Il y a des batailles qu’on ne peut juste pas gagner.

La limite était de 100. Je faisais du 122. Puisque je connaissais le chemin, je n’utilisais pas le GPS. Celui-ci n’a donc pas pu me dire « Il y a un radar mobile sur votre route. »

Girophares dans le miroir.
Rangement sur l’acottement.
Sortir le permis de conduire.
Réception de la contravention.

POLICIER : « L’excès de vitesse monte à $120. Plus la contribution de $40. Pour un total de $160. Vous avez trente jours pour payer ou contester.
MOI : « Euh… C’est quoi, ça, « contribution »? Les frais de traitement du dossier ? »
POLICIER : « Non ! C’est un montant qui va à un refuge pour femmes victimes de violence conjugale. »
MOI : « Hein !? Mais je n’ai jamais été violent envers une femme. Pourquoi est-ce que vous me collez une amende pour ça? »
POLICIER : « Ce n’est pas une amende. C’est un don ! Ça vient avec les amendes d’excès de vitesse. »
MOI : « Un don ? D’accord ! Est-ce que je peux avoir un reçu, pour que je puisse le déclarer aux impôts? »
POLICIER : « Ce n’est pas ce genre de don, monsieur. »

S’il y a une chose que je suis incapable d’endurer, c’est bien la bullshit. Je prends soin de rester calme et poli alors que j’ajoute d’une voix totalememnt neutre :

MOI : « C’est vrai ! Un don, c’est volontaire. Et je n’ai jamais autorisé que l’on me charge ce $40. »
POLICIER : « C’est standard avec les amendes d’excès de vitesse. »
MOI : « Je suis bien désolé. Oui, je vais payer le $120, parce que j’ai vraiment fait un excès de vitesse. Mais il n’est pas question que je paie $40 pour un crime que je n’ai jamais commis. Ce que vous me faites là, c’est abusif. »
POLICIER : « Vous avez quelque chose contre les femmes, Monsieur ? »

Ok, wow ! Ou bien j’accepte de payer une amende pour un crime que je n’ai pas commis, ou bien je suis un misogyne. Il rajoute :

POLICIER : « De toute façon, si vous ne payez pas l’amende en totalité, vous allez vous retrouver avec des frais à payer, en plus du $40. »
MOI : « Donc, ce que vous me dites, c’est que si je n’accepte pas vos abus, vous allez me faire subir encore plus d’abus. »

Ayant son sous-entendu de misogynie en travers de la gorge, je décide de le lui rendre, alors que j’ajoute :

MOI : « Comme le font les hommes qui abusent des femmes, finalement. »

Le policier me regarde, silencieux. Son regard est lourd, intense. Je ne sais pas si ma dernière phrase le prend au dépourvu, ou bien s’il applique sur moi une technique psychologique d’intimidation. Mais ça dure un bon huit secondes. Je décide de couper la tension en haussant les épaules tout en prenant mon air interrogateur le plus innocent, alors que je demande :

MOI : « Non ? »
POLICIER : « Comme je vous ai dit ! Vous avez trente jours pour payer ou bien contester. Vous trouverez l’adresse du site web derrière le ticket. Bonne journée ! »

Et il retourne dans son véhicule, me laissant là avec mon billet dans les mains.

Rendu chez moi, je me rend sur le site. J’entre le numéro de mon billet. Tout y est: Mon nom, mon adresse, mon véhicule, sa plaque, les détails de ma contravention, et le montant à payer. Et là, j’ai le choix : Payer ou contester. Je clique sur Contester.

Sur ce, 404 PAGE NOT FOUND. Je clique pour revenir en arrière. Là, c’est « Une erreur empêche la page de télécharger. Veuillez revenir plus tard. » Je me demande si c’est bien un hasard, ou si c’est encore une arnaque pour nous empêcher de contester.

Pour la fluidité de la narration, je vous fais grâce de tout ce que j’ai eu à faire pendant les quatre jours qui ont suivi. Mais j’ai fini par pouvoir parler à quelqu’un au téléphone.

POLICIER : « Donc, vous voulez contester une contravention ? »
MOI : « Non ! Juste une partie. La contribution de $40. »
POLICIER : « La contribution, c’est un montant qui va à un refuge pour femmes victimes de violence conjugale. »
MOI : « Oui, je comprends. Mais je n’ai jamais été violent envers une femme. Je n’ai donc pas à recevoir une amende pour ça. »
POLICIER : « Ce n’est pas une amende. C’est un don ! »
MOI : « Un don, c’est volontaire, et ça vient avec un reçu pour les impôts. Vous ne donnez pas de reçu, et je n’ai jamais autorisé que l’on me charge ce $40. Alors désolé, mais m’obliger à payer pour un crime que je n’ai jamais commis, ce n’est pas un don, c’est un abus. »
POLICIER : « Vous avez quelque chose contre les femmes, Monsieur ? »

Ok, wow ! On voit que les étudiants de Nicolet ont tous appris le même texte par coeur, Heureusement, ces cinq derniers jours à ruminer là-dessus m’ont donné le temps d’étoffer ma réponse.

MOI : « Au contraire ! J’ai tellement rien contre les femmes, que je n’en ai jamais abusé une seule de toute ma vie. Vous pouvez vérifier vous-même, puisque vous avez accès à mon dossier judiciaire. Il n’y a donc aucune raison, ni morale ni légale, de me faire payer pour quelque chose que je n’ai jamais fait. »
POLICIER : « La contribution, c’est standard avec les amendes d’excès de vitesse. On ne peut pas fragmenter le paiement. Ou bien vous le payez en entier, ou pas du tout. Mais dans ce dernier cas, il y aura des conséquences. C’est la loi ! »
MOI : « C’est la Loi. Mais est-ce qu’on peut vraiment parler de justice, ici ? »
POLICIER : « Écoutez ! Si vous voulez contester la Loi et le Code Civil, vous avez toujours le loisir d’embaucher un avocat qui va vous représenter dans votre cause contre la Couronne. Alors, que vous payez ou que vous intentiez une poursuite, c’est à vous que revient la décision finale. Bonne journée. »

Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps pour savoir que si ma cause a de bonnes chance d’être une victoire légale, elle équivaudra en revanche à un suicide social. La contribution obligatoire sur les constats d’infraction, c’est dans tout le système légal du Québec. Il est évident que si je m’y attaque, ça ne passera pas inaperçu. Les médias vont s’empresser de rapporter cette saga judiciaire avec le gars qui poursuit le Gouvernement car il refuse de faire un don pour les refuges de femmes victmes de violence conjugale. Il n’en faudra pas plus pour que l’on m’associe automatiquement à Marc Lépine, aux incels comme Elliot Rodger, où à ces misogynes de Mâles Aphas autoproclamés. J’aurai beau m’expliquer et répéter 8624 fois que, peu importe s’il s’agit de femmes victimes de violence, d’immigrants victimes de racisme ou d’enfants victimes de prédateurs, il reste que je n’ai commis aucun de ces crimes. Je n’ai donc pas à payer pour ceux-ci. Faites-donc payer Gilbert Rozon, puisque LUI est déjà reconnu devant la Justice pour de nombreux crimes contre les femmes. Ajustez l’amende à la mesure de ses crimes, et vous pourrez vous bâtir dix nouveaux refuges pour femmes en détresse.

Mais je sais bien que peu importe ce que je dirai, rien n’y fera. Mon nom sera démonisé dans la culture populaire. Et Internet n’oublie jamais. J’aurai à subir ça jusqu’à mes 121 ans.

C’est comme je disais. Ou bien j’accepte leurs abus. Ou bien ils me feront subir d’encore pires abus. Comme le font les hommes qui abusent des femmes, finalement. J’ai donc fermé ma gueule, et je suis allé payer ma contravention en entier. Et, quelle surprise, le site a parfaitement fonctionné cette fois. Éventuellement, j’ai fini par trouver le moyen de ne plus jamais avoir à subir ce genre d’abus. Et c’est une solution toute simple : je ne fais plus d’excès de vitesse.

Quand je sais que j’ai raison, je suis têtu comme pas un. Mais quand mon entêtement ne donne rien de bon, je n’ai d’autre choix que de tirer la leçon que j’ai à en tirer, et de lâcher prise.

Parce qu’il y a des batailles qu’on ne peut juste pas gagner.

14 côtés cachés du travail de préposé aux bénéficiaires

Depuis que je suis préposé aux bénéficiaires, je reçois souvent des félicitations. Aider nos aînés dans leurs tâches les plus basiques alors qu’ils sont en perte d’autonomie, quoi de plus noble comme profession. Or, l’essentiel de notre travail n’a rien de glorieux. En voici quatorze facette peu connues.

1. Le travail consiste surtout à ramasser de la merde.
95% des résidents portent des couches pour adultes (Que l’on appelle simplement « culottes », pour ne pas heurter les sensibilités.) et 80% sont incontinents. Pas besoin d’en dire plus pour que vous comprenniez que, de deux à douze fois par quart de travail, on se retrouve à avoir les mains dans la merde. Certes, on porte des gants de latex, mais tout de même. Et il n’est pas rare que la couche ne puisse pas tout retenir et déborde dans les vêtements, les lits, les meubles. Sérieusement, depuis que je suis préposé, j’ai à faire avec 100 fois plus de merde que lorsque j’étais concierge.

Quant à l’odeur, malgré les puissants détergents et la ventilation, il flotte toujours un léger arôme flatulent dans les corridors. Surtout pendant nos hivers Québécois, avec sa moyenne quotidienne de -10°C à -25°C qui interdit toute fenêtre ouverte.

2. Non, ce n’est pas comme « s’occuper de bébés. »
Bien sûr, il y a des similitudes. On les lève, on les lave, on les habille, on les nourrit, on les distrait, on change leurs culottes, on les met en pyjama et on les couche. Mais la différence, c’est que ces gens sont des adultes dont le poids va de 90 à 350 lb / 40 à 160 kg. Certains ont encore toute leur tête, ou du moins sont assez éveillés pour avoir pleinement conscience de leur état. S’il y en a qui le prennent avec philosophie ou Foi en leur religion, d’autres ont beaucoup de difficulté à accepter leur dévolution. Surtout que…

3. Les gens n’entrent pas en résidences pour prendre du mieux.
Quand une personne entre à l’hôpital, on la soigne. Et tout dépendant de l’état où elle se trouve, et à combien sévère est la raison qui l’a amené là, il y a de bonnes chance que la personne récupère sa pleine santé. Mais en centre d’accueil et résidences pour gens à mobilité réduite, c’est l’inverse. Quand ils y entrent, c’est pour dégénérer peu à peu physiquement et/ou mentalement jusqu’à l’heure du trépas. C’est le côté déprimant de la profession. On ne peut que les soulager à court terme. Mais au bout du compte, rien de ce que l’on fait n’aura servi. Beaucoup de résidents ne le savent que trop bien. Voilà pourquoi…

4. Certains résidents optent pour le suicide par grêve de la faim.
Il y avait un homme dans la soixantaine, souffrant d’une forme de paralysie latente, qui résuisait ses mouvements à une lenteur extrème, en plus d’être incontinent. Et immobile, n’était de son fauteuil roulant électrique. Ça affectait également son langage, alors qu’il ne parlait qu’avec difficulté. Ses journées consistaient à manger, regarder la télé, recevoir des soins, et dormir. Sur son mur, il y avait des photos et articles de journaux à son sujet. Dans sa jeunesse, l’homme était sportif, élancé, énergique, un athlète reconnu.

Le même homme, à trente ans de différence.

Un jour, il en a eu assez de de cette vie sans issue et sans espoir. Il a cessé de se nourrir. Dix jours plus tard, c’était fini.

4. On apprend à devenir menteur.
Beaucoup de résidents sont atteint d’Alzheimer. Ils posent donc beaucoup de questions. Si répondre la vérité à certaines d’entre elles n’aura aucune conséquences fâcheuses, d’autres sont à-même de les faire angoisser, paniquer, déprimer. Notre travail consiste aussi à assurer leur tranquilité d’esprit. Et ceci nous oblige souvent à leur mentir.

Par exemple, certains ne comprennent pas pourquoi ils sont en résidence. On leur dit alors qu’ils ont eu un accident, que ceci est un hôpital, et qu’ils partiront lorsqu’ils auront repris du mieux. Dans l’unité prothétique, une dame vit son jour de la marmotte personnel. À tous les matins, elle croit qu’elle vient d’arriver dans cette chambre d’hôtel, d’où son fils viendra la chercher le lendemain matin. En réalité, voilà six ans qu’elle habite là.

Une autre dame me demande plusieurs fois par jour quand est-ce que ses filles viendront la visiter. Je lui réponds « Le jour des visites est dimanche. Nous sommes samedi. Elles seront là demain matin. » Ce qui me console un peu dans son cas, c’est que lorsque je lui dis ça le samedi, c’est la vérité.

5. L’Alzheimer révèle les secrets du passé.
C’est bien connu, l’Alzheimer attaque la mémoire récente et recule de plus en plus dans les souvenirs. Ainsi, lorsque l’on prodigue des soins d’hygiène au niveau du siège, il n’est pas rare qu’une résidente hurle à son père (mort depuis belle lurette) de ne plus la toucher. Ce qui nous donne une idée des terribles sévices qu’elle a pu subir étant enfant.

Mais parfois c’est un peu plus cocasse, comme la fois où une résidente m’a dit, « Armand, il va falloir qu’on arrête. Mon mari ne mérite pas que je lui fasse ça. » Apparemment, Armand était son amant. Et puisqu’on parle de sexualité…

6. La sexualité gérontologique existe. Et ce n’est pas beau à voir.
Je vous vois venir, les Wokes.  « On n’a pas à se moquer de leurs droits de s’aimer, ils ont droit au respect peu importe leur âge et leur physique. » Je veux bien ! Mais je vous rappelle que l’on parle ici de gens qui sont majoritairement incontinent. Je ne vous raconte pas l’Apocalypse post-coïtal résultant sur eux-mêmes et dans la chambre suite à leurs ébats.

7. On doit préparer les cadavres pour la morgue.
Il n’y a pas de service de morgue sur place. Alors lorsqu’un décès est constaté et enregistré officiellement par le médecin de garde, un préposé doit se porter volontaire pour le préparer à son transport. Ça signifie le nettoyer si besoin, et lui mettre une couche neuve. Avec une ficelle, lui attacher les pieds ensemble, et attacher ses mains en croix sur la poitrine. Attacher une étiquette d’identification aux orteils. L’enrouler dans le linceuil, qui est en fait une grande toile de matière plastique, et en ficeler le centre et les deux extrémités. Enfin, sur la ficelle centrale, attacher la seconde étiquette d’identification.

Il n’est pas rare que je doive emballer aujourd’hui un résident avec qui j’avais une conversation hier. La première fois, ça donne un choc. Mais on s’y fait. Mon plus grand choc a été de constater que certains décès n’ont rien de naturel, alors que…

8. La famille peut se faire offrir l’euthanasie.
Vous connaissez la situation classique : Une personne est dans le coma, les médecins assurent la famille qu’il n’y a plus d’activité cérébrale, donc qu’à toute fin pratique, la personne qu’ils ont connu n’existe plus et ne reviendra jamais. Alors on la débranche et on la laisse décéder naturellement.

Il y a cependant des cas où cette solution est appliquée chez des personnes qui sont bien portantes physiquement. Nous avions une résidente souffrant d’Alzheimer à un stade assez avancé, au point où elle avait régressé à l’état d’animal. En même temps, elle était assez en forme physiquement pour être mobile, et donc constituait un danger envers elle-même et les autres résidents. Il fallait souvent s’y prendre à trois préposés pour la changer et lui prodiguer des soins d’hygiène, dont un juste pour l’immobiliser tellement elle se débattait avec vigueur.

À plus de $2 000 par mois pour les soins, son mari avait dû vendre son chalet et ses véhicules. Le problème avec l’Alzheimer, c’est que sa progression peux fluctuer. Elle pourrait oublier de respirer dans six mois, ou bien vivre encore cinq, dix, voire quinze ans. Il n’y avait que deux choses certaines : De un, cérébralement parlant, la personne qu’elle était n’existait plus. Et de deux, à payer pour les soins d’une personne qui était littéralement un zombie, sa famille s’en allait droit vers la faillite. Ils ont donc opté pour ce que l’on appelle la sédation palliative.  On administre un puissant sédatif à la personne, et on la tient endormie jusqu’à ce qu’elle meurt de faim.

