la création de mon texte, ça ne fait pas cher de l’heure. Mais bon, c’est déjà ça.
Faits Divers
Sur l’air de « C’est l’hiver » (Let It Snow)
Nous glissons sur la neige blanche Fonçant dans les sapins verts On a négligé de mettre nos
Pneus d’hiver, pneus d’hiver, pneus d’hiver!
En pelletant avec trop d’ardeur Un monsieur fait une crise du coeur une autre victime de l’hiver Quel calvaire, quel calvaire, quel calvaire!
Le Bon Dieu dans son paradis Doit s’amuser à rire de nous Car lui il est bien à l’abri Pendant qu’on se casse le cou
En glissant sur la neige blanche Mémé tombe sur son derrière Ça lui a fracturé la hanche C’est l’hiver, c’est l’hiver, c’est l’hiver!
Le Party d’Bureau est Ce Soir.
Sur l’air de « Père Noël Arrive ce Soir »
On est vendredi Tu t’en vas chez toi Tu crois qu’t’as fini
Mais ce n’est pas l’cas
Le party d’bureau est ce soir
Le boss est gentil Même si toute l’année C’est rien qu’un pourri Qui aime vous faire chier Le party d’bureau est ce soir
Deux tickets d’alcool gratis Tirages à toutes les heures Le repas a cinq services Et est servi en cinq heures
Voici le DJ Pour mettre de l’entrain Il joue des tounes des Années 80 Le party d’bureau est ce soir
Si certains abusent Des consommations C’est juste une excuse Pour agir en con Au party de bureau ce soir
Et bien que ça n’te tentes pas Tu restes jusqu’à la fin Enfin tu rentres chez toi À trois heures du matin.
Tu es convaincu Qu’t’as pas eu l’air plouc Jusqu’à c’que t’ais vu Les photos sur Facebook Du party d’bureau de ce soir
Ta blonde demand-e Des explications Et tu songes à re- mettre ta démission Suite au party d’bureau d’ce soir
Aglagla
Sur l’air de « Falala »
Le mois d’décembre est commencé Aglaglaglagla-glagla-glagla Dehors, la nature est congelée
Aglaglaglagla-glagla-glagla
Pour sortir, faut bien s’habiller
Aglagla, aglagla, glaglagla
Pour éviter de se les geler
Aglaglaglagla-glagla-glagla
Les bords des fenêtres ont des fissures Aglaglaglagla-glagla-glagla Qui laissent pénétrer la froidure Aglaglaglagla-glagla-glagla Qui descends la température Aglagla, aglagla, glaglagla Et qui fait monter la facture Aglaglaglagla-glagla-glagla
Déglacer l’auto prend une heure Aglaglaglagla-glagla-glagla Et quand on entre à l’intérieur Aglaglaglagla-glagla-glagla C’est comme dans un congélateur Aglagla, aglagla, glaglagla C’est long avant qu’y’aille la chaleur Aglaglaglagla-glagla-glagla
Il y en a que l’hiver réjouit Aglaglaglagla-glagla-glagla Qui font du patin et du ski Aglaglaglagla-glagla-glagla Mais qui finissent quand même au lit Aglagla, aglagla, glaglagla Avec grippe, rhume ou pneumonie Aglaglaglagla-glagla-glagla
On veux pu d’bottes ni de manteaux Aglaglaglagla-glagla-glagla Ni du Celsius en bas d’zéro Aglaglaglagla-glagla-glagla L’été s’ra là bien assez tôt Aglagla, aglagla, glaglagla Pour qu’on puisse chiâler qu’il fait chaud Aglaglaglagla-glagla-glagla
Grosse Ballade en Auto Sur l’air de « Promenade en traineau »
Il est très tôt, mon père nous amène Chez les grands-parents. Y’é pas trop sûr du chemin, on y va Seulement une fois par an. En voulant dépasser un aut’char Mon père manque sa sortie Nous qui devions nous rendre à Brossard On s’retrouve à Granby.
