Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (2 de 5)

Je sais bien que la morale sociale nous oblige à respecter les croyances d’autrui. Mais ça ne devrait pas nous empêcher d’être réalistes. Vous souvenez-vous de ce livre qui fut un best seller il y a quelques années, Le Secret ? En voici un extrait. 

Ce chapitre affirme que si on reçoit des factures d’électricité, de téléphone, de câble, de loyer et de carte de crédit, ce n’est pas parce qu’on utilise l’électricité, le téléphone, le câble, un loyer et des cartes de crédit. Non ! C’est parce que notre imagination négative fait surgir ces factures de nulle part, sinon elles n’existeraient pas. C’est incroyable d’affirmer des conneries pareilles. Et ça l’est encore plus que ce livre fut, je le rappelle, un best seller.

Je comprends que pour plusieurs personnes, la vie peut être glauque et sans issue, et que leur seul refuge reste la pensée magique. Mais comment peut-on accorder la moindre crédibilité à des affirmations aussi irréalistes que celle au sujet des factures ? Ou leur « Faites-vous une faveur et attendez un chèque » ? Qui d’entre vous n’a jamais attendu en vain quelque chose qu’il espérait très fort voir arriver? Est-ce que cette chose a surgi de l’univers pour arriver parce que vous l’attendiez ? Non, hein !? La réalité ne se plie pas à la volonté de ceux qui se contentent de penser sans agir.

Et ils poussent le bouchon encore plus loin avec « Le désir vous relie aux choses que vous désirez et l’anticipation les attire dans votre vie. » Allez donc dire ça aux femmes et aux enfants victimes de violence et de crimes sexuels. Je suis sûr qu’ils vont être ravis d’entendre qu’ils n’ont fait qu’attirer ce qu’ils désiraient.

On a tous entendu parler de parents qui ont laissé leur enfant mourir d’un appendicite, d’une infection ou du cancer, car ils niaient la réalité de la médecine moderne, en se tournant plutôt vers la prière, les cristaux et des huiles essentielles. Nier la réalité, c’est nier le problème. Et nier le problème, c’est continuer de le subir, parfois jusqu’au point où la catastrophe devient inévitable.

Si ceux qui croient sont des croyants, ceux qui savent sont des savants.
Si je fais quelque chose pour régler un problème, ce n’est pas parce que je me contente de croire que ça va le régler. C’est parce que je le sais. Normal ! Je suis un solutionnaire. S’il y a un problème, je le reconnais comme tel, je l’étudie, j’en trouve la source, je trouve une solution, et je l’applique. Mais comment puis-je résoudre un problème si on me nie son existence ? Ou pire encore, si on tente de me gaslighter comme quoi le véritable problème se situe ailleurs que là où il est vraiment ?

Voilà pourquoi je suis incapable d’endurer ceux qui refusent de regarder la réalité en face, et que je ressens une haine féroce envers ceux qui la remplacent par une vision completement fantaisiste, mensongère, bullshit et irréaliste.

Et malheureusement, Mégane fait partie de ces gens.

Dès le début de notre relation, elle démontra sa tendance à réécrire la réalité. Par exemple, dans les premiers textos qu’elle m’écrivait, elle me comparait à un sorcier qui l’ensorcelait, un prédateur qui l’avait prise comme cible, et qui faisait d’elle la proie de son désir implacable. En réalité, depuis le début, c’est elle qui m’avait choisi et qui s’offrait à moi. Mais bon, je n’en faisais pas de cas. Je suppose que d’inverser nos rôles, ça allégeait quelque peu sa conscience, de trahir ainsi celui qui fut son conjoint des vingt dernières années. Faut dire que ça faisait un bail que ce conjoint ne faisait plus rien pour qu’elle se sente désirée. Je pouvais donc comprendre qu’elle ressentait ce besoin, quitte à le projeter en moi.

