Lors du dernier temps des fêtes, il y a eu un scandale d’internet au sujet d’une chanson de Noël, un classique (que je n’avais encore jamais entendu), Baby it’s Cold Outside. Chanté en duo par un homme et une femme, l’homme insiste pour que la femme passe la nuit chez lui car il fait trop froid dehors pour la laisser partir. Tout le long de la chanson, elle émet des objections. Aucune ne venant d’elle-même, cependant. Ce n’est que du : Ma mère va s’inquiéter, mon père va rager, mes tantes vont me juger, qu’est-ce que les voisins vont penser, etc. Et lui, à chaque argument, il insiste pour qu’elle reste.
Il faut comprendre que la chanson a été écrite en 1944, une époque à laquelle, comme le démontrent les paroles, une femme devait toujours cacher ses désirs sexuels pour ne pas faire de scandale social. Elle devait donc offrir une résistance de principe, et c’était à l’homme d’insister. Et afin de démontrer que c’est bien le cas ici, elle ne dit jamais que ça ne lui tente pas. Elle propose elle-même de rester encore un peu pour une dernière cigarette, un dernier drink… D’où la ligne qui a parti le scandale, « Hey, what’s in that drink? », ce qui, de nos jours, a vite été interprété comme étant un hymne à la drogue de viol. Aussi, quelques articles sur le sujet ont plutôt démontré que blâmer l’alcool était l’excuse classique qu’utilisait la femme pour sauver la face à l’époque dans cette situation.
Si cette chanson a causé un scandale, la raison est bien simple : À notre époque moderne, insister auprès d’une femme qui dit non, c’est légalement du harcèlement. Et c’est une très bonne chose. Car entre une fille qui veut mais qui oppose une résistance de principe, et une fille qui ne veut vraiment pas mais qui est trop timide/craintive pour oser trop résister, la différence peut être imperceptible.
En fait, la différence ne se voit qu’après l’acte, alors que la première va s’en vanter et l’autre s’en plaindre.
Comment faire la différence entre une résistance de principe et une résistance sincère?
Même à notre époque moderne, il y a encore des filles qui s’amusent à utiliser la résistance de principe. Je ne peux plus compter le nombre de fois où, depuis mon adolescence, j’ai respecté le NON d’une fille, pour qu’elle se moque aussitôt de moi pour mon manque de persévérance. Ce genre de comportement ne fait que convaincre encore plus les hommes que le NON féminin est juste un OUI qui a besoin d’insistance.
L’extrait qui suit est tiré de mon roman autobiographique en ligne 52 jours à Montréal, aussi connu sous son titre original Sept semaines en appartement. Dans ce chapitre, une ex m’explique que durant toute l’année et demie que nous sommes sortis ensemble, (alors que j’avais de 17 à 19 ans, et elle de 15 à 17), elle m’avait opposé une résistance sexuelle de principe. Et elle me révèle que si j’avais insisté, alors elle aurait cédé et nous l’aurions fait.
(Début de l’extrait)_____________________________
Je ne suis pas très cool face à ces aveux de sa part. En fait, j’en suis extrêmement frustré.
« J’ai passé ma vie à entendre les femmes et les filles affirmer que quand elles disent non, ça veut dire non! Pourtant, je ne peux même plus compter l’estie de Christ de calice de tabarnak de nombre de fois où une fille m’a dit que pour obtenir ce qu’on veut avec elle, il faut juste insister. D’un côté vous dites toutes que non c’est non. De l’autre, vous nous montrez que non, ça veut dire oui. Pis après ça, vous vous plaignez quand vous vous faites violer. Pis pendant ce temps-là, nous autres les gars, on a le choix entre vous forcer, ce qui fait de nous des agresseurs, ou bien vous respecter, ce qui fait de nous des imbéciles. À QUOI ÇA SERT DE VOUS RESPECTER SI TOUT CE QUE ÇA NOUS RAPPORTE, C’EST D’ÊTRE LOSERS, HEIN? »
Julie semble avoir des regrets de m’en avoir dit autant.
« Je l’savais que t’allais réagir comme ça. »
« Ah oui? Félicitations, Sherlock! Ça prend du génie pour deviner que j’allais être frustré, d’apprendre que non seulement tu m’as menti tout ce temps-là au sujet de tes désirs sexuels, tu aurais été correcte avec l’idée que je ne respecte pas tes limites. »
Nous restons silencieux quelques secondes. Ça me laisse le temps de me calmer. C’est avec une voix beaucoup moins frustrée, que je reprends la parole.
