Le respect dès le départ nous évite les déboires. (3 de 3)

Cet article est au sujet de relations naissantes entre un homme et une femme, tous deux hétéros.  Puisque je parle de mon expérience personnelle, cet article sera relaté d’un point de vue masculin. On va peut-être me traiter de misogyne, mais Basta ! J’ai vécu ce que j’ai vécu, et les faits sont les faits.

L’une des plus grandes erreurs que l’on puisse faire, c’est d’ignorer les signes de manque de respect lorsqu’ils apparaissent au début de la relation.
Les première fois, c’est subtil.  Une remarque sarcastique. Un mot blessant déguisé en blague.  Une limite anodine qui n’est pas respectée. Au fil des jours, des semaines et des mois, ça escalade au point où elle n’accorde ni importance ni crédibilité à ce que tu dis. Et bientôt elle agit à sa guise en te maltraitant sans raison ni logique, et surtout sans arrêt.

J’avais 53 ans, et elle 44.

Le problème, c’est qu’au début on ne veut pas en faire de cas. On s’attend à ce qu’un homme soit solide. On ne peut donc pas se montrer fragile en étant intolérant, impatient, incompréhensif. La dernière chose que l’on veut, c’est que la femme voit en nous un Red Flag.  Alors on laisse passer un désagrément. Puis un autre. Puis un autre. Et un jour on se retrouve dans une relation dans laquelle l’autre ne nous fait que subir du désagrément sans la moindre once de respect. Et là il est trop tard. Tu peux essayer de protester, te fâcher, lui demander d’arrêter, le lui ordonner… Tu perds ton temps. Parce que rendu à ce point, votre relation, c’est ça ! Et elle ne sera jamais autre chose.

Pourquoi certaines femmes tentent-elles d’abuser dès le départ de celui qu’elles prétendent désirer ?
N’en déplaise aux apôtres socio-moralistes, il reste que biologiquement, psychologiquement et surtout socialement, l’homme et la femme ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront jamais égaux. Et ceci est dû aux deux points que voici.

POINT 1. La société permet aux femmes qui le désirent de n’être responsables de rien. 
Que ce soit la réalité ou bien une opinion purement misogyne, l’homme a toujours dit que la femme est contrôlée par ses émotions. Et quand l’émotion prend les commandes, il n’y a de place ni pour la logique ni pour l’intellect. Et pour enlever toute pertinence aux revendications de la femme en colère, on leur a ensuite collé l’excuse du syndrôme prémenstruel. Ce qui fait que si elle agit de manière insensée, ce n’est jamais de sa faute, c’est sa nature féminine, tout simplement. Alors si une femme est dotée d’une personnalité irresponsable, elle n’hésitera jamais à user et abuser de ces excuses que l’homme lui a si gentiment fourni.

J’avais une amie comme ça. Un été, au mois de juin, j’ai noté sur mon calendrier toutes les fois où elle évoquait le syndrôme prémenstruel. J’ai été bien amusé de voir que trois jours après la fin de sa semaine, elle évoquait de nouveau les SPM. À la fin du mois, si on en croyait ses dires, un petit calcul montrait qu’elle aurait été en menstru ou en pré-menstru 26 jours sur 30.

POINT 2.  Socialement, l’homme donne à la femme le poste de responsable de la sexualité.
On a beau dire que l’homme est un prédateur qui voit la femme comme une proie, il reste que la majorité des hommes hétéros ne sont pas des agresseurs sexuels. Chez cette majorité, les femmes réalisent assez rapidement à quel point elles peuvent avoir du pouvoir sur les hommes. Car elles possèdent ce qu’ils cherchent le plus au monde à avoir à leur disposition : un vagin.

Il n’y a qu’à voir sur les sites de rencontres. La majorité des femmes y reçoivent de 10 à 50 propositions sexuelles par jour. Tandis que l’homme, s’il est chanceux et particulièrement beau, en recevra peut-être une ou deux par mois. Ainsi, la femme comprend vite qu’elle est ce que l’homme convoite.

Ce pouvoir montera à la tête de certaines d’entre elles. Aussi, elle sera portée à le tester pour voir jusqu’à quel point il sera prêt à accepter ses caprices, en échange de la possibilité d’avoir accès à son entrejambe. Et ça commence toujours de la même façon : avec des remarques rabaissantes et des mots blessants dits sous le couvert de la blague.

MAIS ATTENTION ! Je ne dis pas que toutes les femmes agissent ainsi. Je dis seulement qu’à cause des deux points cités plus haut, celles qui veulent agir ainsi le peuvent. Et j’en ai rencontré un assez grand nombre dans ma vie pour pouvoir affirmer que oui, ces femmes existent.

À partir d’ici, c’est l’homme qui décide s’il accepte ça ou non. Dès les tout premiers signes d’abus, l’homme qui contrôle son propre respect met son pied à terre en disant de manière claire que non, il ne tolère pas ça. Aucune discussion, aucune négociation. C’est à prendre ou à laisser.

Ce qui en revient à dire deux choses :

  1. C’est la femme qui a le contrôle de la sexualité.
  2. C’est l’homme qui a le contrôle de la relation.

Et c’est très bien ainsi. Parce que l’inverse signifierait que l’homme serait abusif sexuellement, et la femme abusive socialement. Ce serait un tel chaos que toute société fonctionnelle serait impossible.

L’erreur d’avoir recours à la logique.
Un homme et une femme se rencontrent, peu importe que ce soit virtuellement ou dans la vraie vie. Il y a un intérêt réciproque entre les deux. Mais bientôt, la femme commence à se moquer de lui. Et certaines de ces moqueries sont blessantes.

L’homme respectueux qui a l’esprit ouvert donnera à la femme le bénéfice du doute. Il tentera d’ouvrir le dialogue afin de comprendre son raisonnement. Il demande à la femme « Pourquoi agis-tu comme ça ? », « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? »

Et c’est là qu’il commet son erreur fatale. Pour lui, c’est normal de vouloir raisonner. Or, on ne peut raisonner qu’avec des gens raisonnables. Et une femme qui va agir ainsi avec lui sera tout sauf raisonnable.

En lui posant ces questions, le message qu’il lui passe, c’est qu’il croit qu’elle puisse avoir une raison valide de lui manquer de respect. Elle comprend aussitôt dans son subconscient qu’il considère que le respect est quelque chose qui se discute et se négocie.

Poser ces questions, c’est demander à la femme de décider elle-même quelle est la valeur qu’elle veut bien accorder à l’homme qu’il est. Et pire encore, c’est lui demander ce qu’il doit faire pour mériter son respect. L’homme donne donc à la femme le plein pouvoir sur leur relation. Et si elle a commencé la relation en lui manquant de respect, elle ne manquera pas d’abuser de ce pouvoir qu’il lui donne. Ça commence par des suggestions peu raisonnables. Suivies par des demandes exagérées. Et ça finit par lui ordonner de se plier à des caprices de plus en plus insensés.

D’instinct, la femme est attirée par le Mâle Alpha. Celui qu’elle ne pourra jamais contrôler. C’est bien connu. Combien de fois a-t-on entendu les hommes se lamenter que les femmes disent vouloir des Nice Guys, mais qu’elles choisissent les Bad Boys ? C’est parce que l’homme qui se soumet aux caprices d’une femme est tout le contraire d’un Alpha-Bad-Boy. Par conséquent, aucune femme ne peut ressentir de respect pour lui. Plus cet homme fera tout pour lui être agréable, et plus profond sera le mépris qu’elle ressentira pour lui.

Où est la logique ? Il n’y en a pas ! Rappelez-vous du point 1. La femme ne fonctionne pas par logique, Elle fonctionne à l’instinct et à l’émotion. Face à une femme qui se comporte ainsi, être compréhensif, conciliant, et faire des compromis n’apportera jamais à l’homme le respect ni l’harmonie.

C’est quand même ironique quand on y pense. Tous ces hommes qui se plaignent que les femmes vont vers les Bad Boys... Et ces mêmes hommes sont les premiers à aller se jeter aux pieds des Bad Bitchs.

Et tout ça commence par un simple petit mot blessant envoyé à la blague. Un mot que l’homme a commis l’erreur de laisser passer.

Dans le billet précédent, je parle de Daisy qui ne peut s’empêcher de me traiter de con lorsque je la fais rigoler.  Pour moi, ce mot est une gifle.  Et je le lui ai dit.  Mais elle insiste comme quoi dans sa tête, dans le contexte où une personne la fait rire, ce mot n’a aucune connotation négative ou irrespectueuse. Voilà pourquoi elle n’a pas l’intention d’arrêter de l’utiliser.

Malgré le fait que nous semblons compatibles en tout point…  Malgré le fait qu’elle est une artiste comme moi, chose que je n’ai retrouvé que chez Karine et Flavie qui furent mes meilleures relations…  Malgré le fait qu’il est évident pour nous deux que nous ressentons de l’attirance envers l’autre… Malgré tout ça, son insistance à d’abord me traiter de con, puis à continuer de le faire en sous-entendus après que je le lui ai interdit, c’est venu à bout de ma patience.  Sans pour autant lui servir un ultimatum, je lui ai fait comprendre que je n’en endurerai pas davantage.  Ou bien elle cesse, ou bien nous n’avons aucun avenir ensemble. 

Rendu à ce point, elle était trop habituée à me traiter de con pour pouvoir accepter d’arrêter de le faire. Elle a choisi de mettre fin à la relation. Chose que j’aurais fait moi-même de toute façon. Mais le fait que ça vienne d’elle démontre clairement qu’à partir du moment où tu laisse une femme te manquer de respect, il n’y a plus moyen de revenir en arrière.

Aut respectus, aut ruptura.
« Ou bien le respect, ou bien la rupture. » Mais pourquoi suis-je aussi radical dans mes relations amoureuses, sexuelles, familiales, sociales et professionnelles ?  La raison est simple. À l’aube de mes 57 ans, j’ai vécu assez longtemps pour constater que la majorité des gens ne changeront jamais. Surtout dans les côtés négatifs de leur personnalité.

Lorsque j’étais enfant, ma mère avait toujours quelque chose à dire pour se moquer de moi. Certaines de ses paroles me hérissaient, au point où j’osais braver ma peur de l’autorité pour lui dire d’arrêter. Ça lui montrait qu’elle avait trouvé une phrase qui me faisait réagir. Ce qui ne faisait que l’encourager à me la répéter. C’est ainsi qu’elle a gardé en tête une liste de sujets blessants, qu’elle me lançait comme ça, à tout bout de champ, parce que ça l’amusait de savoir que ça allait me frustrer.

Ma mère fait partie de cette catégorie de gens qui considèrent que rabaisser les autres est une forme d’humour acceptable. Elle ne voyait donc pas pourquoi elle arrêterait, puisque « C’est rien qu’des blagues ! » 

Cependant, jamais elle n’aurait osé agir ainsi avec un homme. Mais nos positions, elle en tant que mère et moi en tant qu’enfant, faisaient qu’elle n’avait à craindre aucune conséquence sociale ou physique d’abuser de moi. Elle respectait l’homme qui avait dominance sur elle. Mais elle ne pouvait respecter le garçon qu’elle dominait. Alors si je réagissais de manière trop colérique à son goût, elle me mettait en punition. Le message était clair. Je pouvais rendre ma mère joyeuse en acceptant ses abus. Ou bien les refuser et ainsi être privé de son amour, la faire frustrer contre moi, et en subir les conséquences.

Et voilà comment j’ai commencé ma vie adulte. En ayant été conditionné à trouver acceptable et normal de devoir me faire rabaisser par une femme, si je voulais me mériter son attention et son amour. Un pattern que j’ai mis toute la décennie 90 à briser. Or, tu as beau tout faire pour évoluer, il reste que les gens qui t’entourent vont toujours vouloir te garder dans le rôle auquel ils t’ont confiné dans leurs vies.

Durant toute mon existence, que je sois enfant, adolescent ou adulte, à chaque jour que je voyais ma mère, c’était inévitable, il fallait qu’elle me rappelle en riant à quel point telle ou telle phrase me faisait fâcher lorsque j’étais enfant. Plusieurs fois, dans ma vingtaine, ma trentaine et ma quarantaine, je lui ai dit clairement que je ne voulais plus entendre ces phrases. Alors elle faisait comme Daisy : elle utilisait des détours pour pouvoir continuer d’évoquer ces paroles blessantes en sous-entendus. Et à chacune de mes nouvelles copines qu’elle a rencontré, elle prennait plaisir à m’humilier en leur transmettant ces phrases devant moi. Et elle ne manquait pas de les encourager à prendre sa relève, en rajoutant à tout coup : « Parce que moi, j’ai pu l’droit de lui dire. » Déclaration hypocrite, du reste, car non, elle n’a jamais arrêté.

Puisque notre relation a débuté avec elle qui a abusé de moi dès le départ, il lui était impossible de pouvoir changer. Par conséquent, j’ai eu à subir ça non-stop pendant cinquante ans. Soit jusqu’au 3 mai 2022, le jour où je me suis enfin décidé à renier mes parents, à l’âge de 53 ans. Pour une longue série de raisons, certes. Mais celle-ci était tout de même située assez haut sur la liste. Depuis, mon seul regret sera de ne pas l’avoir fait trente ans plus tôt.

Exiger le respect, ce n’est pas une question d’avoir des Mommy issues non-résolus.
Si je parle de ma mère, c’est parce qu’en tant que membre de ma famille immédiate, c’est l’une des personnes que j’ai eu le plus longtemps dans mon entourage. Et ceci me permet de vous démontrer que lorsqu’une femme est butée avec l’idée de te répéter des paroles blessante, tu auras beau être patient, tu auras beau espérer qu’elle finisse par s’en lasser, tu auras beau lui dire d’arrêter, de le lui ordonner, tu perds ton temps. Tu vas juste attendre après quelque chose qui n’arrivera jamais. Le simple fait que j’ai eu à endurer ça, je le répète, PENDANT CINQUANTE ANS, ça le prouve hors de tout doute.