Oui, dans une certaine optique, il s’agit ni plus ni moins d’un meurtre légal. Mais lorsque les deux seules options sont celle-ci ou bien la ruine totale qui ne résoudra rien, c’est à ce genre de choix déchirant que sont parfois réduites les familles.

9. Les personnes à mobilité réduite ne sont pas toutes des vieillards.
Nous avons une femme dans la quarantaine, paralysée du nombril aux orteils, et c’est arrivé comme ça, alors qu’elle était encore adolescente. Une autre a la moitié gauche du corps paralysée et insensible, depuis qu’une violente dispute avec une rivale pour les faveurs d’un homme s’est résolue avec un coup de hâche sur le crâne. On a eu aussi un homme qui, à 22 ans, le jour de son mariage, avait abusé du champagne. Pour rire, il a décidé de piquer une tête tout habillé dans la piscine creusée. Sans se rendre compte qu’il était à l’extrémité contenant moins d’un mètre d’eau. Commotion cérébrale et fracture des vertèbres. Trente-cinq ans plus tard, il avait une partie de la mobilité de ses bras, et ses mains à demi-paralysées. Mais là encore, du nombril aux orteils, plus rien ne fonctionnait.

10. La santé de certains résidents ne tient qu’à un fil.
Et il suffit d’un seul petit problème, parfois extrèmement anodin, pour que tout dégringole.

Certains de nos résidents, en plus d’être incontinents, souffrent de blocage de la vessie. Ils ont donc besoin qu’on leur y enfonce une sonde, afin que l’urine s’écoule dans un tuyau vers un sac. Cette sonde est changée sur une base hebdomadaire. Et malgré toutes les précautions d’hygiène et de salubrité, qui sont respectées à la lettre et même aù-delà, il arrive qu’une simple bactérie arrive à s’introduire. C’est ainsi qu’un des résidents, dans son sommeil, a développé une inflammation de la vessie, qui a fait flancher ses reins, qui lui a empoisonné le sang, qui lui a causé un arrêt cardiaque… Malgré les soins d’urgence et le transfert à l’hôpîtal, il est mort au bout de trois jours, sans jamais s’être réveillé.

Une petite dame de 97 ans très maigre souffrait d’osteoporose, une maladie qui rend les os poreux et fragiles. De sa chaise roulante, elle s’est juste penchée pour ramasser un Kleenex qu’elle avait échappé. Ce simple geste, pourtant effectué avec douceur, lui a fracturé le bassin. Après deux jours de souffrances terribles, à force d’augmenter sa dose de médication, elle s’est endormie pour ne plus jamais se réveiller. Une semaine plus tard, c’était fini.

11. On se retrouve avec des criminels endurcis.
Il n’est pas rare que l’on nous amène des prisonniers dont l’état de santé est trop demandant pour que le système carcéral puisse s’en occuper. Ainsi, violeurs, pédophiles, meurtriers peuvent se succéder dans nos murs. On a même déjà eu un ex casseur de jambes appartenant à un club de motards criminalisé. Un accident vasculaire cérébral l’a laissé plus faible qu’un chaton et incapable de s’exprimer. Mais il avait encore toute sa tête, comme le démontrait son regard qui passait sans cesse de la rage au désespoir. Pour un homme qui avait passé sa vie à s’imposer physiquement à ses semblables et à répandre la terreur, cette fin de vie représentait l’Enfer sur terre.

12. Les résidences sont un paradis pour les fétichistes de dévotion aux handicapés.
À tous les endroits où j’ai travaillé, il y avait toujours au moins une résidente qui s’était faite un amoureux après avoir été admise. Car oui, certaines personnes ressentent une attirance irrésistibles envers les gens qui nécéssitent des soins constants. Ils se présentent alors aux résidences comme bénévoles. Et si une résidente leur tombe dans l’oeil, alors voilà. Bientôt, ils viennent s’en occuper sur une base régulière. Lorsque ça arrive, il y a enquête pour s’assurer que la personne n’est pas un déviant reconnu par la loi. Et la famille, s’il y a, est prévenue. Mais en général, on ne juge pas et on les laisse faire.

13. On voit des horreurs corporelles.
Il y a beaucoup de membres emputés pour cause d’accidents, ou de pieds sans orteils pour cause de diabète. Ça, c’est le moins pire. Par horreur, je parle d’un second anus au bas de la colonne vertébrale, créé par chirurgie, où on y met et retire un bouchon. Ou un pénis fendu sur sa longueur pour y introduire des sondes. Ça a beau avoir cicatrisé depuis des lustres, ça laisse un malaise à voir. Et que dire de ces plaies spontanées qui deviennent des cratères qui puent la viande avariée. Et d’autres trucs dont je vous ferai grâce. On s’y fait à la longue. Mais au début, ça ébranle.

14. Travailler dans ce milieu nous oblige à regarder en face la réalité de la vie, et surtout la fin de celle-ci.
Dans mon cas, à constater les ravages physiques résultant des excès de toutes sortes, ça n’a fait que renforcer ma détermination à bien manger, me modérer dans tout, continuer d’aller au gym et me tenir en forme. Il y a déjà bien assez de maladies dégénératives qui arrivent naturellement comme l’Alzheimer, la sclérose en plaque, le parkinson et plusieurs autres, je tiens à faire en sorte d’éviter ce que je suis en mesure d’éviter, et ce pendant que je peux encore l’éviter.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité, 5 de 5, la conclusion: Faut-il laisser les Red Flags tout dicter?

Tout le long de cette série de billets, j’ai fait une longue liste de Red Flags qui auraient dû me prévenir de me tenir loin de Mégane. Et ce dès le départ : une mère en couple depuis 20 ans qui me fait une déclaration d’amour parce que le tarot lui a dit que j’étais l’homme de sa vie. Déjà là, ça en dit long sur sa personnalité, et ça n’en dit rien de bon : infidèle, irréfléchie, qui n’a pas les pieds sur terre, adepte de la pensée magique…

Dans ma jeunesse, à l’époque où je tenais mordicus à avoir un comportement parfait et irréprochable, jamais je n’aurais accepté d’être en relation avec elle. Or, il a a une chose importante à considérer ici, et c’est ma situation. C’était une belle femme, un peu plus jeune que moi mais tout de même de ma génération, qui avait l’intelligence et la volonté de retourner aux études pour faire quelque chose de sa vie. Et elle ressentait pour moi un désir physique irrésistible, suivi d’un amour inconditionnel. J’étais itinérant, sans un sou, criblé de dettes, sans autre transport que mon vieux vélo acheté deux ans plus tôt dans un pawn shop. Même à mon meilleur, je ne crois pas que j’aurais pu trouver mieux qu’elle. En fait, ce serait déjà un miracle que je puisse trouver aussi bien. Je n’avais donc pas tellement d’options. C’était elle, ou alors personne pour encore bien longtemps.

Ensuite, malgré tous les Red Flags initiaux et ceux qui se sont succédés par la suite, il reste que son passage dans ma vie a été le plus bénéfique qui soit. Alors que la majorité de mes relations m’ont enlevé beaucoup, elle au contraire en a apporté comme personne. Sur huit points en particulier, elle a su transformer ma vie pour le mieux. ils sont :

POINT 1: Son influence sur mon décor.
Avant de la rencontrer, lorsque j’avais des appartements, je décorais la place avec ma collection d’antiquités. Elle n’a pas pu en visiter puisque j’étais itinérant lorsqu’on s’est rencontrés, mais elle a vu des photos. Elle m’a fait comprendre que oui, si le décor se doit de refléter les goûts de la personne qui y l’habite, il reste qu’il y a une sacrée différence entre mettre ici et là quelques éléments antiques pour décorer, et carrément vivre dans une boutique d’antiquité. Un salon, une cuisine, une salle à manger, une chambre, tout ça doit rester sobre et accueillant pour les visiteurs. Un décor complet qui ne réflete que tes goûts de manière aussi omniprésente et insistante, ça empêche quiconque de s’y sentir à l’aise. À moins que j’aille la chance extraordinaire de ne fréquenter que des gens qui partagent exactement la même passion au même niveau que moi.

Je n’étais pas à 100% convaincu, mais je voyais de la logique dans ses propos. Aussi, j’ai décidé de garder l’esprit ouvert. À sa demande, lorsqu’elle m’a trouvé mon 3½, je l’ai laissé s’occuper de la déco. Au début, ça détonnait sur mes habitudes. Mais j’ai dû reconnaître qu’elle avait raison. Encore aujourd’hui, je vis dans des décors sobres et accueillants, dans lesquels je me sens tout de même chez moi.

POINT 2 : Mon logis.
C’est elle qui m’a trouvé mon appartement, un 3½ à coût ridicule pour le marché actuel. Et bien que j’ai annuellement maille à partir avec le propriétaire au sujet de ses tentatives abusives d’augmentations contre lesquelles je le traine d’ailleurs en Cour (saga suspendue mais néanmoins à suivre) il reste que c’est grâce à cette adresse officielle que je tombe dans la catégorie « travailleur en région éloignée », qui me rapporte autant d’avantages fiscaux. Et il est d’autant plus économique puisque grâce à Mégane, j’ai …

POINT 3 : Mon pseudo-colocataire.
Le frère de Mégane n’avait pas les moyens de se trouver un logis convenable. Et à cause de mon travail, le mien est vacant l’équivalent de 11 mois par année. Il habite donc chez moi et me paie le loyer, que je refile ensuite au propriétaire. Et puisqu’en Gaspésie, je suis logé gratuitement, c’est d’autant plus d’économies pour moi.

POINT 4 : Mon lit.
En couple et en colocation avec Karine, Flavie, Nathalie, je n’avais pas possédé de lit depuis le siècle dernier, littéralement. Et lors de mes moments de célibat, je dormais sur le divan. Et depuis mon itinérance, je n’avais même plus ça. Je dormais sur une chaise longue de plage. Mégane m’a acheté et fait livrer par surprise un matelas. Quelques semaines plus tard, on y ajoutait une base de lit. Ça peut sembler n’être pas grand chose. Mais jamais on ne m’avait fait un tel cadeau. Grâce à elle, mes nuits sont devenues confortables et reposantes.

POINT 5 : Mon laptop.
En 2020, je me suis acheté un laptop Acer pour $800. Moins d’un an plus tard, j’ai commencé à avoir des problèmes physiques avec. Il fonctionne toujours bien, mais sa… euh… « carosserie », disons, se défait, et l’une de ses pentures a brisé alors que je l’ouvrais. En 2023, ayant appris un truc ou deux de son conjoint spécialiste en informatique, Mégane m’a fait acheter un laptop Lenovo pour $850, dont je ne peux que vanter la qualité, et les qualités.

POINT 6 : Ma carrière.
Il est vrai que ce point n’a pas été amené à moi volontairement ni positivement par Mégane. Elle m’a laissé tomber pour son Bertin. Pour amortir ma chute, je suis allé m’inscrire sur Facebook Rencontre. J’y ai été contacté par une préposée qui m’a parlé des nombreux avantages de travailler pour une agence plutôt qu’un hôpital ou un CHSLD. Elle m’a branché sur son agence. Et depuis, je suis enfin prospère. D’accord, si Mégane m’était restée fidèle, rien de celà ne serait arrivé. Mais sans ce négatif qu’elle m’a apporté, je n’en aurais jamais tiré ce positif. Donc, peu importe comment on retourne la chose, il demeure que sans Mégane dans ma vie, ça ne serait jamais arrivé.

POINT 7 : Mon auto.
La seule et unique fois que je m’étais procuré une automobile, c’était en 1997. J’ai été coincé dans une arnaque pas-possible qui m’avait ruiné en me faisant en plus perdre mon emploi et taper une dépression. Il se trouve que Mégane a eu des autos toute sa vie, et est passionnée par les automobiles. Elle savait donc que choisir, à quel prix, et où s’adresser. Grâce à elle, j’ai pu me procurer une auto qui répond à tous mes besoins et qui ne m’a jamais ruiné.

POINT 8 ; Ma purge du passé.
Peu à peu, les changements que Mégane m’a apporté ont transformé ma vie, au point de me rendre compte que je trainais inutilement des bagages de mon passé, et ce au sens propre. Aussi, dans deux containers géants, l’un pour le recyclage, l’autre poour les ordures, je me suis débarrassé de 90% de mes possessions, après avoir accepté le fait que je ne m’en servais plus et que je ne m’en servirai jamais.

Donc, les Red Flags… On les écoute, ou pas ?
Dans la vie, tout n’est pas à 100% noir ni blanc. J’aurais pu cesser de féquenter Mégane n’importe quand. Particulièrement après qu’elle m’ait laissé tomber pour son Bertin. Mais si je l’avais fait, alors je n’aurais jamais vécu les points 6, 7 et 8, grâce auquele je vis maintenant de la manière dont je l’ai toujours voulu. Soit la vie normale d’un homme normal avec un travail normal et un revenu normal.

Dans mon livre Le Sucre Rouge de Duplessis, je cite un extrait de la lettre d’un ministre, disant : « Il faut prendre les gens tels qu’ils le sont, ni totalement bons, ni totalement mauvais. » Car si Mégane m’a fait vivre beaucoup d’expériences négatives, elle a su en revanche m’apporter le positif requis pour faire de ma vie le succès que j’ai toujours poursuivi sans jamais atteindre.

Mais est-ce une raison pour continuer d’accepter de tout subir ?
Non ! Parce qu’il y a une différence flagrante entre avant et maintenant. Avant, j’étais sans emploi, sans le sou, sans domicile fixe, sans véhicule. Quand on n’a rien, on n’a rien à perdre, et tout à gagner. À l’époque, je n’avais aucune option. Je n’avais pas le choix.

Eh bien maintenant j’ai des options, et j’ai le choix. Et je choisis de ne plus jamais accueillir dans ma vie une mystique qui rejette la réalité.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (4 de 5)

Le billet précédent de cette série se terminait sur ceci : Pendant ces deux ans et demi, l’obstination de Mégane à nier la réalité au profit de la pensée magique lui a fait subir une longue série de déboires. Raconter le tout en ordre chronologique serait trop long. On va donc y aller par sujets.

Sa relation avec Bertin.
Dès le départ, Bertin a bien fait comprendre à Mégane qu’il était un Mâle Alpha. Par conséquent, rien ne pouvait se mettre entre lui et l’objet de ses désirs. La preuve : il désire Mégane, donc il ne se laisse arrêter ni par la distance, ni par le fait qu’elle a un conjoint, ni même par le fait qu’il a lui-même femme et enfants. Alors s’il lui dit qu’ils feront vie commune avant que l’année ne se soit écoulée, c’est parce qu’ils vont le faire.

Maintenant que la femme de Bertin connaissait son infidélité et que son divorce était inévitable, Mégane avait d’autant plus de raisons de croire qu’il va suivre leur plan. Il n’en fut rien. En invoquant le bien des enfants, il prétendit vouloir rester à proximité d’eux, en se louant un petit appartement à Québec. Ces mêmes enfants qui, étrangement, n’entraient pas en ligne de compte quelques semaines plus tôt, alors qu’il lui promettait de tout quitter pour elle.

Un jour, elle m’appelle, désemparée. Pour le weekend, elle avait planifié aller le retrouver chez lui, pour qu’ils puissent passer ces deux jours ensemble. Il a refusé. Il lui a expliqué que là, pour la première fois depuis vingt ans, il vivait seul, sans autre responsabilité que lui-même. Ce logis, c’était son univers. Son refuge. Alors si Mégane s’y invite, il se sentirait envahi. Ça le ramènerait dans la même atmosphère que lorsqu’il vivait avec sa femme. Il se sentirait de nouveau coincé. Et ça, c’est quelque chose qui va déranger son processus de réadaptation à la vie autonome.

J’ai répondu à Mégane que ce baratin pue la bullshit à plein nez. De un, quand on aime une femme, alors on n’a aucune raison de se sentir envahi par sa présence. Et de deux, les seules raisons pourquoi un homme ne voudrait pas lui révéler son adresse, c’est ou bien parce qu’il a une relation cachée là-bas, avec qui il planifiait déjà de passer le weekend. Ou bien parce qu’il n’a pas d’adresse pour commencer, ce qui signifie qu’il habite toujours avec sa femme. Il n’y a aucune autre raison logique.

Comme elle le fait toujours, lorsqu’elle est face à une réalité qui ne lui convient pas, Mégane l’a niée. Elle a préféré le croire sur parole.