Vire à gauche, vire à droite, vire à gauche, ohé Où est-ce qu’on est? Mon père y commence à s’énerver, Sens unique, cul-de-sac, rue barrée, ohé. On est égaré Partout où on va, c’est de l’inconnu On est bien perdus
Ma mère suggère qu’on aille au garage Pour se renseigner En entendant ça, mon père y s’enrage Ma mère l’a insulté Y’é capab’ de s’débrouiller tout seul Et de trouver l’bon ch’min mais comme y r’garde pas la route quand y gueule On fonce dans un sapin
On avance, on recule, rien à faire, le char est… Coincé. Il faut caller un towing qu’y vienne nous dé… gager. Mon père est enragé, y dit que c’est d’not’ faute si le char est pogné Si on est dans l’banc d’neige, c’parce qu’on l’a énervé.
Finalement, on réussit à trou- ver la bonne sortie On arrive enfin chez mes grands-parents vers seize heures et demie Ils disent que cette année on est tôt et que c’est très bien. Mais c’qu’y savent pas, c’est qu’on est partis d’chez nous à six heures du matin Mais c’qu’y savent pas, c’est qu’on est partis d’chez nous à six heures du matin Mais c’qu’y savent pas, c’est qu’on est partis d’chez nous à six heures du matin
C’est le printemps. Le beau temps arrive et vous voulez séduire cet été. Sauf qu’en vous regardant dans le miroir, vous comprenez pourquoi qu’à part le rhume, vous n’avez pas attiré grand chose depuis le début de l’année. Le bel Adonis de 18 ans que vous étiez jadis a aujourd’hui le double de son âge, mais aussi de son poids. Vous décidez alors de changer radicalement votre style de vie. Ça suffit, le niaisage! On se reprend en main.
Vous achetez un kit d’entraînement maison, vous vous inscrivez à un gym, vous suivez un régime végétarien, vous commencez à vous mettre au jogging, vous vous inscrivez à un salon de bronzage, vous achetez tout plein de supplément alimentaires en poudre pour smooties qu’utilisent les athlètes, vous achetez des rollerblades, toute une garde robe de sportif incluant short de cycliste, casque, protège coudes, protège genoux, gants, camisole Nike, et vous vous vantez d’avance à tous vos amis comment vous deviendrez une masse de muscles digne d’un dieu de l’Olympe en un rien de temps.
Premier mai Vous vous exercez à fond. La vie est belle, la perspective de devenir Mr Univers est attirante, le moral est bon, rien ne vous semble impossible. Vous y allez fort.
2, 3 et 4 mai Vous ne pouvez faire aucun exercice tellement vos muscles sont endoloris par les exercices du 1er mai.
5 mai En attendant que vos muscles finissent de récupérer, vous décidez de vous mettre à la course à pieds. Vous sortez de la maison, vous virez à gauche au trottoir, vous allez droit devant vous et vous courez allègrement. Quatre minutes et deux rues plus loin, vous êtes obligé d’arrêter tellement vous n’en pouvez plus. Vous revenez à la maison en marchant tout en restant essoufflé tout le long du trajet.
Une fois reposé, vous décidez de ne pas rester sur cet échec et vous repartez de plus belle, cette fois en rollerblades. Vous partez, et revenez à la maison au bout de deux heures après avoir successivement failli tomber dans les escaliers en sortant, vous être accroché à presque tous les murs, piquets et poteaux de chez vous jusqu’à la rue, avoir foncé sur quatre personnes, deux autos stationnées et un mur parce que vous n’avez pas la moindre idée de comment est-ce qu’on freine sur ces engins de mort, être tombé sept fois dont quatre en essayant de tourner un coin de rue et enfin vous vous êtes étendu de tous votre long dans les escaliers alors que vous les escaladiez pour rentrer chez vous lorsque les roues se sont traîtreusement dérobées sous vos pieds. En plus de vous être meurtri et égratigné sur toutes les parties de votre corps non protégées, vous aurez mal au mollet pour les deux prochains jours.
