La bêtise humaine, ça déménage!

Aux dires de plusieurs, ici au Québec, notre sport national n’est pas le hockey mais bien le déménagement annuel. Pendant longtemps, la coutume sociale voulait que les visites de logements se fassent durant tout le mois d’avril (d’où la tradition du ménage du printemps au mois de mars), et que le déménagement se fasse le premier mai. 

Ceci causait un réel problème aux commissions scolaires qui voyaient une partie des enfants changer d’école à un mois et demi de la fin des classes, se voyant pris à passer des examens sur des sujets qu’ils n’avaient pas nécessairement étudiés.  Voilà pourquoi le gouvernement s’en est mêlé, et a proposé le premier juillet, jour d’été, de congé et férié, comme date officielle pour déménager.

Évidemment, il y en a toujours pour briser la tradition. Comme moi, en ce moment. J’ai eu la chance de trouver un superbe condo abordable construit il y a cinq ans, et j’y aménage demain, le 30 décembre. Avec du travail, de la détermination, et surtout en coupant les ponts avec les gens toxiques qui m’entouraient, ça m’aura pris trois ans pour passer de l’itinérance à la propriété. Et c’est ce qui nous amène au sujet de ce billet. 

Comme nous le savons tous, la bêtise humaine est une ressource infinie. L’expérience m’a montré que c’est surtout lors d’un déménagement que celle-ci se manifeste. On la retrouve parfois parmi les gens qui nous aident à déménager. Par exemple, il semble y avoir une vague de papyrophobie (peur du papier) chez les déménageurs amateurs, parce que….

Mais bon, je suppose que certaines personnes rechignent à la tâche de devoir trimballer des trucs lourds. Mon classeur à dossiers à quatre tiroirs a cet effet sur bien des gens.

Et n’oublions pas cet ami de mon père qui, après avoir offert son aide (et son pick-up Ford) il y a 12 ans, a regardé avec horreur mes boites de livres. Et qu’il a aussitôt déclaré: « J’amène pas ça! C’est pas des vraies affaires, ça, c’est rien qu’des livres. Ça sert à rien. » Mais bon, mon père et ses amis n’ont jamais été vraiment intellos.

À deux reprises, il m’est arrivé de retrouver cette bêtise chez les gens qui déménagent. Par exemple, j’allais aider une amie à déménager. La veille du déménagement, je loue la camionnette. Puis, je me rends chez elle pour lui apporter des boites. Lorsque j’entre chez elle, surprise: Elle n’a rien emballé, rien mis en sac, rien emboîté. Ne comprenant pas mon état d’urgence, elle me dit : « Ben là, panique pas! Demain, je vais remplir les boites pendant que tu les entres à mesure dans la camionnette. Ça ne devrait pas nous prendre plus qu’une coupl’ d’heures, franchement! »

J’insiste pour que l’on commence immédiatement. Huit heures plus tard, il était minuit et on n’avait pas encore terminé. Elle a bien vu que non, un déménagement, ça ne s’improvise pas à la dernière minute. J’ai été obligé de dormir là et nous lever le lendemain à six heures du matin. On a tout juste eu le temps de terminer à midi, lorsque les locataires suivants sont arrivés.

La seconde fois, c’était dans un appartement où nous aménagions, Karine et moi. Les locataires passaient du 3e étage au rez-de-chaussée du même triplex. Lorsque nous sommes arrivés vers midi, nous les avons réveillés. Ils avaient fait une petite beuverie la veille, en compagnie de leurs amis venus pour les aider à déménager. ils se sont mis en tête que, puisqu’ils ne faisaient que transférer leurs possessions deux étages plus bas, que le tout pourrait se faire en une heure ou deux. Donc pas besoin de rien emballer. Et moi, j’étais là, avec mes aides et le camion loué en bas que je devais rendre le soir-même, sans pouvoir rien entrer dans l’appartement. Je les ai donc prié de vider au moins une pièce, où on pourra y entreposer nos meubles et boites, en attendant qu’ils finissent leur déménagement. Au final, puisqu’ils étaient en gueule de bois, il a fallu les aider à descendre leur stock. On s’est donc tapés deux déménagements en un jour.

