Ces Red Flags vivants : La mystique qui rejette la réalité (4 de 5)

Pendant les trois premières semaines du mois de janvier 2022, tel que Mégane en avait décidé, nous n’avons eu aucun contact. J’avais beau me jeter dans le travail de rédaction de mon livre, je crevais d’ennui. J’étais là, en plein hiver, dans mon taudis-esque 3½, dans un village isolé au beau milieu de douzaines de kilomètres carrés de champs agricoles enneigés, sans vie sociale, sans véhicule qui aurait pu me permettre de changer le décor et faire d’autres activités ailleurs. Et au chômage, donc sans raison de sortir de toute façon.

Elle, par contre, avait sa maison, son conjoint, son fils, son travail, son salaire, son auto… Alors de nous deux, elle n’était pas la personne qui souffrait le plus de notre séparation.

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( OUVRONS UNE PARENTHÈSE
, Un an plus tôt, en janvier 2021.

Mégane avait pu se libérer pendant quelques heures pour venir me rejoindre clandestinement, afin que l’on puisse fêter un petit bout du jour de l’an ensemble. Alors que l’on terminait nos coupes de champagne, elle m’a dit :

« Ne me quitte jamais pour une autre femme. Sinon je pourrais détruire ta vie. »

Entendre ceci me donne un choc. Toute ma vie, à cause de l’obsession malsaine qu’avaient mes parents de me rendre dépendant d’eux, ils se sont toujours arrangés pour me faire perdre amis, logis, conjointes, appartements, carrières… C’est à cause d’eux que j’ai si souvent été obligé de refaire ma vie en repartant à zéro. C’est à eux que je dois mes 40 jours d’itinérance de l’été de 2020. Sans oublier la mère de mes enfants qui a utilisé ces derniers pour me garder dans la pauvreté pendant presque toute ma vie adulte. Là, mes enfants étaient tous majeurs. Et j’avais renié mes parents. Après toutes ces années, le cauchemar avait pris fin. Et ce soir-là, ça faisait deux mois et demi que j’étais préposé aux bénéficiaires dans une résidence pour retraités, située à quelques pas de chez moi. À 52 ans, j’avais enfin la carrière normale qui procure le revenu normal qui me permettrait de me bâtir la vie normale d’un adulte normal.

… Et voilà qu’elle me menace de prendre la relève de mes parents et de mon ex dans leur oeuvre de destruction de ma vie.

Ça, ce n’était tabarnaquement pas la chose à faire. Parce que si c’est à ça qu’elle veut jouer, je pourrais aisément envoyer à son conjoint les textos où elle s’est offerte à moi comme amante, avant de passer à ceux où elle m’a fait sa déclaration d’amour. Et j’enchainerais avec les sextos, selfies nus et vidéos érotiques qu’elle m’envoie régulièrement. Alors si l’un de nous deux possède la capacité de détruire la vie de l’autre, ce n’est certainement pas elle.

J’aurais pu le lui dire. J’ai préféré me taire. La soirée avait bien commencée. L’année commençait bien. Ce n’était pas le temps de se déclarer une guerre froide de menaces terroristes. Je ne sais pas par quel genre de raisonnement tordu elle a pu s’imaginer que sa phrase était une bonne manière de me dire qu’elle tient à moi. Mais pour le moment, il valait mieux que je tienne compte de ses sentiments, et non des mots par lesquels elle me les a si maladroitement exprimés.

FIN DE LA PARENTHÈSE )
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Retour au présent, un an et trois semaines plus tard, en ce 21 janvier 2022,
Je réfléchis sur nous deux. On a beau dire qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné, lorsque notre choix se résume justement à ça, Il faut parfois faire certains compromis.

Et puis, étais-je vraiment si mal accompagné? Je dois reconnaître que malgré son déni de la réalité et ses croyances mystiques irraisonnées, les 14 mois que nous avons passé ensemble ont été vraiment géniaux. Même en mettant de côté le sexe, nous avions tellement de choses en commun. Jamais on ne s’ennuyait l’un avec l’autre. Jamais ne se demandait-on quoi faire de nos journées. Toujours l’un savait amener des activités qui plaisaient à l’autre. Je suis sûr que ça lui manque autant qu’à moi. Et puis, elle n’est quand même pas idiote. Si je lui dis de seulement cesser les comportements qui se mettent entre nous, elle devrait comprendre et arrêter.

