Avant de vous raconter cette anecdote, je dois tracer les grandes lignes de ma situation à ce moment-là.
À la fin de mes 40 jours d’itinérance de l’été 2020, j’habitais à Beloeil en chambre dans une maison située près du CHSLD où je faisais mes débuts en tant que préposé aux bénéficiaires. En plus de la chambre, je payais $114 par mois à Libre Entreposage Beloeil pour le local où je laissais mes meubles et la majorité de mes possessions. Puis, en novembre, j’ai changé d’employeur, passant à une maison de retraite au village agricole de Saint-Jean-Baptiste. Ma copine Mégane m’y a trouvé un logis, qui est en fait un petit espace commercial dans un sous-sol pour $250 par mois, chauffage, électricité et wifi inclus. Techniquement, je n’étais pas supposé y habiter, mais je n’avais aucun autre choix. Sans posséder de véhicule, je devais rester près de mon travail. Et c’est tout ce qu’il y avait de libre à Saint-Jean-Baptiste à ce moment-là.
Deux mois plus tard, mon propriétaire m’apprend que le 3½ au 2e étage se libérera pour le 1er février. Il est un peu délabré et un peu trop petit pour que j’y apporte tous mes meubles et possessions. Mais il n’est que $480 par mois et il inclut frigo, cuisinière, et surtout salle de bain, trois éléments que je n’ai pas en bas. Le propriétaire me dit cependant que je devrai quand même respecter mon bail d’en bas. Je prends la chose avec un grain de sel, en me disant que la place me servira désormais d’entrepôt, ce qui me permettra de cesser de louer le local où j’entrepose mes affaires. Et bien que le loyer d’en bas coûte le double de celui de Libre Entreposage Beloeil, mes affaires seront deux étages plus bas au lieu de 16 kilomètres plus loin, ce qui sera beaucoup plus pratique puisque je n’ai pas encore d’auto. Entre mes quarts de travail et ceux de Mégane, elle m’aide à ramener ma table et quelques autres meubles avec son auto. En attendant, je paie les trois loyers, sous-sol, appartement et entrepôt, pour un total mensuel de $844. Mais l’avantage avec l’entrepôt, c’est qu’il n’y pas de bail, la location est au mois. Je pourrai donc rapatrier mes affaires dès le premier mars.
Ce qui nous amène à l’anecdote:
C’est au milieu de février 2021, tandis que je m’installe au 2e étage, que ma mère m’appelle pour m’annoncer que mes parents désirent déménager pour revenir aux alentours du Mont-Saint-Hilaire, donc plus près de moi. Et ils me demandent de leur chercher des logis puisqu’ils n’ont pas accès à internet. Je leur dis que ce n’est pas la saison. Je leur rappelle que c’est au mois de mars que les propriétaires envoient les documents de renouvellement de baux. Les locataires ont jusqu’au 31 mars pour dire aux propriétaires s’ils renouvellent le bail ou non. Et ce n’est qu’en avril et mai, une fois que les propriétaires savent quels logements seront libres, qu’ils passent les annonces. C’est à ce moment-là que l’on peut trouver un appartement dans lequel déménager. Ce n’est pourtant pas la première fois dans leur vie qu’ils déménagent. Ils devraient savoir ça.
Ils insistent ! Ils disent qu’ils ne peuvent pas donner leur avis de départ de leur logis actuel sans avoir un prochain appartement où aller. Ils risqueraient de se retrouver à la rue s’ils ne trouvent rien.
J’ai beau leur réexpliquer pourquoi il faut attendre la saison du déménagement de mai-juin, rien à faire. Je leur explique que les rares logements qui sont annoncés maintenant, c’est parce qu’ils sont pour aménager maintenant. Je me donne moi-même en tant qu’exemple, comme quoi je suis maintenant pris à payer deux loyers puisque je dois honorer mon premier bail jusqu’au 30 juin.
Sur le coup, ils semblent comprendre. Mais le lendemain, ma mère m’appelle en larmes, comme quoi la possibilité de ne pas se trouver un prochain logis les angoissent au point de ne pas pouvoir trouver sommeil. Je leur rappelle qu’au nombre de fois où j’ai déménagé dans ma vie, je sais comment ça marche. Et que j’ai quand même passé cinq ans à être concierge et surintendant d’édifices à logements. Si je leur dis qu’ils doivent signaler leur non-renouvellement en mars, chercher un appartement en avril, réserver les déménageurs en mai, préparer le déménagement en juin et déménager le 1er juillet, c’est parce que telle est la procédure. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’ils déménagent. Ils sont supposés savoir tout ça déjà.
