Ainsi, vous songez à travailler dans un petit resto ouvert 24 heures? Bien! Il y a un quart de siècle de ça, je travaillais dans un Dunkin Donuts, où les gens pouvaient venir consommer café, beignets et sandwiches 24/7. Laissez-moi vous apprendre ce à quoi vous devez vous attendre. Voici à quoi ressemblait une journée typique:
Le matin: Il reste peut-être encore 1 ou 2 saoulons de la nuit pour qui l’idée de rentrer seuls dans leur appartement vide les terrifie. Mais à cette heure-ci, ils sont calmes. Arrivent les gens qui viennent déjeuner. Ce sont des gens civilisés, ils viennent manger avant d’aller travailler.
L’avant-midi: Les gens qui font leurs emplettes vont et viennent dans un flot continu quoi que modéré.
Le midi: Il y a quelques étudiants en groupe qui sont un peu bruyant, mais vraiment rien de grave. Il repartent à l’école et tout reste calme. Les clients de l’après midi sont surtout des mémés qui prennent une pause entre deux emplettes.
Le soir: Gros rush de monde pour le souper. 60% de ces clients sont des gens fatigués de leur journée de travail, ils viennent juste s’offrir le souper qu’ils n’ont pas envie de se préparer. Le 40% qui reste est partagé entre ceux qui magasinent, ceux qui flânent, et ceux qui viennent prendre une dernière bouchée avant une sortie (bar, cinéma, etc) Donc encore des gens civilisés.
20h00: Apparition du premier groupe de fêtards énervés et ivres de leur soir de liberté, et/ou du premier client ivre, d’alcool cette fois.
21h00: Le calme avant la tempête
22h00: On remarque un manège un peu louche dans la salle de bain. V’là la pute du coin qui commence a racoler parmi les clients, allant jusqu’à la caisse dire à un client déjà accompagné: « Heille, ça te tentes-tu de te faire sucer pour dix piasses? »
23h00 à minuit: Arrivent les premiers clients sortant des bars. ‘Ils ne sont pas énormément ivres, mais déjà très bruyant. Heureusement, ceux qui ont pris un coup assez tôt, c’est avec le rire et la joie qu’ils se font entendre.
01h00 à 04h00: À partir de là, c’est la descente aux enfers. Les gens civilisés sont presque tous partis chez eux. La majorité des clients qui restent de sivisent en deux catégories de sauvages: Ceux qui le sont naturellement, et ceux qui le sont après avoir bu. Mais le pire de tous que l’on voit parfois: Le sauvage de nature qui a bu. Lui, quand il est là, on peut être certain que ça se termine en vandalisme quelconque ou en bagarre. Ceux qui ont pris un coup sur le tard, ce n’est plus vraiment avec le rire et la joie qu’ils se font entendre, c’est surtout par leurs frustrations et leurs conneries.
5h00 du matin: Aucun employé n’ose aller dans les toilettes publiques. Qu’est-ce qu’on va y retrouver cette fois ci? Des seringues souillées? Des flaques de pisse faites délibérément par terre? Du vomi? Des murs maculés de sang et/ou de merde? On plaint l’employé d’entretien qui arrivera dans une heure, et pour qui ces découvertes sont son lot quotidien.
6h00 du matin: Les cons sont tous partis se coucher afin d’être de nouveau frais et dispo et plein d’énergie pour leur connerie du soir suivant. reste un ou deux saoulons calmés. La civilisation se réveille et les travailleurs reviennent déjeuner. Et le cycle recommence.
La faune typique de ce genre d’endroits:
- Le vieux crasseux qui se promène entre les tables en délirant sa philosophie de la société en général d’une voix forte, passant ses commentaires sur les autres clients.
- La grosse madame ou le p’tit monsieur, bien tranquilles, qui sont là quasiment 24/7 devant leur café, à ne rien faire que lire le journal et regarder le monde passer.
- Les flaneux qui, eux autres, n’achètent absolument rien. Variante: Celui qui demande un verre d’eau chaude, ce qui est souvent gratos, et qui va se faire un thé avec, qu’il va étirer à sa table pendant 14 heures d’affilée.
- Le/la client/e qui veut être remboursée car le jus / le lait / la soupe / la bouffe était, dit-il/elle, passée date, et malgré tout il/elle l’a avalé au complet avant de venir se plaindre.
- Ceux qui essayent de discrètement mettre le feu dans les poubelles.
- Celui qui fait le coup du sucrier débouché et renversé.
- Ceux qui viennent engueuler la caissière pour des raisons absolument hors de son contrôle: Les prix des items, le téléphone public défectueux, les graffitis dans les toilettes, un item épuisé, etc.
Et parmi les employés, je pourrais parler de:
- La fille qui ne fous rien de tout son quart de travail et qui ose vous appeler à l’aide car elle n’arrivera pas à finir son ménage avant la fin de sa journée.
- La fille dont le chum vient lui faire des scènes de jalousie devant les clients.
- La fille qui passe discrètement plein de stock gratos à son chum et/ou ses amis.
- Variante: Celle qui vient faire ça sur votre quart de travail, pour que ça vous passe sur le dos.
- La fille qui ne fait pas les rotations des produits dans les frigos, laissant le plus vieux stock en arrière et mettant le neuf à l’avant.
- La fille qui fait son p’tit boss, se permettant de vous donner des leçons sur un travail que vous faites parfaitement bien.
- La bitch qui pense pouvoir tout se permettre car elle sort avec le proprio / le gérant / l’assistant gérant.
- Le gars qui ne peut pas s’empêcher de draguer chaque nouvelle employée féminine qui commence à travailler là.
Et j’en passe. J’en ai tellement vu…
Que ce soit un Dunkin Donuts à Montréal il y a 25 ans, un Tim Horton’s à St-Hyacinthe il y a 12 ans ou un McDonald’s à Québec l’an passé, ces gens-là ne changent pas. D’une génération à l’autre, on y retrouve toujours les mêmes comportements. Comme dans tous les cas, il y a des exceptions, mais j’ai vu trop souvent ce programme se dérouler fidèlement pour ne pas généraliser.