Je vais vous faire un aveu; Je suis vraiment le pire des dragueurs. En bon québécois, j’ai pas l’tour pantoute pantoute. Et c’est pour ça que, depuis que je suis adulte, je ne drague pratiquement jamais. Quand je cruise une fille qui me plaît, c’est parce que c’est elle qui a commencé à me montrer des signes d’intérêt.
Ça commence à l’adolescence
Ado, j’avais en moi un mélange de timidité maladive et d’orgueil qui prenait très mal l’humiliation d’un échec draguesque. Mais comme j’avais horreur d’être timide, je m’efforçais de combattre ma nature en essayant d’être quelque chose que je n’étais pas, soit un gars qui a confiance en lui et en ses capacités de cruise. Grave erreur! Une fois, dans un party, je me dis que, logiquement, aucune fille n’osera jamais dire non à un gars qui lui demandera de danser un slow avec, et ce que le gars lui plaise ou non. Parce que, dans un contexte de joie, de fun et de positivisme qu’est un party, dire non à une telle demande, c’est mettre du négatif dans l’atmosphère, ce qui créé un malaise, et personne ne veut jeter le malaise dans un party.
Un slow commence à joue. Je fake une attitude de gars qui a l’air sûr de lui, je m’approche de la fille, je la demande à danser, elle dit non. Sous le choc, je reste planté là, à côté d’elle, comme le tarla que j’étais, sans rien oser rajouter, ni même partir.
C’est comme ça que j’ai appris à la dure que la seule personne qui ressent un malaise dans cette situation, c’est celui qui se fait repousser. Parce que ni elle ni personne d’autre n’a eu l’air d’en ressentir.
La vie d’adulte
La première fois que je suis allé en appartement, à 19 ans, en 1987, je sortais beaucoup. Ma forte libido me poussait à combattre mon naturel timide. Mais puisque l’attitude de drague n’était pas naturelle chez moi, j’ai accumulé grand nombre d’échecs suite à des tentatives maladroites. En vrac:
- La fille à qui je demande si c’est à elle, la pince à cheveux que je viens de trouver entre nous deux, elle qui dit non, et moi qui ne trouve rien d’autre pour enchainer que de continuer à lui demander si elle est bien sûre… Elle part.
- L’ex camarade de classe sur qui j’avais l’oeil 2 ans plus tôt, qui me voit, me reconnait, vient me saluer et me demande ce que je fais de bon. Et moi, full macho, qui lui sors un condom de ma poche en lui disant « Eh bien comme tu vois, je suis en chasse. » Elle m’a souhaité bonne chance, a cessé d’être chaleureuse, et quelques minutes plus tard sortait de ma vie pour toujours.
- La fille sur la piste de danse qui se fait aller de façon déchainée, et moi qui m’approche derrière elle afin d’entamer le dialogue en la complimentant sur sa façon de danser. Mais comme je suis arrivé dans son angle mort, POW, elle me sacre un coup de derrière de tête s’a yeule. Je saigne. Je pars aux toilettes. Quand je reviens, elle a disparu.
- Je spotte une fille au bar, je travaille mentalement sur ce que je dois lui dire pour l’aborder. Je fonce et commence à lui parler. Elle se retourne et dit: « What? » Constatant que c’est une anglaise, donc qu’elle n’a rien compris de ce que j’ai mis 15 minutes à trouver le courage de lui dire, je repars sans mot dire.
- Il ne faut pas croire que tout le monde a le sens de l’humour, surtout quand tu fais des jokes sur leurs pratiques sexuelles. Un ami super full beau dragueur nous avait pogné 2 filles bi qui étaient amantes maitresse-esclave. J’ai dit une niaiserie du genre de: « Vous autres, les sadomasochistes, vous êtes du monde spécial! J’imagine que ton plus grand fantasme c’est d’être attaché de la tête au pieds pendant qu’on te casse les doigts un par un, hein !? Hé! Hé! » Dois-je préciser qu’après avoir dit ça, le trip à 4 vers lequel on s’enlignait jusque là, n’est jamais arrivé?
C’était le (pas si) bon temps
En 1987, les gens étaient beaucoup moins ouvert sexuellement qu’aujourd’hui, et c’était 8 ans avant que le net commence à envahir tous les foyers. Je venait de foquer une occasion exceptionnelle, une occasion unique, surtout avec ce dont j’avais l’air dans le temps. Mais bon, j’avais 19 ans, et c’était la première fois que je sortais de mon village de St-Hilaire pour la grand’ville de Mourial.
Bref, voilà pourquoi j’ai cessé de draguer. À 20 ans, j’ai décidé que désormais j’allais me laisse approcher et je déciderais ensuite si je répond à ses avances ou non. De toutes façons, depuis la révolution féministe de 1993-2003, il est malvenu pour l’homme de se risquer à une drague non-sollicitée.
Un bonus surprise
Ça m’a pris quelques années avant de me rendre compte d’un truc: En cessant de draguer, j’ai automatiquement cessé de chercher à plaire à l’autre. Donc, j’ai cessé de jouer un jeu, j’ai cessé d’essayer d’être le genre de gars qui lui plaît. Bref, je suis resté moi-même. Par conséquent, quand une fille m’approchait par la suite, c’est parce qu’elle était vraiment attirée par moi, et non par par quelque chose que j’essayais de lui faire accroire faussement que j’étais.
Avoir su plus tôt qu’il suffisait de rester soi-même pour trouver quelqu’un qui aime ce que l’on est, je me serais évité pas mal d’humiliations.
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