Puis, les vacances de Bertin sont arrivées. Malheureusement, celles-ci coïncident avec les vacances de sa bientôt-ex-femme. Et puisqu’ils avaient planifiés un an d’avance leurs vacances en famille, et que ce n’est pas remboursable, il se voit obligé de suivre ces plans. Pour le bien des enfants.Et à la grande déception de Mégane, il ne trouve jamais de temps à lui consacrer, ne serait-ce que quelques minutes tandis qu’il est aux toilettes, pour lui texter un petit bonjour. Et à son retour, dans son temps libre, il est tellement fatigué qu’il préfère rester chez lui pour se reposer. Par conséquent, ils ne se voient presque pas.

Je rappelle à Mégane que c’est exactement ce qu’elle m’a fait subir lorsqu’elle a commencé à me tromper avec lui. Donc que ce comportement est trop louche pour être honnête. Elle n’a pas voulu m’écouter.

Un jour, elle lui reproche de prendre ses distances avec elle. Il lui répond que c’est parce qu’il ne sent pas qu’elle se consacre à lui à 100%. Après tout, contrairement à lui, elle habite toujours avec son conjoint. Mégane a donc fait pour Bertin ce qu’elle n’aurait jamais voulu faire avec moi : elle a pris le premier prétexte pour mettre fin à son couple, après deux décennies. Elle s’est trouvé un 4½ dans une nouvelle construction d’appartements de style condo et y a aménagé.

Maintenant que cet obstacle était abattu, Mégane s’attendait à pouvoir enfin vivre sa romance éternelle avec son Bertin. Ce fut le contraire. Il lui a expliqué que puisqu’elle a fait ça pour lui, sans l’avoir consulté, il ressent qu’elle lui met une pression morale pour l’obliger à faire vie commune avec elle avant qu’il se sente prêt pour le faire. Lui faire subir ce genre de pression, c’est ce que sa femme lui avait fait au début de leur relation. Par conséquent, s’il va avec Mégane tout de suite, il ne saura jamais si c’est ce qu’il voulait vraiment, ou si c’est parce qu’il se serait senti obligé. Puisque la situation lui rappelerait trop sa relation avec son ex, il ne se sentirait pas à l’aise là-dedans.

Pour quelqu’un qui se qualifie de Mâle Alpha que rien ne peut empêcher d’atteindre son but, il se laisse arrêter par pas mal d’obstacles ridicules, je trouve. Mais Mégane refuse de regarder les faits. Elle a trop besoin d’être la possession d’un Mâle Alpha, un winner, un vrai, qui serait son âme soeur véritable. Pour son orgueil, reconnaître qu’il n’est rien de tout ça, c’est l’équivalent d’affirmer qu’elle n’a pas ce qu’il faut pour attirer ce genre d’homme, et qu’elle ne mérite pas une telle relation. Alors toujours elle lui trouve des excuses pour justifier ses faits, gestes et paroles.

Leur relation n’était plus qu’occasionnelle et seulement sexuelle. Dans son obstination à le voir comme étant l’homme de sa vie, elle lui a présenté son fils et a organisé une sortie au zoo. Même son fils a remarqué que tout le long de la journée, il était distant, froid, qu’il avait l’air de s’emmerder. Il est vrai que le gars venait de passer deux heures et quart sur la route, à se taper 256 km dans le but de se taper Mégane. L’unique but, devrais-je dire, Par conséquent, il n’en avait rien à cirer de ses responsabilités de mère.

À force de subir déceptions par-dessus déceptions, il y avait des moments où elle le voyait sous son vrai jour. À ce moment-là, elle me le décrivait comme un trou de cul, un profiteur à coeur de pierre, un hypocrite, un sale con qui s’était foutu de sa gueule depuis trop longtemps. Même qu’elle m’a dit à quelques reprises :

« Quand tu reviendras pour ton congé en mai, qu’il n’essaye pas de me voir, il va frapper un mur. Mon temps, je le consacre à mes amis, les vrais. Pas aux trous d’cul qui daignent trouver du temps pour moi seulement quand ça leur adonne d’avoir envie de baiser. »

Le premier vendredi de mai, je débutais mes deux semaines de congé. Je suis parti avant l’aube pour ne pas perdre toute ma journée sur la route, alors que j’aurais 750 km à faire. Et dès mon arrivée, j’arrive chez elle, et on se fait un plan pour la soirée : resto, suivi d’un cinéma, puis on terninera la chose au bar, avant de finir la soirée en relaxant chez elle. Je pars chez moi défaire mes bagages et me préparer. Tandis que je suis dans la douche, elle m’appelle. Après la douche, j’écoute le message. Elle annule notre soirée. Bertin vient de lui texter. Il est dans une ville voisine en ce moment. Et puisqu’il est dans le coin, il veut la voir. Furieux, je la rappelle, mais elle ne répond pas. Mes textos sont également ignorés. Et lorsque je me rends chez elle, sa voiture n’y est plus. Je sais bien que nous ne sommes rien de plus qu’amis. Mais je prend très mal cette trahison. En tout cas, cette fois, je vois très clairement que sa parole ne vaut pas une merde.

Le lendemain, je ne manque pas de lui rappeler ses promesses qu’elle n’a pas tenue. Elle me dit alors quelque chose que j’ai bien dû entendre de sa bouche une douzaine de fois, tout le long où je l’ai fréquentée.

« La dernière fois que j’ai vérifié, on était encore dans un pays libre. J’ai bien le droit de changer d’idée. »

Ironiquement, ce sera quelques jours plus tard qu’elle changera encore d’idée, cette fois au sujet de son Bertin, et cette fois pour de bon. Le jour de la Fête des Mères. La majorité des amis de Mégane, autant hommes que femmes, lui ont souhaité bonne fête des mères. Son frère lui a souhaité bonne fête des mères. Je lui ai souhaité bonne fête des mères. Mème son ex-conjoint, qu’elle avait quitté quelques mois plus tôt, lui a fait livrer une carte de fête des mères avec des roses.

Et de Bertin, qu’a-t-elle reçu ? Rien !

Vers 19h, fort déçue, elle lui écrit pour lui demander pourquoi il ne lui a même pas envoyé un mot pour la fête des mères. Sa réponse :

« Pourquoi est-ce que je l’aurais fait ? T’es pas ma mère ! »

Il a essayé de faire accroire à Mégane que, à l’âge de 48 ans, de toute sa vie, jamais il n’avait vu quelqu’un souhaiter bonne fête des mère à quiconque sinon sa propre mère. Elle avait beau nier la réalité depuis maintenant un an afin de tenter de se convaincre elle-même que Bertin était l’homme parfait, vivre des déceptions en chaîne de sa part avait fini par éroder son obstination. Celle-là était de trop. Elle l’a banni de sa vie pour toujours.

Ses emplois.
Elle n’arrive jamais à en garder un. Mais ce n’est jamais de sa faute. Tout d’abord, comme il fallait s’y attendre avec une femme de 46 ans qui a passé la majorité de sa vie en tant que mère et femme au foyer, en plus d’éviter les exercices puisque ça la fait suer, elle n’a jamais été habitué à faire un travail qui est demandant physiquement comme préposé aux bénéficiaires. Et c’est ainsi qu’elle a commencé à avoir de la douleur constante à une épaule. Il a fallu qu’elle arrête.

Après plusieurs mois sans travailler, et à attendre en vain compensation financière, elle a fini par se trouver un emploi comme technicienne aux loisirs à une succursale des Résidences Soleil. Le salaire est bien plus bas que préposé, mais elle n’a pas le choix. Elle commence avec deux mois de probation, avec promesse d’embauche à la fin de celle-ci si elle fait l’affaire. Dès le départ, je lui donne des conseils pour éviter d’avoir des ennuis pouvant mettre son embauche en péril. Le plus important : Ne jamais mêler sexe et travail.

Deux semaines plus tard, elle devenait l’amante du directeur adjoint. Et puisqu’ils étaient aussi subtils qu’un camion de dix tonnes dans une piscine hors-terre, ça s’est vite su dans la place. Or, dans la plupart des milieux de travail au Québec, il est interdit pour une personne occupant un poste au pouvoir d’avoir des relations avec des subordonés. Le gars a été relocalisé ailleurs, et Mégane renvoyée. Là encore, elle disait que ce n’était pas de sa faute. Je l’avais pourtant prévenue de ne pas mêler sexe et emploi.

Après plusieurs autres mois sans emploi, elle a fini par trouver une autre place en tant que préposée aux bénéficiaires.

Ses finances.
Mégane fait partie de cette catégorie de gens que, si tu lui donnes un million, alors dans un an elle sera endettée de deux millions.

Allez savoir pourquoi, il se trouve que la maison qu’elle habitait avec son conjoint était à leurs deux noms. Puisqu’elle le quittait, il lui a racheté sa part pour $60 000. Ça lui a permis de survivre entre deux emplois. Une personne sans emploi mais qui gère bien ses finances aurait pu vivre de deux à trois ans là-dessus. Elle ? Vraiment pas. Elle a commencé à en mettre la moitié dans un nouveau véhicule. Pour sa défense, son auto précédente nécéssitait de plus en plus de réparations. Cet achat-là, au moins, était nécessaire.

Alors qu’elle est allé magasiner avec le reste, elle a cédé à une impulsion en passant devant un pet shop. Elle s’est acheté un Shih tzu âgé de dix semaines, accessoires et tout, pour $2 000.

Celui-ci.

Elle n’avait jamais eu de chien avant. Elle n’a fait aucune recherche sur Google afin de savoir ce que ça implique. Elle se foutait que son bail disait très clairement que les chiens étaient interdits. Elle l’a juste acheté comme ça, sur un coup de tête, et l’a ramené chez elle. Son premier réflexe fut de le montrer fièrement à tous ses amis via Messenger. À sa grande déception, tout le monde lui a répondu qu’elle n’avait pas réfléchi, et lui parlèrent des aspects négatifs de posséder un chien, surtout un Shih tzu.

Quant à moi, je m’en suis abstenu pour quatre raisons.

  1. Il est trop tard, l’achat est fait.
  2. Je ne lui dirais rien de plus qu’elle n’a pas déjà entendu.
  3. Je la connais assez pour savoir qu’au lieu de m’écouter, elle va rager.
  4. Je connais assez les chiens pour savoir que ça ne prendra pas 24h, que l’expérience la fera venir elle-même à la conclusion qu’elle a été conne d’avoir fait cet achat impulsif.

Comme de fait : Le lendemain matin, elle me facetime en pleurs. Il abime les meubles. Il brise des objets. Il pisse partout. Il chie partout. Elle n’a pas dormi de la nuit, puisqu’il l’a passée à être agité, à aboyer et à hurler. Et si les voisins se plaignent, elle va se faire expulser. Je lui suggère de le mettre en vente sur Marketplace. Elle refuse. Marketplace est relié à Facebook. Si elle y met une annonce, tous ses contacts verront son annonce, incluant tous ceux qui lui ont dit qu’elle avait fait erreurs d’acheter ce chien. Et elle refuse de leur donner raison. Je ne peux pas croire que même dans cette situation invivable, elle laisse encore son sale orgueil avoir la priorité.

Finalement, c’est une ex-collègue de travail qui a résolu le problème le soir-même. Une dame à la retraite avait elle-même perdu son Shih tzu, mort de vieillesse deux mois plus tôt. Elle a l’expérience, l’espace et le temps requis pour bien s’occuper d’un chiot et de l’éduquer convenablement. Le seul problème, c’est que sur sa pension, elle ne peut pas payer $2 000. Elle lui en offrira $500, ce que Mégane n’a d’autre choix que d’accepter. $1 500 évaporés en 24h pour une impulsion irréfléchie.

Pendant une période de quatre ou cinq mois, de deux à cinq jours par semaine, on pouvait trouver des colis d’Amazon devant sa porte. Entre ça et ses autres dépenses stupides sur des inutilités, au bout de cinq mois, il ne lui en restait plus un sou de l’argent de la maison.

Elle se plaignait souvent que, lorsqu’elle était avec son conjoint, celui-ci contrôlait chaque sou, et elle devait lui justifier chaque dépense. Mais à partir du moment où elle a eu le plein contrôle de sa situation financière, ça a été une catastrophe perpétuelle. Ce qui signifie que son conjoint la connaissait bien. Il savait le risque financier qu’elle représentait si on la laissait faire. Ça permet de comprendre pourquoi, après vingt ans de vie commune, il avait toujours une monstrueuse phobie à l’idée de l’épouser.

Dans un billet précédent, je raconte qu’elle m’avait emprunté $800 alors que j’étais sur le chômage. Et bien qu’elle faisait deux fois et demi mon revenu, elle avait mis plus de six mois à m’en rembourser $500. Et toujours, elle me reprochait de le lui réclamer. Je m’étais juré que plus jamais je ne lui en prêterai.

Deux ans plus tard, j’avais un bon emploi bien payé en Gaspésie et ma situation financière avait changée pour le mieux. Mégane venait de commencer un nouvel emploi, mais elle ne recevra sa première paie que dans deux semaines. Or, le loyer est dû pour demain, et il lui manque $700. Je commence par refuser, lui rappelant ce qui était arrivé la dernière fois. Ce qui la met en fureur. Elle coupe la conversation en me maudissant.

… pour le rappeler en pleurs le lendemain, en me jurant sur la tête de son fils qu’elle me remboursera à sa première paie. Très bien alors. J’ai accepté. Pour me faire dire, deux semaines plus tard, qu’elle avait des dépenses bien plus urgentes que ça. Voilà donc ce que vaut pour elle la tête de son fils.

Après quelques mois, j’y renonce.

Euh… Ok !

Donc, si on résume la situation…

  • Quand je refuse de lui prêter de l’argent, je la frustre.
  • Quand je lui réclame l’argent qu’elle me doit, je la frustre.
  • Et quand je lui donne l’argent qu’elle me doit, je la frustre.

J’ai décidé à ce moment-là de mettre fin à notre amitié. Tout le long de notre relation, j’ai fait tout ce que recommandent les avis populaires. J’ai ouvert le dialogue, mais elle refusait de parler. J’ai été ferme dans mes limites, ça l’a juste mise en furie contre moi. Je lui ai expliqué le pourquoi de mes refus, elle m’a accusé de la rabaisser pour me sentir supérieur à elle. Je lui ai dit calmement que je ne me sentais pas respecté dans certaines choses qu’elle me disait, elle m’a banni de sa vie pendant trois semaines parce que je la faisais passer pour la méchante du couple. Pourquoi devrais-je en endurer davantage ? En espérant qu’elle change pour le mieux, je commets la même erreur que Mégane a fait avec son Bertin. Les gens ne changent jamais, surtout dans leurs défauts.

La grande leçon que j’en ai tiré, c’est qu’on ne peut raisonner seulement qu’avec des gens raisonnables. Et une personne raisonnable n’aurait jamais agi ainsi pour commencer. À quoi ça sert de montrer de la fermeté et de l’autorité si l’autre refuse de t’écouter ? C’est une adulte, pas un enfant, et encore moins l’un des miens. Je n’ai donc aucune autorité sur elle. Toute tentative de dialoguer et/ou de prendre le contrôle de la situation ne sert donc absolument à rien. Je m’en souviendrai, quelques mois plus tard, lorsque je fréquenterai Ariane, elle-même parsemée de Red Flags. Cette fois-là, dès qu’elle s’est montrée hostile, déraisonnable et irréaliste, je n’ai pas niaisé, j’ai immédiatement coupé tout contact.

Sa sexualité.
Pendant les quatre derniers mois de sa relation avec avec Bertin, Mégane souffrait de son absence. Elle a donc commencé à aller sur Facebook Rencontre. Elle y trouva l’attention masculine dont elle avait tant besoin. Ce qui la poussa à s’inscrire sur Tinder, Bumble et JALF. Et c’est comme ça qu’elle a commencé à avoir deux ou trois amants réguliers, et plusieurs one-night. Et voici comment elle apaisait sa conscience :

« J’ai besoin d’une présence que Bertin n’est pas capable de me donner pour le moment. Alors plutôt que de frustrer contre lui et mettre la merde dans notre relation, je vais combler mes besoins urgents ailleurs. Comme ça, je préserve l’harmonie entre nous deux. Si je n’aimais pas Bertin, je casserais avec lui et je me mettrais en couple avec un autre. Alors le fait que je reste avec lui, malgré le fait que ça m’oblige à aller me satisfaire avec d’autres gars, c’est une preuve d’amour. »

Je ne sais pas si elle croit vraiment ce qu’elle dit. Mais juste le fait qu’elle le dit, c’est déjà aberrant.

