Anecdote de course

1er février 2011, 8pm, Ville Émard, près du Canal Lachine.Je cours depuis près d’une heure. Ce soir, je reprends l’entraînement après une semaine de repos. C’est qu’après deux mois d’entrainement à 5-6 jours semaine, il est recommandé de cesser toute activité sportive pendant une semaine afin de laisser au corps le temps de s’adapter à ce nouveau style de vie. Parce que sinon, je vais m’user au lieu de me renforcer, et décliner au lieu de faire des progrès.

Les premiers kilomètres, je suis ravi de constater que je brise aisément mes records précédents de distance ininterrompue. Par contre, je me sens les cuisses lourdes. Je me dis que ça doit être dû à ma semaine inactive et/ou au fait que je cours avec mes bottes rigides au lieu d’espadrilles, neige oblige.

Je m’engage sur la rue St-Patrick qui longe le Canal Lachine. Malgré le fait que j’arrive à faire de plus longs segments courus qu’avant, je suis un peu irrité de constater que ça semble demander un plus grand effort à mes jambes. Mon orgueil embarque et je me demande si je suis pas devenu paresseux. Je ne le prends pas. Malgré tout, je ne peux nier que jogger m’est plus difficile que je m’attendais. J’arrête la course et passe à la marche, à bout de souffle.

Passant un panneau publicitaire, je vois que je suis arrivé près d’un terrain de la Ville, dégagé et rectangulaire. Insatisfait de ma performance, me disant que ce n’est pas comme ça que je vais brûler des calories, je décide de compenser en allant faire de la marche rapide dans cette neige qui m’arrive à mi-tibia. La résistance de la neige va travailler mes muscles et ainsi brûler des calories. Je décide de le parcourir de long en large, en traçant des lignes comme un champs labouré, afin de l’utiliser au maximum.

Ça fait exactement ce que je voulais : J’avance avec grand peine, j’ai chaud, je fatigue, je transpire, mais je n’arrête pas. Je veux faire le terrain au complet et je refuse d’arrêter tant qu’il reste de la neige lisse sur le terrain. Je continue d’avancer péniblement en zig-zag et je me promet que dès que c’est fini, je rentrerai chez moi tranquillement en marchant.

Sur ce arrivent deux autos de police qui s’arrêtent devant moi. Je comprends  à ce moment-là que ma façon de m’entraîner a peut-être l’air un peu louche. Une intuition comme ça.

Je m’arrête et salue le policier qui sort, un québécois d’à peu près 30 ans, suivi d’un colosse moustachu avec un nom russe sur le badge.

MOI: Bon-FFF-FFF-FFF-soir
BEU: Est-ce que ça va?
MOI: Essoufflé, mais FFF-FFF ça FFF ça va, FFF, merci
BEU: Qu’est-ce que vous faites?
MOI: Je m’entraine pour le marathon
BEU:

L’expression style WTF qui se dessine sur leur faciès me donne l’impression que ma crédibilité n’est pas bien haute en ce moment. Je rajoute :

MOI: Oui, je sais, le marathon est en septembre, mais je m’entraine depuis le 11 décembre.
BEU : Je pourrais avoir votre nom s’il vous plaît ?
MOI : Steve Requin.
BEU : Et votre adresse ?
MOI : 624 Régina à Verdun.
BEU : Avec qui est-ce que vous habitez ?
MOI : Ma conjointe, Carina Iglesias
BEU : Est-ce que vous êtes sous médication en ce moment ?
MOI : Euh… J’ai déjà pris du Polysporin pour mon orgelet, sinon, non.

Là, me doutant bien qu’il va vouloir une preuve d’identité, j’ouvre mon manteau et commence à fouiller mes poches pour mon portefeuille. Aussitôt, le russe recule d’un pas et met sa main sur son arme. Je n’insiste pas et remet mes mains bien en vue. Comme prévu, le beu me demande mes cartes. Je précise que c’est justement ce que j’étais en train de chercher, mais que j’ai laissé mon portefeuille chez moi. Il sort son carnet, me redemande mon nom, en plus de mon adresse, avec qui je vis, mon travail, et ma date de naissance. Il note tout ca. Puis il rentre dans le char et vérifie sur son ordi tandis que l’autre, le colosse moustachu avec accent russe me dit:

FLICSKI : Si vous habiter Verrdun, pourrquoi vous courrrir si loin de chez vous?
MOI : Je m’entraine pour le marathon, alors forcément je fais du kilométrage.

