Le plaisir coupable. Ou : accepter de se faire rabaisser.

Plaisir coupable est un terme que j’ai toujours eu en horreur.
Qu’est-ce que la culpabilité ? C’est un sentiment personnel ou un jugement social qui vient du fait d’avoir posé un geste qui mérite la réprimande. Donc en ayant commis une action illégale et/ou immorale.

Mais lorsque le geste n’est ni l’un ni l’autre, pourquoi devrait-il faire naître un sentiment de culpabilité ?

Mais qui donc l’impose, ce sentiment de culpabilité ?
Les snobs ! Les prétentieux Ceux qui ressentent le besoin de se croire supérieurs à autrui. Bref, ceux qui, dans leur subconscient, vivent un sentiment d’infériorité. Et celui-ci a des racines si profondément ancrées en eux, qu’ils ne peuvent concevoir d’être un jour capables de pouvoir s’élever au-dessus de la masse. En fait, ils ne se sentent même pas capables de monter à égalité vers la dite masse pour commencer. Ils compensent donc de la seule manière qui soit à leur portée : en rabaissant autrui plus bas qu’eux-mêmes.

Mais comment peut-on se placer au-dessus de ceux que l’on perçois inconsciemment comme étant nos supérieurs ?
Lorsqu’une personne complexée est incapable de dépasser autrui en quoi que ce soit de concret, alors elle se réfugie dans le jugement de valeur : si tu aimes tel truc, alors tu es (selon ton continent d’origine) ringard, quétaine, bauf, de mauvais goût / pas-d’goût, nul, naze, médiocre intellectuellement ou moralement. Et c’est sur ces jugements que ces gens vont justifier les comportements négatifs qu’ils choisiront d’avoir envers toi. Comme ici, lorsque cette femme explique pourquoi elle a refusé d’obéir à son patron.

Comme Convenu tome 1, par Laurel, 2014.

Lorsque l’on considère que les préférences personnelles doivent suivre certains standards dictés par des gens non-concernés, on tombe dans l’élitisme. Pour faire partie de l’élite, tu dois apprécier certains trucs. Trucs d’ailleurs souvent mal définis. Mais surtout, tu te dois de ne PAS apprécier une liste infinie de sujets. Et tu constates rapidement que, quelle coïncidence, cette liste va toujours accueillir automatiquement 99.999999% des trucs que tu aimes.

Quoi de plus normal que de vouloir partager autour de soi la source de notre joie. Mais voilà, tu connais trop bien les conséquences sociales d’oser prendre un tel risque. Alors tu fais acte de soumission. Tu annonces la chose en commençant par « Mon plaisir coupable est … » Parce que tu te fais intimider d’avance. Sous menace que l’on te porte un jugement négatif. Que l’on mette en doute ton bon sens, ton raisonnement, ton bon goût, ton intelligence. Tu te laisses volontairement manipuler par pression sociale à voir d’un regard négatif quelque chose qui ne t’apportait jusque-là que du positif.

Ce que le terme plaisir coupable signifie, c’est que tu as le droit d’aimer ce que tu veux, pourvu que tu acceptes d’abord de déclarer publiquement que tu reconnais que tu devrais ressentir de la honte à le faire.

En faisant ça, tu appuies ceux qui n’ont aucune raison valable de juger des goûts personnels d’autrui. Tu les aides à te rabaisser, et tu confirmes qu’ils ont raison de le faire. Bref, en acceptant ton statut d’inférieur, tu cautionne un sytème qui divise les gens en classe supérieure et en classe inférieure en se basant sur des critères qui n’ont aucune pertinence. Un système créé par des gens impuissants à évoluer au-delà de la médiocrité qu’ils percoivent en eux-mêmes. Des gens qui ont besoin de se rassurer avec l’idée qu’ils puissent trouver une raison d’abaisser les autres plus bas qu’eux-mêmes. Quitte à l’inventer de toutes pièces, cette raison. Or, comme toute raison inventée, peu importe sous quel angle on essaye de la présenter, il reste que c’est une raison bidon.

Tout le monde se dit défenseur du droit à la liberté d’expression. Combattant du respect d’autrui. Champion du droit qu’à tout-un-chacun de pouvoir faire ses propres choix. Et pourtant, tout le monde accepte de s’empêcher de s’exprimer librement sur ses propres goûts, ses propres choix, et ce au détriment de son propre respect.

Et pourquoi ? Pour bien paraitre aux yeux de gens mesquins qui ne te respecteront jamais.

J’ai beaucoup de sources de plaisir. Mais aucune d’entre elle ne me rend coupable de quoi que ce soit. Et n’est pas encore né celui qui arrivera à prouver le contraire.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité, 5 de 5, la conclusion: Faut-il laisser les Red Flags tout dicter?

Tout le long de cette série de billets, j’ai fait une longue liste de Red Flags qui auraient dû me prévenir de me tenir loin de Mégane. Et ce dès le départ : une mère en couple depuis 20 ans qui me fait une déclaration d’amour parce que le tarot lui a dit que j’étais l’homme de sa vie. Déjà là, ça en dit long sur sa personnalité, et ça n’en dit rien de bon : infidèle, irréfléchie, qui n’a pas les pieds sur terre, adepte de la pensée magique…

Dans ma jeunesse, à l’époque où je tenais mordicus à avoir un comportement parfait et irréprochable, jamais je n’aurais accepté d’être en relation avec elle. Or, il a a une chose importante à considérer ici, et c’est ma situation. C’était une belle femme, un peu plus jeune que moi mais tout de même de ma génération, qui avait l’intelligence et la volonté de retourner aux études pour faire quelque chose de sa vie. Et elle ressentait pour moi un désir physique irrésistible, suivi d’un amour inconditionnel. J’étais itinérant, sans un sou, criblé de dettes, sans autre transport que mon vieux vélo acheté deux ans plus tôt dans un pawn shop. Même à mon meilleur, je ne crois pas que j’aurais pu trouver mieux qu’elle. En fait, ce serait déjà un miracle que je puisse trouver aussi bien. Je n’avais donc pas tellement d’options. C’était elle, ou alors personne pour encore bien longtemps.

Ensuite, malgré tous les Red Flags initiaux et ceux qui se sont succédés par la suite, il reste que son passage dans ma vie a été le plus bénéfique qui soit. Alors que la majorité de mes relations m’ont enlevé beaucoup, elle au contraire en a apporté comme personne. Sur huit points en particulier, elle a su transformer ma vie pour le mieux. ils sont :

POINT 1: Son influence sur mon décor.
Avant de la rencontrer, lorsque j’avais des appartements, je décorais la place avec ma collection d’antiquités. Elle n’a pas pu en visiter puisque j’étais itinérant lorsqu’on s’est rencontrés, mais elle a vu des photos. Elle m’a fait comprendre que oui, si le décor se doit de refléter les goûts de la personne qui y l’habite, il reste qu’il y a une sacrée différence entre mettre ici et là quelques éléments antiques pour décorer, et carrément vivre dans une boutique d’antiquité. Un salon, une cuisine, une salle à manger, une chambre, tout ça doit rester sobre et accueillant pour les visiteurs. Un décor complet qui ne réflete que tes goûts de manière aussi omniprésente et insistante, ça empêche quiconque de s’y sentir à l’aise. À moins que j’aille la chance extraordinaire de ne fréquenter que des gens qui partagent exactement la même passion au même niveau que moi.

Je n’étais pas à 100% convaincu, mais je voyais de la logique dans ses propos. Aussi, j’ai décidé de garder l’esprit ouvert. À sa demande, lorsqu’elle m’a trouvé mon 3½, je l’ai laissé s’occuper de la déco. Au début, ça détonnait sur mes habitudes. Mais j’ai dû reconnaître qu’elle avait raison. Encore aujourd’hui, je vis dans des décors sobres et accueillants, dans lesquels je me sens tout de même chez moi.

POINT 2 : Mon logis.
C’est elle qui m’a trouvé mon appartement, un 3½ à coût ridicule pour le marché actuel. Et bien que j’ai annuellement maille à partir avec le propriétaire au sujet de ses tentatives abusives d’augmentations contre lesquelles je le traine d’ailleurs en Cour (saga suspendue mais néanmoins à suivre) il reste que c’est grâce à cette adresse officielle que je tombe dans la catégorie « travailleur en région éloignée », qui me rapporte autant d’avantages fiscaux. Et il est d’autant plus économique puisque grâce à Mégane, j’ai …

POINT 3 : Mon pseudo-colocataire.
Le frère de Mégane n’avait pas les moyens de se trouver un logis convenable. Et à cause de mon travail, le mien est vacant l’équivalent de 11 mois par année. Il habite donc chez moi et me paie le loyer, que je refile ensuite au propriétaire. Et puisqu’en Gaspésie, je suis logé gratuitement, c’est d’autant plus d’économies pour moi.

POINT 4 : Mon lit.
En couple et en colocation avec Karine, Flavie, Nathalie, je n’avais pas possédé de lit depuis le siècle dernier, littéralement. Et lors de mes moments de célibat, je dormais sur le divan. Et depuis mon itinérance, je n’avais même plus ça. Je dormais sur une chaise longue de plage. Mégane m’a acheté et fait livrer par surprise un matelas. Quelques semaines plus tard, on y ajoutait une base de lit. Ça peut sembler n’être pas grand chose. Mais jamais on ne m’avait fait un tel cadeau. Grâce à elle, mes nuits sont devenues confortables et reposantes.

POINT 5 : Mon laptop.
En 2020, je me suis acheté un laptop Acer pour $800. Moins d’un an plus tard, j’ai commencé à avoir des problèmes physiques avec. Il fonctionne toujours bien, mais sa… euh… « carosserie », disons, se défait, et l’une de ses pentures a brisé alors que je l’ouvrais. En 2023, ayant appris un truc ou deux de son conjoint spécialiste en informatique, Mégane m’a fait acheter un laptop Lenovo pour $850, dont je ne peux que vanter la qualité, et les qualités.

POINT 6 : Ma carrière.
Il est vrai que ce point n’a pas été amené à moi volontairement ni positivement par Mégane. Elle m’a laissé tomber pour son Bertin. Pour amortir ma chute, je suis allé m’inscrire sur Facebook Rencontre. J’y ai été contacté par une préposée qui m’a parlé des nombreux avantages de travailler pour une agence plutôt qu’un hôpital ou un CHSLD. Elle m’a branché sur son agence. Et depuis, je suis enfin prospère. D’accord, si Mégane m’était restée fidèle, rien de celà ne serait arrivé. Mais sans ce négatif qu’elle m’a apporté, je n’en aurais jamais tiré ce positif. Donc, peu importe comment on retourne la chose, il demeure que sans Mégane dans ma vie, ça ne serait jamais arrivé.

