Face à une même situation, plusieurs personnes réagiront de manières différentes, selon leur personnalité. Imaginons, par exemple, différents hommes qui manifestent de l’intérêt envers une femme, mais que ce n’est pas réciproque.
- Un gars réagira en étant frustré et entrera dans une terrible colère.
- Un autre ressentira de la tristesse.
- Un autre se sentira humilié.
- Un autre se fera une raison, haussera les épaule et passera à autre chose.
- Un autre tirera des leçons de cette expérience et en ressortira grandi et/ou plus sage.
- Un autre décidera de mettre des efforts afin de devenir un jour le genre d’homme qui aura ce qu’il faut pour plaire au genre de femme qu’elle est.
- Et un autre aura comme réflexe de manifester un méprisant déni de la situation.
Et c’est là le sujet de ce billet.
Cette personne (se) dira alors des trucs du genre de : « Pfff… Je n’en voulais pas, de toute façon! Je faisais juste la tester parce qu’elle avait l’air de s’intéresser à moi. Je voulais juste lui remettre les pendules à l’heure afin de lui éviter de languir pour rien, puisque je n’en ai rien eu à foutre. Mais bon, je vois bien qu’elle ne m’aime pas. Ou du moins, qu’elle PRÉTEND ne pas m’aimer. Comme si elle avait ce qu’il faut pour me plaire. Pauvre conne! »
Par le passé, j’ai plusieurs fois parlé de ce que j’appelle le réflexe de survie. En gros, c’est une méthode qu’utilise l’ego afin de diminuer chez certaines personnes l’impact de se trouver face à une situation qui est, pour elle, trop décevante. C’est le réflexe d’essayer de se convaincre soi-même que non seulement la situation que l’on vit n’est pas quelque chose de négatif, c’est une situation volontaire, une que l’on contrôle.
Tant que la personne se limite à essayer de s’en convaincre soi-même, ça reste un choix personnel qui ne regarde qu’elle. Mais voilà, on a beau essayer de se convaincre, on ne peut se cacher à soi-même la vérité. Dans ce temps-là, deux choses peuvent arriver :
- Ou bien la personne décide de faire face à la vérité. Ensuite, elle agit selon ses capacités morales et/ou physiques et/ou financières.
- Ou alors, cette personne n’a pas la capacité morale de faire face à la vérité, et elle pousse le bouchon plus loin: Pour mieux se convaincre elle-même, elle va d’abord commencer par en convaincre son entourage.
Vous connaissez la classique « Qui est-ce que vous essayez de convaincre ici? Les autres, ou bien vous-mêmes » Eh bien voilà, c’est ce genre de cas : Ceux qui se créent une personnalité bidon par réflexe compensatoire.
En général, il est assez facile de repérer ces gens. Il y a quatre signes qui ne trompent pas :
Premier signe comme quoi c’est une personnalité bidon : Il insiste toujours pour se présenter en tant que personne respectueuse, honnête, droite et irréprochable. En général, il se vante de suivre un code de conduite et d’avoir de belles valeurs de morale, de vertu, et surtout, DE RESPECT! Il en tire fierté et orgueil, et il ne s’en cache pas.
Second signe comme quoi c’est une personnalité bidon : On constate que ce code de conduite, il l’exige sans cesse chez les autres. Mais on n’a que rarement, sinon jamais, l’opportunité de le voir l’appliquer lui-même.
Troisième signe comme quoi c’est une personnalité bidon : Il utilise très souvent ce code afin de rabaisser les autres. Or, rabaisser les autres, c’est à l’extrême opposé de la plus grande vertu qu’il prétend posséder : le respect.
Quatrième signe comme quoi c’est une personnalité bidon : À la première opportunité qu’il a de montrer qu’il pratique ce qu’il prêche, il échoue de façon aussi lamentable que spectaculaire.
