Que feriez-vous à ma place?

Il y a quatre ans, lorsque je travaillais pour La Firme, mon premier contrat était de numériser des documents pour la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.  C’est en ayant accès à ces archives que j’ai pu créer ma page Autour du Mont-Saint-Hilaire d’autrefois qui a plus de 7 400 abonnés au moment où j’écris ces lignes. J’ai encore de bons contacts avec certains de mes ex-collègues de la BAnQ. 

Ce qui suit est ma conversation d’hier avec l’un d’eux.  Le tout est reproduit (et condensé) avec sa permission.  Afin d’en faciliter la compréhension, j’inclurai des images que je n’avais pas sous la main au moment de l’échange original.

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LUI: Les bibliothèques mettent à la disposition du public des postes internet.  Ça fait plusieurs années que l’on reçoit des plaintes à l’effet que des gens les utilisent dans des buts illicites.  La BAnQ a décidé d’y mettre fin.  Puisque tout ce qui se passe sur ces ordinateurs publics est enregistré, on nous a chargé d’y retracer les usagers qui en font un usage illégal et criminel.  Par exemple, si on entre « pornographie juvénile » on voit tout de suite quel usager a écrit ces mots, à quelle bibliothèque, sur quel terminal, à quel jour et à quelle heure. Il ne reste plus qu’à scruter à la loupe le backlog des activités de cette personne sur ces ordis.

MOI: D’accord.

LUI: Est-ce que tu connais un gars nommé K███ B███████ ?

MOI: Bah ouais!  C’était un collègue, du temps où je faisais de la bande dessinée.

LUI: De novembre à janvier dernier, il a vandalisé à de très nombreuses reprises ta page sur Wikipedia, la française et l’anglaise.

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MOI: Ah bon?

LUI: Il a commencé par t’accuser de violence conjugale.  Attend, je vais t’envoyer d’autres images.

LUI: Avant de changer ça pour attouchements sur des enfants.

LUI: Pour finalement prétendre que tu aurais fait de la prison en 1995 pour possession de pornographie juvénile. 

LUI: C’est justement parce qu’il a écrit ça que son nom est apparu dans nos recherches.

MOI: Je n’ai jamais fait de prison, pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais fait de violence conjugale, ni d’attouchements sur des enfants, et je n’ai jamais possédé de porno juvénile non plus.

LUI: Voilà pourquoi il n’avait aucune preuve à apporter. Les modérateurs de Wikipedia ont effacé plusieurs fois ses modifications.  Il a écrit à l’un d’eux personnellement en lui jurant que tu avais fait ce dont il t’accuse.  Et dans le même message, il menace d’utiliser les réseaux sociaux afin de continuer de salir ta réputation le plus possible.

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MOI: Oui mais plusieurs personnes utilisent vos terminaux. Comment savez-vous que c’est bien K███ B███████ qui a fait ça?  Par sa carte de bibliothèque quand il se logue?

LUI: Ça ne suffirait pas.  Trop de gens écrivent leur NIP dessus.  Ça leur permettrait de prétendre s’être fait voler leur carte.  Mais puisqu’ils se loguent dans leur Facebook et leur courriels officiels en même temps qu’ils posent ces gestes illégaux, là ils ne peuvent plus prétendre qu’ils sont victimes d’une erreur sur la personne. 

(Sur ce, il m’envoie une capture d’écran de la page Facebook de K███ B███████, que je ne vous montrerai pas ici pour des raisons évidentes.)

LUI : C’est bien lui?

MOI : C’est son style de dessin en tout cas.  À partir de quelle bibliothèque est-ce qu’il a modifié mon Wiki?

LUI : La Grande Bibliothèque du métro Berri-UQÀM à Montréal.

MOI : Ce qui fait du sens puisqu’il habite à quelques minutes de marche de là. Qu’est-ce que vous allez faire avec ces renseignements?

LUI : On va envoyer les dossiers au département de sécurité qui va vérifier les caméras du lieu, de la date et de l’heure qui correspondent au moment où les contrevenants ont utilisé du matériel gouvernemental (les ordis de la BAnQ) à des fins criminelles (Dans son cas, harcèlement, intimidation et atteinte à la réputation), et ça leur donne un visuel des contrevenant pour compléter les dossiers.  Il ne leur reste plus qu’à envoyer le tout aux autorités. 