POINT 7 : Mon auto.
La seule et unique fois que je m’étais procuré une automobile, c’était en 1997. J’ai été coincé dans une arnaque pas-possible qui m’avait ruiné en me faisant en plus perdre mon emploi et taper une dépression. Il se trouve que Mégane a eu des autos toute sa vie, et est passionnée par les automobiles. Elle savait donc que choisir, à quel prix, et où s’adresser. Grâce à elle, j’ai pu me procurer une auto qui répond à tous mes besoins et qui ne m’a jamais ruiné.

POINT 8 ; Ma purge du passé.
Peu à peu, les changements que Mégane m’a apporté ont transformé ma vie, au point de me rendre compte que je trainais inutilement des bagages de mon passé, et ce au sens propre. Aussi, dans deux containers géants, l’un pour le recyclage, l’autre poour les ordures, je me suis débarrassé de 90% de mes possessions, après avoir accepté le fait que je ne m’en servais plus et que je ne m’en servirai jamais.

Donc, les Red Flags… On les écoute, ou pas ?
Dans la vie, tout n’est pas à 100% noir ni blanc. J’aurais pu cesser de féquenter Mégane n’importe quand. Particulièrement après qu’elle m’ait laissé tomber pour son Bertin. Mais si je l’avais fait, alors je n’aurais jamais vécu les points 6, 7 et 8, grâce auquele je vis maintenant de la manière dont je l’ai toujours voulu. Soit la vie normale d’un homme normal avec un travail normal et un revenu normal.

Dans mon livre Le Sucre Rouge de Duplessis, je cite un extrait de la lettre d’un ministre, disant : « Il faut prendre les gens tels qu’ils le sont, ni totalement bons, ni totalement mauvais. » Car si Mégane m’a fait vivre beaucoup d’expériences négatives, elle a su en revanche m’apporter le positif requis pour faire de ma vie le succès que j’ai toujours poursuivi sans jamais atteindre.

Mais est-ce une raison pour continuer d’accepter de tout subir ?
Non ! Parce qu’il y a une différence flagrante entre avant et maintenant. Avant, j’étais sans emploi, sans le sou, sans domicile fixe, sans véhicule. Quand on n’a rien, on n’a rien à perdre, et tout à gagner. À l’époque, je n’avais aucune option. Je n’avais pas le choix.

Eh bien maintenant j’ai des options, et j’ai le choix. Et je choisis de ne plus jamais accueillir dans ma vie une mystique qui rejette la réalité.

La responsabilité, l’irresponsabilité et la SURresponsabilité.

Avez-vous déjà remarqué que ceux qui vont vous accuser de jouer à la victime, ce sont les mêmes personnes qui vont vous reprocher d’avoir fait ce que vous aviez à faire pour ne plus en être une ?

La semaine dernière, j’écrivais une série de deux billets de blog au sujet d’Ariane, une ex-amie et ex-collègue de travail. J’ai raconté que, suite à avoir eu à endurer ses insultes pendant trois heures et demie dans mon auto, j’ai mis fin à la relation. Je ne l’ai pas confrontée. Je n’ai pas tenté d’ouvrir le dialogue. Je suis juste parti sans même lui dire au-revoir. Je l’ai bloquée de partout, la bannissant de ma vie pour toujours.

J’ai reçu en privé un commentaire d’un lecteur qui, après avoir lu ce billet, me reprochait mon évitement de la confrontation, et surtout ma fuite, tout en affirmant que je n’avais qu’à dire à Ariane un truc du genre de « Je ne me sens pas respecté » ou bien « Cette communication ne me convient pas » pour que tout s’arrange.

Il se trouve que tenter d’ouvrir le dialogue en m’exprimant de manière neutre et objective sur le sujet, c’est exactement ce que j’ai fait toute ma vie, et ce depuis que j’ai dix ou onze ans. Et à chaque fois, sans la moindre exception, ça n’a fait qu’empirer les choses. Car lorsque l’on exprime à l’autre nos sentiments de malaise face à son comportement, on lui dit en fait que son comportement est inacceptable. Ce qui l’insulte. Ce qui provoque chez l’autre une explosion de colère. Ce qui met fin à la relation de toute façon. Sauf que dans ce cas-ci, ça y met fin dans la haine. En 2015, j’ai fait cette petite BD qui représente parfaitement la chose.

Il y a d’ailleurs trois cas dans lesquels mes tentatives d’en discuter entre adultes matures ont dégénérés en croisades ouvertes contre moi qui perdurent depuis les 11, 21 et 22 dernières années. Car oui, on me rapporte souvent que ces gens continuent régulièrement de parler en mal à mon sujet à qui veulent (ou non) l’entendre. Ce qui est ironique, c’est que dans les trois cas, ces personnes sont trop orgueilleuses pour reconnaître les vraies raisons de notre conflit. L’expliquer, ça les obligerait à avouer publiquement leurs torts. Ainsi, pour justifier leur acharnement, elles sont obligées d’inventer toutes sortes de raisons bidon, en me collant des défauts, faits et gestes qu’elles sont les seules à voir en moi. Ce qui ajoute une couche d’ironie supplémentaire, c’est qu’en agissant ainsi, ces personnes démontrent posséder elles-mêmes de bien pires défauts que ceux qu’elles m’inventent.

La raison pourquoi il est impossible de dialoguer objectivement avec ce genre de personnes, c’est qu’on ne peut raisonner qu’avec des gens raisonnables. Si la personne avait été raisonnable, elle n’aurait pas créé ce conflit pour commencer. Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’elle devienne soudainement raisonnable si on lui remet ses abus en face.

Il y a une école de pensée qui affirme que chaque personne est responsable de ce qu’elle subit. Là où cette doctrine démontre avoir zéro logique, c’est que si tu prends sur toi la responsabilité des agressions que tu reçois, ça signifie automatiquement que tu déresponsabilise ton agresseur. Comment peut-on à la fois affirmer qu’il faut être responsable, tout en surresponsabilisant l’un afin de déresponsabiliser l’autre?

Ce réflêxe social qui est hélas beaucoup trop répandu, provient d’une logique qui va comme suit: Ça prends deux personnes pour créér un conflit. Traduction : Tant et aussi longtemps que tu vas endurer les abus avec le sourire tout en fermant ta gueule, tout ira bien. Mais à partir du moment où tu refuses d’en subir davantage, alors là, c’est TOI qui cause la merde.

En 2014, lorsqu’il a été poursuivi en justice pour propos haineux, Gab Roy (et ses supporters) avait le même discours.

Et un an plus tard, il entrait en prison pour agression sexuelle sur une fille de 15 ans.

En 2016, même chose avec l’humoriste (?) Mike Ward.

Et rappelez-vous en 2017, lorsque Gilbert Rozon a été accusé d’agression sexuelle par plusieurs femmes, beaucoup ont jeté le blâme sur ces femmes, les tenant pour responsables de la débâcle de l’empire Rozon qui a suivi.

Pourquoi est-ce que ce serait la responsabilité de la personne qui subit, de porter seule tout le poids de l’harmonie de la relation? J’en reviens à Ariane. Certains diront que la vitesse à laquelle j’ai mis fin à notre amitié, ça démontre que celle-ci n’avait pas grand valeur à mes yeux. Étrangement, ils ne leur viendra jamais en tête de se demander quelle valeur notre amitié avait aux yeux d’Ariane, pour avoir passé trois heures et demie à me faire subir ses insultes non-stop, et ce sans la moindre raison valable. Elle est où, sa responsabilité, là-dedans?

À l’été de 2012, je m’exprimais déjà sur le sujet, en utilisant des personnages de Rage Comics d’internet. À commencer par cette citation faussement attribuée à Marylin Monroe.

Je me suis également attaqué à cette pensée gaslight-ogène qui semble avoir été créee dans le but de manipuler les gens à endurer les abus qu’ils subissent dans les relations de couple.

Et ça vaut tout autant pour les relations d’amitié.

Et je ne suis pas le seul à le dire.

Source: https://www.avancersimplement.com/la-culpabilite/

L’un des premiers billets de ce blog a pour titre Insulter en prétendant que c’est de l’humour, et a été écrit en juillet 2009. J’y donne quelques exemples vécus de gens qui faisaient partie mon entourage, qui faisaient sans cesse des remarques rabaissantes, blessantes, condescendantes, toujours en affirmant qu’il ne s’agit que de blagues, et que je serais vraiment susceptible de leur en tenir rigueur. Là encore, même si ces remarques se prétendaient être « des jokes sans importance entre bons amis », le fait de leur demander poliment d’arrêter a déclanché de violentes hostilités. Ce qui, ironiquement, démontrait clairement deux choses. De un, contrairement à ce qu’ils affirmaient, avoir le droit de rabaisser autrui avait beaucoup d’importance pour eux, au point de piquer des crises d’hystéries si on leur refusait ce droit. Et de 2, par leur réaction, le fait que le plus susceptible de nous deux, ce n’était certainement pas moi.

Ça m’a pris 45 ans d’essais à tenter d’ouvrir le dialogue lorsque je vivais cette situation, et à échouer à tout coup, pour enfin apprendre la leçon qui suit: Face à ce genre d’individu, tenter d’en discuter ne sert à rien. Il n’y a que deux voies que l’on puisse prendre.

  1. La voie de la confrontation. Conséquences : on transforme une amitié en haine féroce, et un(e) ami(e) en ennemi acharné(e) qui tentera de te causer du tort dans ta vie sociale, dans ton travail, dans ta famille, dans ton couple, pendant des mois, des années, voire des décennies.
  2. La voie de la fuite et du ghosting. Conséquences : On passe pour un susceptible, voire un lâche, aux yeux de notre agresseur. Mais ça finit là.

Voilà pourquoi je ne tente plus de dialoguer et que je prends maintenant la voie de l’évitement. Parce que cette situation négative dans laquelle l’autre t’entraine sans ton consentement, c’est la raison pourquoi existe le proverbe « De deux maux, il faut choisir le moindre. » Quand tu ne peux pas éviter les dégats, ton choix se résume à les limiter, ou à les empirer.

