C’est bien beau parler de relations et de donner des trucs afin de comprendre et régler les problèmes que l’on peut avoir avec les gens. Mais voilà, il n’y a pas que les gens qui nous entourent. Il y a aussi les objets. Des objets comme la vaisselle.
S’il y a une chose qui fait l’unanimité dans la catégorie « Tâches Détestables », c’est bien laver la vaisselle. C’est probablement parce que c’en est une qui n’attend pas que tu partes en appartement pour te faire ch*er. Déjà, chez tes parents, tu te faisais donner l’ordre de la faire. Par conséquent, lorsque tu pars en appartement, toutes les tâches de ta nouvelle vie autonome te semblent intéressantes, même les plus pénibles, car elles tombent sous le charme de la nouveauté… Toutes, SAUF celle-là!
Au moins, maintenant que tu es chez toi, tes parents ne sont plus là pour te pousser sans arrêt à la faire. Tu peux te contenter de mettre ça sur le comptoir, en attendant, et tu la feras bien à un moment donné, quand ça te conviendra. Hélas, cette méthode a le don de remplir le comptoir au point de le rendre inutilisable, et ce avant même que l’on ait eu le temps de s’en rendre compte.
Mais bon, il n’y a pas de raison de paniquer. On s’est promis de la faire, on va la faire. On commence donc par mettre de l’eau dans l’évier et on la laisse tremper un peu afin que ça décolle, histoire de nous faciliter la tâche. En attendant, on quitte la cuisine et on fait autre chose.
Première chose que l’on se rend compte: il s’est écoulé tellement de jours depuis que la vaisselle a été mise à tremper qu’on est rendu avec un écosystème qui s’est développé dans l’évier.
J’ai longtemps été un adepte de la méthode « j’vais la laver quand j’n’aurai plus l’choix. » Hélas, lorsque ce moment arrivait, je perdais presque toujours courage devant l’ampleur de la tâche. Je me contentais donc de laver juste ce dont j’avais besoin pour le moment. Ça laissait ma cuisine dans un état bordélique permanent.
Les rares fois où j’avais le courage de m’y attaquer et de la liquider au complet, ça me prenait un bon deux heures. Même qu’à deux occasions, je n’avais tellement plus rien de propre dans la cuisine que je n’avais même plus d’espace pour y travailler, incluant pour laver la vaisselle. Ces deux fois-là, c’est dans le bain que j’ai tout mis à tremper. Vu l’urgence de la situation, je ne l’ai pas laissé fermenter, mais ça m’a quand même pris deux heures et demi non-stop pour passer à travers le tout.
Le problème, c’est que quand tu sais d’avance que tu t’enlignes pour deux heures à deux heures trente de travail chiant, c’est loin de t’encourager à la tâche.
Et puis un jour, j’ai eu une révélation: Je n’ai pas besoin de 10 bols, 12 tasses 15 soucoupes, 20 assiettes, 27 verres, 32 couteaux, 35 fourchettes, et 40 cuillères… J’HABITE TOUT SEUL, BORDEL! Personne n’a besoin de posséder pour lui tout seul le même nombre de vaisselle qu’il y avait chez ses parents pour servir toute la famille. Quand je pense que ça m’a pris douze ans de vie en appartement (1987-1999) avant de me rendre compte d’un détail aussi anodin. Comme quoi l’habitude nous aveugle souvent de la solution la plus simple.
Alors c’est devenu la règle de trois. Désormais, je n’avais plus que ceci:
Pour le reste, je me suis gardé:
– 1 mini marmite
– 1 marmite normale
– 1 très grand chaudron
– 1 poèle a frire
– Et un seul exemplaire de chaque item que l’on retrouve habituellement dans une cuisine: Louche, cuiller à mesurer, ouvre-boite, etc.
Non seulement ça m’oblige à faire ma vaisselle à tous les jours si je veux manger avec du propre, mais ça prend un gros maximum de 10 minutes à tout faire. Ça peut monter à 15 si j’inclus les chaudrons et autres items de cuisine.
FAIT DE BASE: Dans une journée, il y a trois repas. Pourquoi quelqu’un aurait-il besoin de plus de trois de ces items quotidiennement? Ainsi, la règle de trois est la solution idéale afin de garder la cuisine vivable tout en s’assurant que la tâche vaissellière ne devienne pas un calvaire laxatif.
Eh bien oui, j’y ai pensé. Et voici la réponse en quatre points:
Point 1: Quand j’ai commencé à appliquer la règle de trois, je n’ai pas jeté le reste de mon kit de vaisselle. Je l’ai juste rangé dans une boite au fond d’un placard. … Le placard situé le plus loin de la cuisine.
Point 2: Comme ça, ma vaisselle supplémentaire est juste assez loin pour que ce soit plus simple de laver ce dont j’ai besoin plutôt que d’aller m’en chercher du propre. Et en même temps, ça reste à portée de main pour aller chercher du supplément en cas de visite.
Point 3: Depuis que je vis en couple, c’est devenu la règle de 4, mais le principe demeure le même et la vaisselle continue de se faire rapidement.
Et en réponse à l’une des deux questions que l’on me pose parfois à ce sujet, soit: « Pourquoi la règle de 4 et non de 6 quand vous vivez en couple? », c’est très simple: Au déjeuner, que ce soit pour les céréales ou le gruau, c’est un bol dont on a besoin, et non une assiette. Ça laisse quatre assiettes, soit une par personne pour les deux repas restant de la journée. Et s’il y a de la soupe à diner, ça prend deux autres bols, pour un total de quatre, soit justement le nombre que l’on a de disponible.
L’autre question, c’est: « Et si vous prenez des assiettes, genre pour un déjeuner de toasts-oeufs-bacon? Qu’est-ce que tu fais quand tu manques d’assiettes rendu au souper? » C’est simple: Je les lave. Parce que je n’ai pas le choix. C’est ça le but de la règle de 3 ou 4.
Point 4: Tu as des colocataires? Alors introduis-les à la règle de 3, mais avec leur propre vaisselle. Comme ça, vous avez chacun votre set de vaisselle. S’ils acceptent, tant mieux. S’ils refusent, ça ne change rien à ta vaisselle à toi qui restera rapide à laver.
Beaucoup de gens croient que quelqu’un ne peut pas avoir une vie rangée et des relations harmonieuses s’il n’est même pas capable d’être rangé et en harmonie avec son propre appartement. Personnellement, je crois que c’est un raisonnement idiot parce que ça met dans le même panier les pommes avec les tracteurs. Mais bon, si c’est ce que la majorité pense, alors aussi bien leur donner une bonne impression sur nous-mêmes en s’arrangeant pour garder la vaisselle sale au minimum. Nos relations avec eux n’en seront que plus rangées et plus harmonieuses.
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