Geneviève la coloc de l’enfer, 5e partie: Une bonne conduite

Cet automne là, mon nouveau travail bien payé à Air Canada m’a permis de me payer une auto.  C’est que quand j’habitais chez mes parents à St-Hyacinthe, je pouvais emprunter la leur.  Mais plus maintenant, puisque j’habite Montréal. 

Soudainement, l’attitude de Geneviève changea avec moi. Soudainement, elle devint gentille. Soudainement, elle devint amicale. Soudainement, elle voulait être en ma compagnie… En particulier dans l’auto. Bon, je refusais de lui servir de chauffeur privé peu importe l’insistance qu’elle y mettait. Par contre, presque à chaque fois que je devais partir ailleurs qu’à mon travail, elle me demandait si elle pouvait venir aussi, ou bien parce qu’elle avait à faire dans ce coin là, ou bien elle me demandait de faire un détour pour la déposer en quelque part. Et quand j’allais au Carrefour Angrignon faire une épicerie, je pouvais être certain que l’heure que j’y mettais d’habitude allait être multiplié par trois ou quatre, le temps qu’elle magasine partout et s’achète du stock. Bien sûr, elle me demandait de lui porter ses paquets tandis que je l’accompagnais, ce que je refusais catégoriquement. Bien des gens me considéreraient comme un gars mal éduqué de ne pas vouloir les lui porter, mais s’ils savaient ce qu’elle me faisait endurer, ils pourraient peut-être comprendre pourquoi je n’avais pas envie d’être gentleman avec elle.

Son attitude gentille et amicale a vite fait place à son naturel qui est revenu au galop.  Par exemple, lorsque l’on traversait la ville, putain que c’était l’enfer. Bien qu’elle ignorait complètement les sens uniques, interdictions de tourner et autres règlements qu’on ne remarque pas quand, comme elle, on a toujours été piéton, elle se permettait de m’insulter si je prenais un chemin que je savais passable plutôt qu’un autre qu’elle croyait par erreur être meilleur.   Une journée en particulier, je me suis vite rendu compte qu’elle essayait juste de me faire frustrer. Histoire de voir à quel point, j’ai décidé de faire exprès pour répondre à chacune de ses attaques par une réponse dite avec calme, zen et sans contradiction.

 « Qu’est-ce que tu fais, là? Tasse-toé, j’viens de te dire de tourner icite. »
« Je ne peux pas, c’est un sens unique, tu vois la pancarte!? »
« Ben t’es donc cave. Pourquoi t’es pas arrivé deux rues plus à gauche d’abord? »
« C’est fermé pour travaux. »
« Franchement, si tu le savais que c’était fermé, pourquoi t’allais par là tantôt? »
« J’ai seulement appris que c’était bloqué quand j’ai vu les panneaux de détour. »
« Ben oui, pis tu nous as pognés dans le trafic. »
« Désolé, la prochaine fois je me renseignerai. »
« Hostie qu’c’est con d’passer icite. »
« Possible! Mais c’est le seul chemin que je connais pour me rendre. »

« Tu connais pas grand chose. »
« Eh non. Hélas, je n’ai pas la connaissance des rues de Montréal d’un chauffeur de taxi. »
« Pas besoin d’être chauffeur de taxi. Lucien, lui, il sait par où passer pour se rendre partout rapidement. »
« Ah ça c’est normal, Lucien conduit dans Montréal depuis des années, soit bien plus longtemps que moi. »
« Pas rapport! J’conduis pas pis moi aussi j’le sais. »
« Excellent! Comme ça, grâce à toi, on ne pourra pas se perdre. »
« Bon! Bon! Bon! Ga’ lé là si y’é frustré! »

À celle-là, bien que je continue de parler calmement avec un petit sourire, je ne peux m’empêcher de lui lancer un petit sarcasme.

« Frustré ? Hum… Oui, je suppose qu’entre toi qui ne cesse de me lancer des insultes et moi qui te réponds calmement, j’imagine qu’en effet c’est moi, le frustré, ici. Oui, tu as parfaitement raison. »

Elle hausse le ton.

