L’évolution, l’adaptation et la dépendance.

La fonction première du corps humain est d’assurer sa propre survie.  Pour se faire, il s’adapte de manière à pouvoir survivre à un environnement hostile. Ceci est vrai autant pour l’aspect physique que pour l’aspect psychologique.

L’ASPECT PHYSIQUE
Prenons, par exemple, une personne sédentaire qui décide de se mettre au sport.  Ça tombe bien, ça a déjà été mon cas.  Je parlerai donc par expérience.

L’exercice ; le cardio. 
À l’hiver de 2010-2011, je m’étais mis à la course à pied dans le but de pouvoir éventuellement courir un marathon.  Le premier mois, j’avais le souffle court, les poumons en feu, le cœur qui battait à tout rompre.  Ces réactions démontrent que je soumettais mon corps à un nouvel environnement qui lui était hostile.  Mon corps a donc évolué de manière à pouvoir y survivre. Au fil des semaines, mon cœur s’est renforcé, mes poumons sont devenus plus performants, les muscles de mes cuisses ont pris du volume et de la force.  Après quatre mois, je pouvais courir pendant une heure sans être essoufflé.

L’exercice : la perte de poids.
À devoir soutenir un tel effort sur une base quotidienne, mon corps a commencé à utiliser sa réserve de graisse pour la convertir en énergie dont elle avait besoin pour survivre à ce nouveau régime de vie.  La perte de poids qui en a résulté fut spectaculaire, mais seulement lors du premier mois.  Car plus le temps passait, plus mon corps devenait performant, et moins il avait besoin d’énergie. Voici le poids que j’ai perdu durant les quatre mois de mon entrainement :

1er mois : 13 lb. (5.90 kg)
2e mois : 7 lb. (3.18 kg)
3e mois : 2 lb. (0.90 kg)
4e mois : 0 lb. (0 kg) 

Un truc semblable m’est arrivé en 2022.  En mai et juin, le vélo m’a fait perdre beaucoup de poids.  Et lèa encore, mon corps a évolué au point de devenir si performant que je ne perdais plus rien.

L’exercice ; la musculation.
Le principe même de la musculation repose sur l’évolution du corps en milieu hostile.  Pour pouvoir survivre à une vie d’effort physique intense, les muscles grossissent et deviennent de plus en plus forts.  D’où l’importance d’augmenter sans cesse la charge de poids et de varier les exercices.  Sinon, le corps va s’habituer et il cessera son évolution.  C’est d’ailleurs un fait reconnu dans le milieu du culturisme que c’est dans la première année d’entrainement que les gains musculaires sont les plus grands, pour peu que cet entrainement soit fait correctement.  Ensuite, le corps s’habituant de plus en plus, sa progression ralentit.

Si le culturiste n’accepte pas ses limites naturelles, il prendra des suppléments de testostérone.  Ou pire encore, des stéroïdes anabolisants.  Ce qui nous amène au point suivant :

La testostérone.     
Lorsque l’on prend des suppléments de testostérone, ou pire encore des stéroïdes anabolisants, le corps constate qu’il est saturé de beaucoup plus de testo que supposé.  Dans une tentative de remettre les choses à la normale, le corps évolue : il en diminue sa production naturelle.  Malheureusement, lorsque les couilles sont vexées de voir qu’on leur a volé leur boulot, elles se mettent en grève illimitée.  À partir de ce point, plus jamais le corps n’en produira.  Ce qui obligera l’usager à continuer d’en prendre pour le reste de ses jours, avec les problèmes de santé que ça comporte. Ou à se voir dégonfler et démasculiniser.   

La peau.
Chez l’homme, lorsqu’il est adolescent, le rasage est un exercice pénible et douloureux. D’où le besoin de ramollir le poil avec de l’eau et de la mousse.  Rendu adulte, la peau de son visage est si renforcée qu’il s’y passe le rasoir électrique à sec sans sourciller. Chez la femme, même chose avec les aisselles.

Nous avons tous vécu la douloureuse expérience des plaies au pieds causées par des chaussures neuves.  Quelques jours plus tard, les plaies disparaissent.  Ensuite, la peau épaissit. En général, à partir de trente ans, la peau des pieds est rendue tellement solide que ce problème ne se manifeste plus.

La drogue.
Tel que décrit dans ce vieux billet, jeudi le 19 avril 2012, j’ai consommé de la cocaïne pour la première et la dernière fois de ma vie.  Ce jour-là, j’étais dans la pire journée d’un rhume.  J’en ai donc pris un gramme, par voie orale, dans un smoothie.  Puisque je n’étais nullement habitué à la chose, ça m’a fait effet pendant trois heures et demie.  En vingt minutes, tous les symptômes de mon rhume ont disparu.  J’avais de l’énergie comme jamais.  Mon cerveau fonctionnait si vite que j’avais l’impression que tout marchait au ralenti.  Et, chose étrange, mon appétit avait disparu.  Tellement, que j’ai dû faire un grand effort de volonté pour manger une salade de fruits.  Puisque l’on mange dans le but d’avoir de l’énergie, je suppose que mon corps ultra-énergisé par la coke considérait qu’il n’avait pas besoin d’être nourri.

Si cette expérience a été aussi formidable, pourquoi ne suis-je pas tombé dans le piège de la dépendance?  Parce que, comme tout le monde, je n’ai pas eu besoin de le vivre moi-même pour savoir ce qui se passe lorsque l’on prend l’habitude de consommer des drogues dures.  Au tout début, comme je l’ai vécu, c’est une expérience extraordinaire.  Il est donc tentant de vouloir la revivre.  Plus souvent on en prend, plus le corps s’y adapte, et plus il en annule les effets.  Jusqu’au jour où en consommer n’apporte plus aucun bénéfice.

Je n’en connais pas les raisons puisque je n’ai pas étudié la chose, mais tout comme pour la testostérone, la coke semble remplacer quelque chose produit par l’organisme.  Car rendu à ce point, le corps réclame de la cocaïne afin de pouvoir fonctionner normalement.  On commence par en prendre car ça nous fait sentir plus-que-tout, et on se retrouve obligé d’en prendre pour ne pas se sentir moins-que-rien.   Et on y laisse nos revenus et notre santé. 

Et c’est la raison pour laquelle je n’ai jamais renouvelé l’expérience au-delà de cette unique fois. Je suis peut-être un incorrigible optimiste.  Mais je ne suis pas assez fou pour croire que je suis spécial au point où ça se passerait différemment pour moi.

Certains poisons.
Je n’ai jamais su si c’était un fait historique ou une légende.  Mais j’ai déjà entendu une histoire qui racontait à peu près ceci : Un empereur de Chine était un tyran qui faisait la vie dure à ses citoyens.  Il était craint, respecté, et c’était également un grand parano qui faisait goûter tous ses plats une heure avant de les consommer lui-même, par crainte d’un assassinat par empoisonnement.  Sa plus grande faiblesse était son amour pour les jeunes filles.

C’est ainsi que des villageois, apprenant que l’empereur passera bientôt avec son armée sur leur village, ont préparé une jeune fille pour lui.  Le premier jour, ils ont mis une goutte de cyanure dans le repas de cette dernière.  Au repas suivant, ce fut deux gouttes.  Le repas suivant, trois.  Et ainsi de suite, jusqu’au jour où la jeune fille put avaler une grande quantité de ce poison sans risque pour sa santé.  Elle fut ensuite offerte à l’empereur.  Le soir-même, ils eurent des relations sexuelles.  Et l’empereur mourut empoisonné pendant l’acte, car tous les fluides corporels de cette jeune fille étaient hautement toxiques.

Que cette histoire soit véridique ou non, c’est un fait reconnu depuis plusieurs siècles que le corps humain peut s’adapter afin de résister à certains poisons, s’il y est soumis à faible dose.  Les vaccins fonctionnent sur un principe similaire.