Mais là où la bêtise humaine qui déménage est la plus présente, c’est parmi les gens qui s’intéressent à ton logis. En voici quelques beaux exemples. Commençons avec celle qui ne sait apparemment pas lire.

J’aurais pu lui faire remarquer que non seulement l’adresse est le titre de l’annonce elle-même, sa disponibilité est écrite dans la première ligne. Mais bon, j’ai opté pour être conciliant, ne pas faire de cas de sa bêtise, et lui donner les réponses à ses deux questions. Regardez ce que ça m’a apporté : 

Je suppose qu’elle a vu mon exaspération pour ses questions stupides et la conversation s’est arrêtée là. Enchainons donc avec d’autres gens qui ne savent pas lire.

Mais même chez ceux qui savent lire, ça ne rend pas les communication plus simples pour autant.

Ben oui! Parce que c’était beaucoup plus simple de m’écrire une phrase que de taper trois chiffres. C’est une tendance qui est hélas beaucoup trop répandue. Par exemple, chez cette femme de qui je prenais le bail.

Et que dire des visiteurs. Constatez que lorsque je m’énerve, je reprends mon accent québécois:

Mon voisin d’en dessous m’en a d’ailleurs parlé, de cette visiteuse particulière.

La raison pourquoi c’est moi et non mes divers proprios qui ont eu droit à ces spécimens, c’est parce que c’était des baux que je cassais en dehors de la saison des déménagements. À ce moment-là, le proprio acceptait de casser mon bail, mais à condition que je passe moi-même l’annonce et que je me charge des visites. Heureusement, pour mon déménagement hors-saison actuel, tout s’est bien passé. Les premiers visiteurs ont repris mon logis. L’ancienne occupante du condo est partie il y a un mois. Je paie des déménageurs professionnels. Bref, pour une fois, zéro bêtise humaine dans mon déménagement.

… enfin, presque. La semaine dernière, je suis allé au bureau de poste pour leur demander une boite postale pour ma nouvelle adresse. Ils m’ont dit que les clés seraient prêtes après trois jours ouvrables. Aussi, aujourd’hui…

Comme quoi on n’y échappe jamais tout à fait.

Le Grand Génie inconnu… Et qui va le rester.

Si vous travaillez dans les arts, que ce soit comme illustrateur, photographe, musicien, cinéaste ou autre, alors vous avez inévitablement rencontré le spécimen suivant.  Il n’a jamais travaillé dans votre domaine, mais il vous arrive avec l’idée du siècle, un truc capable de rejoindre chaque homme, femme, enfant, trans et minéral sur terre.  Il faut juste que vous lui réalisiez son projet.  Oh, il n’a pas d’argent pour vous payer.  Mais qu’importe, puisque son idée vaut une fortune.  Il vous paiera plus tard, dès que son projet sera sur le marché et que les milliards commenceront à s’engranger. 

On a beau rouler des yeux, il reste que, qui sait, peut-être que son idée vaut la peine qu’on y jette un œil.  Vous demandez à en savoir plus.  Il recule alors et refuse catégoriquement.  Il n’est pas question qu’il vous dise quoi que ce soit de son idée géniale, VOUS ALLEZ LA LUI VOLER!  No-non, d’abord, vous devrez signer le contrat qui va vous lier légalement à lui, vous obligeant à réaliser son projet, tout en vous engageant à respecter la clause de confidentialité.  C’est seulement ensuite, qu’il vous dira de quoi il s’agit.  Deal?  Évidemment, vous refusez de signer. Personne ne serait assez fou pour aller s’engager dans un contrat légal sans savoir en quoi consiste le travail qui lui sera demandé. Il repart donc, en vous traitant de tous les noms, vous maudissant pour votre étroitesse d’esprit, gueulant comme quoi les artistes se plaignent d’être pauvres, mais dès que quelqu’un est prêt à se pencher charitablement sur eux pour les sortir de la misère, ils refusent.  Ça prouve donc une chose : Si les artistes sont pauvres et méconnus, c’est parce qu’ils le veulent.

Bon, le second paragraphe arrive plus rarement que le premier.  N’empêche que, dans un cas comme dans l’autre, en général, on décline.  Tant qu’à travailler sans garantie de revenus, aussi bien consacrer notre temps et nos énergies sur nos propres projets. 