« Désolé! Je sais bien que je t’ai juré de ne pas me fâcher. Mais d’apprendre ça, après tous les efforts que j’ai mis pour me contrôler et pour te respecter… »
« Ben… Comme je te l’ai dit, je ne suis pas une sainte. Moi aussi j’ai des envies. Et à cause de ça, je n’ai peut-être pas toujours agi comme j’aurais dû le faire. »
Peut-être pas, qu’elle dit! Je soupire. Je me sens tellement découragé en ce moment. Je ne sais plus où j’en suis.
« S’il te plait, éclaire-moi : Comment est-ce que je suis supposé savoir la différence entre une fille qui oppose une résistance de principe, et une qui oppose une résistance sincère? Comment est-ce qu’un gars peut savoir quand est-ce que c’est correct d’insister, et quand est-ce que ça ne l’est pas?»
Je ne suis pas le premier gars à me poser cette question et je ne serai certainement pas le dernier. Julie comprend mon désarroi et essaye de m’éclairer du mieux qu’elle peut.
« Ben, je ne prétends pas parler au nom de toutes les filles, là, mais… Tsé, des fois, pour toutes sortes de raisons, comme la religion, l’éducation, ou comme moi les principes moraux, il arrive qu’une fille soit coincée entre ses valeurs et ses désirs. Elles veulent vraiment céder à leurs envies, mais si elles le font, c’est comme si elles se résignaient à reconnaitre qu’elles sont des hypocrites, des filles sans morale, voire des salopes. Dans ce temps-là, elles ont besoin d’un gars qui va les forcer. Ben, techniquement, il ne la forcera pas pour de vrai, puisque qu’il lui fera faire quelque chose qu’elle a vraiment envie. N’empêche que c’est lui qui va prendre la décision à sa place. Comme ça, la fille peut avoir ce qu’elle veut, et toujours avoir la conscience tranquille en se disant que ce n’est pas de sa faute à elle, puisque c’est lui qui a décidé. Tu comprends? »
Je comprends. Ça fait du sens. Ça explique pourquoi ma colocataire se cache derrière l’excuse du « J’ai pas eu le choix, il a insisté! » pour justifier le fait qu’elle couche encore avec Hans malgré le fait qu’elle ne cesse de dire du mal de lui.
« Maintenant, quant à savoir qui veut se faire forcer et qui ne le veut pas… Je ne pourrais pas le dire parce que ça va toujours dépendre de la fille, donc que c’est du cas par cas. Mais dans mon cas personnel, t’étais bien placé pour voir que j’en avais envie. Quand tu me caressais là, je te laissais toujours faire sans résister, pendant une heure ou deux, et je mouillais à chaque coup. Si tu avais été attentif aux signes, tu aurais compris que j’en avais vraiment envie, même si je disais non. »
Ah, les filles et leurs maudite manie de ne jamais être claires. « Montrer des signes » … « Espérer que le gars comprenne le message »… Elles restent tellement vagues que quoi que l’on fasse, on risque de faire erreur.
___________________________________(Fin de l’extrait)
Cette explication que m’a donné Julie avait beau être éclairante sur les raisons pourquoi certaines filles sont excitées à l’idée de se faire forcer, ça ne permet pas plus à l’homme de savoir faire la différence entre une résistance sincère et une résistance de principe. Et puisqu’il est impossible de faire la différence, j’ai compris que je ne serais jamais à l’abri de faire erreur. J’ai donc cessé de perdre mon temps sur la question. J’ai plutôt porté mon attention sur l’autre aspect du sujet : Les conséquences de la faire, cette erreur.
Si la fille offre une résistance sincère, mais que je fais erreur en insistant :
- Je commet du harcèlement.
- Je commet un viol.
- Je ruine ma réputation.
- Je m’expose à des ennuis judiciaires.
- Et à de la prison.
- Et à un casier judiciaire qui me suivra toute ma vie
Si la fille offre une résistance de principe, mais que je fais erreur en la respectant :
- Elle se moque de ma naïveté, et je passe pour un cave.
… Et c’est tout!
C’est pour ce genre de situation qu’a été créé le dicton disant que « De deux maux, il faut choisir le moindre. » J’ai donc fait mon choix. J’ai toujours respecté le NON d’une fille.