Et maintenant, passons à l’évolution dans :

L’ASPECT PSYCHOLOGIQUE
La conscience a beau être immatérielle, il reste que celle-ci réside dans le cerveau.  Et puisque le cerveau est un organe du corps humain, celui-ci est forcément affecté par le principe de l’évolution pour s’adapter en milieu dérangeant.  On peut le constater aisément sur nos cinq sens,

L’ouïe.
Tandis que vous lisez ceci, prenez un moment pour être attentif aux bruits qui vous entourent.  La climatisation.  Le moteur du frigo.  Le tic-tac de l’horloge.  Le murmure des appareils électriques.  La première fois que vous vous êtes retrouvés dans cette pièce, vous entendiez clairement tout ça.  Mais votre cerveau a évolué de manière à bloquer les bruits constants et sans importance.  Ainsi, ils ne vous dérangent plus, et votre esprit reste clair.

La vue.
Fin novembre / début décembre.  Vous décorez l’intérieur de la maison pour Noël.  Les premiers jours, tous ces éléments détonnent de votre décor habituel, et vous vivez pleinement l’émerveillement de la magie du temps des fêtes.  Puis, au bout de la troisième semaine, la magie s’est estompée, et vous ne remarquez même plus la déco.  Puisqu’il n’est pas dans la nature de l’humain d’être constamment émerveillé, le cerveau s’est adapté de manière à ne plus se laisser distraire par la nouveauté de ces éléments.

Le goût.
Lorsque j’ai suivi mon premier régime alimentaire il y a 21 ans, j’ai constaté que le goût pouvait évoluer de manière à aimer des aliments qui, autrefois, me laissaient indifférent, ou bien que je n’aimais pas.  Par exemple, le thé.  À mon goût, il n’y avait pire boisson dans toute l’histoire de l’humanité.  Mais à force de consommer du thé vert pour ma santé, j’ai fini par y prendre goût, qu’il soit chaud, tiède ou froid du frigo.  Et ce, nature.

Il y a quelques années, j’ai vu à la télé un reportage au sujet d’un homme qui a survécu à un naufrage, dans un canot gonflable.  Pendant trois semaines, il ne se nourrissait que des poissons qu’il arrivait à capturer.  Ce manque de variété dans son menu lui créait des carences alimentaires.  Après quelques jours, il a constaté qu’il était particulièrement friand des yeux de ces poissons.  Il semblerait que ces yeux contenaient un élément nutritif important pour sa survie.  Son corps et son cerveau ont donc évolué de manière à lui donner un grand appétit pour ceux-ci.

L’odorat.
Vous mettez un parfum.  Au bout d’une quinzaine de minutes, vous ne le sentez plus.  Est-ce qu’il s’est estompé ?  Du tout !  Les gens qui vous croisent le sentent.  C’est juste que votre cerveau s’est adapté de manière à ne plus se laisser distraire par la présence de cette odeur nouvelle.

Ça marche également avec les mauvaises odeurs.  J’avais une ex qui fumait, et cela empestait la maison.  Lorsque je passais quelques heures chez elle, je ne le sentais plus.  Mais lorsque je partais, particulièrement en auto ou en bus, au bout de 30 minutes, je constatais peu à peu que mes vêtements puaient la cigarette.  Mais pendant que j’étais chez elle, mon cerveau s’est adapté de manière à ne plus se laisser distraire par cette odeur désagréable.

Le toucher.
Prenez un moment pour constater le contact de vos lunettes sur votre nez et vos oreilles.  Les vêtements sur votre peau.  Les bracelets sur votre poignet.  La langue dans votre bouche qui touche vos dents et votre palais.  Avant que je vous le dise, vous ne sentiez rien de tout ça.  Votre cerveau s’était adapté de manière à ne plus se laisser distraire par ces sensations.  Maintenant, à cause de moi, vous en êtes conscients.

Il n’y a pas que dans les expériences hostiles ou dérangeantes que le cerveau s’adapte de manière à ne plus ressentir.  Il le fait également avec les expériences positives. Par exemple, le rire.  Il y a quelques années, j’avais écrit un recueil de courtes histoires et anecdotes humoristiques.  Mon ami Loïc a commencé à lire le manuscrit.  Ses réactions allaient du sourire amusé, au petit rire, et parfois jusqu’aux éclats.  Au bout d’une heure, rendu aux trois quarts de sa lecture, il me rend mon manuscrit en me disant. « Tiens, je vais reprendre la lecture plus tard.  J’ai trop ri, ça ne me fait plus effet. »  Et c’est normal.  Le cerveau n’est pas fait pour être en état d’hilarité constante.  Alors il s’adapte de manière à revenir à la normale.

Pour la nourriture, même principe. Je crois que nous avons tous déjà vécu la situation suivante : Un jour, on découvre une boisson ou une nourriture quelconque. Et on ressent l’envie d’en reprendre. Et encore. Et encore. Alors sur une période pouvant aller de deux semaines à six mois, on en consomme une forte quantité sur une base régulière. Puis, un jour, l’envie n’y est plus, on arrête brusquement d’en consommer, et on le laisse périmer au frigo ou au garde-manger. Là encore, le corps a évolué de manière à estomper ce besoin qui était hors de son ordinaire.

Quand le charme de la nouveauté créé la dépendance psychologique.
Le charme de la nouveauté est une sensation très agréable. Et ceci donne parfois lieu à de la dépendance lorsque l’habitude la fait s’estomper.  Plus haut, je parlais de la cocaïne.  C’est bien connu que cette drogue créé une dépendance physique.  Mais la sensation qu’elle apporte, d’être au summum de nos capacités physique et intellectuelle, créé également une dépendance psychologique. Il en va de même pour certaines expériences plus anodines. Par exemple :

Sorties de bar.
1996, j’avais 28 ans et j’étais de retour aux études. Une camarade de classe a organisé une sortie dans un bar-spectacle du centre-ville de Montréal. Ne consommant d’alcool que très modérément, et ne supportant pas l’odeur de la cigarette, je n’avais jamais été un gars de bars. Mais c’est cette année-là qu’est entrée en vigueur au Québec l’interdiction de fumer à l’intérieur des commerces et autres endroits publics. J’ai donc accepté l’invitation. Et j’ai vécu une expérience extrêmement positive. La camaraderie, l’ambiance, le spectacle, la musique, les rires. Toutes ces découvertes, ces nouvelles expériences, firent qu’à mes yeux, cette soirée était magique.

La semaine suivante, nous y sommes retournés. C’était bien, mais pas autant que la première fois. Normal, je n’avais plus rien à y découvrir. Le charme de la nouveauté n’était plus là. Une semaine plus tard, la soirée n’avait plus rien d’extraordinaire. Je me souviens d’avoir eu le réflexe de vouloir sortir ailleurs, découvrir d’autres bars, et de le faire plus souvent. Et j’ai constaté que je ne me reconnaissais pas dans ce comportement. Je n’ai jamais été du genre à sortir le soir pour la danse et la drague. Et de l’alcool, je n’aime ni le goût ni les effets ni le prix. Alors pourquoi est-ce que je suis soudainement porté à vouloir me soumettre à des habitudes qui ne me conviennent pas? J’ai alors compris que je cherchais à recapturer le moment magique de ma première sortie.

Romance et sexualité.
Ça, c’est quelque chose que j’ai vu chez beaucoup de femmes. Je vais donner comme exemple l’une de mes ex. Lorsque j’ai rencontré Mégane, ça faisait vingt ans qu’elle était en couple avec le père de son enfant. Elle s’est tout de suite intéressé à moi. Quant à moi, constatant que j’avais beaucoup d’atomes crochus avec cette jolie femme plus jeune que moi, je lui ai démontré mon intérêt. C’était la première fois depuis une éternité qu’un homme la faisait se sentir désirée. L’excitation qu’elle ressentait pour moi était énorme. Et le sexe n’en était que meilleur. Cette excitation se trouvait décuplée par le fait que, après vingt ans à être une fidèle épouse et bonne mère rangée, elle jouait maintenant à la vilaine fille. Elle développa sa sexualité en découvrant avec moi des pratiques qui allaient bien au delà du missionnaire-vient-retire-dodo de son mari.

Au bout de quelques mois, le charme de la nouveauté a bien fini par s’estomper. Alors lorsqu’un ex de son adolescence l’a retracée sur Facebook et qu’il lui a fait le baratin du Tu es toujours aussi belle qu’avant et voilà trente ans que je ne pense qu’à toi car tu es la femme de ma vie, elle retrouva avec lui cette excitation de nos débuts. Elle me lâcha pour devenir son amante régulière, et alla avec lui beaucoup plus loin dans sa sexualité qu’elle ne l’avait fait avec moi.