Alors que je suis chez moi lors d’une de mes semaines de congé d’entre deux contrats, elle m’appelle à 01h20 de la nuit. Elle est coincée à Montréal et veut que j’aille la chercher. Ce que je fais. Au retour, elle m’explique qu’elle a passé la soirée avec un touriste Belge. Et après la baise, il l’a juste foutue dehors. Elle me dit alors la chose la plus aberrante qu’il m’a été donné d’entendre sortir de sa bouche.

ELLE: « Avoir su que ça se passerait comme ça, je lui aurais dit de mettre un condom, pour le faire chier un peu. »
MOI: « Qu-QUOI ? Tu t’es même pas protégée ? »
ELLE: « C’est correct ! Il n’avait pas baisé depuis deux ans. S’il avait eu des maladies, ça se serait manifesté. »

Un gars de passage, de l’autre bout du monde, qu’elle n’a jamais vu avant et qu’elle ne verra jamais plus après, membre d’un app de rencontre de baise, lui dit des choses aussi improbables qu’impossibles à vérifier dans le but de la baiser sans condoms… ET ELLE LE CROIT !? Ben oui ! Parce que grâce à sa pensée magique et ses rituels, elle sait que l’univers ne lui envoie que des amants qui sont clean. Par conséquent, jamais elle ne se protégera.

Ses conditions d’habitation.
Alors qu’elle avait annoncé à son conjoint qu’elle le quittait, elle a tenté de me convaincre d’aller habiter avec elle dans un superbe condo qu’elle avait repéré avec son Bertin dans une ville où je n’avais jamais mis les pieds. Puisqu’elle gagnait deux fois et demi mon chômage, et que les dépenses allaient être séparées 50-50, ma part m’aurait coûté la totalité de mon revenu. Et ses règles étaient strictes : Toutes mes possessions devaient être dans ma chambre, qui deviendrait par le fait-même un entrepôt. Ma porte devra toujours être fermée, et verrouillée en mon absence. Absence qui sera requise lorsque son Bertin viendra passer 1-2-3 jours chez elle. Traduction : Je devais sacrifier pour elle la totalité de mon revenu, en étant présent le moins possible, autant physiquement que visuellement. J’ai évidemment refusé. Elle m’a pété une crise, me remerciant de la laisser dans sa merde. Quelques jours plus tard, elle en est revenue. Apparemment, ses copines lui ont fait entendre raison. Enfin, si on veux. Elle ne lui ont pas dit que c’était honteux de tenter de m’exploite de la sorte. Non, elles lui ont dit que le fait d’habiter avec son ex pourrait déplaire à Bertin.

Puis, elle s’est trouvée un appartement neuf de style condo, un 4½ où elle a habité un an. Dès qu’elle eut écoulé le $60 000 de la maison, elle n’arrivait plus à se le payer. Mais elle refusait d’aller vivre dans un 3½, et encore moins dans quelque chose qui n’évoque pas un condo.

Elle a fini par se trouver un collègue qui a accepté d’aménager avec elle. Il lui fallait donc bien plus grand. Ils ont déménagé dans un autre appartement de style condo, cette fois un 5½. Il était libre immédiatement, mais elle n’avait pas l’argent pour sa part. Alors il a payé décembre à lui seul. En janvier, ce fut 50-50. En février, elle perdait son emploi, mais ils ont pu payer 50-50. En mars et avril le gars a dû payer le loyer à lui seul. En mai, avec le nouvel emploi de Mégane, c’est redevenu 50-50. Mais lorsqu’il a compris que jamais elle ne pourra lui rembourser les trois mois qu’elle lui devait sur les six qu’ils ont cohabité, il est juste parti.

Aux dernières nouvelles que j’ai eu de la part de son frère (qui occupe mon logis pendant que je travaille au loin), elle vit enfin à la mesure de ses moyens : Dans un 3½ qui n’est pas de style condo.

Il me révèle également qu’elle a tenté d’emprunter $150 000 à un cousin fortuné. Elle avait besoin de ce capital pour partir en affaires, en créant une compagnie qui allait construire et vendre des mini-maisons. La fille ne connait rien en direction d’entreprise et est incapable de tenir un budget. Mais elle pense faire fortune en construisant en en vendant un produit impossible à placer nulle part, et dont personne ne veut. Le cousin a bien évidemment refusé. Elle a réagi de sa manière habituelle, en banissant de sa vie ce sale con qui, à cause de sa vision étroite, laisse Mégane crever dans sa merde. La routine habituelle, quoi.

Sa santé et son physique.
Je sais bien que c’est un tabou social de parler de l’apparence d’une femme et de sa sexualité de manière négative. N’empêche que son régime à base de pensée magique la fait sans cesse grossir, les ravages que lui apportent son style de vie sont de plus en plus difficiles à maquiller, et franchement ce serait un miracle que ses multiples conquêtes non-protégées n’aient pas encore affecté sa santé.

Alors comme je le disais dans un billet précédent, malgré tout ce qu’elle m’a fait, je n’ai eu nul besoin de faire quoi que ce soit pour ruiner sa vie. Elle était parfaitement capable de le faire elle-même.

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À CONCLURE, avec les leçons que j’en ai tiré.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (4 de 5)

Pendant les trois premières semaines du mois de janvier 2022, tel que Mégane en avait décidé, nous n’avons eu aucun contact. J’avais beau me jeter dans le travail de rédaction de mon livre, je crevais d’ennui. J’étais là, en plein hiver, dans mon taudis-esque 3½, dans un village isolé au beau milieu de douzaines de kilomètres carrés de champs agricoles enneigés, sans vie sociale, sans véhicule qui aurait pu me permettre de changer le décor et faire d’autres activités ailleurs. Et au chômage, donc sans raison de sortir de toute façon.

Elle, par contre, avait sa maison, son conjoint, son fils, son travail, son salaire, son auto… Alors de nous deux, elle n’était pas la personne qui souffrait le plus de notre séparation.

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( OUVRONS UNE PARENTHÈSE
, Un an plus tôt, en janvier 2021.

Mégane avait pu se libérer pendant quelques heures pour venir me rejoindre clandestinement, afin que l’on puisse fêter un petit bout du jour de l’an ensemble. Alors que l’on terminait nos coupes de champagne, elle m’a dit :

« Ne me quitte jamais pour une autre femme. Sinon je pourrais détruire ta vie. »

Entendre ceci me donne un choc. Toute ma vie, à cause de l’obsession malsaine qu’avaient mes parents de me rendre dépendant d’eux, ils se sont toujours arrangés pour me faire perdre amis, logis, conjointes, appartements, carrières… C’est à cause d’eux que j’ai si souvent été obligé de refaire ma vie en repartant à zéro. C’est à eux que je dois mes 40 jours d’itinérance de l’été de 2020. Sans oublier la mère de mes enfants qui a utilisé ces derniers pour me garder dans la pauvreté pendant presque toute ma vie adulte. Là, mes enfants étaient tous majeurs. Et j’avais renié mes parents. Après toutes ces années, le cauchemar avait pris fin. Et ce soir-là, ça faisait deux mois et demi que j’étais préposé aux bénéficiaires dans une résidence pour retraités, située à quelques pas de chez moi. À 52 ans, j’avais enfin la carrière normale qui procure le revenu normal qui me permettrait de me bâtir la vie normale d’un adulte normal.

… Et voilà qu’elle me menace de prendre la relève de mes parents et de mon ex dans leur oeuvre de destruction de ma vie.

Ça, ce n’était tabarnaquement pas la chose à faire. Parce que si c’est à ça qu’elle veut jouer, je pourrais aisément envoyer à son conjoint les textos où elle s’est offerte à moi comme amante, avant de passer à ceux où elle m’a fait sa déclaration d’amour. Et j’enchainerais avec les sextos, selfies nus et vidéos érotiques qu’elle m’envoie régulièrement. Alors si l’un de nous deux possède la capacité de détruire la vie de l’autre, ce n’est certainement pas elle.

J’aurais pu le lui dire. J’ai préféré me taire. La soirée avait bien commencée. L’année commençait bien. Ce n’était pas le temps de se déclarer une guerre froide de menaces terroristes. Je ne sais pas par quel genre de raisonnement tordu elle a pu s’imaginer que sa phrase était une bonne manière de me dire qu’elle tient à moi. Mais pour le moment, il valait mieux que je tienne compte de ses sentiments, et non des mots par lesquels elle me les a si maladroitement exprimés.

FIN DE LA PARENTHÈSE )
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Retour au présent, un an et trois semaines plus tard, en ce 21 janvier 2022,
Je réfléchis sur nous deux. On a beau dire qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné, lorsque notre choix se résume justement à ça, Il faut parfois faire certains compromis.

Et puis, étais-je vraiment si mal accompagné? Je dois reconnaître que malgré son déni de la réalité et ses croyances mystiques irraisonnées, les 14 mois que nous avons passé ensemble ont été vraiment géniaux. Même en mettant de côté le sexe, nous avions tellement de choses en commun. Jamais on ne s’ennuyait l’un avec l’autre. Jamais ne se demandait-on quoi faire de nos journées. Toujours l’un savait amener des activités qui plaisaient à l’autre. Je suis sûr que ça lui manque autant qu’à moi. Et puis, elle n’est quand même pas idiote. Si je lui dis de seulement cesser les comportements qui se mettent entre nous, elle devrait comprendre et arrêter.

Malgré le fait qu’il nous reste encore huit jours à patienter, je lui écris un courriel dans lequel je lui dis l’essentiel du paragraphe précédent, et je lui envoie. Trente minutes plus tard, elle me remet sur son Facebook et son Mesenger pour me répondre.

Je soupire. J’aurais dû me douter que son orgueil et son déni de la réalité allait empêcher tout dialogue à ce sujet. N’empêche qu’elle a lu mon courriel. Donc, peu importe sa réaction, il reste que mon message est passé. Je suppose que n’ai donc pas besoin d’en discuter davantage. Et que je peux passer à autre chose.

À partir de ce point, tout s’est très bien passé entre nous. Notre relation a pu reprendre comme avant. Et plus jamais elle n’a insisté pour quoi que ce soit. Et plus jamais elle ne m’a accusé de choses irréelles. Quant à moi, lorsqu’elle me faisait des suggestions, j’ai adopté une nouvelle manière de lui répondre. Au lieu de lui dire NON immédiatement en lui donnant les 8 624 raisons pourquoi c’était foireux, je lui disais que c’était une idée à creuser. Quelques jours plus tard, si elle revenait là-dessus, je lui disais que j’avais fait des recherches sur Google. Et je lui montrais ces aspects cachés qui démontraient pourquoi ça ne pouvait pas me convenir. Étant donné que quelques jours s’étaient écoulés depuis sa suggestion, ça diminuait l’impact de mon refus. Et puisque les raisons ne venaient pas de moi, elle ne le prennait pas personnel, ce qui évitait toute tension entre nous.

Notre relation s’est tellement améliorée que quelques mois plus tard, on s’est offert une petite fantaisie : on s’est mariés.

Bon, ce n’était pas un vrai mariage. Ce n’était qu’entre nous deux, donc totalement non-officiel. Mais tout y était : la musique, la robe, les échanges de voeux, le gâteau, et même la bague, que je portais fièrement. Mais surtout, c’était une promesse que l’on se faisait, de le refaire un jour, cette fois pour de vrai, lorsqu’elle pourra enfin quitter son conjoint, qui lui n’a jamais voulu l’épouser. En attendant, elle me reprochait parfois d’oublier de la porter en sa présence. Manque d’habitude. J’allais aussitôt me la remettre au doigt.

Puis, l’été est arrivé. Malheureusement, celui-ci coïncide avec les vacances de son conjoint. Et il en profite pour multiplier les activités familiales. Voyages. Camping. Sorties en famille. Et lorsqu’elle a du temps libre, elle est tellement fatiguée qu’elle préfère rester chez elle se reposer. Par conséquent, on ne se voit presque pas.

Vous vous souvenez de ce $800 qu’elle me devait depuis le début de l’automne précédent? Alors qu’il lui restait encore $300 à me rendre, elle a décidé de les utiliser pour nous payer deux billets pour un événement intitulé Le Bal de la Reine, une soirée sur le thème de la série La Chronique des Bridgerton.

Soirée chic, s’il en est une.

Tandis que l’on se préparait pour la soirée, je mettais les dernières touches à ma tenue. En regardant mes mains, je me rappelles soudain un truc.

MOI: « Oups ! Faut pas que j’oublie mon alliance. »
ELLE: « T’es pas obligé. »

Ces trois petits mots me font l’effet d’une gifle. Je comprends automatiquement que nous ne sommes plus un couple.

Vingt-quatre ans plus tôt, j’ai constaté que lorsqu’une fille te dit « T’es pas obligé de », ça signifie « Je préférerais que tu t’abstiennes de ». C’est une leçon que j’avais apprise à la dure avec Océane, à la fin de la fameuse soirée où elle était venue saoule dans ma résidence étudiante pour s’offrir à moi. Et avec les années, j’ai pu constater que c’était le cas à chaque fois qu’une fille commençait une phrase par ces mots.

Leçon apprise en automne 1996. Dessin de 1999.

Si Mégane préfére que je m’abstienne de porter ce symbole de notre mariage, c’est parce qu’elle ne veut pas que nous soyons mariés. Et soudainement, tout fait du sens. Le fait que l’on ne s’est presque pas vus pendant deux mois. Le fait que nous n’avons pas eu l’opportunité de faire l’amour depuis cinq semaines, alors qu’elle est encore plus obsédée sexuelle que moi. Et puisqu’on se voit si peu, elle devrait être beaucoup plus en manque. Pourtant, jamais elle ne m’embrasse, son regard est beaucoup plus fuyant, et c’est à peine si elle me tient encore la main. Tous les signes sont là : pour Mégane, nous deux, c’était déjà fini depuis quelques temps..

Puisque j’avais payé mon costume et (involontairement) les billets, et que c’était une soirée à laquelle elle tenait beaucoup, j’ai décidé de ne pas la gacher en abordant le sujet tout de suite. J’attendrai à notre prochaine rencontre. Ça me laissa le temps de ramasser d’autres indices flagrants.

« Penses-tu vraiment que je ne m’en suis pas rendu compte que ça fait au moins deux mois que tu n’es plus en amour avec moi? » Voilà ce que je lui ai dit, trois semines plus tard, pour amener le sujet. Elle n’a pas nié qu’effectivement, avec le temps, elle a fini par se rendre compte qu’elle ne resentait plus que de l’amitié pour moi. Et que, bien, voilà, ce sont des choses qui arrivent. Mais elle aimerait beaucoup que nous restions amis platoniques.

MOI: « Bullshit ! Une obsédée du sexe comme toi n’a pas besoin d’être en amour avec un gars pour baiser avec lui. Je le sais, on était amants avant que tu le deviennes. Et au nombre de fois où tu m’as expliqué à quel point ton conjoint est un baiseur minable, tu ne vas certainement pas te satisfaire avec lui. Si tu ne veux plus le faire avec moi, alors que le sexe entre nous était génial, ça peut juste dire une chose : Tu es en amour avec un autre gars, et tu as commencé à sortir avec lui. Je dirais, depuis fin avril, début mai. Je me trompe ? »

Non, je ne me trompais pas. Le malaise que lui causait mon esprit de déduction se voyait très clairement sur son visage. Devant mon insistance, elle a fini par tout me dire.

En avril dernier, un certain Bertin de Québec l’a demandé en ami sur Facebook. Il se trouve que c’était l’un de ses premiers amoureux, lorsqu’ils avaient 14-15 ans. Voilà trente-trois ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Il est marié, père de deux grands ados. Après deux semaines à s’écrire des banalités sur ce qu’ils étaient devenus, voilà qu’il a commencé à la complimenter sur son apparence physique et sur son sex-appeal. À cause de son besoin de se sentir désirée, elle a aussitôt embarqué. Et c’est là qu’il lui a sorti le grand jeu du « Je ne t’ai jamais oublié pendant ces trente-trois dernières années et ça signifie que tu es la femme de ma vie. » Il n’en fallait pas plus pour qu’elle s’en trouve instantanément séduite. Ils ont convenu de se rencontrer dans un resto. Et ils ont passé les cinq heures suivantes dans un motel, à baiser de façon déchainée.