MOI: D’accord.  Et comment allez-vous procéder aux arrestations des contrevenants?  Ça va être chez eux?  Ou aux bibliothèques, la prochaine fois qu’ils s’y loguent?

LUI: Je n’ai pas la liberté d’en parler.  Mais toi, qu’est-ce que tu vas faire avec ça?  K███ B███████ affirme clairement qu’il répand ces mensonges partout, pas juste sur ton Wiki.

MOI: Je peux facilement m’en disculper.  Afin de pouvoir occuper un travail de haute sécurité, j’ai eu à me procurer un document produit par la GRC qui déclare que je n’ai pas de dossier judiciaire.  Je ne peux donc pas avoir fait de prison.

MOI: Remarque, je suppose qu’il y en a qui vont dire que j’aurais pu recevoir un pardon.

LUI: Non. La GRC inscrit les pédophiles sur Le Registre national des délinquants sexuels (RNDS) et ça les suit toute leurs vies. Si tu en avais été trouvé coupable, tu n’aurais jamais pu obtenir un pardon.

MOI: De plus, en 1993-94-95, j’étais de retour aux études au Centre Saint-Paul pour finir mon secondaire. Ensuite, en 1995-96-97, je poursuivais mes études au Cégep André-Laurendeau.  Et j’ai les relevés de notes du Ministère de l’Éducation avec les dates pour le prouver. 

MOI: Et de août 1997 à avril 2000, j’étais employé à CGI, ce que confirment mes rapports d’impôts. 

MOI: Alors contrairement à ce qu’il jure aux modérateurs de Wikipedia, je ne pouvais pas « être en prison pour dix-huit mois à partir de 1995 », comme il dit.

LUI: Effectivement.

MOI: De toute façon, en 1995, j’étais très actif dans le monde de la BD.  Si j’étais disparu pendant un an et demi pour faire de la prison, ça se serait su.

LUI: Mais est-ce que tu compte passer ta vie à trainer avec toi ton papier de la GRC, ton relevé de notes et tes déclarations d’impôts pour te blanchir de cette accusation à chaque fois que tu vas rencontrer quelqu’un?  Ça n’a pas de sens.

MOI : Ouais, j’avoue!

LUI : Pourquoi est-ce qu’il te fait subir ça?  Et pourquoi cette accusation-là en particulier?

MOI: Le simple fait qu’il a rédigé 2-3 accusations différentes sur Wiki avant de s’arrêter sur celle-là démontre quelque chose que mes proches ont déjà constaté depuis des années : il ne sais pas de quoi m’accuser. Il ne trouve rien de pertinent à me reprocher, alors il est obligé d’inventer: violence, obsession sexuelle, misogynie… Tu sais que Flavie a toujours été une militante féministe engagée. Je n’aurais certainement pas pu être en couple avec elle de 2013 à 2018 si j’étais tel que K███ B███████ me dépeint.

LUI: Ha! Ha! C’est vrai.

MOI : Et pourquoi cette accusation-là en particulier? Parce que nous sommes à l’époque de #DénonceTonPorc, #MoiAussi, #OnVousCroit. Face à ce genre d’accusations, pas besoin de preuves, tout le monde est porté à le croire. C’est à l’accusé de faire la preuve de son innocence. 

LUI: Et même quand il la fait, il reste toujours un doute dans la tête des gens.

MOI: Voilà! Quant à savoir pourquoi il est sur mon cas, aucune idée.  On a été amis de 1997 à 2003.  Il a décidé à ce moment-là de faire un 180 degrés en commençant à s’attaquer à ma réputation, et il n’a jamais arrêté depuis.  Je n’ai jamais su pourquoi.  Remarque, je n’ai jamais posé la question non plus.

LUI: Depuis 2003? Mais il a quel âge?

MOI: Il a deux ans de plus que moi, ça lui en fera donc 57 le mois prochain.

LUI: HEIN? T’es pas sérieux? Il agit encore comme ça à son âge?  Et ça fait 20 ans?  Pas non-stop, quand même?

MOI: Oui!  Au fil des années, sans que je ne le demande, quelques uns de nos amis en commun m’ont envoyé des captures d’écran de ce qu’il écrit à mon sujet.  J’ai pu voir que c’est quelque chose de régulier chez lui.

