La bêtise humaine, ça déménage!

Aux dires de plusieurs, ici au Québec, notre sport national n’est pas le hockey mais bien le déménagement annuel. Pendant longtemps, la coutume sociale voulait que les visites de logements se fassent durant tout le mois d’avril (d’où la tradition du ménage du printemps au mois de mars), et que le déménagement se fasse le premier mai. 

Ceci causait un réel problème aux commissions scolaires qui voyaient une partie des enfants changer d’école à un mois et demi de la fin des classes, se voyant pris à passer des examens sur des sujets qu’ils n’avaient pas nécessairement étudiés.  Voilà pourquoi le gouvernement s’en est mêlé, et a proposé le premier juillet, jour d’été, de congé et férié, comme date officielle pour déménager.

Évidemment, il y en a toujours pour briser la tradition. Comme moi, en ce moment. J’ai eu la chance de trouver un superbe condo abordable construit il y a cinq ans, et j’y aménage demain, le 30 décembre. Avec du travail, de la détermination, et surtout en coupant les ponts avec les gens toxiques qui m’entouraient, ça m’aura pris trois ans pour passer de l’itinérance à la propriété. Et c’est ce qui nous amène au sujet de ce billet. 

Comme nous le savons tous, la bêtise humaine est une ressource infinie. L’expérience m’a montré que c’est surtout lors d’un déménagement que celle-ci se manifeste. On la retrouve parfois parmi les gens qui nous aident à déménager. Par exemple, il semble y avoir une vague de papyrophobie (peur du papier) chez les déménageurs amateurs, parce que….

Mais bon, je suppose que certaines personnes rechignent à la tâche de devoir trimballer des trucs lourds. Mon classeur à dossiers à quatre tiroirs a cet effet sur bien des gens.

Et n’oublions pas cet ami de mon père qui, après avoir offert son aide (et son pick-up Ford) il y a 12 ans, a regardé avec horreur mes boites de livres. Et qu’il a aussitôt déclaré: « J’amène pas ça! C’est pas des vraies affaires, ça, c’est rien qu’des livres. Ça sert à rien. » Mais bon, mon père et ses amis n’ont jamais été vraiment intellos.

À deux reprises, il m’est arrivé de retrouver cette bêtise chez les gens qui déménagent. Par exemple, j’allais aider une amie à déménager. La veille du déménagement, je loue la camionnette. Puis, je me rends chez elle pour lui apporter des boites. Lorsque j’entre chez elle, surprise: Elle n’a rien emballé, rien mis en sac, rien emboîté. Ne comprenant pas mon état d’urgence, elle me dit : « Ben là, panique pas! Demain, je vais remplir les boites pendant que tu les entres à mesure dans la camionnette. Ça ne devrait pas nous prendre plus qu’une coupl’ d’heures, franchement! »

J’insiste pour que l’on commence immédiatement. Huit heures plus tard, il était minuit et on n’avait pas encore terminé. Elle a bien vu que non, un déménagement, ça ne s’improvise pas à la dernière minute. J’ai été obligé de dormir là et nous lever le lendemain à six heures du matin. On a tout juste eu le temps de terminer à midi, lorsque les locataires suivants sont arrivés.

La seconde fois, c’était dans un appartement où nous aménagions, Karine et moi. Les locataires passaient du 3e étage au rez-de-chaussée du même triplex. Lorsque nous sommes arrivés vers midi, nous les avons réveillés. Ils avaient fait une petite beuverie la veille, en compagnie de leurs amis venus pour les aider à déménager. ils se sont mis en tête que, puisqu’ils ne faisaient que transférer leurs possessions deux étages plus bas, que le tout pourrait se faire en une heure ou deux. Donc pas besoin de rien emballer. Et moi, j’étais là, avec mes aides et le camion loué en bas que je devais rendre le soir-même, sans pouvoir rien entrer dans l’appartement. Je les ai donc prié de vider au moins une pièce, où on pourra y entreposer nos meubles et boites, en attendant qu’ils finissent leur déménagement. Au final, puisqu’ils étaient en gueule de bois, il a fallu les aider à descendre leur stock. On s’est donc tapés deux déménagements en un jour.

Mais là où la bêtise humaine qui déménage est la plus présente, c’est parmi les gens qui s’intéressent à ton logis. En voici quelques beaux exemples. Commençons avec celle qui ne sait apparemment pas lire.

J’aurais pu lui faire remarquer que non seulement l’adresse est le titre de l’annonce elle-même, sa disponibilité est écrite dans la première ligne. Mais bon, j’ai opté pour être conciliant, ne pas faire de cas de sa bêtise, et lui donner les réponses à ses deux questions. Regardez ce que ça m’a apporté : 

Je suppose qu’elle a vu mon exaspération pour ses questions stupides et la conversation s’est arrêtée là. Enchainons donc avec d’autres gens qui ne savent pas lire.

Mais même chez ceux qui savent lire, ça ne rend pas les communication plus simples pour autant.

Ben oui! Parce que c’était beaucoup plus simple de m’écrire une phrase que de taper trois chiffres. C’est une tendance qui est hélas beaucoup trop répandue. Par exemple, chez cette femme de qui je prenais le bail.

Et que dire des visiteurs. Constatez que lorsque je m’énerve, je reprends mon accent québécois:

Mon voisin d’en dessous m’en a d’ailleurs parlé, de cette visiteuse particulière.

La raison pourquoi c’est moi et non mes divers proprios qui ont eu droit à ces spécimens, c’est parce que c’était des baux que je cassais en dehors de la saison des déménagements. À ce moment-là, le proprio acceptait de casser mon bail, mais à condition que je passe moi-même l’annonce et que je me charge des visites. Heureusement, pour mon déménagement hors-saison actuel, tout s’est bien passé. Les premiers visiteurs ont repris mon logis. L’ancienne occupante du condo est partie il y a un mois. Je paie des déménageurs professionnels. Bref, pour une fois, zéro bêtise humaine dans mon déménagement.

… enfin, presque. La semaine dernière, je suis allé au bureau de poste pour leur demander une boite postale pour ma nouvelle adresse. Ils m’ont dit que les clés seraient prêtes après trois jours ouvrables. Aussi, aujourd’hui…

Comme quoi on n’y échappe jamais tout à fait.

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