Le 4e signe met parfois des années à se manifester. Mais tôt ou tard, cette personne sera confrontée au genre de situation qui lui demandera d’appliquer sur elle-même son code de conduite. Et si je dis qu’elle échouera, c’est pour une raison bien simple: Quand quelqu’un a besoin de suivre un code de conduite pour être respectueux, honnête, droit et irréprochable, tout ce que ça veut dire, c’est que ce n’est pas dans sa nature d’être respectueux, honnête, droit et irréprochable. Et si je dis que c’est spectaculaire, c’est que quand on ne cesse d’attirer l’attention du public sur nos prétendues vertus, alors on a toute l’attention du public, donc on se donne en spectacle, lorsque l’on démontre que tout ça c’était bidon.
Dans ma vie, j’ai connu au moins cinq personnes qui agissaient ainsi. Toutes les raconter prendrait une éternité. Aussi, j’ai décidé de prendre un exemple au hasard. Ça va comme suit:
La situation négative : La nature n’a pas été généreuse avec Armand. N’ayons pas peur des mots : Il est laid. Et il le sait. De ses 14 à 26 ans, il a vu tous les membres de son entourage expérimenter le couple et le sexe. Tandis que lui, aucune fille ne l’a jamais regardé.
Le réflexe de survie : Faire comme si son célibat et sa chasteté étaient quelque chose de volontaire. Il a commencé à s’afficher comme étant l’apôtre des belles vieilles valeurs en matière de couple et de sexualité.
Pour convaincre les autres : Il porta ainsi son jugement sur les relations des autres, étalant l’erreur qu’ils font de croire qu’ils sont compatibles, pointant leurs trop grandes différences sur les points qui comptent vraiment, démontrant qu’ils ne sont pas en couple pour les bonnes raisons. Il les jugea comme dépendants affectifs ou sexuels, sinon comme des désespérés au point de prendre n’importe qui. Quant aux gens infidèles, (quant aux gars infidèles, devrai-je dire, car là-dessus il ne juge que les hommes) il roulait des yeux, déplorant que 99.999999% des hommes sont tellement contrôlés par leurs hormones que pour eux, les filles ne sont rien que des vide-couilles, et sont totalement interchangeables.
Lui, par contre, est capable de se contrôler. Lui, il respecte la femme. Lui, il a de belles valeurs sociales. Lui, ne sortira pas avec n’importe qui. Lui, saura trouver LA bonne, celle qui lui convient vraiment. Et quand on a trouvé celle qui nous convient, la fidélité ne demande aucun effort, puisque l’on n’a nul besoin d’aller voir ailleurs.
Un jour, il a choisi une fille belle et populaire de son entourage, et a décidé que ce serait celle-là, la sienne. Il est devenu son bon ami proche, son confident. Pendant les huit années qui suivirent, il était toujours là pour elle. Il l’encourageait dans son désir d’avoir une relation de couple avec tel ou tel gars, alors qu’il savait bien qu’ils ne lui conviendraient pas. Et lorsque ça se terminait inévitablement en catastrophe, il était toujours là pour la comprendre, la soutenir, la consoler. Il était doux, câlin, affectueux. Il la prenait dans ses bras, toujours en contact physique avec elle. Mais attention, toujours de manière platonique.
Au bout de ces huit ans, lasse, découragée et moralement démolie par tous ses échecs amoureux répétitifs, elle lui a enfin dit la phrase classique qu’il attendait depuis si longtemps :
« Au fond, c’est un gars comme toi qu’il me faudrait! »
Il n’a pas attendu qu’elle reprenne ses esprits, il l’a prise au mot. Il l’a embrassé. Confuse, en moment de faiblesse, déjà habituée au contact physique avec lui, et ayant quand même provoqué cette réaction par ses paroles, elle s’est laissée faire.