Et quelques années plus tard, j’ai compris qu’à ce sujet, « Qui ne dit mot consent! » , ce n’est qu’un mythe. Aussi, j’ai ajusté ma façon de penser, et c’est devenu : « Si ce n’est pas un OUI explicite en gestes et/ou paroles, alors c’est un NON. »
Lorsque je faisais face à une résistance de principe (souvent sans me rendre compte que ce n’était pas une résistance sincère) et que j’arrêtais aussitôt sans insister, voici ce qui se passait, selon la fille :
- La fille, croyant/voyant que je n’avais pas compris, me faisait alors savoir clairement son intérêt. C’était positif, car aucun risque de faire erreur.
- La fille, croyant/voyant que je n’étais pas intéressé, n’insistait pas. C’était positif, car qu’est-ce que vous voulez que je fasse d’une fille qui n’est même pas capable de me montrer son intérêt? Désolé mais dans un couple / chez les amants / dans un one-night, une personne ne peut pas être la seule des deux à montrer de l’intérêt à l’autre.
- La fille, croyant/voyant que je n’avais pas compris, me traitait de cave. C’était positif car ça me montrait dès le départ à quel point sa personnalité était désagréable. Ça me permettait de l’éviter, et ainsi de m’épargner une relation toxique.
- La fille, croyant qu’il était impossible qu’un homme ne veuille pas d’elle, m’accusait d’être gai. C’était positif car ça me montrait dès le départ qu’elle croit que tout homme hétéro désire baiser n’importe quelle femme. Ça me permettait d’éviter une relation cahoteuse faite de crises de jalousie non-méritées.
Je ne vous cacherai pas que ça peut parfois être très frustrant quand la fille nous montre qu’il aurait pu y avoir quelque chose entre nous si on avait réagi correctement à ses attentes. Mais il ne faut jamais oublier que face à la Loi, lorsqu’il s’agit de sexe, quand la fille s’obstine à rester floue dans ses attentes et ses désirs, la seule réaction correcte, c’est de s’abstenir. De toute façon, être cave ou être gai, ça a le mérite d’être légal. Ce n’est pas le cas quand on est harceleur, et encore moins violeur. Juste pour ça, ça vaut la peine de ne jamais prendre de risques face à une fille qui oppose de la résistance.
À notre époque moderne où le refus sexuel doit toujours être pris au sérieux, toute résistance doit être vue comme étant sincère. Il n’y a plus de place dans la société pour la résistance de principe. Si les hommes sont capables de comprendre ça, les femmes le devraient aussi.
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Y’A LIENS LÀ, tous en rapport au sujet:
Motel California. Après trois semaines de relation platonique, Christine m’invite au motel en me disant clairement que c’est dans le but de baiser, allant jusqu’à payer la chambre elle-même. Dès que nous y sommes, elle ne cesse de me mettre des obstacles pour m’en empêcher, pour aussitôt m’inciter à continuer à chaque fois que je m’arrête.
La convention sociale du « Si tu viens, tu couches! » Il s’agit de la règle sociale non-écrite qui dit qu’inviter chez soi une personne compatible avec notre orientation sexuelle, c’est une invitation au sexe. Et accepter l’invitation, c’est dire oui au sexe.
Daniella l’amie seulement. Une fille m’invite à passer la nuit chez elle, en précisant que ça sera en amis. Je me le tiens pour dit, même lorsqu’elle a un comportement qui pourrait faire croire qu’elle a changé d’idée.
Océane. Elle vient chez moi, me dit qu’elle doit partir tôt, est en couple, me dit que se toucher entre amis n’est rien d’autre pour elle que signe d’amitié… Et passe le reste de la soirée à me provoquer et s’offrir à moi, rester plus tard que prévu, pour ensuite mettre un terme à notre amitié car je refusais de me jeter dans cette situation trop floue.
Elle a dit OUI par peur des conséquences de dire NON. La raison pourquoi j’ai cessé de croire à « Qui ne dit mot consent! »
Je pense qu’il y a tout de même un intérêt à la résistance de principe : le plaisir de se savoir désiré (ou plutôt désirée dans ce cas précis), et le prolonger (dans certaines limites, différentes dans chaque cas j’imagine). Frustrant pour le désireur, mais compréhensible.
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