Les prophètes autoréalisateurs -VS- votre réputation (2 de 2)

Autant suis-je orgueilleux, autant je considère que les critiques et commentaires à mon sujet sont de bonnes façons d’en apprendre sur moi-même.   Ça me permet de voir ce qui ne va pas chez moi, de me corriger s’il y a lieu, et ainsi de m’améliorer. 

Mais voilà, il n’est pas toujours facile de faire la juste part des choses.  Car parfois, une personne va te critiquer sans la moindre raison valable, et sans la moindre pertinence. Normal, puisque son but n’est rien d’autre que de te rabaisser.  Dans de telles conditions, comment faire la différence entre une critique qui puisse être constructive , et une calomnie? 

Heureusement, il y a une façon assez simple pour trier le vrai du faux: Si tu es assez honnête pour être capable de te reconnaître dans ce que la personne dit, et si elle n’est pas la seule à le dire, et si en plus ceux qui le disent ne se connaissent pas entre eux, alors c’est un problème réel.  Par contre, si tu ne te reconnais honnêtement pas dans cette description, et que cette personne est la seule à te dépeindre comme tel, alors là, aucun doute, c’est une attaque mensongère.

Pour rester dans les exemples personnels:  Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’entendre des rumeurs à mon propre sujet, de sources différentes, comme quoi j’étais un impatient et un enragé qui peut péter un plomb pour la moindre connerie, et ce sans préavis.  Et en effet, pendant une douzaine d’années, de 1999 à 2010, tel fut le cas.  Et bien que, à l’époque, je me sentais justifié de le faire, en réponses aux attaques gratuites que je recevais parfois, j’ai bien vu que cette attitude ne me rapportait rien de bon.  Je me suis donc calmé, et j’ai appris à éviter les situations de conflits inutiles.

Par contre, il m’est arrivé d’entendre quelquefois, de la part d’une seule personne, que j’avais un défaut particulier que cette personne était la seule à voir en moi.  Et, quel hasard, cette personne travaillait très fort afin de faire de moi ce dont elle m’accusait à tort d’être.  

Autrement dit, cette personne était une prophète autoréalisatrice.  Ou du moins, elle essayait bien fort de l’être.  Je me souviens de cinq cas particulier, que je vous donne ici en exemple:

EXEMPLE 1: Le seul et unique pour qui j’étais un conjoint jaloux et possessif.
Sa méthode: Approcher ma conjointe lorsqu’elle n’est pas en ma compagnie, pour lui dire: « Hey, en passant, savais-tu que ton chum y’aime pas ça pantoute quand d’autres gars parlent sa blonde?  Ben oui, y’é tellement jaloux et possessif que ça le frustre ben raide! »

Son but: En disant quelque chose d’aussi grave à mon sujet, il se doute bien qu’elle va me rapporter ses paroles.  Il sait bien que ça va m’insulter, puisque non seulement il tente de gâcher ma réputation aux yeux de ma conjointe, il le fait en racontant des mensonges sur mon compte.  Ainsi, si je me fâche contre lui, alors techniquement, , il pourra dire à qui veut l’entendre que ça m’a frustré qu’il ait parlé à ma conjointe.  (En se gardant bien toutefois de préciser ce qu’il lui a dit.)  Ainsi, grâce à son hypocrisie, sa prophétie deviendrait autoréalisatrice.

Est-ce que ça a fonctionné?  Du tout!  Parce que, aux deux conjointes qui m’ont rapportées ses paroles, j’ai bien ri en leur expliquant la méthode et le but de ce gars-là.  La première l’a trouvé risible.  La seconde l’a trouvé pathétique, surtout d’avoir essayé ça une seconde fois.

EXEMPLE 2: La seule et unique pour qui j’étais une personne susceptible et misogyne.
Sa méthode: Multiplier les remarques condescendantes, jugementales, rabaissantes et insultantes, en ne manquant pas de dire, souvent d’avance, que je vais probablement frustrer contre elle puisque je suis susceptible.  Susceptible, mais aussi… Misogyne!?  Logique: C’est une femme et moi un homme.  Donc, si je frustre contre elle, alors je frustre contre une femme.  Et si je frustre contre une femme, ce n’est pas parce qu’elle m’insulte, mais bien parce que j’ai des préjugés contre les femmes, ce qui fait de moi un misogyne.  C’t’évident!