Malgré le fait qu’il nous reste encore huit jours à patienter, je lui écris un courriel dans lequel je lui dis l’essentiel du paragraphe précédent, et je lui envoie. Trente minutes plus tard, elle me remet sur son Facebook et son Mesenger pour me répondre.

Je soupire. J’aurais dû me douter que son orgueil et son déni de la réalité allait empêcher tout dialogue à ce sujet. N’empêche qu’elle a lu mon courriel. Donc, peu importe sa réaction, il reste que mon message est passé. Je suppose que n’ai donc pas besoin d’en discuter davantage. Et que je peux passer à autre chose.

À partir de ce point, tout s’est très bien passé entre nous. Notre relation a pu reprendre comme avant. Et plus jamais elle n’a insisté pour quoi que ce soit. Et plus jamais elle ne m’a accusé de choses irréelles. Quant à moi, lorsqu’elle me faisait des suggestions, j’ai adopté une nouvelle manière de lui répondre. Au lieu de lui dire NON immédiatement en lui donnant les 8 624 raisons pourquoi c’était foireux, je lui disais que c’était une idée à creuser. Quelques jours plus tard, si elle revenait là-dessus, je lui disais que j’avais fait des recherches sur Google. Et je lui montrais ces aspects cachés qui démontraient pourquoi ça ne pouvait pas me convenir. Étant donné que quelques jours s’étaient écoulés depuis sa suggestion, ça diminuait l’impact de mon refus. Et puisque les raisons ne venaient pas de moi, elle ne le prennait pas personnel, ce qui évitait toute tension entre nous.

Notre relation s’est tellement améliorée que quelques mois plus tard, on s’est offert une petite fantaisie : on s’est mariés.

Bon, ce n’était pas un vrai mariage. Ce n’était qu’entre nous deux, donc totalement non-officiel. Mais tout y était : la musique, la robe, les échanges de voeux, le gâteau, et même la bague, que je portais fièrement. Mais surtout, c’était une promesse que l’on se faisait, de le refaire un jour, cette fois pour de vrai, lorsqu’elle pourra enfin quitter son conjoint, qui lui n’a jamais voulu l’épouser. En attendant, elle me reprochait parfois d’oublier de la porter en sa présence. Manque d’habitude. J’allais aussitôt me la remettre au doigt.

Puis, l’été est arrivé. Malheureusement, celui-ci coïncide avec les vacances de son conjoint. Et il en profite pour multiplier les activités familiales. Voyages. Camping. Sorties en famille. Et lorsqu’elle a du temps libre, elle est tellement fatiguée qu’elle préfère rester chez elle se reposer. Par conséquent, on ne se voit presque pas.

Vous vous souvenez de ce $800 qu’elle me devait depuis le début de l’automne précédent? Alors qu’il lui restait encore $300 à me rendre, elle a décidé de les utiliser pour nous payer deux billets pour un événement intitulé Le Bal de la Reine, une soirée sur le thème de la série La Chronique des Bridgerton.

Soirée chic, s’il en est une.

Tandis que l’on se préparait pour la soirée, je mettais les dernières touches à ma tenue. En regardant mes mains, je me rappelles soudain un truc.

MOI: « Oups ! Faut pas que j’oublie mon alliance. »
ELLE: « T’es pas obligé. »

Ces trois petits mots me font l’effet d’une gifle. Je comprends automatiquement que nous ne sommes plus un couple.

Vingt-quatre ans plus tôt, j’ai constaté que lorsqu’une fille te dit « T’es pas obligé de », ça signifie « Je préférerais que tu t’abstiennes de ». C’est une leçon que j’avais apprise à la dure avec Océane, à la fin de la fameuse soirée où elle était venue saoule dans ma résidence étudiante pour s’offrir à moi. Et avec les années, j’ai pu constater que c’était le cas à chaque fois qu’une fille commençait une phrase par ces mots.

Leçon apprise en automne 1996. Dessin de 1999.