À la lumière de cette réalité, est-ce que je veux m’en aller dans une relation avec une femme qui insiste pour me traiter de con en rigolant ? Est-ce que je veux vraiment recommencer à subir le même comportement qui a empoisonné ma vie jusqu’à mes 53 ans ? Suis-je à ce point désespéré de trouver l’amour, que je suis prêt à accepter de me faire dévaloriser pour le reste de mes jours ?

La réponse est : Non !  Je ne l’accepterai pas.  Je n’ai qu’une seule vie, et je refuse de la vivre de cette manière. 

Face à un comportement comme celui de Daisy, je refuse d’être compréhensif, conciliant, ou de faire des compromis.  Il y a une raison pourquoi ces trois mots commencent par la syllabe CON. Parce que si j’acceptais de le faire, alors là, Daisy aurait raison de me répéter que je le suis.

Le respect dès le départ nous évite les déboires. (2 de 3)

Depuis environ un mois, je correspondais avec Daisy, femme de 50 ans de la rive Nord de Montréal. Et malgré les 800 km qui nous séparent, l’attirance entre nous était palpable. Ce n’était pas que physique. Sans pour autant être tombés en amour, on s’est trouvés des traits de caractères assez semblables pour nous permettre de tisser des liens assez profonds.

Comme j’en ai parlé à plusieurs reprises dans ce blog depuis sa création, il n’y a que deux relations de couples à long terme qui ont vraiment compté pour moi, Karine et Flavie, avec qui j’ai été ami avant, pendant et après notre période couple et colocataires. Et je crois sincèrement que ça vient du fait que, tout comme moi, ce sont des artistes. Et il se trouve que Daisy fut autrefois designer pour une compagnie de jouets. Elle m’a montré de son travail. Ses dessins et sa couleur sont époustouflants. Son art égale le mien, le dépasse même. De là à penser que j’ai enfin trouvé mon match parfait, il n’y a qu’un pas. Un que nous franchirons peut-être, qui sait, lorsque l’on se rencontrera dans deux semaines, alors que j’aurai à faire à Montréal.

Entretemps, à ma grande déception, est arrivé un Red Flag. Et c’en était un que je ne pouvais pas ignorer.

Il y a trois mois, j’ai posté ici un billet qui s’intitule « Hostie qu’t’es con ! » ou: Le Red Flag qui ne trompe jamais. J’y démontre qu’à chaque fois que j’ai eu une personne dans mon entourage qui m’a traité de con de façon joyeuse et en riant, dans 100% des cas, cette personne était condescendante, rabaissante, et avait comme opinion de moi que je lui étais inférieur. Chose qu’elle démontrait en ne m’accordant aucune crédibilité et encore moins de respect. Et à tout coup, sans la moindre exception, ça a évolué en relation qui fut pour moi abusive et toxique. Ayant appris la leçon, je ne tolère plus le manque de respect, surtout si celui-ci se pointe au début de la relation.

Or, en réponse à une de mes blagues, Daisy m’a envoyé un message vocal dans lequel elle disait « Ha! Ha! Ha! Hostie qu’t’es con ! » … Soit exactement le Red Flag en question. Mot pour mot.

Ma déception était terrible. Parce que jusque-là, à part un petit problème de compréhension ou trois datant de nos premiers jours, le courant passait à merveille entre nous deux. J’ai même interrompu la rédaction de mon manuscrit pendant deux jours pour la soutenir moralement alors qu’elle passait à travers une terrible épreuve. Et j’ai su l’aider et la conseiller, en lui faisant prendre conscience de certaines choses qu’elle n’avait jamais pris en compte. Elle m’en était tellement reconnaissante que je me suis dit que logiquement, en retour, elle pourrait bien accepter de ne plus jamais me traiter de con lorsque je la rend joyeuse.

Malgré tout le respect qu’elle disait avoir pour moi, elle ne voulait pas en entendre parler. Toute sa vie, elle a toujours traité de cons les gens qui l’entourent. Et toujours, c’était dans un contexte humoristique. Ce mot était pour elle l’équivalent de drôle, amusant ou comique. Même si ce mot est reconnu et utilisé en tant qu’insulte dans tous les peuples francophones de la planète, il reste qu’elle s’obstine à dire que ce n’est pas son cas à elle. Et que c’est donc à moi de ne pas en prendre ombrage lorsqu’elle me qualifie de con.

Je l’ai donc envoyé lire mon billet de blog, afin qu’elle apprenne les expériences que j’ai vécues avec ceux qui me qualifiaient de con en riant, pour qu’elle comprenne mon point de vue sur le sujet. Apparemment elle a compris, car après lecture elle m’a écrit ceci :

Effectivement, elle a arrêté. Enfin, si on veut.

Durant les douze jours qui ont suivis, à chaque fois que je disais quelque chose pour la faire rire, j’avais droit à ceci :

Cinq commentaires qui peuvent tous se traduire par « Je veux te qualifier de con, mais tu l’interdis. » Donc, même si je lui ai demandé d’arrêter, elle continue de le faire. De façon détournée, mais elle le fait.

La raison de son obstination, c’est qu’elle ne considère pas que le mot con est une insulte. Ce qui signifie qu’à ses yeux, elle n’a aucune raison d’arrêter de me le lancer, donc que je dois accepter de le recevoir. C’est l’équivalent de te permettre de rentrer de force des arachides dans la gorge d’une personne allergique, juste parce que TOI tu ne l’es pas.

Puisqu’elle refuse de respecter ma limite, elle ne me laisse plus le choix.

« Tu sais parfaitement que je ne tolère aucun manque de respect. 

Je ne vois pas pourquoi c’est à ce point-là important pour toi, de me répéter aussi souvent que tu me traiterais de con, si ce n’était pas du fait que je te l’interdis. Mais à chaque fois que tu me fais ça, ça reste l’équivalent de me traiter de con.  Le fait que tu me le dises en sous-entendu, ça ne change rien au fait que tu me le dis quand même

J’ai été très patient. Personne ne peut dire le contraire. Mais là j’ai atteint ma limite. 

Je ne pense pas t’avoir jamais manqué de respect.  Mais peut-être que je me trompe.« 

Sa réponse n’a pas tardé

« Je vais me permette d’être franche. Tu as mis ta limite, oui. Je t’ai expliqué mon point de vue par rapport à ce mot qui pour moi n’est pas un manque de respect, mais plutôt une mauvaise habitude « dans le parler ».  Dans mon entourage, je traite tout le monde de con et ça n’a aucune connotation négative, ni manque de respect, JAMAIS.

Je suis désolé de ne pas avoir respecté ta limite. Par contre pour ma défense, tu as joué à ça ! Toujours à trouver la blague pour me faire répliquer ce mot.« 

Voilà un discours qui est assez similaire à celui d’un homme qui commet du harcèlement sexuel.  Il s’en justifie en disant que c’est l’autre qui l’a provoqué.

« Je suis en période de recherche de simplicité, et notre manque dans notre communication me cause des maux de tête. Je n’ai aucune amertume de ce que nous avons vécu mais cela devient trop lourd pour moi.  Je suis en quête de légèreté et je dois constant surveiller mes mots, mon vocable, comment je dis les choses… ça m’ajoute de la charge mentale.« 

Tu me fucking niaises ? 

Tout ce que je lui demande, c’est de ne pas me traiter de con lorsque je la fais rire. Et elle réagit avec l’équivalent de OMG TU M’OBLIGES À SURVEILLER CHAQUE MOT DE CHACUNE DE NOS CONVERSATIONS AVANT QU’ILS SORTENT DE MA BOUCHE, TU M’IMPOSES TELLEMENT TROP DE PRESSIOOOON!!!  À l’entendre, on pourrait croire que le fait de l’empêcher de me traiter de con fait de moi une personne toxique.

Sur ce, elle termine son message sur ces mots:

« Merci d’avoir été là! Je te souhaite une belle continuité! Malheureusement, comme je n’aime pas ce que je te fais ressentir (et que ça n’a jamais été mon intention), je mets fin à nos discussions.  On s’est parlé de vive voix, tu as pu ressentir que je n’ai jamais eu de mauvaises intentions, mais tu continues de croire que j’en ai, à toujours me ramener ça.« 

Il est plus simple pour elle de foutre notre relation en l’air que de s’abstenir de m’insulter. Et jamais elle ne va se remettre en question. Toujours, elle se qualifiera de bonne personne, sans malice ni intentions malveillantes. Je veux bien croire que c’est l’intention qui compte. Un enfant qui donne du chocolat à un chien ne le fait pas dans le but de le tuer. Il cherche à le rendre heureux. N’empêche qu’après ça, le chien est mort. Est-ce que ça lui donne le droit de continuer de donner du chocolat aux chiens ?  

Est-ce que j’en demande trop ?
Imaginons que j’aurais passé mon enfance à subir des agressions sexuelles d’un homme qui commençait toujours ses assauts en me disant « Bonjour ! »  Et qu’à cause de ça, je ne puisse plus supporter que l’on me dise bonjour.  Je pourrais comprendre que les gens auraient de la difficulté à respecter ma limite, puisque ce mot n’est ni une insulte ni une agression. En fait, ce serait à moi de suivre une thérapie, afin d’accepter d’entendre ce mot sans me sentir attaqué.

Mais ici, on parle du mot CON.  Une insulte !  Je veux bien croire que dans un certain contexte, il peut être utilisé pour remplacer des mots comme drôle, amusant ou comique.  Mais c’est justement ça, mon point : Pourquoi ne peut-elle pas remplacer le mot con par drôle, amusant ou comique ?  Contrairement au mot bonjour, elle a le choix. Il y a plusieurs autres mots qui conviennent beaucoup mieux à ce qu’elle veut me dire lorsque je la fais rire. Mais sur lequel porte-t-elle obstinément son choix ? Sur celui qui peut blesser. Et ce, en toute connaissance de cause. Et elle refuse d’arrêter.

Dans les années 70, 80 et 90, j’ai utilisé à plusieurs reprises le mot-qui-commence-par-N.  Ce n’était pas par racisme.  Ça faisait juste partie de mon vocabulaire.  En fait, pas juste du mien.  Ne dit-on pas d’une personne vaillante qu’elle travaille comme un n**** ?  Combien de fois a-t-on entendu Normand Brathwaite dire n**** à la radio ou à la télé ?  En sa compagnie, lors d’un Bye-Bye de fin d’année, François Pérusse n’a-t-il pas parodié la chanson L’Aigle Noir en N**** Noir ?  Du côté littéraire, le livre Les n***** blancs d’Amérique est considéré comme étant le meilleur document québécois sur les conditions de vie des années 1960.  L’un des romans classiques d’Agatha Christie se nomme Dix petits n*****.  Et que dire de Dany Laferrière, avec son roman devenu film, Comment faire l’amour avec un n**** sans se fatiguer. Et puisque l’on parle de littérature, n**** est le mot utilisé pour parler d’un ghost writer, c’est à dire personne qui rédige anonymement un livre qui sera publié sous le nom d’un autre auteur.

Malgré ça, on me dit que je ne dois plus utiliser ce mot parce que les gens concernés le considèrent comme une insulte.  Est-ce que j’ai revendiqué mon droit de le dire quand même, en me justifiant du fait que ce mot étant un synonyme pour noir, ce n’est techniquement pas une insulte ?  Me suis-je obstiné en disant que moi, personnellement, je n’ai jamais utilisé ce mot pour rabaisser ou blesser qui que ce soit ?  Ben non !  Les individus concernés m’ont dit que pour eux, ce mot était malvenu. Alors j’ai tout simplement cessé de l’utiliser.  Parce que je respecte leurs limites.  Parce que c’est la chose décente à faire.

Alors en quoi serait-ce si difficile de faire pareil pour le mot con, qui EST une insulte ?

Je dois avouer que les derniers mots qu’elle m’a écrit ont fait naitre du remors en moi. Elle déplore que je la juge comme étant une mauvaise personne, ce qu’elle n’est pas. Avais-je vraiment raison ? Est-elle vraiment dans le tort ?

Et puis, j’ai considéré la chose objectivement :

  • Je revendique mon droit au respect.
  • Elle revendique son droit de me manquer de respect.

Alors finalement, est-ce une si mauvaise chose qu’elle ne fasse plus partie de ma vie ?

À CONCLURE

Le respect dès le départ nous évite les déboires. (1 de 3)

Cet article est au sujet de relations naissantes entre un homme et une femme, tous deux hétéros.  Puisque je parle de mon expérience personnelle, cet article sera relaté d’un point de vue masculin. Mais je vous fais confiance, vous saurez adapter la chose à d’autres situations.

Comme vous le savez, depuis quelques temps, je suis de retour sur les apps et sites de rencontres. Et tout récemment, en l’espace de trois jours, j’ai annulé deux rencontres. Ce qui porte à trois le nombre de rendez-vous que j’ai eu à annuler en un mois. Et dans chacun de ces cas, si j’ai laissé tomber, c’était pour une seule et même raison : le manque de respect.

Loser s’écrit avec un seul O, loser !

Que me valait donc cette insulte totalement gratuite ?
Cette femme connaissait l’existence de mon blog depuis quelques semaines. Et parmi les nombreux billets qu’elle y a lu, il y avait mon grand classique Autopsie du Loser. J’ai écrit ce billet en 2010, il y a 15 ans. Son origine remonte au début des années 90, lorsque je me suis mis à réfléchir sur tout ce qui n’allait pas chez moi, en me comparant aux winners, ou du moins aux non-losers. Il s’agit donc d’une longue auto-analyse qui s’est étendue sur une décennie complète. Rendu au 21e siècle, le loser en moi était mort. D’où le « Autopsie » du titre. Et c’est quelque chose que je dis très clairement à la fin du billet.

C’est en référence à ce billet que mon interlocutrice a décidé de me lancer un jugement de valeur. Mais elle l’a fait non pas en se basant sur celui que je suis aujourd’hui, mais plutôt sur celui que j’étais il y a plus de trente ans.

En plus, il a fallu que ce soit moi qui trouve la raison de son insulte.