Avec le temps, elle découvrit de plus en plus que le baratin de son beau parleur n’était que du vent. Il la décevait de plus en plus souvent. Elle s’est tout de même accroché à lui pendant un an, dans l’espoir de retrouver éventuellement la passion de leurs débuts. Jusqu’au jour où il lui causa une profonde blessure émotionnelle qui causa leur rupture. Et depuis, elle multiplie les conquêtes, toujours à la recherche de cette excitation de se sentir désirée, prenant de plus en plus de risques pour sa santé. Tout en étant de plus en plus malheureuse. Tout ça parce que son cerveau s’est habitué aux nouvelles conquêtes sexuelles, et il s’est adapté de manière à ne plus y ressentir le charme de la nouveauté.

Où est-ce que je veux en venir, avec ces multiples exemples d’évolution et d’adaptations du corps humain et du cerveau ?
Au fait que tout ceci est étroitement relié au sujet d’une série de billets que j’ai écrit il y a quelques semaines, intitulé L’intérêt d’une femme vient avec une date d’expiration.  La femme rencontre l’homme.  La femme découvre l’homme.  La femme se trouve sous le charme de la nouveauté au sujet de cet homme. Son corps a des réactions physiques d’intérêt pour cet homme : excitation, pupilles dilatées, augmentation du rythme cardiaque, hausse de température.  Puis, à mesure que le temps passe, si l’homme ne fait rien pour prolonger l’intérêt de la femme, la nouveauté s’estompe, le charme s’évapore et son intérêt pour l’homme disparait.  

Il ne faut pas y voir un caprice d’orgueil féminin.  Tout ce procédé n’est que la réaction normale du corps humain, dont fait partie le cerveau, qui évolue de manière à s’adapter à une nouvelle situation. L’intérêt est un virus qui dérègle la routine du corps et de l’esprit.  Alors le corps et l’esprit s’y habituent afin de s’en immuniser. 

Et c’est la raison pour laquelle il est impossible pour un homme de faire renaitre en une femme l’attrait qu’elle ressentait pour lui, dès que celui-ci s’est estompé. C’est parce que cet homme est un virus contre lequel elle est désormais immunisée.

Sans filtre et sans emploi

Vous savez, ces gens qui se vantent de ne pas avoir de filtres ? Ceux qui ne manquent jamais une occasion d’envoyer des paroles agressives et insultantes, et qui justifient leur impolitesse sous l’excuse de « ne dire rien d’autre que la vérité » afin d’exercer leur « droit à la liberté d’expression » ? C’est une personne de ce genre là dont il sera questions aujourd’hui.

Hier, 7 heure du mat’, nous avions une nouvelle à entrainer au travail. Eva, trentaine avancée, grande mince rouquine. Eva est sur mon équipe. Linda, ma partenaire de travail, me demande si je veux lui montrer le travail, ou si je préfère la lui laisser. Je décline, avouant que je suis un bien piètre professeur. Pas de problème, Linda se fera un plaisir de s’en charger.

Vers 10 heures, alors que je termine de m’occuper d’une résidente alitée, Eva entre dans la chambre et me demande.

« Tu travaille pour une agence? »
« Oui! »
« Laquelle? »
« Placement Québec Santé »
« Ah! C’est celle qui paye le moins. C’est quoi ton salaire? »

« Euh… !? »

Déjà que c’est un tabou social de discuter de nos revenus, c’est encore plus effronté de demander ça à la 3e phrase de la toute première conversation que l’on a avec un inconnu.

« Désolé, on ne discute jamais de nos salaire entre collègues. »
« En tout cas, mon agence paie bien mieux. Je sais que je fais beaucoup plus d’argent que toi. »

Ayant fini de ramasser mes affaires, je sors de la chambre en lui disant que c’est tant mieux pour elle. Alors que je dévale le corridor d’un pas ferme, mon air irrité n’échappe pas à mon collègue Lucien.

« Hey, Stef ? Ça va pas ? »
« Ah ! C’est l’autre, là, la nouvelle. Imagine-toi donc qu’elle vient de me demander de lui dire mon salaire. »
« Hein ? Toé aussi ? »

Lucien m’entraine dans la cuisine où Linda discute avec deux préposées et une aide de service. Il leur dit:

« Hey ! Devinez quoi? Stef vient de se faire demander c’est quoi son salaire, par Eva. »

Les filles réagissent aussitôt, choquées et scandalisées.

« Hein ? »
« Pas sérieux ? »
« Non mais c’est quoi son problème, à c’te Guerda-là ? »

Linda me dit que lorsqu’elle a présenté Eva à Cybèle, l’aide de service, Eva a tout de go répondu :

« Les aides de service, ça ne sert à rien. Ça fait toujours semblant de travailler. »

Pendant l’entrainement, Eva a dit à Linda qu’elle voit bien que cette dernière n’est pas faite pour être préposée aux bénéficiaires. Elle devrait plutôt faire du Tik Tok ou du OnlyFans. Lucien a droit aux mêmes questions que moi. Et Monica s’est fait rabaisser de choisir délibérément, et je cite, « D’habiter un coin aussi minable que la Gaspésie. Ce n’est pas comme si c’était seulement une obligation pour l’emploi. »

Et là, je me suis rendu compte de ce que nous étions en train de faire. On se plaignait. Et comme je l’ai dit dans un billet récent: Ne te plaint jamais, mais n’hésite jamais à porter plainte.

Je me suis donc dirigé vers le bureau de la patronne. Mais elle n’y était pas. j’y suis retourné plus tard, en vain. La quatrième fois, j’ai opté pour lui écrire une note. Je lui raconté l’essentiel de ce que vous venez de lire ici. Et je conclus sur le fait qu’Eva met une mauvaise ambiance au travail, et que nous ne l’apprécions pas.

À 15h, alors que je m’apprête à partir, la patronne vient me rejoindre.

« Oui, Stéphane, j’ai lu ta note. »
« Bien! Vous pouvez vérifier auprès de Lucien, Cybè… »
« Pas besoin, je te crois sur parole. Je voulais juste te dire que tu as bien fait de m’en parler. parce que moi, une attitude comme la sienne, je n’accepte pas ça. Je vais appeler son agence et vous ne la reverrez plus jamais ici. »

Elle se vantait d’être sans filtres. Eh bien maintenant elle pourra aussi se vanter d’être sans emploi.

Elle nous traitait comme si nous étions des trous du cul. Elle avait juste oublié que la fonction première d’un trou du cul, c’est d’expulser la merde.

Beta vers Alpha; le début de la transition (2 de 2)

Avis au lectorat Européen: Les dialogues sont reproduits ici dans leur accent Québécois d’origine. Donc, lexique :
Tsé = Tu sais, tu vois.
Fa que = « ce qui fait que », du coup.

Cruiser = se prononce « crouzer », draguer.
Il y en a d’autres, mais vous devriez pouvoir vous débrouiller avec ça..

Tous les jours qui ont suivi, ceux où je m’entraine et ceux où je ne m’entraine pas, je suis retourné au gym dans l’espoir revoir Noémie2. Je comptais lui donner mon nom complet pour lui suggérer de m’ajouter sur Facebook et/ou Messenger, si ça lui dit. Pas de chance, les dix premiers jours, elle n’y est jamais.

Le onzième jour, sur ma pause de diner au travail, je continue. Je me rend au gym, papier à la main au cas-où. Cette fois, elle y est. Elle me voit et me salue discrètement. Et pour cause: cette fois, elle est accompagnée de son chum. Qui, heureusement, a le nez plongé dans son téléphone. Je la salue du geste, je tourne les talons aussi sec et je sors. J’ai un haussement d’épaules en me disant que bon, peut-être que je ne suis juste pas destiné à avoir une Noémie. Dommage !