« Tu l’sais-tu c’est quoi ton vrai problème, toé? C’est que ça t’fais chier de voir qu’une fille sache mieux que toé comment se diriger en ville! »

Ok, wow!  Je sais qu’il y a des gens qui ont une haute estime de leurs propres opinions.  Et moi le premier.  Par contre, qu’une personne se croit tellement dans son droit de rabaisser un autre qu’elle considère que la seule raison pourquoi il se défend, c’est parce qu’il a des préjugés contre le sexe opposé?  Je n’avais encore jamais vu ça.  Ou bien j’accepte ses insultes, ou bien je suis misogyne.  Je ne sais même pas quoi répondre, tellement c’est n’importe quoi.  En tout cas, je suis déçu de constater qu’avec elle, il n’y a pas moyen de s’en tirer. Ou bien j’acceptais ses abus avec le sourire, ce qui faisait que j’étais le seul de nous deux à frustrer.  Ou bien je ne me laisse pas faire et nous sommes deux à frustrer, et elle empire les abus en allant jusqu’à dire exagérations, fabulations, mensonges.

Pourquoi est-ce que j’endurais tout cela? C’est que c’est assez difficile de se trouver un nouveau logement entre novembre et mars.  De nos jours, il y a internet et Kijiji, alors c’est facile.  mais à l’époque, ce n’était pas évident.  Et comme elle me rappelait souvent que c’était son nom et non le mien qui était sur le bail, eh bien…

 Il arrivait quand même des fois que j’accepte d’être son chauffeur quand c’était sur mon chemin et que c’était rapide. Par exemple, un soir elle m’appelle à mon travail, alors que j’étais au quart de soir, travaillant de 16:30 à minuit.  Elle me demande de passer la prendre au bar St-Sulpice sur la rue St-Denis car elle risque de manquer le métro. J’accepte puisque ce n’est pas vraiment un détour pour moi. Je la retrouve là, avec ses amis, mais contrairement à ce que je croyais, elle ne voulait pas rentrer tout de suite. Non, ma présence en tant que lift lui permettait de rester là jusqu’à la fermeture à trois heures du matin, et de pouvoir aller reconduire ses amis chez eux par la même occasion. Inutile de dire que j’étais épuisé et pas juste un peu frustré lorsque j’ai enfin pu me coucher à 4:30 du matin, soit quatre heures plus tard qu’à mon habitude.

Une autre fois, mon ex, la mère de mes enfants, qui habitait à quelques rues de chez Geneviève et moi, voulait que je passe chez elle un soir. Ça ne me tentait pas trop, surtout que Kathleen, une des amies de Geneviève, faisait un party ce soir là, et que je m’étais très bien entendu avec elle les deux  fois où je l’avais rencontré. Aussi, lorsque j’ai entendu le message sur mon répondeur où Kathleen dit à Geneviève d’amener ses colocs au party, je suis heureux de voir que je peux quand même recommencer à avoir une vie sociale.

 Le soir venu, Geneviève me demande si je peux aller les reconduire, Cassandra et elle, au party. Je réponds:

 « Bah ouais! Puisque j’y vais anyway, ce serait bête de vous faire prendre le bus. »
« Comment ça, tu y vas? T’es pas invité! »
« Kathleen a bien dit sur le message que je pouvais venir. »
« Non! Elle a dit « T’amènera TA coloc », donc Cassandra. Elle a jamais parlé de toi. »
« Heille, arrête ta bullshit!  J’ai encore le message sur mon répondeur ici, et elle dit très clairement « T’amènera TES coloc », et non juste « TA coloc ». »
« C’est parce qu’elle ne savait pas que t’habitais icite. Quand j’ai vérifié avec elle au téléphone, elle m’a dit qu’elle pensait que je restais avec deux filles qu’à connaissait pas. C’est un party entre amies seulement. »
« Entre amis seulement, mais elle invite des filles qu’à connais pas? C’est pas ben ben logique, ton affaire. »

Voyant que je ne crois pas à ses explications illogiques, elle change de tactique.

 « Bon, Ok, j’voulais pas te le dire pour pas te faire frustrer, mais c’est elle qui m’a demandé de pas t’inviter. Elle a l’œil sur un gars qui va être là à soir, pis ta présence la mettrait mal à l’aise. »
« Franchement!  Ça ne tient pas debout.  On se connait à peine elle et moi, et je n’ai jamais essayé de la draguer.  Pourquoi est-ce que ma présence lui… »
« Le party se passe chez elle, fa que c’est elle qui décide qui rentre chez elle ou pas. »

Bien que ce qu’elle me raconte soit improbable, ça reste tout de même possible.  Si elle dit vrai, je risque donc de me retrouver à un party dans lequel non pas une mais bien deux filles trouvent ma présence indésirable.  Et si je confronte Kathleen directement pour lui demander, même si Geneviève ment, le simple fait d’aborder le sujet va mettre une mauvaise ambiance dès le départ.  Est-ce que je tiens à prendre ce risque?

