IMPORTANT. À l’exception de mes propres photos, toutes les images de cet article proviennent de sites de stock photos libres de droits. Et les noms sont changés. Ceci est dans le but de respecter l’anonymat des personnes concernées.
Samedi le 6 avril. 9e jour de correspondance avec Noémie. Hier, elle m’a dit qu’elle aurait congé aujourd’hui et qu’elle passerait la journée au lit à boire du vin. Moi, je travaille de jour, de 07h00 à 15h00. Au retour du boulot, je lui écris un petit mot à 15h40. Elle ne me répondra qu’en soirée, à 19h43.
Apparemment, elle n’a pas démordu de son idée de se saouler au vin. Quelques minutes plus tard, elle me réécrit. Pour me dire qu’elle est célibataire.

« Déchausser la chaussette » … Voilà une manière très originale pour me dire qu’elle a envie de baiser.
Et soudainement, je réalise ce qu’elle est en train de faire.
- Elle me rappelle qu’elle est célibataire.
- Elle sait que je sais qu’elle est seule chez elle.
- Elle me dit qu’elle boit du vin.
- Elle me dit qu’elle a envie de se faire sauter.
Je ne suis plus aussi naïf que dans ma jeunesse. Je vois clairement qu’elle cherche à me provoquer, de manière à me donner envie d’aller la rejoindre chez elle. Et selon La convention sociale du « Si tu viens, tu couches », si elle m’invite chez elle, c’est pour une soirée de sexe. Même si c’est en sous-entendus, une fille ne va pas dire des trucs pareils à un gars si ce dernier ne l’intéresse pas.
Je vérifie néanmoins auprès d’elle la signification de ce gif animé, histoire de m’éviter de mal interpréter son message.

Pour les non-initiés, la chaussette enfilée sur une poignée de porte serait le signal universel pour dire aux passants « Ne pas déranger, je baise ! » Alors voilà, c’est confirmé. Elle m’invite à aller la rejoindre chez elle. Pour du sexe. Ça me rend heureux car j’espérais que l’on finisse un jour ensemble. Je ne m’attendais juste pas à ce que ça arrive si vite.
Puisqu’elle habite loin, je calcule mentalement le temps que ça va prendre. Il est déjà 20h. Je travaillais aujourd’hui, et je ne me suis pas lavé en revenant du boulot. Et ça fait plusieurs jours que je me néglige les poils. Le temps d’une douche, shampooing, tailler la barbe, m’occuper de mes dents, m’habiller… Même en me pressant, j’en ai pour 45 minutes avant d’entrer dans mon auto. Donc, départ à 20h45.
La ville de Saint-Ciboire-du-bout-de-Christ, c’est à 2h15 de chez moi. Donc, arrivée à 23h. Je ne connais pas l’adresse de Noémie, mais ça reste une petite ville. J’imagine donc 15 minutes pour me rendre chez elle, donc 23h15. Le temps que j’entre, qu’on jase un peu, qu’elle me serve du vin, qu’on se détende puisque c’est la première fois qu’on va se voir… On devrait passer à l’action autour de minuit. Elle est jeune et pleine d’énergie, et ça sera notre première fois. Une superbe jeune femme comme elle, je veux m’assurer de lui plaire. Pour lui en mettre plein la vue, je vais sortir le grand jeu, résultat de mes 38 ans d’expériences sexuelles. Je dois donc m’attendre à ce que ça dure jusqu’à 01h30 ou 02h00. Après le sexe, il y aura un moment pour se parler, se câliner… Donc, dodo vers 2h30.
Le problème là-dedans, c’est que je travaille ensuite à 07h00. Enlevons deux heures quinze de route, ça veut dire que je dois partir de chez elle vers 04h45. Ça signifie me lever au plus tard à 04h30. Ce qui ne me laisse deux heures de sommeil.
De plus, elle semble avoir consommé pas mal de vin. Je ne pourrai être chez elle que dans trois heures. Et si, en m’attendant, elle tombe endormie ? C’est quelque chose que j’ai déjà vécu quelquefois par les années passées. Et une fois réveillées par mon arrivée, ces femmes étaient beaucoup trop abruties par le sommeil pour avoir encore la moindre pensée lubrique, et encore moins avoir envie de moi. Et si l’histoire se répétait ?