Le soir-même, après avoir couché avec elle pour la première fois, il l’a demandé en mariage. Elle était surprise de la rapidité de cette proposition. Mais il a su la convaincre avec les arguments logiques qu’il avait soigneusement préparé pour ce jour depuis plusieurs années : Elle l’a dit elle-même, c’est un gars comme lui qu’il lui faut. Quant à lui, il l’a toujours aimé. Et ça fait presque une décennie qu’ils sont bons amis proches, alors ce n’est pas comme s’ils avaient encore besoin d’apprendre à se connaître. Alors si elle décline sa proposition de mariage, ça peux juste vouloir dire qu’elle ne voulait pas vraiment vivre dans un couple solide et harmonieux. Sinon, pourquoi hésiter à rendre la chose officielle avec lui? Ce n’est pas comme si elle n’avait pas perdu les huit dernières années de sa vie à essayer de trouver mieux que lui. En vain!
Confuse devant un tel étalage d’arguments logiques, elle s’est laissée manipuler à croire que lui seul pouvait lui offrir le couple harmonieux qu’elle n’a jamais réussi à obtenir lorsqu’elle choisissait elle-même ses partenaires. Et puis, maintenant que leur relation de profonde amitié vient de passer à l’étape sexuelle, qu’elle le veuille ou non, voilà, c’est fait, ils sont intimes maintenant. Ça ne sera plus jamais pareil entre eux. Veut-elle risquer de perdre une amitié si chère en s’obstinant à chercher ailleurs, alors qu’elle a huit ans d’échecs amoureux derrière elle pour lui prouver que ce sera lui ou personne? Elle s’y est donc résignée.
Quelques mois plus tard, ils s’épousaient. Et ceci n’a fait que lui confirmer qu’il avait toujours eu raison de penser et d’agir comme il l’a fait.
Mais voilà, il a beau s’en faire accroire, il reste que si sa femme était vraiment celle qui lui était destinée, elle aurait voulu de lui dès le départ, et non par découragement après avoir été manipulée stratégiquement pendant huit ans. Il n’en est que trop conscient. Et ça, c’est une autre chose que son ego a de la difficulté à assumer. Aussi, par réflexe compensatoire, il cherche à prouver, aux autres autant qu’à lui-même, que son couple repose sur des bases supérieures à celles des autres.
Aussi, il fallait toujours qu’il fasse la leçon à son entourage, sermonnant ceux dont la vie amoureuse n’était pas aussi droite et harmonieuse que la sienne semblait l’être. J’ai personnellement eu droit de sa part un commentaire plein de mépris. En m’entendant décrire à un ami commun un problème que j’avais avec la mère de mes enfants, il vient se mêler à la conversation pour me dire: « Ben là, pourquoi tu fais des enfants à une femme de qui tu n’as rien à chier? »
C’est ça, le réflêxe compensatoire: Quand on n’arrive pas à s’élever au-dessus des autres, on compense en rabaissant les autres plus bas que soi.
Mais voilà, tôt ou tard, la personne vit une situation qui teste les convictions qu’elle prétend avoir. Et c’est là qu’elle se montre sous son vrai jour, qui se trouve à l’extrême opposé de tout ce qu’elle prétend être.
La situation qui l’a testé: Il était marié depuis environs trois ans. Une jeune femme, vague connaissance à lui, vient un jour frapper à sa porte. Je ne sais pas sous quel prétexte elle s’était rendu là. Mais une chose est certaine: Elle s’est offerte à lui. Sexuellement!
Sa réaction : Il l’a baisée!
Eh oui! Lui! L’apôtre de la fidélité. Celui qui a toujours répété qu’il était contre le sexe sans amour. Celui qui a toujours prétendu être l’homme d’une seule femme. Lui, l’homme marié. Celui qui a toujours prétendu que l’homme qui est en couple avec la bonne n’a pas besoin d’aller voir ailleurs. Celui qui se dit en parfait contrôle de ses impulsions sexuelles. Celui qui s’est toujours permis de rabaisser quiconque étant dans une relation qui n’entrait pas dans ses étroits standards moraux.
À la première opportunité qu’il a eu de démontrer qu’il pratique ce qu’il prêche, il a plutôt démontré à quel point il n’a jamais été rien d’autre que totalement bidon.