Le lendemain, je me rends au gym à 11h00, cette fois pour m’entraîner. Je commence mes huit exercices du jour. Je suis rendu au milieu du 3e lorsque Noémie2 apparait et vient me rejoindre. J’enlève mes écouteurs et je la salue. Et là, directement, elle me dit avec un sourire amusé :

« Ouais, t’es pas resté longtemps hier. C’est-tu la présence de mon chum qui t’a intimidé ? »

Premier réflexe de Beta : me sentir embarrassé et chercher comment je pourrais baratiner pour nier ça. Mais c’est là que je me suis plutôt posé une question qui allait tout changer. Je me suis dit… « Qu’est-ce qu’Alex ferait à ma place ? »

Je me suis levé. Je me suis mis debout face à elle. Je l’ai regardé. Et avec un petit sourire, je lui ai dit :

« Aaaah… Je vois ! Tu crois que je veux te cruiser en cachette ? Alors c’est ça, les fantaisies qui te viennent en tête quand tu penses à moi. »

Elle a eu un air de choc amusé au visage. Elle ne s’attendait pas à cette réplique. Elle répond :

« Ben non, mais tsé, tu rentres, tu me salues pis tu pars. Fa que tsé… »

Je suis amusé de voir que ma réplique a retourné la table. C’est maintenant moi qui la pousse à me baratiner un déni. Je la regarde en silence pendant deux ou trois secondes. Puis j’ajoute :

« Et si je te disais que depuis notre rencontre il y a deux semaines, je suis venu ici à tous les jours, même ceux où je ne m’entraine pas, pour te remettre un bout de papier sur lequel j’ai écrit mon nom complet, pour que tu me rajoutes sur Facebook ou Messenger ? »
« Han ? C’tu vrai ? »

Je hausse les épaules, puis lui répond en souriant :

« Est-ce que tu veux que ça soit vrai ? »

Elle éclate de rire et détourne le regard. Elle me dit que je suis terrible. Puisqu’elle ne se maquille pas, je la vois rougir. Je l’ai vraiment embarrassée. Et en même temps elle est amusé au max.

Me rappelant d’une stratégie que j’ai entendu dans un podcast de The Unplugged Alpha, j’ai décidé de ne pas jouer ma dernière carte immédiatement. J’allais d’abord laisser le temps aux hamsters dans sa tête de rouler un peu avec cette idée que j’ai planté dans son esprit. Je me claque les mains et je dis :

« Bon, soyons sérieux, là ! C’est vrai que j’ai beaucoup apprécié ton aide et tes conseils quand on s’est rencontrés. Fa que, si on peut encore s’entrainer ensemble aujourd’hui, ça ferait bien mon affaire. »
« C’est ben correct ! »

Sur ce, on reprend l’entrainement. Elle me conseille, j’ajuste mes mouvements en conséquence, et tout va très bien. Mais je la surprends souvent à me regarder en douce, avoir un petit sourire naissant de nulle part, et avoir de petites étincelles dans les yeux.

Finalement je fais dix exercices au lieu de huit. Et puisque sa présence m’énergise, je les fais intense. Je vais avoir mal partout demain, c’est sûr. Je lui dis que je vais rentrer me faire à manger avant le boulot. Mais avant, j’ouvre mon sac de sport et je lui dis :

« Ah, et en réponse à ta question, de si c’était vrai ou non… »

Je plonge la main dans mon sac et je lui remets ceci :

J’aurais aimé filmer sa réaction, ça valait un million. La bouche grande ouverte amusée, les yeux comme des 2$, et elle part à rire.

« Non ? C’est pas vrai !? Non mais c’est pas vrai !? OMG ! Noooooon… Fuck ! C’est toi qui a dessiné ça? Come on ! »

La stratégie de laisser le hamster pédaler pendant que l’on s’entrainait ensemble était bonne. Ça lui a laissé le temps de se faire à l’idée d’une interaction plus intime entre nous, ce qui l’a rendue plus réceptive à mon billet que si je le lui avait donné à la première minute.

Sur ce, je l’ai saluée et je suis parti. Ce qui est également stratégique, puisque je pars au moment où son émerveillement à mon sujet est au plus haut point.

Comme je l’ai constaté lors des 25 dernières années, c’est l’un des bons côtés d’amorcer une relation avec une femme en couple. En général, ça fait trop longtemps qu’elle n’a pas ressenti l’excitation de se sentir désirée. On verra bien où ça va nous mener. Peut-être nulle part. Peut-être partout. Ou peut-être à l’hôpital pour moi, si son chum apprend ça. En attendant, je pense que je suis sur la bonne voie de ma transformation en pas-si-Beta-que-ça.

Je ne manque pas de raconter ça à Alex. Il est fier de moi. Selon lui, j’ai tout fait exactement tel que j’étais supposé. J’ai dit ce que je devais dire, le timing et le delivery étaient parfait. Mais c’est fou à quel point chaque étape me demande de la réflexion, puisqu’agir ainsi n’est pas dans ma nature. Quand je pense qu’il y a plein de gars qui font ça correctement, du premier coup, d’instinct, sans réfléchir. Il est vrai que la nature en a fait des Alphas à la naissance, eux.

Et c’est justement ma nature de Beta qui m’a fait faire un truc qui pourrait tout gâcher. Mon billet dessiné. C’est ce que m’explique Alex dans ces termes :

« Ton petit mot est juste de trop dans la calibration. Il n’y a plus de mystère. Elle n’a plus besoin de réfléchir pour tenter de comprendre ce qui se passe,. Elle sait maintenant que tu as pensé à elle toute la semaine (puisque ton histoire était vraie) et que t’as été jusqu’à faire un dessin. Donc, là elle sait que tu veux VRAIMENT qu’elle t’écrive. Déjà là, son besoin de plaire est maintenant comblé… Le besoin de te relancer afin de s’assurer de ton désir en est maintenant amoindri. Là, elle sait qu’elle est désirable. Elle n’a donc plus besoin de tromper son chum pour s’en assurer.

Probablement que ton histoire, elle se disait « il dit juste ça pour me cruiser… y’est pas vraiment venu à tous les jours juste pour me voir, y’est ben trop beau pour ça, il doit avoir plein de fille après lui! » Pis là elle est toute allumée de croire qu’un alpha séducteur lui « ment » pour la séduire (elles aiment ça, crois le ou non). Mais là.. Oups! Elle reçoit ça. Il n’y a plus de questions, plus de mystère, elle voit que c’était vrai. Ça peut lui donner l’impression que tes options sont limitées. Et là, son hamster cérébral va plutôt aller dans la direction de « Pourquoi il met autant d’effort pour que ça se passe? Y’a pas d’autres filles après lui? Y’est peut-être weirdo… » et là son cerveau risque d’aller dans cette direction. Le mâle alpha qui pourrait remplacer son chum est peut-être un rêveur qui s’est branlé toute la semaine en pensant à elle, et qui a déjà des plans pour la marier. »

Il est vrai que draguer avec un dessin, c’est un réflexe très classique chez les bédéistes, afin de se démarquer des autres hommes auprès de la cible de leur affection. Or, le dessin est une activité solitaire qui demande beaucoup de temps à maîtriser. Si un homme a eu le temps d’apprendre à dessiner, ce n’est certainement pas parce qu’il avait une vie sociale et amoureuse. Ce qui fait qu’en général, un dessinateur, c’est un mâle tout ce qu’il y a de plus Beta. Par extension, beaucoup de dessinateurs sont des Nice Guys, avec tout le négatif que ça comporte.

Tout le monde a son téléphone sur soi. Si j’avais agi en gars normal, mon premier réflexe aurait été de lui dire mon nom de vive voix, pour qu’elle m’ajoute à l’instant. Mais moi, j’ai encore mes vieux réflexe de Nice Guy loser en amour, ce qui me pousse à poser des geste hors de l’ordinaire dans le but de me démarquer. Ce faisant, j’ai possiblement déraillé ce qui avait tout d’une drague normale dans des circonstances normales. Je n’ai plus besoin d’avoir recours à ces méthodes pour tenter de plaire, puisque je lui plaisait déjà sans ça. Je comprends alors que je dois me débarrasser de ces vieux réflexes. Je ne peux pas devenir Alpha si je continue d’agir en Beta.

Noémie2, la conclusion.
48 heures plus tard, alors que je retourne m’entraîner, Noémie2 est là avec son chum. On se salue discrètement, et je vais plus loin commencer ma routine.