Tel que j’en ai parlé dans le 3e billet de la série L’Intérêt d’une femme vient avec une date d’expiration, j’ai toujours ressenti un profond malaise avec l’idée de coucher avec une femme au moment où celle-ci est en état d’ébriété. Même si elle me suppliait de la baiser ce soir, il suffirait qu’elle change d’idée le lendemain pour m’accuser d’avoir profité de son état pour en abuser sexuellement.
Bon, je sais bien que tout ceci n’est que de la vieille parano qui remonte à mon adolescence. Je sais que Noémie ne me fera pas ce coup-là. La preuve, c’est qu’elle me parle de sexe et de son attirance pour moi depuis le tout début de nos contacts, alors qu’elle était toujours sobre. Mais il reste le problème incontournable du fait que je ne pourrai dormir que deux heures avant de me taper deux heures quinze de route et huit heures de travail. Et ceci m’oblige à remettre notre rencontre sexuelle à une date ultérieure. Ce que je fais après avoir consulté mon agenda.

Maintenant que je lui ai expliqué, il ne me reste plus qu’à lui donner le goût d’attendre. Je déterre un selfie de juillet 2020.
Son avatar en guise de réponse me donne l’impression qu’elle ne va pas perdre son intérêt pour moi en attendant que nos horaires correspondent. Au moment où je m’apprête à lui souhaiter bonne nuit, elle me relance avec ceci :
Ok, là, elle ne fait plus dans la subtilité. Nous savons tous que les hommes sont visuels, faciles à allumer avec des images sexy. Alors si elle m’envoie ce selfie, c’est parce qu’elle désire que je change d’idée et que j’aille la rejoindre maintenant.
C’est tentant ! Mais si je fais ça, alors je ne pourrai dormir que deux heures. Après avoir baisé. Et probablement bu du vin. Pour ensuite devoir aller travailler pendant huit heures.
Il y a dix ans, j’étais encore tellement allumé et contrôlé par ma libido que je l’aurais fait sans hésitation. Mais avec l’âge, la sagesse augmente à mesure que la testostérone diminue. Même si je ne prends pas d’alcool, le manque de sommeil ajouté à l’énergie dépensée feront que ma journée de travail de demain sera au-dessus de mes forces. Il ne faut pas oublier que je m’occupe physiquement de gens en perte d’autonomie. Majoritairement des gens du troisiène âge, fragiles, de santé précaire. La moindre erreur de ma part pourrait leur causer une chute pouvant entrainer des blessures graves, voire même la mort. La sécurité de mes résidents est primordiale. Je ne plaisante pas avec ça.
Mais je n’ose pas l’expliquer à Noémie. Son insistance à me tenter sexuellement, après que j’ai décliné son offre, me montre qu’elle me désire sérieusement. Voilà pourquoi je n’ai pas envie de répondre à ses avances en lui faisant subir un second revers plus direct.
Sans trop savoir quoi faire, je lui répond la première chose neutre qui me passe par la tête.
J’ajoute un commentaire et j’attends sa réaction. Mais en voyant qu’elle ne répondait toujours pas au bout de 25 minutes, j’ai mis un terme à la conversation.
Je lâche le net pour me diriger à la douche. Puis, je me couche, heureux de voir que Noémie et moi avons dépassé le stade de l’amitié et du flirt pour passer à celui d’amants. Bon, nous ne le serons vraiment que lorsque nous coucherons ensemble dans un mois. Mais ça nous laisse le temps de voir comment on pourra s’arranger pour que nos horaires correspondent mieux par la suite. Par exemple, les weekends, je peux demander de travailler samedi de jour, et dimanche de soir. Comme ça, on pourra se voir de 18h le samedi jusqu’à dimanche midi. Une rencontre hebdomadaire, c’est déjà mieux qu’une mensuelle. À chaque problème, sa solution. J’ai confiance en l’avenir.
Je ne m’attendais juste pas à ce qui allait arriver le lendemain.
À suivre.