Son but: Il y a des gens qui ont passé leur vie à se faire diminuer.  Alors dans leur vision, le monde se divise en deux: Les écraseurs et les écrasés.  Et après une jeunesse entière à se faire rabaisser, ils ont besoin de rabaisser les autres plus bas qu’eux-mêmes, parce que ça leur fait du bien de penser qu’il y a au moins une personne plus basse qu’eux.  Son but est donc de me forcer à endurer ses insultes constantes, sinon sa prédiction comme quoi j’allais me frustrer contre elle deviendrait autoréalisatrice. 

Est-ce que ça a fonctionné?  Oui et non.  Oui, parce que ne pas être susceptible devant de telles attaques de la part d’une personne qui se prétend ton amie, c’est être une victime volontaire ou un lèche-cul sans colonne, et je ne suis ni l’un ni l’autre.  Et non, parce que de tous nos amis commun, personne n’a gobé ses supposées preuves de ma misogynie.

EXEMPLE 3: La seule et unique pour qui je suis un conjoint infidèle.
Sa méthode: M’accuser sans cesse de regarder d’autres filles, d’en désirer d’autres, d’essayer de la tromper, de vouloir la quitter.

Son but: Pouvoir se défouler sur moi, à loisir, de la frustration qu’elle ressentait face aux infidélités que lui a fait subir son seul et unique ex.  Elle me faisait donc payer d’avance pour ce qui, insistait-elle, allait forcément arriver: Moi qui allait éventuellement la quitter pour une petite jeune salope briseuse de ménage, comme elle disait.

Est-ce que ça a fonctionné?  Oui et non.  Oui, parce que je l’ai quitté.  Et non, parce qu’elle n’a jamais pu prouver une infidélité qui n’est jamais arrivée.  Normal: Je ne l’ai pas quitté pour une autre.  Je l’ai fait parce que vivre sous des accusations répétées et non fondées, c’est un enfer éternel puisque c’est une chose dont il est impossible de s’innocenter.

C’est que, voyez vous, s’il est possible de prouver que l’on a fait quelque chose, il est en revanche impossible de prouver ce que l’on n’a pas fait cette chose.  C’est le principe de l’alibi.  Tu ne peux pas prouver que tu n’as pas fait ce dont on t’accuse.  Tu peux juste prouver que tu étais trop occupé à faire autre chose à ce moment-là.  Or, face à un(e) conjoint(e) qui te soupçonne non-stop, tu ne peux pas avoir d’alibis 24/7 avec témoins qui sont à ses yeux dignes de foi.

EXEMPLE 4: La seule et unique pour qui je suis un amant potentiellement violent.
Sa méthode: Multiplier les maladresses dans lequel, toujours accidentellement,  elle m’accroche, me bouscule, me frappe.  Et suite à mon opération à l’appendice, elle qui ne m’avais jamais touché le ventre jusque là, n’arrêtait pas de me l’accrocher et le cogner, toujours accidentellement, me causant des douleurs atroces. Et plus
elle causait ces accidents, et plus souvent après-coup elle reculait, horrifiée, en me criant de ne pas la frapper.  

Son but: Tous ses ex étaient contrôlants, manipulateurs et violents.  Aussi, peut-être voulait-elle prouver à quel point elle n’était pas chanceuse, de toujours tomber sur des hommes violents.   Ou peut-être était-ce sa façon maladroite de dénoncer ce qu’elle a subi, en recréant inconsciemment avec moi des situations dans laquelle elle se faisait tabasser sans que ce soit de sa faute.  Peut-être voulait-elle que je la rassure comme quoi elle n’y était pour rien et que c’était lui le problème.  

Malheureusement, en multipliant à l’infini ces accidents, ça cessait d’en être.  C’était devenu des agressions volontaires.  Alors le choix qu’elle m’offrait était ou bien de continuer de subir sa violence, ou bien lui prouver que moi aussi je fais dans la violence conjugale.  Endurer, ou faire de sa prédiction une autoréalisation.   