Eh bien moi, à quelques reprises, j’ai commis l’erreur de laisser sa chance à une telle personne. Il est vrai que dans leurs cas, ile n’avaient pas laissé le projet au stade de mystère. Expliqué en détail, celui-ci semblait exceptionnellement prometteur.

Maintenant, si je dis que c’était une erreur, c’est parce que je me suis rendu compte en travaillant avec eux que le fait d’être capable de produire un concept viable, ça ne veut pas dire pour autant que la personne aura une attitude professionnelle.  Par conséquent, je n’ai pas su saisir à temps les signes qui auraient dû me sonner une alarme dans la tête.  Ou lever un Red Flag, comme le dit l’expression populaire. Mais d’un autre côté, perdre mon temps avec eux, ça m’a permis d’apprendre à la dure à les reconnaître, ces signes, 

RED FLAG : Il est hargneux à la limite du haineux.
Visitez son Facebook, ça va se voir tout de suite.  Alors que certaines personnes vont poster des nouvelles dénonçant des abus de toutes sortes, lui va prendre une nouvelle anodine, genre « Facebook atteint 2 milliards d’utilisateurs », et la postera en écrivant un truc du style de « Je chie sur Zuckerberg! » Et regardez ce qu’il a mis dans sa section des citations.  Dans toute l’histoire de l’humanité, des milliers de gens ont dit des millions de choses positives et inspirantes.  Or, lui, il a mis un truc du style de « Je ne tuerai jamais personne, sauf si la personne me fait chier. (Trey Parker) »

Pourquoi est-ce un problème?
Lorsqu’une citation nous accroche, c’est parce que celle-ci nous parle. Parce qu’elle s’accorde avec nos valeurs profondes. Parce qu’elle est le reflet de notre personnalité. Parce qu’on s’y reconnait, ne serait-ce qu’au niveau du subconscient. Dans le cas de cette citation en particulier, sans pour autant croire que la personne qui l’a mis sur son Facebook serait capable de se rendre jusqu’au meurtre, il reste que ça démontre une personnalité revancharde. Le genre de personne qui cherche toujours une excuse pour se justifier dans son désir d’attaquer autrui. Quitte à provoquer soi-même le conflit, même si on ne trouve que des détails anodins pour le faire.   Quand la personne est comme ça, nul n’est à l’abri de ses attaques et de ses campagnes de salissage. Incluant ls gens qui ont le pouvoir de faire de vos projets un succès.

RED FLAG : Il vous dit « J’aimerais ça, faire __________! »
« J’aimerais ça, savoir dessiner. »   « J’aimerais ça, jouer de la guitare. »   « J’aimerais ça, perdre du poids. »  Constatez que dans tous les cas, jamais il ne dit qu’il aimerait apprendre à dessiner, apprendre à jouer de la guitare, apprendre ce qu’il faut faire pour perdre du poids.

Pourquoi est-ce un problème?
Déjà là, inconsciemment, il vous dit qu’il n’est pas prêt à investir l’effort requis pour apprendre.  De toute façon, quelqu’un qui veut vraiment savoir dessiner ou jouer d’un instrument, il dessine et il joue.  Mal, certes, mais il le fait, par lui-même, et c’est comme ça qu’il apprend.  Et puis, ça fait quoi, 25 ans que Google est notre ami?  Quand une simple recherche peut nous donner des centaines de sites avec tous les renseignements requis pour atteindre notre but, on n’a aucune excuse pour demander à un autre de le faire à notre place.

RED FLAG : Ses projets demandent plus de ressources qu’il n’en a accès.
Avoir l’idée du siècle, c’est facile. La réaliser, un peu moins.

Pourquoi est-ce un problème?
S’il ne vous propose que des projets qui sont hors de sa portée, alors il est évident qu’il perd son temps et qu’il va vous faire perdre le vôtre.

