In Requiem, Steve Requin, 1994-2024

Il y a trente ans ce mois-ci, en octobre 1994, j’ai adopté Steve Requin comme nom de plume. Aujourd’hui, ce nom ne me sert plus que comme adresse pour mon blog, mon Twitter et mon Facebook. Voilà bien des années que je n’ai plus rien signé ainsi.

Il est vrai que je n’ai plus rien en commun avec celui que j’étais lorsque j’ai pris cette identité. À 26 ans, j’étais sans travail, sans salaire, sur l’assistance sociale (BS), sans diplôme d’école secondaire, pauvre, envieux, coincé dans une relation extrêmement toxique par paternité imposée, et convaincu que je n’avais aucun avenir. En typique homme faible de corps, d’esprit, de volonté et de personnalité, j’étais impuissant à y changer quoi que ce soit. J’étais cependant désireux de pouvoir exprimer mes revendications nées des frustrations quotidiennes qu’apportent une série de mauvaises décisions de vie de ce genre-là.

En 2013, j’avais chroniqué ma génèse requinesque sous forme de BD.

Afin d’alléger, je ne posterai pas ici les pages suivantes, qui racontent que pendant mon enfance, mon père avait mauvaise réputation dans mon village d’origine. Par conséquent, porter son nom m’a toujours porté préjudice. En plus d’être un nom de marque de commerce associé aux produits pour bébés, c’est à dire Johnson & Johnson.

En 1994, période pré-internet, la seule façon de pouvoir s’exprimer publiquement sans censure, c’est par auto-publication. Par textes, par bandes dessinées. Donc…

Quelques jours plus tard, j’en refis une version en couleur.

Pas mal, pour un truc fait avec de la mine de plomb, des feutres et des crayons Prismacolor.

À partir de ce jour, et pendant une quinzaine d’années, j’ai produit une grande quantité de textes et BD. À ceci s’est ajouté Internet, avec de nombreuses pages dans lesquelles j’étalais mes revendications sans la moindre retenue.

Aujourd’hui, lorsque je relis ma production requinesque, de mon premier fanzine Requin Roll de 1994 jusqu’à ma dernière BD dans Safarir en 2008… Ouf! Je constate que c’est du gros n’importe quoi, pourvu que ça choque et attire l’attention par la controverse. Le tout enrobé d’un humour forcé qui n’était qu’un réflexe de survie morale. La seule chose tirée de cette époque dont je suis vraiment fier, c’est d’avoir créé le premier texte viral québécois francophone d’internet.

… que vous connaissez probablement mieux sous cette forme:

J’ai appris la semaine dernière que ma page française sur Wikipedia n’existe plus. Et franchement, si celle en anglais pouvait disparaître aussi, ça ferait bien mon affaire. Ce n’est pas comme si ma contribution au monde de la BD avait été significative. D’accord, j’ai créé MensuHell. Mais ce n’est qu’à partir du 34e numéro, lorsque j’en ai cédé la direction, que ça a vraiment décollé, et que c’est devenu le fanzine québécois qui eut la plus grande longévité.

Durant ma période Requin, j’ai également produit dix manuscrits. De la fiction, de l’autobiographie, des essais d’analyse de société. Mais ces textes étaient tous influencés par mes frustrations personnelles. Aucun éditeur n’en a voulu. Aujourd’hui, je suis soulagé que pas un de ces projets de livres n’ait vu le jour. Seul mon 11e manuscrit, Le Sucre Rouge de Duplessis, a trouvé preneur en 2023. Et avec raison : il s’agit d’une recherche historique sérieuse qui ajoute des pages inédites sur le règne de l’Union Nationale de 1936 à 1960. C’est le seul que j’ai signé sous mon vrai nom. Et je suis fier de savoir qu’on le lira encore dans 100 ans, ce qui est normal lorsqu’il s’agit d’une publication sur l’Histoire du Québec.

Sinon, de toutes les publications signées Steve Requin, il n’y a plus que mes quatres dernières années de production, de 2015 à 2018, que je revendique encore. C’est à dire :

  • Mes deux numéros de L’Héritage Comique.
  • Mes trois BD du recueil annuel Crémage.
  • Mon album de La Clique Vidéo.

Et ces publications ont été réalisées après que l’on m’ait tiré de sept ans de retraite, alors que je ne produisais plus rien depuis ma démission de Safarir en automne 2008. Autrement dit, j’avais déjà mis ma vie artistique et créative derrière moi. Ce n’était que par habitude que je continuais de signer Steve Requin.

Donc, après 30 ans, maintenant que ma vie et moi ne ressemblons plus en rien à ce que nous étions lorsque je me suis créé cette identité, il est temps pour moi de tourner pour de bon cette page personnelle. Désormais, ce nom ne me servira plus que comme adresse de blog, Twitter et Facebook.

R.I.P. Steve Requin, 1994-2024.

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Y’A LIENS LÀ


La génèse de ma liste de noms de famille composés.
Un autre texte à ce sujet, incluant d’autres listes de noms composés.
Au sujet de La Clique Vidéo
Quelques planches de La Clique Vidéo.
Au sujet de l’Héritage Comique.
Le recueil de BD Crémage.
Le fanzine MensuHell.
Reportage au sujet de mon livre, Le Sucre Rouge de Duplessis

Nice Guy, Bad Boy, Fille Conne… Tout dépend du point de vue.