Un quart d’heure plus tard, elle vient me rejoindre, seule, tandis que son chum amorce son exercice d’endurance sur le vélo spinning. Elle dit :

« Salut ! Je suppose que t’as vu que j’t’ai pas rajouté. »
« Oui ! T’en fais pas, je comprends le message. Je n’insiste pas. »

Elle me rend mon bout de papier. Puis, en souriant, elle me dit :

« Comme tentateur, t’es juste trop dangereux. »

Avec un dernier sourire et un geste de la main, elle repart. C’est la première fois de ma vie que je suis à la fois repoussé et flatté de l’être. Il semblerait que malgré mon dessin, à ses yeux, j’avais tout du mâle Alpha. Et ceci me démontre que je suis sur la bonne voie. Il ne me reste plus qu’à cesser d’avoir mes vieux comportements de Beta.

Et ça inclut celui de me satisfaire d’être l’amant de femmes en couple. Car je me rend compte que ça aussi, c’est une manifestation de manque de confiance en soi. C’est le comportement d’un gars qui ne croit pas avoir ce qu’il faut pour mériter une relation complète, alors il se contente d’une demie-relation. En plus que le gars n’a pas à se faire de soucis. Il n’a pas à se demander si elle en a un autre dans sa vie, il sait que c’est le cas. Il n’a pas à se demander si elle le fait cocu, il sait qu’elle le fait. Il n’a pas à craindre qu’elle le quitte, puisqu’ils ne sont pas vraiment ensemble. Il accepte son statut de loser, qui devient pour lui une situation confortable dans laquelle il n’a jamais à se remettre en question. Et ça, ça ne me convient plus.

Entre le Beta et l’Alpha, la route est longue et j’ai encore du chemin à faire. Mais à force de pratique, d’auto-analyse, de corrections et d’ajustements, je devrais pouvoir effectuer peu à peu cette transition.

Beta vers Alpha; le début de la transition. (1 de 2)

Je n’ai jamais été le poster boy du mâle Alpha. Remarquez que ça a ses bons côtés. Car depuis les quinze dernières années, l’idée même de la masculinité est de plus en plus démonisée. Alors gare à l’homme qui prétend en être un. On va l’accuser d’être un macho, un misogyne, un violent, un harceleur, un délinquant sexuel, un fier représentant de la culture du viol, un complexé qui ressent le besoin de s’imposer sur les autres afin de compenser pour sa micro-bite… En gros, c’est devenu l’équivalent masculin du mot féminisme. En ce sens qu’on l’associe à tout ce qu’il peut y avoir de négatif dans le comportement des membres de ce sexe, en plus de lui prêter des revendications extrêmement farfelues.

Pourtant, à la base, la définition véritable du mâle alpha est à des milliers de kilomètres de cette image (im)populaire. Il n’y a qu’à voir le fonctionnement de la hiérarchie dans un groupe de gorilles.

En 1986, un garçon nommé Levan Merritt est tombé dans l’enclos des gorilles d’un zoo. Le gorille Alpha, un silverback nommé Jambo, s’est précipité à l’endroit de la chute. Il y a vu le garçon gisant par terre assommé. Avec délicatesse, il a caressé le dos du garçon, l’observant pendant quelques instants. Constatant qu’il était blessé mais vivant, il a aussitôt compris que ses congénères humains viendraient lui porter secours. Et que ceci pourrait poser un problèmes aux autres singes habitant l’enclos, de voir leur territoire se faire ainsi envahir. Jambo est donc revenu sur ses pas, et il a calmement tenu les autres singes à l’écart. Ceci a permis aux secouristes de descendre dans l’enclos, mettre le garçon sur une civière, et l’emporter.

Et c’est ça, dans la nature, un mâle Alpha. Oui, il est le plus gros et le plus puissant du lot. Mais c’est également le plus intelligent, le plus empathique et celui qui a le plus à coeur le bien-être de son groupe et celui de son territoire. Il en est le protecteur, non pas l’abusif. S’il est le mâle dominant, ce n’est pas parce qu’il a décidé de prendre lui-même ce rôle en s’imposant par intimidation. C’est un rôle que lui donnent tout naturellement les membres de son entourage, parce qu’il leur apporte un sentiment de sécurité.

J’ai un ami comme ça. Appelons-le Alex. C’est une connaissance de longue date. Nous étions sur les mêmes forums au début des années 2000. Et il aimait bien mes textes au sujet des relations hommes-femmes, dont la majorité ont été repris ici sur ce blog à ses débuts en 2004. Nous sommes amis sur Facebook, et il n’est pas rare qu’il s’écoule trois, quatre, cinq ans avant que l’un de nous envoie un message ou un commentaire à l’autre. Il est toujours lecteur de mon blog. Et souvent, je peux compter sur ses commentaires pertinents pour me faire réaliser un aspect qui m’avait échappé sur le sujet dont je parle dans tel ou tel billet. Il se trompe parfois, mais c’est plutôt rare.

… Et je ne crois pas qu’il s’est trompé lorsqu’il m’a fait constater que depuis les douze dernières années, j’agis comme un Beta qui s’est fait laver le cerveau par le wokisme pseudo-féministe. Je veux dire, regardez cet échange entre Noémie et moi lors de notre quatrième jour de correspondance.

Une femme ne va pas écrire un truc pareil à un gars contacté sur un site de rencontres, si le gars en question ne lui plaît pas. Elle demandait / s’attendait / espérait que je lui emboite le pas en donnant un tournant sexuel à la conversation. Mais moi, je lui répond quoi? l’équivalent de :

« Je ne suis pas comme les autres hommes, MOI. Je sais parler d’autre chose que de cul à une jolie jeune femme, MOI. Je t’apprécie pour ta personnalité et non par envie de te fourrer, MOI. Tu n’as pas à jouer le rôle de la soumise pour avoir mon attention, MOI. »

Un vrai discours de Nice Guy auto-castré qui cherche très fort à se montrer meilleur que les autres. Et tellement aveuglé par la doctrine disant que tout comportement masculin est négatif, que je ne suis même plus capable d’avoir le comportement masculin positif que demandent les femmes.

Alex est trop modeste pour se qualifier lui-même comme tel. Mais il est un mâle Alpha. Un vrai, comme le gorille, pas comme la vision sociale démonisée. On s’entends bien lui et moi car tout comme moi, il met toujours de l’effort dans son amélioration constante de soi. Comme moi, il réfléchit sur ses expériences de vie et en tire de la sagesse. Comme moi, il met de l’importance dans la forme physique et la santé.

Mais là où l’on diverge radicalement, c’est dans nos relations avec les femmes. Car contrairement à moi, il agit exactement de la bonne manière pour les attirer, les séduire, les obtenir, et avoir avec elles des relations harmonieuses, sans abus d’une part ou d’autre.

C’est avec grande curiosité qu’Alex a suivi ma récente série de billets Noémie, ou le rêve devenu réalité. Et c’est avec grand découragement qu’il a vu comment j’ai réussi à faire foirer cette relation naissante, de la manière que j’ai répondu à l’invitation de Noémie à aller la rejoindre.

Ma stupidité a donné un tel choc à Alex, qu’il a fait le genre de truc qu’il ne ferait jamais d’habitude. Sous le sceau du secret, il m’a envoyé une capture d’écran d’une de ses propres conversations avec l’une de ses conquêtes, après en avoir censuré le nom et les visages. Dans celle-ci, tout comme l’a fait Noémie, sa correspondante lui a envoyé un selfie en sous-vêtements. Mais contrairement à moi, il lui a donné la réponse qu’elle demandait / s’attendait / espérait de lui. Et c’était dans le style de ceci :

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’orgasmes.

Oui, c’est le genre de paroles masculines qui peuvent être malvenues lorsque le contexte ne s’y prête pas. Mais lorsque c’est en réponse à un selfie sexy que la fille lui envoie lors d’une conversation privée, c’est au contraire très bienvenu.

Mes réactions aux avances de Noémie se basaient tout de même sur un sentiment sincère. Je ne suis pas un Don Juan qui ne pense qu’à accumuler les conquêtes. Mon but premier a toujours été d’être dans une relation stable. Mais il faut que je me mette en tête que nous ne sommes plus en 1950. Apprendre à se connaitre, puis être amis, pour ensuite être en couple, pour ensuite baiser… Ça fait longtemps que l’ordre social des choses a changé. Maintenant, c’est : Contact, baise, et ensuite on voit si on veut le refaire. Et si on est amants assez longtemps pour se rendre compte que nous sommes compatibles, c’est là que l’on voit si on veut être exclusifs ou non. C’est sûr, il y aura toujours des exceptions. Mais dans la majorité des rencontres en ligne, c’est comme ça que ça marche.