Contexte : J’étais à une table avec quatre amies, et je n’ai jamais bougé de là.  Tandis que lui se levait souvent de sa table pour aller déambuler autour de nous.
Contexte : Roosh V était un influenceur extrêmement misogyne.
Contexte: Il a écrit un roman à clé afin de « faire des révélations sur certains auteurs de BD« , auteurs qu’il liste ici.

MOI : Et ce n’est pas la première fois qu’il s’affiche comme étant désireux de « répandre la vérité » à mon sujet.

MOI : Ceux qui m’ont envoyé ces captures d’écran sont très amusés par les conflits.  Je suppose qu’ils s’attendaient à une réaction de ma part.  Ils ont dû être déçus.

LUI: Qu’est-ce que tu as fait?

MOI: Rien! Tu connais la méthode classique que tous les adultes recommandent à chaque enfant et ado qui est victime d’un harceleur? « Laisse-le faire, ne réagis pas, et il va finir par se lasser et s’arrêter. »  Ben voilà, depuis le début, je suis cette consigne à la lettre.

LUI: T’es pas sérieux?  Ça fait 20 ans que tu l’ignores, ET IL N’ARRÊTE PAS? Rendu à ce point-ci, on ne peut plus parler de harcèlement.  Il y a longtemps que ça a passé au stade de l’obsession malsaine et dangereuse.  Le gars a un sérieux problème mental.

MOI: Je ne crois pas que toi ou moi sommes qualifiés pour émettre ce genre de diagnostic.

LUI: Pas besoin d’être un psy pour voir que son comportement n’est pas normal, franchement. Ça se voit tout seul. Porte plainte, dénonce-le, poursuis-le.

MOI: Ça ne servirait à rien.  Le gars vit en dessous du seuil de la pauvreté.  Ce n’est pas comme s’il pouvait me payer des dommages et intérêts.

LUI: Je ne parle pas d’une poursuite au civil.  Je parle d’une poursuite au criminel.

MOI: C’est quoi la différence?

LUI: Une poursuite au civil, c’est lorsqu’un citoyen se sent lésé et poursuit une personne ou une entreprise afin d’obtenir réparation et compensation financière.  Une poursuite au criminel, c’est quand une personne a commis un crime.  À ce moment-là, cette personne est poursuivie en Justice par La Couronne (Le Gouvernement) qui se chargera de faire la preuve de sa culpabilité, et qui appliquera la sentence appropriée.

MOI: D’après ce que tu me dis, vous montez déjà un dossier sur lui pour utilisation illicite de matériel gouvernemental à des fins criminelles.  Je n’ai pas besoin d’en rajouter sur son dossier.

LUI:  Oui, mais ça va nous prendre quelques temps avant de passer à travers ça.  T’as pas idée du nombre de dossiers que l’on a accumulé depuis janvier.  Et dans son cas, à part d’être banni à vie de la BAnQ, il n’aura qu’un dossier judiciaire sans possibilité de demander pardon avant cinq ou sept ans.  

MOI: Bon ben voilà.  Il est trop pauvre pour avoir internet, alors ça règle mon problème.

LUI: Penses-tu vraiment qu’un gars qui a passé 20 ans à te harceler et à attaquer ta réputation va cesser tout geste contre toi s’il perd son accès au net?  S’il ressent à ce point-là l’impulsion de te nuire, il sera incapable de s’arrêter là.  Sauf que s’il ne peut plus le faire en virtuel, il ne lui restera plus que le réel.  Demande à n’importe quel psychologue, il te dira que tu te mets en danger, à rester passif comme tu le fais.

MOI: Qu’est-ce que tu suggères?

LUI: Avec les preuves que tu as déjà et celles que je te donne qui sont officielles car elles proviennent de la BAnQ, tu as harcèlement, atteinte à la réputation, menaces, intimidation.  Il s’agit de crimes reconnus par la loi.  Ce n’est pas une opinion, ce sont des faits.

MOI: Je ne sais pas trop…

LUI:  Une chose est sure, c’est qu’il aura droit à une évaluation psychologique.  Ça, personne ne peut nier qu’il en a besoin.  C’est anormal d’être obsédé à ce point-là sur toi.  Surtout si tu n’as jamais rien fait pour le provoquer.  Et ce, je le répète, PENDANT VINGT ANS.