S’accrocher à une relation toxique, c’est affirmer que notre estime de soi est tellement basse que l’on a l’impression que l’on ne mérite pas mieux. On démontre que l’on se croit tellement loser et désespéré, que notre choix se limite à endurer les abus, ou bien passer sa vie seul. C’est faux. Il y a là, ailleurs, des gens respectueux. J’ai plusieurs amis de longue date qui le sont. Ils sont là, ils existent. Il suffit juste de les trouver. Chose qui n’arrivera pas si tu t’obstines à rester dans une relation dans laquelle l’autre ne cessera jamais d’être ce qu’il est : un agresseur qui t’a choisi comme cible pour ses comportements merdiques, et de qui tu restes la victime volontaire.

Et c’est là où elle se situe, ta responsabilité. Envers toi-même. Devenir ton agresseur, c’est son choix. Ne pas rester sa victime, c’est le tiens.

Je terminerai avec cette phrase que j’ai lu quelque part sur le net: Personne n’a jamais ressenti le besoin de rabaisser quelqu’un qui lui était déjà inférieur. Alors si une personne tente sans cesse de te rabaisser sans raison valable, sans argument pertinent et surtout sans provocation, sache que ça en dit bien plus sur sa propre valeur que sur la tienne.

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Y’A LIENS LÀ

Depuis que ce blog existe, nombreux sont les billets au sujet des gens déraisonnables qui vont te rabaisser et te faire subir encore pire si tu oses leur tenir tête. J’ai réuni la majorité d’entre eux sous ce lien: SÉRIE : La Conflictuodépendance.

L’âgisme réel et imaginaire

À mon travail, à chaque fois que je dis mon âge, mes collègues sont toujours étonnés d’apprendre que j’ai 56 ans.  Il est vrai que j’ai eu de la chance.  Ma peau ne ride presque pas et n’a pas encore perdu son éclat.  Et à ça je combine l’exercice cardio et musculaire.  Ajoutons la teinture pour dissimuler mes poils blancs, et tout cela ensemble me donne une apparence rajeunie.  Voilà pourquoi on me répond toujours que l’on me donnait entre 35 et 45 ans, ce qui est très satisfaisant pour mon orgueil. 

Sourire? Ça donne des rides.

Il arrive cependant des moments où je ressens une certaine hésitation à avouer mon âge.  Et c’est lorsqu’une intéressante jeune femme me le demande.  Si vous êtes un homme, ça vous est probablement déjà arrivé.  Sinon, ça ne saurait tarder. 

Que faire à ce moment-là ?  Avant toute chose, sachez qu’il y a cinq mauvaises réponses à ne pas donner, et une bonne.  Commençons avec : 

MAUVAISE RÉPONSE no.1 : Mentir. 
S’il est vrai que j’ai l’air d’avoir entre 35 et 45, je pourrais certainement dire à cette jeune femme que j’ai 39, tiens.  Et elle le croirait.   

Et c’est une mauvaise idée, parce que ? 
Plus longtemps je vais lui cacher mon âge véritable, et plus il me sera difficile d’oser le lui avouer.  Alors si on se retrouve en relation de couple, et que le temps passe au point où ça devient vraiment sérieux, je devrai passer le reste de notre relation, peut-être le reste de notre vie, à le lui cacher. Et à vivre dans l’angoisse qu’elle découvre un jour la vérité. Or, ce genre de chose ne peut se cacher éternellement. Lorsqu’elle le découvrira, le choc de constater que je lui aurai menti pendant tout ce temps sera suffisant pour qu’elle se pose la question « S’il m’a caché quelque chose d’aussi anodin tout ce temps-là, quoi d’autre de bien pire est-ce qu’il me cache? » Ce qui mettra automatiquement fin à la relation, et ce dans une atmosphère extrêmement négative, dans laquelle je subirai tous les soupçons imaginables, allant de la polygamie jusqu’au passé criminel.   

MAUVAISE RÉPONSE no.2 : Répondre par une question. 
En particulier « Pourquoi tu veux savoir ça? » 

Et c’est une mauvaise idée, parce que ? 
Si c’était une question vraiment personnelle du genre de « Quel est ton numéro de carte de crédit? » ou bien « Quel sont tes légumes préférés pour le massage des hémorroïdes? », là, d’accord, c’est normal de demander pourquoi elle te la pose. Mais quelque chose d’aussi anodin que ton âge? Les seules personnes qui répondent « Pourquoi veux-tu le savoir? » sont ceux qui tiennent à le cacher.

MAUVAISE RÉPONSE no.3 : Refuser de répondre et/ou détourner le sujet. 
Il m’est arrivé, sur le ton de la blague, de répondre « Assez vieux pour savoir qu’il vaut mieux pour moi de ne pas répondre pas à ça. ».  Ou bien plus sincèrement « Assez vieux pour que ça me dérange de le dire. » 

Et c’est une mauvaise idée, parce que ? 
Alors que la réponse précédente, « Pourquoi tu veux savoir ça? » , donne l’impression que l’on n’assume pas son âge, refuser de répondre et/ou détourner le sujet confirme qu’on ne l’assume pas.  Ce qui démontre un grand manque de confiance en soi.  C’est également perçu comme mettre de l’importance dans les apparences, dans les choses frivoles, non-importantes. 

MAUVAISE RÉPONSE no.4 : Donner une réponse compensatoire. 
Par exemple, cette réponse typique des hommes dans la quarantaine : « 45, mais j’ai l’énergie et/ou la libido d’un gars de 25. »

Et c’est une mauvaise idée, parce que ? 
Lorsque tu ressens le besoin de compenser pour ton âge, c’est signe que tu ne te sens pas en sécurité avec celui-ci. De plus, tu exprimes que tu crois qu’avoir 45 ans, c’est être inférieur à ceux qui sont dans leur prime jeunesse. Ça exprime donc tes complexes, voire même ton auto-âgisme.

MAUVAISE RÉPONSE no.5 : Décider à sa place que ton âge est quelque chose de négatif pour elle.  
C’est quelque chose que je faisais encore au printemps dernier, comme on a pu le voir dans mon premier billet de la série Noémie, ou le rêve devenu réalité

Elle a mis son profil accessible aux gars de mon âge. Mais JE SAIS que je suis trop vieux.

Et c’est une mauvaise idée, parce que ? 
Si une femme constate qu’un homme s’intéresse à elle, mais qu’elle ne ressent rien pour lui, elle tentera de le décourager.  Pour ce faire, elle glissera sans cesse dans leurs conversations des indices comme quoi ils sont incompatibles.  Alors si tu lui énumère toutes les raisons pourquoi votre différence d’âge pourrait se mettre entre vous deux, c’est exactement ce que tu as l’air toi-même de faire : vouloir la décourager de se rapprocher de toi.  Ce genre de comportement a le don de se transformer en prophétie autoréalisatrice.

Laisse-moi t’apprendre quelque chose qui est pourtant logique quand on y pense : Si la femme te demande quel est ton âge, c’est parce qu’elle est déjà intéressée à toi.  La preuve : as-tu déjà été curieux de savoir l’âge de quelqu’un qui ne t’intéressait pas ?  Ben non, hein !?  Alors si elle te pose cette question, ce n‘est pas dans le but de voir si tu es trop vieux pour elle.  C’est tout simplement pour en savoir plus sur toi.  Parce que tu l’intéresses.  

Mauvaise réponse no.5 : Ne dire que le chiffre. 
« C’est quoi ton âge ? »
« 56 ! »

Bon, oui, techniquement, c’est une réponse franche, claire, précise, droit au but.  Maaaaaaais… 

… C’est une mauvaise idée, parce que ? 
Nous avons déterminé que si une femme te demande ton âge, c’est parce qu’elle a de l’intérêt pour toi.  Est-ce que tu en as pour elle en retour?  Oui ? Alors montre-le lui mieux que ça.  Parce qu’une réponse comme celle-là peut donner l’impression que tu espères que la conversation se termine là. 

Alors quelle est la bonne manière de répondre ? 
Une variante de ma propre réponse. Avant mon anniversaire, je disais : « J’aurai 56 ans le 21 juillet.  Et toi? »  Et depuis, je dis : « J’ai eu 56 ans le 21 juillet.  Et toi? » 

Et ça, c’est une bonne idée, parce que ? 
Tout d’abord, en répondant ceci, tu cesses d’être la personne qui subit un interrogatoire.  Tu es maintenant celui qui prends le contrôle de la conversation.  En répondant une phrase détaillée, tu prolonges la conversation.  Ceci est un signe d’intérêt.  Et tu lui renvoie sa question.  Ceci est un autre signe d’intérêt.  Et cette information supplémentaire qu’est ta date de naissance lui donne l’opportunité d’apporter du neuf sur le sujet.  Car si je me fie à mes expériences personnelles, 75% des femmes s’intéressent à l’astrologie.  Elle ne manquera donc pas cette opportunité de comparer vos signes, et d’y voir de la compatibilité.  Et si elle s’intéresse à vous, croyez-moi qu’elle saura les trouver, ces compatibilités.  La preuve : une de mes ex, Mégane.  Lorsque l’on a commencé à se fréquenter, elle nous avait tiré aux cartes, au tarot, aux runes, etc.  Et toutes ses lectures étaient claires sur le fait que j’étais l’homme de sa vie, son âme sœur, la seule, l’unique.  Deux ans plus tard, ces mêmes cartes, tarots et runes lui disaient exactement la même chose au sujet de celui pour qui elle m’a quitté. 

Et si, au contraire, après avoir appris ton âge, elle exprime que votre différence d’âge la répulse? Ça veut tout simplement dire que cette fille ne cherche qu’à te passer le message comme quoi elle n’est absolument pas intéressé à toi. Ce qui signifie que si elle n’avait pas utilisé la différence d’âge pour le faire, elle aurait trouvé autre chose pour bien te faire comprendre qu’entre elle et toi, il ne se passera jamais rien.

De toute façon, que ce soit au sujet de l’âge ou de toute autre différence entre vous deux, les anglophones ont un dicton qui résume très bien la situation : « Those who matter don’t mind. Those who mind don’t matter. » Ceux qui comptent n’y attachent pas d’importance. Ceux qui y attachent de l’importance ne comptent pas.

L’approche négative et la manipulation (2 de 2)

Tout d’abord, rappel important. Le but premier de ce billet n’est pas de vénérer la manipulation. C’est d’en dénoncer les techniques.

Le lendemain, je reçois une réponse. Et celle-ci est tout ce que j’espérais. Tout d’abord, elle admet ses torts et me présente ses excuses.

Ensuite, comme je m’en doutais, lui dire que FB Rencontre ne me propose que des gens peu éduqués dans le coin, ça résonne avec sa propre expérience.

