Généralement, la première chose qui nous vient en tête lorsque l’on parle de couple ouvert, c’est d’imaginer des gens qui participent à des orgies 2-3 fois par semaine car leur vie tourne autour du sexe. Mais au-delà de ce cliché irréaliste sommeille une réalité qui, bien que possédant quelques bons côtés, n’est pas toujours de tout repos.
Entre mes trois relations monogames à long terme passées et présente, j’ai eu deux périodes de célibat. La première a duré quatre ans (1995-1998). La seconde fut de deux ans (2011-2013). Dans les deux cas, j’ai eu des amantes. Avec elles, on ne peut pas vraiment parler de couple ouvert proprement dit, puisque techniquement nous ne formions pas un couple. N’empêche que l’arrangement était assez similaire, c’est-à-dire que nous nous fréquentions régulièrement tout en ayant des aventures chacun de notre côté. C’est lors de ces périodes que j’ai rencontré quelques véritables couples ouverts. Ceci m’a non seulement permis de voir comment ça se passe, ça m’a également permis de le vivre. Et c’est ainsi que j’ai appris qu’il existe 30 situations assez fréquentes lorsque l’on fait partie de ce milieu.
1) Vous êtes obligés d’en parler.
Il y a des gens qui disent : « Pourquoi est-ce que les lesbiennes, les gais, les bis et les couples ouverts se sentent toujours obligés de s’annoncer comme tel? Tu ne verras jamais un hétéro aller se présenter à quelqu’un en disant « Bonjour, je suis hétéro! » Vrai, mais c’est normal puisque nous vivons dans une société dans laquelle l’hétérosexualité monogame est l’orientation par défaut. Mais lorsque tu ne fais pas partie du cadre hétéro-normatif, le seul moyen de savoir si les gens autour sont compatibles avec ton orientation, c’est de le dire.
2) Tâter le terrain comporte des risques.
Car il est en effet impossible de savoir comment l’autre personne va réagir en apprenant ça. Ça peut être positif. Ça peut être neutre. Ça peut être négatif. Ça peut être carrément haineux. Tout comme la personne peut se montrer neutre ou positive devant toi, mais vous massacrer verbalement dans ton dos. C’est vraiment un coup de dés. Et une fois que vous l’avez lancé, vous ne pouvez pas revenir en arrière.
3) Certains commentaires annoncés comme étant respectueux et ouvert d’esprit sont en fait de la négativité passive-agressive.
Exemple : « C’est sûr que si t’aimes pas assez ton chum pour être capable de lui être fidèle, tu es tout à fait dans ton droit de le faire cocu. » Ou bien « J’admire la façon sereine que tu as d’assumer le fait que tu n’es pas capable de le/la satisfaire sexuellement. » Avec ses encouragements hypocrites, cette personne te laisse le choix entre ne rien dire et ainsi confirmer son accusation, ou bien lui expliquer, ce qui est peine perdue car la personne reviendra toujours avec d’autres questions aux sous-entendus tout aussi méprisants. Dans son cas, quand elle dit « J’essaye juste de comprendre. », ça veut dire en réalité « J’essaye juste de tourner les phrases et les questions de manière à te faire admettre que tu es une salope / que tu es un loser cocu volontaire / que vous n’êtes pas vraiment en amour / que vous êtes des dépravés. »
4) Certaines personnes totalement non-concernées prennent votre choix de vie comme une attaque personnelle.
Il y a des gens qui ressentent un grand besoin d’être vus comme étant parfaits et irréprochables. Pour eux, en principes, la sexualité est une chose de sacrée qui ne se fait qu’entre deux personnes amoureuses et en couple stable monogame. S’ils ont le malheur d’apprendre que vous vivez votre sexualité autrement que selon leurs principes à eux, attendez-vous à des attaques où aucun mot ne sera mâché. Cette personne réagit comme si vous l’aviez personnellement attaquée, et jamais elle ne cessera de vous démolir verbalement car jamais elle ne se remettra de ce qui, à ses yeux, est un impardonnable écart de conduite. Si vous avez le malheur d’avoir cette personne dans votre entourage, attendez-vous à avoir la pire des réputations sexuelle, et ce pour le reste de votre vie.
5) Vous recevez beaucoup plus de sollicitation sexuelle lorsque vous êtes dans un couple ouvert que lorsque vous êtes célibataire.
Il est vrai que lorsque l’on approche une personne célibataire sans autre raison que le sexe, on risque fort de se faire virer. Mais quand elle s’affiche comme étant en couple ouvert, on comprend automatiquement que même si nos propositions sexuelles seront déclinées, elles ne seront pas malvenues. Ça rassure. Cependant…
6) Dans un couple ouvert, la fille est beaucoup plus sollicitée que le gars.
