Mon année 2012, partie 5: La facilité de se trouver un emploi.

Il y a 2 ans, dans mon billet Les Trois Raisons Possibles de l’Échec,  je parlais d’un problème qui me faisait obstacle dans ma recherche d’emploi, soit le côté artistique de mon CV.  En effet, à chaque fois que je me cherchais un travail physique, ils regardaient mon CV, voyaient des trucs comme Safarir et l’École Nationale de l’Humour, et en arrivaient à la conclusion erronée (quoi que logique) que je cherchais juste une job quelconque en attendant de percer dans le milieu artistique.

L’affaire, c’est que la réalité était l’inverse. Tanné du travail à la pige instable et mal payé, j’ai décidé de mettre ça derrière moi en faveur d’un travail stable, à temps plein, à revenu régulier. C’est en faisant des recherches d’emploi que je me suis rendu compte que pour les gens avec peu ou pas d’expérience, les jobs de bras étaient plus payantes que le travail de bureau. D’où mes tentatives d’être embauché dans le domaine. Hélas, mon CV artistique ne faisait que me nuire.

Lorsque la solution à mon problème m’est venue en tête, je n’en revenais pas de ne pas y avoir pensé avant, tellement c’était simple : Me mettre à la place de mon futur patron. Me dire : Et si c’était moi l’employeur… Qu’est-ce que je voudrais entendre? Qu’est-ce que je voudrais voir? Qu’est-ce qui me pousserais à l’employer lui alors que jamais je ne donnerais sa chance à l’autre? Le simple fait de me poser ces questions m’a amené à transformer radicalement les différentes facettes et éléments de ma recherche d’emploi.

MON CV :
Si j’étais patron : Si je cherche un travailleur solide physiquement et que je reçois un CV dans lequel la moitié de ses expériences (les plus récentes en plus) sont artistiques, c’est sûr que je vais le mettre de côté au profit d’un qui n’a que des expériences de travail physique.
Alors ce que j’ai fait : Au début de 2011, j’ai fait application pour travailler dans un garage de bus.  J’ai tout simplement enlevé les détails artistiques de mon CV.  Comme ça, au lieu de le jeter, il m’a appelé pour me demander pourquoi il y avait de grands trous dans ma liste d’expérience. Je lui ai dit la vérité : Parce que j’ai mis la vie artistique derrière moi, et parce que ces expériences me handicapaient dans mon CV. Il a compris. J’ai été embauché.

MA SITUATION GÉOGRAPHIQUE
Si j’étais patron : Je voudrais d’un employé qui habite près, et ce pour deux raisons : C’est plus pratique lorsqu’il faut appeler quelqu’un pour faire du remplacement de dernière minute, et je n’ai pas à craindre les retards et l’absentéisme pour cause de le bus n’est pas passé / le métro est arrêté / l’auto est en panne.
Alors ce que j’ai fait : À tous les jours, j’allais sur Emploi Québec et je ne consultais que les annonces de mon quartier.  Les gens me disaient que c’était une erreur, et que si je voulais vraiment travailler j’irais prendre la job là où elle est.  Eh bien j’ai eu raison de m’obstiner car ça ne m’a pris qu’un mois avant de trouver du travail au garage de bus de mon coin. J’y allais à pied ou en vélo.

MON PHYSIQUE
Si j’étais patron d’une boutique de vêtements pour jeunes, je voudrais des vendeurs jeunes, minces, beaux, qui ont du style. Si j’étais patron d’un magasin d’équipement de sport, je voudrais des vendeurs d’allure sportive, en forme, en tenue de gym.  Et si j’étais patron d’un garage de bus, je voudrais un employé solide, costaud, habillé de façon qui démontre qu’il n’a pas peur de se salir.  Il y a une raison pourquoi existe l’expression Avoir le physique de l’emploi.  Dès le premier coup d’œil sur ton allure, le patron sait déjà si ça vaut la peine de te faire passer une entrevue ou non.
Alors ce que j’ai fait : À ce moment-là, je venais de passer tout l’hiver à m’entrainer à la course, en plus de faire des poids. J’étais athlétique, costaud. J’étais trop vieux pour être vendeur dans des boutiques, surtout sans expérience au niveau de la vente. Par contre, j’avais le physique requis pour travailler dans un garage de bus.

MON COMPORTEMENT PENDANT L’ENTREVUE
Si j’étais patron : Je voudrais d’un candidat avec qui le courant passe bien.  Quelqu’un avec qui la communication se fait aisément. Quelqu’un qui est à l’aise avec moi, surtout si on est pour travailler ensemble.
Alors ce que j’ai fait : Tous ceux qui se sont butés à la difficulté de se trouver un emploi se sont tous fait donner les mêmes conseils : Assis-toi droit, regarde-le dans les yeux, garde le sourire… Hélas, la majorité des gens poussent la chose trop loin, et l’intervieweur se retrouve face à un candidat raide comme une statue, au sourire figé et qui le regarde pendant 17 minutes sans cligner des yeux.  Alors je me suis tout simplement détendu en me disant qu’après tout, à part pour son poste, c’est un gars tout à fait normal et pareil que moi. Il y a moyen de rester poli et respectueux sans avoir l’air d’un robot, et d’être détendu et à l’aise sans être exagérément familier.