Je comprends que la précision qu’elle me fait entre parenthèse est née de sa peur de passer pour étant prétentieuse. Je ne crois pas qu’elle l’est. Elle ne fait que dire les choses telles qu’elles le sont. Mais le fait qu’elle me fasse cette précision, ça démontre qu’elle veut éviter de mal paraître à mes yeux. Ce qui augure bien pour notre potentielle relation future.

Ho! Ho! Je vois dans cette dernière phrase la manifestation de son orgueil. Puisque je lui ai dit que j’en étais arrivé à la conclusion que nous sommes incompatibles, il faut qu’elle sauve la face en me disant un truc semblable. Mais attention, elle ne nous ferme pas la porte. Elle n’a pas confirmé que nous sommes incompatibles. Elle dit juste que l’on ne communique pas si bien ensemble. Ça laisse la porte ouverte à quelque chose, si on arrive à mieux communiquer.

Pardon?

J’éclate de rire. Incroyable ! Elle m’a fait la leçon, défendant la valeur de cette oeuvre littéraire… alors qu’elle ne l’a même pas lue. Je ne peux qu’apprécier son humilité et son honnêteté, de me l’avoir avoué.

Alors voilà, ça y est. Le dialogue est établi entre nous. Et c’est un beau dialogue. Amusant. Honnête. Positif. Qui nous permet de voir nos points en commun. Bref, mon but recherché depuis la toute première fois où je suis tombé sur sa fiche au printemps dernier. C’est quand même dommage de constater que pour avoir enfin obtenu ce résultat, il m’a fallu opter pour l’approche négative, puisque mes deux premières tentatives de rapprochement, qui étaient positives n’avaient rien donné. Mais maintenant que j’ai obtenu le résultat escompté, je n’ai plus besoin d’user de négativité ni de negging.

En un paragraphe, j’arrive simultanément a me vanter et à la complimenter.

Vingt-quatre heures passent. Aucune réponse de sa part. Voilà qui me déçoit quelque peu. Je ne dois pas oublier que nous sommes sur une app de rencontre. Et puisque Lyne est une belle femme, j’ai certainement pas mal de compétition. Aussi, je décide de passser à l’étape suivante : la proposition de rencontre.

Pour ce faire, je commence par appliquer un petit gaslighting de rien du tout : je fais de la projection en inversant nos rôles. Afin de cacher le fait que je l’ai mise dans une position où elle a eu à se défendre, je vais prétendre que c’est le contraire qui est arrivé. Et de la manière dont j’en parle, ça se tient.

J’enchaine avec le parfait argument pour l’influenser à accepter l’invitation qui suivra.

Enfin, il est toujours de bon ton de montrer à une femme que l’on écoute ce qu’elle dit. Chose que je fais en concluant avec :

La seule raison pour laquelle j’ai utilisé l’approche négative, le negging, le gaslighting, c’était uniquement dans le but de la rencontrer. Tout ce que je veux depuis le début, c’est une chance de voir si nous pouvons être compatibles. Et pour ça, ça prend au moins une rencontre en personne. Maintenant que ce but est pratiquement atteint, je n’aurai plus jamais besoin d’utiliser ces méthodes. Elles ont beau fonctionner mieux que l’approche positive et sincère, il reste que je n’ai pas vraiment apprécié de devoir m’y abaisser.

Sa réponse m’arrive quelques heures plus tard.

Oui, bon, elle a une vie en dehors des réseaux sociaux. Je m’y attendais. C’est nornal, et même très sain.

Oh?

Bon ! Eh bien… Il n’y a qu’une chose que je puisse répondre à ça.

Bon ben voilà. C’est terminé. Il n’y aura jamais rien entre elle et moi. Les deux premières fois que j’ai tenté de la contacter, je pouvais encore espérer. Mais cette fois, c’est officiel.

Cette expérience m’a donnée une bonne leçon. En fait, elle a surtout confirmé ce qui était pour moi une théorie à laquelle je souscris depuis mon adolescence : en amour, la manipulation, ça ne sert à rien au bout du compte. Sûr, j’ai pu la manipuler à communiquer avec moi. J’ai pu la manipuler à m’attaquer. J’ai pu la manipuler à admettre ses torts. J’ai pu la manipuler à me faire ses excuses. Mais je ne pouvais pas la manipuler à ressentir de l’attrait pour moi. Elle n’en avait pas les deux premières fois. Elle ne pouvait donc pas en avoir à la troisième.

In Requiem, Steve Requin, 1994-2024

Il y a trente ans ce mois-ci, en octobre 1994, j’ai adopté Steve Requin comme nom de plume. Aujourd’hui, ce nom ne me sert plus que comme adresse pour mon blog, mon Twitter et mon Facebook. Voilà bien des années que je n’ai plus rien signé ainsi.

Il est vrai que je n’ai plus rien en commun avec celui que j’étais lorsque j’ai pris cette identité. À 26 ans, j’étais sans travail, sans salaire, sur l’assistance sociale (BS), sans diplôme d’école secondaire, pauvre, envieux, coincé dans une relation extrêmement toxique par paternité imposée, et convaincu que je n’avais aucun avenir. En typique homme faible de corps, d’esprit, de volonté et de personnalité, j’étais impuissant à y changer quoi que ce soit. J’étais cependant désireux de pouvoir exprimer mes revendications nées des frustrations quotidiennes qu’apportent une série de mauvaises décisions de vie de ce genre-là.

En 2013, j’avais chroniqué ma génèse requinesque sous forme de BD.

Afin d’alléger, je ne posterai pas ici les pages suivantes, qui racontent que pendant mon enfance, mon père avait mauvaise réputation dans mon village d’origine. Par conséquent, porter son nom m’a toujours porté préjudice. En plus d’être un nom de marque de commerce associé aux produits pour bébés, c’est à dire Johnson & Johnson.

En 1994, période pré-internet, la seule façon de pouvoir s’exprimer publiquement sans censure, c’est par auto-publication. Par textes, par bandes dessinées. Donc…

Quelques jours plus tard, j’en refis une version en couleur.

Pas mal, pour un truc fait avec de la mine de plomb, des feutres et des crayons Prismacolor.

À partir de ce jour, et pendant une quinzaine d’années, j’ai produit une grande quantité de textes et BD. À ceci s’est ajouté Internet, avec de nombreuses pages dans lesquelles j’étalais mes revendications sans la moindre retenue.

Aujourd’hui, lorsque je relis ma production requinesque, de mon premier fanzine Requin Roll de 1994 jusqu’à ma dernière BD dans Safarir en 2008… Ouf! Je constate que c’est du gros n’importe quoi, pourvu que ça choque et attire l’attention par la controverse. Le tout enrobé d’un humour forcé qui n’était qu’un réflexe de survie morale. La seule chose tirée de cette époque dont je suis vraiment fier, c’est d’avoir créé le premier texte viral québécois francophone d’internet.

… que vous connaissez probablement mieux sous cette forme:

J’ai appris la semaine dernière que ma page française sur Wikipedia n’existe plus. Et franchement, si celle en anglais pouvait disparaître aussi, ça ferait bien mon affaire. Ce n’est pas comme si ma contribution au monde de la BD avait été significative. D’accord, j’ai créé MensuHell. Mais ce n’est qu’à partir du 34e numéro, lorsque j’en ai cédé la direction, que ça a vraiment décollé, et que c’est devenu le fanzine québécois qui eut la plus grande longévité.

Durant ma période Requin, j’ai également produit dix manuscrits. De la fiction, de l’autobiographie, des essais d’analyse de société. Mais ces textes étaient tous influencés par mes frustrations personnelles. Aucun éditeur n’en a voulu. Aujourd’hui, je suis soulagé que pas un de ces projets de livres n’ait vu le jour. Seul mon 11e manuscrit, Le Sucre Rouge de Duplessis, a trouvé preneur en 2023. Et avec raison : il s’agit d’une recherche historique sérieuse qui ajoute des pages inédites sur le règne de l’Union Nationale de 1936 à 1960. C’est le seul que j’ai signé sous mon vrai nom. Et je suis fier de savoir qu’on le lira encore dans 100 ans, ce qui est normal lorsqu’il s’agit d’une publication sur l’Histoire du Québec.

Sinon, de toutes les publications signées Steve Requin, il n’y a plus que mes quatres dernières années de production, de 2015 à 2018, que je revendique encore. C’est à dire :

  • Mes deux numéros de L’Héritage Comique.
  • Mes trois BD du recueil annuel Crémage.
  • Mon album de La Clique Vidéo.

Et ces publications ont été réalisées après que l’on m’ait tiré de sept ans de retraite, alors que je ne produisais plus rien depuis ma démission de Safarir en automne 2008. Autrement dit, j’avais déjà mis ma vie artistique et créative derrière moi. Ce n’était que par habitude que je continuais de signer Steve Requin.

Donc, après 30 ans, maintenant que ma vie et moi ne ressemblons plus en rien à ce que nous étions lorsque je me suis créé cette identité, il est temps pour moi de tourner pour de bon cette page personnelle. Désormais, ce nom ne me servira plus que comme adresse de blog, Twitter et Facebook.

R.I.P. Steve Requin, 1994-2024.

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Y’A LIENS LÀ


La génèse de ma liste de noms de famille composés.
Un autre texte à ce sujet, incluant d’autres listes de noms composés.
Au sujet de La Clique Vidéo
Quelques planches de La Clique Vidéo.
Au sujet de l’Héritage Comique.
Le recueil de BD Crémage.
Le fanzine MensuHell.
Reportage au sujet de mon livre, Le Sucre Rouge de Duplessis

Nice Guy, Bad Boy, Fille Conne… Tout dépend du point de vue.

Depuis quelques années, cette image est partagée sur Facebook et autres médias sociaux.

C’est le genre de trucs que partagent les Nice Guys pour exprimer leur désarroi face à la connerie des femmes. Et j’avoue qu’il fut un temps où j’aurais moi-même diffusé une telle image dans ce même but. Mais voilà, à l’aube de mes 56 ans, il se trouve que dans ma vie, j’ai été tour à tour chacun de ces trois personnages.

Comme la fille, j’ai désiré une personne qui ne voulait pas de moi. Lorsqu’on a quelqu’un dans la peau, on l’a. C’est comme ça. On a l’impression que c’est lui/elle qui est la bonne, et personne d’autre. Alors on prend chaque opportunité qui se présente pour essayer et réessayer de faire naître l’intérêt chez l’autre.