Une semaine plus tard, mes parents arrivent chez moi, leur véhicule plein de boites. Ils ne m’ont pas écouté. Une de leurs connaissances leur a parlé d’un logement qui se libérera le 1er mai à Beloeil. Et ils viennent d’en signer le bail. En attendant que le déménagement se fasse, ils vont passer mars et avril à amener chez moi de leurs items qu’ils vont entreposer dans mon local vide en bas. C’est qu’ils viennent également de louer les services d’une compagnie de déménagement pour le premier mai, et ils tiennent à ce que le déménagement prenne moins de temps, histoire de sauver de l’argent. Voilà pourquoi ils amènent des trucs d’avance chez moi, Et voilà qui m’oblige à laisser mon local à leur disposition, et à prolonger mes frais de deux autres mois chez Libre Entreposage Beloeil.
Arrive le premier mai. Les déménageurs et leur camion sont planifiés pour arriver chez mes parents au matin à 8h et finir le déménagement vers 11h. Quant à moi, je loue une camionnette pour me taper moi-même deux déménagements. Le premier, c’est en vidant mon sous-sol des affaires de mes parents pour leurs apporter dans leur nouvel appartement à Beloeil. Et le second, c’est quand j’irai ensuite chercher mes propres affaires à Libre Entreposage Beloeil pour les ramener chez moi. J’estime quatre heures pour chaque étape, donc je devrais finir à 16h, ce qui me laisse largement le temps de rapporter la camionnette au bureau de location le jour même.
J’avais chargé à peine la moitié du stock de mes parents que ma mère m’appelle, toute bouleversée. Elle me dit que les déménageurs sont arrivés, ils ont commencé à charger leurs affaires. Puis, ils ont tout redéchargé dans la cour avant de partir en les engueulant. Je lui demande d’expliquer, mais elle en est incapable car elle est toute perturbée de ce qui vient d’arriver, ce qui fait que je dois me rendre chez eux pour m’arranger moi-même avec les déménageurs.
J’arrive chez mes parents à St-Hyacinthe. Juste à temps pour voir revenir les deux déménageurs. Je leur demande de s’expliquer. Il se trouve que mes parents habitent un 5 ½, en plus de louer la cave qui est pleine des outils et autres boites de stock de mon père. Aussi bien dire qu’ils occupent un 6½. Mais dans le but de sauver de l’argent, au moment de louer le camion, mon père a déclaré qu’ils n’avaient qu’un 3½. Résultat, la compagnie de déménagement leur a envoyé un camion de format moyen et deux déménageurs, alors qu’il aurait fallu un grand camion et trois hommes. C’est en se rendant compte que le camion moyen sera insuffisant pour tout amener qu’ils l’ont vidé dans la cour, avant de retourner chercher un grand camion et un homme de plus. Or, s’il y avait un grand camion, il n’y avait pas d’homme supplémentaire disponible. Ils me présentent un nouveau contrat et demandent ma signature pour annuler l’ancien. À cause de la malhonnêteté de mon père, un déménagement qui aurait dû s’amorcer à 8h n’était même pas encore commencé à 10h30
Je lis les clauses du contrat et j’en saute au plafond. Je constate que cette compagnie de déménagement charge au voyage et non à l’heure. Que le déménagement prenne deux, trois ou quatre heures, c’est le même prix. Ça signifie que pendant deux mois, mes parents ont encombré mon sous-sol pour rien. Et en brûlant 25$ d’essence par voyage pour m’amener leurs boites, ils ont dépensé $250 d’essence inutilement. Et en m’empêchant de rapatrier mes affaires deux mois plus tôt, j’ai eu à payer deux mois supplémentaire pour rien à mon entrepôt.
Pendant les heures que ça prend aux deux hommes pour charger le grand camion, je ne peux pas retourner à mon propre déménagement. Je dois intervenir de nombreuses fois parce que mon père interfère avec le travail des déménageurs en insistant pour les aider. Or, à chaque fois qu’il impose son aide, il est toujours plus une nuisance qu’autre chose.
Il est 14h30 lorsque le camion des déménageurs est enfin chargé. Je pars chez moi pour terminer de charger les affaires de mes parents dans ma camionnette louée.