MOI: M’ouais…

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Alors voilà la chose.  Comme vous le voyez, c’est un sujet assez sérieux. Et c’est la raison pour laquelle j’ai besoin de votre opinion. 

Que feriez-vous à ma place?

5 réflexions au sujet de « Que feriez-vous à ma place? »

  1. Salut,

    Situation difficile… je commencerais par évaluer l’impact réel des dire de cet individu. Est-ce que ça atteint l’oreille de personnes dont tu as besoin qu’elles aient une opinion positive de toi? Si oui est-ce que ces personnes verront de la crédibilité dans les paroles d’un fou sur Internet, qui viendrait nuire à leur opinion?

    La question est, quel est l’impact réel des actions de l’individu?

    Je ne suis pas avocat donc le mieux serait peut-être de payer 100-300$ pour une consultation d’une heure pour voir tes options… Peut-être que la diffamation, c’est uniquement au civil que ça passe… Ça dépends combien tu veux t’impliquer, combien tu veux dépenser versus l’impact réel de dires de l’individu. Ça peut prendre beaucoup de temps et d’énergie. Si la BANQ fait des poursuite criminelles, ça va déjà le calmer un peu.

    Si il arrive au point de contacter ton employeur, un bon employeur lui dirait d’arrêter et de ne plus rappeller. Au pire tu as tes preuves et la bonne réputation que tu te développes depuis des années.

    Wikipedia, je pense que tu peux demander à faire barrer ta page pour bloquer le vandalisme. Peut-être.

    Bonne chance.

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  2. Moi je pense que s’il est aussi obsédé par toi, il lira ton article. Et il s’arrêtera peut-être en voyant qu’il pourrait se retrouver dans l’eau chaude. Peut-être que ça suffira à calmer ses ardeurs. Je te le souhaite!

    Peut-être aussi que ça le fâchera au point de redoubler d’ardeur. Auquel cas, je n’hésiterais pas à aller de l’avant avec une plainte. Sa situation personnelle ne te concerne pas, tu dois protéger ton honneur et ta réputation avant tout. Au mieux, il bénéficiera d’une évaluation psychologique qui débouchera sur un suivi possiblement bénéfique pour lui. C’est épuisant et énergivore de passer autant de temps à détester quelqu’un…

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  3. Deux choses: la première, c’est que je ne crois pas que ça soit du harcèlement criminel au sens légal du terme, car pour que ça soit considéré comme du harcèlement il faudrait que la situation cadre avec l’un des critères cité dans l’article d’Éducaloi sur le sujet. Voir: https://educaloi.qc.ca/capsules/le-harcelement-criminel/

    Deuxièmement, pour pouvoir le poursuivre pour atteinte à la réputation, il faudrait que tu en ais subit des dommages. La jurisprudence sur le sujet montre que c’est si cela nuit à ton travail ou te le fait carrément perdre. Voir: https://educaloi.qc.ca/actualites-juridiques/affaire-rozon-diffamation/

    Je cite: « La personne qui poursuit devra prouver que les propos sont diffamatoires et qu’elle a subi des dommages en raison de ces propos. »

    J’ai déjà vécu une situation similaire et je ne pouvais rien faire parce que cela ne m’avais causé aucun problème au travail. Ça m’avait seulement perturbé au niveau psychologique, mais sans plus.

    Je n’ai pas le temps de te fournir toutes les références, mais si tu as le temps de faire de longues recherches sur le sujet, je suis certain que tu vas en tirer les mêmes conclusions.

    Si tu en as les moyens, consulte un avocat de confiance qui va pouvoir t’informer sur le sujet.

    Personnellement, je ne pense pas que ça vale la peine de te faire siphonner ton argent par un avocat en poursuivant un loser qui n’a rien d’autre à faire de ses journées. Le connaissant, je pense qu’il est plus en mesure de se nuire à lui-même qu’a toutes autres personnes.

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  4. Alors, quelle sera ta décision finalement par rapport à cette histoire? Est-ce qu’il y en a un autre à part ce gars-là qui te harcèle en ligne? Tu as écrit les contrevenants dans ce billet.

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    • Le terme « les contrevenants » désigne l’ensemble des gens qui utilisent les ordinateurs de la BAnQ dans des buts illégaux.

      Quant à ma décision, oui, je l’ai prise. Mais je n’en parlerai pas publiquement.

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