RED FLAG : Il a des attentes irréalistes… Et il les délègue. 
Je me souviens de l’un d’eux pour qui on tournait un court sketch. Il s’était mis en tête que son projet méritait d’avoir des commanditaires. Il m’a donc chargé d’aller visiter les commerçants du quartier pour leur demander de l’argent en échange de publicité dans notre sketch. J’ai particulièrement aimé son « Va voir le gérant du McDo et demande-lui 2 ou 3 containers de 5 litres de café gratuit pour l’équipe de tournage. »

Pourquoi est-ce un problème?
Le problème réside surtout dans le fait que son implication dans les aspects les plus difficiles du projet se limite à dire aux autres de les faire. Cette manière de travailler ne sert qu’à lui. Car si tu réussis, alors il en prend le crédit puisque ça prouve qu’il est un excellent directeur. Et si tu échoues, alors il s’en lave les mains puisque c’est ta faute et non la sienne.

RED FLAG :  Il n’a aucune expérience du milieu, donc il n’a aucune idée de ce que son projet implique en dépenses, en temps et en travail.
J’en ai rencontré un comme ça. Le gars avait un projet de pièce de théâtre qui, et je cite, allait arranger les erreurs qui sont trop souvent commises sur scène, et qui ennuient le spectateur. Les erreurs, selon lui, résidaient dans le fait qu’il n’y avait qu’un décor, s’il y en a pour commencer. Et ensuite, de un à six comédiens, ce n’est pas suffisant. Il me parle alors de son projet de pièce dans lequel le personnage voyagerait à travers des dimensions parallèles, et rencontrerait huit peuples extraterrestres différents. Et il prévoyait plus de 20 décors géants et mobiles, actionnés par des gens derrière le décor. Du jamais vu!

Pourquoi est-ce un problème?
Si c’est du jamais vu, c’est qu’il y a une raison. Vous ne vous êtes jamais demandés pourquoi un humoriste ne fait ses tournées qu’avec un minimum de gens, d’accessoires et de décor? C’est parce que plus le spectacle est élaboré, plus ça coûte cher, et plus petit est son revenu. Voilà pourquoi il n’est pas rare que l’artiste fait sa tournée seul dans son véhicule, et souvent dort dedans. Comme ça, ses dépenses se limitent à l’essence, sa nourriture et la location de la salle de spectacle et les employés sur place (son, éclairage, régie de plateau).

Alors l’autre, là, avec ses 20 décors à transporter qui vont nécessiter 2-3 camions et 40-à-50 personnes à loger, nourrir et payer, il faudrait qu’il fasse salle comble au stade olympique (location du stade: $12 000 par jour) pour commencer à faire des revenus.

RED FLAG : La qualité de son travail n’est pas à la hauteur des échantillons de son CV.
Un gars m’a amené une BD qu’il avait fait. Le dessin était amateur, mais ça importait peu car l’idée était de me montrer ce qu’il savait faire en tant que scénariste. Et en effet, c’était un bon scénario, bien monté, qui suit une formule populaire. Bizarrement, la qualité de tout ce qu’il m’a pondu par la suite allait de nulle à médiocre. Et pour cause: Ce ne sera que quelques années plus tard que je constaterai que le scénario de sa première BD avait été plagiée d’un comic de la série Archie.

Et il avait remplacé tous les personnages par des gens qu’ils connaissait… Sans leur demander.

Pourquoi est-ce un problème?
Parce que quand on investit temps et argent dans les projets des autres, encore faut-il que le projet en question soit rentable. Et il n’y avait rien à tirer des merdes qu’il était capable de produire par lui-même.

RED FLAG : Il plagie. (Encore faut-il s’en rendre compte dès le départ)
J’ai eu un scénariste extraordinaire qui est venu me voir à ma table lors d’un événement BD avec l’idée du siècle : Des albums qui vont parodier les films de la série Star Wars. Son raisonnement était simple et contenait une bonne part de logique : « C’est le principe de Weird Al Yankovic. Si tu produis une oeuvre originale, tu ne sais pas si elle va réussir à plaire au grand public. Tu peux perdre plusieurs années là-dessus. Tandis que si tu prends Star Wars, tout le monde connait ça, Et puisque tout le monde aime l’humour, alors voilà, succès assuré. »

Puis, il me donne les grandes lignes de son scénario et des blagues de sa parodie de Star Wars. Et il se trouve que je les connaissais toutes. Il n’a fait que reprendre celles des parodies de Star Wars publiées dans le magazine Mad.