Il regarde le terrain avec mes traces parallèles qui en recouvrent 80% de la surface et dit:

FLICSKI : Parce que vous comprrendrre que passant voirr ça, trrouver ça pas norrmal.

Non, pas sérieux?

MOI : Oui, ben, l’idée derrière ça, c’est d’utiliser la résistance de la neige afin de renforcer les muscles des jambes.
FLICSKI : Oui, mais pourrquoi ici?
MOI: Bah! Ici ou ailleurs! J’ai juste passé, j’ai vu le terrain, ça m’avait l’air parfait pour faire ça, voilà!
FLICSKI : Mais vous en jeans et manteau et bottes, pas habillé comme courrreurr à entrrainement.
MOI : Malheureusement, j’ai pas l’argent pour m’acheter de l’équipement sportif.

Le jeune beu québécois ressort de l’auto. Le flicski russe le regarde. Le québécois hausse les épaules avec une moue, l’air de dire « Rien trouvé de suspect. » Ce qui me prouve que, tel que promis, j’ai vraiment obtenu l’absolution totale à la fin de mes deux ans de probations le 25 juillet dernier. Ouf ! Comme quoi il fallait bien que je fasse un truc extrême pour me rassurer que j’étais aussi clean qu’une sardine a l’eau de javel.

On m’explique la raison de ce contrôle : Il se trouve que le terrain d’à côté de celui ou je courrais de façon si originale est une cour à scrap, et que mon manège de courir vers la rue, puis revenir en sens inverse, faisait que j’avais l’air de vouloir entrer dans le terrain pour voler de quoi. Mieux encore : J’avais l’air de vouloir m’en sauver, puis de rebrousser chemin pour me cacher dès que des autos passaient. Bref, on me recommande de m’en tenir à la rue, aux trottoirs, aux pistes cyclables et au bords de l’eau pour m’entrainer, comme les marathoniens normaux. Je les rassure que je comprends et que je ne ferai plus exprès pour avoir l’air louche. Ils me laissent repartir.

Mais voilà, rappelez-vous ce que j’ai dis tantôt : J’étais fatigué, épuisé, et je voulais rentrer calmement en marchant. L’affaire, c’est que je viens de me tirer de démêlés avec la justice en les rassurant comme quoi je faisais juste m’entrainer pour le marathon. Donc, je n’ai pas le choix: Si je veux rester crédible, il faut que je continue à courir.

Je te me suis donc tapé le chemin du retour à la course, ne m’accordant que de rares et courtes pauses, redoutant qu’ils repassent, me revoient et trouvent louche que je ne cours plus. M’as vous dire une affaire, j’ai compris ce soir que quand on a la police au cul, hostie qu’on a envie de courir.

Je suis rentré à la maison, épuisé mort, le corps tremblant, le linge mouillé, mais là genre détrempé encore pire qu’à mes débuts il y a deux mois.

Moi qui craignais de ne pas faire assez d’efforts pour brûler des calories, je pense que je n’ai plus à m’inquiéter avec ça ce soir.

Dans l’espoir d’un marathon

En novembre dernier, j’expliquais dans un billet intitulé Le complexe de Super-Hot-ité que j’avais décidé de prendre 6 mois afin de prouver que je suis capable de suivre mes propres conseils, soit de faire ce que j’ai à faire pour atteindre un but. Dans ce cas-ci, travailler pour me donner un corps athlétique.  Et dans la dernière partie du dernier billet du dernier jour de l’an dernier, je parle que j’ai commencé à me mettre à la course à pieds. J’ai commencé le 4 décembre, pour être précis.