Depuis quelques années, cette image est partagée sur Facebook et autres médias sociaux.

C’est le genre de trucs que partagent les Nice Guys pour exprimer leur désarroi face à la connerie des femmes. Et j’avoue qu’il fut un temps où j’aurais moi-même diffusé une telle image dans ce même but. Mais voilà, à l’aube de mes 56 ans, il se trouve que dans ma vie, j’ai été tour à tour chacun de ces trois personnages.

Comme la fille, j’ai désiré une personne qui ne voulait pas de moi. Lorsqu’on a quelqu’un dans la peau, on l’a. C’est comme ça. On a l’impression que c’est lui/elle qui est la bonne, et personne d’autre. Alors on prend chaque opportunité qui se présente pour essayer et réessayer de faire naître l’intérêt chez l’autre.

Avec le temps, j’ai vu la chose avec logique. Il y a huit milliards d’humains sur terre. Ça signifie quatre milliards de femmes. Même en enlevant les moins de 25 ans et les plus de 50, les lesbiennes, les asexuelles, les aromantiques, celles en couple, celles qui ne parlent ni français ni anglais, et celles avec qui il n’y a aucune compatibilité dans la personnalité ni les goûts, il reste tout de même quelques millions de potentielles chez qui je peux trouver exactement ce qui m’attirait chez l’autre. Dès que j’ai eu cette révélation, j’ai cessé de perdre mon temps sur des causes perdues.

Comme le Nice Guy, j’étais instinctivement porté à me proposer comme le sauveur de ces filles en détresse. Même si mes intentions étaient pures, à mes yeux du moins, j’ai fini par réaliser que ce comportement était une conséquence de la faible estime que j’avais envers moi-même. Aller vers une femme bien portante, c’eut été m’exposer au risque qu’elle ne me trouve pas à la hauteur. Tandis que si une femme vient d’être blessée par un homme, je peux lui démontrer que je vaux mieux que lui, moi. C’est à cause que, inconsciemment, je croyais que la seule façon pour moi de me démarquer en bien des autres gars, c’était uniquement en me comparant à pire que moi.

Bien que ne m’en rendais pas compte moi-même, il y a un côté passif-manipulateur à ceci. Car même si on ne le dis pas dans ces mots, il reste que par nos agissements, on tente de passer à la fille le message suivant: « Ou bien tu m’aimes, moi, celui qui te traite bien. Ou bien tu aimes l’autre, celui qui te traite mal. Est-ce que tu aimes être maltraitée? Ou bien as-tu l’intelligence de faire le bon choix? »

Enfin, comme le Bad Boy, j’ai… En fait, pourquoi le dépeindre comme un Bad Boy? C’est juste un gars qui se fait approcher par une fille qui ne l’intéresse pas, et qui le lui fait savoir. J’ai vécu ça. Et comme lui, je lui ai fait comprendre que non, désolé, je ne ressens pas ça pour elle. Depuis quand est-ce un crime, de ne pas resentir d’attirance pour une personne en particulier? Si on inversait les sexes, tout le monde condamnerait la personne qui insiste en l’accusant de harcèlement.

En partageant cette image, le sentiment que l’on essaie de transmettre ici est :

  • La fille est conne.
  • Les bons gars finissent dernier.
  • Le bel homme est un salaud qui ne mérite pas l’attention que les femmes lui portent.

Alors que la réalité est :

  • La fille est victime d’un désir qui l’aveugle à la réalité.
  • Le soi-disant bon gars est, à sa manière, un prédateur puisqu’il ne se rabat que sur celles qui sont blessées, dans l’espoir de les manipuler.
  • Le bel homme n’a rien demandé. Il est la cible d’un désir non-sollicité et non partagé. Et plutôt que de jouer avec les sentiments de la fille, il lui démontre clairement qu’elle ne doit rien s’attendre de lui. Ce qui fait que de ces trois personnages, il est le seul à être irréprochable.

Lorsque l’on comprend le point de vue de chacun, ceci change totalement la perspective.

L’impact potentiel (et inattendu) du moindre geste anodin

Cette histoire commence il y a exactement huit ans aujourd’hui, au milieu du printemps de 2014. À ce moment-là, je suis concierge dans un édifice à logements.

Un ascenseur comporte deux portes: la porte de la cage mobile d’ascenseur elle-même, et porte du mur qui s’ouvre à chaque étage. Ce matin-là, en sortant de l’ascenseur au second sous-sol, je constate un truc: Lorsque les portes sont ouvertes, on peut distinctement voir, par la fente par terre entre les deux portes, qu’il y a un 3e sous-sol sous nos pieds.

Un ascenseur est quelque chose de trop important en matière de sécurité pour laisser n’importe qui s’en occuper. Voilà pourquoi l’ascenseur n’appartient jamais à l’édifice. Il est loué par le propriétaire. Dans ce cas-ci, à la compagnie Otis.

Sous l’ascenseur, il y a une pièce, le puits d’ascenseur, et seul le technicien d’Otis y a accès. Il peut y descendre grâce à une clé spéciale que lui-seul possède. Il utilise dans l’un des verrous du panneau de contrôle de l’ascenseur.

Lors de son passage mensuel précédent, il a oublié d’éteindre la lumière du 3e sous-sol. Et pour tout le mois, ceci me permet, pour la première fois, de voir via la fente entre les portes une partie de cette pièce secrète et inaccessible.

