Bonne Année 2016

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La Conflictuodépendance: Provoquer la haine comme excuse préventive.

AVERTISSEMENT : Ce billet fait référence à beaucoup de trucs que j’ai déjà écrit.  Alors si vous me lisez depuis peu, ou si vous ne vous souvenez plus de quoi je parle, j’ai mis plein de liens.

Je ne sais pas si vous êtes familiers avec l’émission Un Souper Presque Parfait.  Sinon, je vous en explique le concept: Pendant cinq jours, nous suivons un groupe de cinq personnes.  À chaque jour, l’un d’eux reçoit les quatre autres chez lui et leur prépare un repas: L’entrée, le plat principal, un vin, le dessert et un digestif.  À la fin de chaque repas, les quatre invités lui donnent une note de 1 à 10, ce qui détermine le grand gagnant à la fin de la semaine.

Lors d’une ce ces semaines, il y avait un homme, appelons-le Pierre, qui s’est montré particulièrement odieux avec les quatre autres participants.  Gras, mal rasé, les cheveux en bataille, juste au niveau visuel il dégage un message que l’on capte dans notre inconscient comme quoi ce n’est pas le genre de personne qui devrait se permettre de descendre les autres.  Pourtant, il le faisait.  Presque à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il avait toujours une remarque acide et une critique à faire.  Sur la nourriture, sur la boisson, sur le look et la personnalité de l’hôte du jour, sur comment était décoré son logis, et il le faisait avec snobisme et condescendance. À la fin du souper de mardi, il était déjà détesté de tous.  Rendu à jeudi soir, alors qu’il annonçait que le lendemain ce serait son tour, l’un des autres participants lui a répondu: « Bien!  Ça va faire changement, de voir la merde entrer dans ta bouche plutôt que d’en sortir. »

Car oui, le hasard avait voulu que Pierre passe vendredi, donc que ce soit lui qui soit le dernier à cuisiner pour les quatre autres.  Aussi, lors des interviews individuelles qui clôturent l’émission du jeudi, Pierre nous révèle son métier: Grand Chef Cuisinier à l’Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec.

« Fa que », conclut-il, « Si c’est pas moi l’gagnant cette semaine, ce sera certainement pas à cause de mon repas.  Ça va être à cause de ma grande gueule, comme la dernière fois que j’ai participé à l’émission. »

En entendant ça, j’ai tout de suite compris la raison de son comportement de troll tout le long de la semaine: En tant que chef cuisinier de carrière pour le plus prestigieux employeur dans le domaine de la restauration au Québec, il se trouve dans une situation délicate.  Imaginez s’il perd contre l’un de ces quatre amateurs, en pleine télévision.  C’est improbable, mais ça demeure possible.  Aussi, il a trouvé le moyen parfait pour sauver la face: Provoquer la haine comme excuse préventive.  Comme ça, s’il perd, alors sa nourriture ne sera pas à blâmer, ce sera juste à cause que les autres participants sont frustrés et mesquins.  Et s’il gagne, encore mieux: Ça prouve qu’il est tellement un excellent cuisinier qu’il a réussi à se faire élire par quatre personnes malgré le fait qu’ils le haïssent.  Bref, ou bien il gagne, ou bien il créé un doute raisonnable comme quoi il aurait dû gagner.

Et puisque le bien-être de Pierre dépend du conflit, ça fait de lui un conflictuodépendant.

Je dois avouer que tout le long de ma vie, j’ai trop souvent agi ainsi.  Sauf que dans mon cas, non seulement était-ce inconscient, c’était beaucoup plus subtil.  Malgré tout, le concept restait le même: M’arranger pour que les gens autour de moi aient des sentiments négatifs à mon sujet, tout en restant le plus irréprochable possible.  Je m’y prenais de deux façons:

FAÇON 1: En pointant les côtés négatifs de leur travail, de leurs décisions, de leur personnalités.  Et toujours, prenais-je la peine de m’attaquer à un fait véridique et vérifiable, de façon à ce que personne ne puisse affirmer que mon commentaire n’était qu’une opinion sans fondement.  Quiconque l’affirmait se dépeignait automatiquement lui-même comme une personne de mauvaise foi.  Et puisque personne n’est parfait, je trouvais toujours un sujet à attaquer.

