Locataire VS propriétaire, 4e partie. Lui donner une leçon.

Novembre 2023. Le proprio me propose un nouvel appartement. Je n’ai pas besoin de me méfier puisque le loyer demandé ne me convient pas. Aussi, non-seulement je le décline poliment, j’ajoute même quelque chose que je suis sûr qu’il veut entendre de moi : la possibilité que je quitte mon logis.

En réalité, je ne compte pas partir. À une époque où les logis sont de plus en plus hors de prix, il est de mon droit légal de conserver celui que j’habite au prix que je le paie. D’accord, je passe 10 mois par année en Gaspésie pour le travail. Mais si je déménage en Gaspésie, je perdrai mon adresse officielle à St-Jean-Baptiste. Je cesserai d’être un travailleur en région éloignée. Je perdrai toutes les primes qui viennent avec ce statut, incluant le logement gratuit à Carleton. Si on aditionne ces pertes avec le nouveau coût des loyers là-bas, on parle d’une diminution de mes revenus de $2 000 par mois. Ça représente $24 000 par année. Et avec $24 000, je paie mon auto. Alors pour renoncer à ça, il faudrait que je sois aussi con que le propriétaire s’imagine que je le suis.

D’ailleurs, je ne sais pas s’il me fait de telles propositions parce qu’il croit que je le suis, ou bien si c’est parce qu’il en est un lui-même. Car soyons logiques, si je me suis battu bec et ongles huit mois plus tôt pour faire baisser à $12 son augmentation proposée de $25, ce n’est certainement pas pour accepter de doubler le coût de mon loyer actuel. Surtout pas pour une simple pièce de plus.

Pour bien résister à l’ennemi, il faut bien le connaître. Ma relation passée avec lui me démontre que lorsque le mois de mars reviendra, je dois encore m’attendre à une augmentation injustifiée, à de l’insistance et à de l’intimidation appuyée par ses mensonges. Aussi, je dois me préparer adéquatement. Je fais quelque chose auquel j’aurai dû penser avant : j’entre le nom de mon propriétaire sur Google. Bien que français, son nom est assez original, ce qui limite les résultats. Je constate qu’il a peu de présence sur le net. Mais en plus de son Facebook, je trouve quelque chose de bien intéressant. Il s’agit d’un article tiré d’une page de jeunes entrepreneurs à succès du Québec. Il y a écrit son autobiographie. Il y raconte qu’en en sortant de l’université, il se demandait bien comment rembourser sa dette d’études. Il a vite trouvé la solution : il a acheté un immeuble à logements.

D’où lui venait cet argent? Parce que je ne sais pas pour vous, mais dans mon cas personnel, lorsque j’ai terminé mes études, j’avais à peine de quoi payer mon loyer. Je n’aurais certainement pas pu racheter le building. Et encore, je n’avais qu’une dette de cegep, pas de hautes études universitaires. Il m’a tout l’air d’être l’un de ces soi-disant self-made man bidon qui prétendent être partis de rien. René Goscinny en citait quelques uns dans sa biographie : « J’étais seul, sans ami, sans argent. Et un jour, je me suis dit : « Et si je vendais pour quelques milliards l’usine dont j’ai hérité de mon père? »

Enfin bref, mon proprio explique que, une fois son prêt étudiant remboursé, il a utilisé l’argent des loyers pour acheter un autre édifice, et un autre, et un autre. Et que maintenant, en avoir passif, il vaut 4,4 millions de dollars. Canadiens, mais quand même.

Je dois dire que cette histoire de succès facile dans l’immobilier ne me semble pas tellement réaliste, étant donné mes propres recherches sur le sujet d’il y a quelques années. Mais bon, je ne suis pas son comptable, et je suis encore moins propriétaire moi-même. Je ne peux donc pas en juger.

Quatre mois plus tard, cette année : Mars 2024. C’est le mois du renouvellement des baux qui vont commencer pour le 1er juillet 2024. Les propriétaires ont jusqu’au 31 mars pour signaler aux locataires leur intention d’augmenter le loyer. Et les locataires ont jusqu’au 1er avril pour contester. Aussi, dimanche le 3 mars à 16H12, il m’écrit ceci.

