Un câble d’acier ombilical. 3e partie, détruire toute vie sociale non-parentale

Encore une fois, un seul exemple parmi la centaine que je pourrais donner.

21 juillet, jour de mes 16 ans. Voilà un mois que je sors avec Chantal, 18 ans. Ce soir-là, pour ma fête, on planifie d’aller à l’expo agricole de St-Hyacinthe avec nos amis. Une belle soirée à s’amuser, faire des tours de manèges, jouer des jeux d’adresse, quoi de mieux pour un anniversaire. Nous serons six personnes, séparés dans deux autos.

Chantal est chez moi, c’est à dire chez mes parents. Nous nous apprêtons à partir. En cette époque pré-cellulaire, Chantal demande à mes parents la permission d’utiliser leur téléphone mural. Ils nous demandent pourquoi. On leur explique qu’elle va appeler une de ses amies, que nous irons à l’expo en groupe en deux autos. Trois personnes dans une auto, trois dans l’autre. Chantal va juste appeler une de ses amies pour qu’elle passe nous prendre.

Mes parents refusent. À la place, ils insistent pour aller nous reconduire à St-Hyacinthe eux-mêmes. J’ai beau leur dire que c’est pour aller à l’exposition agricole, donc que je reviendrai tard, ils insistent quand même. Ils me répondent qu’eux aussi, ça leur tente d’aller à l’expo, alors aussi bien tous y aller ensemble. Sous leur insistance, on est obligés d’accepter. Chantal appelle son amie pour annuler le transport. L’amie décide donc d’embarquer dans l’autre auto au lieu de prendre le sien.

Donc, nos quatre amis s’en vont à l’expo dans une auto, tandis que Chantal et moi on y va avec mes parents. On arrive à l’expo. On paye et on entre. On rejoint nos amis. Et là, dès le départ, je me fais niaiser par eux sur le fait qu’à 16 ans, mes parents m’ont suivi. Et tout le long de l’heure qui suit, ils me font remarquer que, bien qu’ils gardent une certaine distance, ils continuent de nous suivre, sans jamais arrêter de me surveiller.

Au bout d’une heure, mes parents viennent nous rejoindre. Ils me disent que finalement, ils trouvent ça ennuyeux. Normal, puisque contrairement mes amis et moi, ils ne font aucun manège et ne jouent à aucun jeu. Ils me disent:

 » Viens t’en, on rentre! »

Cette phrase me frappe comme une gifle. Déjà que j’ai eu à subir le malaise de me sentir sous leur surveillance depuis que nous sommes arrivés, la perspective de me faire interrompre ce qui est techniquement mon party de fête me choque. Je tente de protester, mais je réalise aussitôt que je perd mon temps. Dans trois heures, quand viendra le temps pour nos amis de revenir à St-Hilaire et Beloeil, les deux personnes qui sont assises sur le siège arrière de l’auto vont pouvoir se tasser pour faire une place à Chantal. Mais rendu là, il y aura cinq personnes dans le véhicule. Il ne sera pas possible de me faire une place en plus. Je suis donc obligé de retourner à la maison, immédiatement, avec mes parents.

En s’imposant pour aller me reconduire, en empêchant l’amie de Chantal de prendre son auto, ils m’ont empêché de pouvoir revenir de l’expo par mes propres moyens. Ils m’ont obligé à revenir à la maison, non pas quand je serais prêt à le faire, mais bien quand ça leur convenait à EUX. Dans une sortie de fun en gang qui aurait dû durer pendant quatre heures, ils m’ont cassé ma soirée au bout d’une heure. Ils m’ont enlevé à ma blonde. Ils m’ont enlevé à nos amis. Ils m’ont enlevé du terrain de l’expo avant même que j’aille eu le temps de faire le quart des manèges, alors que j’avais payé le plein prix.

En insistant contre mon gré pour aller nous reconduire, ils ont pris le contrôle total de mon 16e anniversaire afin de le gâcher, en m’isolant de ma vie sociale, en me donnant la réputation d’un pauvre petit immature dépendant de ses parents.

Du reste, à chaque fois que j’avais une fête entre amis, peu importe chez qui, peu importe où, j’avais droit au même scénario. À tout coup, je subissais leur imposition pour aller m’y reconduire, et le désagrément de les voir venir me chercher au milieu de celui-ci, entre 21h et 22h.

Ce n’est que tout récemment que je me suis rendu compte d’un truc. Lorsque j’allais chez mon ami Carl, ou chez d’autres amis dans des villes voisines, que je m’y rendais à vélo, peu importe le jour, peu importe l’heure. Jamais mes parents n’interféraient. Je pouvais même y passer la nuit si ça me chantait, pourvu que j’appelle d’abord pour prévenir. Mais dès qu’il s’agissait d’un party ou d’une sortie planifiée en gang, c’était inévitable, il fallait qu’ils s’en mêlent afin d’imposer leur présence, allant même souvent s’y pointer par surprise, afin de me l’abréger.

Et moi, pauvre naïf, je n’ai jamais pensé à leur mentir en leur faisant croire que j’allais plutôt faire une simple ballade à vélo, ou que j’allais chez Carl. Et pourquoi l’aurais-je fait? Quoi de plus anodin et normal comme activité lorsque l’on est adolescent et jeune adulte que de socialiser en faisant le party ensemble? Étant donné que c’était une activité qui n’était ni immorale ni illégale, jamais il ne me serait venu à l’idée qu’il serait nécessaire de leur cacher ça.

La naïveté et la patience est une excellente combinaison de traits de caractères… Si notre but dans la vie est de se faire manipuler, contrôler et isoler et exploiter.

Et c’est ainsi que j’ai vécu mes 53 premières années de vie. Avec mes parents qui ont toujours tout fait en leur possible afin de m’isoler des autres. Amis, copines, conjointes, collègues de travail, voisins, associés… Vous savez combien de fois que j’ai été en couple dans ma vie, depuis que je suis en âge de sortir avec les filles? À ce jour, 44 fois. Oui, je tiens une liste à jour depuis maintenant deux décennies. Mon problème, ce n’est pas de m’en trouver une. C’est de la garder, après qu’elle ait été exposée à mes parents. Car oui, ils font partie des raisons pourquoi j’ai eu tellement de blondes, conjointes et amantes dans ma vie.

Tout ça parce que leur but est d’avoir le monopole sur ma vie sociale. En fait, de constituer, à eux seuls, mon unique vie sociale.

À SUIVRE

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Vous voulez en lire plus? En 2015, j’ai écrit ici, sur ce blog, le déroulement du second party entre ados où je suis allé dans ma vie, alors que j’avais 15 ans. Et comment mes parents sont venu me l’interrompre en venant me chercher au beau milieu de celui-ci, alors qu’ils avaient pourtant accepté de me laisser revenir par mes propres moyens. Voir Sophie, la poupée qui dit non mais qui fait oui.

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