Est-ce que ça a fonctionné?  Bah non!  Puisque je n’ai jamais été un violent physique de nature, jamais ses coups ne m’ont enragé contre elle, ni donne envie de lui faire subir la réciproque.  En fait, chaque accrochage, chaque accident, chaque coup, chaque douleur, ne faisait que diminuer l’attrait que je ressentais pour elle.  Jusqu’au jour où cet attrait a disparu, remplacé par un ras-le-bol total, et j’ai fini par la quitter.

Ironiquement, pour tenter de me convaincre de revenir, elle m’a écrit qu’elle m’autorisait à la frapper, en punition de tout ce qu’elle m’a fait subir, puisqu’elle le méritait, puisqu’elle n’était qu’une conne.  J’ai juste effacé le message et je l’ai bloquée de partout.

EXEMPLE 5: La seule et unique pour qui je suis un lâche, physiquement et moralement.
Sa méthode: Me faire subir de la violence physique.

Son but: Me manipuler par mon orgueil, ma décence et mon sens des responsabilités, afin de me pousser à rester volontairement sa victime le plus longtemps possible, sous peine de prouver que je suis le lâche qu’elle m’accuse d’être.

Est-ce que ça a fonctionné?  Oui! Il y a des gens qui sont tellement manipulateurs qu’ils s’arrangent pour que tu perdes, quoi que tu fasses.  Dans ce cas-ci: 

  • Je me laisse faire sans répliquer? « Hey, tout le monde! Regardez ce lâche qui se laisse tabasser par une femme. »
  • Je viens pour répliquer? « Hey, tout le monde!  Regardez ce lâche qui s’apprête à tabasser une femme. »
  • Je fuis cette confrontation sans issue?  « Hey, tout le monde!  Regardez ce lâche qui fuit devant une femme. » 
  • Je la quitte pour ne plus avoir à endurer ça?  « Hey, tout le monde!  Regardez ce lâche qui abandonne sa femme. »  

Il est toujours un peu difficile pour l’orgueil de lâcher prise face à ces gens.  C’est normal, aucun de nous n’aime voir sa réputation se faire salir, encore moins de manière injuste et mensongère.  Personne n’aime se sentir comme s’il était un lâche qui a abandonné trop vite.  Personne n’aime être en situation dans lequel il sent qu’il a accepté délibérément de subir un échec.  Les manipulateurs le savent bien.  Voilà pourquoi ils plantent dans ton subconscient le dilemme suivant: Continuer de débattre avec eux, ce qui te laisse miroiter la possibilité de rétablir les faits.  Ou bien quitter le débat, ce qui leur permet d’affirmer que ta fuite est un aveu, confirmant tout ce qu’ils pensent en mal de toi.  

Le problème, c’est que l’on ne peut jamais trouver grâce aux yeux de ce genre de personne.  Si tu t’obstines, c’est « La vérité choque! »  Mais si tu le laisses faire, alors c’est « Qui ne dit mot consent! »  Aussi, face à une personne qui te met dans une situation dans laquelle tu seras mal vu quoi que tu fasses, la question à se poser est: Pourquoi est-ce que je devrais accorder à moindre importance à tenter de bien paraître dans l’opinion d’une personne qui cherche toujours à tordre les faits dans le but de justifier son désir persistant de ne penser que le pire de moi?  

Parce que, entre rester et subir son mépris, et subir son mépris parce que l’on part, la seconde option a au moins l’avantage de mettre fin à la situation.

4 réflexions au sujet de « Les prophètes autoréalisateurs -VS- votre réputation (2 de 2) »

  1. « Hey, en passant, savais-tu que ton chum y’aime pas ça pantoute quand d’autres gars parlent sa blonde? Ben oui, y’é tellement jaloux et possessif que ça le frustre ben raide! »
    Je comprends rien quand tu écris comme ça ^^

    En revanche le dénouement du « est-ce que ça a fonctionné » est jubilatoire. Bravo !

    Le numéro 4 est triste :/ Une femme qui est brisée psychologiquement est dans la nature mais tu ne pouvais pas faire autrement :/

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