L’intimidation légitimisée, 1 de 4.

Toute notre vie, on nous a bourré le crâne avec le concept de la personne bienveillante qui fait dans le « Je suis dur avec toi mais c’est pour ton bien. »
Il est vrai que sur papier, le concept de la personne sévère mais juste, ça semble légitime.

Malheureusement, la majorité des gens qui clâment haut et fort en faire partie ne sont, au final, que des intimidateurs. Ils se dissimulent derrière une façade altruiste dans une tentative de justifier leur besoin de rabaisser les autres.

La preuve qu’il ne s’agit que d’une facade. À chaque fois que je démontre à quelqu’un que je suis ouvert à ses critiques constructives, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, c’est toujours pareil. Sur une période allant de quelques semaines à quelques années, j’écoute ce que l’autre a à dire à mon sujet, démontrant ainsi un esprit ouvert et désireux d’apprendre. Mais il arrive toujours un moment où il me lance une critique impertinente et abusive. À ce moment-là, je lui explique où se situe son erreur de jugement, en lui précisant les faits.

À tout coup, ça ne rate pas. La personne en prend ombrage. Elle préfère désormais en rester là et limiter les contacts. Et ça, c’est quand la personne ne fait pas un volte-face pour devenir brusquement un(e) ennemi(e) acharné(e).

Ce qui démontre à chaque fois, et à ma grande déception, qu’aucun apôtre de la critique constructive ne semble être capable de pratiquer ce qu’il prêche.

Avec les années, j’ai constaté que nous pouvons séparer ces gens en quatre catégories distinctes. La première est le sujet du billet d’aujourd’hui.

CATÉGORIE 1) La personne qui cherche à s’approprier le crédit des réussites des autres.
Mise en contexte : Ça remonte à l’époque où Quebecor tentait de s’approprier une part du marché de l’internet avec son Portail Canoë. En décembre 2006, ils estimaient rejoindre 84,1 % des internautes Québécois.

En janvier 2007, ils ont lancé Espace Canoë, une plateforme permettant aux Québécois de partager des vidéos, des photos, des opinions, avec leurs familles, leurs amis, leurs collègues de travail et les gens qui ont les mêmes passions.

Traduction: ils offraient des équivalents québécois de MSN, Google, Messenger, MySpace et YouTube. (Twitter et Facebook existaient, mais étaient encore largement inconnus du grand public francophone.)

En janvier 2008, Portail Canoë lança le concours Défi Diète. Ils recherchaient dix candidats désireux de perdre du poids et de le stabiliser. Il fallait s’ouvrir un blog sur Espace Canoë pour y soumettre nos candidatures. Les lauréats iraient se réunir une fois par mois dans le même gym. Les caméras allaient les filmer tandis qu’ils feraient des exercices coachés par Josée Lavigueur, qu’ils recevraient des conseils en nutrition par Isabelle Huot, et qu’ils seraient motivés par les speechs de Guy JsaisPlusQui. Puis, entre les réunions, les lauréats auront droit à un entraineur privé au Énergie Cardio le plus près de chez eux, où ils s’engageront à aller trois fois par semaine. Enfin, ils devront utiliser leur espace blog pour y chroniquer leurs progrès avec textes et photos.

Ayant de la difficulté à maintenir un poids stable depuis que j’ai atteint mes trente ans, j’ai tenté le coup. J’ai ouvert un blog…

… et j’ai été le premier choisi sur les dix, grâce à mon vidéo de candidature qu’ils ont trouvé désopilant.

Le défi qui dure pendant trois mois était en partenariat avec la chaine de gym Énergie Cardio, et publicisé à la télé dans l’émission matinale Salut Bonjour sur TVA, ainsi que dans le magazine Dernière Heure et le Journal de Montréal. Là encore, grâce à mon humour, je fus celui que l’on a mis en avant.

Et bien sûr, c’était aussi chroniqué sur Portail Canoë, avec des articles comme celui-ci.

C’est dans cette période que je tire l’exemple de la personne négative qui cherche à s’approprier le crédit des réussites des autres. Il s’agit de l’un des candidats, qui s’était donné le nom de SebXtremVision. Et qui aurait plutôt dû s’appeler SebVisionXtrèmementÉtroite. Depuis le temps, j’ai perdu la majorité des captures d’écran qui le concernent, sauf les trois que vous verrez plus bas.

Au meilleur de mes souvenirs, dans son blog de candidature, il disait qu’il était pompier à Montréal et que dans sa jeunesse il arrivait à garder la forme. Mais voilà, ajouta-t-il comme exemple, avec les sacs de chips qui affichent sur la section des valeurs nutritives « 120 calories pour trois croustilles », il posait la question bien légitime : « Mais QUI va se limiter à trois chips par jour ? »

Il parlait également de son fils de huit ans qui se nourrissait mal, et dont l’exemple l’influençait lui-même à malbouffer. Car quand on réchauffe une Pizza Pochette™ pour son fils, comment résister à la tentation de s’en ajouter une autre pour soi-même ?