À partir de là, je m’amuse à imaginer quel plaisir j’aurais à faire de cette pièce mon antre secrète, mon genre de Batcave. Évidemment, pour ça, il faudrait que le technicien perde sa clé, que je la trouve et la garde pour moi. Et c’est comme ça que je m’amuse à imaginer des histoires de plus en plus élaborées de ce que je pourrais faire de cet endroit. Au point où je me dis que ça pourrait être le bon départ pour une série de BD.

À ce moment-là, ça fait presque six ans que je ne dessine plus. L’idée de me remettre à la BD me tente.

Toujours influencé par mon ancienne vie de jeunesse et le thème du loser et de l’underdog qui vit en marge par obligation, je créé cette trame de série: Cinq gars, âge non-précisé mais on devine entre 15-19 ans,. Ce sont des camarades d’école qui, à première vue, n’ont que peu en commun. Ils ont commencé à se tenir ensemble à cause d’un travail d’équipe. Personne ne voulait d’eux dans leur groupe d’origine, alors ils ont eu à se regrouper pour le travail, et n’ont juste jamais arrêté de se fréquenter par la suite. Puisqu’il sont marginaux parce que les gens les trouvent nuls. Le titre sera donc Les Marginuls.

Lorsqu’ils commencent à former une bande, l’un des marginuls partage avec les quatre autres son secret: La clé qui mène au sous-sol caché. Voyant que passent par-là les câbles d’électricité, de téléphone, de télévision, ils ont l’idée de s’y installer, d’en faire leur base secrète, piratant en douce le net, la télé, etc.

Les personnages étaient:

  • Le bon gars classique: Grassouillet, barbe en collier, chapeau Fedora, est le meilleur-ami-de-gars d’une fille tout en espérant beaucoup plus. C’est un grand poète, un romantique.
  • Un inventeur plein d’idées folles à la c’est-simple-mais-fallait-y-penser. Pas un inventeur à la Stewie Griffin (Pas de machine à voyager dans le temps, genre), mais un peu plus à la Gaston Lagaffe. Ses trucs sont plus réalistes et pourraient probablement fonctionner en vrai. Il est le fils du concierge d’un HLM, d’où le fait qu’il a un atelier, accès à tous les outils requis, plein de matière première à base d’objets abandonnés, et une connaissance de base en plomberie-électricité-rénovation-bricolage. Il cherche l’idée ultime, l’invention qui le rendra riche et célèbre.
  • Le bel et grand athlète, pas vraiment con mais juste trop passionné par son sport, d’où le fait que même s’il a la cote auprès des filles, ça ne dure jamais longtemps. Il est rejeté de la classe de gym parce qu’il est le seul à prendre le jeu vraiment au sérieux, le seul à deviser des stratégies, s’entraîner, se pratiquer, etc, alors que les autres prennent ça très relax.
  • Un musicien et un bédéiste. En fait, à part leur art, ils sont quasiment interchangeables tellement j’utilise le même thème avec eux: Le musicien est rejet de la part de la classe de musique parce que eux font du classique, et que lui son rêve est d’être une idole top-of-the-charts avec de la musique populaire et commerciale. Le bédéiste, lui, est rejet de la classe d’Arts, because que la BD n’est pas du VRAI art.

À ce point-là de ma carrière, je n’ai plus tellement confiance en mon style de dessin, et je ne crois pas être capable de créer des personnages intéressants visuellement. Aussi, j’ai une idée: J’écris à mon collègue bédéiste Yohann Morin et lui offre du ¢a$h pour qu’il me fasse le design de mes personnage. Ensuite, je me débrouillerai avec ça. Il est hélas trop occupé avec ses propres albums. Notre conversation se termine avec Yohann qui me dit ceci:

« Tu devrais inclure au moins une fille!« 

Un an plus tard, printemps 2015. Fin de contrat en tant que concierge à l’Île-des-Soeurs, me voilà en chômage depuis un mois, et rendu à Hochalaga.

Ce soir-là, au restaurant Le Trèfle – Hochelaga, je discute avec ma conjointe Flavie de mes options de carrière. On en vient au sujet de la BD, carrière que j’ai abandonné il y a 7 ans. Je lui parle du projet Les Marginuls, ainsi que de la suggestion de Yohann d’ajouter une fille dans les personnages. Flavie y va de sa suggestion:

« Tu pourrais y rajouter Stéphanie. »
« Tiens, oui, bonne idée. Depuis le temps qu’elle tient à ce qu’on fasse un projet artistique ensemble. Je pourrais en faire un personnage. »

Stéphanie et moi (ou inversement) en 2003.

Mais voilà, les Marginuls sont tous supposés être des artistes. Il y a déjà un sculpteur (mon bricoleur de génie), un bédéiste, un musicien, un écrivain et un peintre (en remplacement de mon sportif, qui détonnait trop d’avec les autres). Quel art reste-t-il pour donner à Stéphanie? C’est là que Flavie fit la suggestion qui allait complètement bouleverser le concept:

« euh… Les arts culinaires? Elle pourrait être bonne en cuisine!? »

Pour ceux qui ne connaissent pas Flavie, cette jeune femme est une féministe militante engagée à la limite de l’enragée. Alors, pour qu’elle ne trouve rien de mieux à suggérer qu’un rôle traditionnel féminin imposé par la patriarchie, pour le seul personnage féminin du groupe, c’est un signe indéniable comme quoi il n’y a rien de bon à tirer d’un concept comme Les Marginuls.