7 mai Vous allez à votre première séance de gym et vous vous sentez déjà humilié d’être le plus maigre de la place. Des bras, en tout cas, parce qu’au niveau du ventre, c’est l’inverse. Les appareils que vous voulez utiliser sont toujours pris et vous n’osez pas demander à ceux qui les utilisent de vous céder la place. Par contre, les autres ne se gênent pas pour vous dire que vous occupez un appareil qu’ils doivent utiliser maintenant. Vous sentant complètement hors de votre élément, vous ramassez vos affaires et quittez le gym sans même prendre de douche pour ne plus jamais y revenir. Dommage pour votre abonnement d’un an payé d’avance et non remboursable dans le cadre de leur spécial Abonnez-vous-pour-six-mois-et-obtenez-six-autres-mois-pour-la-moitié-du-prix-d’un-abonnement-d’un-an.
8 mai Vous faites des exercices à la maison mais le cœur n’y est pas. De plus, votre régime végétarien vous laisse sur votre faim, ce qui joue sur votre humeur. Le soir venu, vous trichez pour la première fois votre régime végétarien.
9 mai Quel régime végétarien?
10 mai Ça y est, vous avez recommencé à manger comme avant. La seule chose qui change, c’est votre milk-shake aux suppléments alimentaire que vous continuez de vous faire 5 jours par semaine. Au prix que ça coûte, ce serait bête de gaspiller ça.
12 mai Vous décidez de ne plus vous exercer avec votre gym maison que deux fois par semaines. Ayant l’habitude de charger vos haltères à la limite de ce que vous pouvez soulever, vous ne pouvez faire que des séances de 5 à 10 minutes avant épuisement total. Vous pourriez réduire le poids de vos appareils afin de vous exercer plus longuement mais votre orgueil vous l’interdit. Vous faites plutôt des efforts supplémentaires pour les soulever, en vous disant que vous finirez bien par vous adapter.
13 mai Vos maux de dos, dus aux trop grands efforts de la veille que vous avez mis pour soulever vos haltères, vous forcent à cesser vos exercices pour les dix prochains jours.
23 mai Vous constatez avec déception que douze séances de salon de bronzage plus tard, votre teint n’est toujours pas plus brun. Juste un peu plus rouge.
30 mai Laitue, tofu, soja et autres légumes achetés en grande quantité au début du mois se retrouvent à la poubelle après avoir pourris dans votre frigo parce que intouchés durant les trois dernières semaines.
7 juin Vous terminez vos vingt séances initiales de bronzage sans avoir bruni d’un poil, si ce n’est ce curieux hâle légèrement orangé que vous semblez avoir autour des yeux. L’employée du salon vous encourage à renouveler votre abonnement car, dit-elle, maintenant que votre épiderme s’est habitué aux rayons UV, vous devriez commencer à bronzer sous peu. Avec la désagréable impression que vous vous êtes fait arnaquer solide, vous lui répondez gentiment que vous repasserez vous réabonner dans la semaine. Vous ne le ferez jamais.
9 juin Vous vous regardez dans le miroir de la salle de bain. Vous n’avez pas bronzé. Vos muscles n’ont pas grossis. Par contre les milk-shakes aux suppléments alimentaire combinés à votre régime normal vous ont fait prendre du ventre.
10 juin Vous faites vos exercices pour la dernière fois ce mois-ci.
1er juillet Votre déménagement vous montre une chose: Ces trois dernières semaines de paresse vous ont remis au niveau complètement-pas-en-forme dans lequel vous étiez avant le premier mai.
17 juillet Maintenant que vous avez enfin fini de vous installer dans votre nouveau logis, vous vous accordez une pause en vous jurant de recommencer les exercices dès le premier aout.
Du 1er aout de cette année jusqu’au 1er juin de l’année prochaine Vous refaites trois ou quatre tentatives de reprise des exercices dont la plus longue ne dépasse pas deux semaines.