Lorsque je me suis installé dans l’appartement qu’elle m’a trouvé, elle est aussitôt arrivée avec son kit de purification. Je l’ai laissé faire sans mot dire. Si c’est ce que ça prend pour qu’elle se sente à l’aise chez moi, alors soit. C’est moi qui récolterai les bénéfices de son sentiment de sécurité et de sa bonne humeur. Elle a fait brûler de la sauge en répandant la fumée dans toutes les pièces pour chasser les esprits maléfiques. Apparemment, il y en avait un dans le détecteur de fumée.

Également, lorsqu’elle m’a donné un bracelet de pierres rouges-brunes-oranges bariolées, en me recommandant de le porter le jour pour chasser le malheur et le mettre à la fenêtre la nuit pour que la lune le recharge d’énergie positive, je n’ai pas crié à la foutaise. Toujours, elle le voyait à mon poignet ou à la fenêtre. Si ça l’empêche de se faire du soucis pour moi, alors why the fuck not, coconut !?

Pendant des années, mon porte-clé était en fait la toute première et massive clé centenaire de la porte principale de la maison familiale que nous avions dans le Vieux Mont-Saint-Hilaire, et dont je représente la 4e génération à y avoir habité. (Mes parents l’ont vendue pour $30 000 en 1990, et elle vaut aujourd’hui $400 000, alors je ne suis pas près de la racheter.) Mégane y a vu un talisman maléfique qui me gardait attaché aux malheurs du passé. Si ça peut apaiser ses craintes, bah, ce n’est pas comme si cette clé était toujours fonctionnelle. Je l’ai enlevé de mon trousseau et elle est allée rejoindre mes autres souvenirs de famille dans une boite à l’entrepôt.

Elle m’a ensuite introduit aux Lettres de Commande à l’Univers. Le principe est simple : Tu écris une lettre destinée à l’Univers dans lequel tu demandes ce que tu veux de la vie. Et l’Univers te l’accordera. J’étais déjà familier avec le principe, c’est juste que dans la version que je connais, il faut adresser la lettre à PÈRE NOËL, PÔLE NORD, H0H 0H0.

Puisque j’ai eu à faire un essai devant elle, j’ai su accorder nos deux écoles de pensées.

  • Au lieu de demander l’argent, j’ai demandé d’avoir la patience de consacrer du temps à faire des recherches, des études, d’apprendre, pour explorer de nouvelles voies. La sagesse de savoir reconnaitre une bonne opportunité au moment où elle passe, et l’intelligence de la saisir au bon moment. Le courage de relever de nouveaux défis. Ce qui me permettra d’avoir un meilleur boulot, donc de meilleurs revenus.
  • Au lieu de demander la santé, j’ai souhaité avoir assez de détermination pour manger bien et m’exercer souvent, ce qui m’apportera la santé.

Après tout, je fais partie de l’univers. Alors si je fais tout ça et que j’obtiens les résultats voulus, techniquement, on pourra dire que l’Univers m’a exaucé.

L’art de savoir choisir ses batailles.
Jusqu’à mes 27 ans, j’avais un Ego fragile qui prennait chaque divergence d’opinion pour une attaque personnelle. Je disais souvent : « Même si tu étais le Premier Ministre, la Reine ou le Pape… Si j’ai raison et t’as tort, ben désolé mais j’ai raison et t’as tort. » C’est à cet àge-là que, suite à un conflit que j’avais initié et qui m’avait fait perdre mon travail, j’ai compris qu’en me donnant une auto-importance démesurée, je cherchais à compenser pour mes complexes causés par mes lacunes de caractère. Si j’avais rencontré Mégane à cette époque, je me serais attaqué à ses croyances sans merci, en lui démontrant avec ma logique inplacable que tout ça n’était que foutaises.

Avec le temps, j’ai travaillé sur moi et j’ai fini par combler mes lacunes. Depuis, je sais faire la part des choses, et je donne le degré d’importance qui sied à chaque chose. Bien que Mégane introduisait peu à peu ses croyances dans mon quotidien, je savais m’en accomoder sans que ça ne dérange ma vie ni mes convictions réalistes. Ces rituels n’ont aucune importance pour moi, mais ils représentent tout pour elle. Alors si ça n’apporte que du positif, pourquoi gâcher tout ça pour une bête question de principes ?