Qu’est-ce que ce comportement dit au sujet de cette femme ?
Dès le départ, voyons ce choix qu’elle a fait. Des 548 billets que l’on retrouve sur ce blog, celui auquel elle a choisi de faire référence, c’est celui où je décris le loser que j’étais autrefois. Et par autrefois je veux dire au siècle dernier. Littéralement !

Ensuite, si elle avait voulu me complimenter, ça aurait été simple. Il lui aurait suffi de dire « pour un ex-loser. » Ce qui aurait vraiment fait référence au sujet du billet. Mais non ! Comme tant d’autres, il était important pour elle de me manifester son mépris. Et surtout de s’en justifier.

Ce qu’elle me dit: Beau bonhomme.
Ce qu’elle dit vraiment: Tu as une chance de te retrouver dans mon lit. Alors tu feras mieux d’accepter l’insulte qui va suivre.

Ce qu’elle me dit: Pour un Looser.
Ce qu’elle dit vraiment: Ta seule valeur à mes yeux est dans ton physique. Alors si tu ne veux pas perdre ça aussi, sois beau et ta gueule.

Ce qu’elle me dit: C’est une blague.
Ce qu’elle dit vraiment: Ce qui me fait rire, c’est de te rabaisser.

Ce qu’elle me dit: Je ne dirais pas ça si je le pensais.
Ce qu’elle dit vraiment: J’essaye de te gaslighter de manière à toujours pouvoir rester floue sur mes intentions.

Ce qu’elle me dit: Je suis souvent 2e degré.
Ce qu’elle dit vraiment: Je veux que tu acceptes sans broncher mes insultes présentes et futures. Et si jamais tu te sens insulté, alors c’est toi le cave, de ne pas comprendre que c’est du second degré.

Ce qu’elle me dit: Ce mot ne me serait jamais venu (en tête) sinon.
Ce qu’elle dit vraiment: Que c’est de ma faute. Ce qui démontre qu’elle ne veut prendre aucune responsabilité pour ses faits, gestes et paroles. Au même titre qu’un agresseur sexuel qui va blâmer sa victime, en affirmant qu’elle s’habillait trop sexy, ce qui l’a provoqué à l’agresser.

Pourquoi certaines femmes agissent-elle ainsi ?
D’où est-ce que ça vient, au juste, ce réflexe de manifester du mépris envers l’homme à qui elles démontrent ressentir de l’intérêt ? Un power trip ? La curiosité de voir à quel point le gars va accepter de se faire rabaisser et humilier, en échange d’une promesse vide de vagin à sa disposition ? Est-ce pour elles une manière de bien nous faire comprendre que dans le contexte des sites de rencontres, ce sont elles qui ont le beau jeu ? Pour nous, les gars hétéros, les propositions sexuelles sont rares comme l’or. Mais pour elles, c’est commun comme le gravier. Elles savent très bien que si l’homme ne tolère pas leur manque de respect, c’est lui et non pas elle qui aura de la difficulté à se trouver une autre partenaire. Ainsi, dès le départ, elles fixent le tarif. Le prix d’entrée entre ses cuisses, c’est l’humiliation, la soumission morale.

Et ça, c’est un prix que je considererai toujours comme étant trop élevé pour ma bourse.

Ce qui est ironique, c’est que lorsqu’elle a découvert mon blog, elle a dit qu’elle aurait de la difficulté à se sentir à l’aise en ma présence. Parce qu’elle ne pourra pas s’empêcher de se demander si j’analyse ses paroles et son attitude. Et que ça la porterait à vouloir se justifier sur tout. Plutôt étrange alors, qu’elle s’est ensuite comportée comme elle l’a fait.

Voyez avec quelle désinvolture elle accepte mon départ. Je refuse de me plier à ses règles de dominance ? Alors je suis expulsé du jeu. Ce qui en dit long au sujet de la valeur que je pouvais avoir à ses yeux.

On pourrait croire que mon analyse de chacune de ses phrases puisse être biaisée. Peut-être. N’empêche que ce n’est pas mon opinion qui parle. C’est mon expérience. Je pourrais donner des dizaines d’exemples, vécues de mon enfance jusqu’à mes 26 ans. Mais je vais me contenter d’une seule, la pire.

L’importance d’établir ses limites dès le départ.
Au début de la décennie 90, je n’avais rien pour plaire aux filles. Ni du physique ni de la personnalité. Pauvre, maigre, laid, inéduqué, sans diplôme de secondaire V, donc sans avenir… Et une libido à tout casser.

La seule fille qui me donnait de l’attention, c’était pour se moquer, me rabaisser, m’insulter, m’humilier. Mais toujours elle le faisait sur le ton de la blague, avec le sourire, sous des prétentions d’amitié et de complicité. Au niveau du subconscient, le message était clair. Ou bien j’acceptais d’être mal accompagné. Ou bien je finirais ma vie seul.

Ça commence subtilement.
Je fais une petite blague pour détendre l’atmosphère. Elle en rit, en disant « Eh qu’y’est con, c’t’enfant-là ! » … Insulte, et aussi infantilisation. De la part d’une fille plus jeune que moi de 5 ans, rien de moins. Le tout dans la joie et la complicité pour bien m’imprégner de l’idée que ses paroles rabaissantes sont en fait un signe d’appréciation, pour la bonne humeur que je lui procure.

Un jour, je fais une petite erreur sans importance, genre oublier le lait sur la table après déjeuner. Sur un ton sarcastique, j’y ai droit. « Eh qu’y’est con, c’t’enfant-là ! »

Au resto, au buffet chinois. Il y a une petite flaque par terre. J’y glisse et échappe mon assiette, qui se brise en répendant son contenu autour. Elle éclate de rire, en s’exclamant devant tous les clients : « Eh qu’y’est con, c’t’enfant-là ! »

Un jour, je me fais voler mon portefeuille, qui contenait l’argent du loyer. Elle m’engueule en ne manquant pas de commenter : « Eh qu’y’est con, c’t’enfant-là ! »

J’avais beau être désespéré, même moi j’avais mes limites, et elle était en train de les faire atteindre. Et elle a dû le deviner. Voilà pourquoi elle a lâché la pilule sans m’en parler, afin de me coincer dans la relation via paternité imposée. Nul doute que sa pensée envers moi était « Eh qu’y’est con, c’t’enfant-là ! » de voir que j’étais tombé dans un piège aussi grossier.

Et ceci fut une leçon que j’ai apprise à la dure.
Au début d’une relation, les gens seront portés à te tester, histoire de voir jusqu’à quel point ils peuvent te manquer de respect. C’est vrai dans les relations intimes, et c’est tout aussi vrai dans les relations amicales, que dans les relations professionnelles. Voilà pourquoi il est important d’établir dès le départ, et ce de manière claire, les limites de ce que tu vas tolérer ou non. Il ne s’agit pas d’exploser au moindre petit signe qui puisse être interprété comme étant une injure. Réagir ainsi ne réussira qu’à te donner une image de fou furieux susceptible au max. Mais il y a moyen de juste dire « Non ! Désolé, ça c’est un commentaire rabaissant, et ça ne passe pas. »

Généralement, la personne fautive va se rétracter. Parfois en te faisant ses excuses. Mais plus souvent, ce sera en se justifiant comme quoi elle n’avait aucune intention malveillante. Hey, elle va peut-être réagir avec furie, en te traitant de susceptible. Peu importe ! Ne discute pas. À ce point-ci, l’important, c’est que le message soit passé. À partir de là, dans 90% des cas, la personne ne recommencera pas. Et ce, parce que tu as su établir dès le départ que tu n’es pas son chien, et que tu n’as pas à accepter d’être traité comme tel. Et surtout, tu l’as fait avant qu’elle prenne cette habitude avec toi.

À partir de ce moment-là, deux choses peuvent arriver.

  1. La personne cesse de te manquer de respect. Ce qui est positif.
  2. La personne sort de ta vie. Ce qui est positif.

Et si la personne reste dans ta vie, et persiste à te manquer de respect ?
Il arrive parfois que la personne dise quelque chose qui t’offense,. Tu lui explique pourquoi ça t’offense. Elle dit qu’elle comprend, et jure de ne plus le refaire. Mais elle récidive. Ou pire, encore, elle le fait de manière juste assez subtile pour ne pas utiliser les mots qui te heurtent, mais qui te communiquent quand même l’idée offensante. Que faire dans ce temps-là ?

Ce sera le sujet du prochain billet.

À SUIVRE

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité, 5 de 5, la conclusion: Faut-il laisser les Red Flags tout dicter?

Tout le long de cette série de billets, j’ai fait une longue liste de Red Flags qui auraient dû me prévenir de me tenir loin de Mégane. Et ce dès le départ : une mère en couple depuis 20 ans qui me fait une déclaration d’amour parce que le tarot lui a dit que j’étais l’homme de sa vie. Déjà là, ça en dit long sur sa personnalité, et ça n’en dit rien de bon : infidèle, irréfléchie, qui n’a pas les pieds sur terre, adepte de la pensée magique…

Dans ma jeunesse, à l’époque où je tenais mordicus à avoir un comportement parfait et irréprochable, jamais je n’aurais accepté d’être en relation avec elle. Or, il a a une chose importante à considérer ici, et c’est ma situation. C’était une belle femme, un peu plus jeune que moi mais tout de même de ma génération, qui avait l’intelligence et la volonté de retourner aux études pour faire quelque chose de sa vie. Et elle ressentait pour moi un désir physique irrésistible, suivi d’un amour inconditionnel. J’étais itinérant, sans un sou, criblé de dettes, sans autre transport que mon vieux vélo acheté deux ans plus tôt dans un pawn shop. Même à mon meilleur, je ne crois pas que j’aurais pu trouver mieux qu’elle. En fait, ce serait déjà un miracle que je puisse trouver aussi bien. Je n’avais donc pas tellement d’options. C’était elle, ou alors personne pour encore bien longtemps.

Ensuite, malgré tous les Red Flags initiaux et ceux qui se sont succédés par la suite, il reste que son passage dans ma vie a été le plus bénéfique qui soit. Alors que la majorité de mes relations m’ont enlevé beaucoup, elle au contraire en a apporté comme personne. Sur huit points en particulier, elle a su transformer ma vie pour le mieux. ils sont :

POINT 1: Son influence sur mon décor.
Avant de la rencontrer, lorsque j’avais des appartements, je décorais la place avec ma collection d’antiquités. Elle n’a pas pu en visiter puisque j’étais itinérant lorsqu’on s’est rencontrés, mais elle a vu des photos. Elle m’a fait comprendre que oui, si le décor se doit de refléter les goûts de la personne qui y l’habite, il reste qu’il y a une sacrée différence entre mettre ici et là quelques éléments antiques pour décorer, et carrément vivre dans une boutique d’antiquité. Un salon, une cuisine, une salle à manger, une chambre, tout ça doit rester sobre et accueillant pour les visiteurs. Un décor complet qui ne réflete que tes goûts de manière aussi omniprésente et insistante, ça empêche quiconque de s’y sentir à l’aise. À moins que j’aille la chance extraordinaire de ne fréquenter que des gens qui partagent exactement la même passion au même niveau que moi.

Je n’étais pas à 100% convaincu, mais je voyais de la logique dans ses propos. Aussi, j’ai décidé de garder l’esprit ouvert. À sa demande, lorsqu’elle m’a trouvé mon 3½, je l’ai laissé s’occuper de la déco. Au début, ça détonnait sur mes habitudes. Mais j’ai dû reconnaître qu’elle avait raison. Encore aujourd’hui, je vis dans des décors sobres et accueillants, dans lesquels je me sens tout de même chez moi.

POINT 2 : Mon logis.
C’est elle qui m’a trouvé mon appartement, un 3½ à coût ridicule pour le marché actuel. Et bien que j’ai annuellement maille à partir avec le propriétaire au sujet de ses tentatives abusives d’augmentations contre lesquelles je le traine d’ailleurs en Cour (saga suspendue mais néanmoins à suivre) il reste que c’est grâce à cette adresse officielle que je tombe dans la catégorie « travailleur en région éloignée », qui me rapporte autant d’avantages fiscaux. Et il est d’autant plus économique puisque grâce à Mégane, j’ai …

POINT 3 : Mon pseudo-colocataire.
Le frère de Mégane n’avait pas les moyens de se trouver un logis convenable. Et à cause de mon travail, le mien est vacant l’équivalent de 11 mois par année. Il habite donc chez moi et me paie le loyer, que je refile ensuite au propriétaire. Et puisqu’en Gaspésie, je suis logé gratuitement, c’est d’autant plus d’économies pour moi.

POINT 4 : Mon lit.
En couple et en colocation avec Karine, Flavie, Nathalie, je n’avais pas possédé de lit depuis le siècle dernier, littéralement. Et lors de mes moments de célibat, je dormais sur le divan. Et depuis mon itinérance, je n’avais même plus ça. Je dormais sur une chaise longue de plage. Mégane m’a acheté et fait livrer par surprise un matelas. Quelques semaines plus tard, on y ajoutait une base de lit. Ça peut sembler n’être pas grand chose. Mais jamais on ne m’avait fait un tel cadeau. Grâce à elle, mes nuits sont devenues confortables et reposantes.

POINT 5 : Mon laptop.
En 2020, je me suis acheté un laptop Acer pour $800. Moins d’un an plus tard, j’ai commencé à avoir des problèmes physiques avec. Il fonctionne toujours bien, mais sa… euh… « carosserie », disons, se défait, et l’une de ses pentures a brisé alors que je l’ouvrais. En 2023, ayant appris un truc ou deux de son conjoint spécialiste en informatique, Mégane m’a fait acheter un laptop Lenovo pour $850, dont je ne peux que vanter la qualité, et les qualités.

POINT 6 : Ma carrière.
Il est vrai que ce point n’a pas été amené à moi volontairement ni positivement par Mégane. Elle m’a laissé tomber pour son Bertin. Pour amortir ma chute, je suis allé m’inscrire sur Facebook Rencontre. J’y ai été contacté par une préposée qui m’a parlé des nombreux avantages de travailler pour une agence plutôt qu’un hôpital ou un CHSLD. Elle m’a branché sur son agence. Et depuis, je suis enfin prospère. D’accord, si Mégane m’était restée fidèle, rien de celà ne serait arrivé. Mais sans ce négatif qu’elle m’a apporté, je n’en aurais jamais tiré ce positif. Donc, peu importe comment on retourne la chose, il demeure que sans Mégane dans ma vie, ça ne serait jamais arrivé.