Une des choses qui m’appuyait, c’était que parallèlement à cela, je me faisais un point d’honneur à toujours répondre à la critique avec grâce, les remerciant de ces commentaires constructifs.  Ceci me permettait, si jamais ma cible frustrait, de me donner en exemple afin de me comparer favorablement à eux : « À chaque fois qu’on m’a fait une critique, je l’ai toujours prise comme étant constructive. Pourquoi t’es pas capable d’en faire autant? » 

FAÇON 2: L’attaque miroir.  Alors que les humoristes, les chroniqueurs, les bédéistes, les auteurs, se moquent des travers de la société, moi je me moquais des travers des humoristes, des chroniqueurs, des bédéistes et des auteurs. Et dans chaque cas, si jamais ils iraient me manifester du mécontentement, je pouvais éviter le débat en servant la seule et unique réplique dont j’avais besoin pour prouver leur mauvaise foi : « Ben quoi? Je te fais exactement ce que tu fais subir aux autres.  Ce n’est pas ma faute à moi si tu n’es pas capable d’en prendre aussi facilement que t’en donnes. »  Et le plus beau, c’est qu’en attaquant les méchants, ça me mettait en position de bon, de courageux, de héros.  Et quiconque aurait osé m’en critiquer se serait automatiquement étiqueté d’hypocrite à deux faces (« Ah bon? Quand lui se permet de critiquer les autres c’est acceptable, mais quand les autres le critiquent lui ça ne l’est pas? »), de mauvaise foi (« Toutes les preuves sont là, regarde toi-même, c’est pas moi qui l’invente! ») ou de méchant lui-même. (« Sérieux, là? Tu préfères défendre celui qui attaque, et attaquer celui qui défend?  C’est vraiment ce genre de personne-là que tu es? »)

D’une façon comme de l’autre, si ces gens s’objectaient à moi de quelque façon que ce soit, je pouvais toujours dire que c’était seulement parce qu’ils m’en voulaient personnellement, à cause que c’était des frustrés, à cause que leur ego est trop démesuré pour être capable de prendre la critique, et surtout la vérité. 

Quelques exemples:

  • Lorsque je publiais MensuHell, j’y ai parodié d’autres bédéistes en faisant ressortir les pires côtés de leurs séries.
  • Toujours dans MensuHell, en 2000, ma parodie du film X-Men se moque, le temps d’une image, des parodies du film X-Men parues plus tôt dans Cracked et Safarir.
  • Avec Picouille, je me moque du style de dessin de certaines femmes bédéistes, de ceux qui les publient, de ceux qui les aiment.
  • Il y a eu ma série Les Plagiats de la BD où je dénonce des gens que pourtant j’admire et avec qui j’aimerais bien travailler un jour.
  • À l’époque où je voulais devenir humoriste, ma cible première était les autres humoristes.
  • En passant une audition devant la directrice de l’École Nationale de l’Humour, le choix de mon sujet de monologue était une attaque contre la directrice de l’École Nationale de l’Humour.
  • La seule fois où j’ai pu faire un monologue en public, c’était lors d’un spectacle de Noël donné par un organisme catholique charitable, dans un sous-sol d’église. Personne ne riait, et on m’a même coupé le micro avant la fin. La raison? Le public, tout comme l’organisme, n’était constitué que de vieux catholiques pour qui Noël et les valeurs de famille sont très importantes. Et devinez de quels sujets mon monologue se moquait du début à la fin? Je pense que ça a dû être la dernière fois qu’ils acceptaient une contribution sans d’abord faire passer une audition.
  • L’un de mes premiers projets de blogs s’appelait Et ça se permet de critiquer!  L’Idée était d’y reproduire quotidiennement une ou plusieurs chroniques de critiques professionnels publiés dans les journaux du Québec (De Pierre Foglia, Franco Nuovo, Nathalie Petrovski, Jean Barbe, etc) et de les critiquer eux sur leur travail de critique. Le projet n’a pas pu démarrer puisque je ne pouvais pas me permettre de m’abonner à tous les journaux qu’il m’eut fallu lire.
  • Lorsque je fréquentais les forums, ma logique et ma discipline m’ont parfois rapporté un poste de modérateur. Poste que je ne gardais pas longtemps, puisque j’utilisais ma logique et ma discipline pour critiquer le travail des autres modos et des administrateurs.
  • Lorsque j’étais étudiant au Cégep André Laurendeau, de qui est-ce que je me moquais dans ma chronique publiée dans le journal étudiant? Des profs? De la société? Non: Des autres étudiants.
  • J’ai même déjà écrit une parodie de When I Was your Age de Weird Al Yankovic, qui est une de ses chanson originale et non l’une de ses nombreuses parodies.  Ma version qui s’appelait I Will Exploit Them racontait comment un gars, réalisant qu’il n’avait ni la voix ni le look pour devenir chanteur populaire, a décidé de se faire une carrière en parodiant les plus grands succès musicaux de l’heure, ce qui lui assure une carrière et un succès éternel puisqu’il ne fait que surfer sur le travail, le talent et la popularité des vrais artistes qui se succèdent au top des palmarès.  Oui, vous avez bien lu, j’ai parodié Weird Al Yankovic en attaquant son physique, sa voix, son look, son art et sa carrière.  Et pourtant, c’était mon idole.

