Comment le fait d’être un Bon Gars a ruiné ma vie sociale, amoureuse et sexuelle (5e partie)

Affirmer que les révélations que m’a fait Geneviève m’ont fait remettre en question la façon dont j’ai si scrupuleusement géré ma vie jusque-là, c’est comme dire que l’océan contient beaucoup de litres d’eau:  Vrai, mais beaucoup trop diminutif de la réalité pour décrire l’impact véritable que ça a eu en mon âme et conscience, et ce sur plusieurs sujets.  Des sujets comme:

Qui suis-je? Qu’est-ce que j’en sais de ce qu’est le moi véritable? Je me suis toujours empêché de vivre toutes sortes de trucs. Ça a commencé dans mon adolescence, alors que j’ai refusé d’expérimenter les mêmes choses que tout le monde, et ce pour les mauvaises raisons. L’alcool, la cigarette, la drogue, les bars… Est-ce que je m’en privais parce que je n’aimais pas ça ? Est-ce que je m’en privais parce que ce n’était pas moi, de faire ça ? Non, je m’en privais parce que je voulais bien paraître. Parce que je voulais paraître mieux que les autres. Alors qu’est-ce que j’en sais, si j’aurais aimé ça ou non?

Pourquoi suis-je rejeté, abandonné, mis à part? Je repense à Océane, Isabelle, Daniella, et toutes ces filles que j’ai inconsciemment insultées parce qu’avec mon attitude de bon gars irréprochable, je leur montrais que je  valais mieux qu’elles, en ayant une retenue qu’elles n’avaient pas.  Et en y réfléchissant, je constate que ça ne s’est pas limité qu’aux filles.  Depuis le début de l’adolescence, j’agis de la même façon avec tout le monde au sujet de l’alcool, de la cigarette et mille autres choses. «Bien paraître » … « Paraître mieux que les autres » … Non mais j’étais stupide ou quoi? Comment est-ce que j’ai pu penser que de montrer sans arrêt aux autres qu’ils sont des caves lorsqu’ils agissent selon leurs envies en se livrant à certains plaisirs, ça va me faire bien paraître? Pour des plaisir et des activités, somme toute, assez anodins au bout du compte. « Être un modèle pour les autres. » C’est ça, ouais! Je ne sors pas, je ne drague pas, je ne fume pas, je ne bois pas, je ne baise pas sauf si ça remplis une scrupuleuse liste de conditions… Je ne fais rien de ce qui intéresse les autres. En fait, je ne fais rien tout court. Alors moi, un modèle? Alors que j’étais le plus plate, le plus ennuyant des gars qui existait? Non mais je me prenais pour qui, au juste, de penser que de ne rien faire, ça devait faire de moi un modèle?

Comment peux-tu être un modèle à suivre quand tu ne vas nulle part?

Il y a des points sur lesquels je ne démords pas. Oui, je suis toujours convaincu que la plupart des activités que font les ados ne leur servira plus lorsqu’ils seront adultes. Mais come on, on n’était pas des adultes. On était des ados. On était en plein dans l’âge pour expérimenter. Et moi, le cave, j’ai pensé que je pouvais passer de la phase enfance à la phase adulte sans passer par la phase transitoire de l’adolescence, comme le reste du monde. Et le pire, c’est que je me trouvais super intelligent de faire ça. Bien vous savez quoi? Ça a été au contraire le geste le plus stupide de toute ma vie.

Pourquoi est-ce que je laisse un arbre me cacher la foret? J’ai toujours fait ça, que ce soit dans mon enfance, mon adolescence ou dans ma vie d’adulte. Toujours à tellement porter attention sur le moindre petit détail insignifiant que ça m’empêche de voir tout le reste, tout ce qui m’entoure.  Quand mes amis m’offraient de boire de la bière ou fumer un joint, c’était juste une façon pour exprimer qu’ils m’appréciaient.  Pour eux, tout comme pour le reste de la population, partager est une façon de se rapprocher, de créer des liens. Eh ben moi, j’étais encore et toujours focussé sur le détail comme quoi l’alcool et la mari étaient des intoxicants. À cause de ça, moi, ce que j’ai compris, c’était qu’ils avaient juste envie de me voir saoul ou dopé. J’ai donc gardé mes distances, parce que la seule raison que je pouvais imaginer pourquoi ils feraient ça, c’était pour m’humilier, me causer des problèmes. Pourtant, je le voyais bien que j’étais apprécié de tout le monde. Mais voilà, comme d’habitude, parce que je m’obstinais à ne regarder que le petit détail stupide, je me suis empêché de voir l’image dans son ensemble. J’ai laissé l’arbre me cacher la foret.