POINT 7 : Mon auto.
La seule et unique fois que je m’étais procuré une automobile, c’était en 1997. J’ai été coincé dans une arnaque pas-possible qui m’avait ruiné en me faisant en plus perdre mon emploi et taper une dépression. Il se trouve que Mégane a eu des autos toute sa vie, et est passionnée par les automobiles. Elle savait donc que choisir, à quel prix, et où s’adresser. Grâce à elle, j’ai pu me procurer une auto qui répond à tous mes besoins et qui ne m’a jamais ruiné.

POINT 8 ; Ma purge du passé.
Peu à peu, les changements que Mégane m’a apporté ont transformé ma vie, au point de me rendre compte que je trainais inutilement des bagages de mon passé, et ce au sens propre. Aussi, dans deux containers géants, l’un pour le recyclage, l’autre poour les ordures, je me suis débarrassé de 90% de mes possessions, après avoir accepté le fait que je ne m’en servais plus et que je ne m’en servirai jamais.

Donc, les Red Flags… On les écoute, ou pas ?
Dans la vie, tout n’est pas à 100% noir ni blanc. J’aurais pu cesser de féquenter Mégane n’importe quand. Particulièrement après qu’elle m’ait laissé tomber pour son Bertin. Mais si je l’avais fait, alors je n’aurais jamais vécu les points 6, 7 et 8, grâce auquele je vis maintenant de la manière dont je l’ai toujours voulu. Soit la vie normale d’un homme normal avec un travail normal et un revenu normal.

Dans mon livre Le Sucre Rouge de Duplessis, je cite un extrait de la lettre d’un ministre, disant : « Il faut prendre les gens tels qu’ils le sont, ni totalement bons, ni totalement mauvais. » Car si Mégane m’a fait vivre beaucoup d’expériences négatives, elle a su en revanche m’apporter le positif requis pour faire de ma vie le succès que j’ai toujours poursuivi sans jamais atteindre.

Mais est-ce une raison pour continuer d’accepter de tout subir ?
Non ! Parce qu’il y a une différence flagrante entre avant et maintenant. Avant, j’étais sans emploi, sans le sou, sans domicile fixe, sans véhicule. Quand on n’a rien, on n’a rien à perdre, et tout à gagner. À l’époque, je n’avais aucune option. Je n’avais pas le choix.

Eh bien maintenant j’ai des options, et j’ai le choix. Et je choisis de ne plus jamais accueillir dans ma vie une mystique qui rejette la réalité.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (4 de 5)

Le billet précédent de cette série se terminait sur ceci : Pendant ces deux ans et demi, l’obstination de Mégane à nier la réalité au profit de la pensée magique lui a fait subir une longue série de déboires. Raconter le tout en ordre chronologique serait trop long. On va donc y aller par sujets.

Sa relation avec Bertin.
Dès le départ, Bertin a bien fait comprendre à Mégane qu’il était un Mâle Alpha. Par conséquent, rien ne pouvait se mettre entre lui et l’objet de ses désirs. La preuve : il désire Mégane, donc il ne se laisse arrêter ni par la distance, ni par le fait qu’elle a un conjoint, ni même par le fait qu’il a lui-même femme et enfants. Alors s’il lui dit qu’ils feront vie commune avant que l’année ne se soit écoulée, c’est parce qu’ils vont le faire.

Maintenant que la femme de Bertin connaissait son infidélité et que son divorce était inévitable, Mégane avait d’autant plus de raisons de croire qu’il va suivre leur plan. Il n’en fut rien. En invoquant le bien des enfants, il prétendit vouloir rester à proximité d’eux, en se louant un petit appartement à Québec. Ces mêmes enfants qui, étrangement, n’entraient pas en ligne de compte quelques semaines plus tôt, alors qu’il lui promettait de tout quitter pour elle.

Un jour, elle m’appelle, désemparée. Pour le weekend, elle avait planifié aller le retrouver chez lui, pour qu’ils puissent passer ces deux jours ensemble. Il a refusé. Il lui a expliqué que là, pour la première fois depuis vingt ans, il vivait seul, sans autre responsabilité que lui-même. Ce logis, c’était son univers. Son refuge. Alors si Mégane s’y invite, il se sentirait envahi. Ça le ramènerait dans la même atmosphère que lorsqu’il vivait avec sa femme. Il se sentirait de nouveau coincé. Et ça, c’est quelque chose qui va déranger son processus de réadaptation à la vie autonome.

J’ai répondu à Mégane que ce baratin pue la bullshit à plein nez. De un, quand on aime une femme, alors on n’a aucune raison de se sentir envahi par sa présence. Et de deux, les seules raisons pourquoi un homme ne voudrait pas lui révéler son adresse, c’est ou bien parce qu’il a une relation cachée là-bas, avec qui il planifiait déjà de passer le weekend. Ou bien parce qu’il n’a pas d’adresse pour commencer, ce qui signifie qu’il habite toujours avec sa femme. Il n’y a aucune autre raison logique.

Comme elle le fait toujours, lorsqu’elle est face à une réalité qui ne lui convient pas, Mégane l’a niée. Elle a préféré le croire sur parole.

Puis, les vacances de Bertin sont arrivées. Malheureusement, celles-ci coïncident avec les vacances de sa bientôt-ex-femme. Et puisqu’ils avaient planifiés un an d’avance leurs vacances en famille, et que ce n’est pas remboursable, il se voit obligé de suivre ces plans. Pour le bien des enfants.Et à la grande déception de Mégane, il ne trouve jamais de temps à lui consacrer, ne serait-ce que quelques minutes tandis qu’il est aux toilettes, pour lui texter un petit bonjour. Et à son retour, dans son temps libre, il est tellement fatigué qu’il préfère rester chez lui pour se reposer. Par conséquent, ils ne se voient presque pas.

Je rappelle à Mégane que c’est exactement ce qu’elle m’a fait subir lorsqu’elle a commencé à me tromper avec lui. Donc que ce comportement est trop louche pour être honnête. Elle n’a pas voulu m’écouter.

Un jour, elle lui reproche de prendre ses distances avec elle. Il lui répond que c’est parce qu’il ne sent pas qu’elle se consacre à lui à 100%. Après tout, contrairement à lui, elle habite toujours avec son conjoint. Mégane a donc fait pour Bertin ce qu’elle n’aurait jamais voulu faire avec moi : elle a pris le premier prétexte pour mettre fin à son couple, après deux décennies. Elle s’est trouvé un 4½ dans une nouvelle construction d’appartements de style condo et y a aménagé.

Maintenant que cet obstacle était abattu, Mégane s’attendait à pouvoir enfin vivre sa romance éternelle avec son Bertin. Ce fut le contraire. Il lui a expliqué que puisqu’elle a fait ça pour lui, sans l’avoir consulté, il ressent qu’elle lui met une pression morale pour l’obliger à faire vie commune avec elle avant qu’il se sente prêt pour le faire. Lui faire subir ce genre de pression, c’est ce que sa femme lui avait fait au début de leur relation. Par conséquent, s’il va avec Mégane tout de suite, il ne saura jamais si c’est ce qu’il voulait vraiment, ou si c’est parce qu’il se serait senti obligé. Puisque la situation lui rappelerait trop sa relation avec son ex, il ne se sentirait pas à l’aise là-dedans.

Pour quelqu’un qui se qualifie de Mâle Alpha que rien ne peut empêcher d’atteindre son but, il se laisse arrêter par pas mal d’obstacles ridicules, je trouve. Mais Mégane refuse de regarder les faits. Elle a trop besoin d’être la possession d’un Mâle Alpha, un winner, un vrai, qui serait son âme soeur véritable. Pour son orgueil, reconnaître qu’il n’est rien de tout ça, c’est l’équivalent d’affirmer qu’elle n’a pas ce qu’il faut pour attirer ce genre d’homme, et qu’elle ne mérite pas une telle relation. Alors toujours elle lui trouve des excuses pour justifier ses faits, gestes et paroles.

Leur relation n’était plus qu’occasionnelle et seulement sexuelle. Dans son obstination à le voir comme étant l’homme de sa vie, elle lui a présenté son fils et a organisé une sortie au zoo. Même son fils a remarqué que tout le long de la journée, il était distant, froid, qu’il avait l’air de s’emmerder. Il est vrai que le gars venait de passer deux heures et quart sur la route, à se taper 256 km dans le but de se taper Mégane. L’unique but, devrais-je dire, Par conséquent, il n’en avait rien à cirer de ses responsabilités de mère.

À force de subir déceptions par-dessus déceptions, il y avait des moments où elle le voyait sous son vrai jour. À ce moment-là, elle me le décrivait comme un trou de cul, un profiteur à coeur de pierre, un hypocrite, un sale con qui s’était foutu de sa gueule depuis trop longtemps. Même qu’elle m’a dit à quelques reprises :

« Quand tu reviendras pour ton congé en mai, qu’il n’essaye pas de me voir, il va frapper un mur. Mon temps, je le consacre à mes amis, les vrais. Pas aux trous d’cul qui daignent trouver du temps pour moi seulement quand ça leur adonne d’avoir envie de baiser. »

Le premier vendredi de mai, je débutais mes deux semaines de congé. Je suis parti avant l’aube pour ne pas perdre toute ma journée sur la route, alors que j’aurais 750 km à faire. Et dès mon arrivée, j’arrive chez elle, et on se fait un plan pour la soirée : resto, suivi d’un cinéma, puis on terninera la chose au bar, avant de finir la soirée en relaxant chez elle. Je pars chez moi défaire mes bagages et me préparer. Tandis que je suis dans la douche, elle m’appelle. Après la douche, j’écoute le message. Elle annule notre soirée. Bertin vient de lui texter. Il est dans une ville voisine en ce moment. Et puisqu’il est dans le coin, il veut la voir. Furieux, je la rappelle, mais elle ne répond pas. Mes textos sont également ignorés. Et lorsque je me rends chez elle, sa voiture n’y est plus. Je sais bien que nous ne sommes rien de plus qu’amis. Mais je prend très mal cette trahison. En tout cas, cette fois, je vois très clairement que sa parole ne vaut pas une merde.

Le lendemain, je ne manque pas de lui rappeler ses promesses qu’elle n’a pas tenue. Elle me dit alors quelque chose que j’ai bien dû entendre de sa bouche une douzaine de fois, tout le long où je l’ai fréquentée.

« La dernière fois que j’ai vérifié, on était encore dans un pays libre. J’ai bien le droit de changer d’idée. »

Ironiquement, ce sera quelques jours plus tard qu’elle changera encore d’idée, cette fois au sujet de son Bertin, et cette fois pour de bon. Le jour de la Fête des Mères. La majorité des amis de Mégane, autant hommes que femmes, lui ont souhaité bonne fête des mères. Son frère lui a souhaité bonne fête des mères. Je lui ai souhaité bonne fête des mères. Mème son ex-conjoint, qu’elle avait quitté quelques mois plus tôt, lui a fait livrer une carte de fête des mères avec des roses.

Et de Bertin, qu’a-t-elle reçu ? Rien !

Vers 19h, fort déçue, elle lui écrit pour lui demander pourquoi il ne lui a même pas envoyé un mot pour la fête des mères. Sa réponse :

« Pourquoi est-ce que je l’aurais fait ? T’es pas ma mère ! »

Il a essayé de faire accroire à Mégane que, à l’âge de 48 ans, de toute sa vie, jamais il n’avait vu quelqu’un souhaiter bonne fête des mère à quiconque sinon sa propre mère. Elle avait beau nier la réalité depuis maintenant un an afin de tenter de se convaincre elle-même que Bertin était l’homme parfait, vivre des déceptions en chaîne de sa part avait fini par éroder son obstination. Celle-là était de trop. Elle l’a banni de sa vie pour toujours.

Ses emplois.
Elle n’arrive jamais à en garder un. Mais ce n’est jamais de sa faute. Tout d’abord, comme il fallait s’y attendre avec une femme de 46 ans qui a passé la majorité de sa vie en tant que mère et femme au foyer, en plus d’éviter les exercices puisque ça la fait suer, elle n’a jamais été habitué à faire un travail qui est demandant physiquement comme préposé aux bénéficiaires. Et c’est ainsi qu’elle a commencé à avoir de la douleur constante à une épaule. Il a fallu qu’elle arrête.

Après plusieurs mois sans travailler, et à attendre en vain compensation financière, elle a fini par se trouver un emploi comme technicienne aux loisirs à une succursale des Résidences Soleil. Le salaire est bien plus bas que préposé, mais elle n’a pas le choix. Elle commence avec deux mois de probation, avec promesse d’embauche à la fin de celle-ci si elle fait l’affaire. Dès le départ, je lui donne des conseils pour éviter d’avoir des ennuis pouvant mettre son embauche en péril. Le plus important : Ne jamais mêler sexe et travail.

Deux semaines plus tard, elle devenait l’amante du directeur adjoint. Et puisqu’ils étaient aussi subtils qu’un camion de dix tonnes dans une piscine hors-terre, ça s’est vite su dans la place. Or, dans la plupart des milieux de travail au Québec, il est interdit pour une personne occupant un poste au pouvoir d’avoir des relations avec des subordonés. Le gars a été relocalisé ailleurs, et Mégane renvoyée. Là encore, elle disait que ce n’était pas de sa faute. Je l’avais pourtant prévenue de ne pas mêler sexe et emploi.

Après plusieurs autres mois sans emploi, elle a fini par trouver une autre place en tant que préposée aux bénéficiaires.

Ses finances.
Mégane fait partie de cette catégorie de gens que, si tu lui donnes un million, alors dans un an elle sera endettée de deux millions.