Et c’est là que je réalise que je fais fausse route.

« Tu sais quoi? Au lieu d’essayer d’adapter Stéphanie à la série, je devrais plutôt faire l’inverse. Stéphanie est pétillante, pleine d’idée et full enthousiaste de les réaliser, et ce même si elle n’a aucun moyen de le faire… Et si la série était justement ça? Stéphanie, ayant des projets artistiques, qui s’entoure de gens qui ont peu en commun, pour l’aider à les réaliser? »

C’est là que j’ai su que j’avais trouvé le thème de mon sujet. 

C’est en recherchant le mot enthousiasme que j’ai constaté que l’image choisie pour l’illustrer avait la même pose que j’avais donné à Stéphanie.

L’arrivée de Stéphanie dans la série demanda quelques ajustements.

Tout d’abord, dans la vraie vie, un fedora-neckbeard, ça tombe inévitablement amoureux des filles comme Stéphanie, et ce n’est jamais quelque chose de réciproque. Ceci est source de conflits, de déceptions et de harcèlement entre les personnages. Ce n’est pas le genre d’interaction que je veux entre mes personnages principaux. La solution: ils seront frère et soeur. Stéphanie et Daniel Comte.

Daniel, qui était déjà auteur dans les Marginuls, absorba les personnages du bédéiste et du peintre. C’est dire à quel point, dans le fond, ils étaient interchangeables.

J’ai gardé mon bricoleur fils de concierge tel quel, à deux détail près. De un, il ne cherche plus à inventer quelque chose qui le rendra riche. (J’ai refilé à Stéphanie la motivation de richesse). Et de deux, il est musulman. Mes années de conciergerie m’ont amené à fréquenter beaucoup de familles musulmanes et à me familiariser avec leurs habitudes de vie qui sont bien loin des clichés habituels, et je trouvais intéressante l’idée de les dépeindre tels que je les ai connus.

Le sportif est revenu, sauf que je lui ai donné la gueule et la personnalité d’un de mes anciens personnages, KONAR, Le Héros de BD le plus Con qui Soit.

Enfin, pour le musicien, je me suis inspiré d’une série de BD que je faisais au début des années 2000, inspiré d’un collègue bédéiste reconnu pour son stoïcisme et son peu de tolérance aux conneries.

J’en ai gardé sa tête et son attitude, et je l’ai combiné avec une idée que j’avais eu quelques années plus tôt: Un gars qui porte une chemise à carreaux autour de la taille pour évoquer le kilt, de manière à montrer ses origines écossaises. Je lui donne un physique à l’extrême opposé de mon modèle, et voilà, Angus est né.

Après quelques jours à créer différents designs pour mes personnage, j’en arrive à la version officielle, quoi qu’encore primitive à ce point.

Pour cette série, j’ai vraiment eu envie de m’appliquer. Alors pour la première fois, j’ai décidé de prendre mon temps et de commencer par écrire le texte de chaque gag, puis de faire un brouillon et découpage pour chaque page.

Bien m’en pris. Car, encore influencé par mes vieux thèmes négatifs, j’ai eu à faire plusieurs changements en cours de route. Par exemple, Les Marginuls habitaient, à la limite, un taudis, parce que les loyers étaient abordables. C’était une vieille usine de cigarettes, devenue Les Appartements Blacklungs, avec la cheminée peinte en cigarette. Une idée qui ne plaisait pas du tout à (la vraie) Stéphanie. C’est donc devenu un lieux plus sympathique, une ancienne usine de la boisson gazeuse Cool Soda, transformée en édifice à condos.

C’est quand même plus sympathique qu’une marque de cigarette nommée Poumons Noirs

Dans cette nouvelle atmosphère beaucoup plus agréable, je n’ai plus du tout envie de leur refiler un 3e sous-sol comme antre secrète. Où vont-ils donc se réunir? La solution me saute aux yeux, alors que je me promène dans mon quartier, et que j’y vois le nom d’un de mes personnage:

Non seulement ces tours me rappellent-elles ces deux-là, situées dans mon ancien quartier, Verdun…

… le hasard a voulu que quelques années plus tôt, j’ai photographié la vraie Stéphanie devant celles-ci.

Je commence à dessiner ma série au propre à la fin de l’été de 2016.

Puis, arrive un problème incontournable: Ma myopie combinée à une presbytie qui se développe ne me permet plus de voir clairement mes pages lorsque je les met à l’encre. Malgré une série d’opérations aux deux yeux, ma série s’interrompt au bout de quinze pages.

On m’enlève l’iris, m’implante cristallin en plastique et lentille intra-occulaire. Mes deux yeux ont enfin une vision normale, mais elle me laisse avec une presbytie de 2 degrés, et la perte de ma capacité naturelle de mettre ma vision au focus. Pour continuer la BD, il me faudrait une tablette graphique, mais je n’ai pas l’argent.

Mars 2017. Pour la seconde année, le festival Québec BD offre le prix Jacques Hurtubise qui vient avec une bourse de $1000. Les conditions sont:

– Être citoyen Canadien. C’est mon cas.
– Être majeur. C’est mon cas.
– N’avoir jamais publié d’album. C’est mon cas.
– Avoir un projet d’album déjà en chantier. Avec 15 pages de terminées, et le reste déjà scénarisé / brouillonné / découpé, c’est mon cas.