Pourquoi est-ce un problème?
C’est quand même ironique que celui-là même qui me sort l’argument de « ne pas perdre mon temps à dessiner une série sans savoir si elle sera populaire ou non » tient à me faire perdre mon temps à dessiner une série qui sera impopulaire pour cause de plagiat total.

RED FLAG : Il brûle des étapes.
Un ancien collaborateur était tellement pressé de réaliser son projet qu’il nous a fait commencer à filmer avant même d’avoir fini le premier tiers de son scénario.

Pourquoi est-ce un problème?
Parce que quand il se remettait à l’écriture du scénario, il trouvait toujours une nouvelle idée géniale demandant de réécrire les scènes déjà tournées.  Ce qui signifiait qu’il avait passé plusieurs jours à faire travailler bénévolement trois comédiens, une preneuse de son, une perchiste, deux caméraman et un accessoiriste.  … Pour rien !

RED FLAG : Sa façon de résoudre un problème, c’est insister jusqu’à ce que l’autre cède.
Autrement dit, ne pas respecter les limites de l’autre.

Pourquoi est-ce un problème?
Parce que dans le langage légal, il y a un mot qui décrit ce genre d’insistance: Harcèlement.

RED FLAG : Il devient votre coach / manager sans vous en parler, et prends en votre nom des obligations sans vous demander votre avis.
Revenons à mon cinéaste amateur. Histoire de pouvoir les utiliser plus tard dans ses projets, il s’est lié d’amitié avec une équipe de tournage. En entendant qu’il leur manquait un acteur, il a sauté sur l’occasion pour bien paraître à leurs yeux: il leur a vendu mes services en vantant une grande expérience sur scène que je n’avais même pas. Il est vrai que j’ai été plusieurs fois figurant muet dans des films et séries télé, mais là s’arrêtait mon expérience. C’est tout fier de lui qu’il m’annonça que l’équipe de tournage m’attendrait le lendemain matin. Mon choix se limitait donc à refuser et décevoir tous ces gens qui comptaient sur moi, ou bien le faire.

Pourquoi est-ce un problème?
Ce genre de personne ne voit pas que tu as une vie, des obligations, des projets. Il ne lui vient pas à l’idée que si tu n’exerces pas le métier d’acteur, c’est parce que tu n’as aucun intérêt ni talent dans ce métier. Tous ces détails ne lui importent pas. Dans sa vision étroite et narcissique, les gens sont comme des choses : disponibles pour lui à tout moment pour qu’il les utilise à sa guise.

RED FLAG : C’est le Messie.
À l’entendre, tous les gens impliqués dans son projet lui seront reconnaissant car ce sera grâce à lui s’ils seront reconnus par la suite dans le métier.  J’en ai même eu un, une fois, qui comptais offrir un rôle à Dominique Michel qui, et je cite, « Sera heureuse de travailler gratuitement pour nous puisque ça va la ramener aux yeux du public et redémarrer sa carrière. »  Je suppose que ça peut être possible, si on ne tient pas compte du fait que non seulement notre grande comédienne qui avait à ce moment-là 78 ans avait volontairement prise une retraite bien méritée, elle l’aurait prise quinze ans plus tôt si elle n’avait pas été fraudée par son comptable. 

Pourquoi est-ce un problème?
Premièrement, il n’y a rien de plus dangereux que de s’associer à quelqu’un qui croit qu’on lui devra quelque chose.  Et ensuite, son raisonnement au sujet de Dominique Michel prouve qu’il n’a fait aucune recherche à son sujet avant d’en arriver à ses conclusions erronées.  

RED FLAG : Il ne prend aucune critique négative. Et au lieu d’apprendre de ses erreurs, il les justifie.
Nous avions tourné un sketch de 15 minutes écrit et co-joué par mon collaborateur. Suite à une critique négative dans lequel on l’avait qualifié de maillon faible du tournage, il me demande ce qui ne va pas dans son jeu et son scénario.  Il s’en suivit alors l’échange suivant :