Allez savoir pourquoi, il se trouve que la maison qu’elle habitait avec son conjoint était à leurs deux noms. Puisqu’elle le quittait, il lui a racheté sa part pour $60 000. Ça lui a permis de survivre entre deux emplois. Une personne sans emploi mais qui gère bien ses finances aurait pu vivre de deux à trois ans là-dessus. Elle ? Vraiment pas. Elle a commencé à en mettre la moitié dans un nouveau véhicule. Pour sa défense, son auto précédente nécéssitait de plus en plus de réparations. Cet achat-là, au moins, était nécessaire.

Alors qu’elle est allé magasiner avec le reste, elle a cédé à une impulsion en passant devant un pet shop. Elle s’est acheté un Shih tzu âgé de dix semaines, accessoires et tout, pour $2 000.

Celui-ci.

Elle n’avait jamais eu de chien avant. Elle n’a fait aucune recherche sur Google afin de savoir ce que ça implique. Elle se foutait que son bail disait très clairement que les chiens étaient interdits. Elle l’a juste acheté comme ça, sur un coup de tête, et l’a ramené chez elle. Son premier réflexe fut de le montrer fièrement à tous ses amis via Messenger. À sa grande déception, tout le monde lui a répondu qu’elle n’avait pas réfléchi, et lui parlèrent des aspects négatifs de posséder un chien, surtout un Shih tzu.

Quant à moi, je m’en suis abstenu pour quatre raisons.

  1. Il est trop tard, l’achat est fait.
  2. Je ne lui dirais rien de plus qu’elle n’a pas déjà entendu.
  3. Je la connais assez pour savoir qu’au lieu de m’écouter, elle va rager.
  4. Je connais assez les chiens pour savoir que ça ne prendra pas 24h, que l’expérience la fera venir elle-même à la conclusion qu’elle a été conne d’avoir fait cet achat impulsif.

Comme de fait : Le lendemain matin, elle me facetime en pleurs. Il abime les meubles. Il brise des objets. Il pisse partout. Il chie partout. Elle n’a pas dormi de la nuit, puisqu’il l’a passée à être agité, à aboyer et à hurler. Et si les voisins se plaignent, elle va se faire expulser. Je lui suggère de le mettre en vente sur Marketplace. Elle refuse. Marketplace est relié à Facebook. Si elle y met une annonce, tous ses contacts verront son annonce, incluant tous ceux qui lui ont dit qu’elle avait fait erreurs d’acheter ce chien. Et elle refuse de leur donner raison. Je ne peux pas croire que même dans cette situation invivable, elle laisse encore son sale orgueil avoir la priorité.

Finalement, c’est une ex-collègue de travail qui a résolu le problème le soir-même. Une dame à la retraite avait elle-même perdu son Shih tzu, mort de vieillesse deux mois plus tôt. Elle a l’expérience, l’espace et le temps requis pour bien s’occuper d’un chiot et de l’éduquer convenablement. Le seul problème, c’est que sur sa pension, elle ne peut pas payer $2 000. Elle lui en offrira $500, ce que Mégane n’a d’autre choix que d’accepter. $1 500 évaporés en 24h pour une impulsion irréfléchie.

Pendant une période de quatre ou cinq mois, de deux à cinq jours par semaine, on pouvait trouver des colis d’Amazon devant sa porte. Entre ça et ses autres dépenses stupides sur des inutilités, au bout de cinq mois, il ne lui en restait plus un sou de l’argent de la maison.

Elle se plaignait souvent que, lorsqu’elle était avec son conjoint, celui-ci contrôlait chaque sou, et elle devait lui justifier chaque dépense. Mais à partir du moment où elle a eu le plein contrôle de sa situation financière, ça a été une catastrophe perpétuelle. Ce qui signifie que son conjoint la connaissait bien. Il savait le risque financier qu’elle représentait si on la laissait faire. Ça permet de comprendre pourquoi, après vingt ans de vie commune, il avait toujours une monstrueuse phobie à l’idée de l’épouser.

Dans un billet précédent, je raconte qu’elle m’avait emprunté $800 alors que j’étais sur le chômage. Et bien qu’elle faisait deux fois et demi mon revenu, elle avait mis plus de six mois à m’en rembourser $500. Et toujours, elle me reprochait de le lui réclamer. Je m’étais juré que plus jamais je ne lui en prêterai.

Deux ans plus tard, j’avais un bon emploi bien payé en Gaspésie et ma situation financière avait changée pour le mieux. Mégane venait de commencer un nouvel emploi, mais elle ne recevra sa première paie que dans deux semaines. Or, le loyer est dû pour demain, et il lui manque $700. Je commence par refuser, lui rappelant ce qui était arrivé la dernière fois. Ce qui la met en fureur. Elle coupe la conversation en me maudissant.

… pour le rappeler en pleurs le lendemain, en me jurant sur la tête de son fils qu’elle me remboursera à sa première paie. Très bien alors. J’ai accepté. Pour me faire dire, deux semaines plus tard, qu’elle avait des dépenses bien plus urgentes que ça. Voilà donc ce que vaut pour elle la tête de son fils.

Après quelques mois, j’y renonce.

Euh… Ok !

Donc, si on résume la situation…

  • Quand je refuse de lui prêter de l’argent, je la frustre.
  • Quand je lui réclame l’argent qu’elle me doit, je la frustre.
  • Et quand je lui donne l’argent qu’elle me doit, je la frustre.

J’ai décidé à ce moment-là de mettre fin à notre amitié. Tout le long de notre relation, j’ai fait tout ce que recommandent les avis populaires. J’ai ouvert le dialogue, mais elle refusait de parler. J’ai été ferme dans mes limites, ça l’a juste mise en furie contre moi. Je lui ai expliqué le pourquoi de mes refus, elle m’a accusé de la rabaisser pour me sentir supérieur à elle. Je lui ai dit calmement que je ne me sentais pas respecté dans certaines choses qu’elle me disait, elle m’a banni de sa vie pendant trois semaines parce que je la faisais passer pour la méchante du couple. Pourquoi devrais-je en endurer davantage ? En espérant qu’elle change pour le mieux, je commets la même erreur que Mégane a fait avec son Bertin. Les gens ne changent jamais, surtout dans leurs défauts.

La grande leçon que j’en ai tiré, c’est qu’on ne peut raisonner seulement qu’avec des gens raisonnables. Et une personne raisonnable n’aurait jamais agi ainsi pour commencer. À quoi ça sert de montrer de la fermeté et de l’autorité si l’autre refuse de t’écouter ? C’est une adulte, pas un enfant, et encore moins l’un des miens. Je n’ai donc aucune autorité sur elle. Toute tentative de dialoguer et/ou de prendre le contrôle de la situation ne sert donc absolument à rien. Je m’en souviendrai, quelques mois plus tard, lorsque je fréquenterai Ariane, elle-même parsemée de Red Flags. Cette fois-là, dès qu’elle s’est montrée hostile, déraisonnable et irréaliste, je n’ai pas niaisé, j’ai immédiatement coupé tout contact.

Sa sexualité.
Pendant les quatre derniers mois de sa relation avec avec Bertin, Mégane souffrait de son absence. Elle a donc commencé à aller sur Facebook Rencontre. Elle y trouva l’attention masculine dont elle avait tant besoin. Ce qui la poussa à s’inscrire sur Tinder, Bumble et JALF. Et c’est comme ça qu’elle a commencé à avoir deux ou trois amants réguliers, et plusieurs one-night. Et voici comment elle apaisait sa conscience :

« J’ai besoin d’une présence que Bertin n’est pas capable de me donner pour le moment. Alors plutôt que de frustrer contre lui et mettre la merde dans notre relation, je vais combler mes besoins urgents ailleurs. Comme ça, je préserve l’harmonie entre nous deux. Si je n’aimais pas Bertin, je casserais avec lui et je me mettrais en couple avec un autre. Alors le fait que je reste avec lui, malgré le fait que ça m’oblige à aller me satisfaire avec d’autres gars, c’est une preuve d’amour. »

Je ne sais pas si elle croit vraiment ce qu’elle dit. Mais juste le fait qu’elle le dit, c’est déjà aberrant.

Alors que je suis chez moi lors d’une de mes semaines de congé d’entre deux contrats, elle m’appelle à 01h20 de la nuit. Elle est coincée à Montréal et veut que j’aille la chercher. Ce que je fais. Au retour, elle m’explique qu’elle a passé la soirée avec un touriste Belge. Et après la baise, il l’a juste foutue dehors. Elle me dit alors la chose la plus aberrante qu’il m’a été donné d’entendre sortir de sa bouche.

ELLE: « Avoir su que ça se passerait comme ça, je lui aurais dit de mettre un condom, pour le faire chier un peu. »
MOI: « Qu-QUOI ? Tu t’es même pas protégée ? »
ELLE: « C’est correct ! Il n’avait pas baisé depuis deux ans. S’il avait eu des maladies, ça se serait manifesté. »

Un gars de passage, de l’autre bout du monde, qu’elle n’a jamais vu avant et qu’elle ne verra jamais plus après, membre d’un app de rencontre de baise, lui dit des choses aussi improbables qu’impossibles à vérifier dans le but de la baiser sans condoms… ET ELLE LE CROIT !? Ben oui ! Parce que grâce à sa pensée magique et ses rituels, elle sait que l’univers ne lui envoie que des amants qui sont clean. Par conséquent, jamais elle ne se protégera.

Ses conditions d’habitation.
Alors qu’elle avait annoncé à son conjoint qu’elle le quittait, elle a tenté de me convaincre d’aller habiter avec elle dans un superbe condo qu’elle avait repéré avec son Bertin dans une ville où je n’avais jamais mis les pieds. Puisqu’elle gagnait deux fois et demi mon chômage, et que les dépenses allaient être séparées 50-50, ma part m’aurait coûté la totalité de mon revenu. Et ses règles étaient strictes : Toutes mes possessions devaient être dans ma chambre, qui deviendrait par le fait-même un entrepôt. Ma porte devra toujours être fermée, et verrouillée en mon absence. Absence qui sera requise lorsque son Bertin viendra passer 1-2-3 jours chez elle. Traduction : Je devais sacrifier pour elle la totalité de mon revenu, en étant présent le moins possible, autant physiquement que visuellement. J’ai évidemment refusé. Elle m’a pété une crise, me remerciant de la laisser dans sa merde. Quelques jours plus tard, elle en est revenue. Apparemment, ses copines lui ont fait entendre raison. Enfin, si on veux. Elle ne lui ont pas dit que c’était honteux de tenter de m’exploite de la sorte. Non, elles lui ont dit que le fait d’habiter avec son ex pourrait déplaire à Bertin.

Puis, elle s’est trouvée un appartement neuf de style condo, un 4½ où elle a habité un an. Dès qu’elle eut écoulé le $60 000 de la maison, elle n’arrivait plus à se le payer. Mais elle refusait d’aller vivre dans un 3½, et encore moins dans quelque chose qui n’évoque pas un condo.

Elle a fini par se trouver un collègue qui a accepté d’aménager avec elle. Il lui fallait donc bien plus grand. Ils ont déménagé dans un autre appartement de style condo, cette fois un 5½. Il était libre immédiatement, mais elle n’avait pas l’argent pour sa part. Alors il a payé décembre à lui seul. En janvier, ce fut 50-50. En février, elle perdait son emploi, mais ils ont pu payer 50-50. En mars et avril le gars a dû payer le loyer à lui seul. En mai, avec le nouvel emploi de Mégane, c’est redevenu 50-50. Mais lorsqu’il a compris que jamais elle ne pourra lui rembourser les trois mois qu’elle lui devait sur les six qu’ils ont cohabité, il est juste parti.

Aux dernières nouvelles que j’ai eu de la part de son frère (qui occupe mon logis pendant que je travaille au loin), elle vit enfin à la mesure de ses moyens : Dans un 3½ qui n’est pas de style condo.

Il me révèle également qu’elle a tenté d’emprunter $150 000 à un cousin fortuné. Elle avait besoin de ce capital pour partir en affaires, en créant une compagnie qui allait construire et vendre des mini-maisons. La fille ne connait rien en direction d’entreprise et est incapable de tenir un budget. Mais elle pense faire fortune en construisant en en vendant un produit impossible à placer nulle part, et dont personne ne veut. Le cousin a bien évidemment refusé. Elle a réagi de sa manière habituelle, en banissant de sa vie ce sale con qui, à cause de sa vision étroite, laisse Mégane crever dans sa merde. La routine habituelle, quoi.

Sa santé et son physique.
Je sais bien que c’est un tabou social de parler de l’apparence d’une femme et de sa sexualité de manière négative. N’empêche que son régime à base de pensée magique la fait sans cesse grossir, les ravages que lui apportent son style de vie sont de plus en plus difficiles à maquiller, et franchement ce serait un miracle que ses multiples conquêtes non-protégées n’aient pas encore affecté sa santé.

Alors comme je le disais dans un billet précédent, malgré tout ce qu’elle m’a fait, je n’ai eu nul besoin de faire quoi que ce soit pour ruiner sa vie. Elle était parfaitement capable de le faire elle-même.

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À CONCLURE, avec les leçons que j’en ai tiré.

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (4 de 5)

Pendant les trois premières semaines du mois de janvier 2022, tel que Mégane en avait décidé, nous n’avons eu aucun contact. J’avais beau me jeter dans le travail de rédaction de mon livre, je crevais d’ennui. J’étais là, en plein hiver, dans mon taudis-esque 3½, dans un village isolé au beau milieu de douzaines de kilomètres carrés de champs agricoles enneigés, sans vie sociale, sans véhicule qui aurait pu me permettre de changer le décor et faire d’autres activités ailleurs. Et au chômage, donc sans raison de sortir de toute façon.

Elle, par contre, avait sa maison, son conjoint, son fils, son travail, son salaire, son auto… Alors de nous deux, elle n’était pas la personne qui souffrait le plus de notre séparation.

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( OUVRONS UNE PARENTHÈSE
, Un an plus tôt, en janvier 2021.