Sous la suggestion d’Alex, je me suis procuré deux livres. Le premier est No More Mister Nice Guy. Sa lecture m’a ouvert les yeux sur bien des choses, allant de ce qui pousse un gars à devenir Nice Guy, aux comportement typiques de ceux-ci, de l’hypocrisie qui se cache dans ses gestes, et aux relations catastrophiques qui en découlent. Ça m’a surtout rassuré comme quoi je suis sur la bonne voie depuis plusieurs années. Car bien que j’y reconnais à 100% celui que j’étais de mes 15 à 27 ans, je n’ai plus que 20% de ce comportement aujourd’hui.

Le second livre, The Unplugged Alpha, pousse la chose plus loin. D’abord en expliquant ce qu’est un vrai Mâle Alpha. Et pourquoi les femmes vont toujours préférer ceux-là, plutôt que ces hommes qu’elles éduquent pourtant elles-mêmes à agir en Beta.

Je ne sais pas si ces livres existent en version Française, parce que nous ne sommes pas tous bilingues. Mais c’est sans la moindre hésitation que je leur fais de la publicité en vous les recommandant. C’est un bien faible paiement pour l’aide que leur lecture m’a apporté. Une aide qui devrait permettre ma transition, de Beta vers quelque chose d’un peu plus Alpha.

Comme je le dit dans la première phrase de cet article, je n’ai pas la personnalité d’un Alpha. Je ne suis pas un dragueur dans l’âme. Je peux le devenir si l’occasion s’y prête, pour peu que je puisse reconnaître les signes comme quoi le potentiel d’une interaction intime est là, et qu’elle serait bienvenue par l’autre parti. Mais sinon, je ne suis pas celui qui va faire les premiers pas pour une drague non-sollicitée. C’est un rôle dans lequel je n’ai jamais été à l’aise.

Et c’est la raison pourquoi, depuis les vingt dernières années, je travaille fort à devenir le genre d’homme qui peut intéresser les femmes. Le premier contact que l’autre aura avec toi sera toujours visuel. Je dois donc m’arranger pour leur donner envie de m’approcher. J’arbore la coupe de cheveux à la mode. Je porte des vêtements qui m’avantagent. Je ne néglige pas mon hygiène. Et je travaille fort au gym afin de donner à mon corps cette forme qui attire leur regard.

(Très) lentement mais (très) sûrement.

Et c’est justement au gym que s’est produite, il y a trois semaines, l’anecdote qui va suivre.

Mardi 4 juin, 11h11. J’arrive au gym. J’ai à la main mon mini sac de sport qui contient ma bouteille, mes gants, mes écouteurs, mes clés, mon portefeuille, mes lunettes et mon téléphone, parce que c’est encombrant de trainer tout ça dans mes shorts. À part pour une jeune femme sur la machine à leg press, la place est déserte.

Comme d’habitude, je m’en vais de l’autre côté de la salle, pour commencer avec le bench press. Je mets un podcast de The Unplugged Alpha sur mon téléphone. J’allume mes écouteurs pour pouvoir l’entendre en écoute privée. Je met mes gants. J’enfile les poids sur la barre d’haltères, 10 lb de plus que la dernière fois afin de forcer ma progression. Je me couche sur le banc, je ferme les yeux et je commence. Le premier set de dix répétitions est difficile, mais faisable. Le second est plus pénible et je n’en fais que huit, avec les bras qui tremblent. Au début du troisième set, j’ai l’impression que l’on me parle. J’ouvre les yeux. C’est la fille.

Environs 5’4″ / 1.64 m, mi-trentaine, cheveux longs, blonds, attachée en chignon. Assez jolie, et ce naturellement car elle n’est pas maquillée. Mince mais pas comme un mannequin, et avec des épaules de nageuse professionnelle. Au premier coup d’oeil, juste par sa forme et sa musculature, on voit qu’elle sait ce qu’elle fait au gym.

Je repose l’haltère sur ses crochets et j’enlève mes écouteurs. Elle me dit qu’elle a remarqué que je levais ces poids avec difficulté. Aussi, elle me recommande de relever les butoirs de chaque côté du banc d’exercice, histoire de ne pas me retrouver coincé sous l’haltère, advenant que je n’arriverais pas à la remonter. Elle me montre comment en placer un. Je place l’autre. Je la remercie de son aide. Elle retourne à son banc. Je remet mes écouteurs et je finis mon set.

Je me déplace vers le rack d’haltères pour les squats. Et je vois que cette jeune femme vient s’installer pas très loin, à côté des petits haltères à mains. Par les miroirs qui tapissent les murs, je la surprend à m’observer. J’ai l’impression qu’elle cherche une autre opportunité pour venir me parler. Je trouve cette idée intéressante. N’ayant jamais été dragueur, je ne vois pas ce que je pourrais aller lui dire pour briser la glace. Alors j’opte pour l’option passive, en me montrant réceptif à une éventuelle intervention de sa part. J’éteint mon podcast, j’enlève mes écouteurs, je remet le tout dans mon sac, et je reprends mes squats.

Effectivement, une minute plus tard, elle revient me rejoindre. Elle commence par s’excuser, comme quoi elle ne veut pas être intrusive. Mais elle trouve que je force beaucoup des genoux. Elle me dit qu’elle les a entendu craquer pendant que je faisais mon premier set de squats, et qu’il y aurait moyen d’améliorer ça en corrigeant ma posture. Je la rassure comme quoi au contraire, puisque je m’exerce sans entraineur pour me guider, ses conseils sont les bienvenus.

Puisqu’il semblerait que l’on va se parler un bon bout de temps, je me présente. Et vous ne devinerez jamais. Elle s’appelle Noémie elle aussi. Cette coïncidence m’amuse beaucoup.

À partir de là, nous nous sommes entrainés ensemble. Et elle m’a donné des conseils pour chaque exercice, tout en s’entrainant elle-même de son côté.

Au fil des conversations, Noémie2 finit par laisser échapper le fait qu’elle est en couple. Décevant! Mais en même temps, la moitié de mes amantes des vingt-cinq dernières années l’étaient également. Alors pour ce que ça veut dire.

Au bout d’une heure, je lui annonce que je dois partir. Je dois aller me faire à manger et me préparer pour mon quart de travail qui commence à 15h. Je la salue en la remerciant. Et pas juste pour ses conseils. Car sa présence m’a influencé à me pousser beaucoup plus que d’habitude lors des exercices. J’en aurai pour deux jours à avoir trop mal aux muscles pour les travailler davantage.

En vingt ans à fréquenter les gyms, c’est la première fois que je m’y fais aborder par une femme. Et le fait qu’elle s’appelle également Noémie me donne l’impression que c’est le destin qui me donne une seconde chance. Je ne compte donc pas refaire les mêmes erreurs qu’avec la première. Cette Noémie-là, je ne la laisserai pas filer.

Pour elle, je me sens prêt à amorcer ma transition de Beta vers Alpha.

À suivre et à conclure.

Quelques règles de vie apprises à la dure.

Ces opinions ne sont pas politically correctes. Mais elles sont réalistes.

L’argent est important.
Dire que l’argent ne fait pas le bonheur, c’est l’équivalent de dire la vaisselle ne donne pas la santé, ou bien que les lunettes ne nourrissent pas, ou encore qu’une coupe de cheveux ne rapporte pas de fruits ni de légumes.  On peut facilement rabaisser n’importe quel sujet, juste en lui reprochant de ne pas faire quelque chose qui n’a jamais été sa fonction.  

Par contre, l’argent permet d’obtenir la nourriture, le loyer, l’électricité, le téléphone, les vêtements, l’éducation et les soins de santé.   Rien de ceci n’est futile.  Il s’agit au contraire de choses de première nécessité afin d’assurer notre survie ainsi que celle de notre famille.  Alors lorsque quelqu’un te dit que tu manques de valeur morale si tu attaches de l’importance à l’argent, cesse de fréquenter cette personne.  C’est un imbécile.  Ou pire encore : quelqu’un qui veut te voir dans la misère.