Depuis, ils se sont fait plusieurs promesses. D’abord, de se garder l’exclusivité sexuelle, même de leur partenaires officiels. Ensuite, dès l’automne, ils vont chacun annoncer à leurs conjoints leur désir de divorcer, ou l’équivament. Puis, ils iront vivre ensemble, et ce avant le temps des fêtes.

ELLE: « Je nous ai tirés au tarot, et j’ai fait un rituel avec les runes. Et tous les deux ont confirmé que c’était lui, mon âme soeur. Le seul, l’unique. Et c’est avec lui que je suis destinée à passer le reste de ma vie. »

Ah bon? C’est bizarre! Parce que si je me souviens bien, il y a un an et demi, c’est exactement ce que ce même tarot et ces mêmes runes disaient à mon propre sujet.

Puisque je m’y attendais, le choc n’a pas été si dur. Et puisqu’elle tenait à ce que l’on continue à faire des activités en amis, au moins, je ne perdais pas la seule vie sociale que j’avais. N’empêche que ça faisait chier. Encore heureux que notre mariage n’avait jamais été réel.

Le lendemain, elle m’appelle, moitié en pleurs, moitié furieuse. Elle m’annonce que la femme de Bertin a appris au sujet de leur liaison amoureuse et sexuelle. Et puisque Mégane m’avait tout déballé la veille, ça faisait de moi le suspect no.1. Je lui ai expliqué pourquoi c’était impossible que je puisse faire ça, et je lui ai demandé de venir chez moi, que je puisse lui montrer.

Dès son arrivée, on s’est assis devant mon ordi. Et je lui ai montré que, puisque je ne suis pas ami Facebook avec Bertin, je n’avais pas accès à ses renseignements personnels. Et mieux encore, elle a pu voir que je n’avais pas non plus accès à sa liste d’amis. Dans de telles conditions, je ne pouvais pas apprendre qui était l’épouse de Bertin, et encore moins la contacter. Devant ces preuves, j’ai été lavé de tout soupçon. Elle a pu l’appeler et lui confirmer mon innocence. Ils ont fini par déduire que l’un de leurs comptes a dû se faire pirater, ou quelque chose comme ça.

Elle ne s’est jamais rendu compte qu’au lieu d’aller sur Facebook, je lui ai juste montré des captures d’écran du compte de Bertin que j’avais modifiées sur Photoshop. Juste en cliquant sur l’image, ça amenait à l’image suivante. Je n’avais qu’à cliquer là où se situaient les liens pour créer l’illusion d’être sur le net. Parce qu’évidemment que c’était moi. Je suis un gars très zen, avec une grande capacité à pardonner. Mais il y a deux choses qu’il ne faut jamais toucher : ma source de revenus, et mon couple. Quiconque s’attaque à l’un ou l’autre en subit immédiatement les conséquences.

J’avoue qu’au début, j’ai songé à faire également parvenir ces renseignements au conjoint de Mégane. Et dans son cas, il aurait appris avoir été cocu plutôt deux fois qu’une, et ce depuis presque deux ans. J’aurais très bien pu le faire. Un an et demi plus tôt, Mégane elle-même ne m’avait-elle pas dit « Ne me quitte jamais pour une autre femme. Sinon je pourrais détruire ta vie » ? Je ne ferais qu’appliquer cette règle qu’elle a elle-même amené entre nous. Ce serait de bonne guerre.

Au final, j’ai décidé de l’épargner. Je la savais déjà infidèle. N’empêche que c’est Mégane qui a amorcé notre relation, mais c’est Bertin qui y a mis fin. C’était donc lui qui avait tout gâché. Et il n’était pas question que je le laisse s’en tirer impunément.

Je n’interviendrai plus dans leur relation. Je n’en avais pas besoin. Car à partir de ce point, deux choses pouvaient arriver. Ou bien le divorce de Bertin allait provoquer le chaos dans sa relation avec Mégane, ce qui me convenait parfaitement. Ou bien ça allait assurer que leurs plans d’aller vivre ensemble allait vraiment se concrétiser, et c’est ce qui était prévu de toute façon. Mais dans un cas comme dans l’autre, dans ma tête, une chose était claire. Et c’est qu’entre elle et moi, c’était terminé. Déjà qu’elle était une adepte de la pensée magique qui niait la réalité, si en plus elle ne sait tenir ni sa parole ni ses promesses, alors je n’ai pas de place pour quelqu’un comme ça dans ma vie.

N’empêche que je venais de me faire jeter par ma fiancée. Celle avec qui j’avais passé un an et demi, même si c’était en cachette. Et ça, ça faisait mal. Histoire d’amortir un peu ma chute, j’ai décidé de m’inscrire sur ce nouvel app nommé Facebook Rencontre. J’y ai mis une description courte et amusante. Et parmi les photos, j’en ai mis une de moi en uniforme de préposé, dans les corridors d’un CHSLD.

Celle-ci !

Parallèllement, mon chômage venait de prendre fin. Aussi, j’ai mis mon CV à jour. Je comptais soumettre ma candidature là où il y avait de l’emploi, quitte à déménager de nouveau dans une autre ville. Puisque le taux d’occupation des logements à Saint-Jean-Baptiste est de 100%, mon propriétaire était d’accord pour casser mon bail dès que je lui signalerait mon intention de partir. Ça l’arrangeait car il ne cachait pas son intention de faire passer le loyer de $500 à $850. Et sans Mégane, plus rien ne me retenait dans la région.

Sur Facebook Rencontre, j’ai rapidement été contacté par Anne-Marie, elle-même préposée aux bénéficiaites.

ELLE : J’ai vu ta photo de préposé. Tu travailles où ?
MOI :
 Sans emploi, mais je suis justement en train de refaire mon CV pour commencer à faire application demain.  Il y a tellement de demande dans le milieu que je suis assuré de commencer à travailler dans les 48h.
ELLE :
 Laisse faire ça, ils vont juste te payer $26 de l’heure.  Viens travailler avec moi dans les Maritimes.  Ici, on commence à $35. 
MOI : 
Sérieux?  Pour quel CHSLD?
ELLE :
 Non, je travaille pour une agence de placement qui fournit des préposés là où la demande est une urgence.  On m’envoie partout, Gaspé, Iles-de-la-Madeleine, Rimouski, Campbellton, Terre-Neuve, Baie James…  Plus c’est loin, plus haut est le salaire.  Par exemple, à la Baie-James, on commence à $46.  Mais peu importe où tu vas, ils te donnent en plus une allocation de $60 non-imposable par jour pour te nourrir, et tu es logé gratuitement.  Et ton déplacement est payé aussi, on te donne 45¢ du kilomètre entre chez toi et ton lieu de travail.  Et le plus beau, c’est que c’est toi qui décide de ton horaire.  Tu dis que tu es disponible de telle date à telle date, on te case ces dates-là, et voilà.  Et le taux d’absentéisme chez les employés de CHSLD est tellement grand que l’on va te proposer souvent double quart de travail.  Et au-delà de 40 heures par semaine, toute heure supplémentaire est payée temps et demi.

Voilà une situation qui semble trop belle pour être vraie.  Je ne vois cependant pas de raison pourquoi elle me ferait un tel baratin.  Ça valait le coup d’essayer. Elle m’a donné la page web de son agence.  J’y suis allé.  J’ai fait application.  J’ai eu un retour d’appel.  On m’a confirmé que tout était vrai.  J’ai donc fourni les documents prouvant ma formation et mon expérience.  Et voilà que l’on m’annonce que l’on m’offre un premier contrat d’un mois à Carleton-sur-Mer.

Petit problème : Pour avoir le travail, j’ai besoin d’une auto.  Et pour acheter une auto, il me faut un travail.  Les concessionnaires en ayant vu d’autres, ils ont communiqué avec mon futur employeur, afin de s’assurer que oui, j’allais bientôt avoir un revenu stable.  Et puisque j’ai toujours géré mes finances de manière intelligente, j’ai un excellent dossier de crédit.  Je me suis donc procuré un véhicule usagé pour $22 000.

Et c’est comme ça que tous mes problèmes se sont instantanément réglés.

Ce qui signifie que si Bertin n’était pas venu me casser mon couple, Mégane ne m’aurait jamais laissé tomber. Je ne me serais jamais inscrit sur Facebook Rencontre. Je n’aurais pas attiré l’attention d’Anne-Marie, qui ne m’aurait donc pas branché sur son agence. Je n’aurais jamais rencontré mon éditeur, et peut-être que mon livre ne serait toujours pas publié. Il aurait fallu que je déménage pour trouver du travail ailleurs, perdant ainsi mon si économique 3½. Et aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, au moment où j’écris ces lignes, je n’aurais pas de véhicule, ni ce si génial emploi, ni cet excellent salaire, ni n’aurais-je atteint cette prospérité que j’avais passé toute ma vie à poursuivre en vain.

Autrement dit, si ma vie a pris un virage aussi positif, je le dois à Bertin. À la lueur de tout ceci, je regrette maintenant lui avoir fait subir ma vengeance.

Surtout que pendant ces deux ans et demi, l’obstination de Mégane à nier la réalité au profit de la pensée magique lui a fait subir une longue série de déboires. Comme quoi je n’avais même pas besoin de détruire sa vie. Elle était parfaitement capable de le faire elle-même.

À SUIVRE

Ces Red Flags vivamts : La mystique qui nie la réalité (3 de 5)

Ceux qui jugent et conseillent ne sont pas ceux qui payent. Voilà un dicton qui décrit bien Mégane. Car avec sa pensée magique, j’avais droit à des suggestions qui étaient, dans le meilleur des cas, irréalistes. Ou dans le pire des cas, dangereuses ou catastrophiques. Et à chaque fois que je prennais la peine de lui expliquer pourquoi, alors là, c’était son déni de la réalité qui faisait équipe avec son obstination. Avant de terminer le tout par une combinaison de son orgueil et de sa susceptibilité.

Par exemple :

Au sujet du logis.
Après avoir vu sur Facebook quelques vidéos de mini-maisons, elle a aussitôt tenté de me convaincre d’en acheter une.

Elle me dit qu’avec des prix allant de $10 000 à $20 000, même si je suis au chômage, je peux me le permettre, puisque ma marge de crédit est bien assez grande pour couvrir un tel achat. C’est vrai ! Mais admettons que je m’en choisis une à $15 000. Avec les taxes, ça devient $17 246. Sur ma Visa à 21.9%, à moins que je puisse la rembourser au complet avant la fin du mois, ils vont me charger $3 638 en intérêts annuels. Ça représente $314 par mois. Je reçois $2 200 du chômage. Une fois payé le loyer, la nourriture, l’électricité, internet et mon cellulaire, il me reste plus ou moins $600 par mois, que je consacre à mes loisirs avec Mégane. J’enlève ce $314, il me reste $286 que je dois consacrer à payer cette maison. Finies les sorties avec Mégane. Et j’en ai pour 60 mois (cinq ans) à payer. Au bout duquel j’aurai payé ma maison $36 000. Soit plus du double.

Une solution alternative moins chère pour le financement serait la banque. Or, je suis au chômage et je ne possède rien. Les banques ne prêtent pas à quelqu’un comme ça.

Admettons pour l’argument que j’ai cette maison et qu’elle est payée. Ça prend un terrain pour l’installer. C’est ÇA qui coûte cher. Et une fois le terrain acheté, je ne finis pas de le payer. J’aurai d’abord droit à la taxe de bienvenue. Puis, les taxes municipales annuelles, qui dépassent le prix de la mini-maison. Encore faut-il que je commence par trouver une municipalité qui va accepter qu s’y installe une maison de la taille d’un cabanon de jardin, ce qui va dévaluer les autres propriétés du quartier où je vais m’installer.

C’est bien beau, les mini-maisons, mais à part sur le net, on n’a jamais vu ça nulle-part. IL Y A UNE RAISON POUR ÇA ! Alors où est-ce que je suis supposé me la mettre ?

Réalistement, je veux dire !

Dans son obstination, elle me fait remarquer que ces maisons sont mobiles. Je n’ai qu’à acheter un véhicule pour la remorquer. Ben tiens ! Je vais devoir m’offrir un Pick-up Ford, qui va me coûter trois fois le prix de la maison, puisqu’il n’y a que ça d’assez puissant pour tirer un tel poids.

Et je m’arrange comment pour l’électricité ? Et l’eau courante ? Je me chauffe comment en hiver ? Et là encore, OÙ puis-je me stationner ? Ce n’est pas comme si j’avais envie de passer le reste de ma vie dans des parkings de Walmart.

Je lui dis donc que non, désolé, mais finalement je vais rester dans mon p’tit 3½ à $500 par mois où j’ai l’électricité, l’eau courante, le chauffage. Et surtout une adresse officielle. Car sans adresse officielle, je ne peux pas me trouver un emploi, faire de déclaration d’impôts, avoir de permis de conduire, ni de carte d’assurance sociale, et encore moins recevoir mon chômage. En résumé, acheter une mini-maison serait la pire erreur sociale et financière de ma vie.

Elle coupe aussitôt la conversation, après m’avoir remercié de la faire passer pour une imbécile, uniquement dans le but de me remonter pour me sentir supérieur à elle.

Au sujet de devenir riche et célèbre.
vous souvenez-vous de Khaby Lame? Cet italien d’origine sénégalaise qui est devenu le TikTokeur le plus suivi au monde?

Lui, là !

En apprenant que ça l’avait rendu millionnaire, Mégane a aussitôt commencé à me pilonner pour que moi aussi j’ouvre une chaine Tik Tok et YouTube pour devenir riche et célèbre. Je lui ai expliqué que ce n’est pas tout le monde qui a la chance de trouver une formule gagnante. Et que si c’était aussi facile qu’elle le pense, alors ça ferait longtemps que je serais multimillionnaire. Elle me propose alors ce qui est, selon elle, la solution parfaite : faire exactement comme lui. Ah, bah ouais, pourquoi pas ? Qui n’a jamais rêvé de se faire connaître publiquement comme étant celui qui essaye de voler les idées d’autrui ? Il serait extrêmement surprennant que je dépasse 26 abonnés. Alors pour ce qui est d’engranger des millions…

Toujours aussi obstinée, elle n’en démordait pas. Je lui a donc dit clairement que non, je ne perdrai pas mon temps là-dedans. J’ai déjà bien assez de difficulté comme ça à réussir dans les domaines où j’excelle comme l’écriture ou le dessin, je ne vais pas me lancer dans un médium dans lequel je ne serai pas à l’aise. Car non seulement je ne possède pas le matériel requis, je n’y connais rien. Je vais donc m’en tenir à ce que je sais faire, en terminant la rédaction de mon projet de livre, Le Sucre Rouge de Duplessis. Puis, en lui donnant comme exemple l’une de ses cousine qui est autrice, je dis :

MOI : « Elle n’a ni TikTok ni chaine YouTube pour vendre ses livres, elle. »
ELLE : « Elle n’en a pas besoin. Elle a du talent, ELLE ! »

Ok, wow !

Quand je pense qu’il y en a encore qui s’imaginent qu’il suffit de dire à l’autre que l’on ne se sent pas à l’aise avec ce dont ils nous parlent, pour que la conversation se termine dans le respect mutuel. Comme quoi la pensée magique est encore plus répandue qu’on pourrais le croire.

Au sujet de la santé.
Ce mois de décembre-là, j’ai tenté de me remettre à la course à pied pour améliorer mon cardio et diminuer mon poids. Mégane m’y encourageait. Mais le second jour, j’ai ressenti une douleur au genou. J’ai donc arrêté, planifiant de recommencer dès que la douleur serait partie. Elle me recommande de prendre des antidouleurs. Je refuse. La douleur est un signe qui nous prévient d’arrêter avant de se blesser sérieusement. On peut se remettre de problèmes musculaires, ou même d’un os brisé. Mais les ligaments, ça ne pardonne pas. Une fois que c’est bousillé, c’est pour la vie.

Donc, en résumé, vous la voyez venir : pour l’heure qui suivit, j’ai eu droit à de l’insistance, de l’obstination, et surtout des accusations de créer moi-même mon mal pour excuser ma paresse, car si je me donnais la peine de croire que j’allais réussir à courir sans me blesser, alors je courrais sans me blesser. J’ai conclus en lui disant que je suis bien désolé. J’ai beau être orgueilleux, il n’est pas question que je fasse ce qu’elle me dit, pour finir ma vie en chaise roulante, juste pour lui prouver que j’avais raison.

Écoeurée que je la fasse passer pour une conne qui dit n’importe quoi, elle décide alors de couper tout contact avec moi pour un mois. Elle m’annonce que pendant tout le mois de janvier, elle me bloquera de partout. Parce que là, elle a vraiment besoin de réfléchir sérieusement sur nous deux. Car elle en a marre que je la fasse toujours passer comme étant la méchante du couple.