Pourquoi est-ce que je cherche toujours le but négatif des choses?  Les gens qui fument ne font pas ça dans le but de développer un cancer. S’ils boivent, ce n’est pas dans le but de devenir alcolos. S’ils fument de la mari, ce n’est pas dans le but de devenir junkies. S’ils baisent sans condoms, ce n’est pas dans le but de pogner des ITS. S’ils font de la vitesse sur les routes, ce n’est pas dans le but de se tuer. C’est sûr que ce sont des risques qui viennent avec ces activités. Mais de là à les accuser comme quoi c’est ça leur but premier, fallait vraiment que je sois un estie de mangeux d’marde. Tant qu’à y être, pourquoi ne pas accuser tous ceux qui mangent de le faire dans le but de devenir obèses morbides? J’veux dire, si c’est si important pour moi d’essayer de faire passer tous les autres pour plus cave que moi, histoire de me faire accroire que je leur suis supérieur, inutile de faire les choses à moitié.

Avec Océane, c’était pareil: Au lieu de voir la grande image, qui était que cette fille me voulait tellement qu’elle était prête à tromper son chum pour moi, que ça aurait pu faire de nous des complices encore plus intimes, et qu’on aurait pu avoir la parfaite combinaison d’amitié et de sexualité, j’ai tout de suite choisi de voir quoi? Que c’était une fille qui voulait tromper son chum. De cette opportunité unique d’approfondir notre relation et notre complicité, j’ai préféré en faire une opportunité de prouver une fois de plus à quel point je suis parfait et irréprochable, moi, en refusant de devenir le complice d’un geste immoral.

Geste immoral… Pfff…  Et puis d’abord, qu’est-ce qui me dit qu’elle n’était pas amoureuse de moi? On s’entendait tellement bien sur tout.  On pouvait jaser pendant des journées complètes sans jamais manquer de sujets de conversation. On aimait faire n’importe quoi ensemble. On avait du fun, on riait, on jasais de nos vies, d’art, de littérature, de poésie, de psychologie, de musique, de cinéma, de philosophie.  Elle me faisait découvrir des choses, et vice-versa.  J’ai rarement eu une relation aussi harmonieuse avec qui que ce soit.  Était-ce donc si difficile pour moi de croire qu’elle ait pu craquer pour moi? Qui sait, elle voulait peut-être juste me tester, voir si elle m’attirait, voir si je l’aimais, voir si on était aussi compatibles sexuellement qu’on l’était dans tous les autres aspects de notre relation, avant de décider si ça valait la peine de casser avec son chum pour sortir avec moi. Peut-être que j’étais son homme idéal, et qu’après moi elle n’aurais jamais cherché autre chose.

Mais non, moi, ce que je voyais, comme d’habitude, c’était le petit détail qui allait me mener à la conclusion la plus négative. Dans ce cas-ci : Qu’elle voulait tromper son chum, donc que c’était une salope infidèle.

Pourquoi est-ce que je vois des salopes partout? Et puis d’abord, quand on y pense, c’est quoi, au juste, une salope? C’est rien de plus qu’une fille qui décide elle-même avec qui elle baise, point final. Si ça se trouve, le mot salope a dû être inventé par des hommes frustrés et jaloux qui voulaient avoir le contrôle sur la sexualité de la femme, mais qui n’avaient aucun autre moyen d’y arriver à part en essayant de leur donner la honte de leurs propres désirs.

Voilà pourquoi ma relation avec Océane s’est terminée de la même façon que le reste de ma vie sociale : Avec moi qui est rejeté et mis à l’écart. Ne vous demandez pas pourquoi j’ai fait si longtemps carrière dans la bande dessinée. Le dessin, c’est une activité solitaire. Si j’ai eu le temps d’apprendre à dessiner si bien, ce n’est certainement pas en passant mes soirées dans les partys et autres activités qui se font socialement.

Pourquoi, à 28 ans, je n’ai encore rien appris de la vie? Que sont-ils devenus, les fumeux, les poteux, les buveux?  Tous ces gens que je trouvais idiots de se livrer à des activités qui, dans le meilleur des cas, ne leur rapporteraient rien? Aux dernières nouvelles, ils ont tous réussi mieux que moi dans la vie. Jusqu’à maintenant, je réagissais toujours à ça de la même façon. J’étais frustré. J’étais révolté. Ce n’était pas de la jalousie. Non, c’était plutôt un sentiment d’injustice. Moi, qui ai toujours agi de façon intelligente et réfléchie, j’étais un loser. Et eux, qui avaient passé leur adolescence à faire des choses immorales et illégales, étaient des winners car jamais ils n’avaient eu à payer pour leurs erreurs de jeunesse.