Mais peu importe le sujet, il reste que pour faire une parodie de bande dessinée, il fallait que je sois moi-même bédéiste.  Pour critiquer les critiques, il fallait que je devienne moi-même critique.  Pour parodier un chanteur parodique, il fallait que je devienne moi-même chanteur parodique.  Pour rire des humoriste, il fallait que je deviennes moi-même humoriste.  Or, à partir du moment où on choisit de travailler dans un milieu, on ne peux plus se permettre de s’en moquer et/ou de le critiquer.  Du moins, pas si on veut réussir dans le métier.

Mais ce comportement, au fond, n’est rien d’autre que la manifestation subconsciente d’un complexe d’infériorité.  Car en agissant ainsi, je m’assure de me fournir une excuse en cas d’échec: Si je ne réussis pas à me tailler une place dans le milieu où j’évolue, ce n’est pas parce que je suis incompétent.  Non; c’est à cause que les autres me bloquent, me sabotent, m’empêchent d’avancer, pour des raisons personnelles.  Comme ça, je n’ai pas à me remettre en question, ni dans ce que je suis ni dans la qualité de mon travail. 

Mais pour ça, je dois d’abord les provoquer à avoir du ressentiment envers moi, de façon à les rendre susceptibles, frustrés, mesquins.  Exactement comme Pierre qui, après s’être mis à dos les quatre autres candidats, ne pouvait plus qu’offrir un souper presque parfait car si la nourriture était irréprochable, en revanche l’ambiance était pourrie.

L’exemple le plus flagrant dans lequel j’ai eu ce comportement est dans ce billet, lorsque je raconte dans le paragraphe Le troisième zéro comment j’ai été expulsé du cours de maths.  J’étais un cancre en mathématique, la preuve est que j’étais deux ans en retard dans ce cours.  Au lieu de reconnaitre ma faiblesse et mettre l’effort à étudier et à comprendre cette matière, j’ai préféré passer l’été à m’attaquer à une règle de mathématique qui dit qu’il est impossible de diviser par zéro. À la rentrée, j’ai attendu qu’un prof me provoque en posant lui-même la question sur le sujet (chose qui arrive au moins une fois par année) afin de lui mettre sur le dos la responsabilité de ce qui allait suivre. En prouvant en classe que j’avais trouvé non pas une mais bien trois méthodes montrant que la division par zéro était possible, je me plaçais au-dessus de la communauté scientifique internationale des mathématiciens qui affirmaient le contraire.  Par conséquent, je prouvais trois choses:

  1. J’étais un génie des maths, du moins j’étais le supérieur logique et intellectuel de mes profs.
  2. Les profs avaient mauvaise foi de refuser de l’admettre, malgré les preuves que j’étalais  devant leurs yeux.
  3. Sans raison pertinente pour me faire échouer, ils utilisaient mesquinement leur position d’autorité pour le faire, juste parce qu’ils étaient frustrés que je me prouve supérieur.

Et tout ça avec toute la classe comme témoin.  Avec quelques variantes, cette méthode s’adapte très bien à toutes les relations et à tous les milieux.  C’est ce comportement qui m’a amené à faire subir à un de mes anciens employeurs les dommage collatéraux de l’auto-importance démesurée.