Malheureusement, il semblerait qu’en me montrant assez compréhensif pour être conciliant et faire des compromis, j’ai fait une grave erreur. Je lui ai donné l’impression que je ne mettais pas de limites aux croyances qu’elle pouvait m’imposer. Et ceci allait me revenir sur la gueule avec force.

Tel que mentionné dans le billet précédent, Mégane ne savait pas vraiment tenir un budget. C’était toujours son conjoint qui payait tout. Mais maintenant qu’elle travaillait et gagnait $2 500 aux deux semaines, il ne lui donnait plus un sou. Aussi, à l’automne, lorsque son auto demanda des réparations urgentes qui montèrent à $800, il a fallu qu’elle me l’emprunte. Malgré mon chômage à $1 100 versé le 1er et le 15 du mois, je n’ai eu aucune hésitation à l’accompagner au garage et mettre le tout sur ma Visa. Il m’était évident qu’elle me rembourserait à sa prochaine paie. J’ai déchanté lorsqu’elle m’a appris que maintenant qu’elle est salariée, les dépenses de la famille sont payées 50-50 entre les deux conjoints, ce qui fait qu’elle ne pourra me verser que $100 par mois. L’Idée de devoir attendre huit mois avant d’être remboursé ne me plaisait guère. Mais qu’est-ce que je pouvais y faire ?

Et c’est là où ses croyances ont commencé à me poser problème. Un jour, je l’accompagne alors qu’elle se rend à une boutique New Age de Beloeil. Là, elle y achète des pierres polies représentant force et santé, des cristaux pour la chance et réaligner les auras. Elle y ajoute quelques autres babioles, et termine en incluant ce qui sera son 6e jeu de Tarot. On passe à la caisse. Total : $240, qu’elle paye sans sourciller.

Elle gagne deux fois et demi ce que je reçois du chômage. Et au lieu de me rembourser, elle s’achète des stupides morceaux de roches ? Et un 6e Tarot, qui n’a de différence avec ceux qu’elle possède déjà, que les illustrations ? Incroyable ! Je veux bien croire que ces choses apportent la chance et la fortune. Mais ça ne l’apporte seulement qu’à ceux qui les vendent. Sinon, la seule façon d’influencer le destin de quelqu’un avec une pièce de cristal, c’est en lui balançant sur la gueule avec violence. Mais la seule personne qui en retirera fortune, c’est son dentiste.

Quand on est un adepte de la pensée magique, on est le parfait public cible pour les vendeurs de miracles. Depuis que l’on se fréquente, Mégane a peu à peu pris du poids. Puisque je suis je suis vasectomisé depuis 2019, il ne peut pas s’agir d’une grossesse. Il se trouve que moi aussi, j’aurais quelques kilos à perdre. Je suis habitué aux séances de remises en forme qui durent trois mois, dans lequel on combine la bonne alimentation et les exercices, ce qui garantit à tout coup une perte de 20 lb. Je lui propose un abonnement pour deux au gym. C’est ensemble que l’on ira s’y entrainer. C’est ensemble que l’on fera du vélo. C’est ensemble que l’on ira faire du jogging. Ainsi, chacun d’entre nous soutiendra l’autre moralement. Comme ces couples qui perdent du poids et se remettent en forme ensemble.

Source: https://www.boredpanda.com/couple-weight-loss-success-stories/

Elle refuse. Elle a horreur de la sensation d’être recouverte de sueur. Non, elle va plutôt utiliser une nouvelle procédure qui se nomme Cold Sculpting.

Avez-vous déjà décongelé du jambon? Si oui, vous avez constaté que le gras, après avoir été congelé, devient liquide en dégelant. Ici, c’est le même principe. Il s’agit d’une procédure qui prétend pouvoir congeler la graisse abdominale. Sans affecter la peau, étrangement. Le gras devenant liquide en fondant, celui-ci est rapidement éliminé par l’organisme.

Je fais aussitôt mes recherches sur Google. Et je constate que nulle part ne trouve-t-on de témoignage de gens ayant utilisé ce procédé. Tout ce qu’il y a à ce sujet provient des cliniques qui l’offrent. Puisque cette procédure est nouvelle, elle n’a pas faite ses preuves. Je fais part de mes découvertes à Mégane. Mais celle-ci ne veut rien entendre. Elle CROIT que ça va marcher. Alors ÇA VA marcher.