Mégane avait pu se libérer pendant quelques heures pour venir me rejoindre clandestinement, afin que l’on puisse fêter un petit bout du jour de l’an ensemble. Alors que l’on terminait nos coupes de champagne, elle m’a dit :

« Ne me quitte jamais pour une autre femme. Sinon je pourrais détruire ta vie. »

Entendre ceci me donne un choc. Toute ma vie, à cause de l’obsession malsaine qu’avaient mes parents de me rendre dépendant d’eux, ils se sont toujours arrangés pour me faire perdre amis, logis, conjointes, appartements, carrières… C’est à cause d’eux que j’ai si souvent été obligé de refaire ma vie en repartant à zéro. C’est à eux que je dois mes 40 jours d’itinérance de l’été de 2020. Sans oublier la mère de mes enfants qui a utilisé ces derniers pour me garder dans la pauvreté pendant presque toute ma vie adulte. Là, mes enfants étaient tous majeurs. Et j’avais renié mes parents. Après toutes ces années, le cauchemar avait pris fin. Et ce soir-là, ça faisait deux mois et demi que j’étais préposé aux bénéficiaires dans une résidence pour retraités, située à quelques pas de chez moi. À 52 ans, j’avais enfin la carrière normale qui procure le revenu normal qui me permettrait de me bâtir la vie normale d’un adulte normal.

… Et voilà qu’elle me menace de prendre la relève de mes parents et de mon ex dans leur oeuvre de destruction de ma vie.

Ça, ce n’était tabarnaquement pas la chose à faire. Parce que si c’est à ça qu’elle veut jouer, je pourrais aisément envoyer à son conjoint les textos où elle s’est offerte à moi comme amante, avant de passer à ceux où elle m’a fait sa déclaration d’amour. Et j’enchainerais avec les sextos, selfies nus et vidéos érotiques qu’elle m’envoie régulièrement. Alors si l’un de nous deux possède la capacité de détruire la vie de l’autre, ce n’est certainement pas elle.

J’aurais pu le lui dire. J’ai préféré me taire. La soirée avait bien commencée. L’année commençait bien. Ce n’était pas le temps de se déclarer une guerre froide de menaces terroristes. Je ne sais pas par quel genre de raisonnement tordu elle a pu s’imaginer que sa phrase était une bonne manière de me dire qu’elle tient à moi. Mais pour le moment, il valait mieux que je tienne compte de ses sentiments, et non des mots par lesquels elle me les a si maladroitement exprimés.

FIN DE LA PARENTHÈSE )
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Retour au présent, un an et trois semaines plus tard, en ce 21 janvier 2022,
Je réfléchis sur nous deux. On a beau dire qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné, lorsque notre choix se résume justement à ça, Il faut parfois faire certains compromis.

Et puis, étais-je vraiment si mal accompagné? Je dois reconnaître que malgré son déni de la réalité et ses croyances mystiques irraisonnées, les 14 mois que nous avons passé ensemble ont été vraiment géniaux. Même en mettant de côté le sexe, nous avions tellement de choses en commun. Jamais on ne s’ennuyait l’un avec l’autre. Jamais ne se demandait-on quoi faire de nos journées. Toujours l’un savait amener des activités qui plaisaient à l’autre. Je suis sûr que ça lui manque autant qu’à moi. Et puis, elle n’est quand même pas idiote. Si je lui dis de seulement cesser les comportements qui se mettent entre nous, elle devrait comprendre et arrêter.

Malgré le fait qu’il nous reste encore huit jours à patienter, je lui écris un courriel dans lequel je lui dis l’essentiel du paragraphe précédent, et je lui envoie. Trente minutes plus tard, elle me remet sur son Facebook et son Mesenger pour me répondre.

Je soupire. J’aurais dû me douter que son orgueil et son déni de la réalité allait empêcher tout dialogue à ce sujet. N’empêche qu’elle a lu mon courriel. Donc, peu importe sa réaction, il reste que mon message est passé. Je suppose que n’ai donc pas besoin d’en discuter davantage. Et que je peux passer à autre chose.

À partir de ce point, tout s’est très bien passé entre nous. Notre relation a pu reprendre comme avant. Et plus jamais elle n’a insisté pour quoi que ce soit. Et plus jamais elle ne m’a accusé de choses irréelles. Quant à moi, lorsqu’elle me faisait des suggestions, j’ai adopté une nouvelle manière de lui répondre. Au lieu de lui dire NON immédiatement en lui donnant les 8 624 raisons pourquoi c’était foireux, je lui disais que c’était une idée à creuser. Quelques jours plus tard, si elle revenait là-dessus, je lui disais que j’avais fait des recherches sur Google. Et je lui montrais ces aspects cachés qui démontraient pourquoi ça ne pouvait pas me convenir. Étant donné que quelques jours s’étaient écoulés depuis sa suggestion, ça diminuait l’impact de mon refus. Et puisque les raisons ne venaient pas de moi, elle ne le prennait pas personnel, ce qui évitait toute tension entre nous.

Notre relation s’est tellement améliorée que quelques mois plus tard, on s’est offert une petite fantaisie : on s’est mariés.

Bon, ce n’était pas un vrai mariage. Ce n’était qu’entre nous deux, donc totalement non-officiel. Mais tout y était : la musique, la robe, les échanges de voeux, le gâteau, et même la bague, que je portais fièrement. Mais surtout, c’était une promesse que l’on se faisait, de le refaire un jour, cette fois pour de vrai, lorsqu’elle pourra enfin quitter son conjoint, qui lui n’a jamais voulu l’épouser. En attendant, elle me reprochait parfois d’oublier de la porter en sa présence. Manque d’habitude. J’allais aussitôt me la remettre au doigt.

Puis, l’été est arrivé. Malheureusement, celui-ci coïncide avec les vacances de son conjoint. Et il en profite pour multiplier les activités familiales. Voyages. Camping. Sorties en famille. Et lorsqu’elle a du temps libre, elle est tellement fatiguée qu’elle préfère rester chez elle se reposer. Par conséquent, on ne se voit presque pas.

Vous vous souvenez de ce $800 qu’elle me devait depuis le début de l’automne précédent? Alors qu’il lui restait encore $300 à me rendre, elle a décidé de les utiliser pour nous payer deux billets pour un événement intitulé Le Bal de la Reine, une soirée sur le thème de la série La Chronique des Bridgerton.

Soirée chic, s’il en est une.

Tandis que l’on se préparait pour la soirée, je mettais les dernières touches à ma tenue. En regardant mes mains, je me rappelles soudain un truc.

MOI: « Oups ! Faut pas que j’oublie mon alliance. »
ELLE: « T’es pas obligé. »

Ces trois petits mots me font l’effet d’une gifle. Je comprends automatiquement que nous ne sommes plus un couple.

Vingt-quatre ans plus tôt, j’ai constaté que lorsqu’une fille te dit « T’es pas obligé de », ça signifie « Je préférerais que tu t’abstiennes de ». C’est une leçon que j’avais apprise à la dure avec Océane, à la fin de la fameuse soirée où elle était venue saoule dans ma résidence étudiante pour s’offrir à moi. Et avec les années, j’ai pu constater que c’était le cas à chaque fois qu’une fille commençait une phrase par ces mots.

Leçon apprise en automne 1996. Dessin de 1999.

Si Mégane préfére que je m’abstienne de porter ce symbole de notre mariage, c’est parce qu’elle ne veut pas que nous soyons mariés. Et soudainement, tout fait du sens. Le fait que l’on ne s’est presque pas vus pendant deux mois. Le fait que nous n’avons pas eu l’opportunité de faire l’amour depuis cinq semaines, alors qu’elle est encore plus obsédée sexuelle que moi. Et puisqu’on se voit si peu, elle devrait être beaucoup plus en manque. Pourtant, jamais elle ne m’embrasse, son regard est beaucoup plus fuyant, et c’est à peine si elle me tient encore la main. Tous les signes sont là : pour Mégane, nous deux, c’était déjà fini depuis quelques temps..

Puisque j’avais payé mon costume et (involontairement) les billets, et que c’était une soirée à laquelle elle tenait beaucoup, j’ai décidé de ne pas la gacher en abordant le sujet tout de suite. J’attendrai à notre prochaine rencontre. Ça me laissa le temps de ramasser d’autres indices flagrants.

« Penses-tu vraiment que je ne m’en suis pas rendu compte que ça fait au moins deux mois que tu n’es plus en amour avec moi? » Voilà ce que je lui ai dit, trois semines plus tard, pour amener le sujet. Elle n’a pas nié qu’effectivement, avec le temps, elle a fini par se rendre compte qu’elle ne resentait plus que de l’amitié pour moi. Et que, bien, voilà, ce sont des choses qui arrivent. Mais elle aimerait beaucoup que nous restions amis platoniques.

MOI: « Bullshit ! Une obsédée du sexe comme toi n’a pas besoin d’être en amour avec un gars pour baiser avec lui. Je le sais, on était amants avant que tu le deviennes. Et au nombre de fois où tu m’as expliqué à quel point ton conjoint est un baiseur minable, tu ne vas certainement pas te satisfaire avec lui. Si tu ne veux plus le faire avec moi, alors que le sexe entre nous était génial, ça peut juste dire une chose : Tu es en amour avec un autre gars, et tu as commencé à sortir avec lui. Je dirais, depuis fin avril, début mai. Je me trompe ? »

Non, je ne me trompais pas. Le malaise que lui causait mon esprit de déduction se voyait très clairement sur son visage. Devant mon insistance, elle a fini par tout me dire.

En avril dernier, un certain Bertin de Québec l’a demandé en ami sur Facebook. Il se trouve que c’était l’un de ses premiers amoureux, lorsqu’ils avaient 14-15 ans. Voilà trente-trois ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Il est marié, père de deux grands ados. Après deux semaines à s’écrire des banalités sur ce qu’ils étaient devenus, voilà qu’il a commencé à la complimenter sur son apparence physique et sur son sex-appeal. À cause de son besoin de se sentir désirée, elle a aussitôt embarqué. Et c’est là qu’il lui a sorti le grand jeu du « Je ne t’ai jamais oublié pendant ces trente-trois dernières années et ça signifie que tu es la femme de ma vie. » Il n’en fallait pas plus pour qu’elle s’en trouve instantanément séduite. Ils ont convenu de se rencontrer dans un resto. Et ils ont passé les cinq heures suivantes dans un motel, à baiser de façon déchainée.

Depuis, ils se sont fait plusieurs promesses. D’abord, de se garder l’exclusivité sexuelle, même de leur partenaires officiels. Ensuite, dès l’automne, ils vont chacun annoncer à leurs conjoints leur désir de divorcer, ou l’équivament. Puis, ils iront vivre ensemble, et ce avant le temps des fêtes.

ELLE: « Je nous ai tirés au tarot, et j’ai fait un rituel avec les runes. Et tous les deux ont confirmé que c’était lui, mon âme soeur. Le seul, l’unique. Et c’est avec lui que je suis destinée à passer le reste de ma vie. »

Ah bon? C’est bizarre! Parce que si je me souviens bien, il y a un an et demi, c’est exactement ce que ce même tarot et ces mêmes runes disaient à mon propre sujet.

Puisque je m’y attendais, le choc n’a pas été si dur. Et puisqu’elle tenait à ce que l’on continue à faire des activités en amis, au moins, je ne perdais pas la seule vie sociale que j’avais. N’empêche que ça faisait chier. Encore heureux que notre mariage n’avait jamais été réel.

Le lendemain, elle m’appelle, moitié en pleurs, moitié furieuse. Elle m’annonce que la femme de Bertin a appris au sujet de leur liaison amoureuse et sexuelle. Et puisque Mégane m’avait tout déballé la veille, ça faisait de moi le suspect no.1. Je lui ai expliqué pourquoi c’était impossible que je puisse faire ça, et je lui ai demandé de venir chez moi, que je puisse lui montrer.

Dès son arrivée, on s’est assis devant mon ordi. Et je lui ai montré que, puisque je ne suis pas ami Facebook avec Bertin, je n’avais pas accès à ses renseignements personnels. Et mieux encore, elle a pu voir que je n’avais pas non plus accès à sa liste d’amis. Dans de telles conditions, je ne pouvais pas apprendre qui était l’épouse de Bertin, et encore moins la contacter. Devant ces preuves, j’ai été lavé de tout soupçon. Elle a pu l’appeler et lui confirmer mon innocence. Ils ont fini par déduire que l’un de leurs comptes a dû se faire pirater, ou quelque chose comme ça.

Elle ne s’est jamais rendu compte qu’au lieu d’aller sur Facebook, je lui ai juste montré des captures d’écran du compte de Bertin que j’avais modifiées sur Photoshop. Juste en cliquant sur l’image, ça amenait à l’image suivante. Je n’avais qu’à cliquer là où se situaient les liens pour créer l’illusion d’être sur le net. Parce qu’évidemment que c’était moi. Je suis un gars très zen, avec une grande capacité à pardonner. Mais il y a deux choses qu’il ne faut jamais toucher : ma source de revenus, et mon couple. Quiconque s’attaque à l’un ou l’autre en subit immédiatement les conséquences.

J’avoue qu’au début, j’ai songé à faire également parvenir ces renseignements au conjoint de Mégane. Et dans son cas, il aurait appris avoir été cocu plutôt deux fois qu’une, et ce depuis presque deux ans. J’aurais très bien pu le faire. Un an et demi plus tôt, Mégane elle-même ne m’avait-elle pas dit « Ne me quitte jamais pour une autre femme. Sinon je pourrais détruire ta vie » ? Je ne ferais qu’appliquer cette règle qu’elle a elle-même amené entre nous. Ce serait de bonne guerre.

Au final, j’ai décidé de l’épargner. Je la savais déjà infidèle. N’empêche que c’est Mégane qui a amorcé notre relation, mais c’est Bertin qui y a mis fin. C’était donc lui qui avait tout gâché. Et il n’était pas question que je le laisse s’en tirer impunément.