14 juin l’an prochain Vous faites une vente de garage où vous tentez de vendre votre kit d’entraînement maison, vos rollerblades, et votre garde robe de sportif incluant short de cycliste, casque, protège coudes et genoux, gants et camisole Nike. Vous arrivez à vendre le quart de votre matériel et vous récupérez ainsi le 3/100e de l’argent que vous avez investi dans votre forme il y a un an. Vous êtes obligé d’emporter ce qui reste de votre équipement lors de votre déménagement. Ça ira encombrer vos placards pour les années à venir, ce qui vous rappellera votre échec à faire de l’exercice à chaque fois que vous mettrez les yeux dessus
Je ne sais pas si c’est le cas en Europe, mais ici, au Québec, lorsque revient le temps des fêtes, la télé nous présente quelques dessins animés classiques tels Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre, Les 12 Travaux d’Astérix, ainsi que des aventures de Lucky Luke telles La Ballade des Dalton et Daisy Town. Avec les années, d’autres dessins animés de ces deux séries se sont ajoutées à la programmation. Mais pour aussi loin que je me souviens, et j’ai tout de même 46 ans, ces cinq-là ont toujours fait partie de cette tradition. Et puisque c’est une tradition, je les regarde sans faute à chaque année.
Or, en prenant de l’âge, notre perception change. Ces films que je regardais hier avec des yeux d’enfant, je les vois aujourd’hui avec des yeux d’adulte. Ça m’a permis de constater que Daisy Town contient les neuf leçons de vie suivantes:
LEÇON 1: L’intimidation et le terrorisme, ça fonctionne. Depuis tout récemment, on peut enfin voir en version non-censurée le speech final de l’épisode 201 de South Park, sorti en 2010,dans lequel Kyle nous dit exactement ça. Il ne nous apprend cependant rien puisque, presque quarante ans plus tôt, c’est ce que nous montrent les citoyens de Daisy Town face à la menace que constituent les Dalton.
LEÇON 2: La lâcheté des gens est telle qu’ils préfèrent protéger les malfaiteurs plutôt que d’aider la justice. C’est ce que fait la population de Daisy Town en étalant généreusement les sophismes.
D’abord ils rendent positifs les gestes négatifs des Dalton, appelant ça du progrès. Et ensuite, ils rendent négatifs les gestes positifs de Lucky Luke, appelant ça une entrave au progrès.
LEÇON 3: On ne peut pas aider une victime consentante.
Les citoyens de Daisy Town commencent par demander à Lucky Luke de les aider car ils n’en peuvent plus de vivre sous la menace de la racaille. Mais dès qu’il cherche à s’attaquer à la racaille qui les menace, ce qui est pourtant ce qu’ils lui ont demandé de faire, ils changent d’avis et essayent de l’en dissuader. Ce thème avait déjà été abordé deux ans plus tôt dans l’album Jesse James, en remplaçant Daisy Town par Nothing Gulch, et les frères Dalton par les cousins James. Et tout comme dans cet album, Lucky Luke se trouve écoeuré par tant de couardise. De toute façon, puisqu’il est impossible de se battre à la fois contre les agresseurs et les agressés, il ne lui restait plus qu’une seule option:
LEÇON 4: Il faut diviser pour régner. C’est ce que font les Dalton: Par la terreur, ils divisent Lucky Luke des citoyens de Daisy Town, ce qui leur permet de régner sur la ville. Plus tard, Lucky Luke prend sa revanche en profitant de la naïveté d’Averell en lui montant la tête contre ses frères, les divisant, ce qui lui permet d’en venir à bout.
LEÇON 5: Les bons ne valent pas toujours mieux que les méchants, même qu’ils sont parfois moins honnêtes. Vers la fin, réalisant qu’il ne pourra pas arrêter la civilisation des hommes blancs, le chef indien leur propose un arrangement en échange de l’occupation de ses terres:
Lucky Luke, qui semble se prendre pour le porte-parole de la civilisation blanche, accepte au nom de sa race. La paix est rétablie. Happy end? Pas pour les indiens, en tout cas. On n’a qu’à ouvrir n’importe quel bouquin sur l’histoire du Far West pour voir que la réalité sur l’avenir des indiens d’Amérique, c’est plutôt Joe Dalton qui la leur donne honnêtement.
LEÇON 6: Dès qu’il est question d’argent, la loyauté fout le camp. Quelle récompense reçoivent les Dalton de la part des indiens après avoir prévenus ceux-ci contre les méfaits futurs de l’homme blanc envers leur peuple? Une seule chose: La trahison!
