Voici une anecdote qui m’est revenue en tête peu après avoir écrit le premier billet. Ça implique Manon, la jeune collègue de travail que j’avais au Dunkin Donuts, celle qui jouait à l’agace non-stop. Un soir, elle vient me rejoindre dans la cuisine. Elle me demande de me placer face à elle. Je le fais. Elle lève sa main et la met à plat, la paume face à moi, comme si elle me faisait stop. Elle me dit :
« Met ta main comme ça. »
Sans trop comprendre où elle veut en venir, je m’exécute : Je lève ma main et la met à plat, la paume face à elle, comme si je lui faisais stop. Aussitôt, elle m’agrippe le poignet et elle tire mon bras vers elle, envoyant ma main sur l’un de ses seins. Tout en maintenant ma main en place, elle crie aux deux caissières et à la pâtissière :
« HEILLE, REGARDEZ L’ESTIE D’COCHON QUI ME POGNE LES TOTONS!!! »
Les trois filles regardent dans notre direction, les yeux écarquillés et la bouche bée. Je tire mon bras mais elle le retient sur place à deux mains, en disant :
« Ne-non! Tu t’es fait prendre la main sans l’sac. Assume tes cochonneries! Ha! Ha! Ha! »
Les trois autres filles nous regardent sans trop y croire. L’une rit aux éclats. La seconde a l’air de se demander si c’est une farce ou bien si c’est vrai. La 3e, amusée, joue le jeu en y rajoutant sa propre fausseté :
« Ça m’surprend pas de lui, l’maudit vicieux, y’é tout l’temps en train d’essayer de r’garder en d’sous d’nos jupes. »
« Pour vrai? » demande la seconde, sérieusement surprise par cette affirmation.
En panique, j’arrive à arracher mon bras de l’étreinte de Manon.
« NON MAIS ÇA VA PAS!? C’est elle qui a pris ma main pis qui me l’a posée sur elle de force. »
« Hostie de menteur! », répond Manon, amusée.
« Ouain, prends pas tes fantasmes pour des réalités. » dit la 3e, avant de conclure avec: « Heille, Manon, faudrait pas que ton chum apprenne ça, jaloux pis violent comme il est. »
Je retourne calmement à ma table de travail, en soupirant, disant à Manon avec un air abattu:
« T’as pas d’allure! »
« C’est toé qui m’pogne les boules pis c’est moé qui a pas d’allure? T’as du front en estie, toé. Ha! Ha! »
Je me remet au travail sous les derniers rires et commentaires des filles, qui retournent elles aussi au boulot. Bien que j’arrive aisément à afficher une attitude extérieure calme, je suis simultanément envahi depuis les vingt dernières secondes par plusieurs sentiments aussi négatifs que violents:
PANIQUE! je viens de me faire plonger de force dans une situation qui ne peut être que négative pour moi et mon seul réflexe est de désespérément essayer de fuir, de m’en sortir. Mais je n’arrive pas à trouver la sortie.
TRAHISON! J’ai fait ce que Manon m’a dit de faire, sans jamais penser qu’elle pouvait chercher à me faire du tort, lui faisant d’instinct confiance. Elle en a profité pour me faire ce sale tour.
INJUSTICE! C’est elle qui ne cesse de me harceler sexuellement, et c’est moi qui passe pour le harceleur. Moi qui me suis toujours fait un point d’honneur a respecter la femme, à ne jamais faire de remarques déplacées, à ne jamais poser le moindre geste malvenu. En quelques secondes, Manon a su démolir une vie entière d’efforts à me forger une bonne réputation. Elle a réussi à me faire passer pour ce que je ne suis pas, pour ce que je n’ai jamais été.
ANGOISSE! Qu’est-ce qui va arriver, maintenant? Quelles seront les conséquences de son geste? Il est évident que nos trois collègues, amusées par la scène, vont raconter ça à d’autres. Et si, même celles qui ont compris que c’était un piège orchestré par Manon, considèrent que ce serait plus amusant de dire que c’était vraiment moi qui lui a fait des attouchements de mon propre chef? Si ça vient aux oreilles du patron, je risque de perdre mon emploi. Et si quelqu’un met de la pression à Manon pour qu’elle porte plainte à la police? Si elle ne veut pas avouer avoir inventé, elle sera bien obligé de la déposer, cette plainte.
PEUR! Et même si ça ne se rend pas jusqu’à la police, il est évident que l’une de nos collègue connait assez bien le chum de Manon pour savoir qu’il est possessif et violent. Qu’est-ce qui va m’arriver si elle lui dit?
ABERRATION! Alors c’est ça, notre récompense, lorsque l’on respecte la femme? Se faire manquer de respect en retour? Voir sa réputation se faire salir? Se faire planer la menace d’un renvoi ou de voies de faits? Un prédateur avec une attitude irrespectueuse ne va jamais subir de telles choses de la part des femmes. Normal, elles ont peur de lui alors elles n’iront surtout pas le provoquer. Est-ce que ça signifie que pour ne pas se faire donner une réputation de salaud, il faut vraiment être un salaud? La seule façon d’obtenir le respect des femmes, ce n’est pas en les respectant mais bien en les intimidant? C’est aberrant! Je ne peux pas y croire. Pourtant, après ce que je viens de vivre…
DÉSESPOIR! Si je reste, je continue de subir le harcèlement de Manon, en plus de voir ma réputation se faire entacher. Si je fuis la situation en donnant ma démission, c’est comme si je donnais un aveu de culpabilité, sans compter que rien ne garantit que je me retrouverai du boulot de sitôt. Si je tente de rétablir les faits, ce sera la parole d’une faible femme, et de trois témoins, contre un salopard d’homme. Qui va me croire? Personne! Qu’est-ce que je peux y faire? Rien!
Je disais, dans le billet précédent, que mon statut d’homme faisait que je ne ressentais pas la peur de me faire violer puisque je ne crois pas qu’il soit possible de me forcer à avoir des relations sexuelles contre mon gré. Eh bien j’ai appris que ce n’est pas parce que seul l’homme est capable physiquement d’agression sexuelle que ça le met automatiquement à l’abri des problèmes moraux, légaux et même physiques reliées au harcèlement sexuel en milieu de travail. Selon la réputation sociale acceptée par tous, l’homme est fort et la femme est faible. À cause de la faiblesse de la femme, tout le monde va la croire si elle se plaint de harcèlement sexuel contre un homme. Et parce que l’homme est trop fort pour elle, alors la loi, la police, et même d’autres hommes seront toujours là, derrière elle, prêts à l’écraser pour elle. Ainsi, la faiblesse de la femme est sa force. Et la force de l’homme est sa faiblesse.
Ah, mais j’oubliais: Penser ceci, même après ce que Manon m’a fait vivre, ça fait de moi… Un misogyne! Chose de plus à rajouter à mon désespoir comme quoi dans une situation de harcèlement sexuel au travail de la part d’une femme, l’homme ne peut absolument pas s’en tirer.
À CONCLURE.
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