Je n’interviendrai plus dans leur relation. Je n’en avais pas besoin. Car à partir de ce point, deux choses pouvaient arriver. Ou bien le divorce de Bertin allait provoquer le chaos dans sa relation avec Mégane, ce qui me convenait parfaitement. Ou bien ça allait assurer que leurs plans d’aller vivre ensemble allait vraiment se concrétiser, et c’est ce qui était prévu de toute façon. Mais dans un cas comme dans l’autre, dans ma tête, une chose était claire. Et c’est qu’entre elle et moi, c’était terminé. Déjà qu’elle était une adepte de la pensée magique qui niait la réalité, si en plus elle ne sait tenir ni sa parole ni ses promesses, alors je n’ai pas de place pour quelqu’un comme ça dans ma vie.

N’empêche que je venais de me faire jeter par ma fiancée. Celle avec qui j’avais passé un an et demi, même si c’était en cachette. Et ça, ça faisait mal. Histoire d’amortir un peu ma chute, j’ai décidé de m’inscrire sur ce nouvel app nommé Facebook Rencontre. J’y ai mis une description courte et amusante. Et parmi les photos, j’en ai mis une de moi en uniforme de préposé, dans les corridors d’un CHSLD.

Celle-ci !

Parallèllement, mon chômage venait de prendre fin. Aussi, j’ai mis mon CV à jour. Je comptais soumettre ma candidature là où il y avait de l’emploi, quitte à déménager de nouveau dans une autre ville. Puisque le taux d’occupation des logements à Saint-Jean-Baptiste est de 100%, mon propriétaire était d’accord pour casser mon bail dès que je lui signalerait mon intention de partir. Ça l’arrangeait car il ne cachait pas son intention de faire passer le loyer de $500 à $850. Et sans Mégane, plus rien ne me retenait dans la région.

Sur Facebook Rencontre, j’ai rapidement été contacté par Anne-Marie, elle-même préposée aux bénéficiaites.

ELLE : J’ai vu ta photo de préposé. Tu travailles où ?
MOI :
 Sans emploi, mais je suis justement en train de refaire mon CV pour commencer à faire application demain.  Il y a tellement de demande dans le milieu que je suis assuré de commencer à travailler dans les 48h.
ELLE :
 Laisse faire ça, ils vont juste te payer $26 de l’heure.  Viens travailler avec moi dans les Maritimes.  Ici, on commence à $35. 
MOI : 
Sérieux?  Pour quel CHSLD?
ELLE :
 Non, je travaille pour une agence de placement qui fournit des préposés là où la demande est une urgence.  On m’envoie partout, Gaspé, Iles-de-la-Madeleine, Rimouski, Campbellton, Terre-Neuve, Baie James…  Plus c’est loin, plus haut est le salaire.  Par exemple, à la Baie-James, on commence à $46.  Mais peu importe où tu vas, ils te donnent en plus une allocation de $60 non-imposable par jour pour te nourrir, et tu es logé gratuitement.  Et ton déplacement est payé aussi, on te donne 45¢ du kilomètre entre chez toi et ton lieu de travail.  Et le plus beau, c’est que c’est toi qui décide de ton horaire.  Tu dis que tu es disponible de telle date à telle date, on te case ces dates-là, et voilà.  Et le taux d’absentéisme chez les employés de CHSLD est tellement grand que l’on va te proposer souvent double quart de travail.  Et au-delà de 40 heures par semaine, toute heure supplémentaire est payée temps et demi.

Voilà une situation qui semble trop belle pour être vraie.  Je ne vois cependant pas de raison pourquoi elle me ferait un tel baratin.  Ça valait le coup d’essayer. Elle m’a donné la page web de son agence.  J’y suis allé.  J’ai fait application.  J’ai eu un retour d’appel.  On m’a confirmé que tout était vrai.  J’ai donc fourni les documents prouvant ma formation et mon expérience.  Et voilà que l’on m’annonce que l’on m’offre un premier contrat d’un mois à Carleton-sur-Mer.

Petit problème : Pour avoir le travail, j’ai besoin d’une auto.  Et pour acheter une auto, il me faut un travail.  Les concessionnaires en ayant vu d’autres, ils ont communiqué avec mon futur employeur, afin de s’assurer que oui, j’allais bientôt avoir un revenu stable.  Et puisque j’ai toujours géré mes finances de manière intelligente, j’ai un excellent dossier de crédit.  Je me suis donc procuré un véhicule usagé pour $22 000.

Et c’est comme ça que tous mes problèmes se sont instantanément réglés.

Ce qui signifie que si Bertin n’était pas venu me casser mon couple, Mégane ne m’aurait jamais laissé tomber. Je ne me serais jamais inscrit sur Facebook Rencontre. Je n’aurais pas attiré l’attention d’Anne-Marie, qui ne m’aurait donc pas branché sur son agence. Je n’aurais jamais rencontré mon éditeur, et peut-être que mon livre ne serait toujours pas publié. Il aurait fallu que je déménage pour trouver du travail ailleurs, perdant ainsi mon si économique 3½. Et aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, au moment où j’écris ces lignes, je n’aurais pas de véhicule, ni ce si génial emploi, ni cet excellent salaire, ni n’aurais-je atteint cette prospérité que j’avais passé toute ma vie à poursuivre en vain.

Autrement dit, si ma vie a pris un virage aussi positif, je le dois à Bertin. À la lueur de tout ceci, je regrette maintenant lui avoir fait subir ma vengeance.

Surtout que pendant ces deux ans et demi, l’obstination de Mégane à nier la réalité au profit de la pensée magique lui a fait subir une longue série de déboires. Comme quoi je n’avais même pas besoin de détruire sa vie. Elle était parfaitement capable de le faire elle-même.

À SUIVRE

Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (1 de 5)

Chacun de nous avons au moins un problème insolvable qui revient périodiquement casser les couilles de notre existence. Dans mon cas personnel, c’est le fait que je semble attirer majoritairement des… Hum… Comment dirais-je?

Avec des amies comme ça…

Depuis le temps, j’ai fini par trouver la solution à ce problème : Choisir plutôt que me laisser choisir. Karine et Flavie, de qui j’ai parlé à de multiples reprises dans ce blog, sont de bons exemples de cette pratique. Dans les deux cas, c’est moi qui leur ai montré de l’intérêt en premier. Dans les deux cas, ce qui nous a séparé, c’était nos évolutions personnelles qui prennaient des chemins différents. Et dans les deux cas, nous sommes restés bons amis.

Mais là, je vais vous parler de la dernière à m’avoir approché d’elle-même, en l’ayant fait non pas sur le net mais en personne. Je vous en ai déjà parlé un peu ici et là dans quelques billets ces trois dernières années, mais seulement de manière anecdotique et en tordant un peu la vérité pour éviter que l’on pose trop de questions. Cette fois, on y va à fond.

Tout d’abord, mise en contexte.  Il y a cinq ans, j’ai suivi une formation afin de devenir préposé aux bénéficiaires.  À ma grande surprise, bien qu’étant âgé de 51 ans, j’étais le second plus jeune homme de ma classe.  Et aussi le plus beau, mes 40 jours d’itinérance ayant fait de moi un athlète.  À ma connaissance, au moins cinq femmes de cette classe se sont intéressées sérieusement à moi. Mais la majorité avaient une personnalité et/ou un physique que je ne trouvais pas attrayant.  Et puis, j’ai toujours évité comme la peste les relations au travail.  Car si ça tourne au vinaigre, il n’y a rien de pire que de d’être obligé de côtoyer son ex cinq jours par semaine.

Cependant, j’ai dû faire exception pour Mégane.  Non seulement était-elle la plus directe et la plus insistante, son langage corporel et ses réactions physiques face à moi démontraient une attirance profonde et un instinct de désir quasi-animal qui allait bien au-delà du simple caprice. En plus d’avoir cinq ans de moins que moi, et de tout de même bien paraître pour ses 46 ans, ce qui ne gâchait rien. 

Simple représentation par I.A, pour donner une idée.

Mégane était un cas classique que l’on retrouve assez souvent. En couple avec le même homme depuis vingt ans, mère depuis dix ans. Elle le décrivait comme un gars sans passion, sans drive, sans grands buts dans la vie. Ça faisait une éternité et demie que la passion et la complicité entre eux était disparue. Même que côté sexe, le gars était le poster-boy du classique et routinier entre-vient-retire-s’endort qui néglige sa partenaire.

Le gars gagnait bien sa vie, avec un revenu équivalent à quatre fois le salaire minimum. Et son père était un riche homme d’affaire qui lui lèguera un jour quelques millions. Pour reprendre ses mots à elle, il est né avec une cuiller en argent dans la bouche et une fourchette en or dans l’cul. Et à cause de ça, depuis son plus jeune âge, il avait entendu son père lui répéter que la fortune familiale faisait de lui une proie de choix pour toutes les profiteuses qui n’en voudraient qu’à son argent. Voilà pourquoi ça a pris dix ans de vie commune avec Mégane avant qu’elle réussisse à le convaincre de fonder une famille.

Et lors de leur vingtième anniversaire de couple, elle lui a sorti le grand jeu. Hôtel de luxe en montagne. Spa. Repas 47 étoiles. Champagne. Chambre nuptiale. Les pétales de roses et les chandelles. La panoplie complète. Et au moment de passer au lit, elle lui sort les alliances et la Grande Demande sur un genou.

… Demande à laquelle il a réagi en lui faisant une crise de panique. Et bien que la soirée se termina au lit, elle le fut avec lui qui sanglottait en demandant à Mégane de comprendre qu’il ne se sent pas prêt pour un tel changement dans leur vie. D’ailleurs, n’a-t-elle pas déjà la vie d’une femme mariée et mère de famille ? Ne manque-t-elle déjà de rien ? Qu’est-ce qu’elle veut de plus ?

C’est là que Mégane a compris que jamais leur relation ne sera officielle, ni entre eux, ni pour la famille, et surtout pas devant la Loi. Ce revers, elle l’a pris comme la pire des claques sur la gueule. Malgré vingt ans à être la femme parfaite et dix à être une mère exemplaire, il n’avait jamais cessé de se méfier d’elle. Les sentiments qu’elle nourissait envers lui avaient beau être sincères, il vient un temps où le manque de réponse positive de son partenaire finit par les éroder. Si vingt ans ensemble n’ont pas suffi pour qu’il lui accorde sa confiance, on ne peut la blâmer si cette distance qu’il persiste à garder entre eux a fini par en venir à bout.

Et voilà comment Mégane s’est retrouvée dans la situation classique de ces femmes que l’on entend souvent dire « Je ne ressens plus rien pour lui, mais je suis obligé de rester pour les enfants et parce que je n’ai pas l’argent pour partir. »

Lorsque la réalité devient trop difficile à vivre, beaucoup de gens ont le réflêxe de la fuir. Voilà comment Mégane a commencé à se tourner vers le mysticisme. Le tarot. Les cartes. Les runes. Les divinités paiennes. Les cristaux. La pensée magique. Tout comme la religion et l’horoscope le font pour certaines personnes, ces pratiques lui apportaient l’espoir que les choses allaient éventuellement s’améliorer pour elle. Ça l’a même guidé vers le chemin de son émancipation en lui montrant la voie à suivre : Débuter une nouvelle carrière. Et puisque nous étions au printemps de 2020, lors du début de la pandémie, et que le Gouvernement a annoncé leur programme gratuit et accéléré pour former 10 000 préposés aux bénéficiaires, elle y a vu un signe du destin.

Lorsqu’elle m’a vu en classe, tout de suite elle y a vu un autre signe. Signe qu’elle a vérifié avec le tarot. Et ce dernier lui a non seulement confirmé que oui, j’étais l’homme que le destin avait mis sur son chemin. Mais il lui annonça aussi un événement prochain qui saura lui démontrer hors de tout doute que dans le cas de son conjoint, c’était définitivement devenu l’inverse. Cet événement arriva vingt-quatre heures plus tard.

Les cartes de Monopoly, ça vaut bien celles du Tarot. Just sayin’.

S’étant abimé la cheville droite, elle ne pouvait plus conduire. Et bien que son conjoint était lui-même en congé forcé à cause de la pandémie, il rechignait à aller la porter à l’école, et encore plus à devoir s’arracher de ses jeux en ligne pour retourner la chercher. Et il lui jetait de nombreux blâmes, comme si cette situation était de sa faute à elle.

Il faut dire que jusque-là, elle avait passé la majorité de leur relation à être femme au foyer. C’était surtout lui qui voulait ça. Je suppose qu’il tenait à la rendre dépendante de lui et s’assurer qu’elle ne la quitte pas. Ce qui expliquerait pourquoi il voyait sa formation d’un mauvais oeil, et ne voulait pas l’aider. Ce qui obligea Mégane à faire un choix : Ou bien elle se paie elle-même le transport, ou bien elle devra renoncer à ses études.

S’il restait à Mégane le moindre doute comme quoi elle n’avait plus rien à faire avec lui, ce comportement les lui a définitivement enlevés.

Quant à moi, je n’avais pas remarqué Mégane plus qu’il le faut. Je croyais qu’elle était mariée car je la savais mère et en couple. Et il y avait deux autres étudiants qui ne la quittaient pas d’une semelle pour l’aider à se déplacer. Enfin, le hasard voulut que pour les travaux d’équipe, nous n’avions jamais été mis ensemble. Ce n’est qu’après la fin de nos deux premier mois de formation, à la veille de notre troisième et dernier qui serait un stage en milieu hospitalier, que son problème de pied se régla. Et qu’elle vint me faire connaître son intérêt pour moi.

Vingt-trois ans plus tôt, lors de mon retour aux études au cégep, j’avais vécu une situation similaire. Ma camarade de classe Océane était une belle jeune femme qui s’intéressait à moi, mais qui était en couple. À l’époque, j’étais un Nice Guy qui tenait mordicus à avoir un comportement parfait et irréprochable. À cause de ça, je me suis montré plus vertueux qu’elle, en la mettant à la porte, en lui précisant bien que si elle n’avait été ni saoule ni en couple, les choses se seraient passées autrement. Par ce geste je croyais avoir sauvé notre amitié d’une possible catastrophe. Je l’ai plutôt gâchée pour de bon. En plus d’avoir détruit ce qui avait le potentiel de devenir l’une des plus belle relation de couple de ma vie jusque-là, avec l’une des plus compatibles filles que la vie avait mis sur mon chemin. Ayant appris ma leçon à la dure, je ne comptais pas refaire cette erreur. D’où mon changement d’attitude face à cette situation. Car comme on dit par chez nous, faut quand même pas être plus catholique que le Pape.