Plutôt que de leur donner l’adresse où se rendre, mon père dit aux déménageurs de le suivre. Vous ai-je déjà dit que mon père est un enragé du volant ? Par conséquent, à chaque fois qu’un feu de circulation vire au jaune devant lui, au lieu de ralentir il accélère pour passer avant que ça vire au rouge. Sauf que le camion qui le suit n’a pas le temps de passer avant que la lumière change. Mon père les a donc rapidement perdus. Je n’étais même pas rendu à la moitié du chemin que ma mère m’appelle à leurs secours. Je fais demi-tour, je retrouve le camion sur le bord de la route sans trop de peine, et je leur demande de me suivre. Et je m’arrête à chaque feu jaune, moi.
Une fois rendu chez mes parents, les déménageurs et moi comprenons la raison pourquoi mon père ne leur a pas donné l’adresse. Toujours dans le but d’épargner, il leur avait dit qu’ils partaient d’un rez-de-chaussée pour aller habiter dans un autre rez-de-chaussée. En fait, leur nouvel appartement est situé au 4e étage. Dans un édifice SANS ascenseurs. Je me facepalme à trois mains tandis que les déménageurs récitent leur répertoire de mots d’église par ordre alphabétique.
Étant tout de même passablement costaud, je me porte volontaire pour aider, pour en finir au plus vite. Je dois cependant continuer d’intervenir à de nombreuses reprises alors que mon père les interrompt sans cesse dans leur travail avec ses interventions aussi malvenues que nuisibles. Ce n’est qu’à 17h que les déménageurs terminent le travail.
Voici venu le temps du règlement de compte, dans tous les sens du terme. Si mes parents avaient été honnête en disant qu’ils avaient du stock pour un 5½ + une cave, qu’ils partaient d’un rez-de-chaussée pour aller dans un 4e étage, donc qu’ils auraient eus dès le départ un grand camion et trois hommes, et qu’ils les avaient laissé faire leur travail sans intervenir, le déménagement aurait duré quatre heures et aurait coûté $750. Et surtout, les déménageurs auraient pu faire le second déménagement qu’ils avaient à leur horaire ce jour-là. Mais à cause des conneries de mes parents, le déménagement a pris neuf heures. Par conséquent, les déménageurs n’ont pas pu honorer leur contrat avec leur second client de la journée. Pour toutes ces raisons, ils leurs ont chargé le double, plus une amende pour leur avoir mentis sur plusieurs détails importants, pour un total de $1 700. Ajoutons à ça les $250 d’essence gaspillée tel que je l’explique plus haut, et on arrive à $1 950.
Le déménagement était fini pour eux. Mais il ne l’était pas pour moi. Puisque j’étais là avec ma camionnette louée, aussi bien monter tout de suite son contenu chez mes parents. Je dois ensuite retourner chez moi, finir de charger la camionnette avec le reste de leurs affaires, pour ensuite revenir leur monter. Il sera 20h lorsque je pourrai enfin me rendre à Libre Entreposage Beloeil pour y prendre mes affaires. Je suis aussi épuisé physiquement que mentalement. Mais je dois quand même travailler sans relâche à transporter seul mes lourdes possessions afin de vider mon local d’entrepôt, car si je ne rends pas la camionnette avant l’ouverture demain matin, on va me charger une journée supplémentaire à la compagnie de location de camionnette. ... ET un mois supplémentaire à l’entrepôt. Il est une heure du matin lorsque j’ai enfin déchargé la dernière boite chez moi.
Est-ce que je peux enfin me coucher ? Eh non ! Je dois charger mon vélo dans la camionnette et ramener le véhicule au point de location, à Mont-Saint-Hilaire. Ensuite, c’est à vélo que je contourne la montagne pour revenir chez moi. Il sera 2h45 du matin lorsque je toucherai enfin mon lit, complètement vidé de toute énergie. Encore heureux que je ne travaillais pas le lendemain.
Pour les deux mois qui allaient suivre, mes parents devront m’emprunter de l’argent à deux reprises. Pourquoi ? Parce que, tout comme je les avais prévenus qui allait arriver, ils ont eu à payer deux loyers en mai et en juin, celui de Saint-Hyacinthe et celui de Beloeil. Et leur pension de vieillesse ne leur permettait pas d’en couvrir le coût. Ils m’ont remboursé, mais cette dépense supplémentaire monta le coût total de leur déménagement à $3 550. Contre $750 s’ils m’avaient écouté au lieu d’en faire à leur tête.