D’accord, ça fonctionne, en ce sens que ça permet de toujours pouvoir accuser avec raisons la mauvaise foi des autres en cas d’échec.  Hélas, puisque ce comportement fait pourrir toutes les relations avec autrui, autant interpersonnelles que professionnelles. elle assure surtout que peu importe la qualité de ce que l’on fait, ça se terminera toujours par ça: Un échec!  Un échec qui, ironiquement, empêche un succès qui aurait peut-être été vraiment mérité.  Mais quand on souffre de complexe d’infériorité, ce n’est pas au succès que l’on s’attend.  C’est à l’échec!  Alors si en plus on a un ego démesuré, au lieu de remettre en question la qualité de son travail, on met ses efforts à justifier d’avance ces futurs échecs.  On provoque la haine comme excuse préventive.  On se comporte de manière à ce que notre sentiment d’infériorité fasse de notre crainte une prophétie autoréalisatrice.  En fait, rendu là, ce n’est même plus une crainte pour nous, c’est une fatalité, une conclusion évidente.  On ne se pose même pas la question si ce sera une réussite ou un échec, on sait que ce sera un échec.  Voilà pourquoi notre premier réflexe est de préparer le terrain de façon à pouvoir expliquer et/ou l’excuser, cet échec. Or, en se comportant ainsi, on provoque nous-même l’échec. 

Bref, se comporter ainsi, c’est une très mauvaise habitude qu’il faut perdre au plus vite, autant pour notre propre bien que pour celui des gens qui nous entourent. Encore faut-il commencer par se rendre compte qu’on l’a, ce comportement.

 

La vertu par comparaison

La petite BD qui suit raconte une anecdote vécue en décembre 2006.  Ça s’est passé dans un genre de soirée de gala où il y avait étrangement plus de bouteilles de champagne que d’invités.



Ce n’est pas une faute de frappe, elle disait vraiment miaise au lieu de niaise.

Je ne me souviens plus du tout du nom de cette fille-là. Par contre, je me rappelle très bien que son passe-temps favori était de toujours faire en sorte, de façon subtile, de démontrer qu’elle valait mieux que tout le monde, généralement en démontrant que les autres valaient moins qu’elle. Comme quoi il y a des gens qui ne sont capable de faire preuve de vertus que lorsqu’ils ont une tête de turc avec qui se comparer et un public pour se faire valoir.

La logique amoureuse des Nice Guys.

Je vous ai déjà fait quelques billets sous forme de bande dessinées par le passé (Voir le tag « BD Blog« ) mais ceci est la première page de BD que je dessine depuis 2009.  Inutile de dire que ces six ans sans jouer du crayon ont quelque peu rouillé mon art. Après un mois de pratique, le verdict: Je dessine moins bien qu’il y a vingt ans, mais je dessine déjà mieux qu’il y a un mois. C’est encourageant.

Cette histoire met en scène un personnage nommé Daniel Comte, dit Comte Dany Hell, un pur Nice Guy doublé d’un Fedora Neckbeard










Je ne me souviens plus si je vous l’ai déjà dit, mais il ne faut pas s’étonner que beaucoup de soi-disant bons gars deviennent dessinateurs.  Le dessin est un art qui se pratique dans la solitude.  Et lorsque l’on manque de popularité et de vie sociale, en revanche on ne manque pas de temps libre.

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Astérix et la relâche temporaire de sagesse

Dû à un manque d’inspiration que je crois temporaire, je suis allé me rendre actif sur mon autre blog, celui-là consacré à la bande dessinée. Ces jours-ci, j’y expose une petite curiosité peu connue, une version British d’Astérix le Gaulois (le personnage et l’album) qui date de 1963.

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4

Quand la basse estime de soi rend aveugle à la réalité.

Je pourrais vous offrir un autre blog long d’un kilomètre, mais j’ai mieux: Cette petite BD est une version franco-québécoise d’un strip tiré de mon ancien webcomic anglophone  Artiztech College.

MORALE: S’il est exagéré de croire qu’il suffit de penser positif pour que tout aille bien dans notre vie, il est par contre très vrai que la pensée négative a le pouvoir de tout faire foirer. C’est que la mauvaise estime de soi, ça nous aveugle face à notre potentiel de réussite, et nous fait choisir délibérément la voie de l’échec.