Je me demande combien il va tenter de m’imposer comme augmentation cette année. Aussi j’attends la suite. Suite qui, étrangement, ne vient pas.

Le soir venu, lorsque je vais me coucher, je n’avais toujours pas reçu un mot de sa part à ce sujet. Ne pas me dire immédiatement combien il veut que je paie, ça ne lui ressemble pas. C’est louche. Il est évident qu’il manigance quelque chose.

Le lendemain matin, toujours rien. Tel que je me suis juré, je me méfie, je suis sur mes gardes, et je suis prêt à confronter toute bullshit qu’il va me lancer en me laissant le choix entre accepter son augmentation abusive ou bien partir. Mais pour être franc, je n’ai pas vraiment envie de recommencer une nouvelle partie de bras-de-fer avec lui, qui va encore me mentir effrontément dans tous ses arguments. Aussi, je décide de prendre les devants. D’abord, je vais consulter Google pour connaître l’augmentation suggérée par le TAL pour cette année.

Voici les hausses proposées depuis que j’habite mon appartement.

2021: 0,8% (il m’en a chargé abusivement 4%)
2022 : 1,28% (Il m’en a chargé abusivement 4%)
2023 : 2,6% (Il a essayé 5% que j’ai refusé. Alors il m’a chargé 32% sur le nouveau bail du sous-sol qui, étant commercial, n’est pas protégé par le TAL.)
2024 : 4%

C’est la plus importante hausse depuis que j’habite là, mais ça n’est pas la fin du monde. Un petit calcul rapide plus tard, je lui envoie ma proposition. Je décide même d’être conciliant et d’en rajouter un peu plus, si ça peut acheter la paix pour un an.

Sa réponse ne se fait pas attendre.

Lorsque Lucas a aménagé chez moi, je l’ai dit au propriétaire. C’était pour éviter que ce dernier se demande qui est cet homme qu’il n’a jamais vu, et qu’est-ce qu’il fait sur mon balcon, mon parking et mon local du sous-sol. Aussi, je me dis que le propriétaire croit peut-être que j’ai fait une sous-location. Remarquez que ça reste légal et qu’aucun propriétaire n’a le droit de tenter de l’en empêcher. Mais puisque ce n’est pas mon cas, je ne m’attarde pas là-dessus et je lui dis ce qui en est.

Bon, techniquement, Lucas n’est plus mon beau-frère depuis que je ne suis plus avec Mégane. Mais ces détails de ma vie privée ne le regardent pas.

Euh… Quoi?

Non-non-non! Je suis sur le bail. Je suis celui qui paie. Mon crédit est excellent. Et ceci laisse à Lucas l’opportunité de partir n’importe quand, s’il se trouve un logement qui lui convient, sans avoir à se soucier de continuer de payer sa part chez moi. Il n’y a donc aucune raison logique ni légale d’y changer quoi que ce soit.

J’avais la flemme de lui faire une capture d’écran, alors j’ai photographié ma tablette.

Fidèle à son habitude, il me sert alors un mensonge, en invoquant encore une fois un réglement du TAL qui n’existe pas. Ça devient lassant.

Dans les faits, SELON LE TAL, pour reprendre ses mots…

Si deux personnes dans un 3½ se qualifiait comme étant trop d’occupants pour la superficie du logement, alors il y a des millions de couples qui seraient obligés de casser. Bref, il ment. Comme d’habitude.

Le bail, c’est juste un contrat qui dit que la personne qui l’a signé se porte responsable de le payer, et du bon maintient de l’endroit. C’est ce que je fais déjà de manière impeccable. Aussi, devant son insistance, je lui signale clairement que je ne croirai pas un mot qui vient de lui. Il invoque le TAL? Parfait! Alors qu’il passe par le TAL.

Voilà qui lui clouera le bec pour les deux prochaines heures.