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Si ça vous intéresse, lors de ce janvier-là, je me suis exprimé sur cette situation dans ces deux billets de blogs :

Quand l’autre fait de toi la Cassandre du couple (1 de 2)
Quand l’autre fait de toi la Cassandre du couple (2 de 2)

Cassandre était un personnage de la mythologie grecque. Elle avait un don, qui était de voir l’avenir, et ainsi prévenir les dangers. Mais elle avait aussi une malédiction : personne ne la croyait. Vous devinez aisément pourquoi Mégane me faisait sentir comme elle.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (2 de 5)

Je sais bien que la morale sociale nous oblige à respecter les croyances d’autrui. Mais ça ne devrait pas nous empêcher d’être réalistes. Vous souvenez-vous de ce livre qui fut un best seller il y a quelques années, Le Secret ? En voici un extrait. 

Ce chapitre affirme que si on reçoit des factures d’électricité, de téléphone, de câble, de loyer et de carte de crédit, ce n’est pas parce qu’on utilise l’électricité, le téléphone, le câble, un loyer et des cartes de crédit. Non ! C’est parce que notre imagination négative fait surgir ces factures de nulle part, sinon elles n’existeraient pas. C’est incroyable d’affirmer des conneries pareilles. Et ça l’est encore plus que ce livre fut, je le rappelle, un best seller.

Je comprends que pour plusieurs personnes, la vie peut être glauque et sans issue, et que leur seul refuge reste la pensée magique. Mais comment peut-on accorder la moindre crédibilité à des affirmations aussi irréalistes que celle au sujet des factures ? Ou leur « Faites-vous une faveur et attendez un chèque » ? Qui d’entre vous n’a jamais attendu en vain quelque chose qu’il espérait très fort voir arriver? Est-ce que cette chose a surgi de l’univers pour arriver parce que vous l’attendiez ? Non, hein !? La réalité ne se plie pas à la volonté de ceux qui se contentent de penser sans agir.

Et ils poussent le bouchon encore plus loin avec « Le désir vous relie aux choses que vous désirez et l’anticipation les attire dans votre vie. » Allez donc dire ça aux femmes et aux enfants victimes de violence et de crimes sexuels. Je suis sûr qu’ils vont être ravis d’entendre qu’ils n’ont fait qu’attirer ce qu’ils désiraient.

On a tous entendu parler de parents qui ont laissé leur enfant mourir d’un appendicite, d’une infection ou du cancer, car ils niaient la réalité de la médecine moderne, en se tournant plutôt vers la prière, les cristaux et des huiles essentielles. Nier la réalité, c’est nier le problème. Et nier le problème, c’est continuer de le subir, parfois jusqu’au point où la catastrophe devient inévitable.

Si ceux qui croient sont des croyants, ceux qui savent sont des savants.
Si je fais quelque chose pour régler un problème, ce n’est pas parce que je me contente de croire que ça va le régler. C’est parce que je le sais. Normal ! Je suis un solutionnaire. S’il y a un problème, je le reconnais comme tel, je l’étudie, j’en trouve la source, je trouve une solution, et je l’applique. Mais comment puis-je résoudre un problème si on me nie son existence ? Ou pire encore, si on tente de me gaslighter comme quoi le véritable problème se situe ailleurs que là où il est vraiment ?

Voilà pourquoi je suis incapable d’endurer ceux qui refusent de regarder la réalité en face, et que je ressens une haine féroce envers ceux qui la remplacent par une vision completement fantaisiste, mensongère, bullshit et irréaliste.

Et malheureusement, Mégane fait partie de ces gens.

Dès le début de notre relation, elle démontra sa tendance à réécrire la réalité. Par exemple, dans les premiers textos qu’elle m’écrivait, elle me comparait à un sorcier qui l’ensorcelait, un prédateur qui l’avait prise comme cible, et qui faisait d’elle la proie de son désir implacable. En réalité, depuis le début, c’est elle qui m’avait choisi et qui s’offrait à moi. Mais bon, je n’en faisais pas de cas. Je suppose que d’inverser nos rôles, ça allégeait quelque peu sa conscience, de trahir ainsi celui qui fut son conjoint des vingt dernières années. Faut dire que ça faisait un bail que ce conjoint ne faisait plus rien pour qu’elle se sente désirée. Je pouvais donc comprendre qu’elle ressentait ce besoin, quitte à le projeter en moi.

Lorsque je me suis installé dans l’appartement qu’elle m’a trouvé, elle est aussitôt arrivée avec son kit de purification. Je l’ai laissé faire sans mot dire. Si c’est ce que ça prend pour qu’elle se sente à l’aise chez moi, alors soit. C’est moi qui récolterai les bénéfices de son sentiment de sécurité et de sa bonne humeur. Elle a fait brûler de la sauge en répandant la fumée dans toutes les pièces pour chasser les esprits maléfiques. Apparemment, il y en avait un dans le détecteur de fumée.

Également, lorsqu’elle m’a donné un bracelet de pierres rouges-brunes-oranges bariolées, en me recommandant de le porter le jour pour chasser le malheur et le mettre à la fenêtre la nuit pour que la lune le recharge d’énergie positive, je n’ai pas crié à la foutaise. Toujours, elle le voyait à mon poignet ou à la fenêtre. Si ça l’empêche de se faire du soucis pour moi, alors why the fuck not, coconut !?

Pendant des années, mon porte-clé était en fait la toute première et massive clé centenaire de la porte principale de la maison familiale que nous avions dans le Vieux Mont-Saint-Hilaire, et dont je représente la 4e génération à y avoir habité. (Mes parents l’ont vendue pour $30 000 en 1990, et elle vaut aujourd’hui $400 000, alors je ne suis pas près de la racheter.) Mégane y a vu un talisman maléfique qui me gardait attaché aux malheurs du passé. Si ça peut apaiser ses craintes, bah, ce n’est pas comme si cette clé était toujours fonctionnelle. Je l’ai enlevé de mon trousseau et elle est allée rejoindre mes autres souvenirs de famille dans une boite à l’entrepôt.

Elle m’a ensuite introduit aux Lettres de Commande à l’Univers. Le principe est simple : Tu écris une lettre destinée à l’Univers dans lequel tu demandes ce que tu veux de la vie. Et l’Univers te l’accordera. J’étais déjà familier avec le principe, c’est juste que dans la version que je connais, il faut adresser la lettre à PÈRE NOËL, PÔLE NORD, H0H 0H0.

Puisque j’ai eu à faire un essai devant elle, j’ai su accorder nos deux écoles de pensées.

  • Au lieu de demander l’argent, j’ai demandé d’avoir la patience de consacrer du temps à faire des recherches, des études, d’apprendre, pour explorer de nouvelles voies. La sagesse de savoir reconnaitre une bonne opportunité au moment où elle passe, et l’intelligence de la saisir au bon moment. Le courage de relever de nouveaux défis. Ce qui me permettra d’avoir un meilleur boulot, donc de meilleurs revenus.
  • Au lieu de demander la santé, j’ai souhaité avoir assez de détermination pour manger bien et m’exercer souvent, ce qui m’apportera la santé.

Après tout, je fais partie de l’univers. Alors si je fais tout ça et que j’obtiens les résultats voulus, techniquement, on pourra dire que l’Univers m’a exaucé.

L’art de savoir choisir ses batailles.
Jusqu’à mes 27 ans, j’avais un Ego fragile qui prennait chaque divergence d’opinion pour une attaque personnelle. Je disais souvent : « Même si tu étais le Premier Ministre, la Reine ou le Pape… Si j’ai raison et t’as tort, ben désolé mais j’ai raison et t’as tort. » C’est à cet àge-là que, suite à un conflit que j’avais initié et qui m’avait fait perdre mon travail, j’ai compris qu’en me donnant une auto-importance démesurée, je cherchais à compenser pour mes complexes causés par mes lacunes de caractère. Si j’avais rencontré Mégane à cette époque, je me serais attaqué à ses croyances sans merci, en lui démontrant avec ma logique inplacable que tout ça n’était que foutaises.

Avec le temps, j’ai travaillé sur moi et j’ai fini par combler mes lacunes. Depuis, je sais faire la part des choses, et je donne le degré d’importance qui sied à chaque chose. Bien que Mégane introduisait peu à peu ses croyances dans mon quotidien, je savais m’en accomoder sans que ça ne dérange ma vie ni mes convictions réalistes. Ces rituels n’ont aucune importance pour moi, mais ils représentent tout pour elle. Alors si ça n’apporte que du positif, pourquoi gâcher tout ça pour une bête question de principes ?

Malheureusement, il semblerait qu’en me montrant assez compréhensif pour être conciliant et faire des compromis, j’ai fait une grave erreur. Je lui ai donné l’impression que je ne mettais pas de limites aux croyances qu’elle pouvait m’imposer. Et ceci allait me revenir sur la gueule avec force.

Tel que mentionné dans le billet précédent, Mégane ne savait pas vraiment tenir un budget. C’était toujours son conjoint qui payait tout. Mais maintenant qu’elle travaillait et gagnait $2 500 aux deux semaines, il ne lui donnait plus un sou. Aussi, à l’automne, lorsque son auto demanda des réparations urgentes qui montèrent à $800, il a fallu qu’elle me l’emprunte. Malgré mon chômage à $1 100 versé le 1er et le 15 du mois, je n’ai eu aucune hésitation à l’accompagner au garage et mettre le tout sur ma Visa. Il m’était évident qu’elle me rembourserait à sa prochaine paie. J’ai déchanté lorsqu’elle m’a appris que maintenant qu’elle est salariée, les dépenses de la famille sont payées 50-50 entre les deux conjoints, ce qui fait qu’elle ne pourra me verser que $100 par mois. L’Idée de devoir attendre huit mois avant d’être remboursé ne me plaisait guère. Mais qu’est-ce que je pouvais y faire ?

Et c’est là où ses croyances ont commencé à me poser problème. Un jour, je l’accompagne alors qu’elle se rend à une boutique New Age de Beloeil. Là, elle y achète des pierres polies représentant force et santé, des cristaux pour la chance et réaligner les auras. Elle y ajoute quelques autres babioles, et termine en incluant ce qui sera son 6e jeu de Tarot. On passe à la caisse. Total : $240, qu’elle paye sans sourciller.

Elle gagne deux fois et demi ce que je reçois du chômage. Et au lieu de me rembourser, elle s’achète des stupides morceaux de roches ? Et un 6e Tarot, qui n’a de différence avec ceux qu’elle possède déjà, que les illustrations ? Incroyable ! Je veux bien croire que ces choses apportent la chance et la fortune. Mais ça ne l’apporte seulement qu’à ceux qui les vendent. Sinon, la seule façon d’influencer le destin de quelqu’un avec une pièce de cristal, c’est en lui balançant sur la gueule avec violence. Mais la seule personne qui en retirera fortune, c’est son dentiste.

Quand on est un adepte de la pensée magique, on est le parfait public cible pour les vendeurs de miracles. Depuis que l’on se fréquente, Mégane a peu à peu pris du poids. Puisque je suis je suis vasectomisé depuis 2019, il ne peut pas s’agir d’une grossesse. Il se trouve que moi aussi, j’aurais quelques kilos à perdre. Je suis habitué aux séances de remises en forme qui durent trois mois, dans lequel on combine la bonne alimentation et les exercices, ce qui garantit à tout coup une perte de 20 lb. Je lui propose un abonnement pour deux au gym. C’est ensemble que l’on ira s’y entrainer. C’est ensemble que l’on fera du vélo. C’est ensemble que l’on ira faire du jogging. Ainsi, chacun d’entre nous soutiendra l’autre moralement. Comme ces couples qui perdent du poids et se remettent en forme ensemble.

Source: https://www.boredpanda.com/couple-weight-loss-success-stories/

Elle refuse. Elle a horreur de la sensation d’être recouverte de sueur. Non, elle va plutôt utiliser une nouvelle procédure qui se nomme Cold Sculpting.

Avez-vous déjà décongelé du jambon? Si oui, vous avez constaté que le gras, après avoir été congelé, devient liquide en dégelant. Ici, c’est le même principe. Il s’agit d’une procédure qui prétend pouvoir congeler la graisse abdominale. Sans affecter la peau, étrangement. Le gras devenant liquide en fondant, celui-ci est rapidement éliminé par l’organisme.

Je fais aussitôt mes recherches sur Google. Et je constate que nulle part ne trouve-t-on de témoignage de gens ayant utilisé ce procédé. Tout ce qu’il y a à ce sujet provient des cliniques qui l’offrent. Puisque cette procédure est nouvelle, elle n’a pas faite ses preuves. Je fais part de mes découvertes à Mégane. Mais celle-ci ne veut rien entendre. Elle CROIT que ça va marcher. Alors ÇA VA marcher.

À chaque mois, elle a subi cette douloureuse intervention. À chaque mois, elle ne constatait aucun résultat. Et à chaque mois, elle se laissait convaincre par les chirurgiens que ce ne sera qu’après plusieurs séances que les résultats seront visibles.

Au final, la seule chose qui a maigri, c’est son compte de banque. De $3 000. Alors qu’elle n’arrive même pas à me rembourser les $800 qu’elle me doit.

Une autre fois, dans son auto, alors qu’elle venait de passer me prendre chez moi, je suis pris d’une crise d’éternuements et d’écoulement nasal. Elle me demande si j’ai le rhume. Je lui répond que non. Mon aspirateur est brisé, alors j’ai passé le balai. Or, je suis allergique à certaines poussières domestiques. Aussi, lui demande d’arrêter à la pharmacie pour que je prenne des pilules anti-allergiques. (De marque Personnelle, fabriquées au Canada, puisque la version américaine en a retiré l’ingrédient actif pour des raisons obscures.) Elle me répond que je ne suis pas allergique du tout. Elle affirme que j’éternue car je me dis que je suis allergique, et c’est ce qui fait réagir mon corps.

Pendant quelques secondes, je ne peux pas croire qu’elle vient de me dire une imbécilité pareille. On croirait lire Le Secret.

Je lui explique donc que j’ai commencé à avoir ces crises d’éternuements au début de la trentaine. Pendant un an, Karine et moi en avions cherché la source. On a changé le savon de la douche, le savon à lessive, la marque et la composition de la litière du chat, les fleurs, etc. Rien n’y fit. Éventuellement, on a constaté que ça n’arrivait qu’après que je fasse le ménage. On pensait qu’il s’agissait des produits nettoyants. Alors là encore, on les a tous essayés, sans résultat. Ce n’est que le jour du déménagement, en déplaçant des meubles qui n’avaient pas bougé depuis six ans, que j’ai recommencé à éternuer. Puisque je n’avais utilisé aucun produit nettoyant ce jour-là, alors la source de mon allergie était claire : La poussière.

ELLE: « Tu cherches tellement à te justifier. Qui est-ce que t’essayes de convaincre, ici? Moi, ou bien toi-même? »

Pardon ?

Je prends la peine de lui expliquer les faits. Et elle juge que mes paroles sont de la bullshit d’un hypocrite !? De la part de la femme qui prétend m’aimer, cette manifestation de mauvaise foi m’insulte profondément. Pour ses croyances, j’ai fait des compromis car je suis compréhensif et conciliant. Mais là, je vois pourquoi ces trois mots commencent par la syllabe CON. Parce qu’au bout du compte, c’est ce que l’on est aux yeux de la personne pour qui on fait ces efforts. Eh bien celle-là, elle ne passe pas. Je le lui fais savoir dans des termes clairs.

MOI: « Les allergies respiratoires sont reconnues par la science et la médecine comme étant des faits réels depuis au moins un siècle. Et toi, tu penses que mes éternuements sont un signe comme quoi j’ai un problème mental ? »
ELLE: « Ben là, « problème mental »... J’irais pas jus… »
MOI: « Et même si t’avais raison, comme quoi les réactions allergiques sont contrôlées par la volonté… Veux-tu bien me dire pourquoi est-ce que j’irais délibérément me causer un problème physique désagréable ? Me penses-tu vraiment imbécile à ce point-là ? »

Devant mon évidente frustration, elle n’insiste pas.

ELLE: « Bon ! Ok ! C’correct ! J’ai rien dit ! »
MOI: « Alors direction la pharmacie, s’il te plaît. »

Bizarrement, l’année suivante, lorsqu’elle a fait entrer un chat dans la maison et que son fils s’y est montré allergique, tiens donc, LÀ, elle y croyait, aux allergies respiratoires. Elle ne l’a pas accusé de se créer lui-même ses allergies, LUI !