MON EXPÉRIENCE
Si j’étais patron d’un travail qui demande de l’expérience, c’est évident que je ne voudrai embaucher que ceux qui en ont. Mais si c’est pour un travail simple dans lequel on fournit le training, n’importe qui fera l’affaire.
Alors ce que j’ai fait : Je n’ai pas perdu mon temps à regarder les emplois demandant une expérience que je n’avais pas. Voilà pourquoi j’ai fait application dans l’entretien ménager :  Tout le monde sait faire du ménage. Le reste, ils te l’apprennent.

Jusqu’ici, je ne parle que de mon travail dans le garage de bus, que j’ai eu d’avril 2011 à aout 2012. Dès que j’ai démissionné du garage, je me suis mis à chercher un travail une coche au-dessus : Concierge dans un édifice à appartements.  Parce que là, j’avais de l’expérience pour un boulot qui en demandait. Après deux semaines et demi à visiter quotidiennement Emploi Québec, j’ai trouvé ma job idéale : Concierge/homme à tout faire dans un bloc de 22 étages, meilleur salaire qu’au garage, logement + électricité + chauffage + internet + téléphone + câble fourni gratis.

MON CV
Puisque cette fois j’avais derrière moi 16 mois d’expérience dans un travail similaire, je me suis permis d’y remettre mes expériences artistiques, histoire de montrer que j’ai passé la majorité de ma vie à travailler.  Le fait que j’ai donné ma démission correctement, tel que vu dans le billet précédent, n’a pas dû nuire lorsqu’ils ont contacté mon dernier employeur.

MES DOCUMENTS
Je suis arrivé préparé. J’avais avec moi tous les documents imaginables :

  • Mon CV avec toutes les coordonnées de mes employeurs.
  • Mes cartes.
  • Mes 2 derniers baux.
  • Mon passeport.
  • Un spécimen de chèque de mon compte de banque.
  • Mon certificat de naissance.
  • Une liste de questions.
  • Une lettre de présentation.
  • Une 2e lettre, celle-là je vous en parlerai plus tard.

Je doute fort que les autres candidats étaient aussi préparés que moi. En démontrant à mon futur employeur à quel point je suis une personne organisée, que j’ai ce qu’il veut de moi au moment où il en a besoin, ça me donne une longueur d’avance sur les autres.

LA LETTRE DE PRÉSENTATION
On n’accorde jamais assez d’importance à la lettre de présentation parce qu’on est portés à croire que tout ce que l’on pourrait y écrire, on va le dire pendant l’entrevue anyway. Eh bien moi, j’ai deux bonnes raisons pourquoi je tenais à en écrire une :

  1. La mémoire est une faculté qui oublie.  Plus l’employeur passe d’entrevues, plus il sera difficile pour lui de se souvenir de qui lui a dit quoi.  La lettre de présentation fait donc de moi la seule personne de qui il lui est facile de tout de se rappeler.
  2. Plus l’employeur a d’entrevues à passer, moins il a le temps de me poser les questions qui l’aideront à comprendre pourquoi je suis un meilleur candidat que les autres. Voilà pourquoi j’ai bien pris le temps de lui (d)écrire tous les aspects de ma personnalité qui sont compatibles avec ce travail en particulier.

LA LISTE DE QUESTION
Ça aussi c’est important, parce que ça démontre à l’employeur que l’on est vraiment intéressé à avoir ce travail.  Dans mon cas personnel, lorsque la madame qui m’a passé en entrevue est venue pour conclure en me demandant si j’avais des questions, j’ai sorti ma liste en lui disant que des dix que j’avais, il n’y en a que quatre dont nous n’avons pas discuté.

NE RIEN AVOIR À CACHER
Lors de l’entrevue, après avoir répondu à mes dernières questions, la madame me donne un document et me dit : « Ça c’est un document que tu dois signer, dans lequel tu déclares nous donner l’autorisation de faire une enquête à ton sujet.  Parce que tu comprendras qu’on ne va pas donner les clés de 260 appartements à quelqu’un qui a un dossier judiciaire pour vol, hein? Ha! Ha! Ha! »  Finalement, ce fut après 24 heures et non 48 qu’elle m’a appelé.  Elle me dit : « Bon ben le rapport de la GRC vient d’arriver.  Fa que, si t’es prêt, tu commences demain matin à 8am. »

Et voilà comment un gars qui a passé vingt ans de sa vie à avoir une carrière artistique a pu se décrocher un bon travail physique bien payant.

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9 réflexions au sujet de « Mon année 2012, partie 5: La facilité de se trouver un emploi. »

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  3. Très inspirant, ça vaut la peine d’être lu, autant pour les personnes qui se sentent déjà à l’aise avec les lettres de présentation et les CVs, autant pour celles qui auraient justement besoin d’un petit coup de pouce.

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