Non mais sérieux, là, qu’est-ce que c’est que cette insistance à vouloir ajouter Lucas au bail, alors que ça ne change absolument rien pour le propriétaire. Que ce soit l’un, l’autre ou les deux occupants qui paient, la seule différence serait que…

Et là, j’ai compris ce qu’il manigance. La seule différence, c’est que ça serait un nouveau bail. Ça ne serait plus la continuité de mon bail actuel. Tout comme pour mon local au sous-sol, en annulant mon premier bail, il pourrait hausser sans limite le coût de mon appartement, et ce de manière toute à fait légale. Et encore une fois, il aurait l’opportunité de me dire que c’est à prendre ou à laisser, car je n’aurais aucun recours.

Et c’est ça qu’il cherche à faire. Il veut que je consente à annuler mon bail actuel. Et puisqu’il n’a aucune raison légale de le faire, alors il me ment avec ses menaces vides à base de réglements inexistants dans le but de m’intimider. Comme d’habitude.

Il faut toujours se méfier des gens qui te proposent une nouvelle méthode de paiement, ou un changement dans tes habitudes de vie en remplacement de quelque chose qui fonctionnait parfaitement pour toi jusque-là. C’est une leçon que j’ai apprise il y a une dizaine d’années en lisant la légende du grain de riz sur l’échiquier de Sissa. (Il y a aussi la fois où mon père s’est fait arnaquer par sa banque lorsque j’étais ado, mais ce sera une histoire pour un autre jour.)

Deux heures plus tard, le propriétaire réplique. Si on peut appeler ça répliquer. Il ne fait que répéter le même mensonge encore et encore. On dirait un enfant de huit ans qui pique sa crise en pensant qu’il lui suffit de se répéter non-stop pour obtenir ce qu’il veut. Si ce comportement est normal chez l’enfant, il ne l’est pas chez l’adulte. Sauf chez le pervers narcissique. Pour lui, insister jusqu’à ce que l’autre cède, c’est ce qu’il considère comme étant une méthode de résolution de conflits. Je l’ai observé assez souvent chez ce genre de personnes pour le savoir.

Et bien moi aussi je suis capable de m’obstiner. Répète tant que tu voudras que Lucas n’a pas le droit d’être chez moi, je vais répéter à chaque coup la même réponse.

Je plains sérieusement la femme qui va vivre en couple avec pareil énergumène. Elle va vive l’enfer lorsqu’il voudra du sexe sans qu’elle n’en ait envie.

Quatre jours plus tard, vendredi 8 mars au matin. Je n’ai toujours pas eu de nouvelles du propriétaire. Aussi, je décide de prendre les devants de nouveau. Après avoir consulté la page du TAL pour m’assurer que les lois n’avaient pas changé depuis l’année dernière, je lui écris une lettre. C’est ma déclaration officielle comme quoi je refuse tout changement au bail, incluant le coût de mon loyer.

Et aussi, que je mets fin au bail du local commercial.

Il méritait une leçon. Je lui en donne deux. La première, c’est que si je retire mon offre de $23 d’augmentation, c’est parce qu’au lieu de l’accepter, il m’a proposé un nouveau bail. Techniquement, ça signifie qu’il a refusé mon offre. Je suis donc dans mon droit de la retirer. Et la seconde, puisque ça fait trois ans qu’il tente de m’arnaquer pour me faire payer plus que supposé (et qu’il a réussi plus de la moitié du temps) alors je vais le payer encore moins en mettant fin au bail du sous-sol.

Je suis allé louer une unité de rangement à Libre Entreposage Beloeil. Pour $130 par mois au lieu de $175 (ma part des $350 du local d’en bas) Je vais y ranger 95% de mes possessions, c’est à dire ce que je n’amène pas avec moi en Gaspésie. Ma chambre étant libérée, Lucas va pouvoir y remiser ses sacs, ses boites, ses outils et ses pièces d’auto.