« Bon ben tant pis, allez-y en bus.  Chu tanné de te servir de chauffeur pour rien. »
« Estie que t’es chien, man! Tu me punis pis c’est même pas de ma faute. Pis Cassandra, elle, tu y penses-tu? Elle aussi, tu veux la punir à cause de Kathleen? »

 C’était en effet ben chien de ma part d’impliquer cette pauvre et innocente Cassandra. J’accepte donc d’aller les reconduire. Mon ex habite à cinq ou six rues de chez Kathleen. J’irai là en attendant, elles n’auront qu’à m’y appeler quand le party sera fini, je les ramasserai chez Kathleen et on retournera chez nous.

 Rendu à onze heure du soir, Geneviève m’appelle chez mon ex et me demande d’aller les chercher. Ça me surprend qu’elle veut partir de ce party si tôt, elle qui préfère toujours rester dans les bars jusqu’à la fermeture. Mais bon, je décide quand même de finir le film que mon ex et moi regardons.  Geneviève me fait toujours attendre à chaque fois que je vais la chercher en quelque part, alors pour une fois que c’est l’inverse, elle n’en mourra pas.  

Quarante-cinq minutes plus tard, je sonne chez Kathleen où le party bat son plein. Kathleen me répond toute joyeuse en me sautant au cou.

 « HEY, STEEEEVE! Comment ça va? »

Hum… Ok! Pour une fille qui ne voulait pas me voir à son party, je me serais attendu à une attitude un peu plus froide et distante.

« Bien, et toi? »
« Super, mais pourquoi t’es pas venu à mon party? »
« Ben, parce que t’avais juste invité Geneviève pis Cassandra? »
« Ben non, toi aussi j’voulais qu’tu viennes. »

Tabarnak! Encore une manigance de Geneviève dans le but de m’empêcher d’avoir la moindre vie sociale.  J’aurais dû m’en douter.   Je réserve un chien de ma chienne à cette chiante, et tant pis si ça fait une scène publique. Cette fois, ce ne sera pas un cas de ma parole contre la sienne. Cassandra est témoins de tout ce que Geneviève m’a dit pour m’empêcher d’aller au party ce soir, et elle est trop honnête pour mentir. Je demande donc à Kathleen à voir Geneviève et Cassandra, puisque je suis venu ici les chercher.  Elle me répond:

« Ah, t’arrives trop tard,  ‘sont parties y’a une demi-heure. »

Me faire y aller sans raison, après m’avoir empêché d’y aller sans raison. Les bras m’en tombent.  Vous devinez que Geneviève n’étais pas vraiment ma coloc favorite en ce moment. Je rentre à la maison, furieux comme jamais.  Les lumières sont éteintes, ce qui signifie qu’elles sont couchées. Je me dirige directement dans la chambre de Geneviève et allume.  Elle est couchée et endormie.  Peu m’importe, je la secoue en l’engueulant.  Je constate rapidement que ma complainte est tombée dans l’oreille d’un sourd, ou du moins d’une personne visiblement trop abrutie par l’alcool et whatever drogue qu’elle a consommée ce soir-là pour comprendre la moindre chose que je disais. J’ai refermé la lumière et la porte en furie, et je quitte l’appartement.

« Ah, comme ça Kathleen voulait me voir à ce party, hein? Très bien, je ne vais pas laisser se gâcher le reste de la soirée pour une christ de vache de chienne sale comme Geneviève. »

Je sors de l’appartement et je cours vers mon auto stationnée trois rues plus loin et… Et je me fait arrêter par une police qui patrouillait dans le coin et qui trouvait ça suspect, quelqu’un qui court à toute vitesse, passé minuit, dans ce quartier mal famé. 

Un quart d’heure plus tard, me revoilà  chez Kathleen et je sonne de nouveau.  Elle me répond, l’air surprise de me revoir.  Et moi, je constate avec déception que non seulement toutes les lumières chez elle sont allumées, la musique ne joue plus.  Dans la demie-heure que j’ai mis pour faire cet aller-retour, le party a eu le temps de finir.  Le trois quart des invités sont partis et ceux qui restent sont effondrés ici et là, bien parti pour y dormir jusqu’à midi demain.  À Kathleen qui me demande ce que je fais là, j’improvise une explication bidon, comme quoi Geneviève aurait oublié ses gants chez elle. Une fouille rapide constatant qu’il n’en était rien, je la salue et repars chez moi. Encore une fois, à cause des manigances de Geneviève qui s’acharne à détruire le peu de vie sociale que j’arrive à obtenir, me revoilà déçu, frustré, loser. Si seulement je pouvais comprendre pour quelle raison elle me fait ça.  Qu’est-ce qu’elle en a à foutre, si j’ai des amis ou non? Qu’est-ce que ça change dans sa vie?  Je veux dire, à part pour le plaisir de jouer à « Ha ha, j’ai une vie sociale pis t’en a pas! », comme elle me l’a fait à l’Halloween.