Si Mégane préfére que je m’abstienne de porter ce symbole de notre mariage, c’est parce qu’elle ne veut pas que nous soyons mariés. Et soudainement, tout fait du sens. Le fait que l’on ne s’est presque pas vus pendant deux mois. Le fait que nous n’avons pas eu l’opportunité de faire l’amour depuis cinq semaines, alors qu’elle est encore plus obsédée sexuelle que moi. Et puisqu’on se voit si peu, elle devrait être beaucoup plus en manque. Pourtant, jamais elle ne m’embrasse, son regard est beaucoup plus fuyant, et c’est à peine si elle me tient encore la main. Tous les signes sont là : pour Mégane, nous deux, c’était déjà fini depuis quelques temps..

Puisque j’avais payé mon costume et (involontairement) les billets, et que c’était une soirée à laquelle elle tenait beaucoup, j’ai décidé de ne pas la gacher en abordant le sujet tout de suite. J’attendrai à notre prochaine rencontre. Ça me laissa le temps de ramasser d’autres indices flagrants.

« Penses-tu vraiment que je ne m’en suis pas rendu compte que ça fait au moins deux mois que tu n’es plus en amour avec moi? » Voilà ce que je lui ai dit, trois semines plus tard, pour amener le sujet. Elle n’a pas nié qu’effectivement, avec le temps, elle a fini par se rendre compte qu’elle ne resentait plus que de l’amitié pour moi. Et que, bien, voilà, ce sont des choses qui arrivent. Mais elle aimerait beaucoup que nous restions amis platoniques.

MOI: « Bullshit ! Une obsédée du sexe comme toi n’a pas besoin d’être en amour avec un gars pour baiser avec lui. Je le sais, on était amants avant que tu le deviennes. Et au nombre de fois où tu m’as expliqué à quel point ton conjoint est un baiseur minable, tu ne vas certainement pas te satisfaire avec lui. Si tu ne veux plus le faire avec moi, alors que le sexe entre nous était génial, ça peut juste dire une chose : Tu es en amour avec un autre gars, et tu as commencé à sortir avec lui. Je dirais, depuis fin avril, début mai. Je me trompe ? »

Non, je ne me trompais pas. Le malaise que lui causait mon esprit de déduction se voyait très clairement sur son visage. Devant mon insistance, elle a fini par tout me dire.

En avril dernier, un certain Bertin de Québec l’a demandé en ami sur Facebook. Il se trouve que c’était l’un de ses premiers amoureux, lorsqu’ils avaient 14-15 ans. Voilà trente-trois ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Il est marié, père de deux grands ados. Après deux semaines à s’écrire des banalités sur ce qu’ils étaient devenus, voilà qu’il a commencé à la complimenter sur son apparence physique et sur son sex-appeal. À cause de son besoin de se sentir désirée, elle a aussitôt embarqué. Et c’est là qu’il lui a sorti le grand jeu du « Je ne t’ai jamais oublié pendant ces trente-trois dernières années et ça signifie que tu es la femme de ma vie. » Il n’en fallait pas plus pour qu’elle s’en trouve instantanément séduite. Ils ont convenu de se rencontrer dans un resto. Et ils ont passé les cinq heures suivantes dans un motel, à baiser de façon déchainée.

Depuis, ils se sont fait plusieurs promesses. D’abord, de se garder l’exclusivité sexuelle, même de leur partenaires officiels. Ensuite, dès l’automne, ils vont chacun annoncer à leurs conjoints leur désir de divorcer, ou l’équivament. Puis, ils iront vivre ensemble, et ce avant le temps des fêtes.

ELLE: « Je nous ai tirés au tarot, et j’ai fait un rituel avec les runes. Et tous les deux ont confirmé que c’était lui, mon âme soeur. Le seul, l’unique. Et c’est avec lui que je suis destinée à passer le reste de ma vie. »

Ah bon? C’est bizarre! Parce que si je me souviens bien, il y a un an et demi, c’est exactement ce que ce même tarot et ces mêmes runes disaient à mon propre sujet.

Puisque je m’y attendais, le choc n’a pas été si dur. Et puisqu’elle tenait à ce que l’on continue à faire des activités en amis, au moins, je ne perdais pas la seule vie sociale que j’avais. N’empêche que ça faisait chier. Encore heureux que notre mariage n’avait jamais été réel.