Depuis novembre, je m’entraînais chez moi aux poids et haltères, sans avoir vraiment trouvé de grande motivation. L’élément déclancheur fut lorsque je me suis pesé dans l’après-midi de ce 4 décembre et que j’ai constaté que j’étais remonté à 216 lbs, soit 8 de plus qu’à la fin de Défi Diète en 2008. J’ai décidé à ce moment-là que j’allais rajuster légérement mon but. Oui, je veux toujours obtenir un corps athlétique.  Sauf qu’au lieu de l’obtenir en tant qu’haltérophile, j’allais l’avoir en marathonien. J’ai décidé que j’allais me qualifier pour participer au marathon de Montréal de septembre 2011.

J’ai mis mon manteau, ma tuque et mes bottes et je suis sorti courir pour la première fois. Pour beaucoup de gens, l’hiver est un gros turn-off. Moi, au contraire, ça me motive. Voici pourquoi :

  • Le froid. Ça me force à bouger si je ne veux pas geler.
  • Le froid encore. Au lieu de crever de chaud en faisant des efforts dans la température estivale humide. Ici, ma seule source de chaleur, c’est moi-même, et ça se contrôle par une simple ouverture de manteau.
  • Les bordées de neige, dont j’utilise la résistance pour me donner une difficulté supplémentaire quand j’avance en étant dedans jusqu’aux genoux.
  • La solitude. En décembre, il y a très peu de promeneurs. C’est plus facile pour l’orgueil, surtout quand on débute.
  • Le manteau. Quand je marche, personne ne sais que je suis un jogger qui reprend son souffle.

Le reste, je l’ai chroniqué dans mes statuts Facebook :

7 décembre 2010, 23:55
Je suis motivé à de drôles d’heures. 22:40, départ pour jogger dans le quartier à travers les bancs de neige. Retour à 23:47, épuisé mort, et croyez-moi que je n’ai pas eu froid malgré le vent. Ça bat 100 fois mon vélo stationnaire.

8 décembre 2010, 21:44
Arf ! Chus full dead! Mais juste pour voir la face ahurie des passants qui ne comprennent pas pourquoi je met plein d’effort pour avancer dans 2-3 pieds de neige dans le fossé alors que les trottoirs sont maintenant dégagés, ça vaut la peine de s’imposer un tel exercice. Cette année, mon gym, c’est l’hiver.

11 décembre 2010, 22:04
N’ayant pas eu le temps de déjeuner ce matin, je me suis acheté des sachets de poudre-déjeuner Carnation, que j’ai mélangé avec du lait et des fruits congelés, le tout passé au blender. Dans l’après-midi, en écoutant ma playlist de vidéos favoris sur YouTube, j’avais tellement d’énergie que je n’ai pu résister à faire du cardio pendant. Je me demande s’il y a un lien.

16 décembre 2010, 14:49
Je ne tire aucun profit de leur faire de la pub gratuite. Alors quand je vous dit que je suis plein d’énergie pour toute la journée à chaque fois que je me fais un milkshake composé de lait écrémé + petits fruits + 1 sachet de ce truc passé au blender, c’est que c’est le cas.  Ça vaut 100 fois mieux que toutes les boissons énergie: Les poudres de déjeuners Carnation de Nestlé.

Sans pour autant être un expert, j’ai essayé quelquefois diverses poudre de suppléments alimentaire / remplacement de repas ces 20 dernières années. Le goût de celui-là est vraiment le meilleur. Faut dire que c’est Nestlé. Ce sont les experts en déjeuner.

On peut lire les ingrédients sur chaque sachet. Ok, sucre est le 2e ingrédient. Mais on peut dire de même pour la confiture, le beurre d’arachides et tout ce que l’on tartine sur nos toasts au déjeuner anyway. Sauf que les sachets Nestlé listent également 16 vitamines + minéraux, chacun valant de 20 à 90% de ce que l’on a besoin dans une journée. Y’a pas un repas dans la journée qui donne tout ça. Y’a pas un repas non plus qui ne donne que 300 calories (incluant le lait), soit l’équivalent de 2 toasts beurrées (sans lait)

Et sur le plan personnel, ma blonde m’a fait remarquer ceci: Une chose est certaine, c’est que pour m’avoir enlevé mes fatigues, mes problèmes de concentration et mon humeur de « boarf » généralisée, ces sachets contiennent au moins un élément important qui manquait à mon alimentation.