Avec le temps, j’ai vu la chose avec logique. Il y a huit milliards d’humains sur terre. Ça signifie quatre milliards de femmes. Même en enlevant les moins de 25 ans et les plus de 50, les lesbiennes, les asexuelles, les aromantiques, celles en couple, celles qui ne parlent ni français ni anglais, et celles avec qui il n’y a aucune compatibilité dans la personnalité ni les goûts, il reste tout de même quelques millions de potentielles chez qui je peux trouver exactement ce qui m’attirait chez l’autre. Dès que j’ai eu cette révélation, j’ai cessé de perdre mon temps sur des causes perdues.

Comme le Nice Guy, j’étais instinctivement porté à me proposer comme le sauveur de ces filles en détresse. Même si mes intentions étaient pures, à mes yeux du moins, j’ai fini par réaliser que ce comportement était une conséquence de la faible estime que j’avais envers moi-même. Aller vers une femme bien portante, c’eut été m’exposer au risque qu’elle ne me trouve pas à la hauteur. Tandis que si une femme vient d’être blessée par un homme, je peux lui démontrer que je vaux mieux que lui, moi. C’est à cause que, inconsciemment, je croyais que la seule façon pour moi de me démarquer en bien des autres gars, c’était uniquement en me comparant à pire que moi.

Bien que ne m’en rendais pas compte moi-même, il y a un côté passif-manipulateur à ceci. Car même si on ne le dis pas dans ces mots, il reste que par nos agissements, on tente de passer à la fille le message suivant: « Ou bien tu m’aimes, moi, celui qui te traite bien. Ou bien tu aimes l’autre, celui qui te traite mal. Est-ce que tu aimes être maltraitée? Ou bien as-tu l’intelligence de faire le bon choix? »

Enfin, comme le Bad Boy, j’ai… En fait, pourquoi le dépeindre comme un Bad Boy? C’est juste un gars qui se fait approcher par une fille qui ne l’intéresse pas, et qui le lui fait savoir. J’ai vécu ça. Et comme lui, je lui ai fait comprendre que non, désolé, je ne ressens pas ça pour elle. Depuis quand est-ce un crime, de ne pas resentir d’attirance pour une personne en particulier? Si on inversait les sexes, tout le monde condamnerait la personne qui insiste en l’accusant de harcèlement.

En partageant cette image, le sentiment que l’on essaie de transmettre ici est :

  • La fille est conne.
  • Les bons gars finissent dernier.
  • Le bel homme est un salaud qui ne mérite pas l’attention que les femmes lui portent.

Alors que la réalité est :

  • La fille est victime d’un désir qui l’aveugle à la réalité.
  • Le soi-disant bon gars est, à sa manière, un prédateur puisqu’il ne se rabat que sur celles qui sont blessées, dans l’espoir de les manipuler.
  • Le bel homme n’a rien demandé. Il est la cible d’un désir non-sollicité et non partagé. Et plutôt que de jouer avec les sentiments de la fille, il lui démontre clairement qu’elle ne doit rien s’attendre de lui. Ce qui fait que de ces trois personnages, il est le seul à être irréprochable.

Lorsque l’on comprend le point de vue de chacun, ceci change totalement la perspective.

Quelques règles de vie apprises à la dure.

Ces opinions ne sont pas politically correctes. Mais elles sont réalistes.

L’argent est important.
À chaque fois qu’on me sert le cliché stupide de l’argent ne fait pas le bonheur, je pose cette question: Est-ce que le bonheur paye la nourriture, le loyer, l’électricité, le téléphone, les vêtements, l’éducation et les soins de santé ? Tout ça, c’est l’argent qui le paye. Essaye donc de le trouver, le bonheur, quand tu manques de tout.

La fonction première de l’argent n’a jamais été de faire le bonheur. Ça a toujours été de pouvoir se procurer des choses de première nécessité afin d’assurer notre survie ainsi que celle de notre famille. C’est facile de rabaisser, lorsque l’on reproche à quelque chose de ne pas remplir une fonction qui n’a jamais été sienne pour commencer. C’est comme reprocher à un aigle de ne pas nager, ou à un saumon de ne pas voler.

Alors lorsque quelqu’un te dit que tu manques de valeur morale si tu attaches de l’importance à l’argent, cesse de fréquenter cette personne.  C’est un imbécile.  Ou pire encore : quelqu’un qui veut te voir dans la misère.

Ne cours pas après les femmes.  Cours après l’excellence.
J’ai déjà été ce gars qui mettait sa priorité sur les femmes.  C’était à l’époque où je n’avais aucun diplôme d’études.  Pas de travail.  Pas d’argent.  Pas de force ni de santé ni de beauté.  Pas de but.  Pas de vie.  Rien.  Pas étonnant qu’aucune femme qui en valait la peine ne voulait de moi.  Je me retrouvais donc avec celles qui restait, des encore plus loser que moi.  Par conséquent, je n’ai eu que des relations médiocres, dont la plupart m’ont saboté ma vie pendant de longues années.

Je suis retourné aux études.  J’ai suivi plusieurs différentes formations.  J’ai pris soin de ma santé, ma forme physique et mon apparence.  J’ai grimpé les échelons côté carrières.  Et maintenant, comme on a pu voir dans ma série de billets Noémie, ou le rêve devenu réalité, voilà que sans même essayer, je plais au genre de jeunes femmes que je croyais qui n’existait que dans mes rêves les plus fous.   

Ce n’est qu’en mettant ta priorité sur toi-même que tu deviendras une priorité pour les femmes. Car les femmes imposent des règles pour les beta, mais les brisent pour les alphas.

90% de ta perception de la réalité n’est que le produit de ton imagination.
Sérieusement, tout se passe dans ta tête.  Devant la même situation, une personne peut angoisser alors que l’autre va être confiant.  Une personne sera triste alors que l’autre sera heureuse.  Une personne sera méfiante et se fera tout plein de scénarios négatifs qui vont gâcher sa journée et la portera à poser des gestes qui causeront des problèmes à son entourage, tandis qu’une autre fera confiance et avancera dans sa vie.  Il y a une raison pourquoi beaucoup de gens disent que l’on créé son bonheur soi-même.  Parce que tout dépend de la façon que tu choisis de percevoir ce qui t’entoure et ce qui t’arrive.

C’est là que se situait mon erreur avec Noémie. Toutes les limites que je me suis imposé, et qui ont fini par venir à bout de notre relation, aucune d’entre elles ne venait de Noémie. Elles n’étaient que le produit de mon imagination.

Ce que les autres pensent de toi n’aura aucune influence sur ta vie.
Pense à Donald Trump.  Il vient d’être reconnu coupable de crimes.  Est-ce que ça a changé quoi que ce soit à sa vie?  Du tout!  Un an plus tard, il a été réélu.   

Quoi que tu fasses ou non, il y aura toujours des gens qui vont t’encourager et t’admirer, et d’autres pour te dénigrer et te rabaisser.  Alors fais donc ce que tu veux, et fuck l’opinion des autres.  Et si leur opinion met un mur entre vous, dis-toi bien que personne n’est nécessaire à ta vie.  Et avec une population de huit milliards d’êtres humain sur terre, ce ne sont pas quatre ou cinq petits losers aux opinions médiocres qui vont être irremplaçables par de nouveaux amis de bien meilleure qualité.

Un passe-temps est une perte de temps. 
Nous naissons tous avec un nombre X de jours de vie à vivre.  Les jours où l’on ne se construit pas sont des jours perdus. 

Entendons nous, il n’y a pas de mal à relaxer de temps en temps à regarder un film, jouer à des jeux, même regarder un épisode ou deux d’une série.  Mais lorsque l’on y consacre tout notre temps libre, on gâche notre vie. Personne, sur son lit de mort, ne va se dire « J’aurais dû passer plus de temps sur World of Warcraft. »

Ne laisse pas un endetté te dire quoi faire de ton argent.
Cette phrase est à prendre au sens propre, mais aussi au sens figuré.  Une personne qui te dit comment réussir là où elle a échoué ne connait rien sur le sujet.  Au plus, on peut apprendre de ses erreurs afin de ne pas les refaire nous-mêmes.  Mais il reste que la seule personne qui peut prodiguer des conseils qui permettent de réussir, c’est celle qui a réussi.

La réussite ne tient qu’en trois points : Action, discipline, ajustement.
Se contenter d’y penser, ce n’est pas suffisant.  Voilà pourquoi il faut passer à l’action.  Pour persévérer, ne pas abandonner en chemin, ça prend de la discipline.  Et puisque tout change tout le temps, il faut s’ajuster à cette nouvelle réalité.  Cette formule s’applique dans tous les domaines, sans exception. 

Toi seul(e) peut être ton propre sauveur.
Mégane, une de mes ex, cherche toujours quelqu’un pour la sauver.  Au lieu de vivre dans ses moyens, elle cherche quelqu’un de qui dépendre financièrement.  Au lieu de manger mieux et s’exercer pour perdre du poids, elle a recours à des vendeurs de produits miracles et à des cliniques qui ne font maigrir que son compte de banque.  Au lieu de faire les efforts requis pour améliorer son sort, elle prie à des divinités païennes, elle dépense une fortune en roches polies et en cristaux, en séances de tarot, et elle écrit des Lettres à l’Univers afin d’obtenir ce qu’elle désire.  Ça fait cinq ans que je la connais, ça fait cinq ans que je la vois faire ça, et ça fait cinq ans que je la vois perdre son temps et son argent car elle refuse de voir que rien de tout ça n’a jamais fonctionné.

Si elle y mettait son argent dans un gym plutôt que dans des produits inutiles et cliniques.  Si elle mangeait mieux, au lieu de consommer n’importe quoi à n’importe quelle quantité.  Si elle travaillait plus, au lieu de solliciter des interventions divines et mystiques.  Alors tous les aspects de sa vie s’amélioreraient.

Dans la vie d’un homme, il y a cinq choses à éviter absolument : Le jeu, la cigarette, l’alcool, les drogues et le mariage. 
Elles ont toutes ceci en commun : ça coûte cher, ça ne rapporte aucun bénéfice, et ça ne comporte que des risques.

Ne te plaint jamais, mais n’hésite jamais à porter plainte.
Personne n’aime celui qui va se plaindre sans jamais rien faire pour régler son problème.  Surtout lorsqu’il existe des solutions.  Par exemple, dans ma série de billets (encore inachevée) Locataire -VS- Propriétaire, je raconte les magouilles et fraudes que mon propriétaire me fait subir depuis des années.  Est-ce que je me contente de m’en plaindre sans rien faire?  Du tout!  J’explique que j’ai ramassé toutes les preuves de ce que je raconte, que j’ai déposé une plainte au Tribunal Administratif du Logement, que ma plainte a été reçue, et que nous attendons de passer en Cour, pour ce qui ne pourra être que ma victoire.