Avec le dossier, il fallait remettre un truc appelé lettre de motivation. Dans celle-ci, je leur explique mon handicap visuel, en disant que ce qui me motive à vouloir cette bourse, c’est pour l’utiliser pour m’acheter une tablette graphique. Je suis d’ailleurs le seul candidat à avoir osé dire franchement que je voulais avoir cet argent.

Page couverture du dossier.

Le dernier vendredi de mars 2017, j’envoie ma candidature. Trois jours plus tard, Le premier lundi d’avril, je remporte le prix. Combinant ma bourse avec mon retour d’impôts, je m’achète la plus grosse tablette Cintiq que je puisse trouver.

J’y passe tout mon temps libre après le boulot. Et enfin, un an plus tard, l’album est terminé.

Ici, le Boss, c’est la fille. Et les poses sexy, ce sont les gars qui les ont.

Dix ans après avoir abandonné la BD pour la job de bras, je suis de nouveau artiste, avec mon tout premier album de BD à vie, lancé au Festival Québec BD , avec 10 de mes planches être encadrées au mur lors d’une exposition publique. En voici cinq.

Et c’est ainsi que ma carrière d’auteur de BD a redémarrée, événement qui m’a rapporté des honneur du milieu, une tablette graphique, et la publication de mon premier album.

Et tout ça parce que, quatre ans plus tôt, un anonyme employé de la compagnie Otis a oublié d’éteindre la lumière en quittant un puits d’ascenseur. Comme quoi on ne peut jamais savoir à quel point nos gestes les plus anodins peuvent parfois amorcer une réaction en chaîne pouvant radicalement transformer la vie d’une personne que l’on n’a jamais rencontré.

Comment j’ai appris à fermer ma gueule. Épisode 2 : Un jugement de cave.

Quatre ans se sont écoulés depuis le premier billet de la série Comment j’ai appris à fermer ma gueule.  Voici donc la suite que personne n’a jamais demandée.

Au début de l’année 2002, la montée de la popularité de l’internet combinée avec celle du manga en tant que style de dessin, fit exploser le phénomène du webcomic avec des séries populaires maintenant disparues comme Mac HallChugworth AcademySexy Losers (de qui on doit le mot FAP comme onomatopée de masturbation), et quelques autres qui existent encore aujourd’hui comme Something PositivePenny Arcade, et Sinfest

Considérant que telle serait la voie de l’avenir dans la BD, j’ai (possiblement) créé le premier webcomic québécois avec Collège Artiztech, sur la plateforme gratuite Geocities.  Sans pour autant prétendre que la série se qualifie en tant que manga, le style graphique de plusieurs personnages emprunte à différents degrés à l’école japonaise de la BD. 

Pour le personnage du directeur du collège, je tenais surtout à m’éloigner le plus possible du cliché que l’on voit trop souvent dans les mangas lorsqu’il s’agit d’une personne dans un poste d’autorité, c’est à dire un monsieur petit, vieux, chauve et obsédé sexuel.  J’ai juste gardé le côté obsédé et j’ai changé le reste.  Voici sa fiche de personnage:

FICHE DE PERSONNAGE: Ayant fait fortune au milieu des années 80 en tant que chanteur populaire, Richard Dicaire eut envie d’aider les jeunes artistes amateurs à faire connaître leurs talents.  Voilà pourquoi il a fondé le Collège Artiztech, une école qui se spécialise dans tous les domaines des arts.  Directeur du collège, il est surnommé Le Dic par les étudiant.  Comme on peut le voir au premier coup d’oeil, Richard n’a pas l’air de s’être rendu compte que la mode a évoluée depuis qu’il était adolescent.  Voilà pourquoi il porte encore le même style de vêtements et de coiffure que dans les années 80, en croyant toujours que ça lui donne l’air jeune et branché.
Richard a également une forte libido qui le pousse encore et toujours à tester ses charmes chez tout ce qui bouge, est jeune et féminin, en particulier les étudiantes.  Il est l’archétype du playboy qui vieillit mal.

Alors que je travaillais sur la série, je l’ai annoncée d’avance sur un forum de BD québécoise.  Dans ce sujet, on parlait de nos projets de BD personnels. Après avoir donné un bref résumé de la série, je décris le personnage du directeur du collège comme étant « Un cave qui ne s’est pas rendu compte que la mode avait changé en 20 ans, voilà pourquoi il se coiffe et s’habille encore comme lorsqu’il était ado dans les années 80: Parce qu’il croit stupidement que ça lui donne encore l’air jeune. »   Personnellement, je ne connaissais personne qui était comme ça. N’empêche que c’était un phénomène que j’avais déjà observé quelquefois chez les gens de mon âge.

Environs une semaine plus tard, je poste fièrement sur le forum le premier strip de Collège Artiztech.