Surtout si tu prétends savoir mieux que l’autre personne si elle te veux ou non, et que tu choisis de décider à sa place que c’est non!

Les femmes et le harcèlement dans la rue: J’ÉTAIS DANS L’ERREUR!

Il y a presque deux ans, j’ai écrit un billet de blog qui a été très mal reçu par certaines lectrices européennes: Lire en public = « Harcelez-moi! » . Dans celui-ci, je cite le billet d’une blogueuse américaine qui se plaint d’être victime de harcèlement lorsqu’elle utilise les transports en commun.   Et elle l’est quotidiennement, une, deux, et même trois fois par jour.  Ce qui démontre bien que les hommes sont majoritairement des néandertaliens attardés machos et harceleur.  Le fait qu’elle se fasse aussi souvent aborder contre son gré le prouve. Tant qu’il y aura des hommes en liberté, une femme ne sera en sécurité nulle part.

À ceci, j’ai émis le doute suivant:  Si c’était vraiment le cas, ça arriverait à toutes les femmes, pas seulement à elle, non?  Je veux dire, la majorité de mes amis sont des femmes, elles prennent les transports en commun quotidiennement, et là-dessus il y en a peut-être deux ou trois qui ont déjà été la cible d’un freak dans le métro ou dans le bus.  Et il y avait généralement plusieurs mois, voire plusieurs années d’écart entre chacun de ces incidents.  Jamais je n’ai entendu l’une d’elle dire que ça lui arrivait aussi souvent qu’à cette blogueuse.

Tout le long de son billet, cette femme décrit le fait qu’elle n’arrive pas à avoir la paix, malgré le fait qu’elle se replie sur elle-même, le nez dans un livre.  Bien que je sois un homme, j’ai été moi-même plusieurs fois été dérangé en public par des gens qui voulaient me faire de la conversation.  Or, les seules fois où ça m’est arrivé, c’était lorsque j’essayais de lire.  J’en suis donc arrivé à la conclusion logique et pertinente que c’est le fait de lire en public qui attire une certaine catégorie de gens à venir nous harceler.  Donc, qu’en essayant de fuir un problème, elle le créé elle-même.  Conclusion: Si elle veut arrêter de se faire harceler, elle doit cesser de lire en public.

Cette conclusion m’a valu, dans la section des commentaires d’un autre de mes billets, de la haine, des insultes, et même de me faire souhaiter de me retrouver en prison dans le but de me faire copieusement sodomiser.  Tout ça parce que j’ai commis le crime de donner, aux femmes qui se font harceler en public, un truc capable de diminuer le nombre de fois où elles se font harceler en public. 

Le problème, c’est qu’en tant que montréalais, je ne peux voir ce qui se passe qu’à Montréal.  Il a fallu que la BD-blogueuse européenne Mirion Malle vienne à Montréal et illustre les points forts de son séjour pour que je comprenne où se situait la faille dans mon raisonnement:

Les québécois respectent la femme beaucoup plus que le font les européens et les américains.  Par conséquent, oui, mes conclusions sont bonnes, et mon truc pour éviter (ou du moins diminuer) le harcèlement public fonctionne…  Mais il ne fonctionne qu’au Québec seulement.  Parce que la réalité de la femme au Québec, c’est autre chose que la réalité des femmes ailleurs sur la planète.

Il faut dire que nous, on a eu droit à La Révolution Féministe de 1993-2003.  C’est probablement ce qui fait toute la différence.

Bref, mea culpa pour mon ignorance culturelle géographique qui fait que j’avais tort à grande échelle.

9 leçons de vie (tristement réalistes) que l’on retrouve dans le dessin animé Daisy Town

Je ne sais pas si c’est le cas en Europe, mais ici, au Québec, lorsque revient le temps des fêtes, la télé nous présente quelques dessins animés classiques tels Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre, Les 12 Travaux d’Astérix, ainsi que des aventures de Lucky Luke telles La Ballade des Dalton et Daisy Town. Avec les années, d’autres dessins animés de ces deux séries se sont ajoutées à la programmation. Mais pour aussi loin que je me souviens, et j’ai tout de même 46 ans, ces cinq-là ont toujours fait partie de cette tradition. Et puisque c’est une tradition, je les regarde sans faute à chaque année.