Analyse d’un comportement à problèmes.
L’année dernière, lorsque j’ai écrit la série Un câble d’acier ombilical, je parlais du fait que durant les 50 premières années de ma vie, mes parents n’ont jamais pu accepter l’idée que je puisse vivre sans eux. Voilà pourquoi ils ont toujours tout fait pour me rendre dépendant d’eux. En s’introduisant de force dans tous les aspects de ma vie, en me faisant constamment perdre amis, conjointes, carrières, argent, appartements, etc, ça leur permettait ensuite de m’imposer leur présence afin de me venir en aide. Une aide dont je n’aurais eu nul besoin, n’eut été leur efforts constant à saboter ma vie. Mais après les six premiers mois de 2020, lorsqu’ils ont poussé leur travail de destruction à en réussir à me faire perdre deux emplois, mon couple et mon logis, faisant de moi un itinérant à un mois de mes 51 ans, j’en ai eu assez et ils ont su (ma mère, du moins) ma façon de penser.
Je ne m’en étais pas rendu compte à ce moment-là, mais la stratégie de mes parents a changée. À partir de ce point, ils ne m’imposaient plus leur aide. C’était l’inverse. ils demandaient mon aide, pour tout, pour rien, pour n’importe quoi. Ce déménagement en était l’un des plus grands exemples. Dès le départ, ils le prouvent, en se montrant incontrôlablement déraisonnables, avec leur peur de ne pas pouvoir se retrouver un appartement une fois qu’ils auraient signifiée leur non-renouvellement de bail. Bizarrement, trois ans plus tôt, ils n’avaient pas du tout cette crainte lorsqu’ils ont spontanément annulé leur bail dans le but de me suivre à Sherbrooke, 24h après que je leur ai annoncé mon départ. Et ce, sans savoir où ils allaient habiter par la suite.
Ils me demandent de l’aide pour trouver un appartement. Voyant que je refuse, ils se débrouillent seuls, ce qui fait qu’ils sont obligés de prendre un appartement au 4e étage dans un édifice sans ascenseur, ce qui est une terrible épreuve pour leurs vieilles jambes, mais ils n’avaient pas le choix puisque je n’étais pas là pour les aider à trouver un meilleur endroit. Ensuite, eh bien, je le sais bien, que mon père est un menteur. Si seulement c’était moi qui m’étais arrangé avec les déménageurs, tout se serait bien passé. Mais noooooon, je suis un fils indigne qui les laisse se débrouiller avec des choses compliquées qu’ils ne comprennent pas, et voilà le résultat : un déménagement qui leur a pris plus du double du temps et coûté quatre fois et demi son tarif. Pour continuer de m’imposer leur présence sur une base plus qu’hebdomadaire, ils ont besoin que je leur laisse mon sous-sol pour leurs boites. Ensuite, ils ont besoin de moi pour que je leur ramène ces boites. Puis ils ont besoin de moi pour m’arranger avec les déménageurs qui les insultent et abandonnent le travail. Puis ils ont besoin de moi pour empêcher mon père d’interférer avec le travail des déménageurs. Puis ils ont besoin de moi pour retrouver le camion de déménageur que mon père a semé en conduisant comme un malade. Puis ils ont besoin de moi pour aider les déménageurs. Puis ils ont besoin de moi pour ne pas crever de faim puisqu’ils ne peuvent pas se payer deux loyers en même temps.
Et moi, je suis supposé trouver ça normal, que des gens qui n’ont jamais eu le moindre problème pour déménager tout le long de leurs vies, se comportent du jour au lendemain comme des attardés mentaux qui n’ont jamais rien vu et n’ont jamais rien réussi par eux-mêmes, incluant les tâches les plus simples?
Ce sera un an plus tard, le 3 mai 2022, après encore plusieurs autres « appels à l’aide » de ce genre, que j’ai fini par comprendre que c’était leur nouvelle stratégie pour me manipuler à être le plus souvent possible avec eux. Écoeuré pour de bon, je les ai reniés, coupant tous les ponts, toutes les communications. Et aujourd’hui, presque deux ans plus tard, à voir à quel point ma vie s’est radicalement améliorée depuis qu’ils n’y interviennent plus, mon seul regret est de ne pas l’avoir fait trente ans plus tôt.
Les gens irresponsable vont toujours te contrôler par ton sens des responsabilités.
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