À l’époque, je travaillais pour Safarir.  Et il se trouve que le rédacteur en chef était membre du forum.  En voyant ça, il commente: « Pas mal! Mais pourquoi est-ce que le directeur est un adolescent? »

Avant que j’aille eu le temps de voir son message, un autre membre du forum a répondu en me citant.  Comme ça, tout le monde a pu voir que je considérais que mon rédac-chef était « Un cave qui ne s’est pas rendu compte que la mode avait changé en 20 ans », car, comme le démontre son commentaire, « il croit stupidement que [ce look dépassé] lui donne encore l’air jeune. »  

Et voilà qui a jeté un froid dans notre relation.  Puisque j’avais écrit ça quelques jours avant son commentaire, c’est évident que je ne le visais pas LUI particulièrement.  Je n’avais aucune idée que lui aussi, comme trop de gens, ne se rendait pas compte que la mode des jeunes avait évoluée en vingt ans.  Mais d’un autre côté, en traitant ces gens-là de cave, ça voulait aussi dire que je le trouvais cave lui aussi.  S‘en est suivi un malaise qui fit que notre relation garda un froid pour le reste du temps où il occupa ce poste à Safarir.  Même que pendant ses deux ou trois derniers mois à ce poste, il a tout simplement cessé de me passer des commandes.  

Ce n’est que l’un des nombreux faux pas que j’ai commis dans le milieu de la BD québécoise, jusqu’à ce que je le quitte pendant sept ans à la fin de l’été 2008.  Celui-là n’a pas été le dernier et surtout pas le pire.  Mais j’en ai tiré une bonne leçon: Ce n’est jamais une bonne idée de se moquer des travers des gens, et encore moins de passer de sévères jugements à leur sujet, sans savoir si notre entourage inclut des gens qui peuvent s’en sentir visés.

Surtout si l’une de ces personnes est celui qui signe ton chèque de paie.

 

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Si vous voules voir les 50 gags suivants de Collège Artiztech, c’est ici.

24 attitudes à ne pas avoir lors d’un premier rendez-vous

Ce billet est le sixième de la série (Més)aventures sur sites de rencontres.

Pour celui-ci, je me suis inspiré d’anecdotes que m’ont raconté plusieurs de mes amies au fil des années, en plus de ce que j’ai pu moi-même observer.  C’est que quand on est membre féminin de sites de rencontres, on en voit de toutes les couleurs.  Et parmi les différentes attitudes que peuvent avoir les gens lors d’un premier rendez vous, certaines sont particulièrement à proscrire.  Par exemple:


ATTITUDE 1:
  User d’un langage déplorablement vulgaire.
C’est une chose d’être direct, c’en est une autre que d’être cru, sans filtre et mal éduqué. Disons que comme première impression, il y a moyen de faire mieux. (Vous en verrez plusieurs exemples dans les images qui vont suivre.) 

ATTITUDE 2: Être un peu trop pressé de passer à l’action.  

Et c’est encore pire quand c’est annoncé à la fois comme étant une obligation, et étant dû à une cause extérieure.

ATTITUDE 3:  Mentir sur son âge. 

Parfois, c’est un adolescent  un peu trop allumé par sa testostérone en éveil qui ment sur son âge pour se vieillir.  Mais plus souvent qu’autrement, c’est l’inverse qui se produit. 

ATTITUDE 4:  Utiliser la distance parcourue comme argument d’obligation coïtale.  

Surtout si ça vient avec une attitude agressive.

ATTITUDE 5:  Être un peu trop rapidement curieux au sujet de ses pratiques sexuelles. 

Il est normal de vouloir savoir si on est compatibles sexuellement. Mais c’est p’t’être pas un sujet à aborder dans la première heure de la rencontre.

ATTITUDE 6:  Tenter de manipuler en rabaissant l’autre, pour ensuite la remonter, dans le but de l’isoler. 

C’est une technique de drague particulièrement minable, qui consiste à donner l’impression à la fille que personne ne peut l’apprécier, sauf lui.  Donc, qu’aucun gars ne voudrait d’elle, sauf lui.   Parce que tous les hommes sont superficiels.  Sauf lui!

ATTITUDE 7:  Faire du stealthing.

La pratique d’enlever le condom pendant l’acte, sans le faire savoir à sa partenaire, a un nom (anglais): Stealthing Depuis peu, ce geste est enfin reconnu comme étant criminel au même titre qu’un viol.

ATTITUDE 8:  S’offrir immédiatement comme adorateur / esclave volontaire.

Le genre de mentalité et d’attitude que l’on a quand on est désespéré, parce qu’on (croit qu’on) n’a rien pour plaire à l’autre. 

ATTITUDE 9:  Se faire faussement passer pour célibataire.

Puisqu’il est impossible de cacher ça à long terme, tôt ou tard la vérité éclate.  Hélas, bien que victime parce qu’elle s’est fait mentir, la fille est souvent traitée comme si elle était aussi coupable que lui.

ATTITUDE 10:  Ne jamais décrocher de Tinder (ou autres sites / applications de rencontres)

Assez difficile d’envisager une relation durable avec une personne pour qui fréquenter ces sites est devenu une habitude.

ATTITUDE 11:  Avoir des remords post-coïtus. 

Ça peut être parce qu’il a insisté pour baiser jusqu’à ce qu’elle cède, ou parce qu’il vient de tromper sa conjointe, ou parce qu’il veut se faire moine et vient de violer son voeu de chasteté.  Peu importe la raison, il se sent mal de l’avoir fait.   Mais voilà, la prise de conscience, c’était avant, qu’il fallait l’avoir.  Pas après! 

ATTITUDE 12: N’avoir aucun sujet de conversation, autre que de la complimenter sur sa beauté.

Il a beau croire qu’il est un bon gars gentil et romantique, son attitude démontre qu’au fond de lui, il est convaincu que tout ce que les filles veulent entendre, ce sont des flatteries.  Belle attitude de misogyne condescendant qui s’ignore.