Un homme seul qui va vers ce couple, c’est sûr qu’il va vouloir la fille. Une lesbienne, une bi ou une bi-curieuse, là encore, n’aura rien à foutre du gars. Mais là où c’est décevant, c’est que même les couples vont majoritairement solliciter la fille, en tâtant le terrain pour voir si elle accepterait de le faire sans son mec.
7) Il arrive parfois que l’un des partenaires se sente obligé de consentir.
Ça parait généralement dans la soirée, par exemple, lorsque la femme n’est pas très active, et ne semble pas vraiment en tirer de plaisir. On comprend alors qu’elle ne fait ceci que pour satisfaire les fantasmes de Monsieur. À moins de se foutre du confort des autres, voilà qui apporte une touche de malaise dans la soirée. J’ai également vu un gars qui s’était fait complimenter sur son ouverture d’esprit, d’accepter que sa blonde couche avec d’autres. Il a répondu d’un air abattu et résigné: « Je fais ce que j’ai à faire pour m’assurer qu’elle reste avec moi. » Ouch!
8) Il y a le risque qu’un(e) amant(e) essaye de se mettre entre vous.
Soyons réalistes: Dans un couple, la compatibilité sexuelle est importante. Aussi, l’avantage d’être libertin, c’est que ça nous permet de voir si le sexe avec telle ou telle personne est mauvais, bon, satisfaisant ou génial. Ainsi, parfois, un amant peut tout faire pour se montrer comme amant génial pour la fille en couple. Une fois leur compatibilité sexuelle établie, il se montre doux, gentil, attentionné. Il cherche à savoir quels sont les aspects qui ne fonctionnent pas dans le couple, afin de mieux essayer par la suite de se montrer meilleur que son chum, histoire de prendre sa place. Et si, comme dans le point précédent, la fille n’est en couple ouvert que par obligation, elle se laissera certainement séduire par l’idée d’un nouveau chum avec forte compatibilité sexuelle, qui lui offre une relation monogame. J’ai vu ça arriver assez souvent.
9) Le nombre de gens qui veulent le faire sans condoms est assez aberrant.
Dans une soirée de sexe à plusieurs, il n’est en effet pas rare que l’un des hommes se prononce contre le port du condom, en disant que « Moi, fourrer du plastique, j’sens rien! » ou bien que « Ça m’fait débander parce que c’est trop serré! » Ils vont même se donner un air boudeur et contrarié tout le long de la soirée, et n’hésiteront pas à sous-entendre que ce malaise est de la faute de ceux qui insistent pour être sécuritaires. Et lorsque l’on évoque les dangers de contractions d’une ITS, ils sont prêts à nous jurer que chacun des 97 partenaires qu’ils ont eu ces derniers mois acceptaient de le faire sans protections car ils sont tous en parfaite santé car ils ont tous des habitudes sexuelles sans risques. Personnellement, je n’ai jamais compris comment on peut affirmer être sécuritaire lorsque l’on a plusieurs partenaires sans protection, ce qui est un comportement à risques. Mais bon, c’est p’t’être juste moi.
De la part d’hommes, on s’y attend. Or, j’ai été très surpris de voir qu’il y avait des femmes toutes aussi insistantes à être contre le port du condom.
10) Des fois, le couple ouvert, c’est juste une façon déguisée de trouver mieux.
Je me souviens, à l’époque de mon retour aux études, qui correspondait à une de mes périodes de célibat, de cette amante que j’ai eu et qui était dans un couple ouvert. Elle ne cessait de se plaindre, comme quoi elle était malheureuse avec lui, et me donnait de plus en plus de signes comme quoi elle était en train de tomber en amour avec moi. Puis, un jour, elle m’appelle, toute heureuse, pour me dire qu’elle avait lâché son chum, donc que rien ne nous empêchait désormais de former un couple. Acculé au pied du mur, je n’ai eu d’autre choix que de lui remettre les pendules à l’heure en lui disant: « J’ai toujours été clair comme quoi je ne veux rien savoir d’une relation sérieuse. Pourquoi, tu penses, que je ne couche qu’avec des filles déjà en couple? » C’était brusque, j’avoue, mais ce n’est pas comme si j’avais eu le choix. Aujourd’hui, elle est mariée à cet homme de qui elle se plaignait tant, et ils ont eu deux ou trois enfants. Comme quoi elle s’est résignée et a cessé de chercher mieux.
11) Certaines personnes semblent penser que votre situation de couple ouvert fait que vous n’avez aucun droit de leur refuser du sexe.