Il existe un moyen de parler des petits malheurs de la vie sans se plaindre, et c’est en apportant une solution. Par exemple, « je me suis tordu la cheville », c’est se plaindre. Mais « Je reviens de mon podiatre car je me suis tordu la cheville » , c’est raconter une anecdote.

Trop parler est nuisible.
Ne dis pas aux gens plus que ce qu’ils ont besoin de savoir.  Dans le meilleur des cas, ça ne servira à rien.  Dans le pire, ça va te nuire.  Beaucoup de gens se sont sabotés en parlant de choses qui auraient dû rester secrètes.

Ne fais pas compétition à quelqu’un qui est meilleur que toi.  
Même si tu gagnes, ça te collera l’étiquette bien méritée de personne désagréable.  Collabore plutôt avec l’autre, tu apprendras et tu monteras à son niveau.

Une opportunité qui n’est pas saisie lorsqu’elle se présente est une opportunité qui ne reviendra jamais.
Et surtout, n’écoute jamais ceux qui vont tenter de te convaincre de « le faire plutôt la prochaine fois. »  Il n’existe aucune garantie comme quoi une chose disponible maintenant le sera tout autant plus tard.  Et ceci est une règle universelle.

Beaucoup de choses futiles sont importantes.
Facebook est futile. Mais si tu n’en a pas un, tu n’as pas autant contacts que le reste de la population. La beauté physique est futile car c’est l’intérieur qui compte. Mais si tu n’est pas attrayant de l’extérieur, personne n’aura envie d’aller le découvrir, ton intérieur. La mode est futile. Mais si tu ne t’habille pas de la manière appropriée selon l’endroit, l’occasion et les standards établis du moment, tu ne seras pas pris au sérieux.

Le négatif, le positif, l’illusionniste et le réaliste 

Lorsqu’il s’agit de faire face aux problèmes, la personnalité des gens se divise en quatre catégories. 

Le négatif va regarder les faits. Il va les accepter tel quel, en tant que fatalité. Et il ne fera aucun effort pour changer ces faits, ni pour tenter d’améliorer les choses. Pour lui, il s’agit tout simplement d’une cause perdue.

Le positif refusera de voir les faits comme étant quelque chose de négatif. Il ne fera aucun effort pour changer ces faits, ni pour tenter d’améliorer les choses. Il va tout simplement faire preuve de mauvaise foi constante en niant la problématique, affirmant plutôt qu’il s’agit de quelque chose de positif, de pertinent, voire même de nécessaire.

L’illusionniste va regarder les faits. Il refusera de les accepter. Il tentera d’améliorer les choses, mais sans pour autant y mettre l’effort requis. À la place, il va tricher, maquiller, arranger, mentir, dissimuler, prendre tous les raccourcis imaginables pour donner l’illusion aux autres, mais surtout à lui-même, que les choses s’améliorent. Ce qui va immanquablement lui ajouter de nouveaux problèmes. 

Le réaliste va regarder les faits. Il fera appel à sa logique afin de juger chaque chose avec objectivité et réalisme. Il a la capacité de voir lesquels de ces faits qui doivent être modifiés, améliorés, voire éliminés, et quels autres ne peuvent aucunement changer. Il va s’attaquer à la racine du problème. Il mettra le temps et l’effort requis afin d’atteindre ses objectifs.  

Le réaliste est la personnification vivante de cette phrase du philosophe Marcus Aurelius «Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre.»  Aussi connue en tant que prière de la sérénité : « Mon Dieu, donne moi la force d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence. »

Puisque je me considère comme étant un réaliste, cette école de pensée rejoint ma propre formule gagnante : Courage, ténacité, sagesse. Le courage d’entreprendre quelque chose. La ténacité d’y mettre un effort à long terme. Et la sagesse de voir, à tout moment, si cet objectif est toujours viable ou non. Car parfois les faits changent en cours de route, ce qui demande une capacité d’adaptation afin de modifier nos objectifs et la manière de les atteindre, si c’est encore possible. 

L’une des plus grandes sources de déception chez un réaliste, c’est de constater qu’il sera toujours entouré de gens négatifs, positifs et illusionnistes. Trois catégories de gens qui non seulement ne font rien pour améliorer leur sort, ils seront toujours là pour donner de mauvais conseils aux autres. 

Exemple de mauvais conseils : Un jour, le réaliste constate qu’en prenant de l’âge, il prend aussi du ventre et il perd du souffle et de la force. Il reconnait les faits, comme quoi il s’est négligé au niveau santé et physique. Il n’aime pas les conséquences que cette négligence lui a apporté. Pour être de nouveau bien avec lui-même, il doit perdre de la masse de gras, prendre de la masse musculaire, et travailler son système cardiovasculaire. Il s’y met donc : Gym, poids, haltères, course, vélo, meilleure alimentation et diminution des portions. À partir de là… 

  • Le négatif va lui dire que ça ne sert à rien. Que l’on est tel que la nature nous a fait. Qu’il faut s’accepter tel que l’on est.  
  • Le positif va lui dire que tout est dans sa tête. Qu’il n’est pas gros du tout. Et qu’il devrait se mettre au principe du Body Positivity en refusant de plier aux normes sociales en matière de santé, en prétendant que son corps est déjà parfait tel qu’il est. 
  • L’illusionniste lui suggérera plutôt quelques solutions alternatives parfois coûteuses: Gaine, corset, liposuccion, implants, botox, etc. Des options qui ne règlent pas du tout le problème réel (oisiveté, mauvaise alimentation) mais qui en donnent l’illusion. Encore faut-il que ça donne les résultats escomptés, ce qui n’est pas du tout garanti. En plus d’ajouter d’autres genres de problèmes. 

Le problème avec le négatif, le positif et l’illusionniste, c’est qu’ils sont incapables de faire la part des choses. Pour eux, tout va dans le même panier. Chez le négatif, chaque problème est insurmontable. Chez le positif, chaque problème est nié. Chez l’illusionniste, chaque problème est dissimulé. À l’opposé, le réaliste va trouver le problème, reconnaître son existence, et l’étudier à fond pour voir s’il y a moyen de le régler. Et si oui, il fera ce qu’il a à faire pour y parvenir.

Ce qui fait qu’au bout du compte, chez le réaliste, le problème finit par disparaitre. Tandis que chez le négatif, le positif et l’illusionniste, le problème perdure éternellement.

Mes lecteurs de longue date savent que j’ai passé la majorité de ma vie adulte à me battre contre l’embonpoint. Je sais ce que j’ai à faire pour perdre du poids, et je l’ai appliqué souvent. En général, il ne me faut que trois à quatre mois pour atteindre cet objectif. Je m’y maintiens pour une période allant de quelques mois à quelques années. Puis, peu à peu, sans trop m’en rendre compte, mon naturel revient et mon poids remonte. 

Cependant, ce que je ne crois pas vous avoir déjà avoué, c’est que toute ma vie, j’ai rêvé posséder un corps plus athlétique et musclé que la moyenne. J’ai eu à faire face à plusieurs obstacles qui m’en ont empêché ou qui ont ralenti mes progrès : La génétique qui m’a fait chétif. La râclée que m’a donnée mon père lorsque j’avais sept ans, me brisant un fémur et deux vertèbres, déformant mon physique assez pour m’handicaper au point de ne pouvoir pratiquer aucun sport dans ma jeunesse. Les conjointes qui jettent, donnent, brisent, mon équipement de gym, de peur que si je deviens plus sexy, je les quitte pour des femmes plus sexy. La pauvreté qui m’a empêché pendant de nombreuses années de me payer le gym. L’ignorance de quels exercices choisir et la bonne façon de les faire. Et surtout, mon propre découragement. Par exemple, à de nombreuses reprises, ma mise en forme était un plan en deux parties. La première partie était de perdre du gras. Et la seconde partie était d’ensuite prendre du muscle. Or, à chaque fois que j’avais atteint mon premier but au bout de trois ou quatre mois, je n’avais plus tellement envie de repartir à zéro et à donner de nouveaux efforts dans un nouveau programme, cette fois d’exercices musculaires. 

Suite à mon dernier embonpoint, j’ai regardé le problème de manière réaliste et j’ai trouvé la solution: inverser ma méthode. Cette fois, j’allais commencer par prendre du muscle. Ensuite, je ferai fondre ma graisse pour les voir.

De nos jours, pas besoin de se payer un entraineur privé pour connaitre la bonne façon de s’exercer, Youtube regorge de tutoriels gratuits. J’ai fait mes recherches et je me suis créé un nouveau programme. Depuis décembre dernier, c’est à dire depuis les sept derniers mois, je mets le focus sur le gain musculaire. Bonus inattendu : l’exercice musculaire brûle aussi du gras. Ce qui fait que dans cinq mois, lorsque je cesserai la musculation (anaérobie) pour commencer le cardio (aérobie), une bonne partie de mon travail sera déjà accompli. 

Le 21 juillet dernier, j’ai eu 55 ans. Bien que je sois encore très loin d’avoir un physique de compétition, ça ne change rien au fait que je suis en ce moment dans la meilleure forme physique de ma vie jusqu’à maintenant. 

Mon corps est encore bien imparfait puisqu’il n’est, à ce point-ci, qu’un projet en cours de réalisation. J’ai toujours du gras à la taille et je suis encore loin de mon objectif musculaire. Mais je suis sur la bonne voie et je ne compte pas m’arrêter là. Je sais ce que j’ai à faire. Et j’ai la volonté de le faire 

Deadlift / Soulevé de terre, avec un poids de 200 lb / 91 kg + la barre

Pendant ce temps, parmi les négatifs, les positifs et les illusionnistes que j’ai côtoyé durant toute ma vie, et qui eux aussi rêvaient du physique parfait, aucun d’entre eux n’a atteint mon niveau de forme, de force et de résistance. Et de ceux qui sont autour de mon âge, plus de la moitié ont maintenant des problèmes d’articulations, de cholestérol, de pression, de cœur, de diabète…  

Dans ce billet, je ne donne que la santé et le physique comme exemple. Mais lorsque l’on a une approche toute aussi réaliste pour l’éducation, le travail, les finances, les habitudes, la personnalité, les amours, etc, tout ne peut que s’améliorer. Je le sais car c’est ce que je fais, et tels sont mes résultats dans ces mêmes aspects de ma vie.  

Car c’est en étant réaliste que l’on accumule les réalisations.