Et alors qu’ils ont passé les premiers 9/10e du film à fonder et défendre Daisy Town, à être fiers de leur ville, comme le démontre le maire qui nous sert ce discours deux fois de suite …
Il suffit qu’un vieux gâteux vienne annoncer:
.. pour que tout le monde abandonne la ville pour l’or. Et malgré son beau discours, le maire n’est pas le dernier à le faire. Au contraire, il est le tout premier.
LEÇON 7: Sois là pour les gens qui sont dans le besoin, ces gens t’abandonneront lorsque tout ira bien. En effet, dès que la richesse arrive, tout le monde s’en va et abandonne Lucky Luke sans hésitation ni la moindre petite pensée pour lui qui a tant fait pour eux.
Cette réaction a beau être injuste, elle n’en est pas moins normale. Car comme je l’expliquais déjà il y a quatre ans dans La malédiction du bon gars gentil et sauveteur, aux yeux des citoyens, consciemment ou non, Lucky Luke représente ce qu’il y a de pire en eux, car sa présence est étroitement reliée à … :
Leur faiblesse, en demandant son aide.
Leur lâcheté, en se retournant contre lui par peur des Dalton.
Leur hypocrisie, en agissant comme si le problème était Luke et non les Dalton.
Leur cupidité, en abandonnant tout, 0.4 secondes après avoir appris qu’il y avait de l’or dans les collines.
Leur manque de loyauté, en abandonnant Daisy Town, pourtant supposée si chère à leurs yeux
Inviter Luke à profiter de leur nouvelle fortune, ça leur rappellerait, à chaque fois qu’ils le verraient, à quel point ils sont faibles, lâches, hypocrites, cupides et déloyaux. Il était alors beaucoup plus facile pour eux de le fuir, plutôt que de faire face à leurs propres travers.
LEÇON 8: Aider les gens qui ne sont pas capables de se sortir de leurs problèmes par eux-mêmes, c’est une perte de temps.
Après que Lucky Luke ait consacré son temps et ses énergies à faire de Daisy Town un endroit où il fait bon vivre, les citoyens abandonnent la place, la laissant tomber en ruine. Et le plus choquant, c’est que celui qui a fait le plus d’efforts pour sauver cette ville, et ce pour absolument rien, c’est celui qui était le moins concerné, puisqu’il n’y habitait même pas. Ce qui démontre que dans le fond, les citoyens n’en avaient rien à chier de leur ville. Sinon, ils auraient fait l’effort de régler leur problèmes eux-mêmes, au lieu de refiler cette tâche à un étranger de passage.
LEÇON 9: Plus une personne se démène gratuitement pour autrui, moins il reçoit de respect de leur part. Si tu n’accordes aucune valeur à tes services, les gens considéreront que tes services ne valent rien. Pas surprenant qu’ils ont tenté de lui faire obstacle au début, et qu’ils l’ont abandonné à la fin. Il ne faut pas s’étonner après ça si ce cowboy se retrouve toujours aussi poor que lonesome à la fin de ses aventures.
Daisy Town, ce n’est pas seulement un dessin animé destiné à amuser les enfants. C’est un regard impitoyable sur la vie, sur les gens, et sur la société. Et si ce regard n’en voit rien de bon, c’est hélas parce qu’il n’est que trop réaliste.
Mon pauvre sapin
Qui se défait
Hostie que tu fais dur-e
Tes branches sont à moitié cassées
Tes guirlandes sont effilochées
Ton pied tient avec du scotch tape
Ton p’tit Jésus n’a plus d’tête
Mon pauvre sapin Aucun respect On te fait la vie dur-e Le chat qui vient casser tes boules Les flos qui t’arrosent de lait d’poule Tes lumières veulent pu s’allumer Ton cas est désespéré
Toi que mon père amena chez nous En 1980 Tu fus jadis un beau sapin Plein de glaçons, d’étoiles et d’anges Mais quand cette année prendra fin On va t’crisser aux vidanges
C’EST DU VENT
(sur l’air de : Vive le Vent)
Sur le long chemin
l’auto d’mon père avance
Mais la circulation fait qu’on n’avance pas trop bien
Chez grand-maman, les autres
Démontrent de l’impatience
En regrettant l’erreur qu’ils ont fait en nous invitant
C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
On se dit qu’on s’aime mais toute l’année on s’fait l’air bête
Oh! C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
Politesses et compliments qui n’ont rien de sincères
Après s’être perdu
En ratant un virage
Mon père frustré s’enrage, chaque fois qu’il s’arrête à un feu
On entre dans la maison,
Toute la bouffe est prête
Mais là c’est rendu frette, ça commence mal le réveillon
C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
On se dit qu’on s’aime mais toute l’année on s’fait l’air bête
Oh! C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
Politesses et compliments qui n’ont rien de sincères
«Joyeux joyeux Noël»
Que l’on se dit
Alors qu’au fond on pense
«Va donc chier mon estie!»