Il y avait quand même des fois où c’était avec plaisir que je lui servais de chauffeur.  Vers la mi-décembre, ma chère coloc devait se rendre à l’Ile Perrot pour un party de Noël avec de ses amis qu’elle s’était fait au foyer d’accueil pour jeunes filles abusées.

« Pis là frustre pas si j’t’invite pas!  C’est juste la gang de filles du foyer, pis leurs chums pour celles qui en ont.  T’es pas mon chum pis encore moins une fille du foyer, tsé! »
« Mais oui, pas de problème. »

Après l’avoir débarquée, je retourne à Montréal.  C’est que ce soir là, j’avais d’autres plans et je me suis bien gardé de lui en parler. Je ne tenais à éviter que Geneviève manigance quoi que ce soit pour me les ruiner.  Appelez-moi parano, je trouve que son comportement avec moi jusqu’à date justifiait amplement cette mesure de prudence.

Fatima était une étudiante d’origine franco-iranienne, au Québec depuis deux ans, que j’avais rencontré l’année dernière lors d’un rassemblement de cégeps pour une activité intercollégiale.  On s’était plu tout de suite.  Mais à cette époque, Internet était à ses débuts, et seuls les riches y avaient accès, ce qui n’était pas mon cas.  Or, depuis quelques mois, maintenant que je travaillais pour Air Canada, j’y avais une connexion au net cinq jours semaine.  J’en ai profité pour la retracer.  Et c’est afin de pouvoir lui écrire que je me suis ouvert un compte sur Hotmail.  Je suppose que j’étais l’un des premiers francophones à m’y inscrire, d’où le fait que j’ai pu obtenir quelque chose d’aussi simple que requin@hotmail.com comme adresse de messagerie.  Elle a été heureuse d’avoir de mes nouvelles.  On s’est revus plusieurs fois, et depuis quelques jours c’est maintenant mon amante libre sans attaches, ce que l’on appelait à ce moment là une fuck friend.  Ce soir, en sachant que je vais avoir l’appartement pour moi tout seul pour tant et aussi longtemps que je n’irai pas chercher Geneviève, je ne suis que trop heureux de passer prendre Fatima.  Comme d’habitude, dès que nous sommes à bonne distance de chez elle, elle retire son hijab et le range dans son sac à main.  Bien qu’elle ne fasse pas de remous afin de rester parfaite et irréprochable auprès de sa famille, c’est une petite rebelle éprise de liberté. Ayant moi-même vécu pendant plusieurs années sous la dictature de mon ex et de ma belle-famille pour cause d’obligations familiales, c’est le plus grand trait de personnalité que nous avons en commun.  C’est probablement ce qui nous rend aussi complices dans cette excitante relation secrète.

Alors que nous terminons de souper, le téléphone sonne.  Je répond.  C’est Geneviève qui m’appelle en riant:

« Pis? Tu t’amuses bien, chez vous, tout seul? »
« Je ne suis pas seul, je suis en bonne compagnie.  On vient tout juste de finir un souper romantique. »
« Hein? Avec qui? »
« Tu la connais pas. »
« Tu me niaises-tu? T’as pas vraiment quelqu’un avec toi? »

Pour toute réponse, je tend le combiné à Fatima qui, à l’autre bout de la table, crie joyeusement « SALUUUUUT! ».  Puis, je reprend la conversation.

