Comme il m’arrive trop souvent de faire, mon billet précédent partait dans plusieurs directions, pour finir avec une conclusion qui, bien qu’ayant rapport, touchait quand même un autre sujet.
Le sujet qui a le plus touché les gens, en particulier les hommes de ma génération, c’est celui qui aborde le fait que la cinquantaine est perçue comme étant la date limite pour amour, carrière et santé.
C’est ce que l’on appelle le seuil psychologique. C’est un concept qui est surtout utilisé dans le commerce, afin d’éviter de charger un prix qui puisse faire peur au consommateur. C’est la raison pour laquelle on ne verra jamais affichés des prix tels $10.00, $100.00 ou $1 000.00, mais bien $9.99, $99.99 ou $999.99. Comme si un sou allait faire une différence, surtout après les taxes. N’empêche que ça marche car $999.99, c’est perçu inconsciemment comme étant dans les 900 et non dans les 1000. Ça donne la perception erronée de sauver 100$. De la même manière, en passant de la quarantaine à la cinquantaine, on n’a pas l’impression de gagner un an mais bien une décennie. Voilà pourquoi on peut encore être ok avec l’idée d’avoir 49 ans, mais horrifiés avec celle d’en avoir 50.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que seuil psychologique, ce n’est rien d’autre que ça : Une perception. Ce n’est pas un seul sou qui va faire une différence notable sur le prix d’achat. Tout comme une seule seconde ne pourra radicalement changer votre vie lorsque vous passerez de 49 ans, 11 mois, 3 semaines, 6 jours, 23 heures, 59 minutes et 59 secondes, à 50 ans.
Sérieux, regardez-moi. Désolé de vous radoter encore là-dessus, mais à 49 ans j’ai passé de concierge à support technique dans une firme. À 50 ans, j’ai pris des cours et j’ai maintenant ma carte de secouriste. Également, à 50 ans, je me suis remis en forme, perdant 23 lbs et prenant du muscle comme jamais dans ma vie. Et je ne vous l’avais pas dit encore mais j’ai trouvé l’amour au printemps. Une femme de ma génération, de ma région d’origine, une artiste. Jamais je n’ai eu autant en commun avec la moindre de mes ex. On s’entend sur tout, on se bouleverse mutuellement de sentiments amoureux qui nous surprennent nous-mêmes, et le sexe est fantastique. Compatibilité totale.
Et vous savez pourquoi je sais que c’est elle, la bonne, celle avec qui je vais finir mes jours? Parce qu’elle est arrivée dans ma vie au moment où je ne ressentais plus le moindre intérêt à avoir de romance ou du sexe, chose dont je me suis rendu compte il y a un an. Par conséquent, la seule personne qui pouvait rallumer mon cœur et ma libido, c’était celle qui était vraiment faite pour moi. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Relisez mes billets depuis août 2018, je ne cesse de donner des exemples de fois où j’ai décliné des avances de femmes de tous âges, sur le net comme en face, au lieu de sauter sur l’occasion.
Dans de telles conditions, trouver le vrai amour, ça ne pouvait m’arriver qu’à partir de 50 ans, au moment où ma testostérone à la baisse a cessé de me faire choisir n’importe qui. Et un autre avantage à sortir avec une femme de mon âge : Nous sommes rendus au même point dans la vie. On sait ce qu’on veut, et on sait ce qu’on ne veut pas. On peut voir tout de suite si nous sommes faits l’un pour l’autre, et on n’a plus le temps et encore moins l’envie de se faire chier avec des compromis si ce n’est pas le cas. Comme quoi prendre de l’âge n’apporte pas seulement que du négatif.
La cinquantaine ne marque pas la fin des choses, mais bien la fin de la manière dont on a connu ces choses jusqu’à maintenant. C’est comme pour l’évolution physique. Oui, dans la vingtaine et la trentaine notre physique et notre santé restent stables, tandis que dans la quarantaine et la cinquantaine elles commencent à décliner. Mais à 50 ans comme à 20, quand on mange bien, quand on s’exerce au cardio, quand on s’exerce la musculature, les résultats sont les mêmes : On perds de la graisse, on perds du poids, on gagne de l’endurance, on gagne de la force, on gagne du muscle, on devient esthétiquement agréables pour l’œil. La seule différence, c’est que ça prend un peu plus d’efforts au début, et qu’il faut être plus vigilants par la suite parce que si on se néglige, on va le reperdre plus vite que si on se négligeait dans la vingtaine. Mais à part ça, il n’y a aucune raison pour voir la cinquantaine comme étant le début de la fin de tout.
En milieu de vie, il y a des choses comme la découverte du vrai amour qui deviennent plus faciles. Il y a des choses comme la remise en forme et en santé qui deviennent plus difficiles. Il y a des choses comme l’évolution de la carrière qui demandent certaines opportunités du hasard et la vivacité d’esprit de les saisir au vol. Et il y a des choses comme l’éducation qui demande toujours le même effort, peu importe l’âge. Mais dans aucun des quatre cas, les choses ne deviennent impossibles. Elle deviennent différentes, mais elle restent à notre portée.
En prenant de l’âge, si certaines portes se ferment, d’autres portes s’ouvrent. Et si certaines portes ne s’ouvriront que si on en crochète la serrure ou si on les défonce, c’est ça qui fera la différence entre ceux qui se laissent décliner, et ceux qui sauront mettre l’effort requis pour vieillir avec grâce.