Mais justement, le voilà, le problème: Ne dit-on pas que les gens apprennent de leurs erreurs? Et pour commettre des erreurs, il faut faire des choses, poser des gestes, expérimenter. Moi, je n’ai jamais rien fait. En ne faisant rien, je n’ai pas fait d’erreurs.  Et en ne faisant pas d’erreurs, je n’ai rien pu apprendre. Pas surprenant que tous les gens de mon âge s’entendent si bien entre eux et pas moi. Juste le fait d’être des trippeux repentis, ça leur fait quelque chose en commun. Quelque chose que moi je n’ai pas avec eux.

Être? Non; ne PAS être! Qu’est-ce que j’en sais, de ce que je suis? J’ai toujours cru être un gars correct, alors qu’en réalité j’étais juste un gars qui ne fait rien d’incorrect. C’est facile de dire que tu ne fais rien de mal quand tu ne fais rien tout court. Je ne suis PAS infidèle, je ne suis PAS méchant, je ne suis PAS violent, je ne suis PAS fumeur, je ne suis PAS alcoolique, je ne suis PAS dépensier, je ne suis PAS accro au jeu… Ok, sur ces points, ce sont de bonnes choses. N’empêche que tout ce que j’ai à dire pour me décrire, ce n’est pas « Je suis ». C’est « Je ne suis PAS », et c’est tout. Fuck, je le comprends, maintenant, pourquoi les filles disent qu’un bon gars, c’est un gars plate, ennuyant. Je ne suis pas un bon gars. Je suis juste un soi-disant bon gars. En réalité, je ne suis pas plus un bon gars que Océane et Isabelle pouvaient être des salopes.

Pourquoi tant de problèmes avec les filles? Parce que je constate soudain que, tandis que je refuse de devenir intime avec des filles bien, je me suis toujours dirigé vers des filles à problèmes, ou bien des filles qui accrochaient à des gars à problèmes, ce qui en revient au même, finalement. Et quand un gars comme moi qui ne fout rien veut bien paraître, il faut que son inaction paraisse mieux que l’action d’un autre. Et pour ça, on a besoin de s’entourer de monde qui agissent mal. Parce que si on s’entoure de monde qui agissent bien, on a l’air de ce qu’on est vraiment : Un cave trop lâche pour oser faire quoi que ce soit dans la vie. C’est pour ça que j’allais toujours vers des filles dont le chum ou bien l’ex étaient des délinquants. Pour montrer à ces filles-là que moi je valais mieux que leurs chums habituels.

Je n’en reviens pas à quel point je ressentais toujours le besoin de prouver quelque chose aux autres. Et tout ça à cause du hasard stupide qui a fait que ma date de naissance faisait de moi le plus jeune à l’école, donc le plus petit, donc le moins développé, le moins bon en sports, le plus reject par les gars et par les filles.  À cause de ça, je tenais à prouver aux autres, mais surtout à moi-même, que ce rejet que je subissais de part et d’autres, ce n’était pas de ma faute.

Pourquoi est-ce que je respecte les non-respectables?  Normal! Comment puis-je prouver que je vaux mieux qu’une personne irrespectueuse, sinon en étant le contraire? Ce qui fait qu’au bout du compte, j’avais exactement le comportement stupide que je dénonçais chez les filles qui négligeaient les bons gars au profit des gars sans allure : Me foutre des gens bien, et respecter ceux qui ne le méritent pas.

Pourquoi ais-je un comportement aussi exagéré? Dans mon désir de paraître mieux que les autres, j’allais sans cesse dans les extrêmes. Je disais tantôt comment je ne faisais rien, de peur de faire des erreurs. Eh bien j’avais oublié un truc: Oui, pour certaines choses, je ne faisais rien. Pour d’autres, par contre, j’en faisais trop. Avec les filles, pendant mon célibat et au début de mes relations, j’étais celui qui ouvre TOUJOURS la porte à la fille, qui est TOUJOURS gentil et souriant quoi qu’il arrive, qui est TOUJOURS compréhensif, qui va TOUJOURS lui tirer sa chaise, qui va TOUJOURS tout lui payer, qui va TOUJOURS lui offrir des fleurs et des cadeaux, qui va TOUJOURS s’occuper d’elle, sans arrêt, 24/7… Tôt ou tard, à moins que la fille soit profiteuse, ça tombe sur les nerfs en calvaire.