Une allégation mensongère vaut bien une plainte officielle

Après sept mois à mon travail comme préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD, j’ai enfin eu droit à mon premier antagoniste. Julien, mi-trentaine, est infirmier auxiliaire. Comme moi, il fait partie d’une agence qui place des travailleurs de la santé là où il y a grand manque de personnel.

Bien qu’il soit à ce poste depuis seulement deux mois, j’ai pu rapidement voir quel genre de personne est Julien: Un pervers narcissique passif-agressif doublé d’un conflictuodépendant. Le genre à toujours chercher à prendre les autres en défauts, histoire de les rabaisser plus bas que lui.

Son narcissisme se voit jusque dans sa manière de s’habiller. Au travail, nous avons la chance d’avoir un réglement très souple en matière d’uniforme: On porte ce que l’on veut, pourvu que ça soit sobre. 95% de ceux qui travaillent à ce CHSLD choisissent de s’habiller en uniforme, de manière à montrer qu’ils sont des travailleurs du milieu de la santé. Et ça inclut les employés du ménage. Tandis que Julien choisit de s’habiller en T-shirts moulants, de manière à montrer qu’il a un beau corps d’athlète. Déjà là, dans l’image qu’il choisit de projeter autour de lui dans son milieu de travail, on voit où est sa priorité.

À quelques reprises, j’ai vu Julien s’adresser à des collègues préposés en leur posant des questions pièges, dans le but de mettre le doute au sujet de leur vitesse, leur intégrité, leur professionalisme ou leur honnêteté. Et en bon manipulateur irresponsable, jamais il ne va affirmer quoi que ce soit. Toujours, il va poser des questions embêtantes qui retournent tout contre son interlocuteur. Des questions du genre de : « Qu’est-ce qui te fait affirmer que tu es à l’heure dans ton travail? Qu’est-ce que tu perçois là-dedans comme étant un travail bien fait, selon le document officiel? Est-ce que tu as consulté ce document? Qu’est-ce qu’il disait? Pourquoi, selon toi, est-ce que la version que j’ai dans les mains en ce moment diffère de ce que tu viens de me dire? »

Vous voyez le genre de chiant.

Non seulement ai-je l’habitude de ce genre de personnes, j’ai appris avec les années comment leur tenir tête. Et c’est une bonne chose, car tel que je l’avais prévu, il a fini par me prendre pour cible.

Cette lettre que j’ai écrite à la direction du CHSLD est auto-explicative. J’ai seulement changé les noms.

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Samedi le 8 avril 2023

Bonjour.

Mon nom est Stéphane et je suis préposé à ce CHSLD depuis le 1er septembre 2022. Je vous écris cette lettre uniquement parce que je ne connais pas votre emploi du temps, afin de vous permettre de nous fixer une rencontre lorsque ça vous conviendra.

Je veux déposer formellement une plainte contre l’infirmier Julien pour atteinte à ma réputation, intimidation, et harcèlement moral, bien que nous n’en sommes qu’au début dans ce dernier cas.

J’ai pris une semaine afin de consulter des gens et à bien réfléchir afin de ne pas prendre cette décision à la légère.

Alors voici les incidents dont il est question.

Le soir du 1er ou du 2 avril 2023, je travaillais au 2e étage à l’est.  Il était environ 18h30.  Ma collègue Chantal était partie souper.  J’étais dans la chambre de Monsieur Gilles que je venais tout juste de terminer de changer et de coucher.

Alors que je m’apprêtais à sortir de la chambre, l’infirmier Julien est venu m’y rejoindre.  Il m’a demandé si j’étais à l’heure dans mon travail, avec les résidents dont je devais m’occuper.

Par observation autant que par expérience, j’ai pu constater à de nombreuses reprises par le passé que Julien cherche toujours à prendre les préposés en défaut, et qu’il le fait avec des questions pièges de ce genre-là.  Voyant clair dans son jeu, je lui ai calmement répondu que le simple fait qu’il me pose cette question, ça signifie que lui, croit que je suis en retard.

Il me répond qu’en effet, depuis le temps que je travaille ici, il est inacceptable que je prenne autant de temps à faire mon travail.  Voilà une accusation qui me surprend car lorsque je travaille de soir, le dernier résident est toujours couché entre 21h30 et 22h, ce qui est dans les temps. 

Il me demande ensuite quelles sont les personnes que je dois faire après monsieur Gilles.  Je lui réponds que Chantal m’en a écrit la liste avant qu’elle parte souper, que cette liste est sur le comptoir de la cuisine, et que nous pouvons aller la consulter ensemble s’il le veut.  Plutôt que de suivre ma suggestion, il me demande si j’ai pris connaissance des nombreuses plaintes qu’il y a eu à mon sujet, en rapport à la qualité de mon travail de soir la veille.

En désignant monsieur Gilles derrière moi, je lui ai répondu, toujours aussi calme : « Ah bon?  Comme tu peux voir, monsieur est changé, il est couché, abrié, le lit est baissé, le bon nombre de ridelles sont montés, il a sa clochette d’alarme à portée de la main, les lumières sont fermées, la télé est éteinte. Et s’il y avait eu un détecteur de mouvement, je l’aurais allumé.  Alors qu’est-ce que tu perçois comme étant de la mauvaise qualité au travail ? »

Pour toute réponse, il lève la main vers moi en faisant signe de STOP et dit : « Je ressens beaucoup d’agressivité dans tes paroles. Je me vois obligé de te laisser le temps de te calmer, et on pourra poursuivre la discussion plus tard. »

J’étais abasourdi par cette accusation.  En 54 ans d’existence, je vous assure que c’est la première fois de ma vie que l’on m’accuse d’être une personne agressive.

J’insiste tout de même afin qu’il réponde à ma question.  Il me dit alors que l’on aurait observé des chaises bassines dont les roues n’étaient pas sous frein, et des résidents couchés sans jaquettes.  Je me souviens qu’en effet, la veille, au 2e étage, Madame Juliette avait elle-même enlevé sa jaquette au lit.  Mais sinon, à part ceux qui ont leurs propres pyjamas, les seuls résidents qui dorment sans jaquette le font par habitude et à leur propre demande.  Comme monsieur Albert, par exemple.   Quant aux chaises bassines sans frein dans les chambres, il est impossible que j’en sois la cause.  Par préférence personnelle, je les ai toujours déplacées en les soulevant parce que c’est plus rapide que d’enlever et remettre les freins aux quatre roues. Cette accusation de sa part est donc totalement fantaisiste.

Mon premier réflexe fut de lui faire cette précision.  Mais ne voulant pas passer pour un agressif, je suis resté silencieux.

Au retour de Chantal je vais souper. À mon retour de souper, Virginie, l’infirmière auxiliaire, me passe le message comme quoi l’infirmier Julien veut que j’aille coucher Madame Françoise. Or, cette dame, c’est l’équipe du Centre qui s’en occupe, alors que moi je suis à l’Est.  Je me renseigne auprès de Chantal qui me confirme qu’en effet, elle appartient à l’équipe du Centre.

Je vais voir Julien pour le lui dire. Il insiste comme quoi c’est à moi de faire Madame Françoise, et qu’il serait bon que je consulte le plan de travail afin que je sache bien comment faire le mien, depuis le temps que je travaille là.

Ses commentaires sont aussi rabaissants que mensongers.  Mais ne voulant pas passer encore une fois pour un agressif, je ne m’obstine pas et me dirige vers la chambre de Madame Françoise. Une fois arrivé, je vois que Rachid et Tonio, mes deux collègues de la section du Centre, y sont déjà.  Ils me confirment que ce sont bien eux qui doivent s’en occuper.

Je leur ai demandé de venir avec moi confirmer la chose auprès de Julien, ce qu’ils ont fait.  … Ce qui permet maintenant à Julien de dire que je me suis mis en gang contre lui.

Je considère que je suis une personne qui a l’esprit ouvert, en plus d’être un solutionnaire.  J’ai toujours écouté les critiques et les commentaires puisque ça me permet de m’améliorer, autant dans mon comportement que dans la qualité de mon travail.  Aussi, au lieu de rejeter les accusations de l’infirmier Julien, je me suis dit que c’était peut-être vrai, que j’ai un comportement agressif sans m’en rendre compte.  Peut-être que personne n’avait osé me le dire avant lui ?  Aussi, dès le lendemain et pour les jours qui ont suivi, je suis allé consulter, un par un, huit de mes collègues de travail.  Je leur ai demandé si je suis une personne agressive.  Ou bien si mes réponses démontrent de l’agressivité lorsqu’on me corrige dans mon travail.  En sept mois à travailler ici, si tel est le cas, ils ont bien dû le remarquer.

Ces gens sont l’infirmière Barbara, ainsi que les préposés Andréane, Brigitte, Bertrand, Raoul, Annie, Pascale, et Marie-Lise.  Ils étaient tous surpris de cette accusation. Ils m’ont au contraire rassuré que j’étais calme, doux, harmonieux, que l’on ne m’a jamais entendu protester, et que je faisais bien mon travail à partir du moment où on me disait quoi faire. 

Cependant trois d’entre eux m’ont fait réaliser quelque chose.  Lorsque Julien a vu que je ne tombais pas dans le piège de ses abus, il m’a fait miroiter un abus encore pire, en m’accusant d’être une personne agressive.

Ne pas oser protester face à ses abus (mensonges sur mon travail) sous la menace d’être victime d’un encore plus grand abus (atteinte à ma réputation), il y a un terme pour ça : intimidation. Ce qui est illégal.

Et puisqu’il me donne déjà la réputation d’être agressif : Atteinte à la réputation.  Ce qui est illégal.

Enfin son insistance à me chercher des problèmes, quitte à les inventer et à les créer lui-même, et ce à répétition, comme il l’a fait le soir du 1er ou du 2 avril, c’est du harcèlement moral au travail.  Ce qui est illégal.  D’accord, ce n’est qu’à ses débuts.  J’ai eu la chance de ne pas avoir à travailler avec lui depuis ce soir-là, alors ça ne s’est pas reproduit. N’empêche que ça vient de commencer.  Et que je crains que ça se reproduise.  Et craindre quelqu’un, c’est subir de l’intimidation.  Ce qui est illégal.