LUI : « Qu’est-ce qu’y veut dire en prétendant que mes paroles ne sonnent pas naturelles? »
MOI :  « Ben, prend juste la scène où tu réponds au téléphone.  Tu dis « Comment vas-tu? »  Ça aurait sonné plus naturel de dire « Comment ça va? »
LUI : «  Ben là!  C’est comme ça que je parle dans la vraie vie! »
MOI : « OK, je peux bien comprendre.  Mais quand on est un acteur, on doit savoir changer notre vocabulaire selon le personnage que l’on joue! »
LUI : « Mais c’est pas un personnage! C’est moi!  Pourquoi tu penses que je joue sous mon vrai nom? »
MOI : « Ok! Mais les gens ne savent pas comment tu parles dans la vraie vie. »
LUI : « Ben là! C’est à eux-autres de comprendre. »

Pourquoi est-ce un problème?
Je crois que nous sommes tout familiers avec le proverbe qui dit que ceux qui oublient l’histoire sont condamnés a la répéter. Peu importe la raison pourquoi il parle de manière non-naturelle, il reste qu’il parle de manière non-naturelle, et que ça dérange le public et les critiques. Puisqu’il nie le problème au lieu de le corriger, le problème va se répéter, ainsi que les critiques négatives qui vont en résulter.

RED FLAG : Il est plus revanchard que travaillant.
La semaine qui a suivi la projection publique de notre sketch, nous avons eu droit à quelques critiques suivies de quelques entrevues. Ensuite, nous devions travailler sur notre projet suivant. Il m’était malheureusement impossible de le faire se concentrer sur notre travail. Il relisait sans cesse chaque critique négative en gueulant contre. Et il lisait les commentaires des lecteurs en bas de chaque article. Il prenait en note chaque nom ou courriel accompagnant chaque commentaire négatif pour les retracer sur Facebook. Et de là, trouver leur emploi, leur numéros de téléphone et autres adresses, ce qui lui permettait parfois de trouver leurs comptes sur Kijiji et autres sites où l’on trouve les véritables coordonnées de la personne. Et il parlait de ses plans d’écrire aux employeurs, aux conjoints, aux familles de ces gens, pour écrire les pires mensonges à leur sujet, afin de ruiner leurs carrières et vies sociales. Et ses idées d’aller passer à toute vitesse sur leurs rues en lançant au passage des projectiles à travers leurs fenêtres, ou leur faire subir un vandalisme quelconque.

J’ai tenté de le dissuader en lui disant que l’enquête saura démontrer que ces gens auront tous le même point en commun: nous avoir avoir critiqués. Et cela fera de nous les premiers suspects. Sa réponse m’a donné froid dans le dos: « Oui, mais ça ne veut rien dire. Ça pourrait être un de nos fans qui qui se serait senti insulté que ces gens-là rabaissent ses idoles, et qui aurait fait ça pour nous défendre! »

Pourquoi est-ce un problème?
Premièrement, il y a qu’il mettait tout son temps et tous ses efforts dans ses plans de revanche contre ceux qui avaient commis le crime de ne pas nous adorer, plutôt que de travailler sur notre projet suivant. Une sacrée perte de temps. Et ensuite, son commentaire démontre clairement qu’à ses yeux, le public était supposé nous idolâtrer (l’idolâtrer LUI, en fait). Quiconque faisant le contraire méritait les pires rétributions. Sérieusement!

Disons que je n’avais pas tellement envie d’écrire mes projets futurs à partir d’une cellule de prison. Un caprice comme ça.

RED FLAG : Il règle ses comptes dans son oeuvre.
Il n’aimait pas sa prof de maths de son secondaire IV.  Il en a fait un personnage ridicule dans un de ses sketchs.  Et comme si ça ne suffisait pas, il a fait un truc que je ne pouvais pas imaginer qui puisse venir à l’esprit de quelqu’un rendu à 37 ans.  J’avais une console de jeu Wii.  Dans Wii Sports, il a fait un avatar de cette prof, qu’il jouait en faisant exprès de tout rater, pour ensuite nous montrer son score minable afin que l’on en rit avec lui.

Pourquoi est-ce un problème?
Parce qu’il y a une sacrée différence entre un simple règlements de compte et une obsession malsaine. Ça faisait 21 ans qu’il n’avait plus revu cette prof, et il avait encore l’esprit coincé sur elle. S’il est capable de faire ça pour elle, attends-toi à y avoir droit toi aussi, le jour où ses conneries vont vous séparer.

