Plaisir coupable est un terme que j’ai toujours eu en horreur.
Qu’est-ce que la culpabilité ? C’est un sentiment personnel ou un jugement social qui vient du fait d’avoir posé un geste qui mérite la réprimande. Donc en ayant commis une action illégale et/ou immorale.
Mais lorsque le geste n’est ni l’un ni l’autre, pourquoi devrait-il faire naître un sentiment de culpabilité ?
Mais qui donc l’impose, ce sentiment de culpabilité ?
Les snobs ! Les prétentieux Ceux qui ressentent le besoin de se croire supérieurs à autrui. Bref, ceux qui, dans leur subconscient, vivent un sentiment d’infériorité. Et celui-ci a des racines si profondément ancrées en eux, qu’ils ne peuvent concevoir d’être un jour capables de pouvoir s’élever au-dessus de la masse. En fait, ils ne se sentent même pas capables de monter à égalité vers la dite masse pour commencer. Ils compensent donc de la seule manière qui soit à leur portée : en rabaissant autrui plus bas qu’eux-mêmes.
Mais comment peut-on se placer au-dessus de ceux que l’on perçois inconsciemment comme étant nos supérieurs ?
Lorsqu’une personne complexée est incapable de dépasser autrui en quoi que ce soit de concret, alors elle se réfugie dans le jugement de valeur : si tu aimes tel truc, alors tu es (selon ton continent d’origine) ringard, quétaine, bauf, de mauvais goût / pas-d’goût, nul, naze, médiocre intellectuellement ou moralement. Et c’est sur ces jugements que ces gens vont justifier les comportements négatifs qu’ils choisiront d’avoir envers toi. Comme ici, lorsque cette femme explique pourquoi elle a refusé d’obéir à son patron.
Lorsque l’on considère que les préférences personnelles doivent suivre certains standards dictés par des gens non-concernés, on tombe dans l’élitisme. Pour faire partie de l’élite, tu dois apprécier certains trucs. Trucs d’ailleurs souvent mal définis. Mais surtout, tu te dois de ne PAS apprécier une liste infinie de sujets. Et tu constates rapidement que, quelle coïncidence, cette liste va toujours accueillir automatiquement 99.999999% des trucs que tu aimes.
Quoi de plus normal que de vouloir partager autour de soi la source de notre joie. Mais voilà, tu connais trop bien les conséquences sociales d’oser prendre un tel risque. Alors tu fais acte de soumission. Tu annonces la chose en commençant par « Mon plaisir coupable est … » Parce que tu te fais intimider d’avance. Sous menace que l’on te porte un jugement négatif. Que l’on mette en doute ton bon sens, ton raisonnement, ton bon goût, ton intelligence. Tu te laisses volontairement manipuler par pression sociale à voir d’un regard négatif quelque chose qui ne t’apportait jusque-là que du positif.
Ce que le terme plaisir coupable signifie, c’est que tu as le droit d’aimer ce que tu veux, pourvu que tu acceptes d’abord de déclarer publiquement que tu reconnais que tu devrais ressentir de la honte à le faire.
En faisant ça, tu appuies ceux qui n’ont aucune raison valable de juger des goûts personnels d’autrui. Tu les aides à te rabaisser, et tu confirmes qu’ils ont raison de le faire. Bref, en acceptant ton statut d’inférieur, tu cautionne un sytème qui divise les gens en classe supérieure et en classe inférieure en se basant sur des critères qui n’ont aucune pertinence. Un système créé par des gens impuissants à évoluer au-delà de la médiocrité qu’ils percoivent en eux-mêmes. Des gens qui ont besoin de se rassurer avec l’idée qu’ils puissent trouver une raison d’abaisser les autres plus bas qu’eux-mêmes. Quitte à l’inventer de toutes pièces, cette raison. Or, comme toute raison inventée, peu importe sous quel angle on essaye de la présenter, il reste que c’est une raison bidon.
Tout le monde se dit défenseur du droit à la liberté d’expression. Combattant du respect d’autrui. Champion du droit qu’à tout-un-chacun de pouvoir faire ses propres choix. Et pourtant, tout le monde accepte de s’empêcher de s’exprimer librement sur ses propres goûts, ses propres choix, et ce au détriment de son propre respect.
Et pourquoi ? Pour bien paraitre aux yeux de gens mesquins qui ne te respecteront jamais.
J’ai beaucoup de sources de plaisir. Mais aucune d’entre elle ne me rend coupable de quoi que ce soit. Et n’est pas encore né celui qui arrivera à prouver le contraire.

Requin contre Laurel, si j’avais cru lire ça un jour ! Vivement le deuxième round ! Du sang ! Des larmes !
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J’aime beaucoup ce que fait Laurel en général, mais je n’ai jamais approuvé la tendance qu’elle a à juger négativement les gens selon les goûts personnels de ces derniers. C’est quelque chose que l’on voyait souvent dans ses œuvres précédentes, par exemple au sujet des hommes qui sont fans de sports. Et ce n’est même pas par solidarité, parce que moi-même j’ai horreur du sport.
Non, je me dis que tant qu’à dénigrer quelqu’un, alors que ce soit pour des raisons pertinentes. Par exemple, dans ce cas-ci, Luc, celui de qui elle parle, pose beaucoup de gestes aberrants, négatifs, condamnables moralement. Mais sur quoi est-ce qu’elle va baser son mépris pour lui? La musique et les films qu’il préfère. Aussi bien dire que même si Luc avait été irréprochable, elle l’aurait tout de même vu comme un gros naze. Peut-être que telle n’est pas son intention, mais c’est quand même le message qui ressort de cette scène.
Et au cas où, je précise que ce billet n’est pas un texte anti-Laurel. C’est un billet contre le principe de l’appellation « Plaisir Coupable », et que ces deux images illustrent parfaitement mon propos.
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