Pourquoi est-ce que bon gars = gars hypocrite en amour? C’est comme un truc que j’ai bien dû faire mille fois avec des filles qui m’intéressaient. Pour m’en rapprocher, j’ai utilisé le truc classique des soi-disant bons gars: Je l’ai approché en tant qu’ami, dans l’espoir d’en devenir ami proche pour mieux la connaitre et sortir avec elle un jour. Mais comme tous les bons gars, je ne faisais rien pour que ça arrive. Tout le long de notre relation, je restais à l’écart, je ne lui démontrais aucun intérêt à part de la simple amitié, et quand elle me parlait de gars sur qui elle trippait, je l’encourageais à sortir avec, ou à continuer d’être en couple même si ça va mal avec son chum. Pis moi, le cave, pendant ce temps-là, je m’attendais  à ce qu’elle tombe en amour avec moi alors que je lui donnais zéro raisons pour que ça puisse arriver.  Je voulais que ça vienne d’elle. Il aurait fallu que ce soit elle qui fasse tous les efforts: S’intéresser à moi, m’appeler, me proposer des sorties, me draguer, me baiser, me demander d’être son chum, tout ça parce que j’étais trop passif pour lui offrir le moindre signe d’intérêt, alors que c’était pourtant moi qui était en amour avec elle. Aucune fille ne ferait ça, même pour le gars le plus beau, le plus athlétique et le plus winner qui soit.  Et moi, qui n’était rien de tout ça, j’espérais recevoir un tel traitement de sa part?  Non mais sérieusement, je me prenais pour qui?

Et puis, honnêtement, je me demande si nous autres, les sois-disant bons gars, on ne fais pas exprès pour faire foirer les relations parce qu’on est passif-agressifs dans le fond. Il s’agit qu’une fille nous fasse une toute petite remarque négative sur n’importe quoi pour que l’on exagère dans l’autre sens, non seulement avec elle mais aussi avec toute les autres filles. On va délibérément être trop gentil, trop compréhensif, trop esclave, jusqu’à ce qu’elle devienne exaspérée. Comme ça, on peut enfin, en toute mauvaise foi, crier haut et fort que les filles sont des folles qui ne savent pas ce qu’elles veulent, surtout celle-là à qui j’ai tout donné, pour qui j’ai tout fait. On peut se permettre de dénoncer, preuve à l’appui, qu’elles disent vouloir les bons gars, mais qu’elles vont toujours vers ceux qui ne le sont pas. Ça nous permet de dire que les filles aiment juste chialer contre leur chum, et que c’est pour ça qu’elles choisissent des gars à qui elles savent qu’elles peuvent reprocher des trucs.

Et moi, en parfait hypocrite, je chialais contre ça, mais j’agissais moi-même de cette façon.  D’où Kim, la mère de mes enfants. Avant qu’elle me coince dans la relation en tombant enceinte après avoir lâché la pilule sans me le dire, je le savais parfaitement quel genre de personne elle était. J’en avais eu plusieurs échantillons, les fois où on a joué à casse-reprend-casse-reprend. Pourtant, j’y suis retourné. Ok, c’est elle qui me harcelait pour qu’on reprenne, mais fuck, là, elle ne m’a jamais mis un gun sur la tête pour m’obliger à revenir avec. Mais voilà, quand on ressent le besoin vital de se montrer parfait et irréprochable, sortir avec une fille aussi imparfaite et aussi reprochable qu’elle, ça représentait la possibilité de le prouver plusieurs fois par jour. Mon ego avait besoin de ça.  Plus elle agissais sans allure, plus j’avais plaisir à lui remettre dans sa face le fait qu’elle était sans allure. Je suppose qu’en quelque part, j’essayais de la contrôler avec ça.  Sauf qu’avec elle, ça ne marchait pas, de jouer avec sa culpabilité, puisque Kim n’avait pas honte de son comportement envers moi. Au contraire, elle en était fière. C’était une bitch manipulatrice qui s’assumait parfaitement en tant que telle. Elle s’en est tellement vanté! Je n’aurais jamais imaginé qu’il existait quelque part une fille qui se foutait complètement de bien paraître.

Et j’ai vécu toute cette merde, toute ma vie, dans tous les aspects de ma vie,  tout ça parce que je ressentais le besoin de prouver quelque chose aux autres. À cause de ça, j’ai pris toutes mes décisions, les petites comme les grandes, en fonction des autres. Et regardez-moi aujourd’hui, un gars de 28 ans qui ne connait rien de la vie.  28 ans et je ne sais même pas ce que j’aime ou non. 28 ans et je ne sais pas ce que je suis. 28 ans et je ne sais même pas qui je suis. 28 ans et je ne l’ai jamais su.

À CONCLURE

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