Fa que, à 8$ la boite de 10 sachets, donc à 80¢ le déjeuner, je ne crois pas m’en priver de sitôt.

21 décembre 2010, 11:35
Le marathon de Montréal (que je me suis juré de courir en 2011) s’étend sur 42 Km. Grâce à Googlemap, je sais maintenant que de chez moi (Verdun) à chez mes parents (St-Hilaire), c’est 38 Km.

HOLY SACRABOIRE! O_o Ça remet les choses en perspective

27 décembre 2010, 20:59
C’est vrai, ce que j’ai lu dans la biographie de Marcel Béliveau: Ça prend trois semaines pour prendre une habitude. Je cours 60-90 minutes, 5-6 fois semaines, depuis 23 jours. Ce soir je devais me reposer, mais je n’ai pas pu résister à l’envie d’y retourner.

28 décembre 2010
Je précise : je ne cours pas tout le long de mon heure et demie d’entrainement. J’en suis encore à cours-marche-cours-marche. Par contre, j’y vois déjà quelques améliorations. La première, c’est que j’ai besoin de moins en moins de temps pour récupérer entre les segments de course. Ensuite, mes moments de courses rallongent peu à peu. Enfin, contrairement à au début, quand je reviens chez moi, je ne suis plus épuisé mort. Juste fatigué.

L’idée de courir dans la neige sur des pistes non-dégagées où on enfonce parfois jusqu’aux genoux, ça épuise plus vite, ça fait suer, ça réchauffe au point où j’ouvre souvent mon manteau même s’il fait -12 et croyez-moi que je ne ressens pas le froid puisque je suis moi-même ma propre source de chaleur. Et surtout, ça fait perdre des calories. De 216 lbs le 4 décembre, j’en suis à 206 ce matin. Et ce malgré les excès du temps des fêtes.

Le 21 avril, quand reviendra le printemps, j’aurai derrière moi 4 mois ½ d’entraînement à la dure. Courir habillé léger, sur un terrain plat entièrement dégagé, en espadrilles au lieu de rigides bottes d’hiver, je vais vraiment pouvoir ressentir les effets positifs que m’aura rapporté ma run d’hiver et en profiter à fond. Mais pour l’instant, je ne pense pas trop aux résultats de l’avenir, je me concentre sur mon travail de maintenant.

L’hiver est mon gym, je compte l’utiliser au max avant qu’il ferme ses portes.

31 décembre 2010, 20:25
Je reviens de mon entrainement de course et je crois bien que j’ai trouvé mon rythme. Jamais, de ma vie, n’ai-je couru aussi longtemps, aussi souvent, et sur d’aussi grandes distances. Je n’ai brisé aucun record olympique, mais j’ai brisé les plus importants records qui soient à mes yeux: Les miens!

Après avoir passé une vie entière à détester la course à pied, j’ai enfin appris à l’apprécier.
Bonne année!

4 janvier 2011, 19:53
Hey, on est le 4 janvier, là !? Ça fait aujourd’hui un mois que j’ai commencé l’entrainement. J’ai couru 22 jours sur 31, j’ai commencé par pouvoir courir des segments de 300 mètres et j’en fait maintenant de 1.5 Km, j’ai amélioré mon cardio au point où ça me prend de 2 à 3 fois moins de temps pour récupérer entre chaque segments de course, et j’ai perdu 13 lbs. EN UN MOIS!

Vous savez quoi? Plus jamais je ne vais perdre mon temps sur un vélo stationnaire. Les résultats, c’est sur nos pieds et dehors que ça s’obtient.

Avoir su que tout ce que ça prenait pour maigrir et me mettre en forme n’était rien d’autre qu’un truc aussi simple et banal que la course à pied, je n’aurais pas investi temps et argent dans toutes sortes de moyens depuis le printemps de 2001. Je suis à la fois ravi et frustré de la facilité de la chose.

Tk, pour une fois que j’obtiens des résultats aussi positifs que rapide pour mes efforts, je ne vais certainement pas chialer.