RED FLAG : Sa fierté est mal placée.
Je ne me souviens plus si c’était sa dette de carte de crédit ou son prêt étudiant.  Toujours est-il qu’il était endetté de quelques milliers de dollars, et qu’il avait réussi à convaincre son nouveau conjoint, un jeune homme riche, de la payer pour lui.  Ceci fait, il racontait ensuite fièrement comment il a surpris la conseillère financière lorsqu’il a dit qu’il remboursait tout en un seul paiement, alors qu’elle voulait lui proposer des versements mensuels. Et il n’avait aucune honte de nous dire que son conjoint avait payé ses dettes à sa place.

Pourquoi est-ce un problème?
Parce que se vanter d’une telle chose, c’est montrer à tous que nous n’avons aucune hésitation à exploiter financièrement les gens qui nous entourent. Bonne chance pour te trouver des collaborateurs sérieux après ça.

RED FLAG : Seules les apparences comptent pour lui.
C’était à l’époque où Candy Crush était un jeu très populaire sur Facebook.  Il avait trouvé sur le net un cheat code qui jouait à sa place et qui multipliait le score par dix.  Et non seulement était-il fier de dire qu’il avait l’intelligence de l’avoir trouvé et utilisé, il se vantait fièrement des scores de quelques millions qu’il obtenait.

Pourquoi est-ce un problème?
Parce que se vanter d’une telle chose, c’est montrer à tous que nous sommes fiers d’être des tricheurs, des arnaqueurs, des menteurs, des bullshiteux. Bonne chance pour te trouver des collaborateurs sérieux après ça.

RED FLAG : Il se met en vedette partout.
En 2011 est sorti le film québécois Funkytown dans lequel l’action se passe dans les années 70, autour de la discothèque montréalaise Starlight. Ce gars-là a réussi le tour de force d’aller interviewer les ex-propriétaires du véritable Starlight, et de les convaincre de s’associer avec les propriétaires actuels de la place pour une soirée nostalgie, avec les employés et clients de l’époque. Et il a produit un DVD de cette soirée. Jusque-là, chapeau, admirable travail.

Mais voilà, sur la pochette du DVD, il n’a rien mis qui en représente le sujet. Il n’a pas mis une photo extérieure de la disco. Il n’a pas mis une photo des gens qui s’amusent à l’intérieur. Il n’a pas mis la photo des propriétaires. Non ! C’était une photo de lui-même, tenant un micro. Pour se justifier, il disait que ça représentait bien le contenu, puisque tout le long, il est là à interviewer les clients, le personnel et les propriétaires.

Pourquoi est-ce un problème?
Imaginez l’affiche du film Star Wars qui ne serait qu’une photo de Georges Lucas. Ou l’affiche de la pièce Les Belles Soeurs, qui ne serait qu’une photo de Michel Tremblay. Ou de Starmania, qui ne serait qu’une photo de Luc PLamondon. Impensable ! Ça ne représente en rien le contenu de l’Oeuvre. Et encore, Lucas, Tremblay et Plamondon sont connus du grand public, EUX ! Ce qui n’était fichtrement pas le cas du reporter.

RED FLAG : Il demande des garanties de succès avant d’avancer, et ce sans avoir fait ses preuves.
J’ai connu un loser de ce genre-là, qui nous a cassé les oreilles pendant deux mois sur Facebook, comme quoi il était en pleine rédaction d’une histoire d’horreur. On parle ici d’un inconnu avec zéro expérience dans le milieu de l’écriture de roman ou du cinéma.  Je le précise car le premier mois, c’était sous forme de roman. Puis, le mois suivant, réalisant qu’il y a plus d’argent à faire avec un film qu’un livre, il a réécrit son projet sous forme de scénario. Puis, découragé par le temps qu’il a perdu à réécrire ce qu’il avait fait plutôt que d’avancer dans son histoire, il a demandé à ses contacts FB s’il y en avait parmi eux qui avaient des connexions dans le monde du cinéma, afin qu’il puisse leur présenter ce projet à qui il manque encore les trois quarts.  Car, disait-il, « Je ne vais pas perdre mon temps à écrire un film si personne ne va le tourner. » Deux semaines plus tard, puisqu’aucun cinéaste ne l’a contacté, il a jeté furieusement son projet aux poubelles, en gueulant contre l’étroitesse d’esprit du milieu.