Comme si le fait de coucher avec qui on veut signifiait automatiquement que l’on couche avec n’importe qui. Et c’est d’ailleurs ça leur argument : « Ah bon!? Alors comme ça, t’as pas de problème à coucher avec n’importe qui… Sauf MOI!? ». Pas surprenant qu’en ayant une aussi étroite mentalité, ils le prennent personnel. Et voilà pourquoi… :
12) La frustration sexuelle peut transformer une relation harmonieuse en guerre haineuse.
Que ce soit en déclinant les avances d’une femme qui ne m’intéressait pas, ou bien que je mettais fin à mes activités sexuelles avec mes amantes, ou bien comme au point 9 lorsque j’insistais pour porter le condom, j’ai eu droit à tout: De la déprime à la colère noire, des crises de larmes aux crises d’hystéries, des lettres d’amour aux mails d’insultes, de celles qui m’ont instantanément banni et oublié à celles qui sont restés accrochés sur mon cas en me retraçant partout jusqu’à un an et demi plus tard. Je me compte quand même chanceux, j’en ai connu une qui a perdu son emploi, lorsqu’un ex amant frustré est allé y foutre la merde.
13) Il y a toute une problématique au sujet de la discrétion.
Il est normal de vouloir laisser libre cours à ses fantasmes, sans pour autant vouloir que notre entourage le sache. Malheureusement, concilier ces deux aspects n’est pas de tout repos. Comment rester discrets si, pour trouver des partenaires, il faut s’afficher? Est-ce que vos amant(e)s vont bien le prendre, que vous ne voulez pas que les gens sachent que vous couchez avec eux? Ou bien vont-ils le prendre personnel, en vous accusant d’en avoir honte? Comment éviter que les gens vertueux, les candidats insultés d’avoir été refusée, et les ex-amant(e)s frustré(e)s se fassent un haineux plaisir de vous exposer partout afin de détruire votre réputation? C’est que le si le monde est petit, la haine est grande. Parlez-en à une de mes ex-amantes, qui a perdu son travail dans une garderie, lorsque l’un de ses ex-amants est allé y inscrire son enfant, l’a reconnue et l’a dénoncée aux autres parents. Ça avait beau faire 9 ans qu’ils ne s’étaient pas vus et 8 qu’elle avait cessé d’organiser des soirées, il avait gardé des photos et des textes qu’elle avait eu le malheur de laisser sur le net à l’époque.C’est un sacré casse-tête pour lequel il n’y a aucune solution. On peut juste espérer que ça n’arrive pas, et c’est pas mal tout ce qu’on peut faire.
14) Il peut être difficile pour le couple de cesser d’être ouvert.
Il vient parfois un temps où on se rend compte que le charme s’est estompé, et que l’on ne prend plus autant de plaisir qu’avant à faire ces activités. Qu’est-ce qui arrive si notre partenaire n’est pas prêt(e) à arrêter? Et nos bons amis proches, avec qui on baise en groupe sur une base hebdomadaire, comment vont-ils prendre de ne plus pouvoir le faire avec vous? Vont-ils l’accepter? Vont-ils continuer de vous fréquenter si ça devient platonique? Vont-ils insister et vous mettre de la pression? Vont-ils se mettre à vous haïr parce que vous les frustrez sexuellement? Vont-ils prendre ça comme une attaque personnelle, parce que là, soudainement, vous avez évolué au-dessus de tout ça, ce qui équivaut à dire (dans leurs têtes) que vous valez mieux qu’eux?
15) Aux amants, le cul. Aux conjoints, la merde.
Dans tous les couples, il y a des aspects positifs et négatifs. Et la majorité des points négatifs sont directement reliés au quotidien, au fait de faire vie commune. Et plus notre vie est commune (cohabitation, enfants, etc), plus une séparation demanderait un bouleversement de vie, et plus on doit se forcer à endurer. Ainsi, une femme qui vit un ménage de plus en plus pénible ira de plus en plus souvent oublier ses soucis entre les bras de son amant. Un amant qui l’apprécie beaucoup plus que son conjoint. Mais c’est normal. L’amant n’a pas à vivre avec elle, lui. Il ne sait pas ce que c’est, que le quotidien avec elle, lui. Il n’a d’elle que de la tendresse et du sexe, lui. Par conséquent, plus les amants s’apprécient, plus ils se réservent leurs côtés positifs, et moins il reste de ce positif pour leurs conjoints respectifs.
C’est sûr qu’il y a des gens qui font du couple ouvert un mode de vie et que celui-ci ne leur rapporte que peu de négativité. Mais ça prend un couple solide, intelligent, complice et équilibré, et ils doivent aussi exceller dans l’art de réussir à ne s’entourer que de gens qui ont les mêmes habilités à vivre cette situation. Donc, c’est possible, mais ça reste quand même un exploit.
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