Or, en prenant de l’âge, notre perception change. Ces films que je regardais hier avec des yeux d’enfant, je les vois aujourd’hui avec des yeux d’adulte. Ça m’a permis de constater que Daisy Town contient les neuf leçons de vie suivantes:

LEÇON 1: L’intimidation et le terrorisme, ça fonctionne.
Depuis tout récemment, on peut enfin voir en version non-censurée le speech final de l’épisode 201 de South Park, sorti en 2010, dans lequel Kyle nous dit exactement çaIl ne nous apprend cependant rien puisque, presque quarante ans plus tôt, c’est ce que nous montrent les citoyens de Daisy Town face à la menace que constituent les Dalton.

LEÇON 2: La lâcheté des gens est telle qu’ils préfèrent protéger les malfaiteurs plutôt que d’aider la justice.
C’est ce que fait la population de Daisy Town en étalant généreusement les sophismes. 

D’abord ils rendent positifs les gestes négatifs des Dalton, appelant ça du progrès.  Et ensuite, ils rendent négatifs les gestes positifs de Lucky Luke, appelant ça une entrave au progrès.

LEÇON 3: On ne peut pas aider une victime consentante.
Les citoyens de Daisy Town commencent par demander à Lucky Luke de les aider car ils n’en peuvent plus de vivre sous la menace de la racaille.  Mais dès qu’il cherche à s’attaquer à la racaille qui les menace, ce qui est pourtant ce qu’ils lui ont demandé de faire, ils changent d’avis et essayent de l’en dissuader.   Ce thème avait déjà été abordé deux ans plus tôt dans l’album Jesse James, en remplaçant Daisy Town par Nothing Gulch, et les frères Dalton par les cousins James.  Et tout comme dans cet album, Lucky Luke se trouve écoeuré par tant de couardise.  De toute façon, puisqu’il est  impossible de se battre à la fois contre les agresseurs et les agressés, il ne lui restait plus qu’une seule option:

LEÇON 4: Il faut diviser pour régner.
C’est ce que font les Dalton: Par la terreur, ils divisent Lucky Luke des citoyens de Daisy Town, ce qui leur permet de régner sur la ville.  Plus tard, Lucky Luke prend sa revanche en profitant de la naïveté d’Averell en lui montant la tête contre ses frères, les divisant, ce qui lui permet d’en venir à bout.

LEÇON 5: Les bons ne valent pas toujours mieux que les méchants, même qu’ils sont parfois moins honnêtes.
Vers la fin, réalisant qu’il ne pourra pas arrêter la civilisation des hommes blancs, le chef indien leur propose un arrangement en échange de l’occupation de ses terres:

Lucky Luke, qui semble se prendre pour le porte-parole de la civilisation blanche, accepte au nom de sa race.  La paix est rétablie.  Happy end?  Pas pour les indiens, en tout cas.  On n’a qu’à ouvrir n’importe quel bouquin sur l’histoire du Far West pour voir que la réalité sur l’avenir des indiens d’Amérique, c’est plutôt Joe Dalton qui la leur donne honnêtement.

LEÇON 6: Dès qu’il est question d’argent, la loyauté fout le camp.
Quelle récompense reçoivent les Dalton de la part des indiens après avoir prévenus ceux-ci contre les méfaits futurs de l’homme blanc envers leur peuple?  Une seule chose: La trahison! 

Et alors qu’ils ont passé les premiers 9/10e du film à fonder et défendre Daisy Town, à être fiers de leur ville, comme le démontre le maire qui nous sert ce discours deux fois de suite

Il suffit qu’un vieux gâteux vienne annoncer:

.. pour que tout le monde abandonne la ville pour l’or. Et malgré son beau discours, le maire n’est pas le dernier à le faire. Au contraire, il est le tout premier.

LEÇON 7: Sois là pour les gens qui sont dans le besoin, ces gens t’abandonneront lorsque tout ira bien.
En effet, dès que la richesse arrive, tout le monde s’en va et abandonne Lucky Luke sans hésitation ni la moindre petite pensée pour lui qui a tant fait pour eux.