Pourquoi est-ce un problème?
Ce qu’il démontre ici, c’est que sa passion, ce n’est pas l’écriture ou le cinéma. C’est de chercher la manière la plus rapide de devenir riche et célèbre. C’est la raison pourquoi il n’arrive pas à se brancher sur un projet.

RED FLAG : Il confond avoir du succès avec avoir une personnalité désagréable.
Un ex collaborateur avait pour son dire que les grandes vedettes telles Prince ou Madonna, ou même notre Michelle Richard nationale, étaient reconnues pour avoir de grands caprices et être désagréables.  Il en est aussitôt arrivé à la conclusion que si l’on veut avoir un succès semblable au leur, il fait agir comme eux. Il se permettait donc d’être exigeant, capricieux et chiant avec ses collaborateurs et ses contacts.

Pourquoi est-ce un problème?
Dose de réalité : Tu n’es pas une vedette populaire avec 30-40-50 ans de carrière derrière toi.  Tu n’es pas un grand nom qui, posé en tête d’affiche, va attirer les foules.  Tu es un inconnu qui n’a pas encore fait ses preuves.  En agissant ainsi, tout ce que tu prouves, c’est que tu n’es pas le genre de personne avec qui on a envie de travailler. Une grande vedette peut se permettre des exigences et des caprices car elles sont irremplaçables.  Toi? Non!

RED FLAG : Au premier accroc entre vous deux, il te bannit de son univers et tente de s’emparer du tiens.
Après trois ans de collaboration, nous n’avions réussi que deux de ses huit projets. Et même ceux-là étaient en perte de vitesse, à cause que ses conneries nous sabotaient sans cesse. Il m’a alors m’a demandé ce qui n’allait pas dans ses projets. Heureux de voir qu’il était enfin prêt à entendre raison, je lui ai démontré point par point, en suggérant une ou plusieurs solutions pour chacun des cas. Insulté dans son orgueil, il me bloqua aussitôt de partout. C’en était fini de notre collaboration.

Quelques temps plus tard, il a fait une soirée chez lui dans lequel il a invité tous nos collaborateurs et la majorité de mes amis. Et il a pris une photo de groupe, qu’il a mis en bannière sur son Facebook, de façon à bien me mettre en face le fait qu’il tentait de me les enlever. Ils n’ont pas été dupes longtemps. Il a ensuite tenté de me faire perdre mon emploi en écrivant à mes patrons, ce qui a foiré car ces derniers ne me reconnaissaient en rien dans ce qu’il leur a écrit. Il a ensuite essayé de refaire les projets que nous avions réussis, cette fois sans moi. Mais il n’a jamais trouvé quelqu’un pouvant faire aussi bien que moi et/ou étant capable d’endurer sa personnalité toxique. Aux dernières nouvelles, tout en se faisant vivre par son conjoint, il s’est recyclé en tant qu’auteur. En auto-édition, bien sûr, puisqu’aucun éditeur sérieux et reconnu ne peut s’intéresser à ce qu’il écrit.

Pourquoi est-ce un problème?
Le véritable problème, c’est le fait que j’ai ignoré toutes les alarmes précédentes. Parce que rendu à ce point-ci, le dommage est déjà fait.

Et j’aurais eu plusieurs autres RED FLAG dans ce genre à vous présenter: Il brûle des ponts, il fait dans l’auto-Sabotage, il fait dans l’auto-victimisation, pour attirer la sympathie, il cherche à faire de son entourage son armée personnelle, non pas pour combattre avec lui mais plutôt pour combattre à sa place, etc. Une chose demeure sure, et c’est que lorsque quelqu’un a ce qu’il faut pour faire partie d’un milieu artistique, alors il fait déjà partie de ce milieu. S’associer avec quelqu’un qui n’a ni le talent ni les accomplissements ni la connaissance ni la personnalité requise, c’est une perte de temps.

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LIENS.


J’ai déjà consacré un billet de blog au sujet de l’une de ces personnes: Clément Beaucitron, loser sans emploi. 

Pour fuir ce genre de collaboration foireuse, j’ai appris à reconnaitre 40 signes pour détecter une personne conflictuodépendante.