À chaque mois, elle a subi cette douloureuse intervention. À chaque mois, elle ne constatait aucun résultat. Et à chaque mois, elle se laissait convaincre par les chirurgiens que ce ne sera qu’après plusieurs séances que les résultats seront visibles.

Au final, la seule chose qui a maigri, c’est son compte de banque. De $3 000. Alors qu’elle n’arrive même pas à me rembourser les $800 qu’elle me doit.

Une autre fois, dans son auto, alors qu’elle venait de passer me prendre chez moi, je suis pris d’une crise d’éternuements et d’écoulement nasal. Elle me demande si j’ai le rhume. Je lui répond que non. Mon aspirateur est brisé, alors j’ai passé le balai. Or, je suis allergique à certaines poussières domestiques. Aussi, lui demande d’arrêter à la pharmacie pour que je prenne des pilules anti-allergiques. (De marque Personnelle, fabriquées au Canada, puisque la version américaine en a retiré l’ingrédient actif pour des raisons obscures.) Elle me répond que je ne suis pas allergique du tout. Elle affirme que j’éternue car je me dis que je suis allergique, et c’est ce qui fait réagir mon corps.

Pendant quelques secondes, je ne peux pas croire qu’elle vient de me dire une imbécilité pareille. On croirait lire Le Secret.

Je lui explique donc que j’ai commencé à avoir ces crises d’éternuements au début de la trentaine. Pendant un an, Karine et moi en avions cherché la source. On a changé le savon de la douche, le savon à lessive, la marque et la composition de la litière du chat, les fleurs, etc. Rien n’y fit. Éventuellement, on a constaté que ça n’arrivait qu’après que je fasse le ménage. On pensait qu’il s’agissait des produits nettoyants. Alors là encore, on les a tous essayés, sans résultat. Ce n’est que le jour du déménagement, en déplaçant des meubles qui n’avaient pas bougé depuis six ans, que j’ai recommencé à éternuer. Puisque je n’avais utilisé aucun produit nettoyant ce jour-là, alors la source de mon allergie était claire : La poussière.

ELLE: « Tu cherches tellement à te justifier. Qui est-ce que t’essayes de convaincre, ici? Moi, ou bien toi-même? »

Pardon ?

Je prends la peine de lui expliquer les faits. Et elle juge que mes paroles sont de la bullshit d’un hypocrite !? De la part de la femme qui prétend m’aimer, cette manifestation de mauvaise foi m’insulte profondément. Pour ses croyances, j’ai fait des compromis car je suis compréhensif et conciliant. Mais là, je vois pourquoi ces trois mots commencent par la syllabe CON. Parce qu’au bout du compte, c’est ce que l’on est aux yeux de la personne pour qui on fait ces efforts. Eh bien celle-là, elle ne passe pas. Je le lui fais savoir dans des termes clairs.

MOI: « Les allergies respiratoires sont reconnues par la science et la médecine comme étant des faits réels depuis au moins un siècle. Et toi, tu penses que mes éternuements sont un signe comme quoi j’ai un problème mental ? »
ELLE: « Ben là, « problème mental »... J’irais pas jus… »
MOI: « Et même si t’avais raison, comme quoi les réactions allergiques sont contrôlées par la volonté… Veux-tu bien me dire pourquoi est-ce que j’irais délibérément me causer un problème physique désagréable ? Me penses-tu vraiment imbécile à ce point-là ? »

Devant mon évidente frustration, elle n’insiste pas.

ELLE: « Bon ! Ok ! C’correct ! J’ai rien dit ! »
MOI: « Alors direction la pharmacie, s’il te plaît. »

Bizarrement, l’année suivante, lorsqu’elle a fait entrer un chat dans la maison et que son fils s’y est montré allergique, tiens donc, LÀ, elle y croyait, aux allergies respiratoires. Elle ne l’a pas accusé de se créer lui-même ses allergies, LUI !

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