Et maintenant que Lucas est le seul à occuper mon logis, c’est bien volontiers qu’il accepte de me le verser en entier. Il ne s’agit pas d’une sous-location. Le loyer reste à moi. Ainsi, le jour où Lucas partira, je vais tout simplement cesser de louer l’entrepôt et rapatrier mes affaires dans le logis. C’est juste que cet arrangement est ce qui est le mieux pour tout le monde.

  • Pour Lucas, ça lui met l’esprit tranquille car si un problème l’empêche de payer le loyer à temps, il est assuré que moi je le ferai le premier du mois sans faute. Il n’aura qu’à me rembourser à son jour de paie suivant. Même en deux parties si ça lui convient mieux.
  • Pour le propriétaire, il est assuré qu’il sera toujours payé à temps.
  • Et pour moi, parce que je continue de garder mon logis modeste et peu coûteux, avec mon adresse officielle à St-Jean-Baptiste.

Et puis, Lucas est de nature facile à engoisser. Il ne supporte pas les conflits. Ça le rend vulnérable, et donc facile à exploiter. Pour vous donner une idée, il m’a écrit qu’il était même prêt à payer $600 de loyer, si ça pouvait calmer le propriétaire. Pour cette raison, il vaut mieux pour lui que ce soit moi qui se batte contre le propriétaire. J’ai l’habitude de ce genre de choses. Et aucune pression n’est capable de me faire céder lorsque je suis dans mon droit moral et/ou légal.

Tel que précisé par le TAL, j’envoie la lettre à mon propriétaire par la poste, en courrier recommandé, ce qui l’obligera à apposer sa signature comme preuve qu’il l’aura vraiment reçue. Je le fais. L’employé de la poste me remet la facture avec le sceau officiel de Postes Canada avec la date et l’heure. 2024/03/08 10:51:34.

Bien m’en pris d’être passé tôt à la poste. Car vingt minutes plus tard, à 11:11, le propriétaire m’envoyait ceci.

C’est tout? Il ne s’obstine plus pour faire signer Lucas ou bien l’expulser? Ouvrons cet avis de reconduction du bail et voyons ce que ça dit.

Si on lit entre les lignes, ce que ça dit, c’est que j’ai gagné. Car il hausse le loyer au montant que je lui ai proposé, c’est à dire $535, sans la moindre mention au sujet de Lucas. Donc, encore une fois, il a dû céder car il n’a pas réussi à prouver ses dires. Ce qui équivaut à me reconnaître qu’il avait menti.

Constatez qu’il a inscrit en haut du document que celui-ci date du 3 mars. Or, mes textos prouvent qu’il ne m’a proposé aucun montant à cette date. Et que ces $535, c’est moi qui les lui ai offerts le lendemain, le 4 mars. Et mon courriel montre qu’il m’a envoyé ce document le 8 mars. Alors je ne sais pas ce qu’il manigance en jouant avec la date, mais ça ne marchera pas.

De toute façon, il est trop tard pour lui. À partir du moment où ma réponse est envoyée par courrier recommandé, il pourrait bien me faire mille autres offres, je n’ai plus à y répondre. À compter de maintenant, son seul recours est de passer par le TAL. Ce même TAL à qui je vais dénoncer ses revenus au noir de location du terrain arrière s’ils me contactent. Chose qu’il sait depuis un an. Enfin, ça, c’est s’il s’en souvient.

Histoire de le laisser mijoter un peu, je lui répond tout en restant vague au sujet de ma décision, en lui servant ensuite le traitement de silence. (Et puis d’abord, si j’ai payé $12.44 pour lui envoyer ma réponse par la poste, ce n’est pas pour la lui donner gratuitement par couriel.)

Vraiment? Est-ce une nouvelle tentative d’arnaque, en prétendant que je ne lui ai jamais envoyé mon avis? Grâce à mon code de suivi des colis, c’est facile à vérifier.

Ah! D’accord! Pour une fois, il disait vrai. N’empêche qu’avec lui, je dois me méfier de tout et ne jamais relâcher ma vigilance.

Quelle sera sa réaction lorsqu’il recevra et lira ma lettre?
C’est ce que nous saurons au prochain épisode: La conclusion.

À CONCLURE.

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