Cette réaction a beau être injuste, elle n’en est pas moins normale.  Car comme je l’expliquais déjà il y a quatre ans dans La malédiction du bon gars gentil et sauveteur, aux yeux des citoyens, consciemment ou non, Lucky Luke représente ce qu’il y a de pire en eux, car sa présence est étroitement reliée à … :

  • Leur faiblesse, en demandant son aide.
  • Leur lâcheté, en se retournant contre lui par peur des Dalton.
  • Leur hypocrisie, en agissant comme si le problème était Luke et non les Dalton.
  • Leur cupidité, en abandonnant tout, 0.4 secondes après avoir appris qu’il y avait de l’or dans les collines.
  • Leur manque de loyauté, en abandonnant Daisy Town, pourtant supposée si chère à leurs yeux

Inviter Luke à profiter de leur nouvelle fortune, ça leur rappellerait, à chaque fois qu’ils le verraient, à quel point ils sont faibles, lâches, hypocrites, cupides et déloyaux.  Il était alors beaucoup plus facile pour eux de le fuir, plutôt que de faire face à leurs propres travers. 

LEÇON 8: Aider les gens qui ne sont pas capables de se sortir de leurs problèmes par eux-mêmes, c’est une perte de temps.
Après que Lucky Luke ait consacré son temps et ses énergies à faire de Daisy Town un endroit où il fait bon vivre, les citoyens abandonnent la place, la laissant tomber en ruine.
Et le plus choquant, c’est que celui qui a fait le plus d’efforts pour sauver cette ville, et ce pour absolument rien, c’est celui qui était le moins concerné, puisqu’il n’y habitait même pas.  Ce qui démontre que dans le fond, les citoyens n’en avaient rien à chier de leur ville.  Sinon, ils auraient fait l’effort de régler leur problèmes eux-mêmes, au lieu de refiler cette tâche à un étranger de passage.

LEÇON 9: Plus une personne se démène gratuitement pour autrui, moins il reçoit de respect de leur part.
Si tu n’accordes aucune valeur à tes services, les gens considéreront que tes services ne valent rien.  Pas surprenant qu’ils ont tenté de lui faire obstacle au début, et qu’ils l’ont abandonné à la fin.  Il ne faut pas s’étonner après ça si ce cowboy se retrouve toujours aussi poor que lonesome à la fin de ses aventures.

Daisy Town, ce n’est pas seulement un dessin animé destiné à amuser les enfants. C’est un regard impitoyable sur la vie, sur les gens, et sur la société.  Et si ce regard n’en voit rien de bon, c’est hélas parce qu’il n’est que trop réaliste. 

La Conflictuodépendance: Barcelone, 1964.

Tout d’abord, voici une image de profil de l’acteur français Alain Delon, tirée de l’un des films qui en fit l’idole des foules en Europe  dans les années 60.

Le rapport?  Cette BD que je vous ai promis il y a quelques temps.   Elle est tirée de l’album autobiographique Les Professionnels de Carlos Gimenez, dans lequel il décrit un ex-collègue de travail qui a exactement le profil-type d’un conflictuodépendant.  Ça se passe à Barcelone, vers 1964, dans les bureaux d’un magazine de bandes dessinées.















Dans cette histoire, Cervantés passe à travers les 10 étapes, déjà décrites dans ce billet, qui démontrent sa conflictuodépendance: 

ÉTAPE 1: Cherche querelle à une personne calme et sans histoire.  Pablito cherche juste à travailler en paix.  Le fait que Cervantés le provoque dans la joie et non la haine, comme c’est souvent le cas avec les conflictuodépendants, ne change rien au fait qu’à la base, son but est d’écraser l’autre, de prouver être son supérieur.

ÉTAPE 2: Le motif utilisé pour démarrer les hostilités est tellement anodin qu’il en est insignifiant. Ici, c’est la beauté, les fléchettes…

ÉTAPE 3: Devant le refus de l’autre à entrer dans le conflit, insiste.  Il est en effet très insistant: Beauté, grandeur, fléchettes, flipper et bras de fer.

ÉTAPE  4: Envoie des accusations farfelues en prétendant connaître les motivations cachées de l’autre. Comme quand il lui dit: « T’as peur, hein?  Tu sais que je suis bien plus fort que toi. », au lieu de simplement reconnaître que Pablito veut juste travailler en paix.

ÉTAPE  5: Accuse mensongèrement l’autre de quelque chose dont il est lui-même coupable et/ou honteux.  Dans ce cas-ci, son professionnalisme.