Je vous assure que ce n’est pas une question d’orgueil blessé de ma part.  Si j’ai commencé par interroger l’infirmière Barbara, c’est parce qu’elle est non seulement directe, elle est brusque. À plusieurs reprises à mes débuts, elle me disait quoi faire en me reprochant de tourner en rond.  Cependant, vous ne me verrez jamais porter plainte contre elle.  Car contrairement à Julien, lorsqu’elle a quelque chose à dire contre moi, c’est la vérité.  Elle me le dit directement au lieu de me poser des questions pièges.  Elle n’essaye pas de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Elle ne me fait pas de menace. Elle est sévère mais honnête. C’est quelque chose que j’apprécie chez les gens, puisque ça me permet de m’améliorer. Chose qui n’est pas le cas avec le comportement de Julien envers moi.

Croyez-moi que je suis désolé d’en arriver là.  Mais les abus de Julien, tels que décrits ici, n’ont pas leur place dans ce milieu de travail.

Je suis disponible pour vous rencontrer lorsque cela vous conviendra, afin de pouvoir déposer ma plainte comme il se doit.
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Et j’ai signé. Et j’ai mis le tout dans une enveloppe. Que je suis allé déposer au bureau des ressources humaines. Les conséquences n’ont pas tardé. Le jour suivant, la directrice me dit qu’elle a pris compte de ma lettre et que ma plainte allait être traitée comme il se doit.

Comment tenir tête efficacement à un pervers narcissique en milieu de travail?
Il s’agit de faire comme dans ma lettre. À partir du moment où il commence, il faut lui montrer immédiatement que l’on voit clair dans son jeu. C’est ce que j’ai fait en lui disant « Le simple fait que tu me poses cette question, ça signifie que TOI, tu crois que je suis en retard. » Ceci le désempare car ça l’expose comme l’hypocrite qu’il est, ça lui montre que je ne suis pas dupe, et ça détruit immédiatement le plan qu’il s’était monté en tête contre moi.

Ensuite, pour lui enlever le contrôle de la situation, il ne faut ne pas répondre à ses questions. On lui donne plutôt des réponses différentes de ce qu’il cherche à nous faire dire. Comme j’ai fait lorsqu’il m’a demandé de qui est-ce que je devais m’occuper par la suite. Si je lui avais récité ma liste de noms, ça lui aurait donné l’opportunité de m’obstiner sur les gens à faire, ou sur l’ordre dans lequel je devais les faire. En lui répondant plutôt que Chantal m’avait établi une liste, et que cette liste était dans une autre pièce, je lui ai enlevé toute opportunité de me prendre en défaut. La preuve que sa question n’avait pas d’autre but que ça, c’est qu’il a décliné mon invitation d’aller la consulter ensemble.

Enfin, pour déstabiliser complètement le narcisse, on conclut en lui servant une preuve de sa bullshit. Ce que j’ai fait en lui démontrant que je fais bien toutes les étapes de mon travail. Et pour le piquer encore plus, je lui renvoie sa propre tournure de phrase embêtante qu’il aime tant utiliser, soit « Qu’est ce que TOI tu perçois comme étant…? » Pour quelqu’un qui ne veut prendre aucune responsabilité pour ses accusations bidon, être obligé de donner son opinion le place dans une inconfortable position.

Rendu là, le narcisse cherchera aussitôt à faire cesser la situation. Ce qu’il a fait, en me lançant son accusation farfelue d’agressivité. Or, cette pratique a un nom officiel : Gaslighting, une technique qui consiste à déformer la réalité en affirmant mensongèrement à son interlocuteur que ce dernier perçoit les choses de manière erronée. Dans ce cas-ci, en affirmant que je perçois que mon explication est objective, alors qu’elle est un signe d’agressivité. Le gaslighting est reconnu comme étant une tactique très prisée chez le pervers narcissique. En général, il l’utilise dans le but d’invalider la défense de son interlocuteur. Mais ici, c’était surtout dans le but de me faire taire, puisqu’il ne pouvait plus endurer de se faire remettre ses propres travers en face.

Puis, il tentera de fuir cette situation qui a échappé à son contrôle. Chose qu’il a exprimé en disant qu’il reviendra quand je serai calmé. C’est le bon moment de l’en empêcher, en lui rappelant que s’il est venu me voir, c’est parce qu’il avait quelque chose à me dire. Trop orgueilleux pour accepter d’être ainsi pris en défaut, mais désemparé et pressé de mettre fin à cette conversation qui le rend inconfortable, il dira probablement n’importe quoi avant de se replier. Exactement ce qu’il a fait, avec ses accusations de chaises aux roues non-verrouillées et de jaquettes non-mises.

À partir de ce point, la meilleure stratégie, c’est de (re)devenir passif et le laisser partir digérer cette humiliation. Pour le pervers narcissique, lui exposer que l’on voit clairement que son comportement est aussi prévisible que bidon, il n’y a pas de pire affront pour son orgueil. Il sera envahi par une impulsion incontrôlable de riposter, de se venger. Mais puisque son jugement est obscurci par sa frustration, il commettra des erreurs grossières lorsqu’il appliquera ses abus. Comme ici, alors qu’il me rajoute la tâche de m’occuper de Mme Françoise, sans avoir songé une seule seconde que tous mes autres collègues de l’étage sauraient que c’était Tonio et Rachid qui lui étaient assignés. Et que, par conséquent, ils me feraient d’excellents témoins contre lui.

Rendu à ce point, il serait tentant de continuer de lui mettre de la pression par des commentaires cinglants. Par exemple en lui retournant ses arguments favoris, comme quoi, avant de m’assigner des gens que je n’ai pas à faire, il devrait consulter le plan de travail. En ajoutant que depuis le temps qu’il est à cet emploi, il est supposé connaître son travail, en sachant quel résident est assigné à quel préposé. Or, aussi tentant que ça puisse être, il faut s’en abstenir car ça serait une erreur stratégique. Et voici pourquoi :

Ce qu’il y a de plus risible chez un pervers narcissique, c’est que dès qu’il voit que tu ne le laisse pas faire de toi la victime de ses abus, alors il inverse aussitôt la situation, en déclarant aux autres dans ton dos que c’est lui qui est la victime de tes abus. Aussi, la dernière chose à faire, c’est de lui donner de vraies raisons de se plaindre de toi. En restant passif contre lui, il sera donc obligé de mentir, d’inventer, d’exagérer et de déformer les faits, juste pour avoir quelque chose à te reprocher. Bref, de tenter de gaslighter les autres à ton sujet. Comme ici, lorsqu’il se plaint que je suis agressif et que je me ramasse des gens pour me mettre en gang pour l’intimider.

Or, en agissant ainsi, il m’a m’a donné lui-même les munitions requises pour le descendre, car il m’a permis de l’accuser avec pertinence d’atteinte à la réputation, d’intimidation et de harcèlement moral au travail. Toutes des choses qu’il n’aurait pas faites si je l’avais laissé me rabaisser avec ses questions pièges plutôt que de lui tenir tête dès le départ.

À ce point-ci, on peut quasiment dire que je l’ai influencé, voire même manipulé, à agir envers moi de manière à ce qu’il me donne des raisons pertinentes de déposer ces trois chefs d’accusations graves contre lui à la direction. Possible! Mais il ne faut juste pas oublier que s’il n’était pas un pervers narcissique, alors il n’agirait pas ainsi, peu importe la provocation. Il ne fait donc que récolter les conséquences bien mérités de ses gestes inacceptables.

Ah, et la raison pour laquelle j’ai déposé plainte par lettre plutôt qu’en prenant rendez-vous pour le faire en personne et de vive voix, c’est parce que les paroles s’envolent mais les écrits restent. En personne, j’en aurais oublié en le racontant. Et la direction en aurait oublié après m’avoir écouté. Et s’ils avaient pris des notes pour mettre à son dossier, celles-ci auraient été bien minces. Tandis que là, il s’agit d’un document clair et exhaustif, déjà imprimé, qu’ils ont simplement mis à son dossier. La Direction apprécie toujours qu’on leur facilite la tâche.

Le plus grand paradoxe du pervers narcissique, c’est qu’autant il a besoin d’un public à qui divulguer vos défauts, autant il a profondément peur que ses propres défauts soient révélés à ce même public. Ce qui signifie, second paradoxe, que plus il intimide sa victime, plus il la craint. Et c’est normal. Personne ne connait mieux le comportement abusif du pervers narcissique que sa victime. Et ceci la rend dangereuse pour lui. Car comme je le répète sans cesse: Le plus grand complice de ton agresseur, c’est ton propre silence. Et face à un tel comportement, je ne suis pas homme à garder le silence.

J’aurais donné gros pour voir sur son visage le choc que ça a dû lui faire, d’apprendre par la Direction que non seulement ai-je porté plainte contre lui, j’ai passé une semaine complète à en discuter avec huit de nos collègues. Et que aucun d’entre eux ne sont d’accord avec l’image qu’il colporte de moi. Ce qui signifie qu’au moment de cette rencontre, il devait bien se douter que les ragots ont eu le temps de faire leur chemin, donc que la majorité du personnel et de l’administration étaient fort probablement au courant de ses agissements. Et il ne peut même pas retourner la situation contre moi en m’accusant d’atteinte à sa réputation, puisqu’il y a eu des témoins pouvant corroborer le trois quart de ce que j’ai dénoncé. Sans oublier les autres préposés qui ont été sa cible, avant que ce soit à mon tour.

Pour l’instant, le CHSLD le garde car il y a grand manque de personnel. Mais puisqu’il est un employé d’une agence, et non un employé du CHSLD, il n’est pas membre du syndicat, et n’a donc personne pour le protéger. Il sait très bien qu’à la prochaine plainte qu’il y aura à son sujet, fut-elle de moi ou d’un autre, il sera renvoyé sans autre forme de procès.

Depuis ce jour, lorsque l’on se croise, il ne me parle pas et il ne me regarde pas. Et s’il arrive que nous sommes dans la même pièce en présence d’autres personnes et qu’il a à prendre la parole, son ton de voix est beaucoup plus doux qu’à son habitude.

S’il a passé de loup à agneau, c’est parce que j’ai su lui démontrer, et ce dès les premiers instants où il a tenté de m’imposer ses abus, que ce comportement ne passait pas avec moi.

C’était son choix de devenir mon agresseur. Mais c’était mon choix de ne pas devenir sa victime.

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Update. Depuis le 15 juin, il n’est plus à l’emploi du CHSLD. Je n’en connais pas les raisons. Mais ma plainte a dû y être pour quelque chose.

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Y’A LIENS LÀ

Il y a 15 ans, j’ai écrit un billet de blog intitulé Commettre l’erreur de pardonner. Celui-ci explique clairement que le principe du pardon est une mentalité de lâche, et que celle-ci ne fait qu’encourager les abus à continuer. Et je le fais en démontrant avec logique comment chaque argument pro-pardon n’a rien de pertinent.