ATTITUDE 13: N’avoir aucun sujet de conversation, autre que de de parler du sexe qu’il a hâte d’avoir avec elle. (Encore pire si c’est avec vulgarité)

Le genre de gars qui a l’air de croire qu’elle va oublier que la soirée s’enligne pour être sexuelle, s’il ne le lui rappelle pas à toutes les cinq secondes.  Une attitude qui, dans 99.999999999999999999999999999999999999% des cas, transforme la plus volcanique des femmes en iceberg.

ATTITUDE 14: Confondre féminisme avec misandrie. 

Un vrai féministe saurait que le féminisme revendique l’égalité entre l’homme et la femme, et non la haine anti-masculine. Bref, sa vision de la femme ne vaut pas mieux que celle d’un misogyne.  Et ce qui rend la chose encore plus pathétique, c’est qu’il croit sincèrement que c’est par l’auto-flagellation émasculante qu’il réussira à en séduire une. 

ATTITUDE 15: Être adepte du coucou-bite surprise. 

Équivalent en personne de la dick pic, ce qui rend la chose encore plus malvenue.  Mieux encore, aux yeux de la loi, il y a des termes pour ça, tels grossière indécence, exhibitionnisme, harcèlement sexuel, agression sexuelle, etc, tous passibles de poursuite judiciaire.

ATTITUDE 16: Aimer un peu trop les enfants.

Beaucoup de mères célibataires déplorent que peu d’hommes vont vouloir s’engager dans une relation avec une femme qui a des enfants.  Malheureusement, lorsque l’inverse arrive, c’est parfois un peu louche. 

ATTITUDE 17: Ne pas respecter les limites pré-établies.

Rien de plus chiant que quelqu’un qui prétend savoir mieux que toi ce que tu aimes ou non, ou bien qui croit que lui saura te faire aimer ça.

ATTITUDE 18:  Considérer le sexe comme étant quelque chose qui lui est dû

Il agit comme si lui refuser du sexe était un crime, ce qui fait de toi une criminelle à ses yeux.  Voilà pourquoi tout ce que tu lui diras sera retenu contre toi, et il n’hésitera jamais à te faire un procès public sur le sujet.
Là encore, il y a un mot (anglais) pour ça: Incel.

ATTITUDE 19: Ne pas décrocher de son ex.

Quand un gars a eu la chance de sortir avec une extraordinaire partenaire de sexe, il faut s’attendre à ce qu’il s’en cherche une autre exactement comme celle-là, en étalant généreusement les détails que sa nouvelle rencontre ne tient pas vraiment à savoir. 

ATTITUDE 20: Se faire des idées préconçues sur la bisexualité.
Ça va de la bi-phobie au bi-déni en passant par l’impression que la bisexualité est synonyme de n’importe quoi, n’importe quand, n’importe où avec n’importe qui. 

De quoi donner envie de ne plus s’afficher que comme hétéro dans notre profil.  Ça règle le problème, mais ça peut en causer un autre, comme:

ATTITUDE 21: Insister sur la bisexualité. 
Comme beaucoup trop de gars, il ne rêve que de se ramasser une copine bisexuelle dans l’espoir de vivre un jour un ménage à trois.  Il va donc tenter de convaincre la fille qu’elle a un problème mental ou sexuel d’être encore hétéro à notre époque.

ATTITUDE 22: Faire du negging
Sérieusement, les gars… Vous croyez vraiment que rabaisser une fille en l’insultant sur un sujet X, pour ensuite la rabaisser sur la manière dont elle prend vos insultes, ça va vous réussir? 

ATTITUDE 23: Lui faire son profil psychologique, surtout négatif. 
Personne n’aime se faire juger,  se faire faire la leçon, et encore moins lorsque c’est non-sollicité.

ATTITUDE 24: N’accepte pas qu’on lui fasse ce qu’il fait aux autres.
Mais ça, c’est bien plus son problème à lui qu’à elle.

 

 

Le Party avec Salvail chez Rozon (1ère partie)

Ces dix dernières années, je racontais souvent l’anecdote dans laquelle Éric Salvail m’a appelé « ma chouette ». Mais avec les révélations médiatiques de ces derniers jours, je réalise que le reste de la soirée vaut également la peine d’être racontée.

J’avais d’abord pensé raconter cette anecdote sous forme de texte.  Et puis, je me suis dit que ce serait bien, d’avoir le seul témoignage sur le sujet sous forme de BD.  Veuillez excuser le style graphique un peu primitif.  Je dessine cette histoire pendant mes pauses, au boulot.  Comme ça, chez moi, je ne consacre mon temps qu’à mon projet d’album de La Clique Vidéo, qui a une date de tombée.

C’est parti:

 










À l’époque, je croyais sincèrement que la claque sur les fesses que m’avait donné Éric Salvail était un truc anodin, sans sous-entendu.  Il est vrai que j’aurais trouvé ça un peu plus normal de la part d’un bon copain proche, plutôt que d’un gars que je ne connaissais que depuis un quart d’heure.  Mais bon, j’avais déjà rencontré bien des personnes exubérantes dans ma vie.  Croyant qu’il ne s’agissait-là que de son humour particulier, je ne me suis jamais senti traumatisé ni agressé du geste d’Éric.  La preuve, c’est qu’à chaque fois que je parlais de cette soirée, je ne racontais que la partie « ma chouette / ma chienne » en trouvant ça bien drôle. 