Le lendemain, elle m’appelle, moitié en pleurs, moitié furieuse. Elle m’annonce que la femme de Bertin a appris au sujet de leur liaison amoureuse et sexuelle. Et puisque Mégane m’avait tout déballé la veille, ça faisait de moi le suspect no.1. Je lui ai expliqué pourquoi c’était impossible que je puisse faire ça, et je lui ai demandé de venir chez moi, que je puisse lui montrer.

Dès son arrivée, on s’est assis devant mon ordi. Et je lui ai montré que, puisque je ne suis pas ami Facebook avec Bertin, je n’avais pas accès à ses renseignements personnels. Et mieux encore, elle a pu voir que je n’avais pas non plus accès à sa liste d’amis. Dans de telles conditions, je ne pouvais pas apprendre qui était l’épouse de Bertin, et encore moins la contacter. Devant ces preuves, j’ai été lavé de tout soupçon. Elle a pu l’appeler et lui confirmer mon innocence. Ils ont fini par déduire que l’un de leurs comptes a dû se faire pirater, ou quelque chose comme ça.

Elle ne s’est jamais rendu compte qu’au lieu d’aller sur Facebook, je lui ai juste montré des captures d’écran du compte de Bertin que j’avais modifiées sur Photoshop. Juste en cliquant sur l’image, ça amenait à l’image suivante. Je n’avais qu’à cliquer là où se situaient les liens pour créer l’illusion d’être sur le net. Parce qu’évidemment que c’était moi. Je suis un gars très zen, avec une grande capacité à pardonner. Mais il y a deux choses qu’il ne faut jamais toucher : ma source de revenus, et mon couple. Quiconque s’attaque à l’un ou l’autre en subit immédiatement les conséquences.

J’avoue qu’au début, j’ai songé à faire également parvenir ces renseignements au conjoint de Mégane. Et dans son cas, il aurait appris avoir été cocu plutôt deux fois qu’une, et ce depuis presque deux ans. J’aurais très bien pu le faire. Un an et demi plus tôt, Mégane elle-même ne m’avait-elle pas dit « Ne me quitte jamais pour une autre femme. Sinon je pourrais détruire ta vie » ? Je ne ferais qu’appliquer cette règle qu’elle a elle-même amené entre nous. Ce serait de bonne guerre.

Au final, j’ai décidé de l’épargner. Je la savais déjà infidèle. N’empêche que c’est Mégane qui a amorcé notre relation, mais c’est Bertin qui y a mis fin. C’était donc lui qui avait tout gâché. Et il n’était pas question que je le laisse s’en tirer impunément.

Je n’interviendrai plus dans leur relation. Je n’en avais pas besoin. Car à partir de ce point, deux choses pouvaient arriver. Ou bien le divorce de Bertin allait provoquer le chaos dans sa relation avec Mégane, ce qui me convenait parfaitement. Ou bien ça allait assurer que leurs plans d’aller vivre ensemble allait vraiment se concrétiser, et c’est ce qui était prévu de toute façon. Mais dans un cas comme dans l’autre, dans ma tête, une chose était claire. Et c’est qu’entre elle et moi, c’était terminé. Déjà qu’elle était une adepte de la pensée magique qui niait la réalité, si en plus elle ne sait tenir ni sa parole ni ses promesses, alors je n’ai pas de place pour quelqu’un comme ça dans ma vie.

N’empêche que je venais de me faire jeter par ma fiancée. Celle avec qui j’avais passé un an et demi, même si c’était en cachette. Et ça, ça faisait mal. Histoire d’amortir un peu ma chute, j’ai décidé de m’inscrire sur ce nouvel app nommé Facebook Rencontre. J’y ai mis une description courte et amusante. Et parmi les photos, j’en ai mis une de moi en uniforme de préposé, dans les corridors d’un CHSLD.

Celle-ci !

Parallèllement, mon chômage venait de prendre fin. Aussi, j’ai mis mon CV à jour. Je comptais soumettre ma candidature là où il y avait de l’emploi, quitte à déménager de nouveau dans une autre ville. Puisque le taux d’occupation des logements à Saint-Jean-Baptiste est de 100%, mon propriétaire était d’accord pour casser mon bail dès que je lui signalerait mon intention de partir. Ça l’arrangeait car il ne cachait pas son intention de faire passer le loyer de $500 à $850. Et sans Mégane, plus rien ne me retenait dans la région.

