Au Québec, nous avons une phrase populaire qui va comme suit : « Commence donc par te regarder, avant de juger les autres. » Bien que généralement prononcée sur un ton méprisant, il reste que cette suggestion ne manque pas de pertinence.
Car en effet, il serait facile pour moi de me dire que ma seule erreur, c’était d’avoir oublié que l’intérêt d’une femme vient avec une date d’expiration. Ça me laverait de toute faute, puisque je n’aurais été là-dedans que la pauvre victime d’une règle féminine aussi injuste qu’illogique. Le problème, c’est qu’en niant l’existence de mes erreurs, je m’assurerais de les répéter un jour. Et ceci ne ferait que rendre éternel un problème que je pourrais régler, pour peu que je pile sur mon orgueil assez longtemps pour reconnaître mes fautes. Et durant les 15 premiers jours de ma relation avec Noémie, ces fautes ont été nombreuses.
ERREUR no.1 : Être défaitiste dès le départ.
Je le démontre dès la toute première phrase de mon tout premier message. « Rien à craindre, je sais que je suis trop vieux. » Je suis tellement convaincu que je vais me faire repousser que je n’essaye même pas d’établir un dialogue égalitaire. J’accepte d’avance mon statut de perdant, en déclarant forfait dans les premiers mots que je lui adresse. Avec une attitude aussi peu winner, c’est déjà heureux qu’elle m’ait répondu.
J’aurais dû prendre une leçon du bédéiste Joe Matt, lorsqu’il décrit comment il s’est retrouvé en couple avec une fan de 18 ans.

ERREUR no.2 : Ne pas considérer que Noémie est une adulte, donc mon égale.
Légalement, je pourrais fréquenter une fille de 18 ans. Charlie Chaplin, par exemple, avait 54 ans lorsqu’il a épousé son grand amour, Oona O’neil qui en avait 18. Or, la légalité et la biologie, c’est deux. Ces jours-ci, il circule une théorie disant que ce n’est qu’à 25 ans que le lobe frontal du cortex est pleinement développé. À ce moment-là, la capacité de raisonner est à pleine maturité. Noémie les avait, ces 25 ans. Alors j’ai beau avoir plus du double de son âge, Noémie est une adulte mature au même titre que moi. Le fait qu’elle a trente ans de moins d’expérience de vie ne rend pas ses désirs et décisions moins pertinents. Alors si elle me désire et décide de me le montrer, elle est assez vieille pour savoir ce qu’elle fait.
ERREUR no.3 : Décider à sa place de ce qu’elle doit penser de moi.
Dans le premier billet de cette série, je le dis en ces termes : « Il est clair dans ma tête que je ne suis pas le genre de candidat qu’elle recherche. » Pourtant, relisez son texte de présentation.

Où, là-dedans, dit-elle ce qu’elle cherche ou non chez un homme? Nulle part !
Alors lorsque je dis que c’est clair dans ma tête, c’est parce que c’est le seul endroit où cette limite existait : Dans ma tête.
J’en reviens à la première phrase que je lui ai écrite. « Rien à craindre » … Dès le départ, je décide à sa place qu’elle aura horreur d’être approchée par un homme de mon âge. Et voyez avec quoi j’enchaine : « je sais que je suis trop vieux » … JE SAIS !
Comme je l’ai expliqué il y a quelques billets de ça, Facebook Rencontre permet de choisir l’âge des gens de qui on veut voir le profil. Alors si l’application m’a montré le profil de Noémie, c’est parce que mon âge faisait partie de ses préférences. Par conséquent, lorsque j’ai prétendu que je savais que j’étais trop vieux pour elle, en réalité je n’en savais rien du tout.
ERREUR no.4 : Ne pas écouter ce qu’elle dit.
Je ne me souviens plus dans quel billet de blog j’ai pu écrire ça, et j’ai la flemme de chercher. Mais j’ai un jour affirmé qu’il ne faut jamais accepter qu’une personne te rabaisse à la blague. Peu importe si c’est sur un ton méprisant ou humoristique, il reste que si elle te dit cette remarque, c’est parce qu’elle le pense.
Je ne m’étais jamais arrêté à penser que la même règle pouvait s’appliquer sur les commentaires positifs.
Noémie me draguait en blague. Elle me complimentait en blague. Elle me montrait son intérêt en blague. Elle m’a fait des propositions sexuelles en blague. Et moi, tout ce que je voyais, c’était qu’elle me faisait des blagues. Au lieu de voir qu’elle me draguait, me complimentait, me montrait son intérêt, et me faisait des propositions sexuelles.
J’entendais ce qu’elle disait. Mais je ne l’écoutais pas.
ERREUR no.5 : Substituer la réalité pour une illusion.
Ce qui est tristement ironique, car comme on a pu le lire vers la fin du premier billet de cette série, lorsque Noémie et moi devenons amis, La première chose que je dis est « Bien que je ne me fasse pas d’illusion (…) Noémie est sérieusement tout ce que je pourrais chercher de mieux chez une femme. »
Contrairement à ce que je déclare, je m’en faisais, une illusion. Je rejetais la réalité qui me montrait pourtant clairement que Noémie s’intéressait à moi. Et je l’ai remplacé par l’illusion que ce n’était pas le cas. Par conséquent, je n’étais pas en relation avec elle. J’étais en relation avec l’idée que j’ai choisi d’avoir d’elle.
Cette réalisation m’a frappé comme une gifle. Car ironiquement, c’est quelque chose que j’ai trop souvent reproché à bon nombre de celles que j’ai fréquenté.
Ce qui signifie qu’effectivement, j’aurais dû me regarder avant de porter ce jugement sur d’autres.