Maintenant, bien que je ne me sens toujours pas traumatisé ni agressé, il reste que les récentes révélations au sujet d’Éric Salvail me font voir ses paroles et ses gestes sous un tout autre angle.

Sur ce, voici la suite.

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Références:
– Mon article viral 30 comportements qu’il faudrait cesser d’avoir sur Facebook.
– Mon autre texte viral, la liste de noms de famille.
– La chanson que j’ai écrite et interprétée, et que le prof de l’ENH m’a demandé la permission d’utiliser, s’intitule L’amour, c’est comme ça.  Ça dénonce le fait que certains hommes considèrent que leurs agissements violents puissent être de sincères signes d’amour pur.  Ça le fait de façon bien plus horrible que drôle, je dois dire.

La Clique Vidéo, l’album: C’est un départ!

Dans un article datant du 26 janvier dernier et publié sur mon blog BD Requin Roll, je déplorais que l’état de mes yeux m’obligeait à interrompre ma série de BD La Clique Vidéo après quinze pages et quart.

Je dois porter des lunettes ou des verres de contacts depuis l’âge de dix ans.  Au fil des années, ma myopie a progressé de façon alarmante.  Comme si ça ne suffisant pas, avec l’âge, la presbytie est venue s’y mettre, et hélas l’un n’annulait pas l’autre.  Aussi, j’ai eu à subir une chirurgie aux deux yeux.  On m’y a implanté en permanence des lentilles intra-oculaires.  Le seul mauvais côté de ce genre d’intervention, c’est que ça laisse avec une presbytie de 2 degrés, et que les yeux ne sont plus capable de se mettre au focus, puisqu’il s’agit d’une vision artificielle.

J’ai bien des lunettes de lecture, hélas ça ne vaut rien pour dessiner.  Pour bien voir ce que je fais, je dois mettre ma tête trop loin du papier, ce qui rend l’encrage pénible et imprécis.  Alors deux choix s’offraient à moi: Ou bien je me mettais à dessiner des cases géantes, genre une image par page.  Ou bien je ne procurais une dispendieuse tablette graphique.

Il y a deux semaines, je me suis rappelé que, pour la seconde année de suite, le Festival de la BD Francophone de Québec offrait le prix Jacques Hurtubise, ainsi nommé en l’honneur du fondateur de la légendaire revue Croc

Ce prix est destiné aux auteurs n’ayant pas publiés plus d’un album, et qui planifient en publier un de façon indépendante.  Voyant que ça venait avec une bourse qui m’aiderait grandement à me procurer une tablette graphique, j’ai tenté ma chance: J’ai préparé un dossier et j’ai proposé ma candidature.
 

… Et j’ai gagné!  

Le prix Jacques-Hurtubise m’a été remis par Hélène Fleury, membre du jury et cofondatrice de Croc.  Un chèque de mille dollars, gracieuseté de Brouillard Communicationm’a été remis par le sympathique Jean Brouillard, président et fondateur de la firme. 

Il fallait bien que je m’inscrive sous mon vrai nom, je n’aurais pas pu encaisser un chèque au nom de Steve Requin.  De toute façon, si j’ai pris cette identité en 1994, c’est parce que dans le temps, je faisais dans le fanzine adulte de goût douteux, et je ne tenais pas à ce que mes enfants en souffrent.  Aujourd’hui, puisqu’ils sont tous adultes et aussi douteux que leur père l’était à l’époque, ça n’a plus d’importance.

Et c’est à la suggestion de Mme Fleury elle-même que, au moment où on me remettait mon prix, j’ai partagé avec le public une anecdote personnelle au sujet du regretté Jacques Hurtubise.  Celle-ci fut reproduite dans cet article au sujet du Bedeis Causa 2017 tiré de ActuaBD.com:

Alors voilà, ce qui fut dit fut fait:  Je me suis procuré la tablette dont j’avais besoin pour reprendre mon projet d’album, et le terminer.

Mais avant ça, il était clair que mon tout premier dessin sur cet instrument revenait de droit aux gens qui l’ont rendu possible.  

 

Petit exemple d’amitié toxique

C’est symbolique, bien sûr. Et, comme d’habitude, les sexes sont interchangeables. Mais sinon, ouais, on en a tous connus au moins une de ce genre-là:

Ajout de nouveaux liens.


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Mes Prétentions de Sagesse


Mes BD

Requin Roll, toutes mes BD, en ligne.
Toutes les BD que j’ai pu faire, passées et présentes. Publie trois fois par semaine.

Les Colocopines
 Courte série au sujet de trois copines colocataires.

1 Gay 1 Hetero
Deux colocataires, l’un est gay, l’autre est hétéro.

ComicOrama, chroniques sur la BD en général.

Deviant Art, ma galerie en ligne.

Et voilà!  C’est que j’en ai produit, du stock, en 19 ans sur le net.

Deux catégories de gens…

… et deux qualités de vie sociale.

Avant qu’on me pose la question, non, il n’existe pas de série nommée « Kid Mecha ». De toute façon, le sujet de discussion n’a aucune importance. C’était juste pour montrer la différence entre les gens normaux et ceux qui accordent une importance démesurée à ton ignorance, car ils ressentent un tout aussi démesuré besoin de rabaisser autrui.