Sur Facebook Rencontre, j’ai rapidement été contacté par Anne-Marie, elle-même préposée aux bénéficiaites.

ELLE : J’ai vu ta photo de préposé. Tu travailles où ?
MOI :
 Sans emploi, mais je suis justement en train de refaire mon CV pour commencer à faire application demain.  Il y a tellement de demande dans le milieu que je suis assuré de commencer à travailler dans les 48h.
ELLE :
 Laisse faire ça, ils vont juste te payer $26 de l’heure.  Viens travailler avec moi dans les Maritimes.  Ici, on commence à $35. 
MOI : 
Sérieux?  Pour quel CHSLD?
ELLE :
 Non, je travaille pour une agence de placement qui fournit des préposés là où la demande est une urgence.  On m’envoie partout, Gaspé, Iles-de-la-Madeleine, Rimouski, Campbellton, Terre-Neuve, Baie James…  Plus c’est loin, plus haut est le salaire.  Par exemple, à la Baie-James, on commence à $46.  Mais peu importe où tu vas, ils te donnent en plus une allocation de $60 non-imposable par jour pour te nourrir, et tu es logé gratuitement.  Et ton déplacement est payé aussi, on te donne 45¢ du kilomètre entre chez toi et ton lieu de travail.  Et le plus beau, c’est que c’est toi qui décide de ton horaire.  Tu dis que tu es disponible de telle date à telle date, on te case ces dates-là, et voilà.  Et le taux d’absentéisme chez les employés de CHSLD est tellement grand que l’on va te proposer souvent double quart de travail.  Et au-delà de 40 heures par semaine, toute heure supplémentaire est payée temps et demi.

Voilà une situation qui semble trop belle pour être vraie.  Je ne vois cependant pas de raison pourquoi elle me ferait un tel baratin.  Ça valait le coup d’essayer. Elle m’a donné la page web de son agence.  J’y suis allé.  J’ai fait application.  J’ai eu un retour d’appel.  On m’a confirmé que tout était vrai.  J’ai donc fourni les documents prouvant ma formation et mon expérience.  Et voilà que l’on m’annonce que l’on m’offre un premier contrat d’un mois à Carleton-sur-Mer.

Petit problème : Pour avoir le travail, j’ai besoin d’une auto.  Et pour acheter une auto, il me faut un travail.  Les concessionnaires en ayant vu d’autres, ils ont communiqué avec mon futur employeur, afin de s’assurer que oui, j’allais bientôt avoir un revenu stable.  Et puisque j’ai toujours géré mes finances de manière intelligente, j’ai un excellent dossier de crédit.  Je me suis donc procuré un véhicule usagé pour $22 000.

Et c’est comme ça que tous mes problèmes se sont instantanément réglés.

Ce qui signifie que si Bertin n’était pas venu me casser mon couple, Mégane ne m’aurait jamais laissé tomber. Je ne me serais jamais inscrit sur Facebook Rencontre. Je n’aurais pas attiré l’attention d’Anne-Marie, qui ne m’aurait donc pas branché sur son agence. Je n’aurais jamais rencontré mon éditeur, et peut-être que mon livre ne serait toujours pas publié. Il aurait fallu que je déménage pour trouver du travail ailleurs, perdant ainsi mon si économique 3½. Et aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, au moment où j’écris ces lignes, je n’aurais pas de véhicule, ni ce si génial emploi, ni cet excellent salaire, ni n’aurais-je atteint cette prospérité que j’avais passé toute ma vie à poursuivre en vain.

Autrement dit, si ma vie a pris un virage aussi positif, je le dois à Bertin. À la lueur de tout ceci, je regrette maintenant lui avoir fait subir ma vengeance.

Surtout que pendant ces deux ans et demi, l’obstination de Mégane à nier la réalité au profit de la pensée magique lui a fait subir une longue série de déboires. Comme quoi je n’avais même pas besoin de détruire sa vie. Elle était parfaitement capable de le faire elle-même.

À SUIVRE

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