Ne cours pas après les femmes.  Cours après l’excellence.
J’ai déjà été ce gars qui mettait sa priorité sur les femmes.  C’était à l’époque où je n’avais aucun diplôme d’études.  Pas de travail.  Pas d’argent.  Pas de force ni de santé ni de beauté.  Pas de but.  Pas de vie.  Rien.  Pas étonnant qu’aucune femme qui en valait la peine ne voulait de moi.  Je me retrouvais donc avec celles qui restait, des encore plus loser que moi.  Par conséquent, je n’ai eu que des relations médiocres, dont la plupart m’ont saboté ma vie pendant de longues années.

Je suis retourné aux études.  J’ai suivi plusieurs différentes formations.  J’ai pris soin de ma santé, ma forme physique et mon apparence.  J’ai grimpé les échelons côté carrières.  Et maintenant, comme on a pu voir dans ma série de billets Noémie, ou le rêve devenu réalité, voilà que sans même essayer, je plais au genre de jeunes femmes que je croyais qui n’existait que dans mes rêves les plus fous.   

Ce n’est qu’en mettant ta priorité sur toi-même que tu deviendras une priorité pour les femmes. Car les femmes imposent des règles pour les beta, mais les brisent pour les alphas.

90% de ta perception de la réalité n’est que le produit de ton imagination.
Sérieusement, tout se passe dans ta tête.  Devant la même situation, une personne peut angoisser alors que l’autre va être confiant.  Une personne sera triste alors que l’autre sera heureuse.  Une personne sera méfiante et se fera tout plein de scénarios négatifs qui vont gâcher sa journée et la portera à poser des gestes qui causeront des problèmes à son entourage, tandis qu’une autre fera confiance et avancera dans sa vie.  Il y a une raison pourquoi beaucoup de gens disent que l’on créé son bonheur soi-même.  Parce que tout dépend de la façon que tu choisis de percevoir ce qui t’entoure et ce qui t’arrive.

C’est là que se situait mon erreur avec Noémie. Toutes les limites que je me suis imposé, et qui ont fini par venir à bout de notre relation, aucune d’entre elles ne venait de Noémie. Elles n’étaient que le produit de mon imagination.

Ce que les autres pensent de toi n’aura aucune influence sur ta vie.
Pense à Donald Trump.  Il vient d’être reconnu coupable de crimes.  Est-ce que ça a changé quoi que ce soit à sa vie?  Du tout!  Il a toujours des millions de supporters, qui lui donnent des millions de dollars.   

Quoi que tu fasses ou non, il y aura toujours des gens qui vont t’encourager et t’admirer, et d’autres pour te dénigrer et te rabaisser.  Alors fais donc ce que tu veux, et fuck l’opinion des autres.  Et si leur opinion met un mur entre vous, dis-toi bien que personne n’est nécessaire à ta vie.  Et avec une population de huit milliards d’êtres humain sur terre, ce ne sont pas quatre ou cinq petits losers aux opinions médiocres qui vont être irremplaçables par de nouveaux amis de bien meilleure qualité.

Un passe-temps est une perte de temps. 
Nous naissons tous avec un nombre X de jours de vie à vivre.  Les jours où l’on ne se construit pas sont des jours perdus. 

Entendons nous, il n’y a pas de mal à relaxer de temps en temps à regarder un film, jouer à des jeux, même regarder un épisode ou deux d’une série.  Mais lorsque l’on y consacre tout notre temps libre, on gâche notre vie. Personne, sur son lit de mort, ne va se dire « J’aurais dû passer plus de temps sur World of Warcraft. »

Ne laisse pas un endetté te dire quoi faire de ton argent.
Cette phrase est à prendre au sens propre, mais aussi au sens figuré.  Une personne qui te dit comment réussir là où elle a échoué ne connait rien sur le sujet.  Au plus, on peut apprendre de ses erreurs afin de ne pas les refaire nous-mêmes.  Mais il reste que la seule personne qui peut prodiguer des conseils qui permettent de réussir, c’est celle qui a réussi.

La réussite ne tient qu’en trois points : Action, discipline, ajustement.
Se contenter d’y penser, ce n’est pas suffisant.  Voilà pourquoi il faut passer à l’action.  Pour persévérer, ne pas abandonner en chemin, ça prend de la discipline.  Et puisque tout change tout le temps, il faut s’ajuster à cette nouvelle réalité.  Cette formule s’applique dans tous les domaines, sans exception. 

Toi seul(e) peut être ton propre sauveur.
Mégane, une de mes ex, cherche toujours quelqu’un pour la sauver.  Au lieu de vivre dans ses moyens, elle cherche quelqu’un de qui dépendre financièrement.  Au lieu de manger mieux et s’exercer pour perdre du poids, elle a recours à des vendeurs de produits miracles et à des cliniques qui ne font maigrir que son compte de banque.  Au lieu de faire les efforts requis pour améliorer son sort, elle prie à des divinités païennes, elle dépense une fortune en roches polies et en cristaux, en séances de tarot, et elle écrit des Lettres à l’Univers afin d’obtenir ce qu’elle désire.  Ça fait cinq ans que je la connais, ça fait cinq ans que je la vois faire ça, et ça fait cinq ans que je la vois perdre son temps et son argent car elle refuse de voir que rien de tout ça n’a jamais fonctionné.

Si elle y mettait son argent dans un gym plutôt que dans des produits inutiles et cliniques.  Si elle mangeait mieux, au lieu de consommer n’importe quoi à n’importe quelle quantité.  Si elle travaillait plus, au lieu de solliciter des interventions divines et mystiques.  Alors tous les aspects de sa vie s’amélioreraient.

Dans la vie d’un homme, il y a cinq choses à éviter absolument : Le jeu, la cigarette, l’alcool, les drogues et le mariage. 
Elles ont toutes ceci en commun : ça coûte cher, ça ne rapporte aucun bénéfice, et ça ne comporte que des risques.

Ne te plaint jamais, mais n’hésite jamais à porter plainte.
Personne n’aime celui qui va se plaindre sans jamais rien faire pour régler son problème.  Surtout lorsqu’il existe des solutions.  Par exemple, dans ma série de billets (encore inachevée) Locataire -VS- Propriétaire, je raconte les magouilles et fraudes que mon propriétaire me fait subir depuis des années.  Est-ce que je me contente de m’en plaindre sans rien faire?  Du tout!  J’explique que j’ai ramassé toutes les preuves de ce que je raconte, que j’ai déposé une plainte au Tribunal Administratif du Logement, que ma plainte a été reçue, et que nous attendons de passer en Cour, pour ce qui ne pourra être que ma victoire.

Il existe un moyen de parler des petits malheurs de la vie sans se plaindre, et c’est en apportant une solution. Par exemple, « je me suis tordu la cheville », c’est se plaindre. Mais « Je reviens de mon podiatre car je me suis tordu la cheville » , c’est raconter une anecdote.

Trop parler est nuisible.
Ne dis pas aux gens plus que ce qu’ils ont besoin de savoir.  Dans le meilleur des cas, ça ne servira à rien.  Dans le pire, ça va te nuire.  Beaucoup de gens se sont sabotés en parlant de choses qui auraient dû rester secrètes.

Ne fais pas compétition à quelqu’un qui est meilleur que toi.  
Même si tu gagnes, ça te collera l’étiquette bien méritée de personne désagréable.  Collabore plutôt avec l’autre, tu apprendras et tu monteras à son niveau.

Une opportunité qui n’est pas saisie lorsqu’elle se présente est une opportunité qui ne reviendra jamais.
Et surtout, n’écoute jamais ceux qui vont tenter de te convaincre de « le faire plutôt la prochaine fois. »  Il n’existe aucune garantie comme quoi une chose disponible maintenant le sera tout autant plus tard.  Et ceci est une règle universelle.

Beaucoup de choses futiles sont importantes.
Facebook est futile. Mais si tu n’en a pas un, tu n’as pas autant contacts que le reste de la population. La beauté physique est futile car c’est l’intérieur qui compte. Mais si tu n’est pas attrayant de l’extérieur, personne n’aura envie d’aller le découvrir, ton intérieur. La mode est futile. Mais si tu ne t’habille pas de la manière appropriée selon l’endroit, l’occasion et les standards établis du moment, tu ne seras pas pris au sérieux.