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À SUBIR

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (1 de 5)

Chacun de nous avons au moins un problème insolvable qui revient périodiquement casser les couilles de notre existence. Dans mon cas personnel, c’est le fait que je semble attirer majoritairement des… Hum… Comment dirais-je?

Avec des amies comme ça…

Depuis le temps, j’ai fini par trouver la solution à ce problème : Choisir plutôt que me laisser choisir. Karine et Flavie, de qui j’ai parlé à de multiples reprises dans ce blog, sont de bons exemples de cette pratique. Dans les deux cas, c’est moi qui leur ai montré de l’intérêt en premier. Dans les deux cas, ce qui nous a séparé, c’était nos évolutions personnelles qui prennaient des chemins différents. Et dans les deux cas, nous sommes restés bons amis.

Mais là, je vais vous parler de la dernière à m’avoir approché d’elle-même, en l’ayant fait non pas sur le net mais en personne. Je vous en ai déjà parlé un peu ici et là dans quelques billets ces trois dernières années, mais seulement de manière anecdotique et en tordant un peu la vérité pour éviter que l’on pose trop de questions. Cette fois, on y va à fond.

Tout d’abord, mise en contexte.  Il y a cinq ans, j’ai suivi une formation afin de devenir préposé aux bénéficiaires.  À ma grande surprise, bien qu’étant âgé de 51 ans, j’étais le second plus jeune homme de ma classe.  Et aussi le plus beau, mes 40 jours d’itinérance ayant fait de moi un athlète.  À ma connaissance, au moins cinq femmes de cette classe se sont intéressées sérieusement à moi. Mais la majorité avaient une personnalité et/ou un physique que je ne trouvais pas attrayant.  Et puis, j’ai toujours évité comme la peste les relations au travail.  Car si ça tourne au vinaigre, il n’y a rien de pire que de d’être obligé de côtoyer son ex cinq jours par semaine.

Cependant, j’ai dû faire exception pour Mégane.  Non seulement était-elle la plus directe et la plus insistante, son langage corporel et ses réactions physiques face à moi démontraient une attirance profonde et un instinct de désir quasi-animal qui allait bien au-delà du simple caprice. En plus d’avoir cinq ans de moins que moi, et de tout de même bien paraître pour ses 46 ans, ce qui ne gâchait rien. 

Simple représentation par I.A, pour donner une idée.

Mégane était un cas classique que l’on retrouve assez souvent. En couple avec le même homme depuis vingt ans, mère depuis dix ans. Elle le décrivait comme un gars sans passion, sans drive, sans grands buts dans la vie. Ça faisait une éternité et demie que la passion et la complicité entre eux était disparue. Même que côté sexe, le gars était le poster-boy du classique et routinier entre-vient-retire-s’endort qui néglige sa partenaire.

Le gars gagnait bien sa vie, avec un revenu équivalent à quatre fois le salaire minimum. Et son père était un riche homme d’affaire qui lui lèguera un jour quelques millions. Pour reprendre ses mots à elle, il est né avec une cuiller en argent dans la bouche et une fourchette en or dans l’cul. Et à cause de ça, depuis son plus jeune âge, il avait entendu son père lui répéter que la fortune familiale faisait de lui une proie de choix pour toutes les profiteuses qui n’en voudraient qu’à son argent. Voilà pourquoi ça a pris dix ans de vie commune avec Mégane avant qu’elle réussisse à le convaincre de fonder une famille.

Et lors de leur vingtième anniversaire de couple, elle lui a sorti le grand jeu. Hôtel de luxe en montagne. Spa. Repas 47 étoiles. Champagne. Chambre nuptiale. Les pétales de roses et les chandelles. La panoplie complète. Et au moment de passer au lit, elle lui sort les alliances et la Grande Demande sur un genou.

… Demande à laquelle il a réagi en lui faisant une crise de panique. Et bien que la soirée se termina au lit, elle le fut avec lui qui sanglottait en demandant à Mégane de comprendre qu’il ne se sent pas prêt pour un tel changement dans leur vie. D’ailleurs, n’a-t-elle pas déjà la vie d’une femme mariée et mère de famille ? Ne manque-t-elle déjà de rien ? Qu’est-ce qu’elle veut de plus ?

C’est là que Mégane a compris que jamais leur relation ne sera officielle, ni entre eux, ni pour la famille, et surtout pas devant la Loi. Ce revers, elle l’a pris comme la pire des claques sur la gueule. Malgré vingt ans à être la femme parfaite et dix à être une mère exemplaire, il n’avait jamais cessé de se méfier d’elle. Les sentiments qu’elle nourissait envers lui avaient beau être sincères, il vient un temps où le manque de réponse positive de son partenaire finit par les éroder. Si vingt ans ensemble n’ont pas suffi pour qu’il lui accorde sa confiance, on ne peut la blâmer si cette distance qu’il persiste à garder entre eux a fini par en venir à bout.

Et voilà comment Mégane s’est retrouvée dans la situation classique de ces femmes que l’on entend souvent dire « Je ne ressens plus rien pour lui, mais je suis obligé de rester pour les enfants et parce que je n’ai pas l’argent pour partir. »

Lorsque la réalité devient trop difficile à vivre, beaucoup de gens ont le réflêxe de la fuir. Voilà comment Mégane a commencé à se tourner vers le mysticisme. Le tarot. Les cartes. Les runes. Les divinités paiennes. Les cristaux. La pensée magique. Tout comme la religion et l’horoscope le font pour certaines personnes, ces pratiques lui apportaient l’espoir que les choses allaient éventuellement s’améliorer pour elle. Ça l’a même guidé vers le chemin de son émancipation en lui montrant la voie à suivre : Débuter une nouvelle carrière. Et puisque nous étions au printemps de 2020, lors du début de la pandémie, et que le Gouvernement a annoncé leur programme gratuit et accéléré pour former 10 000 préposés aux bénéficiaires, elle y a vu un signe du destin.

Lorsqu’elle m’a vu en classe, tout de suite elle y a vu un autre signe. Signe qu’elle a vérifié avec le tarot. Et ce dernier lui a non seulement confirmé que oui, j’étais l’homme que le destin avait mis sur son chemin. Mais il lui annonça aussi un événement prochain qui saura lui démontrer hors de tout doute que dans le cas de son conjoint, c’était définitivement devenu l’inverse. Cet événement arriva vingt-quatre heures plus tard.

Les cartes de Monopoly, ça vaut bien celles du Tarot. Just sayin’.

S’étant abimé la cheville droite, elle ne pouvait plus conduire. Et bien que son conjoint était lui-même en congé forcé à cause de la pandémie, il rechignait à aller la porter à l’école, et encore plus à devoir s’arracher de ses jeux en ligne pour retourner la chercher. Et il lui jetait de nombreux blâmes, comme si cette situation était de sa faute à elle.

Il faut dire que jusque-là, elle avait passé la majorité de leur relation à être femme au foyer. C’était surtout lui qui voulait ça. Je suppose qu’il tenait à la rendre dépendante de lui et s’assurer qu’elle ne la quitte pas. Ce qui expliquerait pourquoi il voyait sa formation d’un mauvais oeil, et ne voulait pas l’aider. Ce qui obligea Mégane à faire un choix : Ou bien elle se paie elle-même le transport, ou bien elle devra renoncer à ses études.

S’il restait à Mégane le moindre doute comme quoi elle n’avait plus rien à faire avec lui, ce comportement les lui a définitivement enlevés.

Quant à moi, je n’avais pas remarqué Mégane plus qu’il le faut. Je croyais qu’elle était mariée car je la savais mère et en couple. Et il y avait deux autres étudiants qui ne la quittaient pas d’une semelle pour l’aider à se déplacer. Enfin, le hasard voulut que pour les travaux d’équipe, nous n’avions jamais été mis ensemble. Ce n’est qu’après la fin de nos deux premier mois de formation, à la veille de notre troisième et dernier qui serait un stage en milieu hospitalier, que son problème de pied se régla. Et qu’elle vint me faire connaître son intérêt pour moi.

Vingt-trois ans plus tôt, lors de mon retour aux études au cégep, j’avais vécu une situation similaire. Ma camarade de classe Océane était une belle jeune femme qui s’intéressait à moi, mais qui était en couple. À l’époque, j’étais un Nice Guy qui tenait mordicus à avoir un comportement parfait et irréprochable. À cause de ça, je me suis montré plus vertueux qu’elle, en la mettant à la porte, en lui précisant bien que si elle n’avait été ni saoule ni en couple, les choses se seraient passées autrement. Par ce geste je croyais avoir sauvé notre amitié d’une possible catastrophe. Je l’ai plutôt gâchée pour de bon. En plus d’avoir détruit ce qui avait le potentiel de devenir l’une des plus belle relation de couple de ma vie jusque-là, avec l’une des plus compatibles filles que la vie avait mis sur mon chemin. Ayant appris ma leçon à la dure, je ne comptais pas refaire cette erreur. D’où mon changement d’attitude face à cette situation. Car comme on dit par chez nous, faut quand même pas être plus catholique que le Pape.

Savoir être un (saint) esprit ouvert.

Dès le départ, Mégane a été très claire avec moi. Je ne suis que son amant, rien de plus. Même si elle ne ressent plus que du mépris pour son conjoint, pour le bien de son fils de dix ans, pas question pour elle de briser ménage. Si nous sommes vraiment les âmes soeurs destinées à passer le reste de notre vie ensemble, telles que les runes et le tarot nous décrivent, on saura bien attendre la majorité de son fils pour qu’elle puisse se séparer d’avec son père. Ça me va !

Bon, en vérité, ça ne me convenait pas vraiment. Quel homme accepterait l’idée d’être cocu volontaire en partageant sa copine avec un autre homme, même si ce dernier est son conjoint des vingt dernières années ? Il est vrai que techniquement, c’était lui qu’elle allait cocufier avec moi. N’empêche que comme situation, ce n’était pas l’idéal. Cependant, l’une des leçon que j’ai apprise avec le temps, c’est qu’il y a des choses qu’il ne faut pas nécéssairement planifier d’avance en se basant sur la situation actuelle. Tout évolue, tout change. Et surtout, la réalité n’a que faire de la rectitude morale. Mon ami André a lui-même été l’amant d’une femme mariée il y a vingt-cinq ans. Elle a divorcé. Ils se sont mariés. Aujourd’hui, ils sont toujours ensemble, heureux en couple et fiers parents de deux grands adolescents. Beaucoup de choses qui débutent dans le vice évoluent vers la vertu. C’est comme ça !

Dès nos premiers instants intimes, ce fut volcaniquement explosif. Rarement ai-je eu une si grande compatibilité sexuelle avec une partenaire, et ce dès la toute première fois.  Malgré ma libido qui avait diminué à cause que ma production de testo avait commencé à baisser, elle a su me la remonter comme dans ma jeunesse. Chacun de nous était convaincu avoir trouvé son match parfait. Elle commençait déjà des plans d’avenir pour nous deux, et parlait même de mariage.

Une chose causait de la friction entre nous : nos situations financières opposées. J’avais passé quarante jours de cet été-là en tant qu’itinérant. Et dès que j’ai appris à quel endroit nous allions faire le stage de notre troisième mois de formation, je suis allé prendre la meilleure option de logis qui s’offrait à moi, c’est à dire habiter une chambre dans une maison privée assez près de mon travail pour me permettre de faire le trajet à pied, même dans les grands froids d’hiver. C’était plus cher que le loyer de ce 3½ que j’occupe aujourd’hui cinq ans plus tard, au moment où j’écris ces lignes. Mais puisqu’il n’y avait rien de plus près, et que je n’avais pas de véhicule, je n’avais pas le choix.

Mégane ne voyait pas la chose du même oeil. Elle avait passé la majorité de sa vie adulte à être une femme au foyer, donc à se faire vivre par son conjoint dans une environnement confortable où elle n’a jamais manqué de rien. Elle ne connaissait donc rien aux réalités économiques. Elle me disait que, maintenant que nous allions gagner le double du salaire minimum, je n’avais qu’à me payer un condo et une auto.

MOI: « Je vais d’abord payer mes dettes. Je n’y arriverai pas si mon argent part à mesure dans mes paiements de condos et d’auto. »
ELLE: « Mais qu’est-ce que tu t’imagines? Tout le monde a des dettes, mon pauvre Stéphane. Quand on est adulte, c’est normal d’être endetté. »
MOI: « Oui, mais les dettes dont tu parles sont contractées pour l’achat d’une maison, d’une auto. En échange de ces dettes, les gens ont des possessions. Moi, je n’ai rien ! Mes dettes, je me les suis fait en perdant mon travail avec la pandémie, à déménager de Sherbrooke à Saint-Hilaire, en devant vivre sans revenus. Et ensuite, pour survivre à mon itinérance. »
ELLE: « Tu n’as qu’à emprunter à la banque. T’as jamais entendu parler des prêts auto et des hypothèques? »
MOI: « Je répète : Je n’ai rien ! Les banques ne prêtent pas d’argent à ceux qui n’ont rien. Et encore moins ceux qui ont plusieurs milliers de dollars de dettes. Ils ont besoin d’une garantie comme quoi je serai en mesure de rembourser. »
ELLE: « T’as une job pis un bon salaire. C’est une garantie, ça. »
MOI: « Une garantie? On commence à peine notre stage d’un mois. On n’est même pas encore salariés, on vit sur nos bourses. Et on a eu juste une formation accélérée de deux mois. Je ne sais même pas encore si j’ai ce qu’il faut pour être embauché à la fin du stage. Mes dettes actuelles peuvent attendre. Mais un prêt auto et une hypothèque, ce sont des dépenses que l’on s’engage par contrat légal à payer à tous les mois. Après le stage, si je ne fais pas l’affaire, on me mettra à la porte et je ne pourrai plus payer. La seule façon de casser ces contrats sera de déclarer faillite. Entretemps, j’aurai multiplié ma dette par dix. Dette que je devrai tout de même rembourser. »

Et c’est là que, pour la première fois, elle me démontre avoir tendance à rejeter la réalité.

ELLE: « Bon ! Ok ! Si tu veux passer ta vie dans une chambre trop chère où t’as pas le droit de recevoir de la visite, c’est ton choix. »
MOI: « HEY! Ça ne me prendra pas toute ma vie pour rembourser mes dettes. Mais si je fais ce que tu dis, même si je garde mon emploi, alors là, oui, assurément, je ne me sortirai jamais de la misère. Laisse-moi le temps de solidifier ma position dans mon travail en prenant de l’expérience. Puis de clairer mes dettes. Après ça, je pourrai épargner. Et un jour, dès que j’aurai en banque la moitié de la valeur d’une maison, la banque m’en prêtera l’autre moitié sans soucis. Parce qu’entretemps, en remboursant mes dettes et en ayant accumulé de l’argent, je leur aurai prouvé que je ne suis pas un risque pour eux. Fais-moi confiance, je sais ce que je fais. Rien ne presse. On a huit ans devant nous. »

Céder à la gratification instantanée, il n’y a pas de meilleure formule pour s’assurer de rester dans la misère toute sa vie. Je le sais ! Je l’ai vécu en étant dépendant de parents qui vivaient au-dessus de leurs moyens. Je l’ai vécu de nouveau avec des conjointes dépensières compulsives. Et surtout, je l’ai vécu quand la mère de mes enfants et ma belle-mère ont tout perdu au Casino, tout en refusant d’ajuster leurs manières de vivre. C’est une erreur que je ne ferai jamais. Je veux bien céder à certains caprices des autres, si ces décisions n’ont pas le potentiel de me causer des ennuis. Mais lorsque je sais que j’ai raison et que d’écouter les autres va me causer des problèmes, personne ne peut me faire céder. Si Mégane n’est pas en mesure de comprendre ça, alors qu’elle reste avec son conjoint riche.

Apparemment, l’idée de me perdre lui était plus insupportable que celle de sortir avec un gars temporairement pauvre. Devant ma détermination, elle a cessé de me mettre de la pression à ce sujet.

Pour l’année et demie qui allait suivre, nous allions vivre notre relation en cachette. Malheureusement, à cause de nos horaires et de sa vie de conjointe et mère, nous n’avions que peu d’opportunités de se voir. On l’avait mis sur l’horaire de nuit, et moi de jour. Aussi, deux ou trois jours par semaine, pendant sa pause d’une heure, je me levais au milieu de la nuit pour aller la rejoindre dans le parking du CHSLD. Et là, dans son auto, on laissait libre cours à notre passion. Je retournais ensuite dormir avant de me relever pour aller travailler.

