Goût pour l’exotisme OU besoin de justifier une situation difficile?

C’est à 17 ans que j’ai eu ma 3e relation de couple.  Celle-ci a durée un an. C’est avec cette fille que j’ai eu mes premières relations sexuelles. Elle était d’origine Haïtienne. Je l’ai rencontré grâce à une petite annonce dans un magazine pour ados, dans laquelle je disais être à la recherche d’une petite amie et que j’avais un faible pour les asiatiques et les noires.

Voyez-vous, de 15 à 30 ans, j’ai eu un gros trip Black & Asian. À part l’ex sus-mentionnée, je n’en ai jamais eu aucune autre. Ça ne m’empêchait pas de les désirer à fond. Je ne me suis jamais demandé pourquoi j’étais attiré vers l’exotisme. Je croyais juste que ça faisait partie de mes goûts, voilà tout.

Prise de conscience

J’ai quand même fini par me la poser, cette question. C’était lors d’une sortie au cinéma, en 1997. Ce soir-là, j’étais accompagné de Fatima, une amie iranienne qui était également mon amante. Elle n’était au Québec que depuis deux ans, après avoir passé la première moitié de sa vie en Iran et la seconde en France.  cette double nationalité lui donnait un accent assez unique dans la voix.  Nous étions allés voir Boogie Nights, dont l’action se passe à l’époque Disco, fin années 70, début années 80. Plusieurs fois dans le film, j’ai été amusé de voir des références à des choses auquel j’ai assisté ou entendu parler de, puisque ce sont les années de mon enfance et de mon adolescence. Quand je lui en faisais la remarque, elle me répondait toujours la même chose: Que ça ne lui disait rien.

Je me souviens clairement qu’à ce moment là, je l’ai regardé du coin de l’oeil et je ne suis posé cette question: Qu’est-ce que je fous avec elle? Non mais c’est vrai, on n’avait tellement rien en commun. Pourquoi est-ce que j’avais cette fille-là comme amante alors qu’il y avait autant d’obstacles pour nous séparer?

Obstacle 1: Elle a 19 ans. J’en ai 29. Nous n’avons pas vécu aux mêmes époques.

Obstacle 2: Elle a vécu sa jeunesse en Iran sous le régime dictatorial guerrier de Khomeini. J’ai vécu au Québec dans l’ère post Révolution Tranquille sous le régime libéral du parti du même nom, suivi de celui de René Lévesque.

Obstacle 3: Elle a une culture, voire deux dans son cas, complètement différentes de la mienne. Impossible pour nous de parler de télé, musique, cinéma, mode, etc.

Obstacle 4: Pour sa famille, je suis un étranger que l’on traite avec méfiance. Pour ma famille, elle est une étrangère que l’on traite avec condescendance.

Obstacle 5: Sexuellement, elle trippait domination/soumission, me voyant maître, se voulant esclave. Ma personnalité et mon éducation m’interdit toute violence envers la femme. Le fait de savoir qu’elle le désire ne change rien au malaise que je ressens à la soumettre et la dominer.

En ressortant du cinéma ce soir là, je n’étais plus le même homme qui y était entré deux heures plus tôt. C’est que je venais de me rendre compte que dans le fond, ce n’était pas l’exotisme qui me faisait aller vers ces filles-là. C’était la difficulté. Les obstacles. Ça m’a pris un grand travail d’introspection, mais j’ai fini par comprendre que la raison pourquoi j’allais vers elles, c’est à cause que j’avais un complexe d’infériorité.

Avant de sauter au plafond et me traiter de raciste, lisez ce qui suit:

Comme je l’ai souvent raconté, le moi adolescent et jeune adulte était pauvre, maigre, laid. La majorité des filles, même les plus laides, préféraient une vie de célibat plutôt que de m’avoir pour chum. C’est une réalité qui est très difficile à encaisser car elle blesse fortement l’estime de soi. Dans ce temps-là, pour survivre aux situations trop pénibles, le cerveau réagit en nous poussant à rechercher des situations plus acceptables. Puisqu’on ne s’en rend pas compte, ça se passe au niveau de l’inconscient. Du subconscient, si vous préférez le terme anglo plus populaire.

C’est ainsi que, de façon inconsciente, j’ai commencé à jeter mon dévolu sur des filles de races différentes, de cultures différentes, d’un grande différence d’âge. Ainsi, si ça ne marchait pas entre nous, je pouvais toujours me dire que c’était à cause de la différence d’âge, de race ou de culture. Puisque la raison principale de mon rejet pouvait désormais s’expliquer par autre chose que ma maigreur, ma laideur ou ma pauvreté, alors mon estime de soi n’était plus atteint. Ok, un rejet reste un rejet. Ça reste une expérience plate à vivre. Mais au moins, maintenant que je pouvais l’expliquer sans me remettre en cause, alors c’était supportable.

Et voilà pourquoi je dis que mon attirance pour l’exotisme venait de mon complexe d’infériorité: Parce que je ne trippais pas sur ces filles pour les bonnes raisons. Ce qui m’attirait en elles, ce n’était pas nos compatibilité ni leurs personnalités. C’était le fait que, si la relation ne marcherait pas, nos différences pouvaient expliquer pourquoi, de façon plus acceptable pour mon estime de soi.

Et pourquoi est-ce que je partais à la base avec l’idée que ma relation avec une fille ne pourrait pas marcher? EXACTEMENT! S’attendre d’avance à ce que notre relation avec la fille ne marche pas, et ce avant même d’avoir une fille en vue, ÇA, c’est un signe flagrant qu’on a un complexe d’infériorité.

Éventuellement, à force de travail constant sur ce qui me faisait défaut, j’ai fini par perdre ces derniers. Les filles de ma race, de ma culture et de mon âge ont commencé à me trouver intéressant, et même à faire les premiers pas. J’ai pris de la confiance en moi. J’ai cessé de rechercher les difficultés.

Aujourd’hui, j’ai quelques amies noires et asian. Elles sont aussi québécoises que moi dans la naissance, la culture et l’accent parlé. La femme de ma vie des onze dernières années est blanche, mais elle aurait tout aussi bien pu être noire ou asian, puisque ce n’est plus la race qui importe pour moi, mais bien la compatibilité des personnalités et nos points communs.

Quand tu vis une relation difficile, c’est probablement de la faute de l’autre. Quand tu vis plusieurs relations difficiles de suite, il y a de grandes chances que ce soit toi qui recherche les obstacles. Réfléchis et essaye de trouver pourquoi. C’est seulement lorsque tu auras trouvé la source du problème que tu pourras y travailler, cesser de vivre des relations cul-de-sac, et enfin connaître le bonheur auquel tu as droit. Parce que LÀ, tu sortiras avec l’autre pour les vraies bonnes raisons.

3 réflexions au sujet de « Goût pour l’exotisme OU besoin de justifier une situation difficile? »

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