Savoir être un (saint) esprit ouvert.

Dès le départ, Mégane a été très claire avec moi. Je ne suis que son amant, rien de plus. Même si elle ne ressent plus que du mépris pour son conjoint, pour le bien de son fils de dix ans, pas question pour elle de briser ménage. Si nous sommes vraiment les âmes soeurs destinées à passer le reste de notre vie ensemble, telles que les runes et le tarot nous décrivent, on saura bien attendre la majorité de son fils pour qu’elle puisse se séparer d’avec son père. Ça me va !

Bon, en vérité, ça ne me convenait pas vraiment. Quel homme accepterait l’idée d’être cocu volontaire en partageant sa copine avec un autre homme, même si ce dernier est son conjoint des vingt dernières années ? Il est vrai que techniquement, c’était lui qu’elle allait cocufier avec moi. N’empêche que comme situation, ce n’était pas l’idéal. Cependant, l’une des leçon que j’ai apprise avec le temps, c’est qu’il y a des choses qu’il ne faut pas nécéssairement planifier d’avance en se basant sur la situation actuelle. Tout évolue, tout change. Et surtout, la réalité n’a que faire de la rectitude morale. Mon ami André a lui-même été l’amant d’une femme mariée il y a vingt-cinq ans. Elle a divorcé. Ils se sont mariés. Aujourd’hui, ils sont toujours ensemble, heureux en couple et fiers parents de deux grands adolescents. Beaucoup de choses qui débutent dans le vice évoluent vers la vertu. C’est comme ça !

Dès nos premiers instants intimes, ce fut volcaniquement explosif. Rarement ai-je eu une si grande compatibilité sexuelle avec une partenaire, et ce dès la toute première fois.  Malgré ma libido qui avait diminué à cause que ma production de testo avait commencé à baisser, elle a su me la remonter comme dans ma jeunesse. Chacun de nous était convaincu avoir trouvé son match parfait. Elle commençait déjà des plans d’avenir pour nous deux, et parlait même de mariage.

Une chose causait de la friction entre nous : nos situations financières opposées. J’avais passé quarante jours de cet été-là en tant qu’itinérant. Et dès que j’ai appris à quel endroit nous allions faire le stage de notre troisième mois de formation, je suis allé prendre la meilleure option de logis qui s’offrait à moi, c’est à dire habiter une chambre dans une maison privée assez près de mon travail pour me permettre de faire le trajet à pied, même dans les grands froids d’hiver. C’était plus cher que le loyer de ce 3½ que j’occupe aujourd’hui cinq ans plus tard, au moment où j’écris ces lignes. Mais puisqu’il n’y avait rien de plus près, et que je n’avais pas de véhicule, je n’avais pas le choix.

Mégane ne voyait pas la chose du même oeil. Elle avait passé la majorité de sa vie adulte à être une femme au foyer, donc à se faire vivre par son conjoint dans une environnement confortable où elle n’a jamais manqué de rien. Elle ne connaissait donc rien aux réalités économiques. Elle me disait que, maintenant que nous allions gagner le double du salaire minimum, je n’avais qu’à me payer un condo et une auto.

MOI: « Je vais d’abord payer mes dettes. Je n’y arriverai pas si mon argent part à mesure dans mes paiements de condos et d’auto. »
ELLE: « Mais qu’est-ce que tu t’imagines? Tout le monde a des dettes, mon pauvre Stéphane. Quand on est adulte, c’est normal d’être endetté. »
MOI: « Oui, mais les dettes dont tu parles sont contractées pour l’achat d’une maison, d’une auto. En échange de ces dettes, les gens ont des possessions. Moi, je n’ai rien ! Mes dettes, je me les suis fait en perdant mon travail avec la pandémie, à déménager de Sherbrooke à Saint-Hilaire, en devant vivre sans revenus. Et ensuite, pour survivre à mon itinérance. »
ELLE: « Tu n’as qu’à emprunter à la banque. T’as jamais entendu parler des prêts auto et des hypothèques? »
MOI: « Je répète : Je n’ai rien ! Les banques ne prêtent pas d’argent à ceux qui n’ont rien. Et encore moins ceux qui ont plusieurs milliers de dollars de dettes. Ils ont besoin d’une garantie comme quoi je serai en mesure de rembourser. »
ELLE: « T’as une job pis un bon salaire. C’est une garantie, ça. »
MOI: « Une garantie? On commence à peine notre stage d’un mois. On n’est même pas encore salariés, on vit sur nos bourses. Et on a eu juste une formation accélérée de deux mois. Je ne sais même pas encore si j’ai ce qu’il faut pour être embauché à la fin du stage. Mes dettes actuelles peuvent attendre. Mais un prêt auto et une hypothèque, ce sont des dépenses que l’on s’engage par contrat légal à payer à tous les mois. Après le stage, si je ne fais pas l’affaire, on me mettra à la porte et je ne pourrai plus payer. La seule façon de casser ces contrats sera de déclarer faillite. Entretemps, j’aurai multiplié ma dette par dix. Dette que je devrai tout de même rembourser. »

Et c’est là que, pour la première fois, elle me démontre avoir tendance à rejeter la réalité.

ELLE: « Bon ! Ok ! Si tu veux passer ta vie dans une chambre trop chère où t’as pas le droit de recevoir de la visite, c’est ton choix. »
MOI: « HEY! Ça ne me prendra pas toute ma vie pour rembourser mes dettes. Mais si je fais ce que tu dis, même si je garde mon emploi, alors là, oui, assurément, je ne me sortirai jamais de la misère. Laisse-moi le temps de solidifier ma position dans mon travail en prenant de l’expérience. Puis de clairer mes dettes. Après ça, je pourrai épargner. Et un jour, dès que j’aurai en banque la moitié de la valeur d’une maison, la banque m’en prêtera l’autre moitié sans soucis. Parce qu’entretemps, en remboursant mes dettes et en ayant accumulé de l’argent, je leur aurai prouvé que je ne suis pas un risque pour eux. Fais-moi confiance, je sais ce que je fais. Rien ne presse. On a huit ans devant nous. »

Céder à la gratification instantanée, il n’y a pas de meilleure formule pour s’assurer de rester dans la misère toute sa vie. Je le sais ! Je l’ai vécu en étant dépendant de parents qui vivaient au-dessus de leurs moyens. Je l’ai vécu de nouveau avec des conjointes dépensières compulsives. Et surtout, je l’ai vécu quand la mère de mes enfants et ma belle-mère ont tout perdu au Casino, tout en refusant d’ajuster leurs manières de vivre. C’est une erreur que je ne ferai jamais. Je veux bien céder à certains caprices des autres, si ces décisions n’ont pas le potentiel de me causer des ennuis. Mais lorsque je sais que j’ai raison et que d’écouter les autres va me causer des problèmes, personne ne peut me faire céder. Si Mégane n’est pas en mesure de comprendre ça, alors qu’elle reste avec son conjoint riche.

Apparemment, l’idée de me perdre lui était plus insupportable que celle de sortir avec un gars temporairement pauvre. Devant ma détermination, elle a cessé de me mettre de la pression à ce sujet.

Pour l’année et demie qui allait suivre, nous allions vivre notre relation en cachette. Malheureusement, à cause de nos horaires et de sa vie de conjointe et mère, nous n’avions que peu d’opportunités de se voir. On l’avait mis sur l’horaire de nuit, et moi de jour. Aussi, deux ou trois jours par semaine, pendant sa pause d’une heure, je me levais au milieu de la nuit pour aller la rejoindre dans le parking du CHSLD. Et là, dans son auto, on laissait libre cours à notre passion. Je retournais ensuite dormir avant de me relever pour aller travailler.

Tel que déjà abordé dans un billet de 2021 intitulé Préposé aux Maléficiaires, au bout de trois mois, des seize étudiants de ma classe qui furent embauchés, j’ai été le huitième à être congédié de manière abusive. Je me suis félicité d’être resté sur mes positions au sujet de l’auto et du condo.

Mon congédiement ne changeait rien au fait que le milieu de la santé manque cruellement de travailleurs. Aussi, me suis-je rapidement trouvé une place dans une maison de retraite au privé, dans la ville de Saint-Jean-Baptiste. Et c’est Mégane qui m’y a trouvé le petit logis pas cher que je loue toujours aujourd’hui. Mais cinq mois plus tard, à la fin de mai 2021, pour des raisons obscures, ma patronne perdait sa licence et a été obligée de fermer. J’étais de nouveau sans emploi. Mais cette fois avec un bail qui ne prendrait fin que dans quatorze mois. Et ceci m’empêchait de déménager vers là où il y a de l’emploi dans mon domaine.

C’est là qu’il m’est venue une idée. Et si je prennais des vacances d’étudiant ? Deux ou trois mois de vacances d’été. Non seulement n’avais-je plus de dette, j’avais réussi à me mettre un peu d’argent de côté. Avec ça et mon bon crédit, je pourrais me le permettre. Et puis… Pendant les neuf dernières années, je n’ai pas arrêté. J’ai commencé par être gars de ménage dans un garage de bus. J’ai enchainé en tant que concierge dans un édifice d’une vingtaine d’étages. Puis comme chef-concierge dans une tour à condos de luxe de 33 étages. Puis surintendant dans une usine de portes et fenêtres. Technicien aux données pour la BAnQ. Technicien en sécurité et accès aux données pour BMO. Enfin, étudiant puis préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD, puis pour une résidence. J’ai eu à déménager dans plusieurs quartiers de Montréal, puis à Sherbrooke, Mont-Saint-Hilaire, Beloeil, Saint-Jean-Baptiste… Sans compter tous les problèmes que mes parents m’ont causés en venant se mêler de ma vie privée et professionnelle, qui furent en partie responsables de certaines de mes obligations de déménager, de changer d’emploi, de conjointes, et même de mon itinérance de l’été 2020. À mes yeux, je méritais bien un repos.

Et surtout, être libre de tout horaire de travail m’a permis de voir Mégane bien plus souvent. Elle avait ajusté son horaire comme suit :

  • La nuit, elle travaille.
  • Au matin, elle dort pendant quatre heures.
  • Elle vient me voir de jour, tandis que son conjoint est au travail et son fils à l’école. Ou au camp de jour pendant l’été.
  • Elle repart chez elle pour leur retour.
  • Elle dort quatre autres heures en soirée.
  • Puis elle repart travailler.

Ma situation de vacancier allait vraiment améliorer notre relation. On se voyait de deux à cinq fois par semaine. Elle venait chez moi. On faisait l’amour jusqu’à épuisement. Puis, on partait explorer les villes avoisinantes, faire du shopping, aller en ballade à pied, s’arrêter à des restos, partir en road trip. Pas trop loin puisque son temps était compté, mais assez pour ne pas craindre d’être vus par des gens qui la connaissent. Le bonheur presque parfait. Et pendant les weekends qu’elle était bien obligée de consacrer à sa famille, je travaillais sur mes projets de BD et d’écriture. Entre autres, un projet d’album de Lucky Luke, sur un scénario que j’avais en tête depuis plusieurs années.

Faut reconnaître que c’est bien imité, quand même.

Au bout de trois mois, j’étais de nouveau légèrement endetté. Il était donc temps de redevenir travailleur salarié. Je n’avais pas de regrets. Je m’étais offert de longues vacances reposantes pour le corps et l’esprit, sans le moindre soucis, dans un très bel été, et j’avais passé celui-ci en compagnie de la femme que j’aime et qui m’adore. Je ne demandais rien d’autre de la vie.

Dans un village agricole comme Saint-Jean-Baptiste, les opportunités de travail sont peu nombreuses, surtout à la fin de la saison des récoltes. Ma meilleure option était de joindre l’abattoir de dindes pas loin de chez moi, à travailler sur une chaîne de production.  Et ceci me pose deux problèmes. 

Premier problème : Un calcul rapide me démontre qu’une fois les déductions salariales retirées, travailler à l’abattoir me rapportera bien en dessous du salaire d’un préposé aux bénéficiaire. Ce n’est pas avec ce revenu que je pourrai me payer un véhicule qui me permettra d’aller chercher un meilleur travail ailleurs.  Je me vois donc condamné à passer le reste de ma vie pauvre.  Pauvre et seul.  Car, second problème, l’abattoir n’a qu’un seul quart de travail, et c’est de jour, du lundi au vendredi. C’est-à-dire les seuls moments où Mégane et moi pouvons nous voir.

À tout hasard, puisque j’ai un projet de livre en chantier, je fais une demande de bourse auprès du Conseil des Arts et Lettres du Québec. Mais celle-ci est rejetée.

Sans autre choix, je postule à l’abattoir. Je suis aussitôt embauché. Malheureusement, les bottes qu’ils fournissent pour le travail me sont inconfortables, même avec mes orthèses. La douleur me force à arrêter au bout de quatre heures. Je recevrai tout de même une paie d’un jour complet de travail, étrangement.

Sans trop y croire, mais ne voyant pas d’autres options, je dépose une demande au chômage. À ma grande surprise, non seulement celle-ci fut acceptée, j’ai droit à cinquante semaines, à $2 200 par mois. Avec un loyer de $500 pour un 3½ un peu délabré mais propre, et mon train de vie modeste, ça m’est plus que suffisant pour vivre. Et ça va me permettre de consacrer tout mon temps libre à terminer mon projet de livre Le Sucre Rouge de Duplessis sur lequel je travaille depuis déjà deux ans. Et qui sait, peut-être que dans cette année-là, d’autres opportunités se présenteront, ou bien je verrai d’autres options que je n’ai pas maintenant. L’avenir s’annonce donc plutôt bien.

Bien que je devais notre relation aux croyances mystiques de Mégane, celles-ci n’avaient pas vraiment eu l’occasion de s’infiltter dans notre couple. Ça allait changer. Et pas de manière positive.

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À CONCLURE.