Oh! C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
On se dit qu’on s’aime mais toute l’année on s’fait l’air bête
Oh! C’est du vent, c’est du vent, la période des fêtes
Heureusement que l’on se ment sinon ce s’rait l’enfer
Sinon ce s’rait l’enfer.
ENVAHI PAR 10 000 ENFANTS
(sur l’air de Il Est Né le Divin Enfant)
Envahi par dix mille enfants Les centres d’achats dans le temps des fêtes Deviennent grouillants et très bruyants C’est pareil que l’an précédent
Depuis plus de 80 ans Ça s’passe toujours de cette façon Ça nous dérang-e et pourtant On n’en tire jamais de leçon
Envahi par dix mille enfants Le magasinage du temps des fêtes Est un calvaire qui est très chiant J’aurais dû venir bien avant
LA FAMILLE SE SAOULE EN CHRIST, MAN!
(Sur l’air de We Wish You a Merry Christmas)
Mes oncles se saoulent en Christ, man! Mes tantes se saoulent en Christ, man! Mes neveux se saoulent en Christ, man! Mes grands-parents aussi.
Mon papa se saoule en Christ, man! Ma maman se saoule en Christ, man! Moi aussi j’me saoule en Christ, man! On est chaud en hostie!
MENU CRÉTIN
(Sur l’air de : Minuit Chrétien)
Le PFK Poulet du Colonel-e J’aimerais tant que tu sois parmi nous Pour remplacer La dinde que l’oncle Marcel-e A si mal cuit Elle n’a plus aucun goût
Oh! Mon dentier
Trésaille d’espérance
Pour un souper
Qui a de la saveur.
J’souhaite à genoux Pour une livraison de Poulet, poulet Je prie pour qu’un livreur, de Poulet, poulet Devienne notre sauveur
IL FAUDRAIT QUE L’ON SE SOIGNE
(Sur l’air de Les Anges dans nos Campagnes)
La dinde et l’pâté d’campagne
Les patates, les atocas La bûche et le faux champagne Se bousculent dans mon estomac
Oh, oh-oh-oh-oh-oh, oh-oh-oh-oh-oh, oh-oh-oh-oh-oh lala Je sens que ça n’passe pas Oh, oh-oh-oh-oh-oh, oh-oh-oh-oh-oh, oh-oh-oh-oh-oh lala J’viens d’vomir su’l’sofa.
Vous ne parlez pas espagnol? Qu’importe: Allez-y phonétiquement.
PÉNIS DANS VISAGE
(Hallucination auditive de Feliz Navidad)
Penis dans visage Penis dans visage Penis dans visage Grosse paire de garlos Oui, c’est discutable
Penis dans visage Penis dans visage Penis dans visage Grosse paire de garlos Ils s’les lichent, les sales
La ouananiche c’est amer en Christ, man La ouananiche c’est amer en Christ, man La ouananiche c’est amer en Christ, man Donne des boutons à ma porte
Les p’tites sandwichs à ta mère, c’est crissement… Les p’tites sandwichs à ta mère, c’est crissement… Les p’tites sandwichs à ta mère, c’est crissement bon Il faut qu’elle en apporte.
(Désolé pour les lecteurs européens qui ne comprendraient pas le joual, notre typique jargon du terroir québécois. Lexique sur demande 😉 )