Mais bon, quand on ne croit pas avoir ce qu’il faut pour plaire à une femme, on s’attend encore moins à pouvoir plaire à deux femmes en même temps. C’est facile de se prétendre fidèle, dans ce temps-là.
Constater qu’il ne valait pas mieux que tous ceux qu’il rabaissait, ce fut difficile à avaler pour son ego. Aussi, histoire de rattraper le coup, il décida d’utiliser la situation afin de pouvoir encore se montrer meilleur que tout le monde: Les autres hommes caupables d’adultères essayent toujours de s’en tirer? Ils essayent de passer la chose sous silence? Ils essayent de se justifier? Ils sont irresponsables et cherchent à ne subir aucune conséquences de leur transgressions? Eh bien il ne sera pas comme ça, lui. Il fera la chose noble, lui. Aussi, il a décidé qu’il ne méritait pas son épouse. Il a décidé de faire son mea culpa. Il a décidé d’avouer publiquement son adultère. Il a décidé de quitter le logement commun et de divorcer. Et il a décidé d’annoncer tout ça sur Facebook.
Mais voilà…
Est-ce qu’il a consulté sa femme avant de la tromper? Non!
Est-ce qu’il a consulté sa femme avant de décider à sa place qu’elle ne voudrait plus de lui? Non!
Est-ce qu’il a consulté sa femme avant de décider de quitter leur appartement commun? Non!
Est-ce qu’il a consulté sa femme avant de décider de divorcer? Non!
Est-ce qu’il a consulté sa femme avant de l’afficher comme étant cocue à tous leurs parents et amis sur Facebook? Non!
Ce qui prouve que dans le fond, tout le respect qu’il a toujours prétendu accorder à la femme en général, et à la sienne en particulier, ça n’a jamais existé. Toutes ses belles paroles, toutes ses belles valeurs morales, ça n’a jamais été que du vent. Rien d’autre qu’un Viagra pour son ego.
En tout cas, tout le long où j’étais avec la mère de mes enfants, je ne l’ai jamais trompée. Ce qui démontre clairement c’est lequel de nous deux qui n’en avait vraiment rien à chier de sa conjointe, finalement.
Si votre réflexe de survie vous oblige à vous faire croire que vous êtes autre chose que la réalité, c’est votre affaire. Mais si vous imposez votre moralité bidon autour de vous, sachez que tôt ou tard, les circonstances vous amèneront à vivre publiquement le genre de situation contre lequel vous sermonnez les autres. C’est inévitable. Et là, tout le monde verra ce que vous êtes vraiment. Par conséquent…
- Ceux qui vous appuient vont se sentir stupides, de voir que tout ce temps-là ils n’appuyaient que du vent.
- Ceux qui comptent sur vous vont se sentir choqués, déçus, abandonnés, que vous les laissiez si brusquement tomber.
- Ceux qui vous ont subi se sentiront humiliés et frustrés de voir que vous leurs avez imposé un code moral que vous n’êtes même pas fichu de suivre vous-même.
En fait, les seules personnes qui vont voir du positif dans tout ceci, ce sont vos détracteurs. Détracteurs qui, m’en doutez pas, existent en grande partie à cause de votre attitude sermonneuse chiante dont ils ont étés la cible. Ceux-là n’ont pas fini de se réjouir de vos déboires, d’en rire et de les raconter à la moindre occasion.
Et voilà pourquoi personne n’a de pitié ni de respect pour ceux qui se font passer pour ce qu’il ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront probablement jamais.
C’est un peu le même état d’esprit que l’on trouve dans l’autosabotage, non ? Si j’ai échoué, c’est soit parce que je l’ai bien voulu uniquement (donc je suis toujours maître de la situation), soit parce que je suis intrinsèquement un incapable dans ce domaine (donc c’est une sorte de fatalité, aucune mauvaise surprise puisque c’était prévisible). Dans un cas comme dans l’autre, le sentiment que quelqu’un d’autre est responsable de l’échec est écarté. On est seul responsable (ou bien la responsabilité est reportée sur une force abstraite comme la fatalité) et c’est moins frustrant, en un sens.
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