« Fa que, qu’est-ce que je peux faire pour toi? »

Avec une voix surprise de quelqu’un qui ne sait plus trop quoi dire, Geneviève répond:

 « Ah? Euh, ok!  C’était juste pour savoir. Ok, bye! »

 Et elle raccroche.  Fatima me demande:

« C’était qui? »
« Ma coloc Geneviève. »
« Qu’est-ce qu’elle voulait? »
« Rien! »
« Comment ça, rien? »
« Ben, pour être franc, je ne vois qu’une seule explication pour son appel: Elle s’est probablement amusée à raconter à ses amis combien elle abuse de moi et comment elle s’arrange pour m’empêcher d’avoir une vie sociale.  Elle a dû vouloir po
usser la chose encore plus loin en me niaisant devant tout le monde par téléphone sur le fait que je suis un reject tout seul chez lui tandis qu’elle s’amuse en party. »
« Ha ha! Tu serais pas un p’tit peu parano, des fois? »
« Je fabule peut-être, mais après le coup de l’Halloween et du party de Kathleen, ça ne me surprendrait vraiment pas d’elle.  C’est même la plus rationnelle explication de cet appel qui ne semblait pas avoir le moindre autre but. »

Geneviève me rappelle quinze minutes plus tard, cette fois pour nous inviter tous les deux au party, Fatima et moi.  La voyant venir dans son petit jeu, je ne peux m’empêcher de lui répondre:

 « Bon, qu’est-ce qui se passe? Ça manque de filles à ton party, c’est ça? »
« Hein? De quoi tu parles? »
« Quand je suis seul, tu m’invites pas. Mais dès que t’apprends que chus avec une fille, tu NOUS invite. »
« Heille, les nerfs, chose!  La parano, ça se soigne, tsé! »
 » Ah ouais? Pourtant, t’as eu deux occasions m’inviter, aujourd’hui: Une fois dans le char quand je t’ai reconduit, pis une fois tantôt quand tu m’as appelé pour rien dire.  Comment ça se fait que tu l’as pas fait à ce moment là? »
« Parce qu’à ce moment-là je l’savais pas que je pouvais t’inviter.  Mais là, y m’ont dit que c’était correct. Fa que, venez vous-en! »

Juste à entendre mon côté de la conversation, Fatima comprend tout de suite de quoi on parle.

« On est invité à un party? Génial!  On peut y aller, dis? »

Je fais mine de rien mais intérieurement je soupire.  Voilà ma soirée intime avec elle qui fout le camp.  Ça m’apprendra à céder à la tentation de confronter Geneviève avec sa bullshit. J’aurais dû juste me contenter de répondre « Non merci, bye! », de raccrocher et d’éteindre la sonnerie.  On y va donc!  En guise de party entre gang de filles et leur chum, c’est exactement comme je l’imaginais: Il n’y avait que Geneviève, deux autres filles et six gars, dont un qui a tenté de draguer Fatima.  Nous revenons avec Geneviève, ce qui brise tout espoir d’avoir de l’intimité, surtout que ma chambre n’a pas de porte puisqu’il s’agit du salon de l’appartement.  Et puis, il est passé 23:00.  La famille de Fatima a beau être libérale en leur genre, ils ne le sont pas au point de la laisser rentrer trop tard sans lui faire des histoires. Je la reconduis donc chez elle en premier.  Bien que l’expression n’est pas encore courante au Québec à cette époque, à défaut de m’empêcher d’avoir une vie sociale, Geneviève tout de même réussi ce soir-là à me cockbloquer.  

(Je mettrai fin à ma relation avec Fatima un mois plus tard après être allé voir le film Boogie Nights avec elle, mais ceci est une autre histoire.)

 Mon véhicule m’a au moins sauvé d’un abus de la part de ma chère coloc.  C’est que, puisque mon salaire valait quatre fois ce qu’elle et Julie recevaient en prêts et bourses, Geneviève a décidé qu’il serait plus juste que je paye 250$ sur les 450$ que coûtait notre loyer. Je lui ai vite démontré, budget à l’appui, qu’une fois que j’ai fait mes versements mensuels pour l’auto, les assurances pour l’auto, le coût de ce que je consomme en essence et celui de ma place de stationnement au travail, en plus de ce que j’ai à verser en pension alimentaire de mon ex, sans oublier ma part actuelle de loyer, d’électricité et de téléphone, il ne me reste qu’à peine 120$ au bout du mois.

« Si je donne cent piastres de plus pour le loyer, c’est pas avec les vingt qui vont me rester que je vais pouvoir me nourrir pour un mois.  Surtout si tu continues à me voler de la bouffe, comme tu le fait tout le temps. »

Elle n’était pas contente de mon refus, mais fuck that, c’est ça qui est ça!

NEXT: Parce que oui, en plus, elle pigeait sans retenue dans mes provisions.

3 réflexions au sujet de « Geneviève la coloc de l’enfer, 5e partie: Une bonne conduite »

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