Il y a presque deux ans, j’ai écrit un billet de blog qui a été très mal reçu par certaines lectrices européennes: Lire en public = « Harcelez-moi! » . Dans celui-ci, je cite le billet d’une blogueuse américaine qui se plaint d’être victime de harcèlement lorsqu’elle utilise les transports en commun. Et elle l’est quotidiennement, une, deux, et même trois fois par jour. Ce qui démontre bien que les hommes sont majoritairement des néandertaliens attardés machos et harceleur. Le fait qu’elle se fasse aussi souvent aborder contre son gré le prouve. Tant qu’il y aura des hommes en liberté, une femme ne sera en sécurité nulle part.
À ceci, j’ai émis le doute suivant: Si c’était vraiment le cas, ça arriverait à toutes les femmes, pas seulement à elle, non? Je veux dire, la majorité de mes amis sont des femmes, elles prennent les transports en commun quotidiennement, et là-dessus il y en a peut-être deux ou trois qui ont déjà été la cible d’un freak dans le métro ou dans le bus. Et il y avait généralement plusieurs mois, voire plusieurs années d’écart entre chacun de ces incidents. Jamais je n’ai entendu l’une d’elle dire que ça lui arrivait aussi souvent qu’à cette blogueuse.
Tout le long de son billet, cette femme décrit le fait qu’elle n’arrive pas à avoir la paix, malgré le fait qu’elle se replie sur elle-même, le nez dans un livre. Bien que je sois un homme, j’ai été moi-même plusieurs fois été dérangé en public par des gens qui voulaient me faire de la conversation. Or, les seules fois où ça m’est arrivé, c’était lorsque j’essayais de lire. J’en suis donc arrivé à la conclusion logique et pertinente que c’est le fait de lire en public qui attire une certaine catégorie de gens à venir nous harceler. Donc, qu’en essayant de fuir un problème, elle le créé elle-même. Conclusion: Si elle veut arrêter de se faire harceler, elle doit cesser de lire en public.
Cette conclusion m’a valu, dans la section des commentaires d’un autre de mes billets, de la haine, des insultes, et même de me faire souhaiter de me retrouver en prison dans le but de me faire copieusement sodomiser. Tout ça parce que j’ai commis le crime de donner, aux femmes qui se font harceler en public, un truc capable de diminuer le nombre de fois où elles se font harceler en public.
Le problème, c’est qu’en tant que montréalais, je ne peux voir ce qui se passe qu’à Montréal. Il a fallu que la BD-blogueuse européenne Mirion Malle vienne à Montréal et illustre les points forts de son séjour pour que je comprenne où se situait la faille dans mon raisonnement:
Les québécois respectent la femme beaucoup plus que le font les européens et les américains. Par conséquent, oui, mes conclusions sont bonnes, et mon truc pour éviter (ou du moins diminuer) le harcèlement public fonctionne… Mais il ne fonctionne qu’au Québec seulement. Parce que la réalité de la femme au Québec, c’est autre chose que la réalité des femmes ailleurs sur la planète.
Il faut dire que nous, on a eu droit à La Révolution Féministe de 1993-2003. C’est probablement ce qui fait toute la différence.
Bref, mea culpa pour mon ignorance culturelle géographique qui fait que j’avais tort à grande échelle.
Il nous faudrait à tous un master d’histoire et sociologie de chaque pays pour éviter de telles situations .. malheureusement inévitables : De la petite maladresse à la faute diplomatique ultime.
C’est tout à ton honneur, cet article 🙂
Mais, j’aurais tendance à dire qu’il est vrai, dans une certaine proportion, que celles qui tentent de se protéger/se replier semblent plus vulnérable, et donc représentent la victime parfaite.
Le problème est là : quand on a peur, il est loin d’être facile de sourire, lancer poliment une réplique sèche, et montrer que l’on est parfaitement à l’aise et que l’on a le contrôle de la situation. Et c’est la soumission et la peur que les harceleur aiment par dessus tout… 😦
En tous les cas, ravie d’apprendre qu’au Québec, la rue est plus douce pour les femmes.. !
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Et encore, en Europe les rapports entre hommes et femmes dans l’espace public varient beaucoup d’une ville à l’autre: apparemment Paris est une des villes où harcèlement dans la rue et dans les transports en commun est plus fréquent, tandis que à Genève il n’y a presque rien. Moi aussi je me suis fait piéger dans des telles discussions avec pas mal d’amies parisiennes!
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