Tel que déjà abordé dans un billet de 2021 intitulé Préposé aux Maléficiaires, au bout de trois mois, des seize étudiants de ma classe qui furent embauchés, j’ai été le huitième à être congédié de manière abusive. Je me suis félicité d’être resté sur mes positions au sujet de l’auto et du condo.

Mon congédiement ne changeait rien au fait que le milieu de la santé manque cruellement de travailleurs. Aussi, me suis-je rapidement trouvé une place dans une maison de retraite au privé, dans la ville de Saint-Jean-Baptiste. Et c’est Mégane qui m’y a trouvé le petit logis pas cher que je loue toujours aujourd’hui. Mais cinq mois plus tard, à la fin de mai 2021, pour des raisons obscures, ma patronne perdait sa licence et a été obligée de fermer. J’étais de nouveau sans emploi. Mais cette fois avec un bail qui ne prendrait fin que dans quatorze mois. Et ceci m’empêchait de déménager vers là où il y a de l’emploi dans mon domaine.

C’est là qu’il m’est venue une idée. Et si je prennais des vacances d’étudiant ? Deux ou trois mois de vacances d’été. Non seulement n’avais-je plus de dette, j’avais réussi à me mettre un peu d’argent de côté. Avec ça et mon bon crédit, je pourrais me le permettre. Et puis… Pendant les neuf dernières années, je n’ai pas arrêté. J’ai commencé par être gars de ménage dans un garage de bus. J’ai enchainé en tant que concierge dans un édifice d’une vingtaine d’étages. Puis comme chef-concierge dans une tour à condos de luxe de 33 étages. Puis surintendant dans une usine de portes et fenêtres. Technicien aux données pour la BAnQ. Technicien en sécurité et accès aux données pour BMO. Enfin, étudiant puis préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD, puis pour une résidence. J’ai eu à déménager dans plusieurs quartiers de Montréal, puis à Sherbrooke, Mont-Saint-Hilaire, Beloeil, Saint-Jean-Baptiste… Sans compter tous les problèmes que mes parents m’ont causés en venant se mêler de ma vie privée et professionnelle, qui furent en partie responsables de certaines de mes obligations de déménager, de changer d’emploi, de conjointes, et même de mon itinérance de l’été 2020. À mes yeux, je méritais bien un repos.

Et surtout, être libre de tout horaire de travail m’a permis de voir Mégane bien plus souvent. Elle avait ajusté son horaire comme suit :

  • La nuit, elle travaille.
  • Au matin, elle dort pendant quatre heures.
  • Elle vient me voir de jour, tandis que son conjoint est au travail et son fils à l’école. Ou au camp de jour pendant l’été.
  • Elle repart chez elle pour leur retour.
  • Elle dort quatre autres heures en soirée.
  • Puis elle repart travailler.

Ma situation de vacancier allait vraiment améliorer notre relation. On se voyait de deux à cinq fois par semaine. Elle venait chez moi. On faisait l’amour jusqu’à épuisement. Puis, on partait explorer les villes avoisinantes, faire du shopping, aller en ballade à pied, s’arrêter à des restos, partir en road trip. Pas trop loin puisque son temps était compté, mais assez pour ne pas craindre d’être vus par des gens qui la connaissent. Le bonheur presque parfait. Et pendant les weekends qu’elle était bien obligée de consacrer à sa famille, je travaillais sur mes projets de BD et d’écriture. Entre autres, un projet d’album de Lucky Luke, sur un scénario que j’avais en tête depuis plusieurs années.

Faut reconnaître que c’est bien imité, quand même.

Au bout de trois mois, j’étais de nouveau légèrement endetté. Il était donc temps de redevenir travailleur salarié. Je n’avais pas de regrets. Je m’étais offert de longues vacances reposantes pour le corps et l’esprit, sans le moindre soucis, dans un très bel été, et j’avais passé celui-ci en compagnie de la femme que j’aime et qui m’adore. Je ne demandais rien d’autre de la vie.

Dans un village agricole comme Saint-Jean-Baptiste, les opportunités de travail sont peu nombreuses, surtout à la fin de la saison des récoltes. Ma meilleure option était de joindre l’abattoir de dindes pas loin de chez moi, à travailler sur une chaîne de production.  Et ceci me pose deux problèmes. 

Premier problème : Un calcul rapide me démontre qu’une fois les déductions salariales retirées, travailler à l’abattoir me rapportera bien en dessous du salaire d’un préposé aux bénéficiaire. Ce n’est pas avec ce revenu que je pourrai me payer un véhicule qui me permettra d’aller chercher un meilleur travail ailleurs.  Je me vois donc condamné à passer le reste de ma vie pauvre.  Pauvre et seul.  Car, second problème, l’abattoir n’a qu’un seul quart de travail, et c’est de jour, du lundi au vendredi. C’est-à-dire les seuls moments où Mégane et moi pouvons nous voir.

À tout hasard, puisque j’ai un projet de livre en chantier, je fais une demande de bourse auprès du Conseil des Arts et Lettres du Québec. Mais celle-ci est rejetée.

Sans autre choix, je postule à l’abattoir. Je suis aussitôt embauché. Malheureusement, les bottes qu’ils fournissent pour le travail me sont inconfortables, même avec mes orthèses. La douleur me force à arrêter au bout de quatre heures. Je recevrai tout de même une paie d’un jour complet de travail, étrangement.

Sans trop y croire, mais ne voyant pas d’autres options, je dépose une demande au chômage. À ma grande surprise, non seulement celle-ci fut acceptée, j’ai droit à cinquante semaines, à $2 200 par mois. Avec un loyer de $500 pour un 3½ un peu délabré mais propre, et mon train de vie modeste, ça m’est plus que suffisant pour vivre. Et ça va me permettre de consacrer tout mon temps libre à terminer mon projet de livre Le Sucre Rouge de Duplessis sur lequel je travaille depuis déjà deux ans. Et qui sait, peut-être que dans cette année-là, d’autres opportunités se présenteront, ou bien je verrai d’autres options que je n’ai pas maintenant. L’avenir s’annonce donc plutôt bien.

Bien que je devais notre relation aux croyances mystiques de Mégane, celles-ci n’avaient pas vraiment eu l’occasion de s’infiltter dans notre couple. Ça allait changer. Et pas de manière positive.

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À CONCLURE.

L’intimidation légitimisée, 1 de 4.

Toute notre vie, on nous a bourré le crâne avec le concept de la personne bienveillante qui fait dans le « Je suis dur avec toi mais c’est pour ton bien. »
Il est vrai que sur papier, le concept de la personne sévère mais juste, ça semble légitime.

Malheureusement, la majorité des gens qui clâment haut et fort en faire partie ne sont, au final, que des intimidateurs. Ils se dissimulent derrière une façade altruiste dans une tentative de justifier leur besoin de rabaisser les autres.

La preuve qu’il ne s’agit que d’une facade. À chaque fois que je démontre à quelqu’un que je suis ouvert à ses critiques constructives, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, c’est toujours pareil. Sur une période allant de quelques semaines à quelques années, j’écoute ce que l’autre a à dire à mon sujet, démontrant ainsi un esprit ouvert et désireux d’apprendre. Mais il arrive toujours un moment où il me lance une critique impertinente et abusive. À ce moment-là, je lui explique où se situe son erreur de jugement, en lui précisant les faits.

À tout coup, ça ne rate pas. La personne en prend ombrage. Elle préfère désormais en rester là et limiter les contacts. Et ça, c’est quand la personne ne fait pas un volte-face pour devenir brusquement un(e) ennemi(e) acharné(e).

Ce qui démontre à chaque fois, et à ma grande déception, qu’aucun apôtre de la critique constructive ne semble être capable de pratiquer ce qu’il prêche.

Avec les années, j’ai constaté que nous pouvons séparer ces gens en quatre catégories distinctes. La première est le sujet du billet d’aujourd’hui.

CATÉGORIE 1) La personne qui cherche à s’approprier le crédit des réussites des autres.
Mise en contexte : Ça remonte à l’époque où Quebecor tentait de s’approprier une part du marché de l’internet avec son Portail Canoë. En décembre 2006, ils estimaient rejoindre 84,1 % des internautes Québécois.

En janvier 2007, ils ont lancé Espace Canoë, une plateforme permettant aux Québécois de partager des vidéos, des photos, des opinions, avec leurs familles, leurs amis, leurs collègues de travail et les gens qui ont les mêmes passions.

Traduction: ils offraient des équivalents québécois de MSN, Google, Messenger, MySpace et YouTube. (Twitter et Facebook existaient, mais étaient encore largement inconnus du grand public francophone.)

En janvier 2008, Portail Canoë lança le concours Défi Diète. Ils recherchaient dix candidats désireux de perdre du poids et de le stabiliser. Il fallait s’ouvrir un blog sur Espace Canoë pour y soumettre nos candidatures. Les lauréats iraient se réunir une fois par mois dans le même gym. Les caméras allaient les filmer tandis qu’ils feraient des exercices coachés par Josée Lavigueur, qu’ils recevraient des conseils en nutrition par Isabelle Huot, et qu’ils seraient motivés par les speechs de Guy JsaisPlusQui. Puis, entre les réunions, les lauréats auront droit à un entraineur privé au Énergie Cardio le plus près de chez eux, où ils s’engageront à aller trois fois par semaine. Enfin, ils devront utiliser leur espace blog pour y chroniquer leurs progrès avec textes et photos.

Ayant de la difficulté à maintenir un poids stable depuis que j’ai atteint mes trente ans, j’ai tenté le coup. J’ai ouvert un blog…

… et j’ai été le premier choisi sur les dix, grâce à mon vidéo de candidature qu’ils ont trouvé désopilant.

Le défi qui dure pendant trois mois était en partenariat avec la chaine de gym Énergie Cardio, et publicisé à la télé dans l’émission matinale Salut Bonjour sur TVA, ainsi que dans le magazine Dernière Heure et le Journal de Montréal. Là encore, grâce à mon humour, je fus celui que l’on a mis en avant.

Et bien sûr, c’était aussi chroniqué sur Portail Canoë, avec des articles comme celui-ci.

C’est dans cette période que je tire l’exemple de la personne négative qui cherche à s’approprier le crédit des réussites des autres. Il s’agit de l’un des candidats, qui s’était donné le nom de SebXtremVision. Et qui aurait plutôt dû s’appeler SebVisionXtrèmementÉtroite. Depuis le temps, j’ai perdu la majorité des captures d’écran qui le concernent, sauf les trois que vous verrez plus bas.

Au meilleur de mes souvenirs, dans son blog de candidature, il disait qu’il était pompier à Montréal et que dans sa jeunesse il arrivait à garder la forme. Mais voilà, ajouta-t-il comme exemple, avec les sacs de chips qui affichent sur la section des valeurs nutritives « 120 calories pour trois croustilles », il posait la question bien légitime : « Mais QUI va se limiter à trois chips par jour ? »

Il parlait également de son fils de huit ans qui se nourrissait mal, et dont l’exemple l’influençait lui-même à malbouffer. Car quand on réchauffe une Pizza Pochette™ pour son fils, comment résister à la tentation de s’en ajouter une autre pour soi-même ?

Puis, son texte prennait un virage égocentrique et prétentieux. Il affirmait être un bon candidat car il se donnerait comme mission d’encourager les autres, de les aider, de faire en sorte qu’ils n’y renoncent pas en cours de route. Jamais il ne laissera quelqu’un abandonner, et toujours il saura les conseiller pour les aider à atteindre leur but de santé, force et bonne forme.

Dose de réalité : Le gars n’est même pas capable d’atteindre la bonne forme par lui-même… Hey, il laisse son fils de huit ans l’influencer à se nourrir mal. Et il prétend avoir ce qu’il faut pour aider les autres à réussir ? Wow !

Malgré ses lacunes évidentes, il ne se voit pas au même niveau que les autres candidats. Il se voit au-dessus d’eux. À ses propres yeux, sa place est parmi les entraineurs et des nutritionnistes. Il n’est pas là pour apprendre. Il est là pour nous apprendre. Et ce, je le répète, pour quelque chose dans lequel il échoue lui-même.

Puisque j’ai été le premier à être choisi (mais pas encore annoncé publiquement), je suivais l’affaire de près pour le choix des candidats suivants. La veille du jour où ils devaient annoncer les lauréats, j’ai été surpris de voir son nom sur la liste. Et ceci m’a fortement déplu. Il se trouve que quelques jours plus tôt, il avait posté un billet de blog qui disait à peu près ceci:

Espace sebXtremvision
Mes prédictions pour Défi Diète 2008.
Parmi les neuf autres candidats choisis (le premier étant moi hi hi), voici mon prognostic:
– Deux candidats vont abandonner en cours de route.
– Trois réussiront à perdre beaucoup de poids, mais vont tout le reprendre à la fin des trois mois.
– Trois vont perdre très peu de poids, car ils n’en feront qu’à leur tête
– Un, peut-être deux, vont en perdre un bon montant et arriveront à rester stable.
– Il y en aura peut-être même un qui va continuer de s’améliorer seul, après la fin des trois mois. Je n’y crois pas. Mais on ne sait jamais, un miracle pourrait arriver.

Les lauréats n’étaient pas encore annoncés –ils n’étaient même pas encore tous choisis pour commencer– qu’il se permettait déjà de porter des jugements négatifs contre eux.

J’ai aussitôt écrit aux organisateurs afin d’attirer leur attention sur ce billet. Je leur ai exprimé qu’à mon humble avis, une personne qui fait preuve d’une personnalité aussi condescendante et qui se permet de porter de tels préjugés négatifs sur les lauréats potentiels de Défi Diète, et ce sans même les connaître, n’a certainement pas sa place parmi eux. On m’a entendu. Quinze minutes plus tard, son nom disparaissait de la liste des finalistes et était remplacé par celui d’une femme.

Je suppose que SebXtremementChiant n’a jamais su qu’il avait été sélectionné puis rejeté. Il en aurait certainement parlé sur son blog.

Jeudi le 24 janvier. Les dix lauréats de Défi Diète 2008 sont annoncés. En constatant qu’il n’en faisait pas partie, SebXtremLoser nous annonce qu’il va poursuivre dans sa voie du jugement négatif. Cette fois, je lui répond dans les commentaires.

Il me répond par message privé. D’abord, il tente d’anoblir sa négativité, en disant (si on arrive à déchiffrer son français de maternelle) que grâce à son jugement négatif, les candidats vont se motiver à aller jusqu’au bout afin de lui prouver qu’il se trompe. Voilà qui donne une petite idée du niveau de l’importance qu’il se donne.

Et ensuite, pour m’amadouer, malgré le fait qu’il n’en sait pas plus sur moi que sur les autres candidats, il me porte un jugement positif, dans lequel il exprime n’avoir aucun doute sur ma réussite.

Entretemps, sur son blog, j’ai attiré l’attention des lauréats, ainsi que de plusieurs autres candidats non-choisis mais sympathiques. Il s’est pris plusieurs commentaires pas cool sur la gueule. Tellement qu’il a réécrit le billet et son titre, pour nous répondre à tous en même temps.

Je me souviens très bien que sa dernière réponse dans la section des commentaires disait un truc du genre de « Mais oui, justement ! Prouvez-moi que je suis un con en me faisant mentir, en mettant l’effort requis pour réussir le défi.» À ça, ma réponse était « Je n’ai jamais vu quelqu’un qui ressent à ce point-là le besoin de s’approprier le crédit pour la réussite des autres. C’est vraiment malsain.»

Avec sa déclarations comme quoi il allait tout faire pour nous assurer notre réussite, il se plaçait au-dessus de nous. Et avec ses préjugés comme quoi nous allions majoritairement échouer, il nous rabaissait plus bas que lui. Il avait beau tenter de se légitimiser en prétendant que ce n’était que dans l’esprit du « Je suis dur avec toi mais c’est pour ton bien » , il n’était en réalité rien de plus qu’un intimidateur qui se défoulait sur des inconnus de la frustration que lui apportait sa propre lâcheté, son manque de volonté, et sa force de caractère d’une nouille trop cuite. Choses qu’il démontrait, entre autres, en responsabilisant son fils de huit ans pour justifier ses propres mauvais choix alimentaires.

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À SUIVRE