ÉTAPE  6: … et ainsi, consciemment ou non, manipule l’autre à l’attaquer sur ce point faible et/ou honteux.  En effet, Pablito force Cervantés à reconnaître qu’il n’est pas si professionnel qu’il le prétend.

ÉTAPE  7: Se victimise en se plaignant comme quoi l’autre l’a l’attaqué sur ce point faible et/ou honteux.  Ici, il ne se plaint pas verbalement.  Mais son air de chien battu passe le message très bien à leurs collègues dans le studio.

ÉTAPE 8: Fuit le conflit qu’il a lui-même créé. Cervantés quitte la pièce.

ÉTAPE 9: Cherche à rallier leur entourage commun contre l’autre. Deux fois.  Au début, lorsqu’il demande à leur collègue Adolfo de trancher sur qui est le plus beau.  Adolpho refuse de s’en mêler.  Alors il le fait une seconde fois, passivement, avec son air triste.  Là ça réussit, ce qui pousse Adolfo à dire à Pablito qu’il n’aurait pas dû.  Mieux encore, cette fois, Adolfo convainc Pablito à être d’accord comme quoi Cervantés est le plus beau, sujet sur lequel il avait d’abord refusé de trancher.

ÉTAPE  10: Cherche à rendre l’autre coupable de s’être défendu, et (s’il le peut) le punit pour l’avoir fait.  Pablito se sent coupable, en effet.  Et alors qu’il vient faire la paix en lui offrant une cigarette, Cervantés le punit en recommençant à le rabaisser, cette fois-ci sur leurs choix de tabacs.

Les seuls moments où Cervantés n’a pas l’air déprimé,  c’est lorsqu’il tente de rabaisser Pablito.  Ce qui démontre non seulement qu’il s’agit d’une personne qui souffre d’une basse estime de soi, son bien-être dépend des conflits, ce qui en fait un conflictuodépendant.  Puisque l’histoire se passe en Espagne dans les années 60, ça prouve que ce genre de comportement, et la personnalité qui vient avec, est universel et intemporel.  

Je dois admettre que d’essayer de lui faire accroire qu’il ressemblait à Alain Delon de profil était un coup de génie.  D’abord, parce qu’il lui serait difficile de se voir de profil dans le miroir.  Ainsi, il est obligé de croire les autres sur parole. Ensuite, parce que grâce à cette prétendue ressemblance, son Ego est gonflé en permanence.  Il n’a donc plus besoin d’emmerder ses collègues en essayant de les  rabaisser plus bas que lui.  Ce qui en revient à dire que si vous avez un conflictuodépendant dans votre entourage, le seul moyen de vous éviter ses tentatives de vous rabaisser, c’est de le complimenter faussement sur un sujet qui lui tient à coeur. 

Ironiquement, il est fort possible que Cervantés était vraiment supérieur à Pablito en beauté, grandeur, fléchettes, flipper et bras de fer. C’est juste que son insistance à aller chercher l’autre pour le rabaisser sur ces points, ça fait de lui une personne désagréable.  Personnellement, avoir été à la place de Pablito, non seulement je n’aurais jamais essayé de faire la paix avec un tel enfoiré, je n’aurais eu aucun remord à le laisser misérable, en le forçant à regarder ses travers en face.  Mais bon, quand il s’agit de quelqu’un que l’on est obligé de revoir sur une base presque quotidienne (collègue de travail, voisin, famille, colocataire), je peux comprendre que laisser ses illusions à un tel déficient social, c’est un faible prix à payer pour ne pas pourrir l’ambiance.

Ah, en passant…

C’est lui, Fernandel.

Faut avouer qu’il y avait ressemblance, en effet.  Plus qu’avec Delon en tout cas.

Ce que m’a appris Astérix et Cléopâtre

Pour la 31e année de suite, Ciné-Cadeau repasse pour le temps des fêtes les grands classiques du dessin animé européen que sont les Lucky Luke et les Astérix. Astérix et Cléopâtre, en particulier m’a appris un important fait de la vie. (Pour l’occasion, j’ai doublé le dialogue en Québécois)









La preuve que ça marche, c’est que même les gaulois, ses pires ennemis, sont fiers d’aider à le lui construire, son palais.