Un ménage qui était dû depuis longtemps

Aujourd’hui, à six semaines de mes 56 ans, le bilan de mon existence se résume en un seul mot : Liberté.

Il y a deux ans, j’ai amorcé le plus grand ménage de ma vie. Tel que mentionné dans la série de billets Un câble d’acier ombilical, j’ai renié ma famille. Au cours des mois qui ont suivi, j’ai également coupé les ponts avec toutes les autres personnes toxiques de mon entourage. Pour faciliter la chose, je suis allé refaire ma vie à 750 km de là, en Gaspésie, un endroit où je n’avais jamais mis les pieds. J’y occupe un travail que j’aime dans lequel j’excelle, où mes collègues et la direction m’apprécient.

Je garde toujours mon appartement à Saint-Jean-Baptiste comme adresse officielle. Ça me permet d’être dans la catégorie Travailleur en région éloignée, ce qui m’apporte des primes assez intéréssantes, comme l’essence remboursée, le logement gratuit près de mon travail et un per diem alimentaire, $70 quotidien, qui s’ajoute à mon salaire. Et tant qu’à avoir un logement vide, je permet à mon ex-beau-frère Lucas d’y habiter. Pendant un an, nous nous partagions la facture du logis, ainsi que la location du sous-sol pour y ranger nos affaires en surplus car il n’y a pas assez de place dans mon 3½ pour nos possessions réunies.

À la fin d’avril dernier, en retournant chez moi, j’ai été pris d’un grand sentiment de découragement en regardant mes possessions. Tous ces livres que je ne lis plus parce que je les connais par cœur, ou parce que j’y ai perdu intérêt.  Mon système de son qui m’avait coûté un mois de salaire il y a onze ans, et que je n’ai pu utiliser qu’un an puisque je n’ai jamais eu assez de place dans mes logements suivants pour l’installer. Mes fournitures d’art, que je garde car ça fait quinze ans que je me promet qu’un de ces jours, je vais me remettre à la peinture. Ma collection d’antiquités, qui transforme mes appartements en musée. Mon meuble de machine à coudre Singer de 1900 qui ne sert que de décoration et pèse trois tonnes. Mon équipement sportif dont je ne me sers jamais. Tout ce que j’en fais, c’est les déménager d’une place à l’autre depuis des décennies. Ça prend du temps.  Ça prend des efforts. Ça prend de l’argent. Et ça n’arrête jamais car je n’arrive jamais à trouver la stabilité.

Toute ma vie, j’ai mis le focus sur l’idée d’accumuler des avoirs pour ma future maison.  Or, la réalité économique actuelle fait que, rendu à 55 ans, même avec mon salaire, je ne pourrai jamais m’en payer une.  Et surtout, depuis mon itinérance de 2020, je le sais bien au fond que je n’en veux plus.  L’idée d’avoir une maison, c’est devenu pour moi l’équivalent d’être cloué sur place, être restreint, emprisonné.  Ce que je veux, c’est être libre, mobile, profiter à fond du fait que mon agence de placement en santé me permet de voyager, travailler et habiter partout au Québec et dans le Grand Nord.

Et ça, ça signifie que tout ce que j’ai là, dans cet appartement et ce sous-sol, ce n’est plus à moi. Ça appartenait à celui que j’étais.  Je ne suis plus cette personne. Par conséquent, ces objets ne sont plus que des encombrements qui me tiennent attachés à un passé mort que j’aurais dû enterrer il y a longtemps. Des boulets aussi lourds qu’inutiles que je traine avec moi. Partout. Sans cesse.  Pour rien. 

Et c’est là que j’ai décidé que c’était terminé. Je vais me débarrasser de mes affaires. Non pas en les donnant ou en les vendant. Mais en les envoyant directement aux poubelles ou au recyclage. J’ai pris le temps d’y réfléchir adéquatement pour être sûr que je ne le regretterai pas.  Mais je me souviens qu’en décembre dernier, j’ai jeté ma collection complète de disques 33 tours et 45 tours, puisque je ne les écoutais plus depuis au moins dix ans.  Et là, quatre mois plus tard, je ne le regrettais toujours pas. 

De toute façon, ce n’est pas ma première purge.  Il y a une quinzaine d’années, j’avais donné tous mes comic books américains.  Plus tard, à la veille d’un déménagement, j’ai donné ou vendu mes magazines de musique et de BD, incluant ceux dans lesquels j’ai été publié dans ma jeunesse. Est-ce que ça me manque? Pas le moins du monde. Et lorsque je suis parti de Montréal pour aller à Sherbrooke il y a six ans, ce fut plus d’une centaine de Graphic Novels qui se sont retrouvés dans des boutiques de livres seconde main.  Et en arrivant à Sherbrooke, je ne compte plus le nombre de boites de livres et BD que j’ai donné à la charité.  Est-ce que je m’ennuie de tout ça ?  Du tout ! Je ne me souviens même plus du trois quart d’entre eux.

Pour les 48 heures qui allaient suivre, je jetterai des dizaines de milliers de dollars en biens matériels. Livres, bandes dessinées, publications diverses, mes CD, ma collection d’antiquités, mes films et séries sur DVD et VHS, mes fournitures d’art, mes meubles, mes souvenirs de famille, les jouets de mon enfance, mes albums de photos, ma télé, mon système de son. C’est 90% de mes possessions disparaitront ainsi à tout jamais.

Je garderai cependant certaines choses utiles, comme ma tablette graphique, mon laptop, mon lit, mon congélateur. Les seules antiquités épargnées par cette purge ont rapport à ma page Autour du Mont-Saint-Hilaire d’autrefois. Et je garde mes bibliothèques, afin d’y ranger les seuls livres qui ont encore pour moi une valeur sentimentale, comme ma collection de Pif Gadget, mes albums de Spirou.  Et, sacrilège ultime aux yeux de tout bon collectionneur de BD : de ma collection complète de quarante albums d’Achille Talon, je n’en garderai que huit, envoyant les autres au recyclage. Parce que, pensons-y sérieusement… S’il n’y a que ceux-là que j’aime, qu’est-ce qui m’oblige à garder les autres? La réponse est simple : RIEN !

Que je garde tous ces objets inutiles, ou bien que je m’en débarrasse, ça ne change rien en ce sens que de 1, je ne m’en sers pas. Et de 2, c’est déjà de l’argent que j’ai perdu. En faisant ceci, je reprends mon espace et je fais une croix définitive sur le passé.

Les possessions qui me restent sont retournées au même entrepôt où je logeais clandestinement lors de mon itinérance de 2020. Non seulement Lucas et moi n’avons plus besoin de louer le sous-sol, il peut maintenant entreposer ses affaires dans mon ancienne chambre. Et puisque je n’ai plus rien dans mon logis, Lucas me paie maintenant le loyer complet. Ce qui signifie que je me suis débarrassé de plus de $1000 de loyers contre $130 d’entrepôt.

Désormais, je n’accumulerai qu’une seule chose : l’argent.  De l’argent qui sera bien mieux investi sur moi, sur mes voyages et sur mes expériences de vie, que dans des possessions inutiles. De l’argent qui m’a libéré d’un autre boulet que je trainais depuis trop longtemps : mes dettes. En regardant mon relevé bancaire ce matin, jamais je n’ai été aussi heureux d’y voir autant de zéros.

Le résultat d’un an et neuf mois à vivre modestement.

Un autre grand ménage que j’ai fait se situe au niveau de mon corps. Tel que mentionné il y a quelques billets de ça, j’ai passé les trois premiers mois de l’année à me soumettre à une diète végétarienne qui m’a fait perdre 36 lb / 16 kg. Puis, je suis revenu à une alimentation variée riche en protéines. Car le poids que j’ai perdu en gras, je travaille intensément au gym à le gagner en muscles.

Je pense que je ne fais pas mes quasi-56 ans.

Ce ménage, j’aurais dû le faire il y a longtemps. Mais comme dit le proverbe, mieux vaut tard que jamais. Et ça me fait un bien fou. Car dans toutes les facettes de ma vie, jamais ne me suis-je senti aussi léger.