Puis, son texte prennait un virage égocentrique et prétentieux. Il affirmait être un bon candidat car il se donnerait comme mission d’encourager les autres, de les aider, de faire en sorte qu’ils n’y renoncent pas en cours de route. Jamais il ne laissera quelqu’un abandonner, et toujours il saura les conseiller pour les aider à atteindre leur but de santé, force et bonne forme.

Dose de réalité : Le gars n’est même pas capable d’atteindre la bonne forme par lui-même… Hey, il laisse son fils de huit ans l’influencer à se nourrir mal. Et il prétend avoir ce qu’il faut pour aider les autres à réussir ? Wow !

Malgré ses lacunes évidentes, il ne se voit pas au même niveau que les autres candidats. Il se voit au-dessus d’eux. À ses propres yeux, sa place est parmi les entraineurs et des nutritionnistes. Il n’est pas là pour apprendre. Il est là pour nous apprendre. Et ce, je le répète, pour quelque chose dans lequel il échoue lui-même.

Puisque j’ai été le premier à être choisi (mais pas encore annoncé publiquement), je suivais l’affaire de près pour le choix des candidats suivants. La veille du jour où ils devaient annoncer les lauréats, j’ai été surpris de voir son nom sur la liste. Et ceci m’a fortement déplu. Il se trouve que quelques jours plus tôt, il avait posté un billet de blog qui disait à peu près ceci:

Espace sebXtremvision
Mes prédictions pour Défi Diète 2008.
Parmi les neuf autres candidats choisis (le premier étant moi hi hi), voici mon prognostic:
– Deux candidats vont abandonner en cours de route.
– Trois réussiront à perdre beaucoup de poids, mais vont tout le reprendre à la fin des trois mois.
– Trois vont perdre très peu de poids, car ils n’en feront qu’à leur tête
– Un, peut-être deux, vont en perdre un bon montant et arriveront à rester stable.
– Il y en aura peut-être même un qui va continuer de s’améliorer seul, après la fin des trois mois. Je n’y crois pas. Mais on ne sait jamais, un miracle pourrait arriver.

Les lauréats n’étaient pas encore annoncés –ils n’étaient même pas encore tous choisis pour commencer– qu’il se permettait déjà de porter des jugements négatifs contre eux.

J’ai aussitôt écrit aux organisateurs afin d’attirer leur attention sur ce billet. Je leur ai exprimé qu’à mon humble avis, une personne qui fait preuve d’une personnalité aussi condescendante et qui se permet de porter de tels préjugés négatifs sur les lauréats potentiels de Défi Diète, et ce sans même les connaître, n’a certainement pas sa place parmi eux. On m’a entendu. Quinze minutes plus tard, son nom disparaissait de la liste des finalistes et était remplacé par celui d’une femme.

Je suppose que SebXtremementChiant n’a jamais su qu’il avait été sélectionné puis rejeté. Il en aurait certainement parlé sur son blog.

Jeudi le 24 janvier. Les dix lauréats de Défi Diète 2008 sont annoncés. En constatant qu’il n’en faisait pas partie, SebXtremLoser nous annonce qu’il va poursuivre dans sa voie du jugement négatif. Cette fois, je lui répond dans les commentaires.

Il me répond par message privé. D’abord, il tente d’anoblir sa négativité, en disant (si on arrive à déchiffrer son français de maternelle) que grâce à son jugement négatif, les candidats vont se motiver à aller jusqu’au bout afin de lui prouver qu’il se trompe. Voilà qui donne une petite idée du niveau de l’importance qu’il se donne.

Et ensuite, pour m’amadouer, malgré le fait qu’il n’en sait pas plus sur moi que sur les autres candidats, il me porte un jugement positif, dans lequel il exprime n’avoir aucun doute sur ma réussite.

Entretemps, sur son blog, j’ai attiré l’attention des lauréats, ainsi que de plusieurs autres candidats non-choisis mais sympathiques. Il s’est pris plusieurs commentaires pas cool sur la gueule. Tellement qu’il a réécrit le billet et son titre, pour nous répondre à tous en même temps.

Je me souviens très bien que sa dernière réponse dans la section des commentaires disait un truc du genre de « Mais oui, justement ! Prouvez-moi que je suis un con en me faisant mentir, en mettant l’effort requis pour réussir le défi.» À ça, ma réponse était « Je n’ai jamais vu quelqu’un qui ressent à ce point-là le besoin de s’approprier le crédit pour la réussite des autres. C’est vraiment malsain.»

Avec sa déclarations comme quoi il allait tout faire pour nous assurer notre réussite, il se plaçait au-dessus de nous. Et avec ses préjugés comme quoi nous allions majoritairement échouer, il nous rabaissait plus bas que lui. Il avait beau tenter de se légitimiser en prétendant que ce n’était que dans l’esprit du « Je suis dur avec toi mais c’est pour ton bien » , il n’était en réalité rien de plus qu’un intimidateur qui se défoulait sur des inconnus de la frustration que lui apportait sa propre lâcheté, son manque de volonté, et sa force de caractère d’une nouille trop cuite. Choses qu’il démontrait, entre autres, en responsabilisant son fils de huit ans pour justifier ses propres mauvais choix alimentaires.

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À SUIVRE

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